2 septembre 2044

Et voilà, il y était! Dans son nouvel institut pour enfants "différents". Les "cours" comme on les appelait ici, n'avait pas commencé afin de lui permettre de parfaire son intégration. Il se promenait donc de longues heures dans les couloirs, à la recherche d'un coin isolé, de préférence près d'une fenêtre afin d'admirer la vue, sans présence. Son intégration attendrait, il lui fallait encore digéré les événements de la veille!

Noah comprenait parfaitement ce que signifiait "différent", ses camarades lui avait souvent expliqué "débile, attardé, zinzin", ses trois surnoms au fil des années. Zinzin était celui qui lui collait le plus à la peau, jusque dans le voisinage, en dehors de son ancien institut, à tel point qu'il était plus facile de l'interpeller par son surnom que par son prénom, tellement peu habitué à l'entendre dans la bouche de ses camarades, voir même du personnel encadrant, qu'il fallait souvent insisté pour qu'il daigne se retourner ou lever les yeux de son livre.

Lorsqu'il avait reçu sa fameuse lettre, personne ne s'était posé de question. Au contraire, on y voyait même là une bénédiction!
Katia, la mère de Noah devait finir son année de médecine avant de pouvoir exercer le métier de ses rêves et donc, elle aurait, cette année encore, moins de temps pour s'occuper de son fils qu'elle n'avait pas désirée. Noah avait été laissé au bon soin de sa grand-mère depuis 8 ans maintenant. Quant à Annia, la grand mère en question, elle vieillissait et ne pouvait dorénavant plus s'occuper de son unique petit fils 24h sur 24h. Noah venait d'avoir 11 ans au début de l'été et il ne pouvait plus intégré l'institut pour jeunes enfants, ceux ci devant être âgé de 10 ans et 364 jours au plus.

Noah venait donc d'arriver à l'institut Poudlard sans que personne ne ce soit interrogé ni inquiété pour lui, et ce malgré la liste de matériel que l'établissement allait lui fournir à son arrivé. Lui même ne s'était pas posé de question, tous les instituts se ressemblant, il ne s'attendait donc à rien de plus ni de moins que dans le précédent.

"Cette nouvelle thérapie innovante semble intéressante" furent les derrières paroles prononcées par sa mère. Sans un au revoir, il avait saisi la plume de paon noire et Noah était arrivé *comme par magie* à l'institut Poudlard.

3 septembre 2044

Noah déambulait sans vraiment observer les couloirs et escaliers qu’il empruntait. Il essayait, tant bien que mal de se souvenirs de la manière dont il était arrivé. Il lui avait semblé cligner des yeux dans son salon lorsqu'il s'était saisi de la plume de paon noire, et réapparaître *comme par magie* à Poudlard. Se pouvait-il qu’on l’ait médicamenté à son inssu ? Pourquoi pas, c’était déjà arrivé plusieurs fois à Gingerhead, surtout lorsque le soir, il n’allait pas se coucher à la sonnerie du couvre-feu. On lui apportait alors un jus de fruit ou une limonade (des boissons sucrées probablement pour camoufler le goût des gouttes *magiques*) et lorsqu’il ouvrait de nouveau les yeux, le jour était de nouveau levé, il était bien sagement dans son lit, les lunettes posées sur la table de chevet et sans souvenirs… Les deux établissements appliquaient donc les mêmes stratégies… En tout cas, cette fois il n’y était pas allé de main morte sur le dosage, puisque deux jours après son arrivée, il avait encore des hallucinations : on lui avait posé un chapeau parlant sur la tête, des escaliers qui bougaient seuls… Il avait même vu des personnages se déplacer sur des peintures, et pire encore il avait vu des étincelles de couleurs sortirent des bouts de bois que chaque élève devait obligatoirement avoir sur lui… Le sien était d’ailleurs dans sa poche, sans qu’il y prête attention, probablement équipé d’une puce GPS pour les localiser. Cette fois la pratique changeait : il avait l’habitude que les puces soient placées dans ses vêtements, déclenchant des sonneries lorsqu’il passait des portes qui ne lui était pas autorisées.

Quoi qu’il en soit, Poudlard grouillait de monde, et Noah se sentait de plus en plus mal au milieu du tumulte, du bruit des pas, des cris et des rires de ses camarades. Il lui fallait trouver rapidement un coin tranquille, ses mains commençaient à trembler, son cœur à s’emballer… les prémices d’un accès de panique qu’il allait falloir contenir.

Les larmes avaient commencé à rouler sur ses joues et Noah courrait maintenant à grande enjambée lorsqu’il se rendit compte du silence qui l’entourait. Il n’avait pas remarqué que la foule s’était tout d’abord peu à peu dispersée, et que maintenant, il était seul. Ce simple fait, qui aurait dû l’apeurer encore plus, lui permit de se ressaisir rapidement et il arrêta de courir. Il était seul, donc rien ne pouvait lui arrivé, c’était sa logique. Il se sentait déjà un peu mieux et pu ralentir la cadence de sa marche. Il décida finalement de s’asseoir sur le sol, ferma les yeux tranquillement afin de laisser son esprit vagabonder pour finir de se remettre de ses émotions.

Il était très friand de ce genre d’activité, il adorait plongé dans ses souvenirs et admiré à nouveau de fabuleux paysages qu’il avait pu observer autrefois.Il revoyait sa maison, les arbres du jardin en fleurs, le potager enneigé, Cannelle, le chien familial qui s'ébrouait après sa baignade dans la rivière en contrabas etc... mais cette fois ci son esprit était focalisé sur les événements des derniers jours et il n’arrivait pas à mettre le doigt sur ce qui le perturbait tant.

Lorsque le petit roux, suffisamment apaisé, ouvrit ses yeux, il eut du mal à se réapproprier les lieux. Il était à l’institut Poudlard. Poudlard : « du poux au lard », voilà ce que lui inspiraient les lieux ? Une recette de cuisine ? Même immangeable, cela lui fit prendre conscience du gargouillement de son estomac. Noah ignorait le temps qu’il avait passé à rêvasser mais il remarqua soudainement que l’obscurité était tombée sur le château. Le jeune garçon ignorait comment il allait retourner à son dortoir mais sans peur ni inquiétude, il se releva afin de reprendre sa marche. Demi-tour toute et en avant, ce ne serait pas compliqué de retrouver le chemin de cette manière !

Après plusieurs dizaines de minutes de marche, la seule chose qui inquiétait Noah fut qu’il avait maintenant faim. Vraiment très faim. Depuis son arrivée, il n’avait touché à aucune sorte de nourriture autre que celle qu’il avait glissée dans sa valise avant son départ. Mais ce matin, il était arrivé au bout de son stock personnel. Il s’était pourtant restreint, il avait composé chacune de ses rations pour durer le plus longtemps possible et toutes étaient identiques: deux biscuits au chocolat, deux carottes, un bonbon : une ration par jour, le matin. Cet encas avait été destiné au trajet, duquel il ne souvenait de rien, sauf que visiblement, il n’avait pas eu besoin de manger, ou n’avait pas été en capacité de manger…

Il se méfiait de la nourriture ici.
Déjà, l’accès aux cuisines ne lui était pas autorisé, ce qui rendait toute préparation suspecte.

Deuxièmement, il lui avait semblé que la nourriture était préparée par des genres d’esclaves *des elfes* avait-il entendu dire, le surnom probable des enfants les plus sévèrement punis : ils devaient réaliser les corvées. Cela lui été déjà arrivé de nombreuses fois à Gingerhead, et souvent la nourriture avait un goût de vengeance (extrêmement salé, sucré, poivré etc…) qu’ils étaient obligés de finir, quoiqu’il arrive, quand bien même cela devait durer une partie du jour et de la nuit.

Troisièmement, Il en était à son 3ème jour et personne ne lui avait demandé de prendre de médicaments (dont il n’avait pas besoin), aussi il était vite arrivé à la conclusion que ceux-ci étaient dissimulés dans la nourriture. D’ailleurs, c’était parfaitement plausible puisque les patients mangeaient uniquement en compagnie de ceux de leur unité de soins, ils devaient probablement tous avoir besoin du même traitement. Une unité = une pathologie = un traitement CQFD (ce qu’il fallait démontrer).
D’ailleurs il fallait maintenant qu’il rejoigne la sienne : Serdaigle.

Noah prenait son temps pour rejoindre son unité. Il n’était pas du tout pressé de rejoindre les autres enfants et marchait donc le plus lentement possible. Pourtant il n’avait eu de réel contact avec aucun d’entre eux, prenant soin de se lever le premier et de s’endormir le dernier. Il attendait, chaque soir, d’entendre le souffle calme et régulier de ses cinq camarades de dortoir avant d’envisager, à son tour de fermer les yeux. Il se méfiait des « enfants bizarres », par habitude, ayant déjà eu à faire à de véritables petits monstres machiavéliques. il ne fréquentait pas non plus la salle commune, et encore moins le réfectoire, se réfugiant dès que possible dans les couloirs, tous différents les uns des autres.

Au premier abord, ses compagnons n’avaient pas semblé bien méchants. Il les voyait toujours le sourire aux lèvres, (visiblement le traitement suivi était très efficace), mais il fallait malgré tout prendre des précautions. Le garçonnet faisait souvent semblant de dormir afin que personne ne lui adresse la parole, et il prenait soin de bien fermer les rideaux de son baldaquin. Dès qu’il entrait dans sa chambre, il se dirigeait droit vers son lit, marchant rapidement les yeux rivés sur ses chaussures et fermait tout. Bien sûr il tendait l’oreille, attentif au moindre bruit de pas se rapprochant, à la moindre parole pouvant laisser craindre le pire. Mais il devait bien l’admettre, après déjà deux nuits passés entre ces murs, il n’avait rien remarqué ni entendu d’inquiétant. Loin de là, Noah les avaient entendus discuter de leur famille, de leurs animaux, des « cours » qu’ils suivaient, des friandises qu’ils rêvaient de goûter etc… Non seulement ses camarades n’avait pas l’air méchant, mais pire encore il avait l’air NORMAUX.

Sur cette pensée terrifiante, il se rendit compte qu'il était perdu...

Perdu… le mot semblait fort dans la mesure où le jeune garçon n’avait fait que suivre des couloirs en tournant toujours à gauche aux intersections. Il suffisait de faire le contraire maintenant ! Et puis finalement ne préférait-il pas être perdu plutôt que d’être attablé avec des autres enfants plus « spéciaux » les uns que les autres ?

S’il avait à choisir, Noah préférerait rester définitivement à errer dans les couloirs plutôt qu’à les rejoindre. D’autant plus qu’il aurait bientôt moins de temps pour son activité favorite. Il s’inquiétait d’ailleurs déjà du déroulement des « cours » qu’il allait commencer dans quelques jours. Son planning n’était pas très clair et les infos qu’il avait trouvées ne le rassuraient pas vraiment. Ils seraient nombreux dans de petites salles, devrait travailler avec ses camarades et aurait des devoirs. Heureusement il avait déjà identifié les contenus de la plupart des ateliers qu’il devrait suivre, certains même lui semblait « intéressant ».

Défense contre les forces du Mal = auto défense, ce qui sembla être une bonne idée pour Noah qui se contentait toujours d’attendre sans broncher lorsque l’on s’en prenait à lui.

Histoire de la Magie = Atelier écriture, visiblement il lui faudrait inventer des histoires de sorcières et citrouille puisque c’était le thème des thérapies de l’établissement.

Métamorphose = « transformation d’objet », activités manuelles, tel que couture ou poterie, comme à Gingerhead.

Potions = atelier cuisine, ni plus ni moins. Il adorerait sans aucun doute !

Sortilèges = quelque chose autour de la diction ? De la poésie ? Peut-être du théâtre. Sans aucun doute il ne participerait pas !

Astronomie = Il été allé visiter le planétarium avec l’institut, cela ne c’était pas très bien terminé.

Vol = Le jeune garçon n’avait aucune idée de ce qui l’attendait là, il suffirait de ne pas y aller !

Botanique : Noah avait hâte d’y être, l’activité jardinage était de loin sa préférée, se sentant tellement bien au contact de la nature.

Les divertissements imposés ne semblait guerre différents de ceux de son ancien établissement, mais il lui faudrait penser à lire, au moins ouvrir, les livres qu’on lui avait fournis afin de se préparer un minimum. Noah n’aimait pas décevoir et essayait toujours de faire de son mieux.

Il entendit soudain le brouhaha ambiant se rapprocher. Il n’était finalement pas tant perdu que cela, dommage…

Noah avança encore quelques mètres avant de s’arrêter. Il était clair qu’il avait retrouvé son chemin et que, dans quelques secondes, il serait au milieu de la grande salle, pile à l’heure du repas. Il lui serait quasiment impossible de passer sans être vu quelle que soit la direction dans laquelle il irait. Pouvait- il rester ici à attendre ? A la fin du repas, un certain nombre d’élèves allaient se diriger vers sa planque et aucun doute que son comportement attesterait de la véracité de son étiquette de « zinzin », sans parler du fait qu'il serait probablement malmené par un camarade en passant, et/ ou dénoncé et donc sévèrement puni, ce qui ne l'enchantait guère.

Il s’approcha un peu plus, s’arrêta juste à la jonction couloir - salle de repas, afin d’avoir un regard sur toute celle ci et surtout sur ses issues. Il en avisa une toute proche, mais un second problème lui sauta aux yeux : il avait de plus en plus faim. Il lui fallait rester pas loin, et lorsque ses camarades auraient tous retrouvés leurs pénates, le jeune garçon pourrait alors se servir dans les plats, à la va vite, discrètement Peut-être même qu’il remplirait ses poches afin de ne pas avoir à revenir dans le coin d’ici deux ou trois jours.

Noah s’apprêtait à se faufiler discrètement derrière une armure dissimulée dans un recoin, pas loin sur sa gauche, quand soudain, le drame : une fillette de son unité l’avait reconnue et elle agitait frénétiquement les bras dans sa direction en braillant « Noah, Noah, viens t'asseoir avec nous ! ».

Tous les regards allaient dans quelques secondes se braquer sur lui...

L’attitude de la petite blonde l’avait figé sur place et il ne savait plus que faire. Retourner en courant dans le couloir ? Traverser la majestueuse salle pour rejoindre son dortoir ? Rejoindre les Bleus à leur table ? Dans tous les cas n’allait-il pas être le centre de toutes les moqueries ? Comment pouvait-il sortir de ce mauvais pas ? Il devait réfléchir, vite et bien. Il avait là l’occasion de « redorer son blason », et quand bien même il n’était pas à cheval sur ce que pensaient les autres de lui, pouvait-il laisser passer sa chance? Aurait-il d’autre opportunité d’être accepté dans le groupe ? Mais avait-il envie de s’intégrer ? Il venait à peine d’arriver et les occasions n'allaient pas manquer, et au pire, il serait la risé de tous, ça ne changerait pas de d'habitude!

Le grondement de son estomac, le regard insistant d’un professeur et les gesticulations incessantes de la blondinette lui firent prendre une décision rapide mais surprenante.

Dans un soupir défaitiste, Noah pris la seule décision qui lui permettrait de sauver les apparences : il devait rejoindre la gamine exubérante. Il devait faire des efforts pour ne plus lire la tristesse et la déception dans les yeux de sa mère et de sa grand mère lorsqu'elles recevraient le bilan mensuel de ses progrès.

Il pressa le pas ne regardant que ses chaussures, laissant traîner ses oreilles çà et là, à la recherche de chuchotement et rires moqueurs qui ne vinrent pas. Il marchait de plus en plus vite pour abréger son mal être et lorsque il entendit le raclement sur le sol d’un banc ou d'une chaise que l’on recule, il était trop tard. Ne regardant que ses pieds il ne put éviter l'élève qui s'était levé, le bouscula légèrement et passa par dessus l'objet déplacé, les mains dans les poches... Avant que son corps n'heurte le sol sa dernière pensée fut *bienvenue à Zinzin Land*