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02 févr. 2020, 21:53
 12/11/44   ft. Joanne T.  Émotions en papier
@Joanne Taylor


Comment elle avait pu laisser faire ça ?

Lumah se posait cette question à elle-même, non pas au sujet de quelqu'un d'autre mais bien pour elle et son corps, blessé aussi bien mentalement que physiquement. Son corps d'habitude si blanc s'était teinté de bleu à de multiples endroits, et le sang venait de disparaître, laissant place à des traces fines de couleur rose éclatant à d'autres endroits.

Lumah pouvait régler ses problèmes s'ils étaient psychiques, assez justement, comme elle le pouvait, en recollant de meilleurs souvenirs, en affichant un sourire, que d'autre gens lui distribuaient en retour, ou pas.

Mais comment réparer cette trace physique ? En fait, Lumah connaissait bien la patience, mais à force de voir son propre corps mutilé, les souvenirs devenaient trop présents, et ce mot, "sang-de-bourbe" revenait aussi tranchant qu'il l'était sorti de la bouche de cette personne. D'ailleurs, Lumah se demandait depuis, encore plus qu'avant, si elle était vraiment un membre de ce monde, une élève de Poudard, une sorcière tout court.

Et sa soeur la haïssait-elle, parce qu'elle y était ? Avis-Elle envie d'y être, à tel point qu'elle maudissait sa soeur, sa grande soeur, d'y être, même si elle ne connaissait pas encore ce sentiment de distance, de fossé ? Si elle ne savait pas ce que sa Lulu y ressentait ?
Lumah ne voulait pas être détestée. Pas par sa soeur.
Et si ses parents la haïssaient, eux aussi ? Comme Neïa ? Son père avait été gêné de son départ, mais il avait accepté, non ? c'est parce qu'il s'est dit qu'au final, il serait bien sans elle. Et sa mère, Isabel, qui n'avait même pas douté une seconde, c'était clair.

Lumah s'enfonçait dans un gouffre par des simples pensées. Comme son esprit était trop encombré, elle s'arrêta en plein chemin, posa une main sur le mur froid, et s'y adossa. Fatiguée, elle se laissa glisser pour finir recroquevillée, dos au mur gris.

La fillette sortit de ses poches un papier qu'elle tordit, plia, et modela pour ôter sa frustration et ses mauvaises pensées. Comme cela ne lui suffisait pas, elle sortit dix autres feuilles et les forma, tour à tour. Bientôt, une vingtaine de pies l'entouraient. Lumah, comme manipulée, tendit sa main et caressa les têtes des pies, une à une.
Une à une, les pies s'envolèrent, d'abord hésitantes, puisses d'elles, dansant dans le peu d'espace du couloir.

Lumah poussait les pies qui revenaient vers elle telles des boomerangs, mécaniquement.

Son esprit se vidait, Lumah ne pensait à rien, il n'y avait que sa main qui faisait toujours le même geste, fébrilement.
La fillette avait des cernes aussi noires que les plumes de la pie, un corps aussi maigre que celui des brindilles, et était silencieuse que dans ce couloir, on la voyait à peine.


Désolée pour mon retard ! S'il y a un souci, n'hésitez pas à me hibouter, je le rectifierai immédiatement !
Dernière modification par Lumah Greenleaf le 05 avr. 2020, 20:20, modifié 1 fois.

“ Il lui arrive d'avoir des agissements curieux. Mais bon, c'est Lumah ! ” ED
17 ans (à l'aide) 6eA #674ea7

29 févr. 2020, 20:30
 12/11/44   ft. Joanne T.  Émotions en papier
Joanne flânait dans les couloirs de Poudlard, l’esprit occupé aux runes – sans doute pour éviter qu’elle ne se triture les pensées aux récents évènements ayant eu lieu à Poudlard. Alors elle flâne, elle pense à ses runes un peu obscures qu’elle se plait à contempler encore et encore. Et puis un bruissement d’ailes, une flopée d’oiseau, elle sort brutalement de ses pensées au détour d’un couloir, observant le droit de manège d’une élève occupée à lancer les oiseaux de papier.

Tendant sans mal le bras, Joanne attrapa l’un des volatiles, observant avec fascination l’origami ainsi vivant. « Votre professeur de métamorphose serait sans doute impressionné » qu’elle laisse à destination de la jeune fille qu’elle suppose responsable de l’envolée. Ses propos sont sincères, Joanne n’a que peu l’habitude de prendre le temps de propos dont la pensée ne suit pas. Elle n’est pas hypocrite. Ou plutôt, ne l’est plus. Elle s’est bien trop souvent écrasée sous l’oppression familiale.

Et enfin, elle se rend compte, de la maigreur de l’enfant, de ses cernes noirs sous ses yeux « Tout va bien Miss ? », elle ne la connait pas, n’est pas issue de sa maison, mais il lui semble que son rôle est de l’aider, là maintenant. Dans la mesure de ses moyens. Car elle le sait, elle ne peut résoudre tous les maux de la terre. Elle ne peut porter sur ses épaules toutes les difficultés des élèves. Elle essaye, autant que faire se peut, quand elle croise leur chemin, d’y mettre un peu de lumière lorsque c’est possible, lorsqu’il le mérite. Parfois, ce n’est pas le cas.

14 avr. 2020, 00:26
 12/11/44   ft. Joanne T.  Émotions en papier
Lumah regardait le mur, pourtant elle ne le regardait pas ; elle s'était perdue dans ses pensées et avait quitté le chemin de la réalité depuis bien longtemps. Depuis fin Septembre. Elle l'avait su à partir de l'instant même où elle l'imaginait alors qu'elle n'était pas là, et qu'elle voyait son visage dans son esprit alors qu'elle n'avait rien à y faire. Pourtant lorsqu'elle était dans la lune, sa lune était si déserte. Elle ne savait plus que penser et vivait constamment avec des ombres noires.

Les corbeaux autour d'elle semblaient aussi invisibles qu'elle l'était ; ils se fondaient parfaitement dans le décor sombre d'hiver. Comme un hiver triste, c'étaient les symboles du malheur. Lorsqu'elle créait des origamis, Lumah les créait à base du néant, puis d'idées soudaines créées par cette place, étrange liberté. Auparavant c'étaient des paons, des cygnes, des aigles et des grues. Maintenant ils n'étaient que corbeaux, matérialisation des ombres qui la hantaient.

Ce qui tira Lumah de son drôle de rêve, c'étaient des pas. Mais différents ; bien sûr que des dizaines d'élèves déambulaient ici, mais ces pas-là étaient proches, plus que ceux des Autres. Et surtout, un de ses corbeaux manquait.
Puis une parole. Lumah mit un léger temps à comprendre qu'elle lui était adressée. Cette parole, c'était un compliment. D'abord déconcertée, la petite leva timidement la tête pour voir le visage de son interlocutrice, dont la voix lui était inconnue encore. Immédiatement, elle associe ce visage à celui qu'elle a vu durant certains repas ; celui d'une professeure. Mais quelle matière enseignait-elle, Lumah ne le sait pas, ou plus.

« Ah ? M-merci ! », bégaya-t-elle.

La blondinette tenta de sourire mais sa tentative se conclut par un échec ; ce même échec l'emplit de terreur. Était-ce normal ? Est-ce qu'elle était devenue insensible ? Était-ce parce qu'elle avait trop pleuré ? Elle ne le savait pas. Et son visage, désormais en détresse, n'affichait pas la peur non plus, il restait d'un neutre surnaturel.

Pourtant, son corps tout entier affiche ce qu'elle ne peut exprimer, mais elle ne le sait pas, ou le nie. Lumah ne voulait plus se regarder dans un miroir de tout de manière. Mais, contrairement à elle, la professeure l'avait bel et bien remarqué.

Lumah resta un instant hébétée par la soudaine question de son interlocutrice avant de comprendre, enfin, son sens et sa raison. Vint ensuite le dilemme des mots ; la blondinette ne savait que répondre, que dire.

« J-je... » Je vais bien ?

Lumah se reprit d'extrême justesse, étonnée d'elle-même. Allait-elle mentir, encore ? Ou enfin dire ce qu'elle ressentait, combien ça lui faisait peur et combien elle souffrait de voir ses fantômes du passé revenir aussi brusquement, alors qu'elle avait tant peiné à les faire disparaitre ?

« Non... Pas du tout. », avoua-t-elle.

C'était la première fois qu'elle ôtait vraiment son masque, mensonge, pour dire ce qu'elle ressentait, au moins un peu. Et rien que ce simple fait la délivrait de son mal, d'une certaine manière.

“ Il lui arrive d'avoir des agissements curieux. Mais bon, c'est Lumah ! ” ED
17 ans (à l'aide) 6eA #674ea7

21 avr. 2020, 19:06
 12/11/44   ft. Joanne T.  Émotions en papier
Il était peu habituel que les élèves se montrent honnêtes et francs. Généralement, ils évitaient comme la peste les professeurs et montraient encore moins leurs faiblesses face à eux. Pourtant, la jeune fille ne mit guère longtemps à lui dire qu’elle n’allait pas bien, ce qui déstabilisa, pour un instant seulement, l’enseignante. Elle se reprit néanmoins bien vite en demandant « Et que vous arrive-t-il alors ? ». Sans doute des chagrins d’adolescentes. Moldus ou sorciers, cela ne changeait rien. Il y avait toujours des passages obligés dans la vie, que la magie en fasse partie ou non. Peut-être que cette dernière rendait les choses plus faciles. Et encore ?

Quand les étudiants arrivaient à Poudlard, ils venaient généralement de découvrir une nouvelle part d’eux-mêmes. Pour certains, ils étaient au courant, pour d’autres, c’était une surprise totale. Qui ne serait pas bouleversé par ça ? Mais peut-être que Joanne était à mille lieux des soucis que rencontraient l’adolescente. Peut-être qu’elle avait à peine effleuré le problème. Après tout, elle n’était pas douée du troisième œil, la divination n’avait jamais été l’une de ses matières de prédilections. Peut-être que cela était plus simple pour sa collègue de divination ? Mentalement, Joanne prit une note pour qu’elle pose la question à Miss Field quand elle croiserait au détour d’un couloir.

« Peut-être que je peux vous aider ? ». Joanne n’en savait pas grand-chose, elle n’était pas douée de psychologie non plus. Décidément, cela faisait beaucoup de défaut pour une seule sorcière. Mais qu’importe. Peut-être que la jeune fille allait se refermer telle une huître et repartir ainsi, sans demander son reste pour ne pas avoir à se justifier face à l’enseignante.

30 avr. 2020, 19:30
 12/11/44   ft. Joanne T.  Émotions en papier
Lumah n'avait pas menti pendant un instant ; bien que ne fut qu'un simple "non", elle avait su, un instant, briser son masque. Mais elle savait que ça ne durerait pas. Elle n'avait jamais été franche. Ni hypocrite, à son souvenir, juste une menteuse, cachée derrière ses émotions. Son non était très osé au final ; qu'allait-elle lui dire ? Voilà que la professeure lui posait la question ; c'était une évidence, bien sûr que n'importe qui demande cela dès qu'on leur répond un "non" ; puisque la plupart disent oui pour ne pas s'embêter et rester sous leur masque.

Qu'est-ce qu'il lui arrivait ?

Lumah ne répondit pas immédiatement. Elle ne savait pas si elle voulait y répondre, si ça servirait à quelque chose. Elle ne savait même plus si elle voulait que ça change. Or, la nuit, lorsqu'elle devait endurer les cauchemars et était finalement obligée de rester éveillée pour ne pas qu'ils se montrent, elle était partisane pour que cela cesse. Tout de suite. Sauf qu'elle sait, que, même si les Autres cessaient de la frapper, les monstres difformes, leur sourire élargi et leurs allures de serpent la suivraient toujours. Trop. La petite cherchait au plus profond d'elle-même comment formuler au mieux ce qui lui arrivait ; avant d'abandonner et de se dire - à nouveau - que c'était sûrement une mauvaise idée d'exposer tout cela. Qu'est-ce qu'il lui arrivait ? Trop de choses, tellement qu'elle en avait marre, elle en avait assez. Elle ne voulait plus être née-moldue, ni qu'on l'injure, elle ne voulait plus qu'on traite sa famille ainsi... Elle préfèrerait ne plus avoir de parents, tout court. Que l'on cesse. Que ça cesse.

Lumah commença à pleurer nouveau ; ses mots ne voulaient pas sortir, elle ne savait comment réagir. Elle voulait que ça cesse, mais elle n'avait pas envie de le dire. C'était impossible, elle ne pouvait pas.

Elle voulait... Qu'on la regarde bien. Elle voulait être comme les autres ; elle voulait avoir autant de connaissances, voulait pouvoir prendre le train à nouveau. Elle ne voulait pas qu'on la tâche, voulait être qui elle était et s'assumer sans avoir à recevoir d'avis. Ne pas avoir à revivre le même spectacle d'avant.

Je n'ai pas envie de vous embêter avec ça, aussi.

La professeure, en ces derniers temps, devait être débordée. Elle n'était sûrement pas la seule élève, ni professeure, à avoir des soucis.

J'veux que mes idées ne me soient pas étrangères. Me sentir, être moi.

« J'veux plus être née-moldue », pensa-t-elle à haute voix - voix rauque, presque tue -.

La professeure lui proposa son aide. C'était gentil, mais Lumah doutait sincèrement qu'il y ait quelque chose à y faire. Et elle ne savait pas si la professeure était sincère ou non ; levant les yeux vers la femme, elle tenta de déceler la vérité sur son visage, mais elle baissa la tête ; c'était impoli et fort inutile.

Prise au dépourvu, Lumah haussa seulement les épaules, regardant le sol sur lequel ses origamis s'étaient posés. « J'sais pas. »

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17 ans (à l'aide) 6eA #674ea7

02 mai 2020, 21:31
 12/11/44   ft. Joanne T.  Émotions en papier
La sorcière n’avait pas vu venir les larmes de l’enfant, elle ne les comprenait d’ailleurs pas mais elle n’en ferait aucun commentaire. Elle savait, comme d’autres, que parfois le silence pouvait guérir et que les larmes représentaient des pansements bienvenus sur des plaies qui n’avaient de cesse de se rouvrir. Enfin, après un temps qui semblait un peu suspendu, la fillette finit par parler. D’une voix rauque, comme si ses propos avaient voulu sortir coute que coute et que l’enfant avait voulu, de son côté, les retenir. Elle ne voulait plus être née-moldue. Joanne soupira.

Il y avait, au sein de cette école, beaucoup trop d’élève pour rappeler aux autres leurs statuts de sang, pas assez « bien », sans doute, pour eux. Elle jura intérieurement mais se promit de ne pas exposer l’aversion que produisait ce genre d’élève sur elle. Joanne savait que le sang n’avait aucune incidence sur la magie. Les sang-purs pensaient être tout puissant alors qu’il n’en était rien. Et il compensait leur complexe d’infériorité en s’en prenant aux nés-moldus, justes débarqués dans un univers qu’ils avaient parfois du mal à comprendre ou même à concevoir. Cela faisait enrager l’enseignante.

Joanne prit le temps de s’asseoir non loin de l’étudiante, à distance raisonnable pour autant – on n’entrait pas dans l’espace vital des gens ainsi et le sien était important à conserver également. « Vous subissez des moqueries de la part de vos camarades à cause de cela ? ». Joanne s’interrogeait à voix haute en même temps qu’elle questionnait l’adolescente. Elle ne voulait guère perdre de temps en discours inutile et elle tenait particulièrement à connaître le fond d’un problème avant de donner son avis sur celui-ci. Peut-être qu’après, elle pourrait aider la jeune fille à aller mieux. Elle l’espérait en tout cas.

04 mai 2020, 00:18
 12/11/44   ft. Joanne T.  Émotions en papier
Pourquoi ? Lumah avait peur. Elle avait regretté cette vérité dès qu'elle était sortie de sa bouche. Elle avait peur des représailles que pouvait engendrer celle-ci, peur des regards, peur de tout. C'est que l'on s'habituait à son masque, à force. La masque, au fil du temps, devenait comme une maison, familier. Et n'importe qui pouvait approuver combien il était inconfortable de quitter son chez-soi, quel qu'il soit. A moins que notre chez-soi nous mette mal à l'aise. Voilà un autre mystère que Lumah ne pouvait élucider. La petite regardait le sol, comme si une l'envie la démangeait de s'y réfugier, de s'y enfoncer, loin d'ici. Elle avait peur que la professeur se moque - s'en moque -, qu'elle lui demande de tout raconter. Elle avait peur de tellement de choses qu'elle ne savait même plus si ce sentiment était réel ou non.

Mais cela paraissait si évident ; si évident que la professeure le lui demande. Or Lumah avait peur de ne pas savoir quoi répondre encore, que n'émettre que des gargarismes, des mots inconcevables, sons inaudibles. Peur d'emmêler ses mots, peur de mentir encore.

Perdue comme Alice,
poursuivant un lapin

Lorsque la question lui parvint, Lumah eut l'impression que tous les mots qu'elle avait pourtant tant mis de temps à aligner s'était dissipés, envolés. Elle aurait voulu hurler, mais elle n'en fit rien. Elle hocha simplement la tête, tremblante, avant de l'enfouir dans ses bras, qui entouraient eux même ses jambes ; elle s'était fermée. Elle s'était fermée, mais de quoi ? Ils n'étaient pas là. De son ridicule ?

Perdue comme Ulysse,
après un long voyage

Au fond, qu'est-ce que le ridicule ?

La petite tremblait, elle ne savait pourquoi. Elle avait l'impression de s'être perdue, de ne plus se connaître, tant ses questions était nombreuses, tant elle se remettait en question ; elle s'était perdue, la Lumah heureuse, la Lumah fidèle à elle-même, sans reproches, celle qui s'aimait. Celle qui se pardonnait, sa meilleure amie. Elle avait perdue sa meilleure amie, et tant d'autres au passage. Cette constatation lui laissa une larme sur la joue, brouillant sa vue.

« Mais p-pas que. », balbutia la petite d'une voix étrange, différente de la sienne.

Sa voix était étrange, mais peut-être était-ce parce qu'elle ne se reconnaissait plus, âme arrachée à son corps, corps larmoyant. Comme un écho, comme un robot qui aurait été abimé, Lumah n'arrivait qu'à prononcer cette même phrase, à quelques différences près - elle restait bloquée sur la même fréquence, fréquence ponctuée à quelques reprises par des sanglots incontrôlables -. « Pas q-que. » Cela lui faisait mal, elle avait le sensation que l'on avait après s'être mal étiré, celle d'une crampe. Ses sanglots devenaient un hoquet, un hoquet douloureux. « M-mais que. ».

À nouveau, Lumah enfouit sa tête, pour étouffer ses pleurs. La honte la submergeait. Elle ne s'était jamais sentie aussi faible, aussi ridicule, aussi loin de son masque.

“ Il lui arrive d'avoir des agissements curieux. Mais bon, c'est Lumah ! ” ED
17 ans (à l'aide) 6eA #674ea7

06 mai 2020, 21:47
 12/11/44   ft. Joanne T.  Émotions en papier
Oui, c’était donc le fond du problème sur lequel Joanne venait de poser le doigt. Elle poussa un profond soupir. Les adolescents de Poudlard ne faisaient pas particulièrement preuve d’une grande intelligence en ce qui concerne le statut de sang de certains de leurs camarades et Joanne se demanda, un instant, la réaction qu’aurait la directrice à apprendre que tant d’élève étaient malmenés dans son école. Peut-être n’en aurait-elle cure ? Ou peut-être prendrait-elle des sanctions à l’égard de ces jeunes sorciers qui pensaient que leur sang valait mieux que celui d’autre. Joanne n’en savait rien mais l’interrogation demeurait dans son esprit, peut-être devrait-elle trouver Kristen pour lui en faire part ?

Elle était toute occupée à ses pensées que les sanglots de l’enfant la ramenèrent sur la terre ferme. « Comment ça, pas que ? Expliquez-moi Miss, je pourrais peut-être vous aider ? ». La voix de la directrice de Serpentard était douce, posée. Elle était dans ses bons jours, ceux où elle pouvait aider les adolescents à voir les choses sous un nouveau jour. Cela faisait sans doute parti de son rôle, un peu, étant donné qu’elle les encadrait au quotidien ? Elle ne savait pas trop mais il lui semblait que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire. Alors, ne souhaitant pas brusquer la petite sorcière, elle ajouta doucement « Vous savez, parfois, lorsqu’on les dit à voix haute les problèmes semblent moins difficiles à affronter ». C’était un mensonge éhonté dont Joanne n’était pas fière, mais la sorcière était encore jeune, beaucoup trop jeune pour connaître les cruelles désillusions de la vie.

31 mai 2020, 17:32
 12/11/44   ft. Joanne T.  Émotions en papier
Les oiseaux, étalés sur le sol froid du couloirs, semblaient s'y encrer. Ils semblaient avoir perdu leur âme, perdu toute raison d'être, envie d'être eux, perdu le souhait de servir à quelque chose, de voler comme ils le faisaient avant. Loin d'eux l'instant, pourtant si proche, durant lequel leurs ailes battaient, durant lequel ils interagissaient, dansaient dans les airs. Morts, allongés. Ils n'étaient plus. Et la fille à côté d'eux se demandait si elle ne voulait pas les rejoindre dans ce sommeil. Elle ne savait pas combien ce sommeil était terrible, ni combien il pouvait faire mal, puisque d'apparence, ils étaient au même point qu'elle. Elle était aussi sombre que leurs plumes de papier, entourée d'une nuée noire de jais.

Pensées sombres.

Elle ne se sentait pas bien. Elle se sentait si mal. Mais elle ne savait pas que faire pour calmer cela, elle ne savait même pas si faire quelque chose lui permettrait de se sentir mieux. La violence ne pouvait rien régler, la parole non plus, et le réconfort était loin d'elle, puisqu'elle apparaissait aux yeux de tous comme souriante. Il s'en était fallu de peu pour qu'Alicia la démasque, mais elle prenait soin de éviter désormais. Même si cela renforçait son mal-être ; c'était pour le bien de ses amies, après tout... Pas vrai ?

J'étouffe.

Lumah avait stoppé ses sanglots, avec peine, en entendant la voix conciliante de la professeure ; ç'avait été un exercice difficile, et elle ne savait toujours pas si sa voix lui serait loyale désormais, mais elle était sortie de cet épisode désagréable. Seules les larmes témoignaient de sa crise, et son souffle, qui peinait à reprendre un cours normal.

« J'ai mal... J'ai m-m-mal partout », se plaint Lumah, qui ne savait pas comment l'expliquer autrement. « Les gens s'amusent à me piétiner le coeur et blesser mon corps... »

La petite serra sa main autour du tissu qui séparait l'air de sa peau. Son coeur lui faisait si mal.

« C-c-comme si l'un, c'était pas assez, déjà. »

Elle releva son visage surchargé de larmes vers la professeure, en secouant la tête, avant de le baisser à nouveau vers les oiseau étalés.

« Je sais pas miss... J'connais ni s-son nom, ni son visage... J'ai un trou noir... Je sais pas pourquoi, je sais plus. », bégaya-t-elle, légèrement affolée.

Vous savez,

parfois

La petite écoutait attentivement la professeure, sans la regarder pour autant. Sa voix était aussi claire que sa vision était obscure.

Lorsqu’on les dit à voix haute

les problèmes semblent

moins difficiles

à affronter

Une larme coula sur le visage de Lumah, celle-ci bien différente des autres, comme si elle avait été teintée de lumière, comme si elle avait emprunté un tout autre chemin.

« J'avais tout faux depuis le départ alors », dit-elle, avant de serrer contre elle ses jambes.

« J'me cachais derrière mon sourire comme si ça allait permettre à ma vraie joie de refaire surface... », rit-elle, avant de conclure : « C'était tellement bête de ma part. »

A nouveau, des larmes.

Désolée pour ce retard !

“ Il lui arrive d'avoir des agissements curieux. Mais bon, c'est Lumah ! ” ED
17 ans (à l'aide) 6eA #674ea7

31 mai 2020, 20:31
 12/11/44   ft. Joanne T.  Émotions en papier
Joanne n’était visiblement pas faite pour aider les jeunes élèves. Elle n’arrivait pas à comprendre les mots que lui laissait la jeune fille. Elle partait en tous sens, comme un feu d’artifice malheureux qui n’aurait pas été contenus par son propriétaire. L’adolescente se plaignait d’avoir mal, de souffrir. Et Joanne se demanda si elle était vraiment faite pour aider les jeunes étudiants. Il lui semblait que le mal-être de la jeune fille, que son malaise était si grand, si profond, qu’elle ne pourrait pas l’aider, quoiqu’elle fasse et qu’importe comment elle se démène. L’air malheureux, la professeur voulut ouvrir la bouche mais la referma aussitôt. Il était difficile de trouver les bons mots.

Mais il semblait qu’il y ait une légère modification chez l’enfant, elle indiqua qu’elle avait tout faux depuis le départ avant de ramener ses jambes contre sa poitrine. Elle fit part à l’enseignante qu’elle se cachait derrière son sourire pour permettre à sa joie de refaire surface. Et elle ria. D’un rire triste, sans saveur, empreint d’aucune joie. C’était terrible à voir pour l’enseignante qui, de plus en plus, se sentait de trop dans cette conversation. Parfois il fallait laisser la tristesse envahir l’espace pour permettre d’avancer, de voir plus loin.

« Il n’y a rien de bête ». Et Joanne en était convaincue. Elle tenta alors de faire passer ses convictions au travers de son discours. « Vous essayez de vous défendre avec vos armes, avec vos peurs, avec vos doutes. On ne peut pas vous reprocher d’avoir essayé au moins ». Joanne ne savait pas trop ce qui pouvait rendre l’adolescente aussi malheureuse, aussi perdue. Elle essayait de l’aider sans trop en faire pour autant, sans être trop intrusive auquel cas il était possible que la jeune fille s’enfuit. Ce n’était pas le but. Si la présence de Joanne pouvait aider l’enfant, alors elle saisissait la moindre chance.