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04 févr. 2020, 15:47
 PV ~ J. Taylor  Close your eyes
@Joanne Taylor excusez-moi pour le retard :/



20 Janvier 2045




On pouvait entendre le vent souffler, balayant le parc d’une morsure glaciale. Il faisait plisser les yeux, frissonner les corps courbés des silhouettes avançant le long du château.
Au travers des grandes fenêtres, les arbres s’inclinaient face à la puissance de l’élément, comme des sujets devant un roi.

Il était l’heure de se remplir la tête d’un savoir magique pour certain, et malgré cela, quelques êtres vagabonds longeaient les longs couloirs sombres, dont même la lumière de l’Étoile de Feu ne pouvait atteindre de sa douce caresse rayonnante.
L’âme du château hantait, ardente et fière, qui se répercutait contre les murs de pierre froide et morne, chaleureuse et douce. L’animosité de la lourde bâtisse contrastait avec l’atmosphère hivernal qui flottait au dehors. Une buée blanchâtre couvrait les vitraux, où des doigts enfantins avait tracé des dessins grossiers.
Au détours des couloirs, de doux chuchotements se faisaient entendre. Une musique dont la danse des corps se rapprochant annonçait la vérité d’un secret qu’on ne pouvait plus contenir.
Parfois un rire venait ranimer la flamme de ces lieux, et des sourires apparaissaient aux coins des lèvres. Le silence se taisait au moindre frottement de tissu, des talons claquant le sol ou du bruissement des pages qu’on tourne.

Le Bruit était partout. Envahissant, même en cette calme après-midi. Il se faufilait entre les jambes, comme un chat, dans les plus petites embrasures, sous les portes lourdes et à travers les trous des serrures. Une souris noire qui poussait des hurlements d’ogre.

Presque toutes les salles étaient emplis des élèves affalés sur leur table, soupirant d’un ennui contagieux sous les yeux d’un professeur désespéré. Quelques unes, pourtant, faisaient exception. L’une d’elle, dont la porte était légèrement entrebâillée, attisait la curiosité des plus jeunes, mais aucun n’osait traverser le porche. Comme des aventuriers, ils chuchotaient qu’une présence obscure hantait la salle et ils repartaient en courant, leurs gorges déployées pour laisser passer des rires gutturaux.

Tu arrêtais de respirer au moindre bruit de pas dans le couloir, les genoux contre ta poitrine, blotti derrière le bureau. Se Cacher. Encore.
De là où tu étais, tu ne pouvais voir que le tableau et les fenêtres, sur le mur en face de la porte. La pièce était aussi sombre que le couloir, le Soleil ne parvenant pas à passer la barrière épaisse de nuage. Pourtant, dans cette luminosité obscure, des sillons transparents brillaient sur tes joues.
Une main te couvrant la bouche et l’autre entourant tes genoux, tu essayais d’empêcher les hoquets qui te faisaient trembler.
Comme en début d’année. Tes pensées et tes peurs t’assaillent de toute part, te griffe le cœur alors que ton corps se recroqueville. Ça fait Mal. Ça brûle de l’intérieur. Tu les détestes, les Autres. Tous. Il n’y a aucune exception.
Ils te rejettent encore, te mettent de côté et tu n’oses pas t’approcher. Trop Peur. Qu’Ils deviennent violent ou que Toi, tu ne puisses plus contrôler ton Monstre intérieur. Il ne devait pas s’échapper de nouveau, créer le désordre et briser des âmes.
Il valait mieux que tu disparaisses, loin des Autres. Pour les protéger de Toi.

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.

09 mars 2020, 12:10
 PV ~ J. Taylor  Close your eyes
C’était un après-midi comme les autres. Il n’y avait rien de particulier à en dire. Le vent soufflait si fort à l’extérieur du château que la trentenaire ne s’y risquait pas. Elle préférait le calme apparent de Poudlard, le silence de ses salles de classe vidée de toute leur substance. Joanne aimait sa solitude, elle s’était habituée à elle et cela ne la troublait pas outre mesure. Même si elle aurait aimé avoir, parfois, une épaule sur laquelle se confier. Faire part de ses angoisses et inquiètudes qui rongeaient chacune de ses nuits. Mais tout cela, elle le gardait au-dedans, incapable d’en dire le moindre mot à ses collègues. De toute façon, depuis le bal d’Halloween, tous là regardaient avec un air suspect dès qu’elle ouvrait la bouche.

Quand elle pénétra dans la salle de classe vide elle ne s’attendait pas à voir quelqu’un et d’ailleurs, elle ne vit personne. Jusqu’à ce qu’elle contourne le bureau et se laisse surprendre par la présence d’une élève, visiblement en proie à de sévères maux, recroquevillée en position fœtale. Le hoquet de surprise ne put guère lui échapper pourtant, Joanne se ressaisit rapidement. « Mais que faites-vous ici ? ». La surprise était lisible dans les moindres traits de l’enseignante, jusque dans ses yeux azur dont le tumulte ne se camoufle pas.

Repoussant la chaise loin du bureau, prenant place sur celle-ci tout en croisant ses jambes, l’enseignante ne touche pas la jeune sorcière. Elle se contente de rester là, à l’observer. Laissant un simple « Je ne suis pas sûre que ce soit la meilleure des places pour vous détendre vous savez ? ». Parfois, il n’était pas nécessaire d’entrer frontalement dans le sujet. La jeune fille semblait en avoir lourd sur le cœur vu les yeux rougis que Joanne pensait apercevoir.

26 mars 2020, 21:15
 PV ~ J. Taylor  Close your eyes
T’as Mal. Si Mal. C’est terrible. Jamais aucun humain sur cette putain de Terre ne devrait ressentir une chose pareille. Ça te bouffe le cœur, te le brise en mille morceaux de Douleur. Ça te détruit de l’intérieur, éclabousse ton être d’un Désespoir immense. Et bordel, c’est si dur, de retenir les larmes. Elles veulent couler – COULER ENCORE ET ENCORE – sur tes joues froides, se transformer en violents – TROP VIOLENT – sanglots. A en déchirer le cœur, mais le tient est déjà mort. Et ce frisson qui te parcourt, cette haine qui te prend et te fait trembler. Tu voudrais leur faire si Mal. Leur montrer ce que tu ressens, la même douleur qui t’ouvre la poitrine. Qu’ils Ressentent cette Violence. Cette Tristesse. La douceur des Larmes qui contraste avec cette Colère qui te brutalise le cœur.




J’ai Mal
J’ai Mal
J’ai Mal
J’ai Mal
J’ai si Mal bordel !




Et ton cœur explose.
Tu te caches, loin des Regards et de cette Honte – AFFREUSE – qui aime tant te griffer le visage. Tu n’avais pas entendu. Pas remarqué tout de suite le léger bruit des pas qui frappaient le sol froid de la pièce. *Illusion.* Pensant enfin le calme venu, tu avais laissé le désespoir t’envahir. Et les Larmes, Amères qui dansent dans le creux de ton cou, te chatouillent légèrement. Mais ce n’est pas des rires qui sortent de ta bouche sèche et pâteuse.



Pourquoi tu pleures ?


J’ai Mal.



Pourquoi ?


Lui.



Lui ?


Eux.



Eux ?


Moi.



Pourquoi ?


Je sais pas bordel !




La stupidité, Enfant. Qui ne sais même pas le Pourquoi. Et de ne pas Savoir, de ne pas connaître ce Pourquoi, ça te déchire encore plus. Et tu entends. Mais c’est bien trop tard. Et Elle apparaît. Ton corps frêle sursaute avec violence. Tu trembles et les larmes ne s’arrêtent plus. Tu la fixes, cette Géante qui te regarde de haut, les yeux noyés de Tristesse et de Peur. Et tu ne sais que lui répondre, ne sais même plus comment Parler. Lui répondre, cela te deviens impossible. La surprise t’empêche de réfléchir. Tu ne sais plus. Et il s’agit là d’une bien triste vérité. Pourquoi tu pleurais, pourquoi tu étais là, Pourquoi, tout simplement. Tu ne te souviens plus.

Et Elle s’éloigne un peu de Toi, toujours te fixes. Le Silence s’installe alors, ponctué de tes sanglots que tu n’arrives plus à contenir. La Honte alors – AFFREUSE TOUJOURS – vient, dansante et ricanant. Elle te fait reprendre Conscience, essaye d’effacer les sillons sur tes joues, et de faire disparaître le rouge de tes yeux. Mais les battements affolés de ton cœur ne tardent pas à reprendre le dessus. Et Elle lutte, cette Honte. *Mon Amie.* Et bientôt, tu sais. Tu te souviens comment former les Mots, les cracher au-dehors de ta gorge. Elle est tellement nouée que cela en devient un supplice.


- J..Je sais plus.. E..Excusez-moi Miss…

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.

03 avr. 2020, 14:44
 PV ~ J. Taylor  Close your eyes
Si l’enfant n’était pas perturbée, elle était clairement troublée – soit par la présence de l’adulte dans son champ de vision, soit par autre chose – que l’enseignante n’arrivait pas à définir. Après tout, être directrice de Serpentard ou professeure d’étude des runes ne donnait pas toutes les réponses aux questions existentielles que l’univers pouvait mettre sur sa route. Loin de là même. Alors l’enseignante se contentait de regarder l’enfant ainsi calfeutrée. Ses yeux azur virevoltant dans le tumulte qu’elle percevait au travers des larmes sur le visage de l’enfant.

« Peut-être pouvez-vous me dire pourquoi vous êtes en pleurs alors ? », demanda Joanne d’un ton doux, sans aucun reproche. Il n’était pas utile de rajouter de la misère sur la tristesse qui semblait émaner de la jeune fille. Si elle était là, il y avait bien une raison et au-delà de celle-ci, peut-être que la professeure pourrait l’aider, juste un peu, à aller mieux. Quand bien même elle savait que cela se révèlerait peut-être être une mission un peu compliquée. Après tout, elle n’avait rien d’autre à faire alors autant le faire bien.

Puis, alors que son regard ne quittait pas la jeune fille, Joanne ajouta « Je pense que vous seriez mieux assise sur une de ses chaises en tout cas Miss ». Le dessous du bureau ne devait pas être particulièrement confortable. Peut-être qu’un peu de mouvement ferait du bien à la jeune fille ? Joanne n’était pas spécialement une bonne psychologue, aussi préférait-elle avancer doucement.

20 avr. 2020, 16:50
 PV ~ J. Taylor  Close your eyes
Le ton doux de l’adulte apaise lentement tes hoquets de tristesse. Tout cela ressemblait à du cinémas, rien de vrai, et pourtant la douleur était bien là. Pourquoi alors ? Pourquoi pleurer, et en particulier dans cet endroit à la merci des regards des Autres ? Tu t’étais promis de ne plus pleurer, plus jamais. Cela énervait les Parents. Ils détestaient te voir pleurer, et te réprimaient si jamais des sanglots passaient la barrière de tes lèvres. Tout cela était normal. Mais tu ne pouvais t’en empêcher à cet instant, car cela te procurait un bien fou.
Les sanglots disparurent petit à petit, remplacés par une respiration sautillante. Tu n’arrivais plus à lever les yeux vers la Géante, trop honteuse à l’idée qu’Elle ait pu voir ton visage encore rouge. Tu avais l’air bien misérable, recroquevillée de la sorte sous le bureau, les yeux injectés de sang, le nez et les joues rouges. Tu ne sentais presque plus tes jambes, mais tu suivis son conseil, et sorti à quatre pattes, évitant soigneusement de te cogner la tête au rebord de la table. Te relevant en vitesse, tu restais debout, sans savoir que faire exactement, tes mains serrées sur tes bras maigre, et la tête basse.
Elle voulait savoir, la Géante, mais que dire, comment répondre à cette question quand toi-même tu ne savais pas ce qui te faisait le plus mal. Mais voilà qu’une pensée te vient, bien contraire à tes principes, mais qui sans doute apaiserait la blessure de ton cœur. *Pourquoi pas ?* Oui, pourquoi ne pas tout déballer, ici, maintenant. Laisser échapper les Mots vers Elle. Mais les accueillerait-elle avec sagesse ? Ou allait-elle les laisser pourrir dans un coin de sa tête ? C’était quelque chose à tenter, après tout. Mais si jamais… *Alors plus jamais.*
Tu ne savais pas trop ce que tu allais dire, laissant les phrases s’échapper d’elles-mêmes, alors que ta voix rauque et tremblante retenti hors de toi.

- Je… J’aime pas les Autres. Ils m’ont toujours fait du mal. Mais maintenant je sais plus si c’est eux le problème ou…

*Moi.* Tu frissonnes.

- Maman dit que y a que les faibles qui pleurent, les bons à rien. Elle veut pas que je l’appelle Maman, d’ailleurs, elle me frapp… me punirait si elle m’entendait le dire.

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.

21 avr. 2020, 19:21
 PV ~ J. Taylor  Close your eyes
Première réussite : l’enfant sortait de sa cachette, ce qui rendrait sans doute la discussion plus facile. Pourtant, elle semblait en proie à un profond combat intérieur. Comme si elle luttait contre elle-même pour savoir ce qu’elle devait dire – ou non – à l’enseignante. Mais le discours de la jeune fille laisse Joanne sans voix. Les autres, ce mal qu’elle évoque, Joanne le connaissait que trop bien. Il lui semblait voir des failles béantes dans l’âme de la petite sorcière, comme si un miroir avait été mis entre elles deux, comme si l’enfant lui renvoyait sa propre image.

Quoiqu’il en soit, elle écoutait le discours qu’on avait servi à la jeune fille. Celui qu’elle avait entendu elle-aussi. Elle hocha la tête et soupira longuement. Pendant longtemps elle avait cru être seule dans cette configuration familiale. Elle avait mis des œillères en pensant que toute la peine du monde ne pouvait résider que sur ses épaules, qu’il n’y avait pas d’autres parents tortionnaires. Mais elle prenait la réalité en pleine face : elle n’était pas seule. Et cette enfant qui lui faisait face, elle n’était pas seule non plus. Joanne devait lui dire, sans trop s’exposer. Lui faire comprendre, sans trop en dire.

« Vous n’êtes pas le problème et ne laissez jamais personne vous faire croire le contraire ». Il fallait qu’elle en soit consciente. « Prenez une chaise, ne restez pas debout ainsi, vous allez finir par tomber par terre et je ne suis pas spécialement douée en médicomagie ». Son intention n’était pas de brutaliser l’adolescente, loin de là. Elle voulait juste qu’elle se sente à l’aise, comprise. Qu’elle sache qu’elle n’était pas toute seule dans cette galère et que Poudlard pouvait être le moyen d’arrêter sa souffrance.

14 mai 2020, 23:30
 PV ~ J. Taylor  Close your eyes
Navrée pour le retard

Le problème ? *Bien sûr que si c’est moi* Qu’est-ce qu’elle raconte ? *Elle a tout faux !* Comment pourrait-elle le savoir ? *Faut pas l’écouter, elle sait rien du tout ! RIEN !*

Tu la laisses parler, n’osant plus faire le moindre mouvement. Comme une boule de lave qui se forme au creux de ton ventre, cette Colère après les paroles de la Dame qui grossit sans que tu ne connaisses sa provenance. Elle enfle, plus grande, plus grosse, remontant dans ta gorge, faisant vibrer tes lèvres craquelées. Mais Colère se trouve bloquée par tes dents, la mâchoire serrée. Tu ne veux pas qu’Elle sorte, explose au travers de la pièce et emporte la Géante dans ce tourbillon d’incompréhension.

Tu déglutis difficilement, alors que tu lèves enfin les yeux vers Elle. Son regard te transperce, froid, peut être aussi glacé que le tiens. Elle ne paraît pas si vieille, et pourtant son Être t’inspire la sagesse des aînés, comme si elle avait vécu plus que n’importe qui.
Tu fini tout de même par quitter le visage et faire quelques pas vers l’un des bureaux. Si lentement, comme si ton corps luttait contre le Temps. Tu attrapes la chaise et la tires en arrière, alors que tu viens te recroqueviller contre le dossier. Les mains sous les fesses, agrippant le bois de tes doigts crispés.


- Vous êtes professeure.


L’affirmation jaillit de ta voix sans teint. De quoi ? Voilà la vraie question. Elle devait faire cours aux plus âgés. Divination ? Tu renifles, regardes de nouveau vers le sol.


- Vous… avez fait des choses mal ? Dans votre vie.

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.

20 mai 2020, 23:22
 PV ~ J. Taylor  Close your eyes
Elle est professeure. Voilà une affirmation qui prend Joanne au dépourvu. Bien entendu qu’elle est professeure, elle est même directrice de maison – elle ne sait pas trop comment elle a fait, mais elle y est et pour l’instant, elle compte bien y rester. Joanne observe la posture de la jeune fille, loin d’être naturelle, très crispée, presque contrariée, peut-être. Il est clair qu’elle ne s’attendait pas à être surprise ici, cela ne faisait aucun doute, mais Joanne n’y pouvait rien après tout.

Mais si la première affirmation de la jeune fille avait pris de court l’enseignante, ce n’était rien en comparaison de la question qui suivit. L’adolescente venait de lui demander clairement si elle avait fait des choses « mal » dans sa vie. Que lui répondre ? La vérité brute ? Au risque de voir courir encore sur son dos des rumeurs dont elle avait déjà du mal à se défaire ? Un mensonge éhonté qui ne lui ressemblerait pas ? C’était difficile alors Joanne fit le choix … d’éluder, un peu, la question.

« Le notion de mal est somme toute assez subjective ». Elle se laissa un instant de réflexion avant d’ajouter, posément « Je pense que chaque action que l’on fait peut-être considérée comme mauvaise par quelqu’un qui n’aura pas la même vision que nous, ni le même passif ». Il n’y avait, dans le discours de l’enseignante, qu’une stricte vérité. Pas de mensonge, la réalité absolue telle qu’elle l’avait affronté. « Et vous Miss, vous avez fait quelque chose de mal pour vous poser ce genre de question ? » Car Joanne se doutait bien que la question n’était pas posée par hasard.

Les jambes croisées, ses mains posées sur ses cuisses, l'enseignante attendait la réponse de l'enfant. Elle se demandait comment une adolescente à l'air si fragile, si frêle, pouvait faire le mal quelque part ou à quelqu'un. Puis Joanne se rappela, doucement, sournoisement, que parfois, l'habit ne faisait pas le sorcier.

18 juin 2020, 15:09
 PV ~ J. Taylor  Close your eyes
Navrée pour cet énorme retard

La dame paraît réfléchir, marque un temps, avant de répondre enfin à ta question. Elle lâche les premiers mots. Tu tends l’oreille, essayant de les attraper, et les remue dans tous les sens dans ta tête, essayant de les comprendre. Tu tournes ton visage un peu plus vers le sol, jusqu’à ce que ton menton cogne contre ton buste. Ses paroles sont transpercées, arrachées, décortiquées mot à mot. Complètement liquidé, pour ensuite redevenir solide. *C’quoi Passif ? C’est comme Pacifique ?*
Elle retourne la question. Mais tu n’es point bête et tu lèves de nouveau les yeux vers elle, la fixant avec intensité. *Elle a pas répondu à ma question.* Pourquoi détourner le sujet vers toi ? Avait-elle fait des choses qu’elle regrettait ? Néanmoins, tu préférais suivre son chemin, et n’insistas pas. *En fait j’ai pas envie d’savoir.*
Détournant de nouveau le regard, tu t’attardes sur l’une des grandes fenêtres de la pièce. Dehors, le temps ne semble pas s’être réchauffé. Les gros nuages gris sombres sont toujours présents, soufflant sur le monde une haleine glaciale. Cela te faisait un peu penser à toi. Tu étais aussi grise que ces nuages, sans doute plus sombre encore. Et ce souffle froid, qui s’emparait de toi, te frigorifiait au plus profond de tes entrailles, t’empêchant de bouger le moindre muscle.


- Je...sais pas.


Encore un mensonge, hein Gamine. Voilà que tu sondes tes souvenirs, essaye de te rappeler de la moindre faute commise. Il y avait bien le hamster de tes grands-parents, mort sous les coups d’une petite. Certains auraient dit que c’était la faute des parents, d’autres auraient crié que l’Enfant était complètement folle, qu’il fallait sans aucun doute l’enfermer. Ils auraient hurlé qu’Elle ne savait pas, qu’elle était trop jeune et inconsciente. Peut-être même traumatisée par quelques épisodes difficiles. Mais les Autres auraient finalement gagné, murmurant au creux de l’oreille qu’il fallait toujours chercher une excuse alors que c’était bel et bien de sa faute. À elle. Les Autres auraient gagné. Comme toujours.


- Maman me crie tout le temps dessus, donc c’est que je dois faire plein de bêtise tout le temps. Mais je sais pas ce que je fais de mal pour qu’elle soit en colère.


Tu passes ta manche sous ton nez, et replaces vite ta main à sa position initiale. Tu fixes les vitres presque transparentes sans vraiment les voir. Tu penses aux Autres, immondes, auxquels on ne peut accorder notre confiance. *Sauf...* Il y a bien Elle, oui, la seule. Ce n’est pas une Autre, Elle. Elle est spéciale. Mais tout n’a pas commencé avec autant de douceur.


- J’ai… J’ai frappé une autre fille. En début d’année. Elle m’avait énervé.

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.

10 juil. 2020, 21:38
 PV ~ J. Taylor  Close your eyes
L’enfant semblait avoir des difficultés avec sa mère, Joanne ressentit un long frisson lui parcourir l’échine. Elle ne pouvait rien dire, elle ignorait ce qu’était des relations saines que l’on pouvait entretenir avec ce que les gens appelaient des « parents ». Pour elle, c’était tout au plus des géniteurs. L’incompréhension demeurait donc et l’enseignante resta interdite un instant. Fort heureusement, la jeune fille ne s’arrêta pas là et continua. Elle indiqua qu’elle avait frappé quelqu’un en début d’année. Joanne soupira, laissant un « Vous savez que la violence ne résout rien ? ». Et pourtant, parfois, ce besoin viscéral de réclamer vengeance était plus fort que tout. Joanne expira doucement par le nez. Il fallait qu’elle arrête de faire ce genre de parallèle, cela ne l’aidait pas et n’aiderait pas, de toute façon, l’étudiante.

« Je suppose que vous le savez déjà, il est donc inutile que je vous sermonne là-dessus ». Un sourire doux prit place sur son visage, alors qu’elle ajouta doucement « Parfois, se rendre compte de ses erreurs permet de ne plus les refaire, c’est déjà un joli pas vers le progrès, vous ne trouvez pas ? ». Le sourire demeurait sur le visage alors que l’enseignante s’apprêtait à rajouter quelque chose. « Après tout, vous êtes humaine, vous avez des émotions qui vous dépassent parfois ». Cela ne justifiait pas la violence mais, Joanne devait le reconnaître, elles pouvaient s’expliquer ainsi. Il suffisait, ensuite, de rajouter les hormones de l’adolescence et il s’agissait là d’un cocktail assez explosif.