Acantha
20 janvier 2045
Couloirs — Poudlard
4ème année
Mes poings se serrent de plus en plus fort. Mes ongles pénètrent dans ma chair, aussi douloureux que les griffes qui malmènent mon coeur. Ma colère n'est pas la même que d'habitude ; elle n’est pas instantanée. Elle fait son nid dans mon coeur depuis la rentrée des vacances de Noël. Elle devient un peu plus forte chaque jour qui passe, alimentée par mes peurs, bouffant mes pensées bouleversées, nourrie par l'éloignement de Thalia. Et ma colère, aujourd'hui, atteint son paroxysme. Elle fait trembler mes membres, se liquéfier ma peau. C'est un feu intérieur, un bouillon de lave qui me rend tout à fait misérable et méprisable, qui me fait perdre mes moyens ; il recouvre ma vision d'un voile rouge. Le rouge de la Rage.
Depuis hier soir. Depuis hier soir que j'attise ma Rage comme un magnifique outil de vengeance. Depuis hier soir que je rassemble ma colère dans mes poings. Combien de temps cela fait-il que je n'ai pas frappé quelque chose ? Balancé mon poing pour détruire, réduire en cendre ? Depuis quand n'ai-je pas ressenti cela ? L'envie de frapper, de blesser ? Ai-je seulement déjà eu envie de la frapper, Elle ? Oui, il y a longtemps, me semble-t-il. Mais l'envie m'a vite quitté, remplacée par une autre plus particulière ; toute oubliée. A présent, au bout d’une nuit, d’une matinée et d'une vingtaine de jours de gestation, je sens que je vais exploser si je n’agis pas aujourd’hui, maintenant, à la seconde.
Elle n’était pas là. Hier soir, elle n’est pas venu manger. D’habitude, ce n’est que le midi qu’elle me lâche sans état d’âme ; elle m’a toujours rejoint le soir. Mais pas hier soir. Parce qu’elle n’avait pas envie, parce qu’elle a rejoint quelqu’un d’autre, qu’en sais-je ? Je ne suis même pas restée manger, je suis partie m’enfermer dans mon lit, sous mes couvertures et je n’ai pas sortie la tête jusqu’au lendemain, jusqu’à ce que je quitte le dortoir car j’étais en train de me Consumer sous la rage.
Je n’ai pas réussi à me calmer. Au fond, je ne le voulais même pas. Et cela va très bien avec tout le reste, n’est-ce pas ? Oh oui, tellement bien ; si bien que cela en devient un tableau de Perfection. Merlin, qu’elle est parfaite Thalia Gil’Sayan quand elle se prend à Haïr ! Qu’elle est parfaite quand elle se prend à éviter ! Comme elle est parfaite quand elle comprend qu’elle ne m’a jamais *ta gueule !*.
Une inspiration soudaine et douloureuse défracte ma pensée et mes poumons. Je grimace. Mon Instrument de Colère me donne un ordre : *avance*. Et j’avance, je m'éjecte de ma chaise, quitte la salle de métamorphose à l'instant même où la cloche sonne. Je me jette dans les couloirs, les traversant à toute allure, ma colère me donnant des ailes. Si je me hâte, je la rattraperais avant qu'elle ne quitte la salle de Défense. Je descends les escaliers quatre à quatre, bouscule des autres. Mon sac frappe contre mes hanches, manquant d'être éjecté de mon épaule à chacun de mes virages. Je crispe la main autour de la bandoulière. Et accélère l'allure malgré mes poumons étouffés. Les salles de cours se vident, les Autres envahissent ma vision. Je circule tant bien que mal entre eux, dévalant les degrés pour atteindre le premier étage. Je ne sais même pas ce qu'il se passe dans ma tête. Je ne peux que sentir mon cœur affolé, mon cœur douloureux, je ne peux que frémir sous la caresse de la rage qui me fait perdre mes moyens, sous le souffle brûlant de mon envie de violence qui me terrifie à me faire crever.
Je ne ralentis qu'une fois arrivée dans le couloir de Défense Contre les Forces du Mal. Mes pas sont Puissants tandis que je m'approche de la salle de classe, il me semble les entendre résonner sur le sol. Chacun d’eux me rapprochent de Thalia, ils sonnent comme un gong funeste. Ma respiration hachée n’est que le reflet de ce que je ressens intérieurement, mes épaules tremblantes ne sont que le miroir de tout ce qui bout en moi. Je vais exploser et je n’ai même pas peur.
Je suis certaine qu’elle va tirer une tronche de détraqueur. Elle ne sait pas faire autre chose. J'en ai assez, j'en ai assez de qu'elle se mure dans le silence, qu'elle me repousse, qu'elle soit égoïste.
Gil’Sayan est une lâche.
Une putain de lâche.
Et il n’y a qu’une raison à tout cela, une seule raison. Peu importe sa tristesse idiote, peu importe les signes de sa douleur. Je me fous de tout cela, oui, je l’avoue ! Je m’en contrefous parce que moi ce que je vois c’est que Thalia en profite pour me tourner le dos et se foutre de ma gueule. Il n'y a pas d'autre explication. J'en ai assez que tout soit différent, de ses regards à nos moments à nous ; il ne reste plus rien de ce que nous étions avant. Si elle ne veut plus de moi, autant me le cracher au lieu de me supporter jusqu'à ce que ce soit moi qui parte ! Mais elle a de la chance. Je suis à deux doigts d'accéder à ses désirs.
Mon coeur rate un battement lorsque je constate que devant la salle de classe, il n'y a aucune trace de Thalia. L'espace d'une seconde me caresse l'idée que je pourrais m'enfouir, oublier, ne pas me laisser aller à la colère. Mais l'instant suivant, me voilà à courir jusqu'aux escaliers, certaine de la rattraper sur le chemin. Le palier du premier étage se dévoile à moi et *oh, étonnant* Thalia apparaît. Devant elle, les escaliers. Elle erre. C’est ce qu’elle me dirait ; mais moi je connais la vérité : elle m’évite. Et comme tout le reste, elle le fait très mal. Je m’approche d’elle. Je suis incapable de m’arrêter. Même si mon coeur bat trop vite. Même si mes tremblements se font plus puissants. Ma Colère est un Monstre et je ne compte pas lui mettre de laisse. Désormais proche d’elle, mes yeux se remplissent de larmes. *Pourquoi, Merlin, pourquoi ? J'l’aime moi, j’veux pas qu’elle me laisse, j’veux pas qu’elle parte ! J't’en prie, m'fais pas ça, je t’en prie, mens-moi, dis-moi que tu m’aimes, dis-le moi et j’te jure que j’oublierais tout le reste !*.
J’attise ma rage pour faire taire mes pensées survoltées. ARRÊTE DE PENSER. Arrête de croire n’importe quoi ; c’est déjà fini et c’est Thalia qui te l’a fait comprendre en s’éloignant de toi ces derniers jours. A croire que les vacances passées dans sa famille lui ont fait prendre conscience que je n’étais rien pour elle.
Je la sens qui grimpe le long de mon corps. Comme une abomination, elle rampe contre ma peau, s’infiltre dans mes frissons et explose en plein jour en prenant possession de ma voix ; la Lave.
« Eh ! »
Je lance mon bras en avant. Enfin j’agis ! Enfin je suis dans l’action ! L’instrument de ma vengeance ! Frapper, blesser, détruire ! Ma main se verrouille autour de l’épaule de la fille *Thalia*, mes ongles se plantent dans ses muscles. De toutes mes forces — et je suis Forte de ma Rage —, je la retourne vers moi et la pousse brutalement contre le mur qui côtoie l'escalier. Le choc est rude, mais pas autant que ma tristesse. Telle une sublime vague elle recouvre ma colère ; qu’il est dur de regarder ce visage-là tout en sachant qu’elle ne m’aime plus *qu’elle m’a jamais aimé*. Merlin, je vais chialer.
Les larmes débordent de mes yeux.
Mon visage se tord.
Mon coeur déborde.
Ma Colère flambe.
« C’est quoi ton PUTAIN D’PROBLÈME, Gil'Sayan ? »
Je hurle, je hurle.
Ma voix me déchire la gorge, la tristesse coule sur mes joues.
Je me liquéfie, mais mon seul état possible désormais est celui de la vengeance. Et cette fille regrettera de m’avoir fait croire qu’elle était autre chose qu’une Autre.
Premier Pas réservé.
Acantha
« mes songes sont éparpillés sur l’trottoir des cauchemars
et les passants pressés les piétinent sans un regard
traçant dans mon innocence des cicatrices ineffables
j’ramasse à la p’tite cuillère leurs vestiges lamentables »
Mot tracé dans le Carnet, Janvier 2045
20 Janvier 2045
Couloirs, Poudlard
3ème année
Couloirs, Poudlard
3ème année
« Tu n’as pas assez confiance en moi, mais Aelle pourra t’aider, parle lui. »
Arthus.
« Je ne sais pas ce que tu as, mais tu devrais en parler à Bristyle. »
Sky.
« J’espère que tu trouveras une oreille attentive à Poudlard, avec cette... fille. »
Shaina.
« Si tu ne veux pas nous en parler, trouve au moins quelqu’un d’autre. »
Papa.
« Avez vous réussi à dire ces mots à quelqu’un, un ami par exemple ? »
L’infirmier.
*Faut qu’j’lui parle !*.
La pensée surgit soudain, au milieu du cours, au détour de deux paroles de la professeure. Elle hiberne dans mon esprit depuis trop longtemps, bulbe sous la neige. Cette nuit, elle a commencé à germer, au milieu de mon Sommeil sans rêves. Et elle se décide enfin à éclore. *Je dois lui parler*. J’ai beaucoup de choses à dire à Aelle, à commencer par des excuses. Des excuses pour ces quelques semaines, pour ces silences, pour ces non dits, pour ces mensonges, pour ces larmes, pour mon absence de réaction à ses efforts. Tellement d’excuses. Peuvent-elles être contenues dans un simple je suis désolée ? Je ne crois pas. Ces pensées bouillent dans mon ventre durant ce cours ennuyeux.
Ma nuit de sommeil devrait m’aider à me concentrer, mais ce n’est pas le cas. J’ai si peur. Et ma peur me vole toute ma concentration. Ce cours est si dérisoire, je n’arrive même pas à m’y plonger pour oublier mes tracas. Je les ai fuis trop longtemps, aujourd’hui ils me reviennent en pleine face. Ce midi, je ne peux pas m’enfuir pour éviter la Grande Salle. Je dois aller La trouver, et je lui dois des explications. Tout cela bouffe mon ventre, bouffe mon corps, bouffe mon esprit, bouffe mon cœur. C’est tellement horrible, de savoir qu’il n’y a aucun moyen d’éviter cette confrontation si je ne veux pas la perdre. *J’n’ai pas la force*. Une nuit de sommeil n’en remplace pas une trentaine d’autres manquées, et même en temps normal, je n’aurais pas eu cette force. Pourtant, je vais devoir la trouver.
La sonnerie est un gong funeste qui noue ma gorge plus encore qu’elle ne l’était. Je rassemble mes affaires à une vitesse folle, et pourtant je reste pétrifiée à ma place pendant quelques instants encore. *Respire, avance*, me dictent mes pensées. Et je me lève, suivant leurs ordres.
À peine ai-je fait quelques pas dans le couloir, arrivant devant les escaliers, que sa présence me frappe. Elle arrive de derrière moi. C’est bien sa présence qui me frappe ; avant son cri, avant sa main. Puis elle me frappe toute entière, me retournant violemment vers elle. *Violemment*. C’est ma première pensée. Elle a une violence qui n’avait pas été dirigée vers moi depuis bien longtemps. Et ça me fait presque... peur.
Peur.
Peur comme l’horrible sensation qui envahit tout mon corps et qui pétrifie mon cœur quand j’aperçois son visage. *Elle pleure !*. Merlin, elle pleure, et tout son être l’exprime. Par dessus les larmes, il y a la rage, et elle me terrifie. Me paralyse. Court-circuite mon cerveau incapable de songer à autre chose qu’à ses larmes et à sa rage trop puissante.
Il devait la prévenir.
N’est-ce pas que l’infirmier devait la prévenir ? Pourtant, je suis certaine qu’il ne l’a pas fait. Alors, je ne veux plus retourner le voir ; si une seule seconde la pensée de parler encore à cet homme m’a effleurée, elle s’est envolée. Il m’a menti. Et toute ma tristesse déborde d’un coup dans mon esprit ; elle m’en veut, et je dois lui sortir tous les désolé que je garde à l’intérieur de moi. Maintenant. Mais à peine ouvré-je la bouche que la sienne crie sa rage.
« C’est quoi ton PUTAIN D’PROBLÈME, Gil’Sayan ? »
Et mon cœur déborde en même temps que ses yeux.
Frappé par sa violence qui perce un nouveau trou, déchire une nouvelle cicatrice, rouvre une vieille plaie, plante une épine en moi. Et j’ai trop de choses à dire, trop d’excuses à sortir, j’ai envie de laisser tomber tous mes regrets pour me faire pardonner tout ça. Mais à la place de cela, je ne vois que sa rage, sa douleur, et elles enflamment ma tristesse, elles l’allument comme une flamme allumerait une mèche déjà pleine d’huile. Je sens mon cœur qui se serre, qui essore tous ses problèmes jusqu’à les faire remonter comme une vague jusqu’à ma bouche ; je sens les mots et les maux qui se bousculent sous ma langue ; je sens la peur qui m’envahit ; je sens mon corps plaqué contre le mur et le sien qui s’éloigne ; je sens mes pensées qui dégringolent et s’imaginent des choses idiotes ; je sens ma terreur et je sens mes erreurs à venir ; je sens que je ne dois pas laisser mes lèvres s’ouvrir et que je ne dois pas parler ; je sens aussi que plus rien ne m’obéit et que tout explose à l’air libre.
« MA MÈRE EST MORTE, voilà mon putain d’problème ! »
Essoufflée, éreintée.
*Tais toi, tais toi* hurlent mes pensées. Et je suis incapable de les écouter.
« Elle s’est faite assassiner sous mes yeux quand j’étais gamine, j’ai jamais su par qui ni pourquoi, et ça m’a tué ! Et j’commençais à peine à revivre grâce à toi, juste grâce à toi, quand toutes ces conneries remontent pour répondre aux questions que j’me pose depuis des années : qui, pourquoi, merde ! J’voulais juste passer à aut’ chose et vivre, j’avais pas b’soin d’ça maint’nant ! »
Tout dans sa face, je sais que je crie mes mots sur elle, je sais que ça déchire mon cœur, je sais je sais je sais mais je n’arrive rien à faire pour arrêter la déferlante qui provient du plus profond de mon cœur pour tout dévaster.
« C’est une raison suffisante pour n’plus dormir et n’plus rien savoir, ou tu veux que j’te raconte tout c’qui va pas ? Ça t’va comme putain d’problème, Aelle ? »
Je parle trop, trop, trop.
Je ressens trop, j’ai trop mal, je suis trop.
Je suis trop et d’un coup, avec tout ce qui vient de s’échapper de moi, je me sens pas assez.
Un vide se creuse dans mon cœur, le gouffre dans lequel toutes mes douleurs et mes silences régnaient. Un vide tellement profond qu’il bouffe toute ma respiration, d’un coup. Qu’il avale toutes mes forces. Qu’il dégomme toutes mes pensées. Il ne laisse plus derrière lui qu’une lande de tristesse, vide. Et un cœur qui bat trop péniblement, des dizaines de lances plantées dedans, son sang qui imbibe mon esprit, qui remonte jusqu’à mes yeux, qui se transforme en vague, en eau.
Qui déferle hors de mes orbes, coulant sur mes joues, ravageant ma colère, défonçant ma douleur.
Sans tous mes non-dits, je me sens vide.
[c]rêve
[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]
Acantha
Tu aurais dû pleurer, Gil’Sayan.
Pas m’ensevelir sous les cris.
Quand tu cris, j’ai envie de te cogner ; te renvoyer contre le mur de toutes mes forces.
Ses cris me frappent. Depuis combien de temps n’a-t-elle pas haussé la voix devant moi, depuis combien de temps ne m’a-t-elle pas regardé avec ces yeux-là ? Puis de toute manière, que veut-il dire ce regard ? Je ne le comprends pas, il me transperce, me trouant le coeur sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. Je suis victime de tes yeux, Thalia, et de tes cris, je me sens acculée, perdue, assommée.
Sa mère est morte.
Ça veut dire quoi, hein ?
Sa mère est morte quand elle était gamine. Lorsque me frappent ces mots, j’en reste muette de stupeur. Pendant un instant, ma colère déserte totalement mon coeur. Je ne suis plus qu’un réceptacle, un corps sans vie, avec une seule pensée pour l’habiter : *je savais pas*. Non, je ne savais pas que sa mère était morte, je ne le savais pas ; encore une chose qu’elle m’a caché, me souffle mon Coeur-de-Lave. Et les mots s’enchaînent. « J’commmençais à peine à revivre grâce à toi. » Tout se précipite dans mon esprit. « … quand toutes ces conneries remontent pour répondre aux questions que j’me pose depuis des années… ». Mes émotions, le tourbillon soulève mon coeur et fout le bordel dans mes pensées qui s’emmêlent et submergent ma surprise, elle éloigne de moi mon horreur — l’idée de perdre Maman, de la voir mourir, me glace le coeur avec tant de force que je pourrais en crever là, dans l’instant —, mes questionnements, mes doutes, ma tristesse et même ma crainte, petite crainte qui me chuchote qu’il n’est pas normal que la tristesse de Thalia me touche autant. Tout cela disparaît totalement quand une pensée limpide parvient à s’installer dans ma tête et à repousser toutes les autres : *elle s’cherche des excuses*.
Mon souffle se bloque quelque part dans ma poitrine.
Elle se cherche encore des excuses.
Mes mains tremblent. Je serre mes poings si fort que mes phalanges en sont douloureuses. Et Thalia sous mon regard qui m’offre son regard incohérent et ses vérités d’excuse. Thalia qui croit que si elle crie plus fort que moi elle parviendra à annihiler ma colère. Mais elle est loin de réussir car déjà ma rage retrouve toute sa pleine puissance.
Je la déteste. Je la déteste de me mentir, de se servir de ce qu’il lui est arrivé il y a des années juste pour expliquer le fait qu’elle soit égoïste, lâche et totalement désintéressée de moi. Je la déteste de me donner l’envie de la frapper, je me déteste de détester son regard, de haïr son visage et de vomir ses cris. Je la déteste parce qu’à cet instant je la regarde, tremblante d’une rage qui me bouffe entièrement, et je ne la reconnais pas.
Non, ce n’est pas ma Thalia, ça.
Seulement une inconnue.
« C’est une raison suffisante pour n’plus dormir et n’plus rien savoir, ou tu veux que j’te raconte tout c’qui va pas ? »
Et la voilà qui me prouve que j’ai raison : sa mère morte est-elle une raison suffisante pour m’ignorer ? Sa mère morte est-elle une raison suffisante pour ne pas m’écouter quand je parle ? Sa mère morte est-elle une raison suffisante pour qu’elle ne me regarde plus, pour qu’elle m’abandonne aux repas ?
Hein, sa mère morte est-elle une raison suffisante pour qu’elle cesse de m’aimer ?
« Ça t’va comme putain d’problème, Aelle ? »
Ça t’va comme putain d’problème, Aelle ?
Ça t’va comme putain d’problème, Aelle ?
Ils résonnent, ils résonnent.
Ça t’va comme putain d’problème, Aelle ?
Je prends une inspiration tremblante. Une inspiration d’une demi-seconde, le temps que ma colère explose et qu’elle me fasse hurler, la Lave dégoulinant le long de ma bouche, et sortent dans le monde les mots qui me brûlent le coeur de leur sincérité douloureuse.
« J’EN AI RIEN A FOUTRE DE TA MÈRE, MOI ! » La force de mon hurlement me force à me pencher en avant. Une légère inspiration, le temps de repousser le regret qui pointe, et je me rapproche de Thalia. Un pas vers elle. De mes deux mains, je la pousse aux épaules ; mon visage est noyé de larmes et ma bouche déformée par la rage. « J’veux juste qu’tu sois comme avant ! »
Pas m’ensevelir sous les cris.
Quand tu cris, j’ai envie de te cogner ; te renvoyer contre le mur de toutes mes forces.
Ses cris me frappent. Depuis combien de temps n’a-t-elle pas haussé la voix devant moi, depuis combien de temps ne m’a-t-elle pas regardé avec ces yeux-là ? Puis de toute manière, que veut-il dire ce regard ? Je ne le comprends pas, il me transperce, me trouant le coeur sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. Je suis victime de tes yeux, Thalia, et de tes cris, je me sens acculée, perdue, assommée.
Sa mère est morte.
Ça veut dire quoi, hein ?
Sa mère est morte quand elle était gamine. Lorsque me frappent ces mots, j’en reste muette de stupeur. Pendant un instant, ma colère déserte totalement mon coeur. Je ne suis plus qu’un réceptacle, un corps sans vie, avec une seule pensée pour l’habiter : *je savais pas*. Non, je ne savais pas que sa mère était morte, je ne le savais pas ; encore une chose qu’elle m’a caché, me souffle mon Coeur-de-Lave. Et les mots s’enchaînent. « J’commmençais à peine à revivre grâce à toi. » Tout se précipite dans mon esprit. « … quand toutes ces conneries remontent pour répondre aux questions que j’me pose depuis des années… ». Mes émotions, le tourbillon soulève mon coeur et fout le bordel dans mes pensées qui s’emmêlent et submergent ma surprise, elle éloigne de moi mon horreur — l’idée de perdre Maman, de la voir mourir, me glace le coeur avec tant de force que je pourrais en crever là, dans l’instant —, mes questionnements, mes doutes, ma tristesse et même ma crainte, petite crainte qui me chuchote qu’il n’est pas normal que la tristesse de Thalia me touche autant. Tout cela disparaît totalement quand une pensée limpide parvient à s’installer dans ma tête et à repousser toutes les autres : *elle s’cherche des excuses*.
Mon souffle se bloque quelque part dans ma poitrine.
Elle se cherche encore des excuses.
Mes mains tremblent. Je serre mes poings si fort que mes phalanges en sont douloureuses. Et Thalia sous mon regard qui m’offre son regard incohérent et ses vérités d’excuse. Thalia qui croit que si elle crie plus fort que moi elle parviendra à annihiler ma colère. Mais elle est loin de réussir car déjà ma rage retrouve toute sa pleine puissance.
Je la déteste. Je la déteste de me mentir, de se servir de ce qu’il lui est arrivé il y a des années juste pour expliquer le fait qu’elle soit égoïste, lâche et totalement désintéressée de moi. Je la déteste de me donner l’envie de la frapper, je me déteste de détester son regard, de haïr son visage et de vomir ses cris. Je la déteste parce qu’à cet instant je la regarde, tremblante d’une rage qui me bouffe entièrement, et je ne la reconnais pas.
Non, ce n’est pas ma Thalia, ça.
Seulement une inconnue.
« C’est une raison suffisante pour n’plus dormir et n’plus rien savoir, ou tu veux que j’te raconte tout c’qui va pas ? »
Et la voilà qui me prouve que j’ai raison : sa mère morte est-elle une raison suffisante pour m’ignorer ? Sa mère morte est-elle une raison suffisante pour ne pas m’écouter quand je parle ? Sa mère morte est-elle une raison suffisante pour qu’elle ne me regarde plus, pour qu’elle m’abandonne aux repas ?
Hein, sa mère morte est-elle une raison suffisante pour qu’elle cesse de m’aimer ?
« Ça t’va comme putain d’problème, Aelle ? »
Ça t’va comme putain d’problème, Aelle ?
Ça t’va comme putain d’problème, Aelle ?
Ils résonnent, ils résonnent.
Ça t’va comme putain d’problème, Aelle ?
Je prends une inspiration tremblante. Une inspiration d’une demi-seconde, le temps que ma colère explose et qu’elle me fasse hurler, la Lave dégoulinant le long de ma bouche, et sortent dans le monde les mots qui me brûlent le coeur de leur sincérité douloureuse.
« J’EN AI RIEN A FOUTRE DE TA MÈRE, MOI ! » La force de mon hurlement me force à me pencher en avant. Une légère inspiration, le temps de repousser le regret qui pointe, et je me rapproche de Thalia. Un pas vers elle. De mes deux mains, je la pousse aux épaules ; mon visage est noyé de larmes et ma bouche déformée par la rage. « J’veux juste qu’tu sois comme avant ! »
Acantha
Il longe les murs en jouant avec ses mains, les tordant. Il se mord la lèvre, baisse la tête et finalement pose ses mains sur ses oreilles. Il y a trop de bruit, il trouve ça angoissant. Ses membres tremblent : il n'a pas mangé depuis plusieurs jours et n'a pas dormi cette nuit, il se sent faible comme un petit animal. Trop faible pour porter tout le poids qu'il sent sur ses épaules, c'est pour ça que son dos est courbé vers l'avant. Il ne dirait à personne qu'il fait un trop grand détour : c'est un peu honteux de s'avouer qu'il évite ses connaissances. Toute l'agitation qu'elles font lui donne mal à la tête. Il ne veut pas qu'on s'inquiète pour lui, il en a marre. Ça n'arrangera pas les choses, il le sait bien alors il faut que les gens arrêtent de faire ça : lui ça l'emmerde. Janvier se termine bientôt et il va toujours aussi mal. Ses cauchemars ne s'arrêtent pas, ils empirent. Il n'a plus faim du tout, mange seulement quand il se lève assez tôt le matin. Au final, il se sent toujours comme un étranger dans son corps.
-Il s'appelle Edwin. Edwin a douze ans, il est à Poudlard. Il est en sécurité et Edwin est heureux. se répète-il encore et encore.
Il peut respirer, il va bien. Cette voix qui hurle, elle n'est pas réelle. Personne ne peut savoir ce qu'il a fait. La beuglante n'était pas réelle, personne ne sait, personne ne sait. PERSONNE NE SAIT. Alors pourquoi ils ont utilisé morte et maman dans la même phrase ? Il secoue la tête et observe ce qui se passe autour de lui. Le couloir est bondé mais les élèves le quittent plus ou moins rapidement, bientôt, ils seront retournés en cours. Pas lui : il ne peut juste pas faire face à la magie maintenant, son cœur bat trop vite, son cerveau fonctionne trop. Alors il ne bouge pas et il observe. Et tout de suite il se demande quelque chose.
-Eh ! Pour qui tu te prends ? Lâche-t-il sans y penser.
Qu'est-ce qu'elle fout l'autre là bas, à hurler sur la fille ? Et pourquoi elle la plaque au mur ? Il se sent plus proche d'elle que de n'importe qui dans ce couloir. Elle doit bien comprendre ce que ça fait de se sentir abandonné : sa mère est crevée aussi. Il a envie d'aller lui parler et lui demander comme elle fait pour être là, pour rester ici alors que ça fait longtemps. Lui, il ne lui parle plus depuis un mois et il a l'impression que son cœur va lâcher avant fin Janvier. Sa mère est même pas morte, en plus. Alors comment elle, elle fait ? Il s'approche presque en courant de la fille qui hurle sur l'autre et lui tire le col de son uniforme vers lui, pour la faire dégager de l'autre. Il a envie de lui foutre son poing dans la tronche, comme si c'était à lui qu'elle parlait. Comme si c'était à lui qu'elle avait dit qu'elle s'en foutait. Comme si c'était de sa mère qu'elle parlait. Il sait que c'est pas le cas, mais il peut pas s'empêcher de faire le parallèle entre lui et celle que cette sauvage plaque au mur. Parce qu'avec lui, tout le monde réagit comme ça. Avec lui, tout le monde s'en fout de sa mère, personne ne comprend.
-Pour qui tu te prends à lui parler comme ça ?
Il respire fort : toute sa colère déborde à nouveau. Il n'en peut plus de ses crises injustifiées mais comment empêcher quelque chose qui stoppe totalement sa réflexion ? Comment il peut espérer être plus fort que sa colère ? Et comment peut-il l'empêcher de déborder quand c'est la seule chose qui le fait se sentir vraiment lui, vraiment vivant ? La colère c'est le seul sentiment qui le réveille de son état de zombie. Quand il est en colère, il se sent vraiment lui, pas comme s'il n'était qu'un passager dans son corps. Sa tête tourne. Il ne sait pas si c'est parce qu'il est faible ou parce que la colère inonde son crâne, mais il se sent vraiment vivant. Il veut lui fracasser la tronche, même s'il ne la connait pas. C'est pour ça qu'il est intervenu : sinon il l'aurait laissé se débrouiller toute seule. Il l'aurait laissé dans sa merde comme lui on le laissait dans la sienne.
-Il s'appelle Edwin. Edwin a douze ans, il est à Poudlard. Il est en sécurité et Edwin est heureux. se répète-il encore et encore.
Il peut respirer, il va bien. Cette voix qui hurle, elle n'est pas réelle. Personne ne peut savoir ce qu'il a fait. La beuglante n'était pas réelle, personne ne sait, personne ne sait. PERSONNE NE SAIT. Alors pourquoi ils ont utilisé morte et maman dans la même phrase ? Il secoue la tête et observe ce qui se passe autour de lui. Le couloir est bondé mais les élèves le quittent plus ou moins rapidement, bientôt, ils seront retournés en cours. Pas lui : il ne peut juste pas faire face à la magie maintenant, son cœur bat trop vite, son cerveau fonctionne trop. Alors il ne bouge pas et il observe. Et tout de suite il se demande quelque chose.
-Eh ! Pour qui tu te prends ? Lâche-t-il sans y penser.
Qu'est-ce qu'elle fout l'autre là bas, à hurler sur la fille ? Et pourquoi elle la plaque au mur ? Il se sent plus proche d'elle que de n'importe qui dans ce couloir. Elle doit bien comprendre ce que ça fait de se sentir abandonné : sa mère est crevée aussi. Il a envie d'aller lui parler et lui demander comme elle fait pour être là, pour rester ici alors que ça fait longtemps. Lui, il ne lui parle plus depuis un mois et il a l'impression que son cœur va lâcher avant fin Janvier. Sa mère est même pas morte, en plus. Alors comment elle, elle fait ? Il s'approche presque en courant de la fille qui hurle sur l'autre et lui tire le col de son uniforme vers lui, pour la faire dégager de l'autre. Il a envie de lui foutre son poing dans la tronche, comme si c'était à lui qu'elle parlait. Comme si c'était à lui qu'elle avait dit qu'elle s'en foutait. Comme si c'était de sa mère qu'elle parlait. Il sait que c'est pas le cas, mais il peut pas s'empêcher de faire le parallèle entre lui et celle que cette sauvage plaque au mur. Parce qu'avec lui, tout le monde réagit comme ça. Avec lui, tout le monde s'en fout de sa mère, personne ne comprend.
-Pour qui tu te prends à lui parler comme ça ?
Il respire fort : toute sa colère déborde à nouveau. Il n'en peut plus de ses crises injustifiées mais comment empêcher quelque chose qui stoppe totalement sa réflexion ? Comment il peut espérer être plus fort que sa colère ? Et comment peut-il l'empêcher de déborder quand c'est la seule chose qui le fait se sentir vraiment lui, vraiment vivant ? La colère c'est le seul sentiment qui le réveille de son état de zombie. Quand il est en colère, il se sent vraiment lui, pas comme s'il n'était qu'un passager dans son corps. Sa tête tourne. Il ne sait pas si c'est parce qu'il est faible ou parce que la colère inonde son crâne, mais il se sent vraiment vivant. Il veut lui fracasser la tronche, même s'il ne la connait pas. C'est pour ça qu'il est intervenu : sinon il l'aurait laissé se débrouiller toute seule. Il l'aurait laissé dans sa merde comme lui on le laissait dans la sienne.
"T'a Smaug sur son tas d'or et t'as Edwin sur son tas de rédacteurs" - Isaac Powell
Edwin Wellhister (16 ans, quatrième année)
Edwin Wellhister (16 ans, quatrième année)
Acantha
« J’EN AI RIEN À FOUTRE DE TA MÈRE, MOI ! »
Et mon cœur meurt.
Soudainement, je comprends pleinement l’expression fondre en larmes, car mon corps semble se désagréger pour n’être plus que cette substance liquide qui s’écoule sans cesse de mes yeux. Hors de mon contrôle. Son corps qui s’approche me fige, car je ne connais pas la proximité avec Aelle — *pas assez*, moins que je ne le voudrais, me rappellent mes pensées. Ses deux mains me frappent violemment, défoncent mes épaules, et mon visage tordu de larmes se tourne vers le sien tout aussi défait. Je me rappelle d’autres larmes, d’autres jours ; de la dernière fois que j’ai pleuré aussi fortement et que cela avait un rapport avec elle, de la dernière fois que mes pensées ont été aussi en bordel — et ne parlons pas de mon cœur. Cette dernière fois est précise, même dans mon esprit brouillé, puisqu’il s’agit de cette nuit qui a gardé une saveur douce-amère dans mon esprit. Cette nuit qui me rappelle que même lorsque je crois tout savoir, je ne sais rien. Cette nuit qui renforce les sous-entendus de Papa, Shaina, Emily, et surtout Arthus. Cette nuit aux miroirs, cette nuit salle-de-bains. Oui, la dernière fois que j’ai été aussi pitoyable pour elle, c’était à ce moment là.
Mais elle ne s’en foutait pas.
Au moins, elle ne s’en foutait pas.
« J’veux juste qu’tu sois comme avant ! »
Et elle parle, parle.
*Tu t’en fous*.
De ma mère. *De moi*.
Elle ne pense qu’à elle et ça me dérange plus que ça ne l’a jamais fait. Tous ces mois passés à baisser la tête quand elle se fichait de moi, à me résigner pour ne pas la perdre. Tout ce poids que je porte sur les épaules et qu’elle ignore sans problème, parce qu’elle veut juste que je sois comme avant.
Mais moi aussi, je veux être comme avant.
Ce qu’elle ne comprend pas, c’était qu’avant non plus tout n’était pas parfait. Qu’avant aussi elle me blessait, me faisait mal, mais que j’ai toujours été douée pour me taire.
Moi aussi, je veux que tout soit comme avant.
Parce que même lorsque j’avais mal au cœur, elle adoucissait mes douleurs. Parce que ça n’avait rien à voir avec tout ça, avec ces vacances qui me font souffrir et... ses mots qui me font souffrir plus encore, alors que je ne pensais pas cela possible. Alors qu’elle devait être celle qui me faisait du bien, elle n’arrive qu’à m’achever.
Je constate tout cela sans être en colère. Il n’y a que ma tristesse qui déborde et ma honte d’être pitoyable. Faiblement, mes jambes cèdent sous mon poids et je glisse le long du mur pour finir par terre, hoquetant dans mes larmes.
Le gosse qui dégueule une parole agressive me fait lever la tête brutalement. Même la vision floutée par mes larmes, je vois un petit tirer sur le col d’Aelle en lui disant d’arrêter. *Frappe le*, dit mon esprit. Fais le lâcher Aelle, il n’a pas le droit, on s’en fout de ce qu’elle dit, il n’a pas à la toucher. Mais je vois je-ne-sais-quoi dans son attitude, quelque chose qui m’interpelle, peut-être un souvenir du fait qu’il était en train de longer les murs il y a quelques instants, et je ne fais que bredouiller quelques mots entre deux sanglots :
« Lâche... lâche la... »
Ils sont distincts mais dégueulasses, et ma voix tremble plus fort que jamais. « Lâche la, répété-je avec difficulté, elle a raison. » Mes yeux pleins du flot de pleurs se tournent vers Aelle pour la regarder pitoyablement, une lueur de détresse dans les yeux. *Aide moi*. Elle ne le fera pas.
« J’suis... j’suis désolée. » Je bégaye, étouffée par mes larmes. « J’étais à l’infirmerie... hier soir... il d’vait te prévenir... »
Je m’interromps à peine pour tenter de respirer, le regard fixé sur son visage défait, la peur détraquant mes pensées folles. Les sanglots secouent tout mon corps, la pierre meurtrit mon dos et mes fesses.
« Moi aussi j’veux être... comme avant... je-suis-désolée-Aelle ! »
La fin de ma phrase s’élève pour mourir faiblement. Toujours désespérément accroché à elle, mon regard hurle que je suis désolée, que j’ai mal, que je n’y arrive pas. Et à tout cela, il rajoute un cri de détresse :
*Aide-moi*.
Mais je sais qu’elle ne le fera pas.
Et mon cœur meurt.
Soudainement, je comprends pleinement l’expression fondre en larmes, car mon corps semble se désagréger pour n’être plus que cette substance liquide qui s’écoule sans cesse de mes yeux. Hors de mon contrôle. Son corps qui s’approche me fige, car je ne connais pas la proximité avec Aelle — *pas assez*, moins que je ne le voudrais, me rappellent mes pensées. Ses deux mains me frappent violemment, défoncent mes épaules, et mon visage tordu de larmes se tourne vers le sien tout aussi défait. Je me rappelle d’autres larmes, d’autres jours ; de la dernière fois que j’ai pleuré aussi fortement et que cela avait un rapport avec elle, de la dernière fois que mes pensées ont été aussi en bordel — et ne parlons pas de mon cœur. Cette dernière fois est précise, même dans mon esprit brouillé, puisqu’il s’agit de cette nuit qui a gardé une saveur douce-amère dans mon esprit. Cette nuit qui me rappelle que même lorsque je crois tout savoir, je ne sais rien. Cette nuit qui renforce les sous-entendus de Papa, Shaina, Emily, et surtout Arthus. Cette nuit aux miroirs, cette nuit salle-de-bains. Oui, la dernière fois que j’ai été aussi pitoyable pour elle, c’était à ce moment là.
Mais elle ne s’en foutait pas.
Au moins, elle ne s’en foutait pas.
« J’veux juste qu’tu sois comme avant ! »
Et elle parle, parle.
*Tu t’en fous*.
De ma mère. *De moi*.
Elle ne pense qu’à elle et ça me dérange plus que ça ne l’a jamais fait. Tous ces mois passés à baisser la tête quand elle se fichait de moi, à me résigner pour ne pas la perdre. Tout ce poids que je porte sur les épaules et qu’elle ignore sans problème, parce qu’elle veut juste que je sois comme avant.
Mais moi aussi, je veux être comme avant.
Ce qu’elle ne comprend pas, c’était qu’avant non plus tout n’était pas parfait. Qu’avant aussi elle me blessait, me faisait mal, mais que j’ai toujours été douée pour me taire.
Moi aussi, je veux que tout soit comme avant.
Parce que même lorsque j’avais mal au cœur, elle adoucissait mes douleurs. Parce que ça n’avait rien à voir avec tout ça, avec ces vacances qui me font souffrir et... ses mots qui me font souffrir plus encore, alors que je ne pensais pas cela possible. Alors qu’elle devait être celle qui me faisait du bien, elle n’arrive qu’à m’achever.
Je constate tout cela sans être en colère. Il n’y a que ma tristesse qui déborde et ma honte d’être pitoyable. Faiblement, mes jambes cèdent sous mon poids et je glisse le long du mur pour finir par terre, hoquetant dans mes larmes.
Le gosse qui dégueule une parole agressive me fait lever la tête brutalement. Même la vision floutée par mes larmes, je vois un petit tirer sur le col d’Aelle en lui disant d’arrêter. *Frappe le*, dit mon esprit. Fais le lâcher Aelle, il n’a pas le droit, on s’en fout de ce qu’elle dit, il n’a pas à la toucher. Mais je vois je-ne-sais-quoi dans son attitude, quelque chose qui m’interpelle, peut-être un souvenir du fait qu’il était en train de longer les murs il y a quelques instants, et je ne fais que bredouiller quelques mots entre deux sanglots :
« Lâche... lâche la... »
Ils sont distincts mais dégueulasses, et ma voix tremble plus fort que jamais. « Lâche la, répété-je avec difficulté, elle a raison. » Mes yeux pleins du flot de pleurs se tournent vers Aelle pour la regarder pitoyablement, une lueur de détresse dans les yeux. *Aide moi*. Elle ne le fera pas.
« J’suis... j’suis désolée. » Je bégaye, étouffée par mes larmes. « J’étais à l’infirmerie... hier soir... il d’vait te prévenir... »
Je m’interromps à peine pour tenter de respirer, le regard fixé sur son visage défait, la peur détraquant mes pensées folles. Les sanglots secouent tout mon corps, la pierre meurtrit mon dos et mes fesses.
« Moi aussi j’veux être... comme avant... je-suis-désolée-Aelle ! »
La fin de ma phrase s’élève pour mourir faiblement. Toujours désespérément accroché à elle, mon regard hurle que je suis désolée, que j’ai mal, que je n’y arrive pas. Et à tout cela, il rajoute un cri de détresse :
*Aide-moi*.
Mais je sais qu’elle ne le fera pas.
[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]
Acantha
J'en ai rien à faire que ta mère soit morte, rien à faire que tu souffres, rien à faire que tu pleures et que tu aies mal. Tu comprends ? Je veux que tu arrêtes tout cela, que tu sois comment avant ! Sans histoires, sans problèmes. Je veux pouvoir te regarder sans me dire que tu penses à autre chose que moi, je veux pouvoir te parler sans avoir peur que tu me répondes à côté, je veux passer du temps avec toi sans craindre que tu sois là physiquement mais ailleurs dans ta tête ! Est-ce donc trop demander ? Que tu sois celle que j'ai toujours connu, celle qui me regardait avec le regard de Celle-qui-me-connaît-plus-que-les-autres ? Que tu sois celle qui a un esprit si pointu, celle qui devine ce à quoi je pense, celle qui sache me répondre sans se tromper du sujet de conversation ?
Hein, Thalia ? Est-ce trop te demander d'être tout simplement toi, sans souffrance inutile, juste toi avec moi ?
Je n'ai jamais eu aussi mal. Mon cœur est en flammes, il tombe en cendre à l'intérieur de moi, faisant circuler dans mes veines le feu ardant d'une rage dans laquelle je me plonge toute entière. Actuellement, je ne pense à rien d'autre qu'à cette terrible envie de lui envoyer mon poing dans la gueule. Je veux lui faire mal comme elle m'a fait mal ces dernières semaines, qu'elle se rende compte de l'état dans lequel elle me met, qu'elle paye tous ces instants désagréables que j'ai vécu à cause d'elle ; mes pleurs solitaires, mes souffles haineux, mes insultes à Zikomo. Je veux qu'elle paye car elle est la seule fautive de ce que je ressens, si elle ne s'était pas éloignée, jamais je n'aurais été là à la malmener, non. Jamais je n'aurais été là à la voir pleurer, non. *Elle l'a mérité *. Elle a mérité que je lui fasse du mal.
Au bout de mon bras, mon poing est prêt. Prêt à faire payer. Je me vois très clairement dans ma tête l'envoyer dans son joli visage pour la sentir souffrir, je le vois aussi clairement que je me vois moi, après, mourir de honte et de regret. Je me vois, mais ne peux rien réaliser.
Quelque chose m'attrape par le col de ma robe. On s'agrippe à moi, on m'arrache à mes pensées et on m'éloigne de Thalia. Mon poing perd de sa force, mon cœur rate plusieurs battements et me voilà, face à lui. Regard de feu, paroles haineuses.
« Pour qui tu te prends à lui parler comme ça ? »
Il me crache au visage. C'est qui, lui ? C'est qui, lui, pour m'arracher à ma rage, à mes projets, à ma vengeance ? C'est qui lui pour me saisir de cette manière, pour me secouer de la sorte, pour piétiner ma fierté et me faire me sentir aussi mal tout à coup ? Car dans ses paroles, j'entends ses reproches ; je lui fais du mal ! à Thalia, c'est ma Thalia, c'est... Elle. Et je lui fais du mal.
Un regard au sol, vers elle.
En larmes, je l'ai rendu comme ça. Souffre-t-elle ? Non, je ne l'ai pas rendu ainsi, c'est pas possible. Mais les paroles du garçon me mettent face à la réalité : si, c'est moi. Elle parle, et c'est moi. Elle pleure, et c'est moi. Je ne comprends pas, n'entends pas.
Je la vois au travers la brume de ma rage. Je me détourne d'elle avec bien trop de hâte, fouillant les visages pour trouver celui du gars qui m'a agressé. Il est là, tremblant de colère et de sa justification insupportable : c'est lui qui m'a empêché de la frapper, c'est lui le héros, c'est lui le gentil.
C'est lui le destinataire de ma colère.
Je rassemble mon poing, l'esprit brumeux, aucune pensée ne traversant ma tête.
« J’suis... j’suis désolée. »
Je ne veux pas t'entendre !
« J’étais à l’infirmerie... »
Laisse-moi ! À ma colère, à ma rage. Je ne veux pas te voir pleurer. J'en suis incapable.
« ... il d’vait te prévenir... »
Je ne veux pas savoir. Je veux agir, frapper.
« Moi aussi j’veux être... comme avant... »
FERME-LA !
J'avance sans le sentir, me rapprochant du garçon, abandonnant Thalia et ses foutues paroles derrière moi. Je ne l'entends plus, je ne la vois plus. Le coup fuse si vite que je ne le vois pas partir. Je lève le poing et le balance dans la tête du garçon.
Une fois.
Deux fois.
Parce que ça fait du bien, parce qu'ainsi je peux frapper, frapper à m'en faire mal au cœur, mais que la victime n'est pas Thalia. Seulement me décharger de cette colère, me défouler un peu, faire payer les erreurs de Thalia sur un autre. Lui, il le mérite autant qu'elle. Mais il n'est pas elle. Alors je peux y aller de toutes mes forces. Et je donne tout ce que j'ai pour faire voler sa tête.
Hein, Thalia ? Est-ce trop te demander d'être tout simplement toi, sans souffrance inutile, juste toi avec moi ?
Je n'ai jamais eu aussi mal. Mon cœur est en flammes, il tombe en cendre à l'intérieur de moi, faisant circuler dans mes veines le feu ardant d'une rage dans laquelle je me plonge toute entière. Actuellement, je ne pense à rien d'autre qu'à cette terrible envie de lui envoyer mon poing dans la gueule. Je veux lui faire mal comme elle m'a fait mal ces dernières semaines, qu'elle se rende compte de l'état dans lequel elle me met, qu'elle paye tous ces instants désagréables que j'ai vécu à cause d'elle ; mes pleurs solitaires, mes souffles haineux, mes insultes à Zikomo. Je veux qu'elle paye car elle est la seule fautive de ce que je ressens, si elle ne s'était pas éloignée, jamais je n'aurais été là à la malmener, non. Jamais je n'aurais été là à la voir pleurer, non. *Elle l'a mérité *. Elle a mérité que je lui fasse du mal.
Au bout de mon bras, mon poing est prêt. Prêt à faire payer. Je me vois très clairement dans ma tête l'envoyer dans son joli visage pour la sentir souffrir, je le vois aussi clairement que je me vois moi, après, mourir de honte et de regret. Je me vois, mais ne peux rien réaliser.
Quelque chose m'attrape par le col de ma robe. On s'agrippe à moi, on m'arrache à mes pensées et on m'éloigne de Thalia. Mon poing perd de sa force, mon cœur rate plusieurs battements et me voilà, face à lui. Regard de feu, paroles haineuses.
« Pour qui tu te prends à lui parler comme ça ? »
Il me crache au visage. C'est qui, lui ? C'est qui, lui, pour m'arracher à ma rage, à mes projets, à ma vengeance ? C'est qui lui pour me saisir de cette manière, pour me secouer de la sorte, pour piétiner ma fierté et me faire me sentir aussi mal tout à coup ? Car dans ses paroles, j'entends ses reproches ; je lui fais du mal ! à Thalia, c'est ma Thalia, c'est... Elle. Et je lui fais du mal.
Un regard au sol, vers elle.
En larmes, je l'ai rendu comme ça. Souffre-t-elle ? Non, je ne l'ai pas rendu ainsi, c'est pas possible. Mais les paroles du garçon me mettent face à la réalité : si, c'est moi. Elle parle, et c'est moi. Elle pleure, et c'est moi. Je ne comprends pas, n'entends pas.
Je la vois au travers la brume de ma rage. Je me détourne d'elle avec bien trop de hâte, fouillant les visages pour trouver celui du gars qui m'a agressé. Il est là, tremblant de colère et de sa justification insupportable : c'est lui qui m'a empêché de la frapper, c'est lui le héros, c'est lui le gentil.
C'est lui le destinataire de ma colère.
Je rassemble mon poing, l'esprit brumeux, aucune pensée ne traversant ma tête.
« J’suis... j’suis désolée. »
Je ne veux pas t'entendre !
« J’étais à l’infirmerie... »
Laisse-moi ! À ma colère, à ma rage. Je ne veux pas te voir pleurer. J'en suis incapable.
« ... il d’vait te prévenir... »
Je ne veux pas savoir. Je veux agir, frapper.
« Moi aussi j’veux être... comme avant... »
FERME-LA !
J'avance sans le sentir, me rapprochant du garçon, abandonnant Thalia et ses foutues paroles derrière moi. Je ne l'entends plus, je ne la vois plus. Le coup fuse si vite que je ne le vois pas partir. Je lève le poing et le balance dans la tête du garçon.
Une fois.
Deux fois.
Parce que ça fait du bien, parce qu'ainsi je peux frapper, frapper à m'en faire mal au cœur, mais que la victime n'est pas Thalia. Seulement me décharger de cette colère, me défouler un peu, faire payer les erreurs de Thalia sur un autre. Lui, il le mérite autant qu'elle. Mais il n'est pas elle. Alors je peux y aller de toutes mes forces. Et je donne tout ce que j'ai pour faire voler sa tête.
Acantha
- Non elle a pas raison ! Dit-il rapidement.
Il aurait voulu faire beaucoup d'autres choses, relâcher cette folle et partir en bougonnant, embarquer l'autre fille pour lui demander comment s'en sortir ou tout simplement rester ici à les écouter se battre pour quelque chose de si idiot. Elles ne s'écoutaient pas, l'une comme l'autre, et elles se disputaient pour ça. Il trouvait ça stupide. Il aurait voulu faire tout ça, mais avec un poing dans la gueule c'était pas possible. Le coup le surpris et, n'y étant pas préparé, il n'eut pas le temps de se protégé et se retrouva à terre en quelques secondes. Il prit une respiration tremblante alors qu'il levait les mains au dessus de sa tête, soudainement bien plus loin que son corps actuellement. Ses yeux en soucoupe tellement ils étaient larges s'étaient bloqué sur le sang qui coulait de son nez et s'explosait par terre et il eut soudainement envie de pleurer alors qu'il se roulait sur lui même, protégeant tout ce qui pourrait lui faire du mal.
Était-ce sa mère qui le frappait comme ça ? Mais pourquoi ? Il n'avait rien fait, il avait essayé d'être gentil. La colère s'est épuisée toute seule, elle n'a laissé derrière elle qu'un corps fatigué autant qu'un esprit brisé. Il n'en peut plus. Pourquoi tout le monde s'acharne à lui faire du mal ? Et pourquoi cela n'arrive que lorsqu'il veut aider ? Il n'a jamais voulu tout ça, il voulait juste aider, faire quelque chose d'utile, de bien. Mais ça ne fonctionne jamais, il fait de la merde partout. Il pleure, réalise-t-il par la suite quand le sang se mélange à quelque chose de translucide. Pourquoi il pleure ? Il n'a pas le droit de pleurer. Les larmes c'est pour les faibles, pour les gens tristes. Il n'est pas triste, il doit être heureux. Il doit rester comme avant, pour les autres, pour sa mère. Il ne peut pas se permettre de s’apitoyer sur son sort, il n'en a pas le droit.
-Je suis désolé, souffle-t-il. Je suis désolé maman, j'ai pas fais exprès, je voulais être gentil, je suis désolé, pardon, pardon, pardon, pardon...
Est-ce qu'elle se venge pour tout ce qui lui est arrivé par sa faute ? Est-ce qu'elle le frappe ou est-ce seulement un cauchemar ? Il a envie de se réveiller dans son lit. Ce n'est pas grave s'il pleure dans sa chambre, personne ne s'en souci. Ses camarades sortent avant lui, dorment quand lui ne le fait pas et ne se réveillent pas quand lui le fait. Ses camarades ont la belle vie, finalement. Ils ne se rendent pas compte de tout ce qui se passe dans sa tête, mais lui non plus ne fait pas attention à eux. Il ne fait attention à personne. Sa vision est floue, il a l'impression qu'il est en train de mourir et, finalement, c'est quand il ne respire plus qu'il se rend compte qu'il panique. Il s'est éloigné de la scène de quelques mètres en poussant sur ses jambes, alors plus personne ne devrait pouvoir lui faire du mal. Peut-être que sa mère va partir, maintenant, qu'elle ne le frappera plus et qu'elle va retourner à Londres, loin de lui. Il l'espère.
Il aurait voulu faire beaucoup d'autres choses, relâcher cette folle et partir en bougonnant, embarquer l'autre fille pour lui demander comment s'en sortir ou tout simplement rester ici à les écouter se battre pour quelque chose de si idiot. Elles ne s'écoutaient pas, l'une comme l'autre, et elles se disputaient pour ça. Il trouvait ça stupide. Il aurait voulu faire tout ça, mais avec un poing dans la gueule c'était pas possible. Le coup le surpris et, n'y étant pas préparé, il n'eut pas le temps de se protégé et se retrouva à terre en quelques secondes. Il prit une respiration tremblante alors qu'il levait les mains au dessus de sa tête, soudainement bien plus loin que son corps actuellement. Ses yeux en soucoupe tellement ils étaient larges s'étaient bloqué sur le sang qui coulait de son nez et s'explosait par terre et il eut soudainement envie de pleurer alors qu'il se roulait sur lui même, protégeant tout ce qui pourrait lui faire du mal.
Était-ce sa mère qui le frappait comme ça ? Mais pourquoi ? Il n'avait rien fait, il avait essayé d'être gentil. La colère s'est épuisée toute seule, elle n'a laissé derrière elle qu'un corps fatigué autant qu'un esprit brisé. Il n'en peut plus. Pourquoi tout le monde s'acharne à lui faire du mal ? Et pourquoi cela n'arrive que lorsqu'il veut aider ? Il n'a jamais voulu tout ça, il voulait juste aider, faire quelque chose d'utile, de bien. Mais ça ne fonctionne jamais, il fait de la merde partout. Il pleure, réalise-t-il par la suite quand le sang se mélange à quelque chose de translucide. Pourquoi il pleure ? Il n'a pas le droit de pleurer. Les larmes c'est pour les faibles, pour les gens tristes. Il n'est pas triste, il doit être heureux. Il doit rester comme avant, pour les autres, pour sa mère. Il ne peut pas se permettre de s’apitoyer sur son sort, il n'en a pas le droit.
-Je suis désolé, souffle-t-il. Je suis désolé maman, j'ai pas fais exprès, je voulais être gentil, je suis désolé, pardon, pardon, pardon, pardon...
Est-ce qu'elle se venge pour tout ce qui lui est arrivé par sa faute ? Est-ce qu'elle le frappe ou est-ce seulement un cauchemar ? Il a envie de se réveiller dans son lit. Ce n'est pas grave s'il pleure dans sa chambre, personne ne s'en souci. Ses camarades sortent avant lui, dorment quand lui ne le fait pas et ne se réveillent pas quand lui le fait. Ses camarades ont la belle vie, finalement. Ils ne se rendent pas compte de tout ce qui se passe dans sa tête, mais lui non plus ne fait pas attention à eux. Il ne fait attention à personne. Sa vision est floue, il a l'impression qu'il est en train de mourir et, finalement, c'est quand il ne respire plus qu'il se rend compte qu'il panique. Il s'est éloigné de la scène de quelques mètres en poussant sur ses jambes, alors plus personne ne devrait pouvoir lui faire du mal. Peut-être que sa mère va partir, maintenant, qu'elle ne le frappera plus et qu'elle va retourner à Londres, loin de lui. Il l'espère.
"T'a Smaug sur son tas d'or et t'as Edwin sur son tas de rédacteurs" - Isaac Powell
Edwin Wellhister (16 ans, quatrième année)
Edwin Wellhister (16 ans, quatrième année)
Acantha
« c’est comme si tu m’avais jetée
si loin de moi-même
que depuis j’essaie de retrouver mon chemin »
le soleil et ses fleurs, rupi kaur
si loin de moi-même
que depuis j’essaie de retrouver mon chemin »
le soleil et ses fleurs, rupi kaur
« Je suis désolé. »
*Aide-moi*.
Mon corps tremble, sous la force des sanglots, mais aussi sous la panique qui m’envahit doucement, insidieusement. Je ferme les yeux pour me cloitrer dans mon esprit, me tenir éloignée de toute cette violence trop brutale. Mais ça ne marche pas. Dans mon crâne, tout est plus douloureux et brutal encore. Dans mon crâne, il y a les vacances. Il y a la perte, la perte de ma mère — une deuxième fois —, la perte de ma confiance, la perte de moi-même. Il y a le sang, le sang sur la neige, le sang sur mes rêves, le sang sur mes bras. Il y a les cicatrices, les cicatrices sur mon crâne, les cicatrices sur mon cœur, les cicatrices sur mon corps. Il y a la douleur, la douleur de l’absence, la douleur du manque, la douleur physique. Il y a le bleu, le bleu du ciel mort, le bleu de mes larmes, le bleu de mes membres. Il y a tout ça, et tout ça ne quittera jamais mon esprit. Tout ça ne partira jamais, même si un jour j’arrive à me relever. Il y a des traces indélébiles, partout. Certaines qui partiront et ne seront plus que fantômes du futur, certaines qui resteront gravées sur mon palpitant, même cicatrisées.
« Je suis désolé maman, j'ai pas fais exprès, je voulais être gentil, je suis désolé, pardon, pardon, pardon, pardon... »
*Maman*.
Je suis tellement désolée, Aelle.
*Aide moi*.
Je suis tellement désolée qu’il y ait des choses que je doive encore cacher. Même à toi, tu sais, j’en suis tellement désolée, mais sinon tu m’abandonnerais. Je te demande de m’aider mais tu ne sais pas pourquoi, et je n’ai pas le droit de te montrer, parce que pour moi c’est trop tard, mais toi il faut que je te garde en vie, encore. Aide moi sans savoir pourquoi, s’il te plait, ne demande pas.
*Aide le*.
Je suis tellement désolée...
Tellement désolée d’entendre ta voix sans savoir comment réagir.
Tellement désolée de finir par ouvrir les yeux pour découvrir ton corps recroquevillé sous ses coups.
Tellement désolée de rester pétrifiée.
Tellement désolée de mes larmes qui s’arrêtent de couler, parce qu’un nouveau barrage se créé devant leur seule sortie de secours, et qu’elles restent prisonnières à l’intérieur de moi, coulant sur ma peine.
Tellement désolée.
« Aelle ! »
Tellement désolée de ce seul et unique cri, puissant et rauque, qui déchire mes cordes vocales pour transpercer le monde. *Aelle !*. Le gosse qui parle, parle, s’excuse à lui-même, et moi qui sens mon cœur se recroqueviller comme devant un fantôme. La dernière fois. La dernière fois qu’une fille a tabassé comme ça un garçon plus petit qu’elle dans un couloir, c’était moi qui frappait Arthus. La dernière fois qu’un enfant a imploré un fantôme dans son cœur, c’était moi qui appelait le souvenir de maman.
« Aelle-arrête-frappe-moi-si-tu-veux-mais-arrête ! »
Je sens mes bras qui s’appuient sur le sol pour me relever, sans faire attention à ma peau qui se tend et à la douleur sourde dans mon avant bras gauche. Je sens mes jambes qui se redressent péniblement. Je sens mon corps qui s’élance brusquement entre les poings d’Aelle et le gamin recroquevillé. Aussitôt après je vois le mouvement déjà trop amorcé et je n’ai pas le temps de penser avant de ne plus rien voir et de seulement sentir. Sentir ce poing sur mon visage, mes yeux qui se ferment pour se rouvrir, sans nouvelles larmes, fixés pleins de tristesse vers la fille qui déchaine sa violence.
*Aelle*
[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]
Acantha
Et je l’entends qui geint, je le vois qui souffre, je le sens qui se recroqueville ; je sens également mes phalanges qui me font mal, mon coeur qui me brûle et mon mal-être qui s'accroît, distillant dans tout mon corps la piqûre dégueulasse de la honte. Mais frapper me permet d’éloigner cela, lorsque je me plonge toute entière dans la rage je ne sais plus penser, je ne sais plus ce que je vois, je ne sais même plus ce que je ressens. Je me contente d’Être sans réflexion, comme un animal, comme une sauvage qui ne saurait faire que cela : répondre à ses instincts les plus primaires.
Je ne crois pas le frapper beaucoup, mais je sens la puissance des coups que je lui envoie. Dans ma tête, ce sont de beaux crochets, joliment lancés, douloureusement précis. En réalité, ce n’est qu'un déferlement. Moi, au-dessus de ce gamin, qui frappe et qui frappe, qui frappe encore sans aucune harmonie, sans aucune réflexion, sans aucune réelle envie. Je frappe parce que derrière moi se trouve une gamine en pleurs et que cette gamine est plus importante que tout le reste. Je frappe parce que je n’arrive pas à la sortir de mon coeur, Merlin, je n’arrive pas à ne plus penser à elle, à ne plus l’aimer, à ne plus jalouser les regards qu’elle lance à autrui, à ne pas souffrir des instants qu’elle passe loin de moi, à ne pas la haïr de ne pas me voir, de ne pas me vouloir. Je frappe parce que si je m’écoutais, je la frapperais elle, mais que j’en crèverais de honte et de douleur. Je le sais sans même l’avoir fait.
Je sens couler sur mes joues des larmes de colère. Elles coulent librement, pénétrant dans ma bouche ouverte par la rage, salissant mon visage déformé par la violence. Devant moi, c’est un grand bazar de bras, de tignasse, de regard brun, de corps ; je ne vois plus que lui, il est partout, partout où passe mes coups haineux.
Et tout à coup, c’est Elle.
Elle apparaît comme un ange, entre lui et moi.
Thalia.
Mon poing est lancé, mon envie aussi. Je la vois, je sais qu’elle est là. Je sais également, pendant la fraction de seconde que j’ai pour penser, que je n’arriverais pas à dévier mon coup. Et très clairement, je m’entends penser : *enfin* ; enfin, voilà la vraie raison de ma colère. Et le coup fuse et frappe. Étrangement, je ne ressens pas le contact ; je ne le peux pas, mon coeur s'envole bien trop haut, bien trop fort.
Aussitôt, je me recule. Mes yeux sont grands ouverts, ma bouche laisse passer mon souffle précipité. Je fais quelques pas en arrière, trébuche et me ramasse sur le sol. Je me redresse presque aussitôt, bien trop fière pour rester aux pieds de Thalia. Le regard que je lui lance est bouleversé. Je vois déjà la trace de mon coup sur son visage, je vois son regard tout comme je sens mes larmes qui se font plus nombreuses dans mes yeux. Mon coeur s’arrête de battre quand je comprends que je l’ai frappé, mais que je n’en ressens aucun plaisir ; ce n'était pas du tout comme avec le garçon, là je suis seulement effrayée. Je serre contre ma poitrine ma main qui tremble de douleur et sur laquelle je devine déjà quelques traces de sang ; pas à moi. Mes yeux révulsés descendent en direction du garçon. J’observe mon oeuvre sans songer, sans ressentir, sans penser quoi que ce soit. Il est juste là, salit de mes coups, pleurant face à ma rage. Et, loin de me sentir surpuissante, je me pense juste méprisable, détestable.
Mon souffle, soudain, se bloque dans ma poitrine. Soudain, je vois clairement ce que j'ai fait. Pendant un instant, ma rage me quitte, elle s'éloigne de mes yeux pour me permettre d'y voir clairement et la scène qui se dessine m'effraie autant qu'elle m'attire — ce que je vois je l'ai créé, je suis artiste de cette oeuvre de douleur, créatrice des larmes de Thalia, créatrice de la douleur du garçon. Encore une fois, encore une fois j'ai complètement perdu le contrôle. C'est beaucoup moins agréable à vivre que ce que je pensais. Quand je songe parfois au bonheur que ce serait de seulement me laisser aller à frapper dans un mur, dans Thalia, dans n'importe quoi, j'imagine toujours que cela sera libérateur. Mais actuellement, je ne ressens pas cela ; je me sens seulement vide.
Complètement vide.
Je récupère mon regard paumé et le façonne pour lui rendre sa force ; pour cela, c'est simple : je n'ai qu'à regarder Thalia. La regarder suffit pour me rappeler qu'elle est l'origine de tout cela. Je renifle, essayant en vain de ravaler ma tristesse. C’est impossible, elle est trop grande, elle prend trop de place. Je jette un regard douloureux à la fille, ma bouche se déformant sous la peine et, à mon plus grand désarroi, sous une puissante et amère résignation.
« T’as eu c’que tu… Tu… voulais, Gil’Sayan ? » Ma voix, pendant un instant, retrouve le timbre d’abrutie que je me suis coltinée après le bal… *Non ! La Chose.*. Une voix lente, désagréable, bégayante, qui cherche les mots. « T’as plus à t’trouver des… excuses, maint’nant. Juste à t’barrer. »
Je ne crois pas le frapper beaucoup, mais je sens la puissance des coups que je lui envoie. Dans ma tête, ce sont de beaux crochets, joliment lancés, douloureusement précis. En réalité, ce n’est qu'un déferlement. Moi, au-dessus de ce gamin, qui frappe et qui frappe, qui frappe encore sans aucune harmonie, sans aucune réflexion, sans aucune réelle envie. Je frappe parce que derrière moi se trouve une gamine en pleurs et que cette gamine est plus importante que tout le reste. Je frappe parce que je n’arrive pas à la sortir de mon coeur, Merlin, je n’arrive pas à ne plus penser à elle, à ne plus l’aimer, à ne plus jalouser les regards qu’elle lance à autrui, à ne pas souffrir des instants qu’elle passe loin de moi, à ne pas la haïr de ne pas me voir, de ne pas me vouloir. Je frappe parce que si je m’écoutais, je la frapperais elle, mais que j’en crèverais de honte et de douleur. Je le sais sans même l’avoir fait.
Je sens couler sur mes joues des larmes de colère. Elles coulent librement, pénétrant dans ma bouche ouverte par la rage, salissant mon visage déformé par la violence. Devant moi, c’est un grand bazar de bras, de tignasse, de regard brun, de corps ; je ne vois plus que lui, il est partout, partout où passe mes coups haineux.
Et tout à coup, c’est Elle.
Elle apparaît comme un ange, entre lui et moi.
Thalia.
Mon poing est lancé, mon envie aussi. Je la vois, je sais qu’elle est là. Je sais également, pendant la fraction de seconde que j’ai pour penser, que je n’arriverais pas à dévier mon coup. Et très clairement, je m’entends penser : *enfin* ; enfin, voilà la vraie raison de ma colère. Et le coup fuse et frappe. Étrangement, je ne ressens pas le contact ; je ne le peux pas, mon coeur s'envole bien trop haut, bien trop fort.
Aussitôt, je me recule. Mes yeux sont grands ouverts, ma bouche laisse passer mon souffle précipité. Je fais quelques pas en arrière, trébuche et me ramasse sur le sol. Je me redresse presque aussitôt, bien trop fière pour rester aux pieds de Thalia. Le regard que je lui lance est bouleversé. Je vois déjà la trace de mon coup sur son visage, je vois son regard tout comme je sens mes larmes qui se font plus nombreuses dans mes yeux. Mon coeur s’arrête de battre quand je comprends que je l’ai frappé, mais que je n’en ressens aucun plaisir ; ce n'était pas du tout comme avec le garçon, là je suis seulement effrayée. Je serre contre ma poitrine ma main qui tremble de douleur et sur laquelle je devine déjà quelques traces de sang ; pas à moi. Mes yeux révulsés descendent en direction du garçon. J’observe mon oeuvre sans songer, sans ressentir, sans penser quoi que ce soit. Il est juste là, salit de mes coups, pleurant face à ma rage. Et, loin de me sentir surpuissante, je me pense juste méprisable, détestable.
Mon souffle, soudain, se bloque dans ma poitrine. Soudain, je vois clairement ce que j'ai fait. Pendant un instant, ma rage me quitte, elle s'éloigne de mes yeux pour me permettre d'y voir clairement et la scène qui se dessine m'effraie autant qu'elle m'attire — ce que je vois je l'ai créé, je suis artiste de cette oeuvre de douleur, créatrice des larmes de Thalia, créatrice de la douleur du garçon. Encore une fois, encore une fois j'ai complètement perdu le contrôle. C'est beaucoup moins agréable à vivre que ce que je pensais. Quand je songe parfois au bonheur que ce serait de seulement me laisser aller à frapper dans un mur, dans Thalia, dans n'importe quoi, j'imagine toujours que cela sera libérateur. Mais actuellement, je ne ressens pas cela ; je me sens seulement vide.
Complètement vide.
Je récupère mon regard paumé et le façonne pour lui rendre sa force ; pour cela, c'est simple : je n'ai qu'à regarder Thalia. La regarder suffit pour me rappeler qu'elle est l'origine de tout cela. Je renifle, essayant en vain de ravaler ma tristesse. C’est impossible, elle est trop grande, elle prend trop de place. Je jette un regard douloureux à la fille, ma bouche se déformant sous la peine et, à mon plus grand désarroi, sous une puissante et amère résignation.
« T’as eu c’que tu… Tu… voulais, Gil’Sayan ? » Ma voix, pendant un instant, retrouve le timbre d’abrutie que je me suis coltinée après le bal… *Non ! La Chose.*. Une voix lente, désagréable, bégayante, qui cherche les mots. « T’as plus à t’trouver des… excuses, maint’nant. Juste à t’barrer. »
Acantha
Il appuie les paumes de ses mains contre ses yeux jusqu'à ce qu'il ait des dizaines de points blancs dans sa vision. Il ferme les paupières si fort que plus aucune lumière ne passe à travers. Il ne sent même pas que les coups se sont arrêtés, pas plus qu'il n'a senti qu'ils n'étaient pas nombreux : il veut juste disparaître dans son coin et que plus personne ne le remarque. C'est facile, il peut le faire, il peut gérer tout ça une dernière fois. Demain, il rentrera chez lui, sans que personne ne le sache. Il quittera Poudlard et cela fera du bien à tout le monde. On arrêtera de le frapper, et il arrêtera de paniquer. Maintenant, il en est vraiment certain : quand il va partir, personne ne va le regretter. Pourquoi regretter un faiblard qui ne sait se défendre qu'en s'écrasant ? Il a comprit depuis longtemps qu'il n'était la bienvenue ni chez lui, ni ici, mais Poudlard est encore pire. Poudlard est pire parce que quoi qu'il fasse, il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Parce que où qu'il aille, il y aura toujours quelqu'un pour lui faire du mal, ou un objet, une flamme pour lui rappeler avec horreur tout ce que lui a fait de mal. Poudlard est encore pire, parce qu'il sait que pendant que lui y est, sa mère est seule. Elle n'a plus rien, plus personne parce qu'il est partie, et elle doit se sentir si mal de voir que son fils la blesse pour retourner dans un endroit pareil. Poudlard est encore pire, parce qu'il sait que sa mère n'hésitera pas à dénoncer des sorciers si jamais il ne revient pas.
Il ne peut pas décider si elle a raison de le faire ou pas. Est-ce que certains sorciers le méritent et d'autres pas ? Est-ce qu'il est prêt à prendre le risque qu'elle fasse ça, ou est-ce qu'il veut qu'elle le fasse ? Est-il près à avoir sur le cœur la dénonciation de sorciers, même s'ils lui ont fait du mal ? Toutes ces questions lui font tourner la tête. Il n'a aucune idée de quoi répondre à tout ça, aucune idée de s'il fait une bonne choses, s'il a prit une bonne décision en faisant en sorte de rentrer chez lui durant l'entre-vue avec la directrice. Il n'en sait rien. c'est frustrant autant qu'angoissant. Il n'y a personne devant lui pour lui montrer le chemin à prendre, et il n'y a personne derrière lui pour le relever s'il tombe, pour le rattraper. C'est comme marcher sur un fil en sachant que si on tombe, rien ne nous rattrapera. On se demande si on doit rester sur place, avancer ou reculer. Demander à l'aide quand on sait que ça mettra en danger les autres ou continuer tout seul en sachant qu'on risque de se péter la gueule.
Il ne remarque pas ce que les deux filles font, il ne se répète que des petites choses pour lui permettre de rester connecter. Il s’appelle Edwin, il a douze ans, il est à Poudlard et il est heureux. Il ne remarque pas non plus qu'il le dit à voix haute, ou tout du moins en chuchotant. Il n'est même pas sûr que quelqu'un d'autre le remarque.
Il n'y a qu'une seule phrase qui tourne dans sa tête, qui rebondit sous ses yeux. Une jolie phrase qui semble bien plus chaleureuse que toutes celles qu'il n'a jamais lu. Tout est bientôt fini et tout va bientôt aller mieux.
Il ne peut pas décider si elle a raison de le faire ou pas. Est-ce que certains sorciers le méritent et d'autres pas ? Est-ce qu'il est prêt à prendre le risque qu'elle fasse ça, ou est-ce qu'il veut qu'elle le fasse ? Est-il près à avoir sur le cœur la dénonciation de sorciers, même s'ils lui ont fait du mal ? Toutes ces questions lui font tourner la tête. Il n'a aucune idée de quoi répondre à tout ça, aucune idée de s'il fait une bonne choses, s'il a prit une bonne décision en faisant en sorte de rentrer chez lui durant l'entre-vue avec la directrice. Il n'en sait rien. c'est frustrant autant qu'angoissant. Il n'y a personne devant lui pour lui montrer le chemin à prendre, et il n'y a personne derrière lui pour le relever s'il tombe, pour le rattraper. C'est comme marcher sur un fil en sachant que si on tombe, rien ne nous rattrapera. On se demande si on doit rester sur place, avancer ou reculer. Demander à l'aide quand on sait que ça mettra en danger les autres ou continuer tout seul en sachant qu'on risque de se péter la gueule.
Il ne remarque pas ce que les deux filles font, il ne se répète que des petites choses pour lui permettre de rester connecter. Il s’appelle Edwin, il a douze ans, il est à Poudlard et il est heureux. Il ne remarque pas non plus qu'il le dit à voix haute, ou tout du moins en chuchotant. Il n'est même pas sûr que quelqu'un d'autre le remarque.
Il n'y a qu'une seule phrase qui tourne dans sa tête, qui rebondit sous ses yeux. Une jolie phrase qui semble bien plus chaleureuse que toutes celles qu'il n'a jamais lu. Tout est bientôt fini et tout va bientôt aller mieux.
"T'a Smaug sur son tas d'or et t'as Edwin sur son tas de rédacteurs" - Isaac Powell
Edwin Wellhister (16 ans, quatrième année)
Edwin Wellhister (16 ans, quatrième année)