Oxy était remontée comme un lutin de Cornouailles. La pimbêche avait osé la défier ! Pire encore, elle avait défié Odin ! Le plus gentil (et craintif) des Boursouflets de Poudlard. Elle se pavanait avec sa bête de concours rose au nom à rallonge et son pedigree sorti d'elle ne savait où.
Malheureusement pour elle, son côté Gryffondor avait choisi ce moment pour faire son apparition et elle avait relevé (oui, bon peut-être lancé) le défi. Il ne lui restait plus qu'à prouver que son TouBo était le plus rapide.

Elle l'avait entraîné vaillamment dans les dortoirs. Le principe était simple : elle posait sa boule de poils à un endroit. Lui, terrifié ne bougeait pas. Elle se plaçait sur la ligne d'arrivée et l'appelait. Trop heureux de l'entendre il fonçait droit sur elle, tel un éclair d'Odin.
Ils étaient prêts ! Elle avait pris soin de tracer deux lignes au sol à 10 mètres d'écart dans ce couloir désert. Elle était sûre de gagner. Son petit compagnon allait courir plus vite que jamais pour la rejoindre et l'autre bestiole de la morve brillante n'aurait aucune chance !
Elle trépignait d'impatience de voir leur adversaire arriver. Elle allait enfin pouvoir lui rabattre le clapet une bonne fois pour toute. C'est la Serpentard qui écoperait du gage : "se teindre les cheveux de la couleur de son Boursouflet".

Aliya n'en revenait pas que Miss-je sais-tout puisse comparer sa belle Ookami à ce peureux de "Toutmoche". Ookami était d'un magnifique pédigrée avec des parents illustres, comme Princesse de la Brosse Scintillante et Isidore de la Tour Blanche, deux Boursouflets parfaits sur tous les points. Ookami est une athlète éduquée et splendide, rien de comparable à sa vilaine "chose". Il ne lui arrivait pas à la cheville.
Aliya était confiante et rigolait d'avance de voir la Gryffondor avec les cheveux violets.
Ma petite Kakami allait lui mettre la honte de sa vie avec cette course. Je lui murmurais des mots doux en caressant son poils, je sentais son corps vibrait d'impatience. Elle était faite pour la compétition, tout comme sa maitresse. J'arrivais dans le couloir où la fée clochette avait déjà mis en place le point de départ et l'arrivée. Je me redressais, fière et sûre de moi. Ma boule de poils entre mes bras aperçue son adversaire et poussa de petits cris hostiles. Elle essayait déjà de l'intimider, ma brave fifille ! J'ignorais la demi-portion et son gnome, posa ma championne sur la ligne de départ et la motiva :
-"Tu vas lui montrer ce que c'est un vrai Boursouflet ma douce ! Tu vas être tellement rapide qu'il ne verra qu'un petit point rose filer à toute vitesse devant lui. Tu es une gagnante ! "
Elle était fin prête pour le départ. Que la meilleure Ookami de la Morve Brillante gagne la course !

La Serpentard ne lui jeta pas un regard en arrivant. Elle était concentrée sur sa peluche frétillante et couinante et semblait aussi sûre d'elle que sa bestiole rose. On rigolerait bien quand elle devrait se balader avec les cheveux barbe-à-papa. Son air arrogant risquait de perdre de sa superbe !

Elle positionna son Odin sur la ligne de départ et douta légèrement en voyant son regard paniqué.
"Comme dans les Dortoirs mon Toubo, dès que je t'appelle tu peux foncer dans mes bras !"
Avec un regard suspicieux au pouic rose qui vibrait à côté de son petit compagnon, elle rejoignit la Pimbêche sur la ligne d'arrivée, vérifia qu'elle n'avait pas une baguette à portée de main, comme convenu dans leur marché, il valait mieux prévenir que guérir. Elle lui lança un regard, puis se mis à genoux et donna le départ.
"Odin !!!! Viens vite mon Toubo !" cria-t-elle en ouvrant les bras.
Et là, ce fut le drame. Il ne bougea pas d'un poil. Il semblait tellement tétanisé qu'elle se demanda même s'il respirait encore.
Ah zut, j'avais pas prévu ça.
De son côté, la rose avan.... Mais qu'est-ce qu'elle fichait ? Elle... Quoi ? Mais si... elle roulait ! Au lieu de se servir de ses pattes elle enchaînait galipettes sur galipettes, allant de moins en moins droit à chaque tour qu'elle faisait.
Cette course devenait vraiment du grand n'importe quoi !
Oxy se mit sur ses pieds et commença alors à sauter dans tous les sens encourageant à grands cris son concurrent.

Le départ est donné ! Je regarde la chose violette tétanisée qui ne bouge pas d'un centimètre et je jubile d'avance. Ookami se met en mode "roulé-boulé ", une vraie professionnelle, et avance à un bon rythme malgré quelques zigzags. Elle est trop forte ma Kakami ! Je l'encourage en tapant des mains et en parlant d'une voix stridente :
-"C'est bien ma toute belle ! T'es la plus rapide ! C'est la fifille à sa môman ! "
Oui, j'aurais surement honte plus tard de me lâcher ainsi mais rien n'est interdit pour s'assurer la victoire face à la Gryffondor. Ma petite boule de poils trace sa route. C'est bien une fille de champions. Je suis si fière de la voir évoluer ainsi, bien que quelques ajustements dans son entrainement sont à revoir. Va falloir lui réapprendre à rouler droit. Ce sont les dix mètres les plus longs de ma vie. Je jette un œil à "Toutmoche" toujours sur la ligne de départ et je souris pleinement. Qui va se balader avec une couleur que seule ma grand-mère avait eu l'audace de faire sur ses cheveux ? Oxy Wright ! Je suis pliée de rire rien que d'y penser. Ookami se cogne des fois contre les murs du couloir mais dans l'ensemble, elle gagne du terrain. Bravo ma belle ! Tu y es presque !
-" Encore quelques mètres ma Kakami et c'est gagné ! "

Le samedi, normalement, c’était repos. Enfin, repos dans le sens flâner dans les couloirs du château et prendre le temps de profiter du temps, justement. Sans élève, sans remontrance, sans punition. Joanne aurait aussi aimé que ce soit sans cauchemars. Mais elle s’y était accommodée, sans vivre pour autant comme si de rien n’était. La rencontre avec l’infirmier avait été marquante et quelque part, elle aurait aimé ne jamais avoir à lui avoué les faiblesses qui étaient les siennes. Qu’importe. C’était ainsi, elle ne pouvait rien faire de plus de toute façon. C’est donc le pas lent, profitant de l’apparente tranquillité du …

Non, en fait, il n’y avait rien de tranquille dans ce bout de couloir. Des cris stridents de supportrices affolés parvenaient aux oreilles de Joanne – lui faisant quasi instantanément crisper sa mâchoire. Il n’y avait décidément pas un seul jour où elle pouvait être tranquille. Elle soupira et s’approcha de la du bruit le pas lourd et décidé. Son regard aiguisé ne mit guère longtemps à reconnaître la Gryffondor et son boursoufflet au nom évocateur. Instinctivement, ses yeux se levèrent au ciel : Joanne savait qu’elle ne s’en tirerait pas aussi facilement qu’avec n’importe quel autre élève. Elle le savait pour l’avoir vécu dans le Poudlard Express. Quant à l’autre élève, c’était une élève de sa maison, Aliya Cole de mémoire. « Miss Wright, Miss Cole, je peux savoir à quoi vous jouez ? ». Le regard oscille entre les boules de poils et les jeunes filles – Joanne le sent, elle ne va pas se dépêtrer de la situation aussi facilement qu’elle l’aimerait.

"Vite vite viiiiite !!!"
Mais pourquoi il bouge pas enfin ?
Oxy avait beau se démener, son compétiteur ne se déplaçait toujours pas ! Et pendant ce temps, la mini-professionnelle des roulades avançait inexorablement vers la ligne d'arrivée. Pourtant il était capable d'aller bien plus vite qu'elle sur ses petites pattes ! Elle était même certaine qu'il pouvait encore la doubler s'il se décidait enfin.
La Serpentard encourageait sa boursouflette tout en lui lançant des regards triomphants. Elle commençait à imaginer la scène si elle devait se teindre les cheveux en violet et, pire encore, la croiser en cours dans cet état. Non il fallait absolument qu'Odin se décide !
Rira bien qui rira... Il démarre !
...
Pas dans le bon sens.
Oxy eu a peine le temps de le voir fuser dans la mauvaise direction qu'une voix la tétanisa sur place.
Oh non...
Elle se retourna et accrocha le regard bleu glacier de la professeur de runes. Elles avaient bien le droit de se promener dans les couloirs, non ? et de balader leurs créatures. Elle ne pouvait rien leur reprocher. Quoi qu'à bien y réfléchir, entre le Poudlard Express et le premier match de Quidditch, il y avait de fortes chances pour qu'elle se retrouve enfermée quelque part pour cause de cerveau non conforme à la législation ou un truc dans le genre.
"Bonjour Miss Taylor ! lança-t-elle le plus innocemment du monde. Vous passez une bonne journée ?"

Moins d'un mètre et c'est la victoire ! Ookami file vers la ligne d'arrivée, je sautille de joie sur place. Malheureusement comme à chaque fois que je me retrouve avec la Gryffondor il y a toujours un gros imprévu. Et là, c'est un sacré imprévu ! Je me fige en la voyant elle ! De toutes les personnes qu'on pouvait croiser dans ce couloir désert, il fallait que ce soit Elle. Pas un élève, ni un préfet mais la Directrice de ma Maison... J'ai toujours essayé d'être discrète mais forcément en présence de la Fée Clochette, la poisse me poursuit. Ookami arrête ses roulades, se remet sur ses petites pattes et me rejoint à pas d'escargot. C'est bien ma fifille, fais ton innocente.
La directrice pose une question mais mon cerveau est indisponible pour y répondre, il cherche déjà des excuses en tous genres "On faisait une sortie de sociabilisation à nos Boursouflets " Pas crédible du tout. " On voulait savoir la vitesse moyenne d'un Boursouflet pour un devoir " Mais bien sur... " Nous visitons les couloirs. " C'est de pire en pire. Mon cerveau est une épave !
Je prends une grande respiration, je la joue très calme et surtout, je décide de laisser Oxy se débrouiller toute seule pour trouver une explication. C'est son idée au départ après tout. Alors tout sourire et très naturellement, je lance :
-" Bonjour Miss Taylor ! "

Un air exaspéré prit place sur le visage de la jeune femme. La Gryffondor, qui s’exprimera en premier – forcément, il en fallait bien une – fit comme si ce qu’elles faisaient au sein de ce couloir était parfaitement normal. Joanne ne put retenir un soupir d’exaspération entre ses lèvres pincées. Elle la prenait pour une ahurie ? Et l’élève de Serpentard n’était pas en reste : un sourire toutes dents dehors – qui aurait certainement fait rougir les publicités moldues pour les dentifrices – et une innocence simulée pour des salutations … polies.

Joanne soupira, passa sa main sur son visage. Elle était exaspérée et ça ne faisait pas un pli. Même les deux jeunes filles supposément innocentes qui lui faisaient face pouvaient s’en apercevoir. « Ecoutez Mesdemoiselles, je n’ai pas le temps pour vos politesses. Je vous ai posé une question, j’attends une réponse ». Était-ce suffisamment clair, net et précis pour que ne subsiste aucun doute dans l’esprit des étudiantes ? Joanne l’espérait très sincèrement car elle n’avait pas forcément envie de faire joujou avec les deux petites sorcières et leurs créatures poilues. D’ailleurs, que faisaient-elles là les créatures ?

Joanne sentait ses neurones qui s’emmêlaient à mesure qu’elle tentait de réfléchir à quelque chose de logique concernant la présence des deux jeunes filles dans le couloir. Mais à dire vrai, elle n’arrivait pas à quelque chose de concluant. Aussi espérait-elle que l’une ou l’autre se décide à dire quelque chose.

Oxy commença à grimacer sous le regard de la professeur de runes puis sursauta quand elle reposa sa question.
Commençant à paniquer légèrement, elle se lança dans des explications aussi décousues que son cerveau quand le stress la gagnait :
"Eh ben en fait la... Aliya a dit que sa boursouflette était meilleure que le mien car elle venait d'une lignée super. Elle s'appelle Ookami de la morve brillante alors que moi c'est juste Odin de rien du tout. Enfin de rien du tout c'est pas son nom c'est juste qu'il a pas de nom après son nom. Et je vois pas pourquoi si on a des parents de compétition on serait plus rapide que celui où on sait même pas qui sont ses parents, peut être qu'ils étaient très forts aussi ! Elle respira un bon coup avant de reprendre de plus belle. Alors on a organisé une course parce que Odin est bien plus rapide, surtout que la sienne elle roule pas droit au lieu de courir, et vous êtes arrivés alors on ne sait pas qui va se teindre les cheveux, mais Odin..."
Tournant la tête vers son compagnon elle découvrit qu'il filait comme le vent vers l'autre extrémité du couloir. Elle poussa un petit "hiii" dont elle aurait probablement honte pour le restant de ses jours et se lança à sa poursuite avant de le perdre à nouveau, oubliant totalement sa conversation en cours.

Alors là, chapeau pour l'explication la fée Clochette ! Et je fais quoi avec çà ? Pour une fois que je la laisse gérer, elle s'évapore derrière son Toutmoche. Je jette un œil à ma Directrice et vu son air exaspéré, je sens les ennuis arriver à grands pas. J'énumère donc dans ma tête les option possibles :
- Option un : Je pourrais lui raconter qu'en fait, cette histoire remonte au moment où la Gryffondor et moi avons eu un cours en commun et que tout a dérapé à partir de là.
Mais je doute que mon histoire lui plaise énormément.
- Option deux : Je lui dis qu'on était juste en train de défouler nos Boursouflets. Ce n'est pas interdit, non ?
Mais absolument pas crédible après la magnifique explication de ma partenaire...
- Option trois : Je n'ajoutes rien. Le silence est d'or n'est-ce pas ?
Mais c'est trop dur pour moi !
J'opte pour l'option quatre du coup. Je prends Ookami dans mes bras et me décide à ouvrir la bouche à mes risques et périls comme d'habitude :
- " Oxy a raison ! Bon à un détail prés, Ookami a gagné cette course car pour que sa chose violette gagne, il aurait fallu qu'elle passe la ligne de départ et là, ce n'est pas le cas du tout. Vous n'êtes pas d'accord avec moi ? "
Tout de suite, je sens que j'en ai trop dit.