Depuis le jour où elle y avait rencontré Jennifer, la rouquine évitait au maximum de passer par les couloirs. Ces derniers lui rappelaient trop de mauvais souvenirs. La jeune fille s'y était morfondue pendant des heures, pleurant ou non, se flagellant psychologiquement pour s'empêcher de tourner définitivement la page. Elle voulait se faire du mal, mais elle ne savait pas pourquoi.

Malheureusement, ce jour-là, se rendant à la salle d'études, Elfie devait absolument les emprunter pour arriver à bon port. Sur le chemin, la rouquine se forçait à détailler chaque chose qui les composait, pour se distraire, pour oublier. Les moulures au plafond; le plancher brut; les armures de métal flamboyantes; les tentures. Tout. Cela arrivait tellement souvent, surtout quand elle entrait dans les endroits qui avaient été témoins de son mal-être. Elfie se sentait incapable d'oublier le mal qui avait coulé dans ses veines pour la détruire à petit feu. Pour la rendre folle.

Un bruit métallique retentit soudain derrière elle. Méfiante, la jeune fille s'arrêta et fixa les armures, qui, visiblement, n'avaient pas bougé d'un pouce. Doucement, elle s'en approcha. Le bruit recommençait au rythme de ses pas. D'instinct, la jeune fille se retourna en position défensive. Personne. Le couloir était vide; la plupart des élèves devaient profiter du beau-temps à l'extérieur. En fouillant dans sa poche à la recherche de sa baguette, ses doigts rencontrèrent quelque chose de rond et froid. Elfie passa son pouce dessus avant de ressortir sa main.

Il s'agissait de deux petites pièces en or, parfaitement circulaires. Comment avaient-elles pu arriver là ?

Shado se dirigeait vers la salle commune des Poufsouffle sans vraiment regarder où elle allait. Elle sortait de la Grande Salle où elle avait discuté longtemps avec ses amis et d'autres membres de sa maison. Elle allait maintenant chercher ses affaires afin d'aller faire ses devoirs à la bibliothèque. Pensant aux devoirs qu'elle devait rédiger et à ceux qu'elle pouvait faire pendant le week-end, la brune heurta ce qui semblait être une autre personne.

- Oh, pardon ! Je suis vraiment désolée, je regardais pas ou j'allais.

Le premier réflexe de la brune fut de s'excuser avant de s'apercevoir que c'était seulement une armure. Elle rigola doucement.

- N'importe quoi, demander pardon à une armure. Bien joué, pas sûr que tu puisses faire pire.

Ayant terminé de se fustiger, Shado reprit son chemin en secouant la tête, les épaules encore secouées d'un rire silencieux. C'est dans cette état qu'elle croisa une fille rousse qui semblait être de son âge. Cette dernière était arrêtée à côté des armures, sur le côté du du couloir. Elle semblait examiner un objet avec confusion. Shado étant ce qu'elle est, elle s'approcha de la sorcière, prête à lui demander si elle avait besoin d'aide.

- Euh... Salut. T'as l'air perplexe, t'as besoin d'aide ? Si je te dérange, dis le moi hein, je repart direct si tu veux.

En s'approchant, la brune pu observer l'objet que sa camarade observait avec attention. Il s'agissait de deux pièces d'or, des gallions donc.

Elfie se retourna brusquement, les yeux écarquillés de surprise. Une Poufsouffle aux cheveux bruns, plantée à un mètre d'elle, venait de lui poser une question. Un peu méfiante, elle referma le poing sur les pièces jusqu'à ce que l'or lui meurtrisse la paume.

-Eh bien, c'est-à-dire que quelque chose me, euh, turlupine si on veut par là...

La rouquine remit une mèche derrière son oreille et se décida à sourire à la nouvelle venue.

-Et non tu me déranges pas ! J'ai juste été surprise de voir qu'on m'adressait la parole, c'est, comme qui dirait peu courant... C'est plutôt moi qui aborde les gens en général, se pressa-t-elle d'ajouter, l'air de rien.

Ne voulant pas se montrer malpolie, elle haussa les épaules. Elfie savait qu'elle en avait déjà trop dit, ou peut-être pas assez. Les gens étaient souvent curieux, alors autant satisfaire leurs volontés au plus vite. Il ne faudrait pas que la Poufsouffle, aussi sincère qu'elle fut, se mette à la coller comme une bernique rien que pour l'embêter.

-Dis-moi euh, je ne connais pas ton nom, tu saurais reconnaître des pièces d'or ? Je veux dire, tu t'y connaîtrais en monnaie ancienne ? Elfie lui montra, de loin tout de même, les deux pièces trouvées dans sa poche. J'ai trouvé ça. Je ne sais pas à qui elles appartiennent. Pas à moi en tout cas, je n'ai pas les moyens d'avoir ce genre de trucs...

Shado sourit à la jeune fille qui se tenait devant elle. Son sourire s'élargit quand la rousse utilisa le terme «turlupine».
Quand la rousse continua de lui parler, Shado s'aperçue, mortifiée, qu'elle ne s'était toujours pas présentée. Elle s'empressa de rectifier cela en examinant les pièces que tenait l'autre fille.

- Moi c'est Shado, enchantée. Je suis en première année. Et toi du coup ?

Elle s'approcha un peu des mystérieuses pièces qu'elle ne voyait pas bien avant de continuer.

- Euh, non je m'y connais pas trop. Faudrait peut-être les donner à un préfet pour qu'il les rende à leur propriétaire. Je peux en examiner une ?

En disant ces mots, elle approcha la main, tentant d'avoir accès à une pièce afin de la regarder de plus près. Elle ne savait pas si la Serpentard allait lui faire confiance. D'ailleurs, si ça se trouve, cette dernière voulait garder les pièces et ne pas les rendre, auquel cas Shado serait bien embêtée. D'un côté, si les pièces étaient anciennes et cher, le propriétaire aimerait sans doute les récupérer. D'un autre côté, la brune n'avait pas envie de dicter des ordres à la rousse.
En attendant la décision de la jeune fille, Shado réfléchissait à la décision qu'elle prendrait dans cette situation. Il était cependant probable que les pièces n'ait pas beaucoup de valeur puisqu'un élève n'apporterais pas des pièces anciennes à Poudlard.

Elfie, un peu plus confiante, donna les pièces à Shado. Ces dernières ne lui appartenaient pas de toute façon.

-Tu penses qu'un préfet pourrait nous aider ? répéta Elfie en jetant un coup d'œil autour d'elle. Aucun préfet en vue.

Elfie regardait les pièces. Lorsqu'elle s'était documentée chez sa grand-mère avant de venir à Poudlard, la rouquine avait lu beaucoup de bouquins qui parlaient d'or sorcier. Ils étaient essentiellement basés sur la monnaie qu'on utilisait pour payer : les noises, les mornilles et les gallions. Elle s'en était servie pour apprendre les reconnaître. Néanmoins, aucune pièce ne ressemblait vraiment à celle-ci.

-Je ne vois vraiment pas d'où ça peut venir. D'autant plus qu'elles étaient dans ma poche alors que je ne les y avais pas mises, constata Elfie, l'air ailleurs.

Les couloirs étaient vides. Impossible de demander à quelqu'un si les pièces lui appartenaient.

-Penses-tu que nous devrions les amener à Rusard pour qu'il les mette avec les objets trouvés ? En partant du principe qu'il ne les garde pas pour lui. Enfin, qu'est-ce qu'un fantôme pourrait faire de l'argent ? ajouta Elfie en riant.

Elfie regarda Shado, toujours dubitative. La jeune fille ne savait pas quoi penser. Il ne fallait pas en faire un fromage bien sûr, mais un avis extérieur serait bienvenu.

-Peut-être devrions-nous les laisser là... Elles feront peut-être un heureux.

En ce début d'après-midi, la préfète des rouges et Ors n'avait pas cours. Bien entendu une partie non négligeable des élèves étaient dans un cas similaire alors plutôt que de pouvoir profiter d'un moment pour travailler, elle devait effectuer une ronde. Elle avait commencé à 13h30 après le déjeuner et devait se terminer deux heures plus tard. Le seul avantage cest que début octobre, les plus jeunes n'osaient pas encore faire trop de grabuge... la plupart en tous cas.

La troisième année donc passait de couloirs en escaliers et était plus généralement interrompue par des premières années perdu que par les frasques des plus grands. Peut-être parce qu'une bonne partie d'être eux se trouvaient en cours ou en train de travailler pour des examens de fin d'années. Il était évident que ce second point concernaient uniquement les plus studieux des cinquièmes et septièmes années. Mais cetait toujours ça en moins. Surtout que l'irlandaise se trouvait un peu mal à l'aise quand elle devait faire une remarque à un élève plus âgé, plus grand, plus costaud... depuis un bon mois elle apprenait à s'imposer un peu plus et gagnait en verve et répartie. Autant dire qu'elle devenait un sacré bout de femme et que certains s'en mordraient les doigts un jour.

Elle était sur ces réflexions quand elle aperçut la première chose louche de ce début d'après-midi. Deux fillettes avec un tas de pièces d'or. Oh bien sûr l'oeil habitué de la petite adolescente - les deux gamines étaient aussi voire plus grande qu'elle - avait reconnu de la monnaie de farfadet. Mais il semblait que ce n'était pas le cas des deux plus jeunes.

- "Que faites-vous toutes les deux?"

Shado était plutôt contente que l'autre fille lui fasse assez confiance pour lui tendre les pièces. D'ailleurs, elle s'empressa de les examiner, espérant repérer une figure connue d'une civilisation ancienne. Comme elle s'en doutait, la brune ne trouva rien. Perdue dans ses pensées, elle ne rattrapa les paroles de la jeune fille qu'une fois que celle-ci ai posé plusieurs questions. Shado s'empressa d'y répondre le mieux possible.

- Je pense qu'un préfet saurait mieux que nous quoi faire, après tout ils ont déjà du gérer des cas comme ça non ? Par contre, je sais absolument pas ou on peut en trouver un.

Une phrase de la Serpentard intrigua cependant la brune. Comment des pièces d'or qui semblaient précieuses pouvait se retrouver dans la poche d'une elève de Poudlard sans qu'elle ne le sache ? Tout ça devenait vraiment étrange.
Alors que la verte et argent parlait de Rusard, Shado eut un frisson, le fantôme n'était vraiment pas aimable et elle n'avait aucune envie d'aller le voir. La brun le pensait même capable d'accuser les filles d'avoir voler l'or.

- Je préférerais vraiment aller voir un préfet, Rusard me fait un peu peur je t'avoue. Et je suis pas sure que ce soit une bonne idée de les laisser là. Quelqu'un d'autres pourrait tomber dessus et décider de les garder pour lui.

Alors qu'elle parlait, elle remarqua une autre élève s'approcher d'eux. Quand elle arriva à proximité des filles, Shado fut soulagée. Il s'agissait de la préfète de Gryffondor. Ne voulant pas qu'elle ne comprenne mal la situation, la brune s'empressa de prendre la parole.

- Ah, bonjour. En fait, euh...on a trouvé de l'or et on voulait le rendre à son propriétaire. Du coup, on voulait aller voir un préfet, c'est vraiment bien que vous soyez là.

Anxieuse, Shado attendait la réponse de la préfète. Elle espérait que cette dernière la croirait elle qu'elle ne l'accuserait pas de mentir ou d'avoir volé l'or. Elle c'était rendue compte pendant son discours qu'elle ne connaissait toujours pas le prénom de sa camarade et avait opté pour un "on" plutôt que de le demander devant la préfète.

Ennis n'avait pas vraiment l'habitude d'être interpellée par un vouvoiement de la part des autres élèves. Et même dans son milieu social les enfants jusqu'à une quinzaine d'années se tutoient entre eux. Plus grand le tutoiement n'étaient toléré qu'en famille ou avec les amis proches. Selon les us et coutumes de chacun. Mais elle s'attacha à ne pas relever. Pour une fois qu'il y avait un excès de politesse... Restait la question de cet or de farfadet.

- "Je ne suis pas certaine que vous retrouverez le propriétaire légitime de cet or facilement. Quand à savoir qui a bien pu le déposer là..." Elle prit quelques instants avant de poursuivre.

- "Mais sur au moins un point bous avez raison. Allez trouver le fantôme de ce bon vieux Rusard n'est pas la meilleure des idées. Il aurait encore une occasion de hurler à une farce quand les pièces auront disparues. Et a ce moment là je n'aimerais pas être a votre place. Maintenant qu'il peut traverser les murs..." Oui maintenant qu'il était réduit à l'état de spectre il pouvait arriver à l'ancien concierge d'aller trouver des élèves fautifs plus facilement. Et vu le caractère de l'ectoplasme... Mais restait la question de l'or. Comment savoir où pouvait se trouver le farfadet...

- "Pour rendre l'or vous pouvez toujours aller trouver la professeur de Soins aux Créatures Magiques. Peut-être qu'elle saura dire si un Farfadet traîne dans le coin! Encore que d'ici là il ny aura peut-être plus rien de ce petit trésor." Termina la troisième année avec un sourire.

Elfie n'en croyait pas ses oreilles. Ainsi, il ne s'agissait pas de vraies pièces, mais bien d'Or de Farfadet. Une fois, à la Bibliothèque, elle avait cru voir un livre qui en parlait, sans savoir que c'était réel. Si la rouquine s'en était souvenue, elle aurait pu éviter à la préfète de Gryffondor d'intervenir.

-Et bien, euh, merci miss O'Belt. C'est ça ? Nous allons voir ce que nous pouvons faire, dit-elle, en regardant Shado qui se tenait à côté d'elle.

La rouquine se tourna vers Shado pour mieux la voir de face. Un rire étouffé monta au creux de sa gorge, secouant ses épaules de spasmes.

-Doux Merlin, quelle honte ! Je ne pensais pas qu'elles étaient fausses, du moins, qu'elles allaient disparaître... Elfie finit par éclater de rire, toute gênée qu'elle était.

Le petit tas d'or, d'ailleurs, commençait à s'effacer. Elle soupesa le tas, de moins en moins lourd, qu'elle avait gardé. Le reste, entre les mains de Shado, était en train de subir le même sort.

-Au fait, dit-elle en riant toujours, je ne crois pas t'avoir dit mon prénom ! Je m'appelle Elfie, en première année chez les Verts et Argents !

Elfie remit une mèche derrière son oreille, et se gratta la joue. L'heure était venue de quitter Shado, malheureusement, mais cette rencontre aura au moins eu le mérite de lui donner son fou rire de la journée. Elle regarda la préfète, et lui sourit.

-Je, enfin nous je pense, sommes désolée pour le dérangement, s'excusa Elfie, toujours un peu honteuse de s'être méprise sur l'origine des pièces.

Shado avait du mal a y croire. De l'or qui disparaît ?
L'or dans les mains des jeunes filles étaient visiblement de l'or de farfadet. La brune se rappela avec difficulté qu'elle avait entendu des élèves plus âgés parler d'en acheter.
La brune se sentait quelque peu idiote de s'être faite avoir. Bon, visiblement son père ne lui avait pas tout dit sur les blagues sorcières. Shado sourit brièvement en se disant qu'il l'avait sans doute fait exprès. Il en entendrait parler dans sa prochaine lettre.
Remerciant la gentille préfète qui ne s'était heureusement pas moquée d'elles, la brune se tourna vers sa camarade de Serpentard.

- Je ne pensais pas qu'il serait faux non plus. Vous pensez que ça peu être une blague d'un autre élève. ? J'ai entendu dire qu'on pouvait en acheter... je crois.

La brune regarda avec un certain émerveillements les pièces qui disparaissaient dans sa main. Décidément, la magie...

Attendant que les dernières pièces s'évaporent, Shado se tourna une nouvelle fois vers les autres élèves.

- En tout cas, merci. Et oui, désolé de vous déranger juste pour ça.

Plutôt gênée, la brune se passe la main dans la nuque, puis, voyant que toutes les pièces avaient disparus, décida de saluer les filles avant de retourner à sa salle commune.

- Bon, et bien... je vais retourner en salle commune du coup. Salut.

Et avec un petit signe de la main, la Poufsouffle parti.

Fin du Rp pour moi, merci