- Alienor Delphillia brune de Poufsouffle.. Alienor Delphillia brune de Poufsouffle..

Trois heures. Hestia avait passé trois heures de sa misérable vie à essayer de faire ces maudits pancakes en forme de cœur.. Avant de se rendre compte qu'il y avait des moules à même pas deux pas d'elle.

Sa frustration était palpable.. Et pas qu'un peu !

« T'as réussi à les faire, c'est déjà ça ! »

M'ouais.. Pas sûre qu'ils soient "opérationnels" : je les ai pas goûtés..

« Ils sentent bons, ils doivent être bons ! »

Probablement..

Elle n'était vraiment pas convaincue par sa réussite : même avec des moules, elle avait réussi à se rater dans la forme qui ressemblait plus à un cœur dessiné par un bébé au coup de crayon on ne peut plus tremblant !

« Dis-toi que c'est pour la bonne cause.. ? »

Justement ! Puisque c'est pour la bonne cause, j'aurais surtout pas dû les faire moi-même !

« Mais non, justement : là, tu les as fait maison avec amour ! C'est authentique, c'est un signe que tu l'apprécies ! »

Je n'irais pas jusqu'à "amour" : je voulais juste la remercier, de base, calme-toi !

Mince.

Elle était déjà arrivée devant la salle commune de Poufsouffle ?!

Bon, baah.. Plus qu'à attendre.

Elle replaça nerveusement le torchon jaune qui couvrait l'assiette de pancakes ratés : elle allait simplement donner des pancakes en forme de cœurs approximatifs à une personne qu'elle ne connaissait pas..

« Rectification : une Poufsouffle que tu ne connais pas ! »

Ça change quoi ?

« Bah elle aime forcément la nourriture et l'amour ! Tout ce que tu lui donnes ! »

On en parle d'Ariane.. ?

« Ariane compte pas : elle fait partie de la maison des Serdaigle stupides en réalité, le Choixpeau s'est aussi trompé pour sa maison ! »

Pas faux.

.. C'est pourquoi la fausse Serpentard finit par oser aborder chacune des filles brunes qui allaient et venaient dans leur salle commune dans l'espoir que l'une d'entre elle réponde "oui" à ses "Alienor Delphillia ?".. Espoir qui s'envolait au fur et à mesure des têtes qui passaient et repassaient.. Toujours avec une réponse négative, qui plus est. Certaines repassaient même plusieurs fois en la taquinant sur son attente infinie !

Mais elle est vraiment à Poufsouffle.. ?

Après une réponse positive de plusieurs de ses camarades, son impatience se fit simplement dix fois plus encombrante : que diable pouvait-elle trafiquer pour ne pas passer par la porte de sa salle commune une seule fois dans la journée ?!

Ses pancakes étaient froids, ses jambes ne supportaient plus le poids de son corps et ses questions étaient pleines de lassitude.

Elle venait de dépasser les quatre heures d'attente.

Tout semblait différent depuis ce bal si étrange. Aliénor avait appris ce qu’il c’était passé et ce rendait bien compte que sa soirée à elle, au combien éprouvante, l’était finalement bien moins que celle vécu par ceux qui étaient restés dans la salle de bal. Cela faisait presque un mois, mais c’était avec cet évènement que l’école avait vraiment pris conscience de ce qu’il c’était passé dehors. C’était d’ailleurs dehors qu’Aliénor avait passé la plupart de sa journée, enfin journée de dimanche, donc relativement raccourcie par une grasse matinée bien méritée. C’est alors que certaines de ses camarades l’ayant rejoint, elle rentrait en salle commune, pour y passer un bon moment, plus convivial. Elle suivait Kévin en discutant joyeusement avec son ami qui par chance ne l’avait pas rejeté à la suite du bal où elle l’avait littéralement abandonné.

Mais alors qu’ils s’approchaient de l’entrée de la salle commune, le regard de la brune fut attiré par quelqu’un qui se tenait non loin des tonneaux qui signifiaient l’entrée de l’entre jaune. Aliénor fronça les sourcils, elle n’avait aucune idée de qui était cette fille mais il ne lui semblait pas l’avoir déjà aperçue en salle commune. Cette fille était soit une nouvelle timide et totalement tétanisée de peur de se prendre une douche de vinaigre, soit une personne qui n’avait pas grand-chose à faire ici. Aliénor interrogea son ami du regard en arquant un sourcil. Dans tous les cas, elle n’allait pas s’arrêter pour elle. Enfin c’était ce qu’elle pensait avant que cette fille ne demande une » Aliénor Delphillia ».

Aliénor s’arrêta devant la porte le regard baissé sur le sol. Elle le remonta avec une lenteur calculée le long du corps de celle qui la demandait. Cela passait très certainement pour du jugement et s’en était, elle évaluait un peu cette fille qui la demandait. Aliénor se redressa en bombant légèrement le torse avant qu’un fin sourire ne se dessine sur ses lèvres.

-Elle-même.

La troisième année examinait le visage de sa camarade, la curiosité commençant à l’envahir qu’est-ce que cette fille pouvait bien lui vouloir. Mais dans tous les cas, elle n’avait pas beaucoup mieux à faire. Kévin était rentré sans plus de cérémonie dans la salle commune dont le bruit se tut à la fermeture de la porte. Elle ne savait pas comment c’était possible, mais cette salle commune était toujours animée. C’était agréable la plus part du temps, mais parfois cela pouvait donner lieu à des débats dans lesquels la fillette ne voulait pas être immiscée.

La fillette se décala afin de ne pas obstruer le passage et d’un geste de tête elle désigna le plateau recouvert de ce qui pouvait s’apparenter à un torchon au-dessus. Elle haussa des sourcils de manière à demander ce que c’était. Aliénor n’était pas vraiment le genre de fille a qui on offrait des trucs sa curiosité était par conséquent bien attisée.

Elle resta simplement bouche bée à l'entente de la réponse : quelqu'un. Avait. Dit. Oui.

OUI !

Elle était vraiment à Poufsouffle, alors ?!

Hestia ne trouva rien d'autre à faire que de rester planter là, juste devant l'accès à la salle commune de Poufsouffle, la bouche ne voulant visiblement pas se refermer : c'était. La. Momie.

Elle existait vraiment ?!

Ses yeux analysèrent de haut en bas, de bas en haut et de travers la jeune fille qui répondait au nom d'Alienor.

C'est pas possible, ça peut pas être elle..

« Elle était déguisée, de dos et ça s'est passé il y a un mois ! »

C'est sûr que, vu comme ça..

Mais elle n'en revenait toujours pas : sa sauveuse mystérieuse, celle qui s'était interposée royalement entre le crache-limace mortel lancé par le pirate sanguinaire et sa pauvre personne innocente.. C'était - à priori - bel et bien elle, sous ses yeux, à portée de remerciement.. Qui se décalait d'ailleurs pour ne pas bloquer les tonneaux.

Remarquant son erreur, elle se décala également avec précipitation, manquant presque de renverser les malheureux pancakes gelés !

« Heureusement que t'as deux mains, hein ! Je ne vois pas ce qui t'empêche de tenir cette assiette à deux mains tout le temps, en fait, et pas que lorsqu'elle manque de tomber. »

...

Sans écouter les conseils de son cerveau, Hestia reprit sa tenue de l'assiette à une main puis replaça une énième fois le torchon qui couvrait cette assiette.. Avant de se rendre compte de la question silencieusement de sa sauveuse.

- Oh, ahem.. Oui, euh.. Bah c'est pour toi !, annonça-t-elle en tendant timidement cette assiette de ses deux mains pour l'occasion.

Bravo, on a réussi à offrir des pancakes à une inconnue.. Et maintenant on fait quoi ?

« Bah je sais pas ! Les trucs que font les gens sociable ? »

Mais ils font quoi, les gens sociables ?!

« Ah ouais, pour demander des conseils en sociabilisation, Miss est présente mais, quand c'est pour s'entraîner avant, il y a plus personne ! »

Quelle sotte elle faisait, aussi : tout était dans la répétition, elle aurait dû le savoir depuis ses années de théâtre !

« Elle s'est traitée de sotte ! Où est le champony quand on a besoin de lui ?! »

Après, c'est moi la gamine ?!

« Oui. »

Et si j-.. ?

MINCE.

Son regard avait fait l'erreur de revenir à la réalité une demi-seconde : la Poufsouffle était toujours là, à attendre une explication à ses pancakes tandis que son interlocutrice avait eu la mauvaise idée de se battre avec sa conscience.

- Ahem.. Ben.. C'était pour te remercier..

Simple, efficace, elle avait résolu le débat en moins de deux.

« N'oublie pas le fait qu'ils soient gelés, maintenant. »

- Ah, et.. Baah.. Ils ont le temps de refroidir.. ?

Alors que la petite Delphillia détaillait le torchon ainsi que la fille qui lui apportait cette chose, elle remarqua à peine la surprise de celle-ci. Elle devait certainement avoir perdu espoir à chercher quelqu’un dont elle ne connaissait pas le visage. D’ailleurs Aliénor ne la connaissait pas non plus, mais depuis sa rencontre avec le petit Gryffondor, elle savait que certains la connaissait via le Quidditch donc elle ne s’en formalisait pas plus que ça. Même si c’était la première fois qu’on l’attendait devant la salle commune, elle avait peut-être une vraie fan devant elle, ce qui serait un peu gênant à vrai dire. Mais elle était aussi peut-être là pour tout autre chose ! Curiosité quand tu nous tient.

C’est alors que la fille lui annonça que ce plat était pour Aliénor, ce qui fit apparaitre un sourire en coins aux lèvres d’Aliénor et son sourcil s’arqua immédiatement. Elle se doutait bien que c’était pour elle, cette fille n’avait pas attendue Aliénor toute la journée pour finalement lui dire que ce plat était pour quelqu’un d’autre. Aliénor émit un léger rire en attrapant l’assiette avant de la découvrir. Le rire de la fillette s’intensifia un moment avant de se taire. Ce n’était pas très poli, mais vraiment offrir des trucs en forme de semi-cœur à Aliénor c’était une bonne blague. Mais bon l’effort y était. Ça avait visiblement une tête de pancakes, faire rentrer ça ne salle commune était du suicide Aliénor allait certainement mourir étouffée par tous ses raphias de nourriture. Cependant offrir quelque chose de comestible à un Poufsouffle, ça c’était une bonne idée, elle ne pouvait pas se rater pour le coup.

Mais pourquoi diable cette fille qu’elle ne connaissait pas lui offrait des pancakes ? La question fut d’autant plus importante dans l’esprit de la fillette après les remerciements de la brune. Remercier de quoi ? Qu’est-ce qu’Aliénor avait bien pu faire pour elle pour avoir le droit à des gâteaux ? Oui la fillette pouvait être très généreuse, même avec les gens qu’elle ne connaissait pas, mais là elle n’avait aucun souvenir d’avoir donné quelque chose à cette fille. A moins que ce soit avec un intermédiaire. Mais la dernière remarque de la fillette fit sourire Aliénor. Refroidir, comme si c’était très grave…

-Pas grave tant que ça se mange !

Aliénor observa un instant les tonneaux pour essayer de poser le plat dessus, mais ça n’avait pas l’air très stable. Elle garda donc l’assiette entre les mains en reprenant un air plus sérieux. Elle n’allait pas accepter des pancakes sans savoir pourquoi elle y avait le droit. Tant pis, l’assiette n’était pas si lourde, elle pouvait la tenir le temps de mener une petite enquête.

-Juste, me remercier de quoi ?

Question simple, mais qui pouvait être déconcertante. Mais Aliénor était comme ça, si elle avait une question elle la posait clairement, pas de chichi ni d’hésitation.
Pauvre fille, elle était venue jusque devant la salle commune des Poufsouffle, elle avait attendue en faisant le pied de grue une bonne partie de la journée avec une assiette de pancakes entre les mains, l’odeur ayant certainement attiré des Poufsouffles trop curieux et gourmands, tout ça pour remercier Aliénor qui lui annonçait qu’elle ne savait même pas ce qu’elle avait pu faire. Sa position devait être assez gênante et Aliénor en remettait une couche. Sympa la fille. Mais la troisième année n’en avait que faire, elle ne réfléchissait pas comme cela, on lui mettait un mystère sous les yeux, elle devait trouver la solution. Alors peu importe si son interlocuteur était mal à l’aise, elle règlerait ça plus tard. Pour l’instant elle veut remettre en place la chronologie.

OK, elle semble curieuse.. Et heureuse, aussi ! C'est bon signe !

Elle s'efforça de lui rendre son sourire, malgré le stress qui s'immisçait en elle et ses bras qui commençaient à souffrir.

Elle attrape l'assiette et semble encore trente fois plus joyeuse avec son rire !

Son sourire s'élargit en même temps que sa confiance en elle : elle était réellement contente de voir qu'on avait pensé à elle ainsi ! .. Mais ce sourire vola en éclats lorsque la Poufsouffle osa découvrir le plat : elle avait juste oublié à quel point elle les avait ratés.. Et son ex-héroïne ne tarda pas à le faire savoir en éclatant de rire.

Je savais que c'était une mauvaise idée. Pourquoi je l'ai fait ? C'est quoi, le sort, pour s'enterrer dix pieds sous terre ?!

« M'enfin.. Ça va ! Si c'est moche, ça veut pas dire qu'ils sont forcément mauvais ! »

Ils ont eu le temps de refroidir et ils n'avaient déjà pas l'air appétissants lorsqu'ils étaient chauds !

« Puisque je te dis qu'ils sentaient bons ! »

Mais, si l'habit ne fait pas le moine, pourquoi l'odeur ferait-elle le goût ?!

« Cite-moi une seule chose dans ta vie qui sentait bon mais qui était dégueulasse ! »

Une chose qui sentait bon mais qui était dégueulasse. Une chose qui sentait bon mais qui était dégueulasse.. Excellente question.

- Pas grave tant que ça se mange !

« Bah tu vois, même s'ils sont pas bons, ça lui fait plaisir ! »

.. Tu viens de dire qu'ils étaient censés être bons.

« Oui.. Mais nan ! Ils sont bons ! C'est juste que, si tu aurais préféré de la réglisse, bah elle aurait quand même aimé ! »

Si ça se trouve, c'est même pas mangeable..

« T'as mis des œufs, de la farine et tout le tralala, pas du béton, ça devrait passer ! »

Maintenant que j'y pense, si ça se trouve, j'ai renversé ce poivrier sans faire exprès..

« Mais naan ! Il était pas orienté vers le saladier, ça passe ! »

Je veux plus jamais toucher à un saladier de ma vie..

« Bon. Tu veux dire que t'es nulle, c'est bon. Je vois que ça sert à rien de te rassurer. »

Mais tu comprends paas !

- Juste, me remercier de quoi ?

La question de la troisième année ramena immédiatement la Serpentard à la réalité.

Mais, euh.. Je parle dans le vide depuis tout à l'heure ?

« En soit, t'étais déguisée, elle était de dos et ça s'est passé il y a un mois. »

Ah.

- Ahem, baah.. Tu sais, quoi.. Au bal d'Halloween, quand tu t'es interposée entre ce crache-limace et moi..

Elle s'en rappelle, au moins ?

Et la réponse tomba comme une pierre dans un lac calme. Le bal d’halloween, le crache limace, Rey, les toilettes abandonnés… Le souffle de la fillette se coupa un moment avant que la troisième année ne souffle doucement pour remettre ses idées en place. Donc c’était elle la fille a qui était destinée ce crache-limace ? Aliénor se souvenait maintenant, elle était bel et bien plus jeune qu’eux et n’aurait rien pu faire face à cette attaque. Aliénor avait eu raison, mais cette fille n’était pas blanche comme neige, et même si la petite Delphillia n’avait pas tout vu de la scène, elle avait vu les cheveux de son capitaine avec des restes de tarte.

-Donc la tarte c’était toi ?

Le déroulé de cette soirée de cauchemar revint doucement dans l’esprit d’Aliénor. Certainement l’une des soirées les plus éprouvantes émotionnellement de la fillette. Elle avait ressenti de la colère, de la tristesse, de l’incompréhension, de la honte et l’abandon. Ce qui était bien trop pour une fille qui reniait les sentiments. Mais en soi cette fille avait provoqué ce dialogue qui manquait tant à Aliénor, cette explication de Rey sur son comportement stupide depuis le début de l’année. Ce secret qu’elle gardait en elle. Ce qu’elle avait dû annoncer à Emelyne et Drian. Tout, absolument tout était parti de cette fille.

-Je ne sais pas si je dois te remercier ou t’en vouloir…

Elle ne savait pas, comme tout ce qui touchait à cette soirée a vrai dire, elle ne savait plus rien quand on lui demandait des explications sur cette fameuse soirée dont tout le château garde une marque indélébile, quel qu’elle soit.

Le regard de la fillette tomba sur les pancakes, c’était gentil de sa part, après tout elle avait sa part de responsabilité, mais elle avait le courage de venir jusqu’ici pour remercier sa « sauveuse ». Après tout elle ne pouvait pas savoir les liens qui unissaient Rey et Aliénor, son premier ami, qu’elle doit oublier aujourd’hui.

-Ben de rien… N’importe qui aurait fait pareil, tu méritais pas un tel sort, même si t’as jeté une tarte sur mon ami.

Ex-ami corrigea sa conscience, mais c’était encore bien complexe à assimiler pour la fillette. Elle ne s’ouvrait pas aisément, elle n’avait jamais appelé quelqu’un d’autre ami avant lui, une belle connerie. Heureusement elle avait encore Kévin pour lui faire croire que les liens entre les gens n’étaient pas que de la supercherie. Elle releva les yeux vers sa camarade en arquant un sourcil. Elle connaissait son nom, mais elle n’avait aucune idée de l’identité de cette fille.

-Et du coup tu es ?

Une question bien simple malgré tout le tumulte de leur rencontre initiale. Encore une fois cette situation était peu commune, mais peu importe. C’était gentil de sa part et elle n’allait pas la jeter pour une pauvre tarte et une rancœur qui n’était dirigée vers elle.

« Alors elle a l'air de s'en souvenir.. »

Un peu trop, même.

« C'est vrai que se prendre un crache-limace de plein fouet n'est pas très agréable.. Elle doit t'en vouloir. »

Non, non, non, c'est juste qu'elle tente de s'en rappeler, maintenant ! Elle ne s'en est pas encore souvenue, hein ?

« Oui, elle ne s'en est pas encore souvenue avec le regard qu'elle te lance, bien sûr. »

Arrête de détruire mes espoirs de ne pas me faire torturer à mort !

« 'Vaut mieux les détruire maintenant plutôt qu'attendre qu'ils ne retombent plus violemment. »

Ses membres se crispèrent dans l'attente insoutenable de la sentence..

- Donc la tarte c’était toi ?

C'est tout ?

Son visage crispé prit une expression tout de suite plus confuse face à la question de son aînée.

Elle s'est mangée un crache-limace devant toute l'école et tout ce qui l'intéresse est le responsable du lancer de tarte sur l'imbécile qui lui a infligé ce maléfice ?

« Je suis aussi perdu que toi sur ce coup-là. »

Elle se contenta de marmonner un « Oui. » digne des plus peu assurés avant de prendre une mine plus perplexe encore à la seconde déclaration de son interlocutrice.

Me remercier ! Hé ho, je t'ai fait des pancakes, hein !

« Bah, si ça se trouve, t'as juste gâché sa vie en jetant cette tarte. »

Mais c'était trois fois rien, ça va ! Si elle avait pas envie de se manger ce crache-limace, elle avait qu'à pas s'interposer ! Elle l'a fait, je l'ai remerciée, point final. À chaque fois que j'essaye d'être gentille, on me balaye ! Y'en a marre, à la fin !

« Peut-être que si tu pouvais ju-.. »

JE LA HAIS. Tout le monde déteste. Personne veut accepter mes gentillesses. C'est boon ! J'ai compris, j'aurais qu'à rendre leur haine au monde entier, ils seront contents comme ça !

« S-.. »

JE LES HAIS. Et voilà la cavalerie des maudites larmes qui arrivent.. J'EN AI MARRE. Je peux pas juste haïr le monde entier sans pleurer ?!

Elle détourna vivement le regard en inspirant un bon coup en espérant que ces foutues larmes stagneraient au bord de ses yeux et éviteraient de faire de la luge sur ses joues. Sa seule envie était de partir. Vite et loin. Elle ne pouvait pas se permettre d'offrir un spectacle si alléchant à son adversaire.

Un rire presque sarcastique franchit ses lèvres alors qu'elle se répétait les mots de cette naïve Poufsouffle.

N'importe qui aurait fait pareil.. N'importe qui aurait fait pareil, mon œil, oui !

« Tu l'as pas écoutée ? Le pirate était son p-.. »

QU'EST-CE QUE ÇA PEUT ME FAIRE ?!

Elle n'allait pas tenir. Elle n'allait pas tenir et allait se retrouver à chialer comme une idiote devant une salle commune remplie d'élèves toxiques.

- Personne. Oublie-moi.

Ses talons se tournèrent aussitôt.

Une question au combien simple de demander l’identité de quelqu’un. Mais étrangement la jeune fille qui se tenait face à Aliénor ne répondit pas tout de suite. Elle qui semblait tête brulée lors du match, à envoyer des tartes sur des gens, elle devait avoir un sacré caractère, alors pourquoi son cerveau semblait tourner à plein régime pour une question si innocente et commune ? Aliénor fronça très légèrement les sourcils essayant de comprendre cette fille. Mais les mots qui franchirent ses lèvres clouèrent Aliénor sur place. Ses yeux s’arrondirent de surprise et sa mâchoire manqua de se dissocier du reste de sa bouche. Ok, Aliénor n’était pas des plus douée en relations sociales, souvent trop franche et trop piquante, mais elle ne comprenait vraiment pas ce qu’il venait de se passer là. La brune tourna les talons laissant la troisième année plantée là. Pourquoi ? Sa conscience lui hurlait qu’elle avait fait quelque chose de mal, alors oui elle aurait pu être plus chaleureuse, mais… Raaah.

Aliénor serra le poing de frustration avant de s’élancer à la suite de sa camarade en courant. En quelques pas, elle fut de nouveau à son niveau, elle lui attrapa le bras sans ménagement, elle ne connaissait pas la douceur, c’était un concept un peu complexe pour elle. Mais elle ne pouvait pas laisser cette fille partir comme cela. Oui c’était certainement elle le point déclencheur de la perte de son amitié avec Rey, mais il y avait tout un passé pour lequel elle n’était pour rien. Elle n’avait pas le droit de payer pour cela et Aliénor s’en rendait compte.

-Pars pas comme ça, des pancakes ça se partage, et je préfère les partager avec quelqu’un qui peut me raconter pourquoi elle a jeter une tarte dans la tronche de quelqu’un à un bal plutôt que quelqu’un qui n’a rien à me dire.

Après tout Aliénor restait une fille profondément curieuse. Et puis elle aussi avait certainement des explications à lui donner sur cet acte. Si elle a été si réactive, c’était parce que c’était quelqu’un qu’elle considérait qui venait de lancer un sort abject sur quelqu’un qui ne pouvait se défendre. En somme, les deux filles avaient un sujet de discussion très intéressant à traiter, certainement plus intéressant que des banalités qui allaient se dire en salle commune. Mais aussi plus lourd, mais c’était nécessaire.

Aliénor chercha le regard de la jeune fille qui lui faisait maintenant face, elle espérait une réponse positive, elle partirait chercher ses pancakes et elles se poseraient dans la grande salle pour discuter et déguster ses pancakes. Faites qu’elle dise oui, peu importe son nom, Aliénor ne lui demanderais plus promis !

T'as cru que t'allais m'échaper si aisément?

Bon, ça va aller. Je vais m'enfermer en toute tranquillité dans les dortoirs et je vais lacérer à mort le coussin de l'autre fille aux yeux violets et personne va me voir pleurer, ça va aller.

« Calme-toi, par pitié, tu vas le regr-.. »

Toi, juste, ferme-la. Tu vas juste empirer la situation.

Elle reprit une profonde inspiration en accélérant le pas, espérant que ses nerfs se calmeraient plus vite.

OK, on balaye toutes celles qui se sont accumulées devant la salle commune et on trace. On trace, on trace, on trace.

Son plan, pourtant excellent, fut malheureusement bien vite compromis par.. Son élément déclencheur.

- AÏEUH !, s'exclama-t-elle un peu trop exagérément, la poigne de son aînée n'étant pas si douloureuse.

Le premier à-coup dans le but de dégager son bras n'avait été qu'un réflexe : elle se rendit bien vite compte qu'elle avait affaire à une sacrée poigne et que se libérer de cette emprise serait peine perdue.

À moins d'un petit sort bien placé..

« Nan, commence pas. »

Toi, commence pas.

« C'est toi qui a commencé à méditer à cette idée, je te signale.. »

.. Et c'est toi qui a commencé à tenter de m'en dissuader.

Avant de se pouvoir se faire corrompre par cette vile voix..

« Elle tient ton bras. »

.. Elle commença à tâter ses poches de sa main libre..

« Ton bras droit. »

.. Pour sentir la forme rassurante de sa baguette..

« Ton bras directeur. »

.. Et y glisser ses doigts..

« Ton bras qu'elle peut te casser juste en voyant que tu diriges ta baguette vers elle ! »

.. Et d'en retirer ses doigts sans se saisir de sa baguette, au final.

Je te hais.

« Je sais. »

Résignée, elle offrit son regard le plus noir à son interlocutrice : mourir, oui, mais mourir avec style.

Mais la confusion la rattrapa bien trop vite : voilà que cette Alienor voulait.. Manger ses pancakes avec elle. En parlant.

Où est le piège ?

Son regard noir se transforma lentement en regard méfiant et glissa prudemment des pancakes jusqu'à la jeune fille. De la jeune fille jusqu'aux pancakes. Des pancakes jusqu'à la jeune fille.

Elle a dû les empoisonner pendant que j'avais le dos tourné.

« Avec quoi ? »

... Quelque chose. C'est sûr.

« Franchement, vu leurs têtes, ils doivent déjà être empoisonnés de base. »

Ha ! Donc tu confirmes qu'ils vont être dégueulasses et que je suis nulle en cuisine !

« ... Non. »

Trop tard, tu l'as dit !

C'est un peu plus confiante que la jeune fille accepta l'invitation de son interlocutrice avec, cependant, un critère en tête :

- Tu les goûtes en premier.

Était-ce parce qu'elle n'avait pas confiance en sa propre cuisine ou parce qu'elle pensait toujours qu'ils auraient pu être empoisonnés ? Probablement un peu des deux.. En tout cas, s'ils étaient vraiment bons, passer à côté de la chance de goûter ses trois heures de dur labeur serait inacceptable.

Elle s’arrêta, dieu merci elle s’arrêta sous la pression de la jeune fille sur son bras. Mais cette fille semblait si méfiante… Pourquoi était-elle si méfiante envers Aliénor, c’est elle qui était venue chercher la Poufsouffle, alors quoi, le fait qu’Aliénor ne la reconnaisse pas du tout l’avait tellement affecté, qu’elle ne soit pas certaine de ce qu’elle devait ressentir envers elle l’avait blessé ?

Mais la demande de la brune fit marquer un temps d’arrêt au cerveau de la jeune Delphillia. Pourquoi lui disait-elle ça, c’était bien elle qui les avait faits ses pancakes et puis elle croyait quoi ? Aliénor n’était pas du genre à mettre quoi que ce soit de mauvais dans de la nourriture pour une quelconque farce ou vengeance. C’est mal connaitre Poufsouffle que de croire qu’ils pourraient gâcher de la nourriture ou même tout simplement agir ainsi. Certes Aliénor aimait faire des farces, mais rien qui ne mettait en danger l’intégrité physique de la personne. Non cette fille était un peu bizarre.

-C’est toi qui les a fait et t’as lancé une tarte dans la tête d’un ami… C’est moi qui devrait te poser cette question.

Mais un léger sourire se dessina sur les lèvres d’Aliénor avant qu’elle n’attrape un pancake et le croque avidement. Ça manquait clairement de sucre et la pâte était un peu dense mais c’était bon, du moins Aliénor n’aurait pas pu faire mieux vu ses talents en matière culinaire. Elle avala et observa sa cadette en haussant une épaule.

-J’ai connu mieux, mais ça se mange. Mais si ça ne te dérange pas, les manger à la grande salle ce serait plus confortable non ?

Aliénor adressa un sourire à cette fille qui s’avérait bien plus mystérieuse que ce qu’elle aurait pu penser avant de se diriger vers la grande salle. Elles seraient bien mieux attablées pour discuter. D’autant plus qu’elles avaient peut-être plus de truc à se dire que ce qu’elles pouvaient le penser. Même si Aliénor ne savait pas trop dans quoi elle s’engageait, parler de cet évènement ne pourrait qu’apporter des choses bénéfiques, car ce qu’il c’était passé lors de ce bal était finalement tout sauf anodin.

Certainement la fin pour moi, merci pour ce RP c'était plutôt cool, à une prochaine peut-être