[PV : @Margaret Hunter]

Répétition (Deuxième année)

Quelle idée avais-tu eu de t'inscrire sur cette liste, Harriet ? Comme si toi tu étais prête à épauler une première année, à l'aider à s'intégrer et à lui redonner le sourire... Je dois avouer que je plains sincèrement la première année qui était tombée sur toi... Quelle malchance tout de même !

À peine quelques jours auparavant, le soir de la rentrée, tu étais tombée sur une affiche accrochée dans les dortoirs. Une sorte de liste sur laquelle tu pouvais t'inscrire pour épauler une petite première année. Honnêtement, je n'aurai jamais cru que tu inscrirais ton nom... Mais pourtant c'est ce que tu fis.
Le lendemain matin, tu te levas très tôt pour aller faire une balade matinale dans le parc. S'il y avait une chose dont tu avais horreur, c'était de commencer l'année seule dans la Grande Salle où il règne une euphorie que tu trouvais particulièrement détestable. Tu ne remarquas donc pas que les duos de soeurs étaient déjà affichés et qu'une rencontre aurait lieu le matin même au petit-déjeuner. Bien évidemment, tu la manquas, te rendant directement du parc à la salle dans laquelle tu avais cours. Je n'ose même pas imaginer la pauvre première année seule, alors que toutes les autres rencontraient leurs grandes soeurs... Vraiment Harriet, tu n'étais pas une fille très responsable.

L'incompréhension était apparue sur ton visage lorsque la préfète t'avait demandé le motif de ton absence. Tu avais répondu que tu n'étais pas au courant, et c'était passé. Mais il fallait bien que tu la rencontres un jour, cette première année. Comment s'appelait-elle déjà ? Ah oui ! *Margaret Hunter* C'était cette fille que tu attendais au coin d'un couloir. Ne sachant absolument pas à quoi ressemblait cette Margaret, tu avais affiché un mot dans les dortoirs :



Tu espérais qu'elle ait vu le mot, et surtout qu'elle sache ou se trouvait la salle d'études. Elle n'avait découvert le château que très récemment. Et puis, en y réfléchissant, peut-être qu'elle ne savait pas qui était Harriet Greenwood, peut-être qu'on ne lui avait pas indiqué le nom de sa grande soeur... Tu espérais qu'on lui eût dit, car tu n'osais imaginer la tête d'une première année voyant qu'elle était convoquée par une personne inconnue au fond d'un couloir. Et dans ce cas, peut-être ne viendrait-elle pas ? Peut-être avait-elle eu peur ? Tu n'espérais tout de même pas devoir te coltiner une gamine peureuse, ce serait le combo gagnant...

Il était 12h35 à ta montre qui était en retard d'une minute. Tu tournas la tête à droite puis à gauche : personne. Toujours adossée contre le mur, tu attendais, ton sac de cours posé à tes pieds.

Meg venait tout juste d'arriver à Poudlard, et elle était extrêmement intimidée. Ce château était immense, changeant, rempli de salles étranges et de gens inconnus - qui, pour la plupart, ne lui lançaient pas un seul regard. Elle ne parlait presque à personne, trop timide et mal à l'aise avec ces enfants qu'elle ne connaissait pas et dont elle avait presque peur. Elle échangeait simplement deux ou trois phrases avec ses camarades de dortoir où ses voisins de table lors des repas, mais ça s'arrêtait à là. Elle avait aussi commencer les cours et, heureusement, ils étaient intéressants et les professeurs gentils pour la plupart, attentionnés envers les petits premières années terrifiés donc Meg faisait partie.
Sa maison, et sa salle commune en particulier, était accueillante et déjà la brunette l'aimait. Certes, les seuls Poufsouffle qu'elle avait vraiment entendus parler étaient les deux préfets qui leur avaient présentée la salle commune, le premier soir. Autrement, quand Margaret y était, elle était seule dans un coin, sur un fauteuil avec un livre. Elle n'osait pas aller de l'avant, parler à ses camarades.
Mais il y avait un point positif dans tout ça : le premier jour, on avait attribué à chaque nouvelles arrivantes - elles étaient quelques unes quand même - une grande soeur qui pourrait l'aider et la guider pendant toute l'année. Meg avait été ravie en l'apprenant, et elle avait lu sur l'affichage qu'on lui avait attribué une certaine Harriet Greenwood, dont elle avait minutieusement noter le nom sur un papier pour ne pas l'oublier. Malheureusement, pendant deux jours, elle n'avait eu aucunes nouvelles de la grande fille et, comme elle ne connaissait pas son visage, elle devrait attendre un signe de sa part.
Et ce signe était arrivé, le quatrième jour, sous la forme d'un petit papier accroché à l'affichage, où sa "grande soeur" lui donnait rendez-vous à 12h45 dans le couloir de la petite salle. Enfin ! avait songé Margaret. Ce n'était pas trop tôt. Mais ce rendez-vous était pile à l'heure où elle mangeait, habituellement, et elle dut sauter son repas pour chercher son chemin dans les tortueux couloirs de l'école.
Ce fut le ventre vide qu'elle trouva enfin cette fameuse petite salle, et elle vit, avec soulagement, une fille rousse aux cheveux courts qui regardait sa montre. Meg poussa un soupir, et s'approcha d'elle.
— Salut ! C'est toi, Harriet Greenwood ?

Ton ventre gargouillait. Habituellement, tu passais dans la Grande Salle après ton dernier cours de la matinée pour attraper un sandwich. Tu ne déjeunais que très rarement à la table de Poufsouffle car il y avait trop de bruit et d'agitation pour toi. Tu repartais donc avec ton butin, sans savoir si c'était vraiment autorisé. En fait, tu te foutais complètement d'enfreindre le règlement. Généralement, tu allais déjeuner seule dans le parc ou dans une salle de cours quand il faisait trop froid, c'était mieux ainsi. Mais aujourd'hui tu avais pensé à prendre deux sandwichs. Tu avais conscience que ton rendez-vous empêcherait sûrement la première année de déjeuner, surtout qu'elle n'oserait sûrement pas dérober un déjeuner dans la Grande Salle. Tu avais faim, mais il n'était pas poli de commencer sans ta filleule... déjà que tu n'avais fait aucun effort pour elle !

"Salut ! C'est toi, Harriet Greenwood ?"

Elle te fit sursauter. Tu t'étais perdue dans tes pensées et n'avais même pas entendu les pas qui se rapprochaient. Oui, c'était bien toi Harriet Greenwood. En même tant, qui cela pouvait-il être d'autre, tu étais seule dans le couloir.

"C'est moi, ouais. Du coup toi tu dois être Margaret."

Alors comme ça, c'était elle que tu allais devoir épauler. À première vue, elle n'avait pas l'air bien méchante. En revanche, elle semblait très stressée et mal à l'aise, tu comprenais après tout puisque tu n'inspirait pas vraiment confiance, avec ta mine triste et ton allure de déterrée...
Tu regardais de quoi elle avait l'air. Sa cravate était un peu de travers, mais à part cela elle était totalement normale. L'uniforme jaune pisse lui allait à ravir, comparé à toi. Comme quoi tu étais vraiment une exception Tu l'avais déjà aperçue une ou deux fois dans la salle commune, sans te douter une seconde que c'était elle dont tu avais à faire. Elle était toujours seule, à lire dans un petit coin. Peut-être trouvait-elle ses camarades agaçants ? Ou bien était-elle trop timide pour aller leur parler ? J'optais plutôt pour la deuxième option, il fallait vraiment être bizarre pour trouver les élèves de Poufsouffle méchants.

Tu ouvris la porte de la salle d'étude, t'assis à une table et, en t'assurant qu'elle avait suivi, sortis les deux sandwichs de ton sac. Ils étaient légèrement écrabouillés puisqu'ils avaient été lancés par terre mais Margaret n'aurait pas intérêt à faire la difficile.

"J'tai pris un dej dans la Grande Salle, ce serait con que tu meures de fin cet aprem."

Tu te rendais compte que tu n'étais pas très chaleureuse et laissait donc apparaître un léger sourire, comme si ça allait la rassurer.

La fille sursauta quand elle entendit la première année lui poser sa question, mais elle parut se reprendre bien vite. Elle demanda à Meg si elle était bien Margaret Hunter, ce à quoi elle répondit par un hochement approbateur de la tête.
— Oui, je suis Margaret... heu...
La brunette ne termina pas sa phrase, intimidée. A vrai dire, elle ne savait pas vraiment ce qu'elle devrait faire en compagnie de la deuxième année, ni à quoi servaient réellement les "grandes soeurs" qu'on leur attribuait à leur arrivée. Sûrement allait-elle la faire visiter Poudlard, même si Meg avait déjà eu l'occasion de parcourir et de repérer certains couloirs ou certaines salles, sans toutefois les connaître toutes - loin de là, d'ailleurs. Mais, en tant que petite soeur, devait-elle parler ou simplement écouter ? Elle ne connaissait vraiment rien à ce système...
De plus, la fille en face d'elle n'avait aucunement l'air rassurant. Elle est dotée d'une chevelure rousse coupée court, d'yeux profondément et étrangement tristes et de grandes cernes qui lui donnent un air peu engageant. Et elle allait l'aider ? Meg en doutait, il suffisait d'écouter deux secondes sa voix pour savoir que ce ne serait pas la grande soeur la plus amusante du monde. Mais la jeune fille savait qu'il ne fallait pas se borner aux apparences, et qu'Harriet était peut-être simplement timide, ou mal à l'aise avec les élèves plus petits qu'elle. Et puis c'était le seul repère qu'elle avait à Poudlard, il faudrait faire avec.
La rousse entra alors dans une salle - la salle d'étude, si Margaret reconnaissait bien - et s'assit à une table en sortant deux sandwichs légèrement écrasés. Intriguée, la brune s'assit sur le bord d'un bureau et attrapa l'un des deux sandwichs, qui devaient provenir de la grande salle. Elle leva timidement les yeux vers Harriet, qui semblait sourire. Mise à l'aise par ce semblant de sourire, Meg répondit :
— Merci beaucoup, je mourrais déjà de faim.
Elle croqua sans attendre dans son casse-croûte, remerciant pour son pauvre petit estomac le ciel de lui avoir donner une grande soeur qui avait prévu un déjeuner.
— Au fait... tu vas me faire vichiter les challes et tout ? demanda-t-elle, la bouche pleine.

Margaret avait l'air vraiment timide. Elle n'avait même pas fini sa phrase... Mais peu importe, tu n'étais pas là pour lui faire des cours de sociabilité. Elle s'assit sur un bureau proche du tien et attrapa un sandwich, on aurait presque dit une bête qui n'avait pas mangé depuis une semaine. Tu croquas dans ton sandwich, sans cesser de la regarder. Tu n'avais aucune idée de ce que tu devais faire, ou dire à cette fille, étant donné que tu avais raté la "réunion". Et puis la préfète ne t'avait pas dit grand-chose, simplement de "l'épauler". *L'épauler, mais l'épauler de quoi ?* Après un moment de silence pendant lequel chacune commençait son déjeuner, c'est elle qui prit la parole.

"Au fait... tu vas me faire vichiter les challes et tout ?"

C'était vrai, ça, il faudrait peut-être que tu commences par lui faire visiter le château... Seulement, tu n'étais pas très à l'aise avec les parties les plus fréquentées.

"Bah, ouais s'tu veux. Après j'passe mon temps dans les endroits où y a l'moins d'monde possible... donc je t'accompagnerai certainement pas déjeuner dans la Grande Salle."

Tu continuas de sourire, pour la rassurer sur le fait que tu lui feras quand même visiter ce qu'il faut connaître dans le château. Même si tu préférais être seule, tu pourrais bien faire l'effort d'emmener Margaret dans le parc où dans les toilettes abandonnées, restait à voir si ça l'intéressait... Tu te demandais si tu devais l'accompagner jusqu'à ses salles de cours, peut-être ne les avait-elle pas déjà toutes visitées ?

"Si y'a des endroits qu'tu veux voir dis-moi."

Tu songeais qu'il faudrait aussi que tu lui parles du règlement, bien que tu ne sois pas l'exemple à suivre. Fallait-il aussi que tu lui présentes des gens ? *Mais qui ? J'connais personne* Où alors que tu l'emmènes à des matchs de quidditch ? *Ça, pourquoi pas !* Que tu l'aides à faire ses devoirs ?

"En gros, j'crois j'suis censée être quelqu'un que tu peux toujours aller voir pour demander n'importe quoi, un repaire dans le château quoi. Du coup tu veux savoir quoi ?"

Et tu attendais qu'elle pose des questions. Normalement, tu étais là pour répondre à toutes, même les questions absurdes ou inutiles.

Je m'excuse pour mon retard...

Les sandwich étaient bons et remplissaient son estomac à chaque bouchées. Mais, hormis cela, elle ne se sentait pas tout à fait à l'aise dans cette salle vide. Avaient-elles seulement le droit de se trouver là, en dehors des cours ? Et si un professeur débarquait et les voyait, répandant des miettes partout ? Et si les grondait ? Et s'il lui donnait une heure de colle, à elle, pauvre petite première année innocente ? Au cas où, elle restait sur ses gardes et ne préféraient pas trop tarder là, mangeant donc plus vite qu'elle n'en avait l'habitude. Quand elle serait sortie de cet endroit, elle se sentirait mieux et son coeur battrait moins vite. Et puis, il y avait cette fille. Harriet Greenwood, sa grande soeur. Qui était sensée l'aider et la faire visiter, mais qui ne semblait pas motivée pour l'un comme pour l'autre. Cela aussi gênait Meg. Elle se sentait étrangère, pénible pour cette fille qui semblait avoir mieux à faire que de s'occuper d'une petite première année dans le besoin. Peut-être l'avait-on forcée à devenir "grande soeur", peut-être n'avait-elle aucune envie d'aider la jeune Pouffy ? Cela inquiétait réellement cette dernière, et elle retenait les milles questions qu'elle aurait voulu poser mais qu'elle n'osait pas demander, de peur d'embêter Harriet. Manger, debout, dans cette pièce où elle n'avait probablement pas le droit de se trouver, en compagnie de sa "grande soeur" qui n'avait pas l'ai motivée, n'était pas le moment le plus agréable de la journée.

— Bah, ouais s'tu veux. Après j'passe mon temps dans les endroits où y a l'moins d'monde possible... donc je t'accompagnerai certainement pas déjeuner dans la Grande Salle.

Margaret fronça les sourcils avant de terminer son sandwich. Apparemment, elle avait à faire à une solitaire. Cela n'arrangeait pas ses affaires, elle qui avait espéré qu'on la présente à des grands et qu'elle se fasse des amis. Il faudrait qu'elle se débrouille sans, qu'elle compte sur sa propre sociabilité pour éviter de ne se retrouver toute seule dans un coin. Cette perspective ne l'enchantait guère, mais elle esquissa quand même un sourire.

— Ah, OK. De toutes façons, je peux manger toute seule. Ce n'est pas grave si tu ne me maternes pas, j'ai juste besoin de petits coups de pouce et d'un peu d'aide.

Elle n'avait pas forcément envie de visiter des endroits, où en tous cas elle n'avait aucune idée d'où aller. Par contre, elle avait un tas de questions à poser. Par où commencer ? Elle entrouvrit la bouche, et déclara lentement :

— J'ai un millions de questions, j'espère que ça ne te dérange pas. Par exemple... les cours sont durs ?

Margaret ne semblait pas plus à l'aise que toi. En même temps, tu ne devais pas lui paraitre très sympathique. Elle avalait son sandwich plus vite que possible tandis que tu prenais ton temps, bouchée par bouchée, sans te presser. La salle était vide, tous les élèves devaient être dans la Grande Salle. Tu n'avais jamais appris le règlement de l'école mais étais persuadée que traîner dans les salles de cours à l'heure du déjeuner n'était pas interdit. Cependant, y casser la croute... c'était une autre affaire. De toute façon, tu te fichais pas mal de respecter ou non le règlement ainsi que de donner l'exemple.
Margaret jetait des regards précipités vers la porte, comme si elle avait peur que quelqu'un entre et vous surprenne. Avait-elle honte de t'avoir eue toi comme marraine ou avait-elle simplement peur de l'arrivée d'un professeur ? Après réflexion, la deuxième option te paraissait la plus probable, même si la première ne t'aurait pas étonnée.

"T'inquiète, personne vient jamais ici à l'heure du déjeuner. Ni les profs, ni les élèves."

Margaret affirmait qu'elle n'était pas dérangée par le fait de manger seule. Mais tu ne voyais pas en elle une grande sociable, arriverait-elle à aller vers les autres seule ? Ou bien finirait-elle, comme toi, sans aucune amie avec qui traîner entre les cours ?

"J'ai un million de questions, j'espère que ça ne te dérange pas. Par exemple... les cours sont durs ?"

Tu hochas la tête pour lui faire comprendre que non, ça ne te dérangeait pas. En réalité, ça te dérangeait, mais tu réussissais plutôt bien à le cacher. Puisque tu ne lui présenterais personne, il fallait au moins que tu écoutes ses questions. Tu étais là pour ça, que tu le veuilles ou non.
Selon toi, sa première question n'était pas très pertinente. Franchement, il y a des cours durs et des cours moins durs, et puis ça dépendait de ses capacités aussi !

"Grave. Franchement, j'ai jamais eu au-dessus de Piètre pendant toute ma première année. Et les profs font tout pour te décourager. Va falloir t'y mettre si tu veux pas être renvoyée."

Ton humour n'était pas de très bon goût, Harriet. Tu étais plus inquiétante que drôle, surtout du point de vue d'une première année. Attendant une petite minute pour voir sa réaction, tu repris :

"J'rigole ! En vrai ça va. Après ça dépend de toi aussi, ce que t'aimes et ce que t'aimes pas. Y a des profs cools et des profs chiants, ça joue pas mal."

Quand Harriet lui assura que personne, ni élèves ni professeurs, ne viendraient les déranger pendant leur petit repas, Meg ne put s'empêcher d'en douter. Elle ne montra rien, ralentissant simplement pour les dernières bouchées qui lui restait. Elle n'aimait pas montrer qu'elle était inquiète. Pas par fierté ou honneur, car elle n'avait ni fierté ni honneur, mais simplement parce qu'elle ne voulait pas que cette grande-soeur qu'on lui avait attribuée ne pense qu'elle était un boulet peureux et inquiet avec lequel elle s'ennuierait. L'avis d'Harriet sur elle-même comptait, puisque ce serait elle qui l'aiderait à trouver ses repaires dans Poudlard et à rencontrer des gens. Quoique, au vu de sa personnalité et de ce que montrait la deuxième année, Meg commençait à douter sur l'obéissance de sa grande-soeur. Elle la voyait plus comme quelqu'un n'ayant pas grand-chose à faire du règlement et des adultes. Malheureusement, la grande brune n'était pas ce genre de personne. Elle n'était qu'une première année innocente qui craignait la moindre réprimande et espérait être parfaite. Elle croisait les doigts pour que cette chère Harriet ne l'entraîne pas faire des bêtises - comme manger dans une salle de classe vide, par exemple, ce qui ne devait pas être très recommandé pour devenir le parfait élève bien sage.

Croquant une dernière fois dans son sandwich, Meg fit tomber les petites miettes réticentes qui restaient sur ses mains, puis écouta ce que lui expliquait Harriet.

— Grave. Franchement, j'ai jamais eu au-dessus de Piètre pendant toute ma première année. Et les profs font tout pour te décourager. Va falloir t'y mettre si tu veux pas être renvoyée.

La jeune première année écarquilla les yeux. Personne ne lui avait dit qu'on pouvait être renvoyé si on avait de mauvaises notes ! Et sa mère et Ethan lui avait assuré que les cours ne seraient pas trop difficiles. Mais voilà qu'Harriet disait tout le contraire. *Probablement la vérité* songea la petite fille avec panique. Les autres lui avaient probablement mentit pour la rassurer. Mais elle, elle qui n'était jamais allée à l'école, elle qui avait la concentration d'une petite cuiller, est-ce qu'ele y arriverait ? Si Harriet n'avait eu que des Piètres en première année, ça risquait d'être très compliqué. Et si elle se faisait renvoyée ? Mille scénarios catastrophes se formèrent dans son imagination fertile de gamine de onze ans, avant d'être brisés par le rire de la deuxième année :

— J'rigole ! En vrai ça va. Après ça dépend de toi aussi, ce que t'aimes et ce que t'aimes pas. Y a des profs cools et des profs chiants, ça joue pas mal.

Meg se sentit rougir de honte, en colère contre elle-même. Comment avait-elle put croire les idioties prononcées par sa grande soeur ? Elle croisa les bras et, vexée, prit un air digne en rétorquant :

— T'es pas drôle.

Elle lança un regard noir à sa camarade, mais se reprit bien vite pour continuer à poser ses questions - elle en avait trop pour s'attarder davantage sur la blague nulle qu'on lui avait faite.

— Et sinon... tu sais comment on se fait des amis ? Je ne sais pas comment y arriver.

Pendant quelques secondes, la petite brune avait cru à ta blague de mauvais goût. Elle devait vraiment être naïve car tu n'aurais jamais cru qu'elle pourrait le prendre au sérieux. Ça t'avait amusée de la voir s'inquiéter alors que tu étais persuadée qu'elle aurait des notes dignes de l'élève toute sage qui apprend les bouquins par coeur et s'assied au premier rang pour pouvoir poser tout un tas de questions, ou mieux, passer son cours la main levée pour répondre à celle du professeur. Enfin, d'accord, tu rigolais bien Harriet mais bon ce que tu lui avais dit ne restait pas si loin de la réalité que ça, en tout cas pour toi. Alors oui, dans certaines matières tes notes étaient au-dessus de Piètre, mais dans d'autres elles étaient largement en dessous, je me trompe ? Ta moyenne générale n'était pas vraiment glorieuse, alors tu n'avais pas de quoi faire la maline. Mais c'était ton choix, de négliger les cours et de te ficher totalement d'avoir une moyenne de Piètre et des commentaires qui n'étaient pas tous encourageants.

Elle ne te trouvait donc pas drôle ? Bon après tout c'était normal, on ne peut pas vraiment dire que tu l'étais... Mais elle avait quand même l'air très stressée, cette gamine. Tu espérais que les examens ne seraient pas trop durs à gérer pour elle. Alors que tu t'étais encore perdue dans tes pensées, la question que tu redoutais le plus arriva. Comment on se fait des amis ? *Franchement, bonne question. Tu n'en avais strictement aucune idée, étant donné que tu n'avais pas d'amis et que tu n'en avais quasiment jamais eu. Tu n'aimais pas les gens, alors tu ne t'en approchais pas et si par hasard c'était eux qui venaient vers toi, tu leur criais dessus ou alors étais juste désagréable. Tu bégayais, ne sachant pas quoi lui répondre, hésitant entre lui dire clairement la vérité qu'elle avait peut-être déjà un peu devinée, ou improviser un baratin. Mais de toute façon, tu n'avais aucune idée de quoi lui raconter, même en inventant des conseils à la con.

"Bah, tu vas voir un groupe de gens qui ont l'air sympas, tu souris et tu leur dis : "Salut, comment ça va ? Je m'appelle Margaret et je suis en première année, j'peux discuter avec vous ?" C'est plutôt simple en soi. Enfin, j'dis ça mais j'ai pas de potes hein, d'façon j'en ai pas b'soin. Mais j'imagine que c'est comme ça qu'ils font, les autres."

Non mais sincèrement Harriet, tu croyais vraiment que ton conseil était potable ? Tu avais inventé ça dans la seconde, toi la gamine solitaire depuis sa naissance. De toute façon, on ne pouvait pas parler de choses que l'on ne connaissait pas. Margaret se débrouillerait parfaitement toute seule, et au pire quelqu'un irait bien lui parler un jour, puisqu'elle ne faisait pas flipper et ne repoussait pas la première personne qu'elle croisait. Tu lâchas la première année du regard pour le poser sur ta montre, qui affichait 13h45. Le premier cours de l'après-midi commençait dans un quart d'heure, alors il était certainement l'heure pour ta filleule de partir à la recherche de la salle de classe dans laquelle elle avait rendez-vous avec d'autres premières années et son ou sa professeur, puisqu'elle ne devait pas encore la connaître.

"Les cours recommencent dans un quart d'heure, donc j'pense que c'est la fin de notre rencontre sinon tu vas être en retard. Si t'as d'autres questions tu peux me les poser, mais j'pense que t'auras du mal à me trouver en journée puisque je traîne jamais dans la Grande Salle, dans la Bibliothèque, dans les couloirs fréquentés, dans la Salle Commune... enfin bref tu vois le truc quoi. Du coup si tu veux pouvoir me trouver, t'auras qu'à venir toquer à la porte de mon dortoir le soir, c'est le numéro un. Salut."

Tu te levas en souriant à Margaret puis attrapas ton sac et sortis de la Salle d'études. La pauvre quand même, elle avait vraiment eu peu de chances pour tomber sur toi, Harriet.