Le sang avait jailli dans sa bouches par petites goutes d’abord, puis par plus grosses. Carry s’était écarté, repoussant Alice pour se dégager et se relever. Enfin libre, la fillette se releva à toute allure, essuyant sa bouche perlées de sang dans la manche noire de son pull. Elle respirait avec force, prenait toute conscience de cet état de force. Carry la regardait avec un œil nouveau, un œil qui plaisait à Alice. Elle avait peur, elle l’a craignait. Elle comprenait enfin que sa cible, celle qu’elle pensait être faible, celle qu’elle avait qualifié de lâche, venait de lui asséner une bien vilaine blessure. Elle comprenait qu’Alice était capable de bien des choses.

Alice aurait dû s’enfuir, elle en était capable cette fois. Carry était hors d’état de nuire, trop occupée à observer Alice. Mais elle ne partirait pas, pas sans sa baguette. Il fallait à tout prix la récupérer, sinon jamais elle ne l’a reverrait, c’était une certitude. Ses yeux plantés sur Carry, au visage ensanglanté, Alice réfléchissait rapidement à comment s’en sortir en récupérant sa baguette. Elle ne trouvait pas et la vue du sang qui ruisselait le long de la mâchoire de Carry la troublait énormément. C’était écœurant, c’était terrible.

La réflexion d’Alice dura trop longtemps, et sa baguette vint violemment heurté l’arrête de son nez. La douleur se propagea vivement mais brièvement. Alice se démena pour rattraper sa baguette, peinant à s’en saisir. Ses doigts se refermèrent enfin sur elle, mais son dos heurta alors le mur. Carry s’était jeté sur elle, encore une fois. Elle n’arrêterait jamais, pas tant qu’Alice serait ici.
Son visage maculé de sang, si près du sien, ne devait pas perturber l’enfant. Pas encore. Ni ses mots. Ni son rire. Plus jamais.

La baguette d’Alice vint s’enfoncer un peu sous le menton de Carry, suffisamment pour montrer à cette folle qu’il en faudrait peu pour déclencher une attaque bien plus dévastatrice qu’un coup de dent dans un nez. Ses yeux dans les yeux, Alice appuyait plus fort sur sa baguette, forçait Carry à reculer, à reculer encore, la suivant de son corps, sans jamais écarter sa baguette de son menton. Cette fois, c’est Alice qui menait la danse. Et elle continuerait.
Lorsque le dos de Carry choqua contre le mur d’en face, Alice s’arrêta également. Sa baguette s’appuyait encore un peu plus dans le menton de Carry.
Qu’allait-elle en faire de cette démonne ? La dénoncer a Loewy ? Elle ne ferait rien, rien de plus que ce qu’elle avait déjà fait. Carry serait privée de quoi, cette fois ? De balai et de serpillère ? Alice ne pouvait pas compter sur miss Loewy, ni sur qui que ce soit. Elle était seule à présent, seule pour se faire justice. Seule pour protéger les siens.

« Si tu tentes encore une seule fois de me faire du mal, je te détruirai » promit Alice d’une voix froide, son regard tranchant comme les écailles d’un dragon. « Approche moi, regarde moi seulement et je ferai de ta vie un enfer. Tu perdras tes parents, ta sœur, et toute ta famille. Je sais où tes parents habitent, je sais où Morrigan habite. Il me suffit de dénoncer ta famille aux Moldus pour te prendre la seule chose qu’il te reste : ton nom. On brûlera ton manoir, tes affaires, ta vie. Là, et seulement là, tu pourras dire que je t’ai tout pris. »

Alice le ferait. Ô oui, elle le ferait. Elle n’avait pas peur de se faire justice. Elle n’avait pas peur d’être forte et de se battre pour se démêler de la toile de crainte qu’Harrison avait tissé tout autour d’elle.
Alice n’avait plus à craindre qui que ce soit, et surtout pas une sorcière sans baguette.

La baguette sous le menton et le bas du visage toujours en sang, Carry ne quitta pas une seule seconde les yeux menaçants d’Alice Sangblanc. Mètre après mètre, elle reculait en craignant de sentir la baguette de la traîtresse s’enfoncer trop profondément dans son menton, jusqu’à finalement sentir le froid humide lui caresser le dos. Qu’était devenue la Alice qu’elle avait sous la main il y’a à peine quelques minutes plutôt ? Son venin glaçait le sang de Carry qui continuait de relever la tête autant que possible pour éviter de se faire transpercer par l’arme de son bourreau. Son cœur commençait à accélérer la cadence, son pou s’emballait et sa respiration se faisait de plus en plus court au fur et à mesure qu’elle entendant les menaces qu’Alice proliférait devant-elle.

Cette fois, Sangblanc s’attaqua à beaucoup plus gros. La famille Harrison. Elle menaçait de divulguer ou se trouvait le Manoir Harrison aux moldus pour qu’ils y pénètrent et y mettent le feu. Carry avait du mal à croire ce qu’elle entendait et se retenait de bouger pour éviter de subir le courroux de la traitresse. Traitresse. Ce mot n’avait pas réellement de sens jusqu’à aujourd’hui. Maintenant, il n’y avait plus aucun doute quant à l’allégeance d’Alice Sangblanc et elle ne se tournait pas vers les sorciers mais vers les moldus. Impuissante dans sa position actuelle contre le mur, tout ce que Carry pouvait faire était de fusiller du regard Alice en espérant pouvoir la tuer pour de bon.

-Alors tu serais prête à vendre une famille entière à l’ennemie juste pour ton bon plaisir ? Tu es donc tombée aussi bas ? Carry laissa un rire nerveux lui échapper dans un demi-sourire. Tu mérites clairement ce magnifique titre que j’ai écris ta joue, Traitresse ! Voilà ce que tu es et ce que tu as toujours été ! Tu as beau endormir le monde avec tes belles paroles mais je sais maintenant que toi tu es capable de trahir pour satisfaire ta petite personne d’égoïste ! Ose dénoncer ma faille aux moldus, ose et je te promet que s’ils leur arrivent quoi que ce soit, je te tuerai moi-même si tu ne m’achèves pas maintenant Sangblanc !

L’adrénaline l’avait essoufflée, et sa poitrine se gonflait au rythme de son cœur qui continuait de battre aux rythmes d’une pendule. La peur était devenue de la haine, la fatigue de la colère, jamais encore on avait menacé sa famille et au quand bien même la situation ne lui était pas favorable, elle ne laisserait personne menacé sa famille sans répondre.

- Je voulais garder la surprise mais...Ta mère avait raison à ton sujet, tu es un cas perdu et irrécupérable, pourrie jusqu’à la moelle, une honte pour la famille Sangblanc comme elle disait ! Leur petite fille empoisonnée par les idéaux des sang-de-bourbe aux points de rejoindre leurs semblables ! Je comprends mieux maintenant pourquoi elle a insisté pour que je reste avec elle et que je prenne ta chambre quand j’étais à Limerick ! Elle voyait en moi la fille qu’elle aurait voulu avoir ! Une fille qui ne l’aurait jamais déçu et ne l’aurait jamais trahi, une fille qui ne se montrerait jamais ingrate envers les efforts de sa mère !  Tu comprends ce que j'essaye de te dire ? Tout ce qui était à toi est en train de devenir miens !

Pour la première fois depuis longtemps, Alice se sentait puissante, maîtresse de son corps et de ses émotions. Elle n’avait pas peur, ça non : elle dominait. La fillette revenait de loin, il fallait l’admettre. Encore quelques instants auparavant, elle pleurait devant sa pire ennemie, ensevelie sous une montagne de terreur et de regret. Cela n’arriverait plus.

Alice écoutait silencieusement les énièmes menaces de Carry à son encontre. Cette fille inversait la situation, faisait passer Alice pour la méchante de l’histoire. Était-elle aveuglée à ce point ? La jeune Sangblanc en restait pantoise. Elle aurait volontiers corrigé les mots de Carry pour lui signaler qu’il s’agissait là d’une défense contre sa folie et non d’une attaque mais ... Harrison était incapable de faire la part des choses. A ses yeux, la Terre se devait de tourner autour d’elle. C’était elle l’égoïste. Quelle pauvre fille, à chaque mot elle tombait toujours plus bas.

Le regard de Carry avait encore changé. Sa fureur semblait lui redonner des forces. Elle ne pourrait cependant pas s’en prendre à Alice sans que cette dernière n’attaque en première. Qu’allait-elle donc faire ?
Cracher son venin au visage d’Alice en utilisant la mère de l’irlandaise. Oh ce n’était pas ces insultes, ni son interprétation des pensées de Renesmée Nerrah qui l’a touchèrent, tout cela elle le savait déjà. Non, ce qui frappa Alice en plein cœur, se fut d’apprendre que sa mère avait recueilli Carry. Voilà donc pourquoi cette peste avait parlé de Limerick précédemment. Elle l’avait trahi, encore une fois. Mais que cherchait-elle a faire au juste ? Pourquoi avait-elle fait cela ? Tout se bousculait dans les pensées de la fillette. Devait-elle être surprise ? Peut-être pas. Tout de même ... sa mère ne pouvait pas la haïr à ce point, si ?

« Un monstre recueillant un monstre, il n’y a rien de surprenant à ça. » rétorqua Alice. « Mais sache que si je dois dénoncer ma mère pour que tu perdes tous tes foyers... je le ferai. »

De la vengeance à l’état brut, voilà ce qui animait les lèvres d’Alice. Son domaine pouvait disparaître, cela importait peu tant que Carry perdait tout. Quant à sa mère, cette traîtresse qui ne l’avait jamais aimé... le cœur d’Alice se serrait. Oncle Magnus souffrirait-il si sa sœur venait à disparaître ? En voudrait-il à sa nièce ? Alice ne voulait pas lui faire de mal, pas à lui.

La jeune Sangblanc éloigna son corps de celui des Carry, sa baguette ne quittant jamais le menton de cette dernière, ses yeux toujours posés sur elle. Cette entrevue n’avait que trop duré, il fallait s’en aller à présent. Rejoindre Aliosus, Brett et Irisia, et ne plus jamais les quitter, au risque de devoir s’imposer la vie d’un maudit match de Quidditch.

« Souviens toi de ce que je t’ai dit » glissa Alice en reculant jusqu’à la porte des toilettes, sa baguette quittant petit à petit le menton de Carry. « Et je te conseille de laisser Yesenia tranquille, quelque soit l’idée que tu aies derrière la tête la concernant. »

Alice enroula ses doigts autour de la poignée de la porte et la poussa pour sortir, sans jamais tourner le dos à Carry, ce serait une grave erreur.
Elle referma la porte après avoir quitté la pièce et, d’un coup de baguette, jeta un Collaporta. Le sortilège prit place immédiatement sur la porte des toilettes abandonnées. Il ne durerait pas longtemps, mais lui laisserait suffisamment de temps pour disparaître avant que Carry, dans un élan de fureur, ne l’a poursuive. Il ne fallait laisser aucune opportunité à cette démone, Alice l’avait apprit à ses dépens.

Sa baguette au flanc, Alice se mit à courir, désireuse de quitter ce couloir au plus vite pour regagner sa salle commune et la protection de ces murs de pierre.

Fin du RP pour moi. Merci pour ce RP ma Carry

Alice n’aurait jamais dû prendre le dessus. Elle n’aurait jamais dû se retrouver en position de force et en plus se permettre de s’en sortir indemne après les menaces qu’elle venait de proférer. Ne quittant pas d’un seul regard la traitresse Sangblanc, Carry guettait la moindre opportunité qui lui permettrait de se rapprocher de sa proie et lui faire mordre la poussière une nouvelle fois. Mais ce moment ne semblait ne jamais venir, non, en fait, il ne vint jamais. Armée de sa baguette, Alice reculait un pas après l’autre en gardant en ligne de mire Harrison qui tentait de réduire la distance qu’il y’avait entre eux en faisant glisser ses pieds sur le sol humide du couloir mais malgré le fait d’avoir pris ses précautions, la deuxième année avait réussi à sortir d’un coup de la pièce avant de refermer d’un coup la porte derrière elle. Une fois complètement seule dans l’allée du château, le visage d’Harrison défigurée par la colère, laissa un grognement sombre et féroce sortir de sa bouche avant qu’elle ne se jeter sur le poignet de la porte après de longue enjambée furieuse.

La fatigue qu’elle ressentait un peu plus tôt ? Elle était toujours présente et lui fit rappeler qu’au moindre faux mouvement, son corps pourrait céder sous son poids d’un instant à l’autre. Mais de cela, elle n’en avait que faire. Elle venait de se faire menacer et humilier sans qu’elle ne puisse répondre quoi que ce soit face à ce diable qui allait sans aucun doute vendre le monde sorcier si elle en avait les moyens. Concrètement, Carry venait de perdre cette manche et elle n’arrivait toujours pas à le digérer. Dans sa tête, elle avait encore une chance de faire basculer cette manche en sa faveur mais cela ne pouvait arriver uniquement si elle rattrapait la jeune Alice.

Elle tira une fois, puis une deuxième fois et enfin une troisième fois de toute ces forces mais la porte refusait de s’ouvrir. Perdant patience et refusant de voir sa défaite, Carry commença à donner des coups d’épaule à la porte en essayant tant bien que mal d’ignorer la douleur qui se faisait plus brulante après chacun de ses coups. Désespérée par sa situation, Carry laissa sa tête lourdement taper contre la façade la porte en la laissant coller et tapa du poing avec force.

C’était finis, la troisième année se rendait compte qu’il était inutile de se noyer dans la désillusion plus longtemps. Après tout ce temps, Alice devait sûrement avoir réussi à rejoindre son petit enclos où elle se sentirait en sécurité prête à raconter plus de mensonge pour tromper son entourage. Consciente de son échec et de sa faiblesse, Carry tapa la porte du poing une nouvelle fois et laissa échapper dans un rugissement de colère mélanger à des pleures le nom de sa pire ennemie.

-SANGLAAAAAAAANC !

Dans le couloir sombre qui s'étendait derrière la fillette, elle tourna son dos face à la porte sans élégance et se laissa glisser par terre de fatigue sans faire attention à sa tenue qui s'écrasa contre le sol froid et humide. Dans un silence promettant la mort au moindre bruit, Carry se laissa doucement sombrer dans un état second...Juste un moment pour réaliser ce qui venait de se passer.

Voilà fin de notre Rp, merci beaucoup ma Alice pour ce moment que j’ai adoré partager avec toi