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15 avr. 2020, 20:49
La passion se teinte de mille couleurs  PV 
Vendredi 6 Mai 2044 - 16h08


Il y avait du bruit dans les couloirs. La vieille musique du vendredi soir, redondante, familière. Les yeux lourds d'avoir trop fixé les tableaux noirs, Saul chantait avec les autres, prenait part à la mélodie. Entouré de deux amis, il laissait sortir les mots comme ils lui venaient, riait en accueillant d'autres rides sous ses yeux. La fatigue pouvait s'inviter, il l'attendait, avait laissé la porte ouverte et en attendant il tendait les bras au week-end qui se profilait. Enfin. Se lever en laissant de l'avance à la course du soleil, traîner, bailler, manger en mastiquant longuement. Plus les journées d'été s'allongeaient et plus le système de Saul semblait se ralentir. Un peu comme un vieil ours qui aurait oublié d'hiberner au dernier hiver.
La foule se déversait tout au long des couloirs et lui n'avait qu'à suivre le courant. Un pied devant l'autre, encore et encore, et avec un peu de chance il arriverait en salle commune avant les troisièmes années pour avoir une place à la grande fenêtre. Là, au milieu des courants d'air bienvenus il pourrait fermer ses yeux brûlants, se reposer, se blottir dans le vent. Saul hâta le pas. Les sourires un peu fanés de fatigues, les joues roses, les mains serrées sur les lanières des sacs défilaient au coin de ses yeux. Il avait laissé des amis derrière sur un signe de la main, pas de pitié quand il est question d'une place de choix. Bientôt ces derniers comprendront assurément son fragile stratagème et tenteront de le rattraper, il devait prendre de l'avance, filer au milieu des rires et des histoires bêtes. Devancer les chaussures cirées, les bottines qui claquaient et les tâches d'encre volan-...
L'enfant ralentit, plissa les yeux. Qu'est ce que... L'éclat bleu attira à nouveau son attention un peu plus loin, alors il se pencha sur la droite, tentant de voir par les minces fenêtres qui s'offraient à lui au milieu de toutes ces robes.
Ô par Merlin...
Le visage de Saul prit d'abord une teinte pâle de surprise lorsqu'il aperçut un renard d'encre qui trottinait plus loin, avant de rougir d'une curiosité et d'une joie sans borne. Un Mngwi. Depuis 11 ans que papa lui en parlait, il n'en avait jamais vu en vrai. En réalité il s'attendait plus à en trouver au milieu d'un désert africain que dans un couloir bondé de Poudlard.

-Hey Saul! Tu pensais nous avoir hein? Hé, la fenêtre tu l'auras avec nous, ou pas du tout vieux troll!

Une lourde main vint lui frapper l'épaule avec entrain et, le gamin se tourna vers ses amis, perdant aussitôt de vue le renard d'encre qui tournait à l'embranchement du couloir. Gauche, vers les escaliers. Il adressa un sourire pressé à ses camarades, un petit "Oui oui voilà bah je vous retrouve là-bas." et s'élança à la poursuite de l'esprit.
Il y avait déjà moins de monde dans les escaliers, généralement on ne s'y attardait pas, de peur d'avoir à attendre un siècle encore que ce vieux tas de marches veuille bien vous redéposer devant votre pallier. Saul repéra donc rapidement le renard et lui emboîta le pas sans réfléchir.

Seulement il ne lui fallut pas longtemps avant de tourner les talons sur une marche de l'escalier pour en redescendre... ou s'arrêter brusquement sous la secousse de ce dernier.
Merde merde et merde!
Accroché à la rambarde il voyait avec dépit le sol de l'étage qui s'éloignait. Il était coincé.
Avec.
Elle.
Merde...
Aelle.

Oh il l'avait évité avec brio maintes et maintes fois, et de même elle n'avait jamais montré le souhait de lui refaire face. Le souvenir de la salle de glace était assez fort pour les maintenir éloignés tous deux l'un de l'autre sans qu'aucun entendement ne soit échangé. Et il avait fallu un fichu Mngwi et un escalier pour réduire ces mois d'attentive esquive en poussière.
Les mains de Saul se pressèrent contre la rampe en pierre froide. Une peur familière occupait son ventre tordu et ses doigts tremblants. Une peur irrationnelle, il en était convaincu, il n'avait pas a avoir aussi peur d'une enfant plus jeune que Lyra. Pourtant il sentait son cœur s'affoler et sa raison n'y faisait fichtrement rien.
Il voulut s'empêcher de la regarder, attendre le prochain arrêt, qu'importe, sans bouger, peut-être ne le verrait-elle pas. Il n'aurait plus qu'à partir les yeux baissés, comme d'habitude. Mais il y avait cette irascible curiosité. Tremble-t-elle, elle aussi?
Il leva les yeux de ses ongles blancs pour les poser sur ceux d'Aelle. Charbons, tu te rappelles?

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

17 avr. 2020, 13:06
La passion se teinte de mille couleurs  PV 
6 mai 2044
Escaliers — Poudlard
3ème année



C’est indécent.
Toute cette joie, tout ce bonheur.
Mon coeur en déborde, s’échappe de ce dernier des vagues de bien-être, des coulées de liesse pure. C’est indécent d’être aussi heureuse alors que le monde va aussi mal, n’est-ce pas ? C’est indécent d’avoir envie de sourire jusqu’à l’infini, sourire à m’en arracher les lèvres, alors qu’Aodren, à chaque fois que je le croise, porte un visage toujours un peu plus blafard, terrifié, amorphe. C’est indécent de rire, de m’extasier, de découvrir, de ne penser à rien d’autre alors que le monde autour de moi est si inquiet, alors que Maman et Papa sont en danger, alors que Dehors, le monde est en train de se casser la gueule. C’est indécent de n’en avoir rien à faire du coup d’état de Parkinson, de ne pas penser à l’hôpital qui est victime des regards que porte sur lui le nouveau Conseil, c’est indécent de ne pas m’en faire pour le Ministre, pour tous ces gens qui ont crevé pendant l’attaque du Ministère.

Zikomo est là. Zikomo est près de moi. Zikomo est avec moi. Il est doux et ses crocs font aussi mal que je le pensais. Il me fait rire quand il me saute dessus, il me fait sourire quand il dort près de moi, il me fait vivre quand il me taquine. Il est là, réellement là. En chair, en os, en poils bleus, en crocs, en sourires, en regards. Il est là et tout le monde peut le voir, il est là et je ne suis plus obligé de me cacher pour lui parler. Il est là et c’est tout. Oh, des questions m’ont été posé ; j’ai eu de la chance que Thalia n’insiste pas pour savoir d’où il venait. Et les Autres, qu’ils aillent se faire foutre. Je les ai tous remballé. Zikomo a dit que ce n’était pas très gentil, je crois qu’il était étonné de me voir agir ainsi avec les Autres. Après tout, c’est la première fois qu’il me voit en-dehors du dortoir. Mais ce n’est qu’un détail. Il est là, avec moi, et je brûle de bonheur, je m’embrase de joie. J’ai l’impression que je pourrais mourir maintenant que je serais comblée ; le monde crève, mais moi j’ai tout ce que je désire : Thalia tous les jours avec moi et maintenant Zikomo, qui m’accompagne où que j’aille.
A quelques détails près.

Il n’a guère pu m’accompagner en cours, bien que j’ai tenté de l’y inviter. Alors il m’a rejoint à la sortie. Il m’attendait là, dans le couloir. Tout petit, tout discret, tout bleu. Et nous sommes partis, tous les deux, rejoindre Thalia. A présent dans les couloirs, je marche à grands pas pour m’extirper de la masse des Autres. Ils font du bruit, ils crient, rient, bousculent ; cela n’a pas changé malgré l’effondrement du monde. Ils prennent de la place, ils sont de trop. Alors j’avance rapidement pour m’échapper, pour enfin me retrouver seule avec Zik et pouvoir lui parler, lui parler sans fin. Au détour d’un escalier, la créature me passe devant, bondissant sur les marches. J’accélère, le suis à la trace. Je soupire en atteignant un escalier moins fréquenté. J’aperçois le Mngwi ; d’un bond, il atteint le palier. Je cours pour le rejoindre jusqu’à ce que… D’un tremblement, la volée d’escaliers se détache du palier. *Zik !*. Il me regarde m’éloigner ; je lui ai expliqué que les escaliers étaient des fous, mais il n’avait jamais vu cela de ses yeux.

« ‘Fais chier, putain…
Tu vas aller jusqu’où, comme ça ? » me lance Zikomo qui s’éloigne peu à peu de moi.

Je m’accroche à la rambarde, déstabilisée, et secoue la tête d’un air impuissant. Parfois, les escaliers restent bloqués très longtemps. D’autres fois, moins. La frustration m’étouffe un instant ; je grimace à l’intention du Mngwi qui sera bientôt hors de voix.

« J’sais pas ! crié-je. On s’rejoint à la Salle Co’. La Salle Co’, hein ! »

Mais déjà, il ne m’entend plus. Je grogne et m’affale contre la rambarde, les jambes tremblantes, évitant de regarder vers le bas. Si le vertige n’est rien pour moi, il n’est tout de même pas agréable de voyager sur un escalier volant. Je lance un regard désabusé aux Autres qui m’accompagnent, l’esprit tourné vers Zikomo et Thalia, vers le temps que je perds à être coincé ici.
Mon regard passe sur lui sans que je ne le reconnaisse.
*Un Autre*, murmure mon esprit.
Mon coeur n’est pas d’accord. Il m’envoie un grand coup qui m’arrache ma respiration. Bouche bée, je le reconnais.
L’Enfant-Roi.
L’abruti.

Un poison s’écoule brusquement dans mes veines. Plus de joie, plus de bonheur pour me donner vie. Tous annihilés par la honte, la colère, les souvenirs. Tout me revient rapidement ; la salle de bal, Chu-Jung *pense pas à lui !*, les sortilèges, le crachat, la haine. Thalia. Tout au bout de mes bras, mes poings se serrent. Mon coeur se meurt en battements sous ma cage thoracique.
Ce garçon, je le hais.
Ce garçon, il connaît Thalia ; peut-être mieux que moi.
J’ai tout fait pour l’éviter ces derniers mois, et peu à peu je n’ai même plus eu besoin de le faire : il a disparu de ma vision, je ne le voyais plus dans les couloirs, je n’y pensais même plus. Pourtant, des milliers de fois j’ai hésité à demander à Thalia de me parler de lui, de ce qu’il savait, de ce que voulait dire Tarann ; je ne l’ai jamais fait — trop peur, trop mal.

Mon visage se tord en une moue dégoûtée. Il ne m’inspire que cela. De la pitié, du dégoût. Et autre chose qui fait sursauter mon coeur, qui me fait reculer un petit peu, m’éloigner de lui, du pouvoir qu’il a sur moi. Ce gars-là est dangereux, dangereux pour moi. Je ne veux rien avoir à faire avec lui.
Jamais.
Plus jamais.

Une main sur la rambarde, je me détourne un peu, laissant mon regard caresser les tableaux. L’escalier continue son ascension, lente, trop lente. Comme s’il voulait m’imposer la présence de l’autre abruti, putain de gamin, putain d’Autre. Putain de souvenirs. Du coin de l’oeil, je le surveille néanmoins, ce Gryffondor. Je ne lui fais pas confiance. Plutôt crever que de lui faire confiance, plutôt me jeter dans le vide que de lui tourner le dos. Sur la rambarde, ma main se crispe. Ma haine se répand dans mes veines, nourrie par ma peur, nourrie par les souvenirs.
Dernière modification par Aelle Bristyle le 20 sept. 2020, 13:47, modifié 2 fois.

17 avr. 2020, 18:42
La passion se teinte de mille couleurs  PV 
Bon sang... Thalia. J'ai compris. Je ...je crois.


Dégoût, haine.

Lorsqu'il croise le regard d'Aelle c'est bien tout ce qu'il y trouve.
Et ces éclats ne sont pas pour tout le monde, pas pour tous les autres. Parce qu'il les a vu changer ses yeux, au moment où elle tournait son visage pâle vers lui, au moment où son sourire à coulé, parce qu'elle ne le déteste pas, elle le hait. Ces éclats là sont pour lui, rien que pour lui.
Lorsqu'elle se recula comme dans un sursaut, les mains du gamin serrées contre la pierre se refermèrent en deux poings tremblants. Il détourna le regard, déjà accablé par le remord d'avoir laissé ses yeux la chercher, la trouver. Jamais. Jamais un regard aussi lourd n'avait pesé sur lui que celui d'Aelle. Elle s'était éloignée de lui comme on s'éloigne d'un rat. Voilà ce qu'il était pour elle. Un rat qui l'observait de ses yeux rouges.
Frisson.
L'image trop dure l'aveugla, il ferma les yeux. Dans le noir les deux points de sang dansèrent encore un peu puis s'effacèrent sous les étoiles qui naissaient de ses paupières. Fermer fort les yeux, remplacer le noir par le blanc. Comme sur le sol de pierre où il avait finit par se laisser couler ce jour . Ce jour où, comme maintenant, il aurait aimé se demander pourquoi elle le haïssait tant sans savoir parfaitement. Sans savoir qu'il avait parlé, crié, gueulé des choses dont il ignorait tout. Ce jour là il avait pleuré, non pas le feu qui l'avait englobé ou le regard de cette fille, mais sa monstruosité à lui. Ce jour là il avait pleuré le reflet qu'elle lui renvoyait.
Le monstre qu'il découvrait.

Il rouvrit ses yeux secs, balaya d'un reniflement le souvenir de la pierre froide dans son dos et des larmes brûlantes sur ses joues. Ça n'était clairement pas le moment de se morfondre, ça n'était pas dans sa nature. Comme pour Tarann peut-être, le regard trop vrai d'Aelle le transformait de l'intérieur. Mais lui ne se laisserait pas faire. Non il ne se changerait pas en ce monstre aux yeux rouges qu'elle lui reflétait si bien. Il le dompterait, ne le laisserait pas emplir sa tête, le changer en tempête. Mais pour ça il n'y avait qu'un seul chemin, un seul moyen.
Il se redressa, creusant ses paumes de ses doigts qui tremblaient toujours. Un seul chemin que l'escalier dessinait pour lui, un seul moyen qui l'observait du coin de l’œil. Mais tandis que ses yeux n'avaient pu s'empêcher de se tourner vers Aelle, tout son corps maintenant se figeait à l'idée d'avancer vers elle. L'enfant ne pouvait que se tenir de côté, en bas de l'escalier, les poings serrés et les yeux fouillant les tableaux à la recherche de... De quoi finalement? Il n'en savait rien. Le mouvement lui donnait le vertige. Il voulait simplement sortir de là.
Oui, sortir.
Courir encore dans les couloirs, s'enfermer quelque part, pleurer encore et encore, effrayé par un simple cauchemar.
Saul réveille toi bon sang...

L'enfant se mordit la langue tandis que son cœur tirait d'un côté et de l'autre.
Saul.

Il inspira, soulevant ses épaules, laissant l'air le grandir, le remplir... Puis il souffla et se tourna, la langue toujours coincée entre deux canines et un pas après l'autre, il se rapprocha d'Aelle. Il s'arrêta quatre marches plus bas, soudain complètement absorbé par la corne de ses chaussures. Dans sa tête se mêlaient cris, murmures et plaintes. La foule du couloir n'était rien comparé aux mots qui se bousculaient derrière son front. Par deux fois il ouvrit la bouche avant de la refermer aussi vite, par deux fois il fut prit d'un élan brusque pour fuir au plus bas des escaliers. Ses oreilles chauffaient tant qu'il eut un mouvement pour porter ses doigts froids à ses tempes. Une décharge le parcouru quand il toucha le lobe brûlant. Le gamin laissa retomber sa main le long de son corps.

-A-... Aelle.

Peu importait maintenant sa réaction. Pouvait-il y avoir pire? Pouvait-on plus haïr quelqu'un? Sûrement. Mais Saul à cet instant en doutait profondément. Alors il continua tentant du mieux qu'il pouvait de contrôler sa voix.

-Je.

Sa voix se cassa et il jura intérieurement. Ses yeux se perdait entre ses deux souliers. Lequel regarder? Droite? Gauche? Il ferma les yeux l'espace d'un instant, se fixa sur l'angle entre les deux.

-Je suis désolé pour la dernière fois.

Il pensait respirer après l'avoir dit mais ça voix ne pu que s'enrouer d'avantage.

-C'était... moche. De ma part.

Délaissant sa langue meurtrie contre l'intérieur de sa joue, il leva la tête. Pas vers Aelle, vers les tableaux qui défilaient devant lui.
Ils passèrent près d'un mur et une jeune mère d’acrylique berçant son petit lui sourit.
Rouge.

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

18 avr. 2020, 20:19
La passion se teinte de mille couleurs  PV 
Douloureux sont les battements de mon coeur qui frappent contre ma cage thoracique. Le rythme est lent, languissant, et pourtant les coups sont profonds et chacun d’eux ancre ma haine un peu plus fort en moi. Je n’aime pas tout ce que me rappelle ce garçon, je n’aime pas les souvenirs qui me hantent, je n’aime pas les doutes qui me reviennent, qui me chavirent.
Thalia ; je doute.
Tarann ; je doute plus fort encore.
« Quoi ? J'ai dit Thalia ? Ah... hum pardon. Je voulais dire Tarann. »
Comme alors, sa voix me frappe. Comme alors, ses paroles changent mon sang en glace. Comme alors, mon coeur sursaute. A ce moment-là, la dernière fois, j’ai imaginé le frapper si fort qu’il ne se serait pas relevé. A ce moment-là, la dernière fois, je n’en ai rien fait, étouffée de rage comme j’étais. Figée, j’étais. Tétanisée, j’étais. Comme ce jour-là, aujourd’hui je tremble mais n’agis pas. Cette fois-ci, pas d’image dans ma tête, pas d’envie, pas de besoin de détruire. Seulement un froid écrasant qui s’installe dans la moindre parcelle de mon corps et qui recouvre ma peau d’une nuée de frissons.

Détourne-toi, essaie de m’imposer mon esprit. Détourne-toi et ne le regarde plus. Il ne mérite rien de toi, ni coups ni colère. Il ne mérite pas que j’use de ma rage pour lui, que je gaspille tant d’effort. Et pourtant, pourtant je suis incapable de me détourner. Et quand, du coin de l’oeil, je l’aperçois qui grimpe les escaliers vers moi, j’en oublie tout à fait les ordres de mon esprit pour lui offrir ma face, tremblante. Du haut de mon escalier, je le regarde s’approcher. Il est tout petit, ainsi, roi détrôné qui rampe sous mes pieds. Et pourtant… Pourtant c’est moi qui parait minuscule, c’est moi qui meurt sous les battements de mon coeur. Et j’ai honte, j’ai honte mais l’effroi me fige. L’effroi m’empêche de bouger et je suis réduite à cela, attendre qu’il grimpe vers moi, terrifiée de ce qu’il me dira, des paroles qu’il m’offrira. Et s’il venait juste pour me frapper ? pensé-je, horrifiée. Et s’il me poussait ? Je jette un regard par-dessus mon épaule ; là, le vide. L’escalier continue sa danse dans l’espace, prison volante qui n’offre aucun échappatoire, si ce n’est la chute. Je frissonne violemment, coince mon dos contre la rambarde, enfouie une main dans ma poche pour entourer ma baguette de mes doigts tremblants, et enfin je regarde, la peur s’inscrivant sur mes traits, venir à moi ce petit garçon que je déteste de toute la force de mon coeur.

Il s’arrête là, quatre marches plus bas. Plusieurs fois, je suis tentée de sortir ma baguette pour l’en menacer, mais jamais je ne le fais. Mes yeux sont attirés par la danse de ses lèvres — il essaie de parler, il essaie de Dire. Et je ne peux pas m’empêcher de songer qu’enfin il me donnera ce que je veux : Thalia. Il est là pour me dire la vérité, c’est certain.

« A-... Aelle. »

Un sursaut, mon coeur sombre. Mes doigts se referment si fort sur ma baguette que je sens le craquement de mes phalanges. TA GUEULE ! ai-je envie de crier. FERME TA PUTAIN DE GUEULE ! J’ai envie de lui arracher du bout des dents ce prénom qui hante si bien ses lèvres, oh j’ai tellement envie de le lui arracher que je détourne les yeux, un instant, troublée par ma propre violence.

« -Je. » Une inspiration brusque ; sous ma cage thoracique, mon coeur s’envole. -Je suis désolé pour la dernière fois.

*Quoi ?*.
C’est un regard écarquillé que je pose sur lui, bouche bée que je suis, enfermée dans ma surprise. Il s’excuse ? Il admet donc m’avoir… M’avoir quoi ? C’est moi qui ait voulu le cramer ; j’aurais pu si je n’étais pas aussi en colère. C’est moi qui lui ait craché dessus. Mais c’est lui qui a joué avec moi, c’est lui qui m’a cherché, c’est lui qui a attisé ma colère. C’est lui sous toutes ses formes qui s’est révélé être un serpent, un lâche et un menteur.
Et il n’ose même pas me regarder.

« C'était... moche. De ma part. »

Un pas le rapproche de moi.
D’un geste semblable, je monte d’une marche pour m’en éloigner, le dos toujours bloqué contre la rambarde, une main accrochée à la pierre, l’autre cachée dans le secret de ma poche.

Mon visage se tord sous ma respiration brûlante. Ma bouche se contorsionne en une grimace, mes narines se dilatent pour laisser passer l’air qui nourrit ma haine. Il m’aura tout fait. Jouer avec moi, puis s’excuser. M’insulter, puis s’excuser. Me mentir, puis s’excuser.
Je le méprise.
Je le méprise si fort que si je le pouvais, je tournerais les talons et m’enfuirais loin de lui, aussi loin que possible. Mais je ne le peux pas. Je suis coincée ici, sur cet escalier qui n’en fait qu’à sa tête, avec cette tronche de con qui empeste le mensonge. Sans avoir conscience que je le fais, ma bouche s'ouvre et je parle. Je chuchote d’une voix dangereusement basse, les yeux braqués dans les siens qui me fuient, en lâche qu’il est.

« J’ai pas peur de t’frapper jusqu’à qu’tu cries. » Cette phrase, je la lui ai offerte avant qu’il ne m’abandonne dans la salle de bal, en larmes, la rage au coeur. « Tu t’souviens ? »

Je ne lui laisse pas le temps de répondre. Je ne sais pas ce qu’il me prend, la seule chose que je fais c’est que je veux me venger, lui faire comprendre qu’il peut gagner une fois contre moi, mais pas deux. Alors je m’éloigne de la rambarde et me place juste devant lui, le dominant de ma taille.
Dernière modification par Aelle Bristyle le 20 sept. 2020, 13:50, modifié 1 fois.

20 avr. 2020, 18:17
La passion se teinte de mille couleurs  PV 
Le tableau passe.
La femme disparaît de son champ de vision.
Il aurait tant aimé pouvoir la rejoindre dans son univers molletonné de peinture épaisse.
Mais la femme et son enfant passent et Saul se retrouve seul face à son cauchemar.

Il le sent qui respire là sur sa gauche. Son souffle est bruyant, mais pas comme celui du cerf après la battue; son souffle résonne comme un volcan qui gronde. Qui lui gronde de partir, de fuir. Oui depuis qu'il en héberge un dans sa poitrine, Saul comprend les volcans qui soufflent, qui grondent. Et il a tellement envie d'écouter celui-ci, de se fier à la peur qu'il lui inspire. Mais il reste là et ses yeux retombent sur le bout de ses souliers. Parfois, il le sait, il ne faut pas écouter les volcans, ça s'appellerai être lâche. Maman dirait que ce serait être imprudent d'être toujours sourd à leur menace mais parfois il faut savoir rester là, et essayer se tenir droit face au murmures macabres de la lave. C'est ce que Saul lui aurait répondu. Et que ça c'est le courage.
Le problème c'est qu'il n'a encore jamais répondu ça à Maman: il ne savait pas encore ce que courage voulait vraiment dire. Peut-être ne le sait-il toujours pas... Mais face à Aelle, face à ce qu'il a dit et ce qu'il va dire, il croit savoir, du fond du cœur, ce que c'est, le courage. Il n'a encore jamais répondu ça à Maman alors il ne sait pas ce qu'elle en penserait. Il se trompe peut-être sur toute la ligne.

-J’ai pas peur de t’frapper jusqu’à qu’tu cries.

Il gronde plus fort. Saul sent ses épaules puis tout son corps se raidir à l'écoute de cette phrase troquée au passé. Mais étrangement les mots le calment plus qu'ils ne l'effraient. Il les a déjà vaincus. Non ce n'est certainement pas ces mots vides de sens qui resserrent sa mâchoire sur l'intérieur de sa joue. Ce qui fige chacun de ses muscles, ce qui blanchit les jointures de ses poings fermés sur les pans de sa robe de sorcier c'est le grincement de cette voix brûlante et si dure, mais par dessus tout c'est ce que l'enfant sent alors sur ses paupières baissées: un regard qui n'attends que le sien pour l'avaler.

-Tu t’souviens ?

Hochement lent, fichtrement lent de sa tête qui semble si lourde, comme figée dans le temps, réduite à courber sa nuque pour le restant de cet instant.
Et puis un mouvement à sa gauche réveille d'un seul coup le corps du gamin. Un tressaillement le parcours de l'échine aux talons tandis qu'elle avance. Il ne le sait que parce qu'il voit ses chaussures descendre, une à une les marches qui les séparaient et se placer côtes à côtes juste devant les siennes. Elles se font face maintenant: quatre bouts de cuir usés par les regards baissés. Deux au moins.
Oh comme il a envie de redresser sa face blanche vers celle d'Aelle, de lui grimacer comme elle le fait si bien un regard de dégoût. Comme il a envie de lui cracher à la face comme elle lui avait fait ce maudit jour d'Octobre. Il avait tant envie de lui crier de s'éloigner. Au lieu de cela il hocha de nouveau de la tête, peut-être dans une tentative désespérée de la relever vraiment.
Ce jour d'hiver, ces mots avaient demandé une réponse. Ils avaient leur raisons, sûrement. Saul qui ne l'avait pas était parti. Il avait ses raisons, lui aussi.
Il recula un peu, pour ne pas brûler sous ce regard qui lui était de plus en plus difficile à supporter. Pour ne pas fondre sous les cendres brûlantes. Ne surtout, surtout pas fondre en larmes.

-C'était moche de ma part parce que je savais rien. Parce que Tar- 'fin Thalia avait pleuré... fort, quand j'ai dis ton nom, j'ai- j'pensais que c'était d'ta faute. On aurait dit qu'elle avait avait un orage à l'intérieur et j'pensais que c'était d'ta faute. J'crois qu'elle... -il hésita, resserra ses mains sur sa robe. Avait-il le droit de dire ça?- qu'elle aurait voulu te donner son nom mais- mais j'en sais rien! J'pensais juste que tu l'as détruisais mais c'est pas vrai, c'est pas ça, ça je l'sais, c'est juste moi qui...

Il le débita d'un seul trait pour ne pas avoir envie de s'arrêter pour de bon mais les derniers mots bloquèrent et il serra les dents pour que les larmes qui brûlaient ses yeux ne coulent pas sur ces joues, là où elle aurait pu les voir. Mais lui il ne voyait plus grand chose. Il n'y avait plus que le sol brouillé, aux couleurs qui se mélangeaient derrière ses larmes. Il se recula encore de peur qu'Aelle n'entende son cœur qui tambourinait contre lui.

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

21 avr. 2020, 13:12
La passion se teinte de mille couleurs  PV 
Je ne vois que ses cheveux. Une tignasse de cheveux qui me cache les traits de son visage. Ses yeux baissés, sa tête cachée. Il reste ainsi, ne bouge pas, ne réagit même pas à ma présence. Et moi, poings serrés, l’un dans le vide et l’autre autour de ma baguette, j’attends en tremblant, le souffle court et le coeur affolé. J’aimerais qu’il lève la tête pour m’offrir son regard, j’aimerais me planter dans ses yeux *bleus* et lui imprimer dans les rétines à la force de mon regard de suie tout ce que je pense de lui, tout ce qu’il m’inspire. J’aimerais qu’il garde la tête baissée, qu’il garde son regard loin de moi pour ne pas me forcer à le violenter. J’aimerais qui joue au lâche, comme cela j’aurais raison d’être dégoûtée de lui, de le détester, de le haïr. J’aimerais que rien ne change, que tout reste ainsi ; moi, qui trône et lui, qui rampe. C’est comme cela que ça aurait dû être depuis le début, il n’aurait jamais dû me faire chialer, il n’aurait jamais dû me parler de Thalia. Si je lui avais fait comprendre dès le début qu’il n’avait pas intérêt à me les briser, jamais cela ne serait jamais arrivé, jamais je n’aurais douté de Thalia, jamais je n’aurais dû résister à l’envie de lui poser des questions. Et surtout, surtout, jamais je ne me serais retrouvée là, aujourd’hui, face à lui, tremblante de toute ma rage, frémissante de toute ma colère, avec dans le coeur une envie déstabilisante de lui faire du mal, à ce petit garçon qui n’ose même pas lever les yeux vers moi.

Comme un vieillard, il dodeline de la tête.
Il ne bouge pas, il ne réagit pas.
*Bouge, putain !*.
Crispée, je résiste à l’envie de le saisir par les épaules pour le faire réagir. Je respire profondément. Merlin, comme un gars que je n’ai pas vu depuis des mois peut me mettre dans cet état ? Pourquoi peut-il avoir ce pouvoir sur moi ? Qui est-il, merde, pour me rendre comme ça ?

Je sursaute quand il recule. Je ne m’attendais certes pas à ce qu’il bouge. Mais, toujours lâche, il ne lève aucun regard dans ma direction. Il use ses foutus yeux sur le bout de ses chaussures. Et enfin, sans que je ne m’y attends, sa voix résonne.

« C'était moche de ma part parce que je savais rien. » Mon coeur s’agite ; il parle de la dernière fois ! « Parce que Tar- 'fin Thalia…. » *Dis pas son prénom !* « … avait pleuré... fort, quand j'ai dis ton nom, j'ai… J'pensais que c'était d'ta faute. »

*Quoi ?*. Déstabilisée, je détourne le regard. Mon coeur s’est fait bousculé si fort qu’il semble s’être arrêté. Et les mots tournent et tournent dans mon esprit. Thalia avait pleuré fort quand j’ai dit ton nom. Thalia a pleuré fort quand j’ai dit ton nom. Thalia a pleuré à cause de toi. Elle a pleuré. Quand était-ce ? En octobre ou en novembre ? En commençait à traîner ensemble, on était très souvent ensemble. Je n’ai rien fait, je n’ai jamais rien fait pour lui faire du mal. Mes yeux donnés aux peintures qui habillent les murs, je papillonne des paupières pour en faire partir les larmes. Les traîtresses ! Elles sont arrivées sans que je ne les invite ! Ma gorge est serrée. C’est débile ! D’un geste rageur, j’efface mes yeux humides.

« On aurait dit qu'elle avait avait un orage à l'intérieur et j'pensais que c'était d'ta faute. » Ça l’est ? « J'crois qu'elle... Qu'elle aurait voulu te donner son nom mais… » *Hein ?*. Je ne comprends pas. Je n’ose pas le regarder. Mon coeur me fait mal, Merlin. « … mais j'en sais rien ! J'pensais juste que tu l'as détruisais mais c'est pas vrai, c'est pas ça, ça je l'sais, c'est juste moi qui… »

Que tu la détruisais.
Que tu la détruisais.
Mais il ne sait rien ! Il ne sait rien du tout ! Mon coeur glacé par les propos de l’enfant se fait envahir par une rage brûlante. Mon coeur s’arrache d’un battement, puis d’un second. Une multitude enfin lui fait retrouver son rythme de haine. Bam ! Bam ! Il frappe si fort que je ne sais même plus quoi penser. La respiration difficile, le regard tourné loin du garçon, j’essaie de maîtriser mes tremblements pour réussir à dégueuler ce qui me pèse sur l’âme. *Il sait rien* ! essayé-je de me convaincre. Rien du tout, il dit de la merde. D’ailleurs, qui te dit qu’il ne ment pas, cet abruti ? C’est un joueur, c’est un bouffon. Rien venant de lui ne doit être pris au sérieux. Et pourtant… Pourtant mon coeur tremble et mon coeur souffre. L’image de Thalia m’abime les rétines. Les larmes dans mes yeux sont brûlantes. Le vacarme de mes pensées est étourdissant. Je dégueule les seuls mots que je suis capable de dégueuler, la voix tremblante, les mâchoires crispées. Retenant ma peur ; retenant ma rage. Je suis prête à exploser, mais avant cela, je dois savoir.

« C’est toi qui quoi ? » assené-je difficilement, en un souffle. Puis, parce que les mots me bouffent de l’intérieur : « Je la détruis pas, grondé-je, bouillante de rage. Je la détruis pas, c’est clair ? »

Ma voix s’élève, ma voix danse avec les hauteurs. Et mon regard lui, ne peut pas revenir auprès du garçon. Je ne peux pas le frapper de mes prunelles noires-de-nuit. Parce qu’elles sont pleins de larmes et que jamais, jamais je ne lui laisserais une nouvelle occasion de me faire du mal.
Respire profondément. Respire, respire. Ravale tes larmes. Tu vas arracher sa vérité à ce garçon, du bout des doigts et du bout de ta baguette, peu importe. Tu le feras.

16 sept. 2020, 18:45
La passion se teinte de mille couleurs  PV 
Je l'ai dit.
La vérité.
Maintenant elle va comprendre,
Maintenant elle va... elle va arrêter de crier,
Elle va dire que c'est pas grave,
Elle va dire qu'elle comprend,
Elle va calmer les grondements du volcan,
Elle va arrêter de crier
Elle comprend,
Elle...


Sur l'intérieur de ses manches, les mains de l'enfant se crispaient et se relâchaient tant bien que mal au fil de ses pensées. Elles battaient, littéralement, dans un rythme rassurant, invitant son cœur à suivre le même mouvement. L'autre, seulement, était bien têtu et continuait, sans relâche, à tambouriner contre la cage que lui faisait le torse du gamin. Un oiseau sauvage qui se jetait contre les barreaux, sans perdre le vain espoir de briser contre ses plumes l'acier qui le retenait.
Elle va comprendre.
Alors que ses poings se fermaient plus fort encore, enfonçant ses ongles dans la paume de ses mains, Saul se concentra sur les pulsations que faisait le sang au cœur de ses doigts. Parce qu'il n'arrivait presque plus à respirer avec toutes les larmes qui remplissaient ses yeux, son nez, sa gorge, il les ravala, en vain, s'y noyant par deux fois. Sur ses yeux dansaient ses larmes, funambules.
Sur cet escalier ce n'était pas comme à la maison. Là bas, il pouvait crier fort et partir loin, laisser ses yeux se vider. Il avait appris à déguerpir quand les larmes devenaient trop lourdes. Mais les refouler... Les refouler, il ne savait pas. Alors elles restaient là, entre deux et lui n'osait pas bouger, de peur de briser l'équilibre et qu'elles aillent s'écraser à ses pieds.
D'ailleurs ses yeux commençaient à s'habituer aux tâches colorées qui redéfinissait sa vision du monde. Les détails brouillés par l'océan qui les bordait ne laissaient apparaître que des disques de rouge, de brun, et de l'or des lumières, tout autour de ses chaussures. A force de les fixer, il avait finit par imprimer leur image sur sa rétine et c'était bien la seule chose qu'il voyait clairement.

-C’est toi qui quoi ?

Le souffle étouffé d'Aelle brouilla aussitôt la pointe des ses bottines. Saul serra les dents tandis que ses espoirs se diluaient dans ses yeux. Il le savait bien, au fond, qu'on éteint pas un volcan avec des excuses. C'était idiot. Il porta ses mains jointes à son ventre et les serra de toute ses forces. Un mouvement instinctif.

-Je la détruis pas. Je la détruis pas, c’est clair ?

Ça grésilla dans l'air, comme la musique de la radio quand on passe sous un tunnel. Ça grésilla de rage mais étonnement, le cœur de l'enfant battait plus régulièrement depuis ces derniers mots. Peut-être parce qu'ils signifiaient qu'elle l'avait au moins écouté. Peut-être qu'il pourrait réparer son erreur. Saul hocha la tête de haut en bas, s'accrochant de toutes ses forces à cette dernière possibilité... décrochant dans sa méprise trois larmes qui vinrent se briser sur la pierre à ses pieds.
Non!
Vivement, l'enfant essuya le torrent qui manquait tout juste de suivre les premières, espérant de tout cœur qu'elle ne l'avait pas vu. De nouveau il acquiesça et de nouveau il du porter sa manche à son visage pour réceptionner les larmes. Il y en avait plus qu'il n'avait imaginé derrière ses yeux.
Lorsque qu'il eut trempé une troisième fois le tissu de sa robe, sa vision se dégagea enfin.

Son cœur s'était calmé. Il se redressa, releva la tête, se soutenant du regard non pas sur Aelle -hors de question- mais sur sa gauche, parmi les personnages des tableaux dont la course ralentissait autour de lui. La danse de l'escalier se tempérait, ils s'approchaient d'un palier menant à l'aile droite du quatrième étage.
Une porte de sortie. Même si ce n'était pas le chemin vers Gryffondor.
La cage s'était ouverte d'elle-même.
Soupir.
Le gamin n'avait pas bronché. Il avait gardé ses yeux brûlants fixés sur un point à sa gauche. Un rien. Son regard transperçait les murs. Il avait été assez lâche comme ça.

-C'est moi qui ai agit comme un troll. J'ai pensé trop vite, j'ai parlé trop vite et je... je t'ai fait mal. Pour toi c'est pas juste. Pour... Thalia non plus. Je te demande pas de me pardonner.

Sa voix, quoique étranglée, était étonnamment calme.
Il tourna son regard vers Aelle. L'escalier s'arrêta dans une légère secousse.

-Tu... descends là?

Ce n'était clairement pas le chemin le plus court jusqu'à sa salle commune non plus, mais il ne comptait certainement pas la retenir ici.

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

20 sept. 2020, 18:46
La passion se teinte de mille couleurs  PV 
Je suis tellement, tellement heureuse de te lire et d'être emportée par tes mots !

Mon coeur a grossit. Il est lourd désormais. Lourd dans mon corps, lourd dans mon âme. Et mes souvenirs me ramènent des mois en arrière, lorsque j’ai fait connaissance de Thalia, lorsque j’ai fait la connaissance de ce gamin. Je n’aime pas me souvenir de cette période. Ce n’est même pas à cause de cet abruti ou de la tornade d’émotions sur laquelle a démarré ma relation avec Thalia. Non, c’est parce qu’à cette période, il y a avait encore dans l’équation une chose à laquelle je déteste penser. Une chose dangereuse, un Monstre qui sommeille dans mon coeur et qui cherche à se réveiller aujourd’hui, sur cet escalier, alors qu’il n’a rien à faire dans cette histoire. Je ferme brièvement les yeux, un sursaut au coeur ; pourquoi maintenant, bordel ? Comme à chaque fois que le Monstre essaie de se réveiller, j’utilise mon arme secrète. Un coup de pied mental pour le repousser et un rappel des paroles d’une certaine Préfète. « Elle n'est pas là. À Poudlard, je veux dire. » Le Monstre n’existe plus, me répété-je, le Monstre n’existe plus.
Je m’extirpe de mes souvenirs.
Les éloigne de moi.
Ici, c’est Thalia qui importe, Thalia et seulement Thalia. Thalia et la douleur que je semble persister à lui faire. Mais je ne comprends pas, je ne comprends pas ce que je lui ai fait pour que ce gosse pense que je la détruis !

Ma détresse me revient en pleine gueule. Si j’évitais jusque-là le regard de l’Autre, désormais ce n’est plus le cas. Je dépose mes billes de suie sur lui, même s’il m’ignore et persiste à mater ses pieds. *Réponds-moi, s’te-plaît*. Mes mains tremblent au bout de mes bras. Mon souffle est court, mon coeur douloureux. Je déteste cette sensation d’avoir besoin de lui alors que je le déteste si fort. Je déteste attendre après lui alors que dans mon coeur une fournaise hurle à plein poumons. Je déteste me sentir si vulnérable, en proie à des émotions que je ne contrôle pas. Mais je ne peux rien y faire, je ne peux pas retenir les vagues de colère qui me proviennent de plus profond de corps. Je ne peux pas résister au plissement de mes lèvres quand je regarde ce garçon, ni à la rage qui me prend lorsque je pense qu’il ose sous-entendre que je fais du mal à la seule personne qui est importante pour moi, à la seule que j’aim *ta gueule !*.

C’est difficile de retenir mes larmes de couler, mais je le fais pourtant. Je force sur mes yeux, je ne sais pas ce que je fais, mais mes larmes refluent et aucune ne coule. Contrairement à celles du garçon qui semblent dégouliner sur son visage au vue de sa persistance à se le frotter les yeux du bout de sa manche. J’essaie de ne pas faire attention à cette scène. *Il pleure vraiment ?*. J’essaie de ne pas y faire attention parce que je déteste voir les Autres pleurer, parce que je ne comprends jamais pourquoi les Autres pleurent et lui encore moins. Mais cette vision… Cette vision me fait serrer les poings avec plus de force. *C’est ça, ouais, fais semblant d’chialer ! C’pas comme ça qu’tu m’calmeras*. Ce gosse n’y connaît rien, il ne sait rien s’il croit que quelques larmes vont me…

Son regard se lève ! Mon coeur se révolte contre la future rencontre qui va avoir lieu entre nous deux mais… Elle n’a pas lieu. S’il a levé la tête, s’il m’a offert la vision de ses billes bleues, ce n’est pas pour autant qu’il les plonge dans mes yeux. Non, il se contente de regarder quelque part sur ma droite, comme s’il n’osait pas… Comme s’il ne voulait pas… Comme si je n’étais pas assez importante pour lui pour qu’il daigne me regarder. Monsieur l’Enfant-Roi a décidé que je n’étais pas à sa hauteur. *Oh, je le hais !*. Une bouffée de colère me déstabilise, mais je me retiens de lui répondre et de le secouer parce que je sais que celui-ci va me parler.

« C'est moi qui ai agit comme un troll. » *Qu’est-ce que…*. Encore des excuses ! Je vais te les faire bouff… « J'ai pensé trop vite, j'ai parlé trop vite et je... je t'ai fait mal. » Mal ? Même pas ! Tu n’es pas assez important pour me faire quoique ce soit espèce d’abruti. « Pour toi c'est pas juste. Pour... Thalia non plus. Je te demande pas de me pardonner. »

Je devrais exploser de colère.
Hurler.
Gueuler.
Mais rien ne se passe. Absolument rien. Pas le moindre petit tremblement, pas le moindre frémissement, pas même la moindre petite pensée révoltée, rebelle, en colère, gonflée de rage. Rien. Rien d’autre. Parce que mon coeur s’est tu et parce que mes yeux en oublient de se plisser, qu’ils se contentent d’être écarquillée par la surprise, parce que mon souffle lui-même s’est bloqué dans ma gorge et que je dois me souvenir que respirer n’est pas automatique, que je dois avaler une goulée d’air pour diminuer la pression sur mes poumons.

Tout s’aligne. C’est trop idiot. Tout s’aligne et moi, j’ai l’air d’une idiote. Tout s’aligne et je ne comprends toujours pas ce qui est en train de se passer. Ce que je comprends, c’est qu’il ne s’est pas excusé cette fois-ci, non. Ce gars, après des mois de silence… Après des mois et des mois et des mois… Il revient comme une fleur en me disant qu’en fait, c’est de sa faute, que c’est lui le fautif, que c’est lui qui m’a poussé à me questionner, à m’inquiéter. *Enfin !*. Ouais, enfin, mais cette pensée ne me rassure pas comme elle devrait me rassurer. Je ne me sens pas victorieuse, je ne me sens pas soulagée, je ne me sens même pas plus légère. Si je creuse un peu le vide qui a pris possession de mon coeur, je sais que j’y découvrirais une farandole d’émotions plus bouleversantes les unes que les autres. Je sais que ma colère est toujours présente, je sais que mon dégoût est toujours existant. Finalement, ses excuses et sa prise de conscience ne m’aide en rien. Je me sens juste vide et complètement idiote de m’être laissé mener en bateau tout ce temps par ce gamin.

D’ailleurs, c’est très certainement pour cela qu’il a mis tant de temps à venir me voir pour me dire ces mots. Parce que ça l’amuse, ça l’éclate de me laisser croire que je suis la fautive, que j’ai déconné avec Thalia, que je suis responsable de sa peine et de sa douleur. Ouais, c’est ce qu’il aime, manipuler les autres en leur refourguant des mensonges, puis en venant plaider ensuite l’erreur. « Pardon, je suis un troll, mes paroles ont dépassé mes pensées. » C’est facile de dire ça, mais mes pensées à moi, qu’est-ce que j’en fais, hein ? Dans mon coeur vivent des traces de mon inquiétude pour Thalia, des brûlures causées par la haine et une tristesse inébranlable qui me susurre que je ne suis bonne qu'à faire du mal.

« Tu... descends là ? »

Sa voix me surprend, de même que son regard qui rencontre enfin le mien, faisant se serrer mon coeur et se crisper mes poings. Descendre où ? Descendre quoi ? Je ne comprends ses paroles qu’en écoutant les chuchotements des Autres dont j’avais oublié la présence ; là, au loin, je vois le palier se rapprocher, se rapprocher jusqu’à ce que dans une petite secousse l’escalier s’y accroche. Nous sommes arrivés. Je suis libéré de ce fichu gamin. Mais je n'ai pas fini de parler, contrairement à lui.

« T’as mis tout c’temps pour t’en rendre compte ? Qu't'es l'seul fautif ? »

Ces paroles m’échappent. Ma voix n’a pas le goût de la colère. Seulement de la rancune et du dégoût. Elles m’arrachent une grimace désabusée lorsque je plante mon regard dans celui du gamin, le mettant au défi de m’expliquer pourquoi est-ce qu’il me dit ça maintenant.

23 sept. 2020, 19:53
La passion se teinte de mille couleurs  PV 
Alors c'est un bonheur partagé. Pourvu qu'il résonne. De milles couleurs.


- Tu... descends là?

Les yeux du gamin rencontrèrent les siens. Ses deux sphères de charbons. De deux traits distincts, elles marquèrent aussitôt la mémoire de l'enfant. Comme les bandes d'un vieux film. Entre deux battements de paupières, les yeux d'Aelle le ramenèrent en arrière.
Le froid de la salle et la pénombre qui y régnait. Cette fille au milieu. Ses mots à lui, les siens à elle. Aelle. Leurs mots, durs et tranchants, comme une lame. Leurs cœurs jetés là à leur pied, battant brûlants contre le sol de glace. Son mensonge. Sa rage. Et puis la pierre des cabinets dans son dos et puis ses larmes. Entre deux pas grand chose en soit. Il a tenté d'oublier, et franchement, il ne veut pas vraiment s'en souvenir. Mais ce noir là, celui qui brûlait dans le regard de la fille, redessinait les moments que l'enfant avait brouillé derrière les larmes.
Ses paroles lui revenaient, claires, atrocement claires.

-T’as mis tout c’temps pour t’en rendre compte ? Qu't'es l'seul fautif ?

Saul tenta de ne pas ciller face au regard accusateur de la Jaune et Noire mais sa main droite se serra aussitôt sur la gauche, l'appuya sur son ventre et sa mâchoire se crispa sur l'extrémité de sa langue. Elle ne lui accordait pas une once de terrain, pas un seul regard entendu, pas un seul sourire de contentement, le relançant, encore et encore, à contempler sa monstrueuse bêtise. Un instant, le gamin n'eut qu'une envie : tourner les talons, descendre de ce cauchemar ambulant. Car la parenthèse délimitée par l'escalier semblait bel et bien faire parti d'un monde fichtrement éloigné du réel. Là, une marche plus bas, il avait l'impression faire face au tribunal de la Reine de Cœur.
Comme celui d'un enfant bougon qui se fait gronder, le visage du Rouge et Or se fermait à mesure que les pensées passaient.
Il avait reconnu son idiotie, s'était excusé, encore, encore, parce que ce qu'il avait fait était impardonnable. Il le savait, il venait de le lui dire, elle le savait elle aussi. Alors quoi? Si elle était si proche de Tarann que ça, qu'est-ce qui aurait pu empêcher cette fille aux yeux charbons de lui en parler? Qu'est-ce qui l'avait seulement fait douter? L'enfant, le regard mêlé à celui de l'autre essayait de comprendre ce qui lui échappait, fouillant dans les recoins sombres de ses pupilles noires.
Tu as dis qu'elle la détruisait. C'est bien assez Saul.
Sa mâchoire se resserra de plus belle sur sa langue, ses ongles sur le dos de l'autre main.
Elle veut des explications. Encore. Tu dois répondre. Encore. Soit courageux bon sang!
Oui. Sauf qu'il avait l'impression que plus il parlait, plus elle grandissait et plus lui se ratatinait à ses pieds. Rat. Il ne voulait pas devenir ce qu'elle voyait en lui. Il devait lui montrer.
Seulement comment?
Il chercha en vain, du coin de l'œil, une réponse à sa question parmi les tableaux. Une manifestation à son vœu parmi les élèves qui allaient, venaient. Lentement, des mots se déposaient au bord des lèvres pincées du gamin. Du bout des dents il les mesurait. Du bout de ses pensées il les échangeait.

-Oui. Parce que j'avais peur. Cette fois-ci sa nuque ne flancha pas. De... ta réaction.

Peur avérée... Alors que ses doigts continuaient de labourer sa peau, l'enfant ne pu réprimer un sourire nerveux qu'il préféra adresser aux portraits. Ses lèvres, en se détachant laissèrent passer une dizaine de mots qui s'envolèrent avant qu'il ait pu les retenir.

-Tu... mmm tu fais franchement peur quand tu t'énerves.

De la flamme qu'elle lui avait envoyé là-bas, il se rappelait de la couleur. Éclatante. Sa rage pourtant, était sombre et grinçante.
Saul laissa son regard se porter sur la fille. Peut-être dans l'espoir d'y trouver une réponse à ce mystère, et à tous les autres qui planaient au dessus d'elle. Dans l'espoir aussi, surtout, qu'elle finirait par afficher autre chose qu'une grimace de dégout.
Qu'elle lui montre qu'il n'était pas qu'un rat à ses yeux.
Parce qu'il commençait à y croire.
Sa main gauche, sans qu'il ne s'en aperçoive vraiment, tremblait dans les griffes de l'autre.

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

25 sept. 2020, 18:01
La passion se teinte de mille couleurs  PV 
Qu’est-ce que je fous là, hein ? À quel moment me suis-je dis que lui parler serait une bonne idée ? Je me sens trop lourde, désormais, comme si je détenais un secret que je n’étais pas capable de porter. Sauf que ce n’est pas un secret, ce n’est qu’une évidence : ce gars est coupable. Ce que je sais depuis des mois et des mois. *C’est faux* me susurrent mes pensées ; j’ai envie de les exploser, ces pensées ! Évidemment que c’est faux, songé-je avec dégoût. Tous ces derniers mois, je n’ai pas fait que rejeter la faute sur ce Gryffondor. J’ai aussi culpabilisé à m’en étouffer, je m’en suis tellement voulu que quelques fois, j’étais incapable d’affronter le regard de Thalia. Je me sentais coupable d’une chose que je n’ai jamais faite. Je me suis torturée l’esprit, j’ai passé des heures à me remémorer notre rencontre dans la salle de bal pour essayer de comprendre exactement ce que j’avais manqué, ce que je n’avais pas compris ; pour essayer de soulager la culpabilité qui me rongeait le coeur, celle qui me chuchote toutes les nuits que peut-être que je fais du mal à Thalia sans même en avoir conscience. Maintenant que je sais que ces pensées étaient et sont vaines, je me sens perdue et quelque peu dégoûtée — par ce garçon, par moi-même. Je ne sais plus pourquoi je suis face à lui, ma colère a disparu, avalée par ses grands yeux de Coupable.

Je l’observe, le menton dressé et le regard baissé. Il est étrange. Une ou deux marches en dessous de moi, il a l’air si petit. Les mains croisées sur son ventre, le regard fuyant, ses lèvres trembleraient presque. Ce garçon est un paysage que je ne comprends pas. Ses réactions me sont totalement étrangères. Et je ne lui fais pas confiance, ça n’aide pas. Je sais que ses larmes peuvent cacher des mots de colère et que ses sourires peuvent prévenir d’une soudaine attaque sournoise ; la dernière fois, il m’a surprise d’une attaque mais cette fois-ci ça n’arrivera pas. Lentement et discrètement, ma main se referme autour de ma baguette magique. *J’lui fais pas confiance*.

« Oui. Parce que j'avais peur. » Peur ? Mais de quoi peut-il bien avoir pe— « De... ta réaction. »

*Quoi ?*.
Un sourcil ironique se dresse sur mon front. De ma réaction ? Je ne peux empêcher mon coeur de se gonfler de fierté. C’est soudain, et ça fait du bien. La dernière fois, j’ai répondu à l’attaque de cet idiot ; heureusement, je me suis plantée en beauté et le sortilège n’a pas eu d’effet, mais il a dû suffire à l’effrayer. J’en suis étrangement heureuse. Me souvenir de notre rencontre est très désagréable. Je me souviens que je ne contrôlais rien du tout. Ce gosse prenait toute la place dans cette salle de bal. Il décidait du déroulé de la conversation, de ce qui se disait, de ce qu’il se passait… J’étais son pantin, son jouet, une poupée de chiffon entre ses doigts d’Enfant-roi. C’est un souvenir très désagréable. Alors savoir que ce gosse est reparti de cette salle en traînant un boulet nommé Peur me fait extrêmement plaisir. Je me redresse légèrement, beaucoup plus heureuse soudainement, beaucoup plus fière, beaucoup plus grande.

D’un regard, j’accueille le reste de ses paroles qui contribuent à détruire tout ce masque de satisfaction :

« Tu... mmm tu fais franchement peur quand tu t'énerves. »

Un coup de pioche me défonce le coeur. C’est une chose de savoir que ma réaction peut effrayer ce garçon, ç’en est une autre de me rendre compte que ce même garçon tremble parce que ma colère l’effraie. J’ouvre la bouche, mais aucun son n’en sort. Toute ma fierté dégringole, dégringole et finit par disparaître. Je semble même me ratatiner un peu. Je ne sais pas pourquoi je ne suis pas contente. C’est ce que je voulais, non ? L’effrayer ? Ma colère sert d’ailleurs exactement à cela ! À effrayer les Autres ! À les repousser ! Avec lui, cela a très bien fonctionné puisqu’il est resté dans son coin tout ce temps. Mais s’il n’avait pas eu peur… S’il n’avait pas été effrayé… M’aurait-il arraché à ma culpabilité bien plus tôt ? J’ai une sensation très étrange qui grandit dans mon coeur. J’ai l’impression de faire face à un miroir dans lequel je ne reconnais pas mon reflet. Quelle est cette personne qui fait si peur à ce garçon ? Il dit que c’est moi, mais je me sens si faible à l’intérieur, victime de mes propres émotions, de ma propre vie, je n’ai pas l’impression d’être celle qu’il dit que je suis.
Et pourtant.
Pourtant c’est moi qui l’effraie lorsque je suis en colère et personne d’autre.

« Tant mieux, » dis-je d’une voix blanche. C’est à peine si j’ai conscience des mots que ma bouche prononce. « C’est l’but. »

Mon coeur bat gros dans ma poitrine, mais une pensée vient me rassurer : *C’ui-là risque pas de r’venir me prendre la tête si j’lui fais peur*. Elle est à double tranchant cette pensée. Je soupire légèrement et me passe une main sur le visage. J’en ai assez des émotions contradictoires qui violentent mon coeur. C’est de sa faute à lui, songé-je en déposant mes yeux sur le garçon. Il me fait toujours ressentir des choses étranges. Je n’arrive pas à le cerner. Il n’est pas comme les autres gamins que je connais plus ou moins. Il est trop… Je ne sais pas. Quelque part, il me fait penser à Zakary. Pourtant, il est loin de lui ressembler. Il est petit là où Zak est immense, il est rachitique là où Zak est musclé, il est larmoyant là où Zak est souriant. Mais il a ce quelque chose… Ce petit quelque chose de sincère en lui qui me pince le coeur et me fait songer à mon grand frère. Et je déteste qu’il me rappelle une personne que j’aime, je déteste ça. C’est déjà assez de voir l’image de Thalia se dessiner dans mon esprit lorsque je le regarde.

« Et Thalia ? demandé-je soudainement en détournant le regard. Tu la connais d’où ? »

J’emprunte une voix détachée, pour ne pas qu’il comprenne que mon coeur se serre brusquement, secoué par un vif sentiment de jalousie.

*


Je me retrouve quelques minutes plus tard à parcourir les couloirs pour retrouver Zikomo. La réponse que m'a donné le garçon tourne dans ma tête et les sourcils froncés, je me demande sincèrement si je vais poser la question à Thalia pour vérifier si ce que m'a dit le garçon est bien vrai. Avec un temps de retard, je me souviens que je ne connais toujours pas le nom de cet abruti et que j'aurais bien du mal à le décrire à Thalia. Que pourrais-je lui dire ? Un gamin de Gryffondor qui parle comme Zakary, ça ne lui dira pas grand chose.

Je suis mitigée parce que d'un autre côté j'aimerais bien oublier toute cette histoire. Faire comme si elle n'avait jamais existé. Si je cesse de penser au garçon, il cessera de ce fait d'exister, n'est-ce pas ? Je m'efforce d'y croire, mais je sais que c'est faux : ces derniers mois, ce gamin n'a pas cessé d'exister et parfois, mon esprit se tournait dans sa direction. Je sais que ce sera pareil aujourd'hui, demain, après-demain : quand je m'y attendrais le moins, le souvenir de ce garçon reviendra me hanter et alors je ressentirais dans mon coeur un sentiment étrange, le genre d'émotions sur laquelle on ne parvient pas à mettre de nom.

- Fin -


J'ai pris soin de donner une petite conclusion à cette belle Danse, Hyal', mais si jamais tu souhaites écrire la réponse à la question d'Aelle un jour, je serais ravie d'écrire en ta compagnie. Je te souhaite des milliers de sourires.