Si. Je ne suis rien. Comme un amas de nuage, se promenant dans Poudlard, inlassablement. Pourtant je ne peux me résoudre à lui dire qui je suis. Pas seulement mon identité. Mais aussi moi. Qui je suis à l'intérieur. J'ai pourtant envie de la croire. J'ai envie de croire que ma carapace est bien réelle. Et qu'elle cache que chose, pour de vrai. Un loup arriverait et me tuerais, rien ne changerait. Je ne suis rien. Mais j'ai l'impression qu'elle croit en moi. C'est comme une tasse de café fumant, un coup d'énergie. J'ai envie qu'elle me comprenne. Je sais qu'elle me comprend déjà, mais est-ce suffisant ? Peut-elle voir Mère m'accompagner à la gare, dans son tailleur violet, à la fin des vacances ? Peut-elle voir cette soupe affreuse que je mangeais quand ma première dent est tombée ? Connait-elle les avantages que j'ai eu ? Je ne sais pas qui elle est. Et elle non plus. Mais je veux la connaitre. Je dois la connaitre, c'est vital.

- Non, t'as raison. Je ne suis pas rien. Je suis le Vide.

Le vide. Quel beau mot pour me décrire. Je suis le vide. Moi. Pourtant, j'ai tant fait pour me faire remarquée avant. Je voulais des amis, des ennemis, je voulais être tout. Mon rêve c'est réalisé. Mais pas celui-ci. Le rêve qui est arrivé après. Celui de ne plus rien être. Mon plus beau rêve.

Vide. Elle est le vide. C’est ce qu’elle dit. Je n’y crois pas. Cette fille qui me semblait si vivante. Pleine de ressource. Pleine de charme. Ne peut pas être le vide. Elle ne peut pas être rien. Non, pas rien. Vide. Elle a dit qu’elle était le Vide.
Mais le vide n’a pas que des mauvais côtés. Le vide n’est pas qu’un gouffre autour duquel trône une pancarte d’avertissement. Et si elle dit qu’elle l’est. Il n’a que des bons côtés. Si elle dit qu’elle est le vide. C’est un vide dans lequel on apprend à voler. Dans lequel on tourne comme dans un manège. Si elle dit qu’elle est le vide c’est forcément un beau Vide.
Peut-être un vide enneigé. Une piste sur lequel des enfants descendraient joyeusement avec un traîneau. Non. Elle est un gouffre. Un magnifique gouffre.
Et moi, j’ai envie de connaître ce vide. Plus juste la comprendre la connaître. Sa vie. Ce qui la pousse à dire qu’elle n’est plus. Son caractère. Est-elle rusé comme un renard ? Peut-être était elle une fille très marrante ? De ce que j’ai vu, je sais qu’elle est déjà fantastique. Qu’elle est un beau Vide.

« D’accord. »

Je marque une pause avant de continuer de parler. Ma respiration commence à se faire plus forte, saccadée. Ça m’arrive souvent en ce moment. Auparavant, cela m’arrivait après avoir du sport. Mais ça fait bien longtemps que je n’ai pas couru après un ballon ou pratiquer de la gymnastique.

« D’accord. Mais alors tu es un beaux Vide, Lexa. Un Vide merveilleux. Et moi, je suis captivée par ce Vide. »

J’aime prononcé ce nom. Mais j’ai peur de le faire. J’ai peur de la contredire, je ne devrais. Je ne la connais pas alors je ne devrais pas oser discuter de ses origines et de qui elle est. Je devrais la laisser et me taire.

Mot souligné pour la CdC

Un beau Vide. Mais un Vide quand même. Je sais qui je suis. J'ai l'impression d'être si mauvaise. J'ai l'impression d'être un loup. Ou en tout cas un prédateur, étudiant sa cible, avant de passer à l'attaque. J'étudie, et je blesse. Je ne pense pas aux répercutions. C'est ce qu'il c'est passé avec Elle. Je l'ai abandonnée, alors que j'étais à ce moment là tout. Je l'ai blessée. Je l'ai vidée. Mais je m'en fichais. Maintenant, tout est différant. Elle. Elle est là. Elle est face à moi. Elle me parle. Elle dit mon nom. Et Elle ne le crache pas. Elle danse avec.
Pourtant, Elle me dis que je suis un beau Vide. Qu'Elle est captivée. Ça me rend humaine, j'ai l'impression. Si c'est toujours ça, le mot.
Je commencer à fatiguer. J'ai besoin d'un café, je crois. On d'un coup dans la tête. Un coup, violet, pour toujours collé à ma peau.
Je sais pas. Je sais plus. Je sais une chose. Elle m'aime. Elle ne me déteste pas. Et pourtant, Merlin sait que je le mérite.
Mais Elle. Welmina. Elle refuse d'y croire. Elle a confiance en moi. Je ressent le besoin d'être près d'elle. Comme si j'étais accro. Comme une drogue. Mais elle est mon Avantage. ma force, et ma faiblesse. Regard, comme tu es important...
En ces yeux, je vois ceux de Père. Et pourtant, ils sont si différents. D'un coté, aimant, tendre. De l'autre, monstrueux. Des flashs m'apparaisse. Ce jour où je m'étais blessée au genou. Monstre. Ce jour où il avait décidé de nous nourrir uniquement à base de soupe. Monstre.
Mais Elle, elle a la force de tout. Elle a la force de me parler. Ce que Lui n'avait jamais fait.

- Merci.

Merci. Mais c'était pas un Merci comme les autres. C'était un Merci de joie. Merci d'exister.

Elle pourrait me blesser encore une fois. Je le sais. Mais elle ne part pas. Je n’ai pas même pas besoin d’essayer de la retiendre. Car elle ne partira pas. Pas cette fois. Cette fois, elle me laisse l’aborder. Elle me laisse parler avec Elle. Oh, comme je lui suis reconnaissante.
Je l’ai laissé croire qu’elle était un vide. Mais j’ai enjoliver ses propres paroles. Et Elle les a bus. Elle les a gardé, je crois. J’avais peur de dire quelque chose qui ne lui ferait pas plaisir mais maintenant je n’ai plus peur. Et c'est sincère. Je me laisse porter. Par Elle. Par ses mots. Par son Regard, toujours son Regard.
Merci. Elle me remercie. J’ai tellement envie de lui dire que ce n’est pas la peine qu’elle me remercie. Je n’ai rien fait. C’est moi qui devrais la couvrir de remerciements. Parce qu’elle m’a permit de m’échapper de ce monde qui m’emprisonne. Parce qu’elle est là. Parce qu’elle est Elle.
Une boule naît dans ma gorge. J’ai encore envie de pleurer. Mais ce sera de joie. Oui, si je pleure ce sera de joie.

« Tu sais, tu m’offre tellement rien qu’en me remerciant. Merci à toi, Lexa. »

Et mes yeux s’enfoncent encore dans le magnifique Vide qu’est le sien. Je ne m’en lasserai jamais. Ni de ses yeux, ni d’Elle. Je revis. Encore et encore. J’oublie que Papa et Maman font une procédure de divorce. J’oublie que je ne sais pas comment va Horty. J’oublie mon bonheur comme mes malheurs.
J’oublie mon Moi-même. Il n’y a plus que ce magnifique Vide.

Je souris. Je fais comme si tout allait bien. Alors que ça fait bien longtemps que cela n'est plus pareil. Ça fait longtemps que toute joie m'a quittée. Longtemps que je ne vis plus comme avant. Restant allongée dans mes pensées chaque jours. De là, c'est si sombre. Je ne reconnais plus mes instants joyeux que j'ai pu passer. Et petit à petit, la folie s'empare de moi. Et pourtant c'est une simple phrase, quatre petit mots, qui me redonne ce dont j'ai besoin. "Merci à toi, Lexa." Elle me remercie comme si j'étais humaine. Comme si mes pensées étaient lucides. pourtant, je me sentais déformée.
Était-ce ça ma vie maintenant ? Être remerciée alors que j'étais le dernier des Monstres.
Je comprends plus qui je suis. Une part de moi veux lui sauter au cou et l'étrangler. Une autre veut la prendre dans ses bras. Et moi, je veux quoi ? Rien de tout ça. Je veux de l'ordre. Du calme dans mes pensées. Pour pouvoir y vivre éternellement. Et ainsi mourir en paix. Sans manquer à personne.

- Tu... tu m'offre tout, là maintenant.

Est-ce vrai ? Je ne sais pas. Mais j'avais besoin de le dire. Parce que c'est ce que je ressens. Comme si on étaient qu'une. Une personne. Toujours aussi détruite et mal, mais on partageaient tout. Notre douleur, nos mots.

Je pleurerais toutes les larmes de mon corps. Si je pouvais. Pas maintenant. Pas parce que je suis triste. Ni joyeuse. Je pleurerais toutes les larmes. Pour me vider. J’ai promis à Horty de ne pas le faire. Mais si je pouvais je le ferais. Pour Moi. Pour cette Fille, peut-être. Pour tout les autres.
Elle me dit que je lui offre tout. Je n’ai pas grand chose. A offrir. Alors je ne peut pas. Tout. Lui donner. Mais ses mots me font du bien. J’aimerais lui lancer un merci. Encore une fois. Mais le mot ne veut pas sortir.
Je suis si pusillanime. Et pourtant j’ai osé aller la voir. Je devrais oser continuer à lui parler. Mais j’ai peur. D’être tout en bas de l’échelle. De la dignité. Du bien comme il faut.

« J’ai... j’ai pas assez pour tout t’offrir. »

Et pourtant j’aimerais. Avoir. J’aimerais être. Mais je peux pas.
Je pourrais juste exprimer ce que je ressent. Laisser mon Moi-même parler. Mais ce qu’il veut est introuvable.
Je me sens si petite. A côté d’elle. A côté du reste du monde. Je suis un point dans un univers trop vaste. Je suis une croûte dessinée à la vas-vite dans un magnifique musée. Je suis une vieille chocogrenouille devant un somptueux repas. Elle disait qu’elle était le Vide. Qu’elle n’était rien. Moi, je suis presque rien. Presque. Face au reste du monde.

Mot en gras pour la CdC

Pas assez ? Mais je n'en ai pas besoin. La force de son regard me rends tout. Tout ce que j'ai perdue, tout ce que j'ai vue disparaitre. Les Mots qu'elle me dit sont si puissant qu'il me tranche, et l'espoir renait. Peut-elle comprendre ce que je ressens ? Surement, oui. Pourquoi dit-elle alors qu'elle n'a pas assez, alors que sa simple présence me fait revivre ?

L'enfant que je suis veut la prendre dans ces bras, mais moi, je le veux ? Je le veux pas, je le dois. Doucement, je m'approche d'elle. Elle est plus grande que moi. Quelques centimètres, seulement, mais elle est plus grande. Je sais pas quel âge elle à. Je sais pas si je l'ai déjà vue en cours. Je fais pas vraiment attention.

Gênée, j'abandonne l'idée. Je la connais même pas, puis j'aime pas les contacts physique.

- Moi j'ai rien pour toi. Je sais rien faire, je peux plus rien faire. Mais rien que le fait que tu continue de me parler, c'est suffisant. C'est pour ça que je te dis merci.

Mon ton était sec. Je ne voulais pas parler ainsi, mais j'étais tellement triste et remontée depuis des mois que je m'importais peu de mon ton. Pourtant, on s'en fichais toujours. Pour les Autres, j'étais qu'une gamine. Pour Lui aussi, d'ailleurs.

Je sens la Fille s’approcher. Mes yeux sont trop focalisés sur les siens, pour voir ses membres bouger. Mais je la sens. Mes paupières clignent. Apeurées. Avec elle, j’ai peur de briser la distance, nos yeux communiquent aussi bien de loin.
Mais je ne m’éloigne pas. Je veux rester un minimum digne. Même si je sais que je ne le suis pas. Du tout. Que j’ai tout perdu. Peut-être que je n’ai jamais vraiment rien eu.
Je l’écoute parler. Ses mots me font chaud au cœur. Elle semble ressentir comme moi, à cet instant. La distance ne m’affecte plus, je me sens digne. Peut-être pas digne de mon Moi-même. Peut-être pas respectable. Comme Julia, l’est. Mais un minimum convenable.

« Moi aussi. Je pense... que je me sens bien. »

Et je pense que c’est vrai. Ces mots et son regard me rendent. Plus forte. Alors que je suis. Si faible. Je me sens. Étonnement bien. Étonnement plus vraiment moi-même. J’ai juste peur de faire une erreur. Et de faire disparaître ce bien-être.
Alors je lui pris de rester. Au bien-être et à elle. Tout mon être leur demande de rester. Près de moi. Peut-être rien qu'un instant. Peut-être juste pour que je souffre moins. Comme la dernière fois. Je m'en sors plutôt bien jusque là. Je n'arrive pas à oublier mes erreurs mais j'oublie mes problèmes. Un peu.
Peut-être que je pourrais la prendre dans mes bras. Mais je n'ai pas envie. De faire une erreur. De plus.

Je me sens bien. Moi aussi, je me sens bien. Je me sens vivante. Je me sens moi. Je me sens plus moi que je ne me le suis jamais sentie depuis quelques mois. Mais j'étais terrifiée. Terrifiée à l'idée de ne pouvoir être heureuse qu'en sa présence, terrifiée du pouvoir qu'avaient ces Yeux et ces Mots sur moi. J'étais terrifiée de ne pas réussir à aimer quelqu'un comme j'ai aimée Père, terrifiée d'être seule, abandonnée, laissée de coté, moquée, rejetée. Je ressentais en ce moment des choses qu'un humain de mon âge ne devais même pas connaitre.

- Je pense... je crois que moi aussi, arrivais-je à dire.

Je suis sure que je peux y arriver. Être heureuse, ce n'est tout de même pas si difficile. Pour l'instant, je ne ressentais rien. Même les quelques larmes qui illuminaient mes yeux tristes, ou les plissures de mes joues qui arrivaient après un sourire, je ne ressentais rien. Ou peut-être ressentais-je trop de choses, au contraire ? Mais j'avais le sentiment d'être bien, moi aussi. Et je voulais le rester. Parce qu'être heureuse, ce n'était pas le rêve de tous ? En tout cas, c'est le mien. Mais ce beau songe est irréalisable. C'est comme si un G.I Joe voulait ressentir quelque chose. Comme si moi je voulais ressentir quelque chose. Quelque chose de différant que de la haine, de la tristesse ou de la désolation.

Ça fait toujours du mal de parler de mon Moi-Même. Mais ça fait du bien, aussi. Ne lui donner rien qu'un bout est une façon de la remercier du bien qu'elle m'apporte. Et surtout. Je veux en savoir plus sur son Elle-Même. Qui elle est. Et pourquoi ses yeux sont si attirants.
J'aime connaître les gens. Puiser dans leurs regards. Leurs mots. Leurs mouvements. Tout. Ce qu'ils cachent au fond d'eux-mêmes. Mais c'est dûr de le savoir. Peut-être impossible. Peut-être pas. C'est pour ça que j'essaie.


Parfois, j'en oublie de chercher. Ce que moi je ressens. Et puis, je ne veux pas qu'on puise en moi. C'est assez contradictoire. Je me sens. Totalement égoïste.

« Tu... te sens souvent bien, toi ? »

Je ne peux pas lire la réponse dans ses yeux. Je crois que ses yeux ont laissés naître des sentiments d'émotions. Mais son âme n'est pas reflétée à l'intérieur. Ou du moins. Je ne la vois pas.
Furtivement, je me demande ce que moi je ressens. Maintenant. Tout. Et puis rien. Envers la Fille, je sais. Je crois. Je ne la connais pas mais elle ses yeux parlaient ce soir-là. Et, je voulais les admirer. Ses mots viennent à moi, désormais. Ce que je sais que ce que je ressens maintenant. C'est que c'est positif.
Mais dans le Temps. Et dans mon monde. Je ne sais plus. Je ne veux pas le savoir. Pas en parler. Et je n'ai pas besoin de le faire. Personne ne me l'a demandé après tout. Personne sauf. Moi.