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17 avr. 2020, 14:33
Effluve d'Âme Brisée  +   Privé 
~ Vendredi 6 janvier 2045 ~


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Trente...
Trente minutes que tu as quitté ton cours d'Histoire de la Magie, plutôt apaisée.
Dix...
Dix minutes que tu as quitté la Volière, Lettre Meurtrière à la main.
Tu te doutais que ça finirait comme ça. Elle ne pouvait pas être seule. Ce n'était pas normal. Ces mots si doux, grattés sur papier, ne pouvaient pas être sincères, pourtant tu y croyais aussi naïve qu'es-tu. Tu espérais, pour une fois et tu n'aurais pas dû. Tu n'aurais pas dû écouter ton Coeur, il t'a trahie. Ce n'est qu'un salaud. Tu n'aurais pas dû lui faire confiance. Tu aurais dû rester méfiante, mais tu ne l'as pas fait, à cause de Lui, ce foutu Coeur. Ce foutu morceau de chair qui te sert de Coeur.

La gorge serrée, tu marches avec difficulté. La pointe de tes pieds râcle le sol à chacun de tes Pas. Les Mots de cette Lettre te reviennent en mémoire.

"J'peux pas..."

Tu n'as pas le choix. Tu n'as pas l'énergie pour les refouler. Tu ne sais pas leur résister. Ces Mots te submergent et emportent ton Âme dans les profondes Abysses de tes Pensées. Tu n'as plus la force de remonter. Tu vas te laisser bercer par les cris qu'émet ton Âme Brisée. Ton Âme déchiquetée. Ces cris stridents et profonds, étouffés par les larmes glacées sur ta peau. Tu ne prends même pas la peine de les essuyer, tu les laisses simplement dévaler le long de tes joues rosies. Tu aurais tellement voulu que ça se passe autrement. Que ton père ne soit pas Lui, cet homme sans pitié, dépourvu d'Amour. Tu aimerais tellement lui dire que ce n'est pas ce qu'il croit, que tu n'es pas comme les Autres. Que tu es différente, Toi... Mais tu n'en as plus la force, plus l'envie. Tu veux laisser tomber, tout laisser tomber. Tu attends patiemment que ton corps s'engourdisse et tombe en bas d'une falaise. La Falaise... Celle qui sépare ta Vie du Néant.

"Celle qui m'sépare d'la Mort"

Tu sombres.
Tu tombes.
Tu meurs.

Ta vision s'obstrue afin de ne plus laisser place qu'à une Brume lourde compressant ta poitrine. Tu t'écroules au sol, près des armures magiques. Tu te recroquevilles sur toi-même en espérant chasser le sentiment de perte qui rumine en Toi.
Tu voudrais fuir, mais tes jambes en coton t'en empêchent.
Tu voudrais passer inaperçue, être invisible.
On ne peut pas te voir comme ça. Tu es vulnérable, Elyna. Ton corps entier menace de trembler, pourtant, tu tentes de le retenir. Tu tentes de retenir tes sanglots.

"J'peux pas..."

Tu contractes tes membres pour qu'ils restent tranquilles, qu'ils arrêtent leurs fous mouvements trahissant l'angoisse qui te gagne petit à petit.

"J'peux pas..."

#426b80 // sixième année
grandiose

17 avr. 2020, 20:44
Effluve d'Âme Brisée  +   Privé 
06 JANVIER 2045
INVISIBLE





Encore un trop-plein de sens.


Tes lourds vêtements te tenaient chaud, malgré la fraîcheur de la journée. Comme un souffle équatorial qui caressait ta peau et la couvrait de légers frissons. Tes pieds frappaient le sol en silence, poussant ton corps en avant. En avant. *En avant.* A petits pas discrets, rapides, presque survolant le sol. Ce même sol, que tu ne quittais pas des yeux, parfois couvert d’une fine couche de poussière dans les coins sombres.
Il était parcouru inlassablement par les pieds des Autres, qui ne pouvaient s’empêcher de le maltraiter de leurs talons, se fichant bien du sol qui hurlait. Hurler. *Hurlement* Tout autour, le Bruit faisait rage. Les Autres respiraient, riaient, parlaient, inspiraient, soufflaient, pensaient, vivaient. Leurs corps dansaient en un ballais assourdissant, dans lequel tu étais pris au piège. Marchant presque à l’aveugle, parmi les jambes agitées et les visages aux allures animales.
Oui, c ‘était cela, les couloirs transformés en un zoo des plus affligeant, qui faisait frémir ton être dès qu’un contact se faisait imminent.



Et alors, tu ne veux plus les voir, tous ces singes. Qu’ils disparaissent. *Dégagez !* Emportés dans une fumée grise, évanoui dans une myriade d’âme dans l’Infini de ton subconscient. Et ils ne sont plus là. Rien que Toi.
Alors enfin, tu ressens ton être. Tu ressens ton corps. Toi. *Moi.* Rien que Toi. Les Autres ne sont plus là. Devenus invisibles à tes yeux, eux, sûrement, ne te voient pas non plus. Bloqués dans une autre dimension, à l’autre bout de l’univers ou bien mourant dans l’intersidéral. Maintenant, tu n’en as plus rien à foutre d’eux. Juste Toi. Alors tu ressens.
La chaleur est toujours présente, tes mains sont moites, tes cheveux trop lourd sur ta tête, ton corps prêt à se liquéfier. Mais il y a autre chose. Une gêne. Plutôt étouffante, qui t’assaille la poitrine, près de ton cœur.
*Cœur ?* Ou les poumons. Une gêne qui te met mal, si mal que tu suffoques presque. Le cœur bat vite, alors que ta main vient attraper ton pull juste au-dessus de celui-ci.La gêne ne part pas, et tu ralentis le pas dans un des couloirs. Les Autres disparus, il n'y a plus que Toi.

L’invisible te fait face, le visible est devenu fantomatique. Pourtant, il y a quelqu’un, dans ce couloir. Comment cela ? Aucune idée. Mais l’Autre est bien là, devant toi, et n’a pas disparu. Recroquevillée, l’âme semble apeurée par le visible devenu invisible. Cette Fille Invisible, que sans doute, tu n’aurais jamais remarquée, mais que tu vois désormais, dans l’Invisible de ce monde.
Pourquoi est-elle visible ? Pourquoi nage-t-elle dans l’Invisible ?
Et Toi ? Est-ce qu’Elle peut te voir ?
Sans même que tu t’en sois rendu compte, tu t’es arrêtée.
À tes pieds, traîne maintenant l’Âme Brisée.

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.

19 avr. 2020, 21:01
Effluve d'Âme Brisée  +   Privé 
Ton coeur bat si fort dans ta cage thoracique qu'il menace de démolir la poche qui l'enveloppe. Il veut peut-être rejoindre le Monde extérieur? Ce Monde que tu hais tant? Par quasi réflexe, tu portes tes mains, l'une sur l'autre, à ton buste. Tu sens ton corps doucement se mouvoir au fil de tes respirations saccadées. Tu aimerais que quelqu'un t'encercle de sa douce étreinte...
Comme Fiona.
Comme Maman.
Comme tu l'as fait avec Eileen.

"Eileen... Près de moi..."

Tu veux quelqu'un et en même temps, tu ne veux personne. Tu aimerais être seule, invisible. Tu aimerais ressentir la chaleur d'un corps... Vivant... Tu dois te prouver que la Vie est toujours , en Toi, même bien cachée, enterrée sous une motte de déchets parasites.

"Je veux une Autre..."

Tu veux être une Autre.
Tu veux qu'une Autre t'aide. Qu'elle déterre avec toi ta Vie d'enfant banale oubliée. Ton ancienne Vie, paisible. Celle que tu regrettais autrefois pour le peu de mouvements observés. Rien... Rien ne bougeait, tout était stable, facile, aisé. Tu le regrettais... Combien de fois as-tu demandé à la Lune, l'as-tu implorée, pour que ta Vie soit plus tumultueuse? Qu'une goutte d'eau vienne perturber l'étang tranquille de ta Vie? Combien? Tu ne saurais le dire... Tellement de fois...
Et maintenant tu regrettes à nouveau. Tu ne veux plus de cette nouvelle Vie que le Monde t'a accordée. Tu ne peux même pas rejeter la faute sur la Lune. Non, c'est à Toi que tu dois en vouloir. C'est sur Toi que tu dois hurler malheur.

"J'veux être INVISIBLE dans c'putain de couloir ! S'il te plaît, Lune..."

Arrête. Arrête d'implorer. Arrête de te reposer sur les Autres. Arrête de te lamenter. Tu es une Gamine sans importance. Tu ferais peut-être mieux de pourrir dans ce couloir parcouru par les Autres. De laisser tes Larmes te noyer, Toi ainsi que tous les Autres. Tu seras alors invisible. Ou alors, peut-être visible dans l'univers d'invisible.

Tes Larmes continuent de rouler le long de tes joues jusqu'à s'écraser, goutte après goutte, sur la Lettre à présent plus qu'humide au creux de ta paume. L'évacuation des tes Larmes te font l'effet de petits poids qu'on détache de ton ventre. Néanmoins, ta tête continue de te tourner, embrumant ta vue. Tu tentes de réduire la pression exercée par tes paupières, l'une sur l'autre, pour te prouver que tu es encore dans ce couloir paumé.

"Une Autre..."

Tu n'aperçois que ses petons, immobiles, arrêtés devant Toi, petite Âme Brisée. Tu ne lèves pas la tête, tu n'y arrives pas, tu te contentes de fixer ses chaussures en espérant que ta vision reprenne une teinture normale, précise, nette, contrairement à ta Vie d'Autre.

#426b80 // sixième année
grandiose

25 avr. 2020, 15:54
Effluve d'Âme Brisée  +   Privé 
Le corps tressaute. Tu le regardes Danser au rythme des sanglots. Des regards extérieurs, s’il y en avait dans ce couloir de l’invisible, devaient sûrement croire à un enterrement.
Le corps de la Morte gisant tel un pantin sur le sol, ses longs cheveux bruns couvrant le sol comme une auréole au-dessus de sa tête, et recouvrant son visage que tu n’arrivais pas à apercevoir. Tout ton être semblait attiré par le sien, ton minois se tendant vers Elle, cette Grande. Car tu n’avais aucun doute là-dessus, Elle était plus âgée que toi, sûrement un ou deux ans.
Elle pleurait, la Grande, le cœur déchiré, broyé, éradiqué, effrité, et dont tous les morceaux, dont la taille si infime à présent, s’échappaient de ses yeux, brillant dans ses larmes, créant des sillons sur ses joues et tapissant à présent le sol.
Tes yeux quittent un cours instant son visage et couvent d’un regard transperçant, le couloir sombre. Si transperçant, qu’un fragile moment, tu aperçois les Autres qui vous entourent, dans cette autre dimension. Leur bruit te revient, comme étouffé. Le son de leurs voix, celui de leurs pieds tapant le sol, ou même ceux de leurs pensées secrètes. Mais la vision disparaît bien rapidement, et le Bruit s’estompe. Alors tu te tournes de nouveau vers le corps.



*Morte*




Tu te baisses, t’assois maladroitement sur le sol, et fixes son visage avec cet air grave qui ne te quittes jamais. Tu remarques un bout de papier qu’Elle semble serrer fort dans son poing. Cela te rappelle bien des choses. *Ruby.* Et sa maudite Lettre. Es-ce une Lettre Maudite, aussi ? Les mots étaient cruels, alors son cœur s’est brisé ? Alors Elle ne pardonnera jamais ? Était-il question de Mensonges, ici aussi ? De Mensonges meurtriers, qui font si mal quand on se rend compte que la Vérité n’était qu’illusion. Une Vérité douce, qui ne fait point mal. Comme une belle boite, la plus belle boite qu’on est jamais vu, d’où s’échappe une douce odeur de chocolat chaud. Mais quand on ouvre la boite, il n’y a pas de chocolat chaud.
Tu fronces les sourcils. *Alors y a quoi à la place du chocolat ?*


- Bonjour. Je t’ai vu dans l’Invisible, alors que ça ne devrait pas être possible. J’crois qu’on est bloqué dans la même Dimension.


Qu’es-ce que tu racontes, Toi ? *J’parle, vu qu’Elle peut pas.*Tu parles trop. Mais tu parles pour deux. Et tu crois que ça va lui faire quoi, de parler ? Du bien ? Tu ne fais de bien à rien ni personne. *J’espère qu’Elle me le rendra.* De quelle façon ? *J’espère qu’Elle sourira pour deux.*

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.

07 mai 2020, 18:27
Effluve d'Âme Brisée  +   Privé 
Le Malheur t'emprisonne. Il te retient de ses mains fermes et de ses bras puissants.
Tu es Maudite, Gamine.
Maudite.
Tu es dans une Impasse. Un chemin aux mille bifurcations étroites et sans Espoir. Tu ne peux pas t'arrêter. Tu dois choisir ta Voie.

"J'ai pas d'Voie ! J'm'en fous de la Voie !"

Non, tu ne t'en fous pas. Tu mens, sans le savoir. Tu ne t'en fous pas. Tu ne sais pas, simplement. Quelle route dois-tu emprunter? Laquelle te mènera plus vite à la Mort, et, au contraire, laquelle t'obligera à continuer ta Vie sans importance?

Tes petites mains atteignent à présent tes pieds, les frottant de toutes leurs forces. Tes sanglots continuent de remuer ton corps entier, secousse après secousse. Ton Coeur te fait mal. C'est comme s'il se consumait, seul, sans que tu ne puisses l'arrêter. Est-ce ce que tu souhaites? Qu'il brûle et emporte ton Âme avec Lui? Tu penses vivre en paix, au Paradis, si tu le laisses. Mais tu as tort. Ta Vie d'avant te poursuivra toujours, peu importe où que tu sois, où que tu ailles.
Elle te suivras.
Jusqu'à la Mort.
Jusqu'à ta Renaissance.

De ta Larme pourrait renaître une Toi? Une Autre Toi? Sans passé mais avec un avenir paisible et doux?
De ta Larme pourrait fleurir un bourgeon? Un bourgeon d'amour, de vie, d'amitié?
Est-ce que de ta Larme pourrait émaner la Mort? En chair et en os?

Elles dévalent tes joues à une vitesse incontrôlable. Ces Larmes. De détresse. D'Horreurs. Cette putain de Vie se transformant en Mort. Tu aimerais crier au Monde qu'il est pourri. Qu'il pourrit la Vie d'un seul Être en laissant ces Autres à leur Vie de conte de fées.

Leur Vie de conte de fées...


Pourquoi ne serais-tu pas une Fée, Toi? Pourquoi ne rendrais-tu pas heureux ces Autres que tu hais tant?

"Justement parce que j'les hais.
Ils ne me rendent pas heureuse, il y aucune raison pour que je ne fasse pas pareil.
"

Malheureuse Gamine.
Maudite Gamine.
Horrible Gamine.

Elle s'abaisse. Elle s'accroupit. Pour Toi. L'Autre te porte de l'attention alors que tu l'avais complètement oubliée.

Honte.


Tu n'oses pas lever le Regard. Croiser le sien. Les Regards ne font qu'empirer les sentiments, la Douleur. Tu en déjà fait l'expérience.

"Kyana."

Son Regard de Glace.
Ton Regard doux.
Son Regard persuadé de percevoir de la pitié.
Ton Regard incompris.

Tu ne veux pas être Kyana et que l'Autre soit Toi. Pas Kyana...

- Bonjour. Je t’ai vu dans l’Invisible, alors que ça ne devrait pas être possible. J’crois qu’on est bloquées dans la même Dimension.

Ses Mots se fracassent contre les parois étanches de ton cerveau petit à petit brisées, fêlées. Tu essaies de leur donner un sens en les projetant de tous les côtés comme un lion déchiquetant sa proie. Tu les retournes dans ta tête, les mâchant, presque. Tu puises ta force et ton énergie dans ton Passé. Tes Douleurs, tes Chagrins forgent au fil du temps, un gigantesque puits difficile d'atteinte qui, aujourd'hui, en cet instant, t'es accessible. Tu plonges, la tête la première dans ce trou sans fond. Et... Un seul Son parvient à dépasser tes lèvres jusqu'à se frayer un chemin dans le Silence de ta dégringolade.

Un...
Seul...
Son...

- MORTES...

Dans un ultime souffle, aussi long que l'Éternité, tu te sens éteinte comme une Étoile attendant sa Mort depuis bien longtemps.

Trop longtemps.

#426b80 // sixième année
grandiose

21 mai 2020, 14:11
Effluve d'Âme Brisée  +   Privé 
C’était doux. Ce moment était précieux. Comme une perle rare, un sentiment intense, l’espace-temps explosé en éclat d’insouciance. C’était comme une berceuse, une comptine pour enfant, un baisé de tendresse. Un doux moment, sans les Autres, sans rien, juste Toi. Et Elle. Qui pleure encore. Qui pleure plus fort. Qui te fait bien trop penser à toi, un autre jour, à une autre heure, à un autre endroit. L’Autre qui se recroqueville, cette Plus Grande qui chiale l’injustice. Ça te dérange, ce devrait être l’inverse. Toi pleurant, alors qu’une plus âgée vient te consoler. Ce serait ça, la bonne version de l’histoire, le bon ordre à avoir. Mais dans cette autre dimension, tout est inversé, complètement chamboulé, impensable et irréel. Alors c’est Toi, au-dessus d’Elle. Et Elle qui pleure, alors que Toi tu es Là. Et les Autres, dans l’Invisible, alors qu’autour le monde s’effondre.
Et tu la regardes pleurer.





Tu as vu ? De ses cheveux emmêlés.


Je ne vois, devant moi, que les pépites de lumière enfermées dans cette chevelure abîmée.

Tu as vu ? De ce corps sautillant.


Je ne vois, devant moi, qu’un tas d’homme secoué par la réalité.

Tu as vu ? De ce visage noyé.


Je ne vois, devant moi, que la moitié d’une face rongée.

Tu as vu ? De cette bouche grimaçant.


Je ne vois, devant moi, que la bave perlant et dégoulinant.

Tu as vu ? De ces yeux clos.


Je vois. Mais Elle ne le peut pas.

Tu as vu ? Vraiment, vois-tu Enfant ?


Je ne sais plus.

Voyons, fais un effort ! Le vois-tu ce corps ?


Je ne vois que Douleur.

Enfin…


Je ne vois qu’un Miroir.

Mais…


Tais-toi ! Mes yeux ne voient que l’Âme brisée, cette odieuse cacophonie et les tremblements du Temps. Terrible n’est que l’envie d’en finir avec ses cris infâmes que suis-je bien la seule à entendre ? Et les Autres ? Sont-ils désormais las de ce cirque ? Arrêtons, que cela finisse, mes oreilles ne supporterons point une nouvelle salve de vie.

Comment parles-tu…


Je Parle, je parle, O oui, que je Parle ! M’arrêteras-tu ? Sans doute n’as-tu point assez d’audace pour me demander de fermer ma grande gueule !

Tout ceci n’est que dans ta tête.


N’est-ce pas ? C’est bien dommage, je suis certaine que les Autres aimeraient entendre ma voix. Qu’en dis-tu ?

Ferme-là donc !


Enfin, crier, pour qu’ils sachent tous, qu’ils comprennent tous ! Enfin chanter, haut et fort, si fort ! Danser ! Dansons ! Emporté dans une valse meurtrière, nous menant tout droit vers les Enfers et crions ensemble, oui crions, jusqu’à en être



MORTES.






La voix ne te fait même pas réagir, alors que tu continues à la fixer, Elle. Sans doute, n’en as-tu plus rien à faire de tout cela ? Elle continue à gémir, alors que tu rapproches ton visage un peu plus près du sien.


- On est tous un peu mort.

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.

26 mai 2020, 18:13
Effluve d'Âme Brisée  +   Privé 
J'ai pas mal.

Ta peau est parcourue de traces, de veines. Des preuves de ton existence, de la Sienne. Pourtant, tu te sens morte. C'est comme si ces traces, cette Vie que contenait tes tripes t'avait lâchement abandonnée, aussi soudainement qu'elle était arrivée, lors de ta naissance.
Elle coule. Ses vagues te submergent, te noient. Comme si une rivière s'était déversée tout autour de Toi. Toi, tu es l'oeil du cyclone. Ce cyclone, c'est l'entièreté de ta Vie, brisée. Il peut t'emporter à tout moment, Petite. Tout est lourd autour de Toi. Tu étouffes, tu suffoques. Tes Larmes ne coulent même plus. Elles sont retenues, sous tes paupières qui menacent de rompre. Le déluge. Si leur Mur se détériorie, tu auras une raison de leur en vouloir. Mais pour l'instant, elles retiennent enfouie la Vérité. Tu es faible. Trop facilement tu te laisses couler sous ce trop-plein d'Emotions. Trop souvent. Alors, oui, j'ai le droit de te traiter de faible et Elle, cette Autre Étrange aurait le droit de le faire aussi. Les tentacules noires d'encre qui occupent la place de l'habituelle chevelure ne la feront pas renoncer.

Si elle le souhaite, qu'elle me tue.
Qu'elle me dévore, comme tous.

Cette Douleur, cette Haine te ronge les côtes. Tu les saisis d'une poignée de main en espérant qu'Elles disparaissent. Chasse-les. Peut-être qu'ensuite tu auras moins mal ?

J'ai pas mal.

Mais tes traits s'assombrissent. La Tempête va t'emporter et tu ne tenteras pas d'y échapper.
Le Paradis c'est chouette, il paraît, et tu sembles juger ça honnête. Mais depuis quand crois-tu n'importe qui ? Même cette Fille, cette Autre accroupie, tu ne devrais pas la laisser t'ensevelir sous ses Mots. Pourtant, ils émanent d'une chaleur nouvelle, d'une Lumière splendide, éclatante. Cette Fille, c'est une Ombre aux reflets lumineux. Ta tête a basculé vers l'arrière et tu les as vus. Ces Éclats d'Argent, d'Or et de Bronze qui s'échappent peu à peu de son Âme. Ou alors ils entrent ? Est-elle elle aussi brisée ? Plus elle-même ?

Elle est trop proche à présent. Tu aurais voulu qu'elle reste distante, comme les Autres. C'est une Autre, alors pourquoi ne se comporte-t-elle pas en tant que telle ?

- Non, c'pas vrai. Y a des Morts et y a... des Ombres. Toi, t'es une Ombre.

Ton bras parcouru de veines saillantes s'est contracté contre ta volonté. Tendu sur les dalles glacées, paume de la main vers le Ciel, il attend patiemment un contact. Ce n'est pas ce que tu veux, alors pourquoi s'est-il opposé à tes souhaits ? Ne penses-tu pas que c'est un signe ?

- Pourquoi tu me parles si j'suis Morte ? Tu devrais chercher à reprendre de l'Éclat.

Entre deux hoquets, tes Mots ont bravé le portail de tes Lèvres. Ils sont courageux, importants aussi, sûrement.

J'ai pas mal.

#426b80 // sixième année
grandiose

05 juin 2020, 12:47
Effluve d'Âme Brisée  +   Privé 
La Tristesse rend laid. Elle noie le visage sous des litres de larmes. Laisse couler les peines avec une rage intense. Rends le visage rouge, qui gonfle, et fait bien penser à un crapaud asphyxié. Et ses yeux qui s’injectent de sang, tel un animal devenu fou, prêt à détruire et tuer, guidé par quelques folies invisibles. Tristesse mord. Coupe la respiration, écroule les êtres, hurle et supplie que tout cela cesse. Mettre fin à la Douleur, par n’importe quel moyen, voilà ce que réclament les âmes en peine. Parfois, sont-ils bien trop sombres et pensent que la mort serait un bon compromis. Ils se mettent alors à croire à je ne sais quelles entités, qui jurent d’un crachat sur la Terre que l’Après est aussi beau qu’il n’y paraît. Que la bêtise humaine les mènera tous au même endroit, alors pourquoi ne pas plonger maintenant au lieu d’attendre encore longtemps ?
La Tristesse rend laid. Et même l’âme effondrée n’échappe pas à sa règle. Pleurer détruit la beauté, quand Sourire illumine les visages. *Laide.* Personne n’aime les gens laids. Les gens laids sont rejetés. Ils ne brillent pas autant que les gens beaux. On ne les remarque pas, ne les regarde pas, car personne n’a envie de les voir. Laid. Les gens laids ne sont pas bons, cela est réservé aux gens beaux. Mais à bien y réfléchir, tu préfères être laide, car les gens bons *jambons* sont de vrai con.

Tu renifles et te redresses. Voilà qu’elle parle, fait de vraies phrases. Mais parler ne la fait pas redevenir humaine. Laide ressemble à un de ses animaux fous. Un loup. *Loup.* Complètement fou. *Garou.* Et un instant tu doutes. Serait-ce bien un extrait d’un livre emprunté à la bibliothèque qui te revient ? Les loup-garous existent. Dans ce monde de fou, les gens laids se transforment en bête assoiffés de sang, qui a tout instant vous sauterait à la gorge pour vous bouffer les entrailles. En serait-elle un ? Serait-elle en train de se transformer ? En voilà encore, une idée stupide. Pourquoi accueillerait-on un loup-garou à Poudlard ? Ils ne sont comme même pas fou.
Laide a bougé sa main, tendue vers toi. Comme si la paume appelait à rejoindre la tienne. De nouveau, tu renifles, sans doute de mépris cette fois. Croit-elle vraiment que tu vas la toucher ? *Dégueulasse !* Toucher une inconnue, sentir sa peau visqueuse, sans doute pleine de bave et de larme à présent. Sentir sa main moite frôler la tienne, ta main propre, ta main pure. Et sa main sale, si sale. Rien que de penser à cela, un frisson d’horreur te prends, alors qu’un air dégoûté imprègne ton visage, rien qu’une milliseconde avant de s’effacer.


- Si chuis une Ombre… C’est que j’existe pas. Tu dis que j’existe pas. Tu dis que chuis pas Morte, mais en même temps que je ne vis pas. Donc je ne suis Rien. Néant.


*Chuis Rien alors ?* Et le Loup-garou ? C’est quoi à part un monstre, ou un de ces gens laid. Laid. Tout est si laid. *Chuis Rien.* Ça fait longtemps que tu es Rien. Toi qui attends que le Néant t’emporte, viennes te prendre par la main et te guider enfin vers quelques chemins, te dire la voie à prendre. Savoir. Que faire pendant que ton cœur bat encore.


- Mais Toi, t’es pas Morte. T’es pas une Ombre non plus. Toi, t’es Brisée, et j’trouve ça jolie, c’est pour ça que j’te parle.

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.

05 juin 2020, 20:49
Effluve d'Âme Brisée  +   Privé 
Les sons. Les Voix. Les bruits te parviennent à nouveau, comme sortie d'un coma profond. La Bulle formée entre l'Autre et toi semble pourtant toujours intacte malgré les fissures imparfaites qui la parcourent. La détruire serait une option envisageable et malgré elle bien séduisante. Tes doigts s'en délecteraient jusqu'à en crépiter. La fureur âpre qui habite ton Corps jusqu'au plus profond de ton Âme pourrait se déchainer. La Magie que tu abrites se déverserait sur Elle et sa créatrice principale, tel un vaste torrent de Regrets. Destructrice, elle emporterait le plus petit des Miracles avec elle, ne laissant derrière qu'une salle sombre, sans vie. Sans Passé. Sans Présent. Sans...

La Bulle reprend un aspect opaque et cicatrisé. Pourquoi ? Tes doigts se frayent automatiquement un chemin au travers du morceau de soie chiffonné qui te sert de robe jusqu'à sentir le contact familier du bois. Ils parcourent ses traits, ses cicatrices en quelques sortes, avant de le sortir de la poche de tissus l'hébergeant. A présent, cinq autres doigts se sont joints à la Danse, profitant de ce toucher si ordinaire depuis près de deux ans.

______________


Lorsque son jargon passe le pas de cette bouche aux lèvres craquelées, il se répercute de lui-même contre l'épaisse couche de Verre recouvrant la Bulle, ayant à présent exclue l'Autre. Seulement un grondement, retentissant dans tes Oreilles, secouant faiblement ton Corps aux divers chatoiements aussi sombres que des Nuits sans leur Lune. Un seul et unique Mot, cependant, réussit à coexister avec la Bulle. Il te permet de l'entendre. Qu'elle te trouve jolie. Indirectement, bien sûr, mais ce dire retourne ton cerveau, tes Pensées plus qu'elles ne l'étaient déjà. Cela ne te fait ni chaud, ni froid, une simple et chaleureuse atmosphère t'ombrageant soudain. L'effet inverse que celui souhaité se fait pourtant ressentir, t'oppressant plus que jamais. A cause de cette stupide coexistence, ce Mot est apparu dans la Bulle, parvenant à tes Oreilles, créant ainsi un sentiment désagréable en toi pour t'étouffer plus aisément. Tout ça par ta faute. Ta réaction a été trop lente et lui a permis d'obtenir son souhait ; ta Mort.

Pas une Vague bouillante de plus que, tant bien que mal tu essaies de te relever, péniblement, espérant adopter une position plus stable avant de lever à hauteur de ta poitrine ta baguette au bois luisant. Des Souvenirs de vos Vécus ensemble te remontent en mémoire. Tu les ignores au mieux et te concentres sur la Faille. Tu n'as aucune idée de ce que tu as envie de faire. Juste lui renvoyer ce qu'elle t'a infligé. Vengeance. Peut-être est-ce cela que tu souhaites. Te venger de ce que ton Père vous a fait subir à tous. Te venger de ce que ces Autres ne voient pas ou bien ignorent volontairement. Te venger de ce que cette fichue femme pourra bientôt occuper comme place au sein de ton Cocon.

- Flambios !

Ta cible avait été cette Fissure. Minime, il t'a fallu être concentrée, ce qui ne t'a posé aucun problème. Sans délicatesse, tu graves des lettres de feu face à l'Autre. « Es-tu aussi idiote que les Autres ? » Comme une Pensée informulée, murmurée à voix basse, interdite de traverser plus dynamiquement la pièce. La déception te gagne alors à l'allure d'un félin enragé. Ils sont tous pareils, néanmoins tu le lui as demandé. Tu espères. Encore. Ton Cœur risque de ne t'apporter que des Malheurs, comme une perpétuelle scène de film.

Tu voudrais te venger mais tu ne le peux pas. Tant de choses qui te sont inaccessibles et ne devraient pas l'être. Tout comme ces Mots d'encre grattés sur ce papier chiffonné tenant amplement dans ta main gauche, poing fermé.

J'veux leur faire payer...

#426b80 // sixième année
grandiose

20 juin 2020, 16:50
Effluve d'Âme Brisée  +   Privé 
Voilà qu’elle se redresse, dos au mur et le visage face au tien. Elle pleure toujours, il te semble, mais tu es bien trop perdue dans tes pensées, le regard dans le vide, comme si elle non plus, tu ne la voyais plus. Elle bouge, mais tu t’en contre-fou. Si elle parlait, tu ne l’entendrais sûrement pas. Si elle s’en allait, tu ne la verrais probablement pas. Si elle te frappait, tu ne le sentirais pas. Comme si le seul fantôme, au milieu de ce couloir, n’était autre que Toi. Comme si tu n’existais pas. Pas vraiment en tout cas. Juste là pour faire jolie, comme l’une de ses décorations qu’on ressort que pour les grands événements, et qu’on laisse pourrir dans un placard tout le reste de l’année. Juste là pour aider, ou du moins parler, pour que les Autres se sentent moins seul sans doute, comme l’un de ses amis imaginaires qu’on les enfants de trois ans. Ne vivant que grâce à la solitude d’un être primaire, incapable même de se nourrir seul. Peut-être que tu parlais pour rien, là. Dans le vide. Ou peut-être au mur. Peut-être que t’aurais mieux fais de la fermer, ou de ne pas t’approcher. Tu n’aurais pas dû venir vers elle, qui ne voulait pas de toi sans doute. La laisser crever dans son coin, ne lui accorder aucun regard. Faire comme les Autres.

Sa voix brisée te sort de cette torpeur, alors qu’elle pointe sa baguette devant elle. *D’où elle la sort ?* Tu recules légèrement ton buste en arrière et regarde le bout de bois bouger dans les airs, faisant apparaître des lettres brûlantes. Comme si l’air était brûlé au fer rouge, puni pour on ne sait quelle bêtise. Écrites avec une fureur qui te revenait en plein dans la gueule, si violente que tes yeux flanchaient légèrement. Tu regardes les mots apparaître et léviter entre vos deux corps.
Ses mots te blessent, comme des lances glaciales à la pointe acérée. Elle t’accuse, même après tout ce que tu lui as dit. Tu as essayé de parler, sans doute, était-ce la seule fois où tu venais voir une Autre par toi-même. Et voilà qu’Elle te rejetait comme de la merde, te traitais comme tous les Autres.


- Ne me compare pas aux Autres.


Ta voix est sifflante. Tu ne te rends même pas compte que tes poings tremblent sur tes genoux, les agrippent avec rage. Comme habitée d’une sourde colère, alors que tout ton visage se tord en une moue dédaigneuse.
Qu’elle te rejette de la sorte t’atteint plus que tu ne l’aurais cru. Pourtant, ses larmes et sa détresse ne t’avaient pas spécialement touché. À vrai dire, tu t’en foutais complètement, qu’elle soit triste. Tu étais juste venu vers Elle car Elle semblait ressortir, comme une tâche pastel dans le couloir terne. Parce qu’elle apparaissait d’une teinte chaleureuse, malgré sa position de faiblesse.


- Si j’étais comme eux, j’serais pas venu te voir. J’t’aurais pas vu, ok ? J’t’aurais laisser là, comme une merde. J’voulais juste te parler parce qu… parce que…


*Putain mais pourquoi chuis venu !* C’était complètement débile au final. T’aurais dû continuer ton chemin, comme d’habitude. Pourquoi toujours te mêler de ce qu’il ne te regardait pas ?

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.