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03 juil. 2020, 09:21
Si tu ne viens pas à moi, c'est moi qui irai à toi
RPG +, privé avec @Lena Smith
Jeudi 13 octobre 2044
Aux alentours de 16h

Aujourd’hui. J’avais décidé que ce serait aujourd’hui. Coûte que coûte. Ça faisait exactement deux semaines qu’elle m’évitait comme la peste et je n’en pouvais plus. Avait-elle honte ? Avait-elle peur ? Était-elle triste ? Si au moins elle était venue me trouver pour que l’on puisse discuter… Mais non, c’était bien sûr à moi de faire le premier pas. C’était à moi de lui courir après pour qu’elle accepte de me parler.

Pendant les deux semaines passées, j’avais toujours caressé l’espoir qu’elle vienne me parler pendant les nombreux cours que l’on avait en commun, ou dans la salle commune, ou encore dans le dortoir que l’on partageait. Mais dès que j’entrais dans une pièce, elle disparaissait de celle-ci. Et, quelques jours auparavant, j’avais décidé que c’était à moi d’aller vers elle pour que l’on puisse parler. Néanmoins, mes efforts ses révélèrent tous vaincs ; lorsque je pensais que j’avais enfin réussi à la trouver, la voilà qui trouvait un moyen de s’éclipser ou engager une conversation avec quelqu’un d’autre, me laissant toujours plantée seule au milieu d’une pièce, à chaque fois plus blessée.

*Mais aujourd’hui, pas question de la laisser partir*

Non, pas question. Je m’entraînais depuis plusieurs jours à avoir une conversation avec elle, devant le miroir, dans mon lit, pendant les pauses, quand je devais étudier, partout. J’avais déjà mes phrases toutes prêtes à être dites et je ne pouvais rien lâcher. *Rien lâcher*

Pour la première fois depuis le début de l’année, je sortis du cours de vol d’une humeur décidée et non dévastée ou démoralisée. Je m’attendais de nouveau à la voir me fuir et j’étais prête à la suivre. Peu importe si j’avais des devoirs à faire, des leçons à réviser, ça pouvait attendre : je devais aller la trouver d’abord.

Comme le reste du bruyant attroupement d’élèves, elle se dirigea vers le château. Je la perdis rapidement de vue, *stupide, t’es stupide Eryne*, mais accélérai pour tenter de la retrouver dans le tohu-bohu d’adolescents. Je me frayai un passage entre les jeunes sorciers pour atteindre la porte du château et monter quatre à quatre les escaliers, pensant que Lena pourrait vouloir retourner au dortoir.

Je fus soulagée de le voir à quelques mètres devant moi dans le couloir rempli de toutes sortes de tableaux mais la panique m’emplit et je fus incapable d’avancer plus.

*Imbécile, mais t’es qu’une imbécile. Avance et va la voir, fait un effort !*

Je pris une grande inspiration et répétai mentalement les mots exact à lui dire. Enfin, je me mis à courir dans le couloir pour la rattraper, mon sac à carreaux écossais rebondissant sur une de mes épaules. Quand j’arrivai enfin à son hauteur, j’étirai le bras pour lui saisir doucement mais fermement l’avant-bras.

Lena ? Je… On pourrait parler un instant, s’teuplé ?

*C’est bon, tu l’as dis. Inspire. Expire. Tu l’as dit. Maintenant, ne la laisse plus se défiler.*

Toujours ma main tenant son bras, je la conduisis jusqu’à un coin du couloir, répétant les phrases à dire en silence et essayant de ne pas laisser voir à quel point j’étais nerveuse.

Voici mon premier Pas pour cette Danse ! J’espère que tout te convient et, comme toujours, c’est un plaisir de partager ces Mots avec toi.

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03 juil. 2020, 22:32
Si tu ne viens pas à moi, c'est moi qui irai à toi
La journée c’était passée sans problème. Aucun.
Une parfaite journée sans devoir fuir Eryne.
Jusqu’au cours de Vol.
Jusqu'à la fin du cours de Vol, pour être exacte. Car Eryne suivait Lena. Cette dernière avait beau se fondre dans la masse d'Autres, de marcher vite, sa camarade était derrière. À un moment, elle l'a perdit de vue.
*Très bien.*
*Pourquoi t'es si méchante avec elle ? Pourquoi tu la fuis ?
*Ça t'regarde pas.*
La Voix voulait savoir. Mais Lena ne voulait pas le lui dire. Car si elle le faisait, elle voudrait aller parler à son amie. Si elle pouvait continuer de la qualifier comme ça.
Après ce qu'elle avait fait est-ce que la Jaune voudrait encore d'elle ?
Est-ce qu'elle voudrait bien lui parler ?
Lui pardonner ?
Peut-être que non. C'était sûrement un non. Et si c'était ça, alors Eryne était une Autre.
Mais de toute façon, elle était une Autre, non ?
*Oui. Oui. Oui ! OUI !*
*Arrête d'essayer de te convaincre.*
*J'essaye pas d'me convaincre !*

Elle ne s'était pas rendue compte qu'elle s'était arrêtée.
Elle ne savait pas qu'Eryne était à quelque mètres d'elle.
Ce n'est que quand sa camarade lui saisit le bras qu'elle s'en rendit compte.
Elle était là. À côté d'elle.
*Eryne.*
Non.
Non.
Non.
*Si.*
Et merde.
*Casse toi ! J'veux pas t'voir. Ni t'parler. Rien de tout ça !*

-Lena ? Je… On pourrait parler un instant, s’teuplé ?

*Non.*
Surtout pas. Ouvre surtout pas ta bouche pour dire ce que tu vas lui dire. Ça va lui faire mal. La rendre triste. La faire culpabiliser.

-Vas-y. Mais grouille toi.

Elle n'avait pas pu s'en empêcher. La Présence d'Eryne l'avait forcée. Et elle ne le voulait pas.
Surtout pas.
Tout, mais pas ça.
Pas parler à son amie.
Pas la voir.
Pas la regarder.
C'était les règles qu'elle c'était fixée. Pendant environ deux semaines, ça avait marché. Tout c'était passé comme sur des roulettes. Même si parfois c'était dur. Dans le dortoir, par exemple.
Jusqu'à aujourd'hui.
Elle avait tout gâché. Comme d'habitude. En acceptant la prise d'Eryne sur son bras. En acceptant de l'écouter.
En parlant de son bras, la blondinette se rendit compte que sa camarade serrait assez fort. Alors elle tenta de se dégager doucement. Lentement. Pour ne pas brusquer son amie. Pour ne pas lui faire croire qu'elle allait fuir.
Même si cette dernière proposition était tentante. Très.

Lena amorça un pas en arrière.
Puis un autre.
Avant de s'arrêter net. Elle n'allait pas fuir. Pas tant qu'Eryne ne lui aurait pas dit. Surtout qu'elle ne voulait pas la vexer.
Mais ces deux pas n'avaient pas servi à rien.

D'un mouvement de bras rapide et précis, la Jaune s'empara du bras de sa camarade et l'entraina dans un couloir désert. Au moins, elles seraient plus au calme si un élève passait.

-Vas-y.

*Je suis prête. Enfin j'espère.*

Voilà mon premier Pas pour cette Danse. Dansons jusqu'à l'épuisement des Mots, Belle Plume.

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04 juil. 2020, 09:47
Si tu ne viens pas à moi, c'est moi qui irai à toi
Elle voulait bien. J’expirai, soulagée d’avoir une réponse positive. Peu importe les mots avec lesquels elle acceptait tant accédait à me parler un instant.

Je surveillai du coin de l’œil la Jaune afin d’être sûre de ne pas me retrouver seule dans le petit couloir d’un instant à l’autre. Mon amie m’indiqua de commencer à parler et, d’un sourire un peu crispé, je lui lâchai le bras. En la détaillant un instant, je cherchai mes mots. Moi qui m’étais autant entraînée à lui parler, voilà que les phrases ne voulaient plus me revenir en mémoire. Contrariée et stressée, je croisai les bras et ouvris la bouche.

Je…

*Dis. Lui. Tout.*

Angoissée, je la regardai, pensant à ce qu’elle pourrait penser aux mots que j’allais utiliser. Allait-elle penser qu’ils étaient cruels ? Déplacés à ce qu’on avait partagé, deux semaines auparavant ? À ce qu’elle m’avait partagé, son jardin secret ? Et ensuite… le décès de son frère ?

*Inspire. Expire. Inspire. Expire. Inspire. Et… parle.*

Lena, j’ai l’impression que tu m’évites.

Ce n’était pas juste une impression, je le savais. Elle m’évitait. Comment était-ce possible de partager le dortoir avec quelqu’un sans pourtant la croiser ? Elle m’évitait, je le savais, mais je n’avais pas pour habitude d’être dure avec mes mots. Du moins, pas avec elle. Je ne voulais pas ce froid entre nous ; je voulais revivre éternellement ce moment sous le saule où elle s’était ouverte et toute sa souffrance était devenue si moindre d’un coup.

Oui, que tu m’évites. Depuis le Saule.

Comme si le Saule était un moment, un jour important. Mais ce n’était qu’un simple saule, un arbre. Un arbre important mais… un arbre tout de même. Je la regardai dans les yeux et murmurai le plus doucement possible :

J’aime pas qu’tu m’évites.

Je baissai mon regard vers mes pieds, honteuse de cette phrase faisant si *gamine*, mais qui était si vraie. La voir se défiler à chaque fois que je m’approchais m’était douloureux, si douloureux, blessant.

*Continue*, m’incitèrent mes pensées, *continue*

Je… J’crois qu’il faudrait qu’on en parle pour régler ce « problème », fis-je en mimant des guillemets. S’il te plaît…

Ma voix était implorante, je me faisais pitié. Mais j’en avais marre de ces dos tournés, ces regards feignant mon absence. Marre. Je levai mes yeux dans les siens, où j’espérais voir une pointe de compassion. D’amitié. De compréhension.

S’il te plaît…

Je levai une de mes mains vers elle, la paume vers le ciel, comme pour…

*Pour quoi ?*

Je ne savais pas. Pour rien, peut-être ? Ce mouvement ne faisait que me rendre plus pitoyable. Je laissai retomber mon bras sur mon flanc et attendis sa réponse une boule au ventre, avec un petit mouvement de recul, craignant voir sortir de sa bouche des mots blessants.

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08 juil. 2020, 19:39
Si tu ne viens pas à moi, c'est moi qui irai à toi
Pourquoi ne pas fuir ? Eryne n’était pas en état de rattraper Lena. Elle cherchait encore ses Mots. Alors la blondinette pouvait partir à sa guise. Il lui suffisait de se retourner et de courir. Le couloir aboutissait sur un autre.
*Parfait.*

Attendre encore un peu. Un tout petit peu.
Mais ce "tout petit peu" avait été trop long.
Eryne avait parlé. Elle avait ouvert sa bouche. Prononcé des Mots. Fait résonner sa voix dans le couloir vide.
Et ses Mots étaient vrais. Il n’y avait pas de Mensonge dedans.

Lena essaya de garder un visage impassible. Comme elle en avait l’habitude. Comme depuis un an à peu près.
Un an de douleur.
De Solitude.
De tristesse.
De dépression.

La Jaune repensa à ce moment où sa mère l’avait emmené dans une voiture pour aller chez une psychologue.
Une *voiture*.
Cet engin n’était que danger.
Mort.
La Mort attendait les Autres à l’intérieur. Pour les emmener avec elle au bon moment.
C’est ce qu’elle avait fait avec Gabriel.

Et pour ça... Pour ça, Lena lui en voulait. Beaucoup.
Elle lui avait pris son frère.
Elle l’avait arraché à son cœur. Le blessant à tout jamais.

Les paroles d’Eryne la tirèrent des ses Pensées.
C’était vrai. Son amie avait raison.
Encore.
*Depuis le Saule. C’est normal.*

Elle avait été faible ce jour là. Elle s’était confessé. Et ça lui avait fait du bien. Mais du mal, aussi.
Comme si elle devait tout garder pour elle. C’était peut être mieux ainsi.
Comme ça, pas de trahison. Et pas de risque que la personne raconte tout aux Autres.

Mais... Le doute s’installa dans le corps de Lena.
Et si Eryne avait tout raconté ?
Aux Autres ?
*Non non non non... Elle a pas intérêt à avoir fait ça ! Sinon je...*
Sinon quoi ?
*Je... J’la... J’ferai en sorte qu’elle regrette ça.*
*Eryne a continué de parler Lena.*
Pas faux.
Elle aimait pas qu’elle l’évite. Mais pourquoi ? C’était mieux pour elle. Pour la blondinette. Pour tout le monde, en fait.

*Parler de quel problème ?*
Elle le savait très bien. Mais feignait l’ignorance.

-S’il te plaît…

Ça faisait pitié. Cette petite voix. Ce geste de main inutile. Ce mouvement en arrière. Inutile aussi. Qu’est ce qu’elle craignait ? Que Lena la frappe ? Lui parle ? Avec des Mots blessants ?
Elle faisait pitié.
*Pour une fois qu’c’est pas moi.*
Oui. Eryne faisait pitié. Et Lena en était satisfaite. Non.
Ce Mot est "méchant".
Et la Jaune ne pense rien de méchant quand on parle de son amie.
Jamais.
Déjà, elle en était incapable. Et ensuite, elle ne le voulait pas. Mais alors pourquoi était elle apaisée ?
Peut être parce que cette fois, c’était Eryne qui faisait pitié. Chacune leur tour.

Maintenant il fallait répondre. Ne pas rester silencieuse. Quoique... le Silence était bien. Il planait dans le couloir.

Lena s’adossa contre le mur.
Pour finalement glisser sur son long et finir assise sur le sol. Les genoux contre son corps. Les bras sur ses genoux. La tête sur ses bras. Ses yeux regardant le plafond.
Elle ne savait pas quoi dire. Pas quoi répondre à Eryne.
Alors elle haussa les épaules. Un petit mouvement presque imperceptible. Mais peut être que son amie l’avait vu ?
*Répond.*
Faut dire quelque chose.

-Quel problème ?

Feindre l’ignorance. La solution de secours.

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08 juil. 2020, 20:34
Si tu ne viens pas à moi, c'est moi qui irai à toi
La Jaune paraissait presque acculée, comme si parler avec moi était sa seule option. Cette résignation à m’écouter me donnait presque envie de pleurer, comme si elle se foutait vraiment de moi.

*C’est une façade. Les mots sont une façade. L’apparence est une façade. Elle joue son jeu, à toi de l’y coincer.*

J’inspirai et la regardai se laisser glisser sur le sol pour s’asseoir. Un infime mouvement d’épaules était le seul geste pouvant s’assimiler à une réaction mais je ne me laissai pas abattre. En essayant de montrer une confiance en moi plus haute qu’elle ne l’était réellement, je regardai Lena lever les yeux vers moi pour me poser une question. Deux simples mots. Une petite phrase.

Quel problème ? Quel problème ? Elle était sérieuse ? Ou se moquait-elle de moi ?

*Elle joue son jeu, j’t’l’ai déjà dit. Elle joue son jeu.*

Quel problème ? m’égosillai-je en haussant les sourcils et me mordillant la lèvre, cherchant une réponse adéquate, le visage crispé.

Je ne voulais pas laisser mon inquiétude, mon angoisse, s’entendre dans mes paroles comme quelques secondes auparavant. Je devais avoir l’air sûre de moi, sûre de moi.

J’sais pas, Lena, fis-je le plus sincèrement possible, sans croire un instant à ces mots ironiques. Peut-être le simple fait que tu m’évites ? Peut-être… Peut-être que tu pourrais trouver la réponse seule ?

Fatiguée de la regarder de haut, je me laissai glisser près d’elle – mais pas trop, toujours avec cette peur d’entendre des mots blessant, laissant la distance physique me protéger –, ramenant mes jambes contre moi et en regardant droit devant moi, en silence. Je n’étais pas douée pour exprimer mes sentiments avec des mots à quelqu’un en dehors du cercle familial. Déjà, autre que Maman ça devenait difficile. Mais avec quelqu’un d’autre… Ma technique bien à moi était de me renfermer, d’encaisser en silence, ne rien dire. Pourtant, comment encaisser silencieusement du silence ? Comment encaisser silencieusement quelqu’un ne vous dirigeant pas la parole ? Comment encaisser silencieusement les actes de quelqu’un essayant d’être invisible à mes yeux ?

Peut-être que… commençai-je avant de fermer la bouche d’un coup sec, ne trouvant pas la suite de ma phrase.

Allait-elle faire l’ignorante encore longtemps ? Pour échapper à cette discussion, pour échapper à ma douleur ? Non. Je ne pouvais pas la laisser me faire ça. Quitte à être blessée avec un « j’veux plus te parler, plus être ton amie » – car elle était mon amie, n’est-ce pas ? –, il fallait qu’on est cette discussion. Je tournai la tête vers la Jaune et la regardai à la dérobée un instant, me souvenant des cheveux raides et trempés qu’elle avait à notre dernière rencontre, à la différence de maintenant.

*Les cheveux. Bon thème pour oublier un instant où tu es, hein ?*

Elle n’allait pas vouloir voir le problème en face. C’était à moi de prendre le taureau par les cornes. Je pris de nouveau une inspiration avant de me lancer.

Qu’est-ce qu’y’a ? T’avais peur que je… le dise à quelqu’un ? fis-je en baissant un peu la voix, craignant qu’elle m’en veuille d’avoir mentionné la perte de son frère. Peur qu’je me moque ? Peur que je te juge ? C’est pas me connaître, ça, Lena. Tu me crois vraiment capable de me servir de ça contre quelqu’un ? Pourquoi voudrais-je m’en servir contre toi, déjà ? je me tournai vers elle, assise sur mes genoux. Il est là le problème. Tu m’évites pour une raison fausse et tu ne me laisses pas tenter de réparer ma soi-disant « erreur », je la regardai un instant en silence avant de reprendre d’une voix un peu forcée, espérant qu’elle ne le remarque pas. Alors… je pourrais peut-être la réparer ?

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11 juil. 2020, 17:46
Si tu ne viens pas à moi, c'est moi qui irai à toi
Lena encaissa la colère d’Eryne. Elle voyait clair dans son jeu.
Mais c’était les sentiments. Ils faisaient mal. La blondinette en avait mal d’entendre les Mots de son amie.
Ça ne faisait qu’ouvrir d’autres blessures. Douloureuses.
*Elle est pas obligée d’geuler !*
C’était tout ce qu’elle pouvait penser.
Mais la suite n’arrangea rien. Le ton ironique.
C'était méchant.
Et ça, ça faisait encore plus mal que le reste.
Plus que les Mots.
Que les phrases.
Plus que tout, en fait.

Eryne glissa à côté de Lena. Mais pas trop près. Et c’était tant mieux. La Jaune n’aurait pas pu s’empêcher de faire quelque chose de mal si elle avait été trop près. Et elle voulait à tout prix éviter ça.

*Peut-être que quoi ? Finis ta phrase Eryne. Ce serait mieux. Même si ça fait mal.*
De toute façon, elle avait déjà mal. Elle avait encaissé les Mots de sa camarade.
Sans rien dire.
En silence.
Garder le silence était une solution. Une bonne solution. Comme ça, pas besoin de parler. Et notre interlocuteur.rice ne sait pas ce qu’on veut dire.
C’est peut-être mieux ainsi.
*Peut-être.*

La tirade d'Eryne prit fin. Maintenant, il fallait que Lena réponde. Alors c'est ce qu'elle fit.

-Bah oui. C'est ça. J'ai peur qu'tu l'dises à quelqu'un. Que tu t'moques. Peur que tu m'juges. Et tu sais pourquoi ?

Non, elle le savait pas. Elle pouvait pas le savoir. C'était pas possible. Lena marqua une pause. Pour rassembler son courage. Rassembler son courage à cause de ce qu'elle allait dire. Parce que ça ferait mal. Peut-être.

-Parce que t'es une Autre !

Elle s'était levée d'un coup. D'un bond. Et elle regrettait déjà ses paroles.
*Pourquoi j'ai dis ça ?*
Parce qu'elle s'était pas contrôlée.
Encore. Une. Fois.
Mais si c'était pas une Autre ? Elle en avait pas la certitude. Que c'en était une.

-Désolée...

*Pourquoi ?*
Parce que.

-Et comment ?

Comment peut-elle réparer son "erreur" ?
La blondinette avait été bête. Elle aurait pas dû dire que son amie était une Autre. Même si, si ça se trouve, c'était vrai.
Elle n'en avait pas la certitude.
Il fallait qu'elle dise quelque chose. Pour se prouver à elle même qu'Eryne n'était pas une Autre.
Une question. C'était bien. Pour la "tester".

Maintenant, restait plus qu'à trouver une question. Ou alors, une énigme ?
*Je crois avoir trouvé.*

-La prochaine fois que tu me chercheras, je serai dans un endroit qu'on ne peut trouver que si on a vraiment besoin de quelque chose. Si tu trouves cette pièce, sache que tout ce que tu cherches est dedans.

Était-ce assez clair ?
Elle ne savait pas. Mais elle l'espérait.
En tout cas, elle parlait de la Salle sur Demande.

Avant qu'Eryne ne fasse quoique ce soit, la Jaune se sauva. Elle marcha d'un pas rapide jusqu'à l'intersection des deux couloirs et disparu dans l'école.

Bon et bien, je crois que c'est la fin de cette Danse pour moi, belle Plume. Ce n'était pas du tout censé se passer comme ça. Mais Lena n'en a fait qu'à sa tête, comme d'habitude. À toi donc de clôturer cette Danse.

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11 juil. 2020, 22:14
Si tu ne viens pas à moi, c'est moi qui irai à toi
Comment pouvait-elle penser une telle chose ? Comment aurais-je pu la juger ? Ce n’était quand même pas de sa faute si son frère n’était plus là, elle ne l’avait pas tué ? Un instant, la peur que cette hypothèse soit vraie s’empara de moi jusqu’à ce que mes pensées me remettent les idées en ordre : *Arrête, pense pas à des trucs aussi saugrenus et… glauques*.

Il m’était impossible de la juger sur ça, de me moquer. Quant à le dire à quelqu’un ? Il fallait déjà que j’ai quelqu’un à qui le dire ! À qui aurais-je pu en parler ? Aux filles du dortoir ? Je connaissais à peine leurs noms. À Yohann, ce Jaune avec qui j’avais travaillé à la bibliothèque ? Je ne lui avais pas parlé depuis. À Sarah, la fille m’ayant interrogé sur mon livre ? C’est à peine si je l’avais recroisée. Comment voulait-elle que ça s’ébruite ?

J’ouvris la bouche pour riposter quand elle s’exclama d’une voix forte son avis sur la question. Son avis sur moi. « Autre. » J’étais une « Autre ». Tellement bouleversée par la dureté de ses mots, je ne réagis pas à son brusque mouvement pour se lever. Une « Autre ». J’étais une « Autre ». Qu’était-ce une « Autre » ? Une personne étrangère à elle-même ? Alors évidemment que je l’étais ! Comme tout le monde sur cette Terre, une personne étrangère à Lena. Une « Autre ». Car c’était bien ça ce qu’elle entendait par ce mot si blessant ? Une personne autre qu’elle-même, une… Je ravalais ma salive. Une personne ne sachant *rien* d’elle, une personne ne partageant *rien* avec elle. *Rien.*

Sa voix me fit revenir à la réalité – endroit où je n’étais qu’une « Autre », étrangère croisée dans les couloirs, ne représentant rien pour elle – et je levai un visage inexpressif vers elle. Étais-je fâchée ? Triste ? Je ne savais pas. Je voulais partir en courant et me réfugier quelque part, quelque part ou je ne serais plus qu’une « Autre », où je serais juste Moi-Même, une personne à part entière, avec ses défauts et ses qualités mais étant Elle-Même. Pas une « Autre ».

Je secouai la tête, ravalant des larmes n’ayant pas leur place sur le visage d’une *Autre* et baissai la tête. Je n’étais *rien* ni *personne* pour nier les dires de Lena. C’était donc ça, j’étais une *Autre* à côté de tous les étudiants. De mes soi-disant amis. De mes connaissances. De tous. Rien qu’une *Autre*. Une pitoyable *Autre*.

J’entourai mes jambes avec mes bras, comme pour me serrer dans un cocon d’*Autre*, me sentir seule avec Moi-Même. Oublier Lena. Oublier mon entourage. Ne rien ressentir. *Rien.* Comme ce que j’étais.

La Jaune répéta l’interrogation que j’avais une ou deux minutes auparavant, quand je croyais encore que les mots les plus blessants avaient été prononcés. Comment. Comment pouvais-je réparer mon erreur.

J’essuyai mes yeux avec le dos de main d’un mouvement rageur et me levai pour me tenir en face de la Poufsouffle, légèrement de profil pour ne pas devoir la regarder dans les yeux. Elle ne voulait sûrement pas voir une simple « Autre » lui adresser la parole, songeai-je.

*C’est bon, Eryne, là. Faut te calmer. On n’ira nulle part comme ça.* Me calmer ? Je… *Calme-toi. Elle s’est peut-être mal exprimée, ou…* Non, elle avait raison. Je n’étais qu’une « Autre ». *Non.* Je n’étais rien. *Arrête.* Personne. *Stop.* Je méritais de disparaître. *Tu te fais mal. Exprès. En espérant qu’elle s’excuse. Alors stop.* Stop quoi ? C’était vrai. Vrai, vrai, vrai. *Non ! Tout es faux ! Arrête. Tu n’es ni une « Autre », tu n’es pas rien, tu n’es pas personne. Tu es toi. Ça suffit. Assume.* Non, je… *T’es Eryne. Voilà ce que tu es. Alors maintenant, ferme-la et regarde-la dans les yeux.*

Je relevai un visage neutre vers ma camarade de dortoir et soutins son regard. Elle me parlait d’une pièce où je pouvais trouver ce que je voulais. Ce que je cherchais. *Du réconfort ?* Où je pouvais la trouver. Pour quoi faire ? Pour être une « Autre » ? Pas… *Ça suffit. Stop. T’arrête maintenant, y’en a marre de t’entendre t’apitoyer sur son sort. Alors tu vas reprendre le fil de la conversation, l’écouter parler de cette… salle bizarre où tu trouves ce que tu cherches et voilà !*

Quand je m’apprêtai à lui répondre – sur une certaine « Autre » se nommant Eryne, mon incapacité à me moquer du décès d’un être cher ou de la pièce dont elle parlait –, elle me tourna le dos et partit d’un pas rapide dans le couloir.

À cet instant, un vrai ouragan d’émotions m’empêchant de penser déferla dans ma tête. Elle me laissait plantée, là, pour la troisième fois consécutive et moi je ne bougeai pas d’un poil ? *Rattrape-la !* Mais le trop-plein de pensées m’empêcha de bouger sur place. À l’intérieur de moi, le temps s’était arrêté. J’étais paralysée sur place, bloquée par toute sorte de sentiments contradictoires. Lena voulait que je la retrouve. Elle était mon amie. Elle devait l’être. Mais comment pouvait-elle être amie d’une « Autre » ?

*Pour la dernière fois, tu…* Je quoi ? Je n’étais pas une « Autre » ? Une étrangère à Lena. Si. Je devais l’assumer, voilà tout. *Non ! Tu. N’es. Pas. Une. « Autre. » Voilà tout, alors arrête de penser comme ça.*

Mais en même temps, j’étais fâchée. Fâchée. Vexée. Blessée. Je lui en voulais. Pourquoi ? Parce que j’étais cette « Autre » ? Parce qu’elle me croyait capable de trahir sa confiance, la mémoire de son frère ? Qu’elle soit ainsi partie pour la troisième fois consécutive ?

*Faut que tu reprennes tes esprits, réveille-toi, aller quoi ! Je ne te reconnais plus, sors de cette apathie ! Rattrape-la, montre-lui de quel bois tu chauffes ! Montre-lui que personne ne te fuit – et t’échappe – trois fois de suite !*

Je secouai la tête et regardai au tour de moi. C’était décidé, je devais retrouver la Jaune. J’étirai mes bras et fermai un instant les yeux pour faire le vide. L’instant d’après, je courais dans le couloir qu’elle avait emprunté, à présent bien plus vide que lorsque le cours de Vol avait pris fin. Je le longeai dans une course folle, mon sac rebondissant sur une de mes épaules, le visage déjà rouge après ce départ soudain. Vers où ce serait-elle rendue ? Les dortoirs ? Prise d’une soudaine énergie, je changeai de sens vers l’entrée de la salle commune.

Je devais la revoir. Même si c’était juste pour une question d’ego, « personne ne te fuit – et t’échappe – trois fois de suite ». Personne.

Arrivée devant l’entrée cachée, je fis rapidement et à bout de souffle le code d’entrée, vérifiant si Lena n’y était pas. Je fis le tour de la salle commune à grands pas, sans la repérer. Angoissée, je me dirigeai vers notre dortoir – toujours pas de signe d’elle. Pas même dans les salles de bain, ni quelconque autre endroit de la salle commune – j’avais vérifié deux fois.

*Peut-être tu l’as dépassée, elle n’est pas encore arrivée ?*

Après cette réflexion, je sorti de l’espace commun des Poufsouffle pour faire plusieurs fois des aller-retour dans les couloirs entourant l’entrée de notre maison. Au bout d’une quinzaine de minutes, je dû me rendre à l’évidence, elle n’était pas retournée ici comme je le pensais. Ou pouvait-elle être ? Il me restait tout Poudlard. Le moral à zéro, je retournai dans notre dortoir pour me laisser tomber sur mon lit et me morfondre, m’interdisant de laisser couler une seule larme. Tant pis pour moi.

*De toute façon, qu’est-ce que tu lui aurais dit ?*

Peut-être… Je ne savais pas. Que je n’allais pas trahir sa confiance – que je ne pourrais pas ? Que je ne pourrais pas me moquer d’elle, d’une… *Oui, vas-y* … d’une amie ? Que… Qu’est-ce qu’elle voulait exactement dire par « Autre » ? Oui, je lui aurais sûrement dit un mélange de tout ça, avec peut-être quelques bafouillements et une sorte de colère mêlée à de la tristesse avec ?

J’étouffai quelques sanglots dans mon oreiller et me recouvris de la couette comme si elle pouvait me protéger de regards des autres filles. *Silence* Il ne fallait pas qu’elles m’entendent. *Silence* Il ne fallait pas que l’on me surprenne. *Silence* Il ne fallait pas que quelqu’un sache à quel point Lena comptait pour moi. *Ignorance*

Après un des minutes, des heures, ou des années peut-être, je séchai mes larmes avec mon poing. Stop. Il fallait que je mette fin à ce… cette… ces larmes… cette souffrance… ces pleurs… À tout ça ! Je saisis d’un mouvement brusque un morceau de parchemin et une plume rapidement trempée dans l’encre, manquant de renverser le pot. Avec une détermination presque extraordinaire, j’écrivis sur le morceau de parchemin quelques mots, d’une écriture déformée par l’émotion et avec quelques taches de larmes ici et là, marquant mes pleurs silencieux mais incessants.

Rage contenue. Tristesse ravageante.
Lena.
Moi.
« Autre »
3 fois. 3 fuites.
Pourquoi ?
J’ai mal.
Je la déteste.
Mais je vais la pardonner.
Comme toujours.
Elle m’a dit qu’elle serait dans la salle où il y avait ce que je cherchais.
Je cherche quoi ?
Elle ?
Son amitié ?
Sa compréhension ?
De l’aide ?
Je sais pas.
Elle sûrement.
Mais je suis une « Autre ».
C’est quoi ce mot ?
Je sais pas.
Je sais rien.
Comme d’habitude.
Je suis une ignorante.
Voilà tout.
J’ai mal.
Mais j’irais dans cette salle.
C’est où ?
Je sais pas.
Encore une fois.
Mais je finirai par trouver.
Ça, je le sais.
Même si je suis une « Autre ».
Ou rien.
Ou personne.
Ou moi.
Moi-Même.
Je sais pas sur quoi conclure.
Mais ça sert à rien.
Faut pas que je conclue.
De toute façon, t’es qu’un morceau de parchemin.
Que je vais déchirer en petits bouts.
Pour canaliser ma rage.
Ma colère.
Ma tristesse.
Ma douleur.
Oui, voilà.
C’est ça.
Pour canaliser.

Sans même me relire, je déchirai le papier en plein de minuscules morceaux qui recouvrirent la moquette du dortoir. Je me sentais déjà mieux. Je me laissai tomber sur mon lit, les larmes sèches mais cette fois, elle ne furent pas remplacées par d’autres.

Je m’entourai de ma couverture et fermai les yeux. Qu’allais-je faire ? Veiller jusqu’à ce qu’elle arrive ? Ou lui écrire un mot ? Ou la laisser m’éviter ? Je m’angoissai. Encore une fois. Que devais-je faire, je… *Calme-toi.* Et après ? *Et après ? On verra bien.*


Absence de Lena dans les dortoirs vue avec la Plume.
C'est aussi la fin pour moi... Tu as eu la chance – ou la malchance – de voir par hibou mon ressenti tout au long de l'expérience magnifique qu'à été ce Pas. Ça doit faire quatre heures que je suis en train de l'écrire et je m'en lasse pas. Mais, mon cœur, si. Ça a été épuisant. Je n'ai jamais eu cette sorte de connexion avec Eryne si forte auparavant. C'était merveilleux. Merveilleux mais épuisant. Je me suis sentie mal, aussi mal qu'elle. J'étais au bord de l'évanouissement. Je n'ai rien pu avaler de la soirée. Malgré tout, écrire ce dernier Pas de notre Danse a été superbe.
Je te remercie d'être une aussi belle Plume, de nous permettre à moi et Eryne de vivre des choses aussi intenses. Je te remercie d'être une aussi incroyable personne avec qui parler de tellement de choses. Eryne évolue beaucoup ces derniers temps et tu contribues grandement à ça. Merci pour tout, Plume.
Je m'excuse pour ce long aparté mais je n'ai pas pu m'en empêcher : j'avais besoin de te dire tout ça. De te répéter encore merci. D'exprimer ce que cette Valse m'a apporté.

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teaseuse en chef car trop de tease tue le tease.