Comme tous les samedis, tu te rends à la salle de répétition pour jouer un peu et composer quelques petits morceaux. Pour rien au monde tu ne changerais ta routine, surtout celle du samedi. Jouer de la musique est ta récompense pour avoir bien travaillé le matin même et il est rare pour toi de ne pas vouloir rejoindre le quatrième étage après tous ces parchemins complétés.

Tu as joué pendant une heure environ, tu ne pourrais jamais dire l'heure exacte puisque c'est un des rares moments pendant lequel tu ne regardes pas ta montre mais tu es habituée à y passer un certain lapse de temps, surtout lorsque les beaux jours reviennent car tu passes de plus en plus de temps au parc, avec tes amis. C'est d'ailleurs ceux-ci que tu souhaites rejoindre, tu quittes donc la pièce et tu rejoins les escaliers qui mènent à ta salle commune : cinq étages, tu dois avouer que tu préfères les descendre.

Seulement, au moment où tu poses ton pied sur la première marche, l'escalier bouge pour aller se poser sur un autre palier. Enfin, c'est ce que tu crois jusqu'à ce que tu te retrouves face un mur. Aucune issue, si ce n'est de remonter mais, même ça, tu n'es pas certaine que les escaliers te laissent le faire. Un mauvais souvenir de novembre revient à toi, en face de cette exacte situation. Tu comprends donc que tu seras en retard et ça t'agace déjà, bien que ça ne se voie pas vraiment.

La petite rouge et or se promenait dans le parc. Ça lui faisait toujours du bien de respirer un peu d’air frais, se dégourdir les jambes. De plus, il faisait beau ce jour-là. En revanche, quelques nuages blancs se cachaient légèrement le ciel bleu mais c’était tout de même mieux que la pluie. Elle jeta un coup d’œil à sa montre et jugea préférable de rentrer au château et de commencer ses devoirs. Elle rentra et emprunta les escaliers pour remonter dans sa salle commune. C’était très simple vu de cet angle, mais, à chaque fois qu’elle posait un pieds sur une marche, l’escalier bougea pour aller se poser sur un autre palier. Du moins, c'est ce qu’elle pensait. Malheureusement pour elle, ce n‘était pas tout. Au contraire, ce fut le début de l’embrouille. Eh oui, lorsque l’escalier cessa de bouger, la jeune fille se retrouva face à un mur. Ashley sentait une mélange d’incompréhension et d’agacement. Si elle restait plantée ici, elle risquait de ne plus pouvoir remonter, et dans le pire des cas, elle ne pourra plus dormir dans son dortoir. Affolée, elle essaya de trouver une autre issue, mais elle ne pouvait faire demi-tour ; elle était coincée. Elle pinça sa lèvre inferieure et fronça les sourcils, essayant désespérément de trouver une solution. En vain. Elle tapa le mur, pour être sûre que le mur n’était pas une illusion. Ca ne l’était pas. *Coincée*, songea-t-elle.

Soudain, tu entends une personne taper contre un mur, un peu en dessous de toi. Tu essaies d'apercevoir la personne en question et tu comprends qu'il s'agit d'une Gryffondor grâce à son uniforme. Tu n'as pas le temps de la regarder un peu plus puisque l'escalier sur lequel tu es se décide à t'emmener ailleurs. Tu espères qu'il s'agira d'un palier cette fois-ci mais, comme tu t'en doutais, l'escalier, en petit farceur qu'il est, décide de t'emmener auprès d'un nouveau mur. Exaspérée, tu essaies de t'assoir mais tu te résignes en te disant que tu risques de tomber si tu le fais. Une nouvelle fois, l'escalier te descend un peu et t'approche de plus en plus de la jeune fille. S'il continue à descendre de cette manière, tu vas finir par avoir une belle migraine.

Tu fixes la Gryffondor et tu demandes, avec un agacement apparent :

- Toi aussi il te fait la galerie des murs ?

Puisque l'escalier sur lequel tu es ne semble pas bouger, tu poses tes coudes sur la rambarde et tu installes ta tête dans tes mains, comme si tu admirais la vue. Sauf que là, tu essaies de relativiser. Deux fois en une année, est-ce vraiment tant que ça ?

Il te semble que ta soeur t'a dit quelque chose au sujet des escaliers mais, avec cette migraine qui pointe le bout de son nez, tu as du mal à t'en souvenir avec exactitude.

Au-dessus de sa tête, une voix de fille, qui semblait être aussi agacée qu’Ashley ne l’était, lui demanda : « Toi aussi il te fait la galerie des murs ? » Avant qu’Ashley puisse répondre, l’escalier sur lequel où elle se tenait bougea brusquement et la jeune fille se heurta sur la rambarde. *Ouille. Comment est-ce que je vais sortir d’ici ?*, pensa-t-elle en se frottant les côtes. Ça commençait à être douloureux à force de se cogner sans cesse sur la rampe de l’escalier. Elle se rendit compte qu’elle était encore face à un mur. Elle se remémora de ce que la voix du dessus lui avait dit. Ah oui, la galerie de murs. « Euh… oui. » répondit-elle en soupirant profondément. L’escalier bougea encore, mais cette fois, il pivota sur lui-même pour revenir à la case départ, au plus grand agacement d’Ashley, qui commençait à avoir le tournis. « Aurais-tu une idée de comment sortir d’ici ? » demanda-t-elle, avec espoir. Elle se dit ensuite qu’en fait, si la voix aurait un moyen de sortir de cette embrouille, elle s’en serait sortie depuis longtemps. Elle s’appuya sur la rambarde. Elle se rappela qu’elle ne connaissait même pas la provenance de la voix. Elle questionna alors : « Euh au fait, comment t’appelles-tu ? » Ashley se retint de lui demander où est-ce qu’elle était, puisqu’elle-même ne saurait répondre. Avant de pouvoir entendre sa réponse, l’escalier pivota, pour s’arrêter devant… Un autre mur.

Une nouvelle fois, les escaliers semblent avoir éprouvé un peu d'empathie puisque tu n'es pas la seule à être dans le pétrin. Néanmoins, tu ne peux t'empêcher de te dire que cela les amuse encore plus. Tu n'es pas du genre à t'énerver mais c'est vrai que cette situation pourrait rapidement te faire sortir de tes gonds. Tu essaies de rester calme et de ne pas passer temporairement ton exaspération sur la Gryffondor, tu sais pertinemment que ce n'est pas de sa faute.

Tu réfléchis à sa question. Tu y pensais déjà, évidemment, et tu es certaine d'avoir la réponse sur le bout de la langue mais les balades en escalier, ça ne te laisse pas vraiment la possibilité de réfléchir. Tu expliques rapidement à la jeune fille :

- Ma soeur m'avait dit quelque chose mais là, je commence à avoir mal à a tête donc je n'arrive pas à m'en souvenir, mais on va y arriver ! Tu essayais de monter ?

Tu tentes d'imaginer une stratégie pour berner les escaliers, sans quoi vous pourriez y passer un bon moment et tu n'as aucune envie d'y laisser quelques neurones.


Tu trouves que c'est une situation un peu insolite pour faire connaissance mais, après tout, si vous en avez pour quelques temps, autant en profiter, non ?

- Lili Cooper, et.. toi ? dis-tu en marquant une pause, puisque l'escalier sur lequel tu te tiens t'emmène vers un nouveau mur.

Au moment où l’escalier pivota violemment, Ashley sentit son estomac se retourner dans son ventre en un saut périlleux. Elle commença à pâlir. Elle était aussi secouée qu’elle milkshake que les Moldus adoraient tant. Oui, dans la rue, elle était passé devant un café avec des milkshakes, et avait vu ces fameux milkshakes tourbillonner dans leur espèce de machine dont Ashley ignorait le nom. Lorsque l’escalier cessa son petit manège, la voix du dessus lui répondit que sa sœur lui avait dit quelque chose, mais que maintenant, elle avait une migraine et elle n’arrivait pas à s’en souvenir, mais qu’elles y arriveront. Elle lui demanda si elle essayait de monter.

Une boule au ventre, Ashley répondit en un faible : « Oui… Oui, j’essayais de monter. Et toi ? »

Un lourd silence se pesa, hormis les petits crissements qu’émettaient les escaliers en bougeant, et en faisant ainsi retourner le ventre d’Ashley jusqu’à lui donner une migraine. La voix au-dessus d’Ashley lui dit qu’elle s’appelait Lili. Lili Cooper. Ashley avait complètement oublié qu’elle lui avait demandé son prénom.

La dénommée Lili lui demanda à son tour son prénom.

« Ashley Melywell. », répondit-elle. Son ventre allait un peu mieux, mais les escaliers ne s’arrêtaient pas pour autant. Elle s’appuya sur les barreaux, essayant en vain de réfléchir à un plan.

Tu aurais envie de dire que tu es enchantée de faire la connaissance d'Ashley mais il faut avouer que les circonstances font que tu n'y penses pas vraiment. Ton mal de tête s'intensifie de plus en plus, tu essaies d'en faire abstraction pour écouter la Gryffondor, au cas où elle a une idée.

Soudain, tu te rappelles avec exactitude du moment où ta soeur t'avait parlé de ces escaliers : tu revois le salon, Blair assise sur le canapé en face de toi, toi sur un fauteuil... Vous n'étiez que les deux dans le salon à ce moment-là. C'était au mois d'août deux semaines avant ta rentrée.


La voilà la chose à faire ! Si vous montrez que vous n'êtes pas agacées par la situation, les escaliers n'auront aucun plaisir à continuer leur farce. Tu t'empresses de le lui partager :

- Je m'en souviens maintenant ! Il faut que l'on se fiche d'être embarqué d'un côté à l'autre par les escaliers. Si on n'est plus en colère, les escaliers devraient arrêter leur farce, puisqu'elle ne fonctionnera plus sur nous.

A peine as-tu fini ta phrase que l'escalier sur lequel tu te situes se décide à t'embarquer voir un nouveau mur, comme pour te montrer que ce ne sera pas si facile. Pourtant, tu essaies de faire abstraction et d'atténuer ces émotions néfastes, en espérant que les escaliers arrêtent rapidement leur manège.

Aucun souci !

Ashley ferma les yeux, pensive, pour éviter de voir l’escalier tourner et d’intensifier la sensation désagréable de son ventre qui montait jusqu’à sa gorge.

*Inspire. Expire. Tout se passera bien*, songea-t-elle.
Ashley essayait en vain de se convaincre elle-même que tout irait bien, qu’elle s’en sortirait. La rouge et or aurait voulu volontiers en savoir plus sur Lili, mais n’avait pas vraiment la force d’ouvrir sa bouche, pâteuse, et encore moins prononcer le moindre mot. Puis de toute façon, un lieu avec des escaliers qui ne cessent de bouger n’était pas vraiment l’endroit idéal pour papoter.
Son cerveau réfléchissait lentement et refusait de fonctionner plus vite. Elle avait entendu parler ses parents de ces maudits escaliers mais son cerveau n’était qu’à moitié conscient. Elle entendit Lili lui dire qu’il fallait qu’elles se fichent que les escaliers les emportent, et que si elles ne seraient pas agacées par leur mouvement continu, les marches devraient arrêter le manège, puisqu’il n’aurait aucun intérêt s’ils sont privés des réactions des filles. Ashley cligna des yeux. Mais oui ! Ses parents lui avaient pourtant répété que si les escaliers bougeaient, il ne fallait surtout pas paniquer, ni se mettre en colère. Elle n’aurait jamais pu s’en souvenir sans Lili. La Gryffondor cligna lentement des yeux. Son cerveau était lent, aujourd’hui ! Il fallait qu’elle ne se fâche pas, c’est tout ! Elle remua sa tête pour réveiller un peu son corps, très passif, aujourd’hui.

Elle posa ses coudes sur la barrière et soutint sa tête avec ses mains. Elle esquissa un sourire malgré les déplacements de l’escalier et resta sereine.

Heureusement, Ashley s'exécute rapidement et tu fais de même. Tu te calmes le plus possible et tu essaies de ne plus ressentir une seule once d'agacement. Tu tentes de voir le tout comme un manège, comme si tu avais prévu de passer par cette case, bien que ce soit totalement faux. Tant pis, tes amis attendront mais ils devront encore plus t'attendre si tu n'arrives pas à calmer tes émotions. C'est grâce à ces pensées que tu réussis principalement à être bien plus calme qu'au début.

Tu grinces encore un peu des dents lorsque l'escalier décide de t'amener d'un mur à l'autre, principalement dû à la surprise mais, petit à petit, cette surprise disparait. Tu arriverais difficilement à rire de la situation, surtout que tes maux de tête ne semblent pas vouloir passer mais, au moins, la cadence des escaliers ralentit au fur et à mesure, ce qui signifie à coup sûr qu'ils ne trouvent plus ce jeu marrant.

Chaque escalier reprend sa place et tu as un peu de mal à y croire. Décidément, la magie est très réceptive et peut facilement capter les émotions de chacun. Tu espères que les escaliers captent bien ton sourire plein de satisfaction, il ne faudrait pas le rater, celui-là.

Dès que tu en as la possibilité, tu rejoins Ashley, toujours un sourire au lèvres :

- Ça va ? J'arrive pas à croire que ça a fonctionné !

Ashley essaya de rester impassible aux mouvements brusques et continu de l’escalier sur lequel elle se trouvait. Sa migraine ne quittait pas sa tête, du moins était devenue moins intense qu’avant. La rouge esquissa un mince sourire malgré elle.
La fillette eut des mauvaises surprises, comme lorsque l’escalier fit un tour complet pour revenir devant le même mur, ce qui n’a servi qu’a empirer le mal de tête d’Ashley, mais cela ne put effacer son sourire. Elle imaginait des choses bien plus graves que des escaliers farceurs, et s’estima heureuse de ne pas s’être emmêlée dans ce genre de situation.
L’escalier se mouvementait de plus belle, mais Ashley resta stoïque. Elle vit enfin l’escalier pivoter pour reprendre sa place, tout comme les autres escaliers. La Gryffondor afficha un sourire comblé.
Elle remarqua une autre fille se tenant sur un escalier, quelques mètres au dessus d’elle. Elle avait de magnifiques yeux gris et des cheveux bruns légèrement plus clair vers les pointes. Lili. Elle lui demanda si tout allait bien et elle lui dit qu’elle n’arrivait pas à croire que son plan, a marché. Ashley était aussi agréablement surprise. Elle lui répondit :

« Oui, je vais bien, merci. Et toi ? Je n’arrive pas à y croire non plus ! Mais le moment où tu m’as présenté le moyen d’en sortir, je t’ai cru et je suis fière d’avoir fait ça. Merci pour ton aide, je n’aurai jamais pu m’en sortir seule. »