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29 juil. 2020, 16:16
L'Envers à Contresens  LIBRE 
RUBY, 11 ans
18 avril 2045 12h40
Couloirs de la Salle Commune de Serdaigle, Tour Ouest, Poudlard


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•••

Les Couloirs sont déserts. On dirait mon Cœur.
J'ai beau me cramponner à la pierre froide de toutes mes forces, la douleur n'effacera pas mes souvenirs. À mesure que j'agriffe ce qui me défonce le dos, je m'ancre dans la Présence du lieu. J'aimerais y rester, déposer des miettes de moi ou même une cargaison entière. Bouffer le Savoir cloîtré dans la salle derrière moi. Pour qu'enfin, la Maison de l'Aquilă comprenne que j'avais *avais ?* eu envie d'être des leurs. *Satanée envie*. Fut un temps. Mais le Temps dure.
*Dure*. Dur.
*C'était pas si dur à avouer !*. Et il m'en avait fallu, du Temps, pour comprendre que la rancœur était toujours tapie dans mon ombre. Pour la déloger, rien n'avait fonctionné alors j'avais appris à la dresser. Malgré cela, je n'étais toujours par convaincue par mes talents de dompteuse.

J'ai la tête basculée en arrière, des mèches étalées sur les épaules comme on dispose une chevelure autour d'un visage mort. Froid, livide mais placide comme la Lune. Mon dos plaqué contre le mur qui m'entaille la colonne vertébrale, qui me fait mal et pourfend mes vêtements. Et puis mes bras qui pourraient sembler ballants, relâchés au possibles, pourtant si crispés à l'extrémité des poignets. Paume contre pierre, mes doigts se contractent autour des rectangles de roche grise. Mon cœur frappe comme jamais dans ma poitrine. Et s'il s'échappait de sa cage, je n'en serais même pas médusée.

Mes jambes m'avaient fait presser le pas vers un Ailleurs plus sûr lorsque j'avais reconnu l'étage où je déambulais, distraite. *Par Circé. Tour Ouest*. Tels étaient mes premiers mots pensés. Une atmosphère plus érudite — *‘complètement idiot !* —, un climat plus bleu — *trop laid !* —. Oh oui, j'avais certainement tout fait pour ne pas lire les signes et me détourner de ce lieu sournois.
*Fichtrement rien à faire ici !* j'aurais dû penser un peu plus tôt. Comme pour devancer les idées qui, je le savais, ne tarderaient pas à apparaître. En vain, mon avidité l'avait bel et bien emporté.
À pas de velours, je m'étais avancée jusqu'à la fente arciforme pratiquée au milieu du mur. Sans dire un mot, comme on observe une bête rare qui menace de s'échapper à tout instant. Puis je n'avais plus bougé.
J'étais restée figée devant le heurtoir noir. Complètement hypnotisée. En mon for intérieur se mêlaient répulsion et attraction profondes. Un drôle de contraste auquel je ne comprenais rien : je voyais juste, *juste*, cette porte d'ébène. Close. Et les contrechants des Lions bruissaient à mes oreilles, me narguant de leurs râles horriblement limpides.

*Premier septembre, Grande Salle, Poudlard !* me glissent maintenant mes Pensées les plus fourbes. Insensibles à ma douleur vive.
Elles peuvent se taire, je n'ai jamais oublié. Mieux, je m'en souviens précisément. La scène, dans tous ses détails, en haute définition, en son et en couleur, en long, en large et en travers.


µ

Aujourd'hui

Ruby Everheart, mh ?

Aujourd'hui, je hais cette voix.

Une grande soif d'apprendre...

Aujourd'hui, je veux être sourde.

Oui, je vois tout cela...

Aujourd'hui je suis

GRYFFONDOR !

µ




Contrôle-toij'ai jamais fait ça !

Fais un effortje fais qu’ça !

Ne le fais paset pourquoi ça ?!



« RAH ! »


Ma main gauche est lancée et je pressens inévitablement que tout va mal se terminer. Je ferme les yeux, attendant l'impact contre ma paume. La voilà qui s'écrase sur cette foutue pierre, ce foutu mur blessé de tant de colère. Je veux cogner, heurter, taper, frapper, châtier, cingler, labourer, cabosser, meurtrir, contusionner et voir s'entrechoquer la matière. Les adjectifs m'aveuglent, je ne les vois plus qu'aux couleurs bleu et bronze, ou peut-être rouge et or, qu'en sais-je !
Mon buste se recolle avec violence contre la paroi anthracite ; un coup de plus *envers tout c’truc !*.
Et mon cri de rage meurt en même temps que ma chair, écorchée par les particules pierreuses. Au lieu de contempler ma bêtise, je laisse mon crâne retomber sur ma nuque, les yeux montants jusqu'au plafond. Position de départ, je rembobine la bande. Peut-être que je n'oublierai pas la scène, cette fois encore.

D'un coup, j'ai explosé. Ça m'a suffi. C'était si bon. J'ai Vidé mon Trop-Plein. Et maintenant,


je suis Vide. Vide. Vide. Vide. Vide. Vide. Vide.


Je me demande si à force de Vide, je pourrai me sentir Pleine de Vie. J'essaye au moins de l'inspirer à pleins poumons, cette chose déraisonnable. Me forçant à oublier mon geste aussi débile que cette stupide Maison, là, juste à côté.
C'est ma poitrine que je sens se soulever en premier, au rythme des battements de mon palpitant fou — irrégulier, le rythme. L'air me fonce dedans comme j'aimerais emboutir cette porte hautaine et *Merlin* tellement magnétisante. En baissant la tête, bouche entrouverte pour exhaler ma colère, je peux voir mon ventre se gonfler puis se dégonfler. Doucement. Aussi calmement que s'il ne s'était rien passé. J'ai envie de rire mais les envies passent ; enfin, la plupart.

Qu'on m'administre l'analgésique pour que débute l'anesthésie. Et mon Cœur me fichera la paix.


lente aponie

these violent delights have violent ends

29 juil. 2020, 17:25
L'Envers à Contresens  LIBRE 
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Partie III — Aujourd'hui
Couloirs, 18 avril 2045
13 ans, 3e année

Le dernier trimestre de l'année avait commencé la veille. Kaela ne savait pas si elle était prête. Si elle était prête à affronter l'étude qui s'intensifierait à chaque semaine, aux examens qui seraient de plus en plus nombreux. Mais c'était un passage obligé. Un passage obligé pour tous les étudiants. La jeune fille enviait ceux qui étaient en septième année. Leur dernière journée à Poudlard approchait bientôt. Même si la rouquine allait plutôt bien, elle avait de la difficulté à se motiver, à ne pas flancher sous la pression trop grande pour ses épaules.

Mais elle était forte, déterminée. Elle réussirait tout ce qu'elle entreprendrait. Même si ses parents n'avaient pas foi en elle. Ils l'aimaient, bien sûr. Cependant, il arrivait qu'ils ne croient pas en leur fille, ce qui attristait cette dernière au plus haut point. Kaela aurait voulu qu'ils l'aiment autant qu'ils aiment son frère, autant qu'ils s'aiment tout les deux. Cela n'était malheureusement pas possible et cela ne le serait jamais. Elle devait faire son deuil et apprendre à vivre avec cela. Bien évidemment, plein de beaux moments ponctuaient la vie familiale de la jeune fille. Mais des mauvais aussi. Comme dans toutes les familles, probablement.

La Serpentard était allée en cours. Mais sur l'heure du dîner, les escaliers l'avaient emmenée dans la Tour Ouest. Elle ne savait pas comment elle était arrivée là. Comment elle avait fait pour arriver là. Souvent, les escaliers la dirigeaient où ils le voulaient. Sauf quand Kaela devait absolument aller à un endroit précis, comme dans une salle de classe. Cependant, cette journée-là, elle s'était laissée aller. Elle avait fait en sorte que le Destin la dirige où il voulait bien qu'elle aille.

Et elle entendit un « RAH! ». La troisième année ne savait pas d'où il provenait exactement. Elle n'avait pas vu la personne. Mais c'était un cri de désespoir. Tout droit sorti du coeur. Un cri qui faisait peur. Kaela essaya de déterminer d'où il venait, mais elle ne vit pas tout de suite l'élève. Ce ne fut que quelques secondes plus tard qu'elle la vit devant elle. L'adolescente ne savait pas si elle voulait croiser son regard. Peut-être que cette dernière voulait être seule? La verte et or savait comment sa camarade pouvait bien se sentir. Il lui arrivait si souvent de ne pas vouloir de compagnie, de ne pas vouloir que des gens lui demandent comment elle va. Parce qu'elle n'allait pas bien. Point à la ligne. Il ne servait à rien de philosopher sur telle ou telle question. Vivre ses émotions seule, c'était ce qu'elle préférait. Déjà qu'elle n'avait pas l'habitude de les vivre complètement.

Quelques secondes plus tard, Kaela s'approcha de l'élève. Elle ne savait pas comment l'aborder. La rouquine ne voulait pas être rejetée par sa camarade. L'adolescente ne l'aurait pas supporté. Ceci étant dit, elle voulait bien l'aider, ne supportant pas de voir quelqu'un dans cet état. La jeune fille aurait voulu que tout le monde aille bien. Que tout le monde trouve que la vie est belle. Mais la vie, ce n'était malheureusement pas cela. Il y avait des hauts et des bas. Il fallait l'accepter ainsi. Ce n'était pas facile, certes, mais c'était ainsi.

Je... commença Kaela, hésitante. Elle ne savait pas comment commencer la discussion. Que se passe-t-il?

Non, elle ne voulait pas demander à son interlocutrice comment elle se portait. Parce qu'il était évident qu'elle n'allait pas bien. Cette question aurait été totalement inutile, il fallait bien l'avouer. La troisième année était toujours frustrée lorsque quelqu'un la lui posait. Elle ne voulait pas recevoir les foudres de la jeune fille. Kaela mit donc ses gants blancs. Ceux qu'elle mettait si rarement. Ceux qui lui permettraient peut-être de dialoguer plus amplement avec autrui.

Je... Je peux partir aussi si tu veux. Je ne sais pas ce qui se passe dans ta vie, ni pourquoi tu es dans cet état, mais si jamais tu as besoin de parler, je suis là, affirma-t-elle avec gentillesse. Une gentillesse qu'elle avait si peu de fois utilisée et qu'elle aurait dû employer bon nombre de fois. Était-elle devenue plus mature avec le temps?

En attendant la réponse de son interlocutrice, Kaela s'assit sur le sol froid du couloir. Ce n'était pas très agréable, mais en concentrant ses pensées sur le sol froid du couloir, cela l'empêchait d'appréhender la réaction de sa camarade. Camarade qui semblait plus jeune qu'elle d'ailleurs. Peut-être était-elle en première ou deuxième année? Une autre question vint donc à l'esprit de l'adolescente.

Tu es en quelle année?

Kaela voulait à tout prix briser la glace. Briser le mur entre elle et l'Autre. Elles étaient séparées par deux mondes différents à ce moment-là et la troisième année voulait qu'elles se comprennent, qu'elles échangent. Peut-être qu'elles développeraient une belle relation ensuite? Elle souhaitait aider aussi. Aider comme on l'avait aidée auparavant. Aider comme elle le pouvait, du mieux qu'elle le pouvait.

@Ruby Everheart, je suis tombée par hasard sur ton RP. Par hasard, j'avais inclu les RP dans mes messages non lus. Alors j'ai voulu écrire. J'espère que ce sera ok avec toi, que nos Protégées pourront faire connaissance. S'il y a quoi que ce soit, envoie-moi un hibou
Dernière modification par Kaela Maes le 31 juil. 2020, 16:55, modifié 1 fois.

Je me souviens
Kaela Maes

29 juil. 2020, 18:18
L'Envers à Contresens  LIBRE 
Troisième année
Avril 2045


Tu sors de table, telle une bête. Tu n’arrives plus à rester près des autres. Tu avances, là où personnes ne viendras te déranger. Les gens t’énèreves, tu veux plus les voire, aucun. Les bruits de la grande salle te font paniquer, tu pars, en courant.

Aille ma tête, je veux partir loin...


Rien ne t’arrête, tu es comme aveugle, sourde et muette. Tu avances comme un bélier, sans te poser de questions. Tu avances vite, prête à charger quiconque se mettrait sur ton passage. La tête rentrée.

J’en ai marre, il faut que je monte, le ciel.


Tu recommences à courir, tes jambes ne s’arrête plus, tu ne veux plus t’arrêter. Tu veux rejoindre le ciel, là où tu es le mieux. Tu veux aller à la tour d’astronomie, là où tu te sens si bien, tu ne fais plus attention à rien, sauf aux battements de ton cœur, qui te resteront fidèle. Tout s’effondre autour de toi, tant que lui reste, tu resteras.

Mon boum, je t’emmène avec moi, on part, on va voler, je te le promets.


Tu montes les escaliers, marches par marches, tu n’en saute pas, tu les fait toutes, aucune n’a le droit d’être mise à l’écart. Tu montes petit à petit, sans penser à autre chose que le ciel. Tu y a passer le plus grand temps de tes journées, sans aller en cours. Aujourd’hui plus rien n’a d’importance, tu te sens seule.

Ils m’ont tous abandonné, sauf toi boum. Allez on s’en va.


Tu arrives vite, là haut, ce chemin que tu connais si bien. La haut te manques, tu la quitter cette nuit. Tu voudrais l’incarner, partir avec les oiseaux, partir avec les nuages. Tu penses avoir plus personnes, tu veux aller là où plus personnes ne pourras te trouver. Mais po l’instant tu es la. Et cela ne te plaît pas.

On y est presque, on s’en va voler.


Tu arrives petit à petit en haut, les perdus dans tes pensées, tu te perds également, tu ne sais plus où aller, pourtant le chemin tu le connais bien.

Bordel! A droite ou à gauche, je sais pas! Boum aide moi!


Tu es perdue, tu décides de prendre à gauche, mais ce n’est pas le bon chemin. Tu te diriges vers les Serdaigle. Là où tu n’es jamais allé, tu n’as jamais fréquenté cet endroit, mais tu ne reconnais rien, tu avances.

Oh mon dieu, des gens, je fais quoi? Il faut que je cours Boum! Il faut que je parte!


Tu veux partir, mais tu tombes. Tu es devant deux personnes, elles parlent, tu les entends, mais pour l’instant, impossible de parler avec elles. L’une d’elle crie, c’est ta douleurs, elle te vole ta douleurs. Toi aussi tu veux crier, mais cela ne sort pas, tu n’y arrives pas...

Finalement dans un soupire, tu arrives, à prononcer :

-Boum non!

Chères plumes, voici un essaie au présent, j’ai écrits en + si vous voulez transformer ce rp. Elfie ai en dépression, suite à la fausse couche de sa mère en mars, cela faisait un moment que je voulais écrire sur ça, et Ruby, tes mots étaient inspirants!
Ruby, comme prévu voici mes mots, je n’ai pas pus attendre, j’avais besoin d’écrire et tes mots l’inspiraient le plus.
Kaela, tes mots aussi, m’ont aidé, j’ai écrits ce rps, sans difficulté.
Au plaisir d’écrire avec vous!

Il y a deux possibilités envisageables: Soit j’ai raison, soit vous avez tord

7 ème année RP- Filière sport et soin InRP
Loustics problématique

30 août 2020, 22:30
L'Envers à Contresens  LIBRE 
Ce matin, je m'étais rendue à la Bibliothèque, dans le seul but d'y trouver un peu de divertissement. Qu'aurais-je pu faire, autrement ? Trop d'Autres se trouvaient agglutinés dans l'espace restreint de ma Salle Commune ; j'avais fendu leur masse à toute allure, priant pour ressortir indemne de cette assemblée étouffante. Tout le contraire du lieu magique et plus-que-silencieux où j'avais pu trouver refuge. Divaguant entre les rayonnages, j'avais laissé ma main courir sur les reliures des divers bouquins placés là. L'un d'eux m'avait arrêtée net, et je l'avais autorisé à venir à moi en l'empoignant doucement. Comme si je devinais qu'il avait quelque chose à me raconter ; et mon intuition était loin de me tromper.
Trois heures et six minutes, j'y étais restée. À parcourir les Mondes qui servaient de pages au livre de grec qui m'avait abordée. Mes iris étaient comme absorbés par les lettres et symboles, ma main droite le feuilletant en faisait partie intégrante. Une langue étrangère, *n'est-ce pas extraordinairement fascinant ?*. J'avais commencé par l'alphabet bien sûr, d'alpha jusqu'à oméga. Jamais je n'avais entendu parler de toute cette culture hellénique, et j'aurais pu m'y plonger de longues heures encore. J'avais attrapé le premier bout de parchemin qui m'était passé sous la main, histoire de m'exercer à tracer correctement les caractères. Petites staves runiques version grecque. Ça me plaisait.
Puis un peu de vocabulaire, comment dire ? Éthéré. Le genre de mots qui me captivaient tout particulièrement parce que l'on ne savait s'ils sortaient d'un rêve ou s'ils étaient parfaitement réels. J'en avais retenu cinq ou six, avec la ferme intention de poursuivre cet apprentissage solitaire dès que possible.
Forcément, je me serais bien attardée dans ce merveilleux lieu, le bouquin au creux de mes mains, mais quelque chose d'extérieur m'avait aimantée sans que je n'en connaisse la source précise. En considérant la scène qui avait eu lieu peu avant, il s'agissait probablement du heurtoir de Serdaigle. *Si j'avais su...* marmonnent mes Pensées. Comme je les comprends.

Je ferme les yeux à l'instant même où je sens l'Autre s'approcher. *J’veux pas*. De toi. *J’veux pas*. Te parler. *J’VEUX PAS !*. Qu’tu sois là. *Tu comprends, ça ?*. Moi je me tue à retenir que les Autres ne comprennent jamais rien. Mais j'oublie à chaque fois.
Sa présence m'oppresse comme jamais. J'ai l'air sacrément digne, ainsi acculée au mur — ma paume toujours pressée contre lui. Peut-être que la seule trace que j'y laisserai, ce sera une marque sanglante.

« Je... » se lance l'Autre. *C'est pas vrai*, je pense aussitôt. Pourquoi faut-il toujours que des Autres se mêlent de ce qui ne les regarde pas ?! C'est épuisant. Épuisant de faire semblant de ne pas être dérangée, d'être aimable et polie chaque seconde, de se donner la peine de comprendre leurs dires qui, le plus souvent, ne veulent rien dire. Je veux crier, encore, crier le Pourquoi de ma détresse mais ma voix est cassée. Rien ne sort de ma bouche entrouverte. De toute façon, l'Autre me coupe la parole sans gêne aucune. Elle aurait mieux fait de se taire.

« Que se passe-t-il ? »

Fort heureusement, mes yeux sont restés clos. Je crois bien que je ne me serais pas gênée pour lui asséner un regard noir, noir comme l'orage, comme celui qui gronde dans mon for intérieur et menace d'éclater à tout instant. Peu importe le joli minois que peut arborer cette Fille — car c'est une voix féminine qu'elle me laisse entendre. Un peu guindée : tout le monde ne prend pas le temps d'interroger Que se passe-t-il ? de cette manière. Insupportable. J'évite du mieux que possible de penser à cette époque où l'on m'ordonnait d'être précieuse. Dire Bonjour, dire Merci, en détachant les syllabes et en étirant un sourire factice bien plus qu'il ne le fallait. Tout ça, je me conjure de l'oublier, ne serait-ce que pour une journée — car je ne pense pas mon ire prête à disparaître.
Que se passe-t-il ? Ça résonne. *PARCE QUE T'AS B’SOIN D’LE SAVOIR ?*. Je suis sûre et certaine que si l'Autre m'entendait penser, elle me conseillerait de respirer calmement, par trois fois, puis de penser à quelque chose d'agréable pour me détendre et chasser au loin toute la négativité que je... Comment pourrait-elle me dire ça ? Que je refoule, oui. C'est idiot, elle ne sait pas ce que c'est, elle ne ressent pas ma colère et mes émotions avec, voilà tout ! *ET MÊME SI J’TE L’DISAIS, ÇA T’FERAIT QUOI ? TU VOUDRAIS M'AIDER À M’SENTIR PLUS GRYFFONDOR ?*.
Pas de réponse ; plutôt une longue série d'affirmations. L'Autre poursuit son interminable litanie. Suggère de partir, aussi. *Pardon ?!*. Par Médée, j'ai l'impression qu'elle comprend *enfin !* ce que j'attends d'elle, mais qu'elle ignore mes suppliques silencieuses et s'enfonce dans son obsession : tout savoir de ce qui m'a mise dans cet état. *Si j'ai besoin de PARLER ?*. Mais, mais ma pauvre fille, ne vois-tu pas que je ne peux même plus parler parce que je ne suis bonne qu'à crier ?
De quelle couleur sont les liserés qui bordent sa robe, d'ailleurs ? J'espère pour l'Autre qu'ils ne sont pas colorés de bleu. Autrement, je n'arrive pas à anticiper ma réaction face à quelqu'un qui appartiendrait à Serdaigle, au moment même où je hais cette Maison. Mes paupières sont désormais si crispées, si plissées qu'elles me donnent l'impression d'enfoncer mes yeux un peu plus loin dans leurs orbites. Ma bouche se tord enfin et laisse échapper un cri de délivrance, plus que de douleur.

« Arrête ! *Arrête de parler, arrête de t'inquiéter, arrête !*. T'es de quelle maison ? Me parle pas ! »

Paradoxal, n'est-ce pas ? Pourtant, c'est voulu, et les Mots m'obéissent lorsque je leur demande de s'extraire de ma conscience. Me répondra-t-elle, quitte à faire resurgir une colère qu'elle ne soupçonne même pas, ou se taira-t-elle une bonne fois pour toute ? J'ai bien entendu sa petite question, *en quelle année j’suis, hein ?*, oh oui, j'entends tout ce qu'elle dit *et c'est insupportable*. Tellement insupportable que je préfère me concentrer sur mon livre — *le livre, en fait* — de grec, fraîchement découvert. Un refuge si précieux, que je ne compte pas abandonner de sitôt. Ses symboles affluent en bloc dans ma tête, et l'effet ne rate pas.

« C'est epsilon. » je murmure. Autrement dit, insignifiant, dérisoire. Ce qui m'arrive est epsilon, *elle aussi est epsilon !*. Mais je doute qu'elle connaisse la signification de l'expression. Au fond, je me réjouis d'avance : si elle est aussi intelligente qu'elle s'en donne l'air, du moins dans le ton de sa voix, elle se dira qu'elle ne comprend pas. *Qu'elle ne me comprend pas*, ce que je cherche continuellement à lui démontrer. *Pas si dur, par Merlin*.

Et une fois la chose, l'epsilon avoué, j'ouvre les yeux.

Mon regard se donne dix secondes pour analyser la scène. Une rousse arborant la mine inquiète que je lui imaginais — et j'aimerais sincèrement lui faire ravaler son air soucieux. Je ne m'attendais pas, en revanche, à ce qu'elle soit assise de façon à me contempler depuis le bas. Et puis il y a une Grande, aussi, dont je n'aperçois pas grand chose du fait qu'elle soit actuellement écroulée au sol pour je-ne-sais quelle raison.
La Fille et moi l'entendons d'ailleurs baragouiner quelque chose comme « Boum, non ! » . Sidérant, hein ? *Encore une folle à Poudlard* je voudrais soupirer ; mais à vrai dire, je n'en ai pas la force. Mon incandescence tombe en cendres. Lentement, j'en vois tomber les débris.

« Dis-lui d’se taire. Ou d’partir. »

C'est sorti tout seul. Mais déjà, je me demande si l'Autre osera obéir à mon injonction. S'en sent-elle capable, ou bien vit-elle dans un monde d'écœurante bienveillance où la fermeté n'a pas sa place ? J'aimerais vraiment qu'elle s'exécute, me prouvant ainsi qu'elle vaut plus que la chose qui s'étale à nos pieds. Je sais déjà que cette dernière m'horripile. Et la rousse avec, finalement. *Ou pas*. Qui des trois, avec la Maison Serdaigle, me déçoit le plus ?


akrasía

these violent delights have violent ends

06 sept. 2020, 20:30
L'Envers à Contresens  LIBRE 
Kaela comprenait la Gryffondor, sans vraiment la comprendre en même temps. Cela attristait la jeune fille de voir quelqu'un en détresse, mais elle ne savait pas comment agir devant sa camarade. Ce genre de situation la mettait toujours mal à l'aise. Comme la jeune fille ne savait pas comment gérer ses propres émotions, comment était-elle sensée aider les autres en leur demandant de se confier à elle, par exemple. Bien sûr, elle s'était imposée, bien sûr sa présence n'était pas souhaitée. Mais en même temps, il était impossible pour elle de ne rien faire. Elle ne pouvait pas laisser quelqu'un en détresse comme cela.

Même si lorsqu'elle allait mal elle aimait être seule, voir que des gens s'inquiétaient pour elle lui mettait un baume sur le coeur. Cela la rassurait et lui faisait plaisir de savoir qu'elle n'était pas la seule, qu'elle pouvait parler à quelqu'un si elle en avait envie. Même si la jeune fille n'était peut-être pas accueillante à première vue et qu'elle avait de la difficulté à se confier par moments. La Serpentard finissait toujours par se calmer, par reprendre le contrôle sur ses émotions et s'excuser pour son comportement.

Tout cela fit donc que la rouquine ne répondit pas lorsque son interlocutrice lui demanda dans quelle maison elle était. En fait, elle était plutôt consternée par la violence avec laquelle la Gryffondor lui avait répondu. Kaela recula donc de quelques pas en jouant avec ses cheveux, ne sachant pas comment réagir. Elle voulait prendre ses jambes à son cou. Courir, courir jusqu'à la liberté, aller dehors, prendre l'air, mais surtout, oublier cette discussion et ne plus se sentir étouffée de cette manière. Cependant, elle ne réussit pas à faire un seul mouvement. Son Corps ne lui obéissait pas, à son plus grand désarroi. Sa bouche non plus, puisque celle-ci prononça quelques mots. Simples, mais pas nécessairement ceux que Kaela aurait dit en temps normal. En fait, non, ils la représentaient très bien. Trop bien peut-être même.

Pourquoi tu m'parles comme ça? J't'ai rien fait moi! J'ai juste voulu t'aider. Je peux partir aussi si tu veux, hein! Et puis là, tu seras toute seule! Vraiment tout seule. Plus personne ne sera là pour t'aider vu ton comportement de *****! Et à vrai dire, je ne sais même pas si ça me tente encore de discuter avec toi vu ton attitude, s'emporta-t-elle.

La compassion, la compassion...

Kaela, même si elle en avait au plus profond d'elle-même, cela ne parut pas pour son interlocutrice. La jeune fille s'en voulait, bien sûr, mais elle ne savait pas comment corriger son erreur. Comment se rattraper et se faire pardonner par la jeune fille. Néanmoins, au plus grand soulagement de Kaela, une espèce d'onomatopée bizarre sortit de la bouche de l'autre élève. La rouquine croyait avoir pu s'en sortir, mais au lieu de parler à ladite élève, la Gryffondor s'adressa à la troisième année en lui demandant si elle pouvait lui dire de se taire, ou de partir.

Ses paroles surprirent une fois de plus Kaela. La jeune fille était désemparée. Rarement cela lui arrivait de perdre autant le contrôle d'une situation. Et heureusement, puisqu'elle n'aimait pas du tout cela. Ça la sortait de sa zone de confort, de son petit je et la forçait à réagir rapidement, promptement. Il fallait qu'elle improvise sans perdre de temps.

Pourquoi tu veux qu'elle parte? Et puis, elle est là, tu pourrais peut-être lui parler directement. Il me semble que ce serait plus poli et plus gentil. Elle t'a rien fait non plus à ce que je sache! À moins que j'en ai manqué un bout! fit-elle en fronçant les sourcils d'un air suspicieux.

Pourquoi Kaela se permettait-elle de donner une leçon de politesse à la Gryffondor? Cette dernière semblait certes plus jeune, la jeune fille n'était pas responsable de ses actes et surtout, de son éducation. Si ses parents n'avaient pas fait la job comme du monde, c'était leur problème. Mais surtout, ce n'était pas du ressort de Kaela. Elle ne devait pas s'immiscer de cette façon, dire aux gens comment se comporter. Cela ne se faisait pas. La jeune fille l'apprendrait sûrement à ses dépends en se faisant remettre à sa place par son interlocutrice, surtout que celle-ci ne semblait pas des plus sympathiques ou du moins, elle n'était pas dans son assiette. En même temps, intérieurement, Kaela sourit puisque l'élève lui faisait penser à elle. La jeune fille se sentit tout d'un coup moins seule. Puisqu'entre son frère, son père et sa mère, elle se sentait presque comme le mouton noir de sa famille, presque seule. En effet, ils étaient de nature plus calme et lorsqu'ils se fâchaient, ce n'était que lorsqu'ils grondaient Kaela. Il faut croire qu'elle les cherchait souvent. Et elle les trouvait toujours. Cela lui faisait du bien parfois de les provoquer comme cela.

Je me souviens
Kaela Maes

17 oct. 2020, 16:25
L'Envers à Contresens  LIBRE 
Tu étais face aux deux autres, sans savoir comment réagir. Tu voulais monter encore plus haut, vers la tour d’astronomie, mais c’est comme si elle te bloquait le passage. Tu les regardais, les deux, sans comprendre, sans aucune réaction. L’une était de gryffondor, ta maison. Sa tête ne te disait rien mais tu avais sans doute du déjà là croiser en salle commune. L’autre, tu l’as reconnu assez vite, Kaela, une fille de ta promotion. Tu ne savais plus comment elle était, tu ne lui avait jamais parlé.

-Aller-avance Elfie! Tu n’étais pas venu pour ça!


En voyant la jeune gryffondor commencer à parler, tu eus un haut de cœur. Elle se croyait supérieur, mais c’était la plus petite. Elle te demandait de partir, mais jamais tu n’expirerais l’ordre de quelqu’un comme elle. Boum, battait de plus en plus vite, sans réfléchir, tu commençais à avancer, tu fis un pas.

Non, n’y va pas, part comme elle te l’as dit, et tout ira bien.


Je fais ce que je veux, et elle ne doit pas me parler comme ça!


Maintenant, tout ton corps avançait regardant la scène, l’autre troisième année essayant de faire la maman sur la minable. Mais elle ne sait pas s’y prendre, elle est trop douce, et l’autre va en profiter. Tu voulais lui montrer qui tu étais et comment on faisait. Tu marchais de plus en plus vite, et juste avant d’arriver à l’heure hauteur, tu commenças à crier, la rage qui était en toi, tu voulais à déverser, la minable était peut-être un prétexte, mais tu ne voulais pas réfléchir.

-Laisses Kaela! C’est pas comme ça qu’on s’y prend avec les minables!

Tu passes ton regard de là Serpentard à la gryffondor.

-Quand à toi, petite, tu ne me parles plus jamais comme ça, c’est clair? Je pars si je veux, et tu n’as rien à me dire, c’est pas ton couloirs ici, et si tu veux crier sur des gens, rentres chez toi!

Tu laissais ton regard posé sur elle, en attendant sa réaction. Tu n’allais pas la laisser filer, elle t’avais énervé, elle n’aurait pas dû te parler, et encore moins comme elle l’avait fait. Jamais tu ne serais soumise à quelqu’un, sauf par obligation. La petite allait vite comprendre qu’elle ne devait pas s’en prendre comme ça à des plus grands qu’elle, si elle ne savait pas si prendre. Elle parlait mal, tu ne feras donc aucun effort, comme à ton habitude. Elle avait intérêt à t’écouter ou ça allait mal se terminer, ne sachant pas te contrôler. Tu venais vite à la violence, sans contrôler tes gestes. Tu ne voulais pas venir jusqu’à la, mais taper te faisait du bien, et ça venait sans que tu aies besoin de réfléchir.

@Ruby Everheart et @Kaela Maes désolée de cet horrible retard ><!

Il y a deux possibilités envisageables: Soit j’ai raison, soit vous avez tord

7 ème année RP- Filière sport et soin InRP
Loustics problématique

10 avr. 2021, 17:17
L'Envers à Contresens  LIBRE 
et boucle-la ça fait comme un bruit blanc c'est épuisant bordel
on s'entend plus penser

t.r.w. ≠ fauve


•••


battement
/
de
/
cœur


Quelque chose ne va pas. Je fronce les sourcils, tout en écoutant le flot de mots et d'injures de la rousse qui sert de fond sonore à ma réflexion. *Comme quoi, son apparence vaut rien*. Elle s'est présentée douce, aimable, altruiste, et la voilà crachant sur moi. De marbre, je reste insensible à ses mots. Les Autres ont parfois cette manie de vouloir m'approcher à tout prix, mais leurs bonnes intentions sont mal placées, comme tordues ; c'est ainsi qu'ils font tout foirer.
Et puis, la Fille ne se presse même pas ! Non, elle se délecte vraisemblablement de chaque seconde qu'elle peut me confisquer, rallonge ses phrases tant qu'elle le peut — *‘lle va finir par m’dégueuler un discours*. Elle ne fait que perdre son temps, et le mien avec. Alors je choisis de l'imiter.
À mon tour, je prends une voix sèche et des mots durs, autant que ceux gavés de rudesse qu'elle m'avait servis. Peut-être que cela embrochera pour de bon son ego, doté des dimensions parfaites pour enrober les gens d'une miséricorde parasite.

« Mais qui t’a dit que j’voulais d’quelqu’un, de toi surtout ? Me réponds pas, c’est rhétorique. Si tu comprenais vraiment les autres, t’aurais bien r’marqué que la solitude ça m’plaît aujourd’hui. Pars si t’en as envie ! – tu crois que j’vais t’ret’nir ? Et arrête, arrête de parler de c’que tu connais pas, d'accord ? »

Je laisse tomber le silence, pas peu fière de lui avoir renversé son sourire niais.
*Oh, et puis toi, là*. La présence de la Chose au sol me revient brutalement en pleine face. *Elle parle*, et au mot « minable », je lui décoche le regard noir que l'autre fille aurait dû encaisser. *Pour qui elle s’prend ?!*. L'orage a bien grandi, depuis, et je voudrais la brûler de mon regard en un éclair.
À chacun de ses mots, chaque lettre prononcée, mon être soupire un peu plus fort, écœuré — c'est le mot — par les inepties qu'elle me balance. Comme si j'allais gober ça.

Non, quelque chose ne va pas. L'Autre me gêne bien sûr ; mais, elle me gêne dans ma plongée intérieure, mon introspection brève, qu'elle ne devrait d'ailleurs même pas soupçonner puisque je suis discrète, comme à mon habitude.
Je crois que c'est ma coiffure qui me dérègle.
Une mèche a glissé devant mes yeux, hachurant ma vue comme le ferait une jalousie aux fines lattes de bois. *Voir sans être vue*. Et puis une autre mèche, mal coincée derrière mon oreille, me dérange sensoriellement. Comment puis-je être aussi ébouriffée ? Et dans de pareilles circonstances, en plus ! Nonchalamment, je glisse mes doigts dans ma chevelure, pour tenter de remettre en place l'Apparence. Comme si elle était bien plus importante que ce que la Chose m'a éructé, plus importante que tout l'esclandre qu'elles sont en train de provoquer en chœur — c'est du moins l'impression que je veux donner, et je me crois plutôt douée à cela. Si l'Autre attend ma réponse, elle devra d'abord attendre que je veuille bien la lui donner. Je me régale de la tension qui plane dans l'atmosphère. Il ne faudrait pas que le pétillement dans mes yeux se fasse trop intense, il détonnerait.

*Deux choses*.
D'une, je me sens coincée entre ces deux Fausses-Grandes. Comme prise à leur piège, un piège qui voudrait m'immobiliser, me comprimer au mieux entre ce mur impavide et leurs paroles cinglantes. Comme à leur parfaite merci. Je déteste cette position, d'un inconfort le plus total ; et surtout, c'est si vil et infâme de leur part de m'acculer ainsi.
De deux, je ne vais pas me laisser faire. L'ont-elles cru ? Je ne vois rien dans leurs yeux qui puisse me l'indiquer. Je ne vois rien tout court, mis à part un éclat dans leurs pupilles, la lueur qu'on retrouve dans les yeux des carnassiers qui s'apprêtent à dévorer leur proie tout juste achevée. Je vois d'ici la Chose écumer des lèvres. Je me redresse, poussée vers le haut par ma superbe. Il est temps de leur sortir le grand jeu.

Avant tout, je laisse échapper un rire, dévoilant mes dents par un sourire qui sonne faux. Sourcils levés, ventre secoué d'éclats de rire réprimés. Impertinente au possible. Je suis précisément en train de me moquer de la Rouge.

« Attends, attends. T’entends c’que tu dis ? Ou bien t’y arrives pas, parce que tu brailles ? Emportée par ma hardiesse, ma voix ose se durcir, sans toutefois s'élever. Et en plus tu voudrais qu’j’arrête de crier ? T’es pas sérieuse, là, et tu t’en rends compte. »

Ses mots m'ont révoltée, et me submergent toujours d'exaspération. Je voudrais vomir ce qu'elle m'a répliqué, tant la cruauté dégouline de ses mots, doublée d'une stupidité abyssale. Et je crois qu'elles ne sont pas prêtes à essuyer la tempête qui menace d'éclater en moi.
Pour toutes ces raisons, je ne me vois pas ne pas faire usage de la Magie. La Magie, si grande face à la minuscule poussière de vantardise que constitue la Chose incapable d'aligner deux mots sans méchanceté dans la voix, sans savoir s'empêcher d'ajouter un « minable » — ou même un « boum », qui sait.

« Et alors comme ça tu veux pas partir ? »

*‘son choix, après tout*. De ma révulsion, je passerais presque à un état d'âme quasi indifférent. Est-ce mon cœur que je sens soupirer, dessous ma chair ? Je braque ma baguette dans la direction de la Chose, pointant plus spécifiquement ses chaussures, et formule impassiblement mon sortilège, bien que la colère puisse se percevoir dans ma voix.

« Colloshoo. »

Aussitôt, avant que cette gêneuse n'ait le temps de protester pour une énième fois, je fais à nouveau agir ma baguette en un mouvement de poignet sec. Dans sa direction, et avec délice, je lance un « Diffindo ! » calculé. Mon sort de prédilection. Comme je le voulais, il lui entaille la lèvre inférieure ; une blessure superficielle bien sûr. Suffisante pour lui faire mal, et par là même, lui faire intégrer que je veux blesser ses Mots, son Verbe. *Elle criera avant d’se plaindre, cell’-là*. Un rictus narquois prend place sur mes traits.

« J’peux r’commencer, et même un peu plus fort, c’est clair ? »

De ma main libre, la gauche, je lui ordonne le silence — oh en fait, je le leur ordonne à toutes les deux. Mon bras s'est dressé vers mes lèvres, index posé sur celles-ci. « ‘sht ! ». *N'en rajoutez pas, d'accord ?*. Je ne sais si je formule intérieurement une prière, une supplique ou une espérance.
Soutenant leurs regards, je recule un pied derrière mon corps. Puis l'autre, et ainsi de suite ; jusqu'à ce que je sois à bonne distance d'elles-deux.

« ‘vous approchez plus jamais d’moi. » je leur adresse, comme si j'insufflais à mon dernier souffle toute la rancune du monde.

Puis je tourne à l'angle du Couloir, et disparais à la hâte.


18 avril 2045 13h13
Couloirs du Troisième Étage, Poudlard

•••


Mes jambes portent ma course sur plusieurs mètres encore, tandis que mon cerveau s'active pour me trouver un refuge. Après réflexion, il choisit de m'emmener trois ou quatre étages plus bas, jusqu'à l'Infirmerie, puisque ma main me lance toujours. Si l'on peut faire quelque chose pour moi, c'est tant mieux ; sinon, j'aurai au moins le soulagement de ne pas être dérangée par l'éventuelle traque des deux Autres. Non, elles n'auront pas l'idée de venir me pourchasser jusqu'ici. Je libère un soupir — celui qui me démangeait mais refusait de sortir. Je ne suis plus en apnée : j'en prends conscience maintenant ! J'avale une goulée d'air, puis deux, puis autant qu'il m'en faut pour poursuivre le cours de ma vie ; rattraper ce que j'ai bien pu rater pendant que ces deux idiotes me détraquaient le cerveau.

Si chaque histoire comporte une morale, je ne comprends pas celle d'aujourd'hui. Non, j'ai beau chercher, je ne sais pas ce que cette séquence d'images illogiques m'aura appris. Les coins de ma bouche sont retombés, comme alourdis par la lassitude qui m'enveloppe soudain. Au beau milieu de ma journée, j'ai sommeil.


ataraxía

these violent delights have violent ends