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18 sept. 2020, 17:23
Voilà la vie  PV 
Mercredi 12 avril 2045
Couloir du cinquième étage — Poudlard
4ème année



Je ferme brièvement les yeux lorsque mon roi se fait encercler par les blancs. Le silence outragé de mes pièces, désespérées par ma défaite, me fait soupirer et je laisse tomber ma nuque en avant, une insulte sur le bord des lèvres.

« Mais pourquoi est-ce que tu gagnes toujours ?
Parce que je suis meilleur que toi, » me répond Zikomo d’une voix guillerette.

Je lui lance un regard noir que le Mngwi se fait un malin plaisir d’ignorer. Je me laisse tomber en arrière, mon dos rencontrant la mur frais du couloir. Je secoue la main en direction du plateau de jeu pour signifier à mes pièces qu’elles peuvent se taire, je n’ai aucun conseil à recevoir de ces mauvaises joueuses. C’est toujours la même chose lorsque je joue avec Zikomo ; je perds. Pourtant, j’ai pratiquement toujours gagné mes parties d’échec. Sans être la meilleure joueuse, je peux me vanter de ne pas avoir un niveau exécrable. Je pensais d’ailleurs sincèrement être une bonne joueuse jusqu’à ce que je rencontre Zikomo qui, le plus naturellement possible, gagne à chaque fois que je joue contre lui — c’est à dire souvent, parce qu’il est hors de question qu’il continue à se vanter de cette manière, je dois le détrôner.

« Ne te vexe pas, continue Zikomo en s’asseyant devant le plateau, au beau milieu du couloir. J’ai de longues années d'entraînement derrière moi.
Mh, » grogné-je en réponse.

Ses paroles ne me réconfortent absolument pas, mais je ne peux empêcher un fin sourire d’étirer mes lèvres en croisant le regard de mon ami. Je secoue la tête et d’un mouvement de baguette magique, le plateau et les pièces d’échec se rangent d’eux-même — il me faudra penser à le reposer dans la Salle Commune, ce jeu n’est pas à moi. Je m’étire longuement et étend mes jambes dans le couloir. Naturellement, Zikomo vient me rejoindre et s’installe tout près de moi. Face à nous, une rangée de fenêtres qui donne sur le lac et les montagnes. La vue est splendide. Pendant quelques instants, je me perds dans la beauté du paysage.

Je me sens lourde. Non pas lourde comme lorsque l’on va s’endormir, non pas lourde comme lorsque l’on a trop mangé, mais lourde comme lorsque l’on a trop de choses dans la tête. J’ai l’impression que quelque chose a changé, dans mon esprit. Ça a commencé ce Jour-là, en haut de la tour d’astronomie, et ça s’est aggravé chaque semaine un peu plus lorsque je parcourais la Une du journal avec un étrange nœud à l’estomac. Ça s’est aggravé la semaine dernière lorsqu’à un jour du départ en vacances ces abrutis d’adultes nous ont annoncé que l’on ne pouvait pas rentrer dans nos familles. Ça s’aggrave lorsque je fais des cauchemars idiots mettant en scène des moldus terrifiants et des sorciers étranges, ça s’aggrave lorsque l’on parle de tout cela avec Zikomo, ça s’aggrave lorsque je repense à ma conversation avec Erza et Saunders, ça s’aggrave lorsque je vois les visages soucieux des professeurs, ça s’aggrave lorsque je regarde autour de moi et que je vois les marques du monde dans le regard des élèves.

Je déteste cela.
Je déteste avoir ouvert les yeux.
Ça sert à quoi de voir, hein ? Ça sert à quoi de comprendre que le monde se casse la gueule ? Ça sert à quoi de savoir que la vie est dangereuse, qu’il existe de méchantes personnes, qu’il existe de la douleur et des cris ? Ça ne sert à rien, absolument à rien. La plupart du temps, j’essaie d’ignorer tout cela. Après tout, ça ne me touche pas. Moi, je vis ma petite vie à Poudlard, j’apprends des choses passionnantes, je lis des ouvrages fantastiques, je deviens chaque jour un peu plus douée avec ma magie et ma baguette. Alors, hein, je peux essayer d’ignorer tout ce qu’il se passe à l’extérieur ; rien de tout cela ne me concerne.

« Eh, Zik ?
Oui ?
Elle fait quoi Erza là, tu crois ?
Je n’en sais rien. Elle est certainement à Uagadou.
Où, à Uagadou ? »

Et voilà que le petit Mngwi se lance dans des descriptions d’Uagadou qui me rendent rêveuse. Il raconte avec détails, me parle des odeurs, des couleurs, des jeux de lumière et glisse entre deux descriptions des anecdotes, certaines en lien avec Erza, d’autres avec des personnes dont les noms commencent à me devenir familier. Et il parle, il parle tandis que mon regard vogue sur la lointaine surface du lac. Les yeux à demi-fermés, je l’écoute sans ne jamais l’interrompre. Sa voix me permet de voyager et ses contes rendent mon coeur moins lourd. Je pourrais rester une éternité ainsi, sans bouger, avec lui.

20 sept. 2020, 18:36
Voilà la vie  PV 
"Poudlard n'est pas un château. C'est une créature, qui respire, joue, et surtout, nous observe grandir avec malice..."
Aristid O'Shaken


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Le carrelage de Poudlard.
Entité confondue dans les milliers de formes de magie présentes dans le monstre de pierre. Pourtant, il attire ton œil comme si dans son doux manteau d'Ombre, il possédait un charme, au-delà de la magie qu'il recèle. Les diverses rectangles, de loin similaires, sont en réalité bien différents les uns des autres. *Ils ont une histoire* Ces histoires dites banales par la Majorité qui prend toute la place, n'accordant le reste qu'aux idiots. Peut-être es-tu idiote? A vrai dire, jamais tu ne t'es posé la question, il y a bien d'autres choses plus intéressantes à faire que de se préoccuper de son idiotie supposée par les Semblables. Poudlard est un univers à lui-même, il fourmille d'activité, tel une tempête incessante d'Humanité et de Magie, bien qu'il soit aujourd'hui ardu de conserver l'alliage de ces deux forces infinies. Tu n'as donc pas de temps pour ceux qui s'occupent de juger tes aptitudes. Toi seule les connais mieux que tout les autres, et c'est bien là l'essentiel.

Sentir la plante de tes pieds, réagir dans un mouvement interrompu de marche, te procure cette sensation bienfaitrice de confort. Les angoisses sont éjectées durant quelques temps de tes Pensées. Tu réfléchis durant ces marches quasi-quotidienne de l'Univers qui t'entoure. T'attarder sur une statue, un tableau, constitue un passe-temps fort agréable. Aujourd'hui tu attends le détail qui viendra, tôt ou tard, appâter ton œil vers lui.

Les couloirs sont bien calmes, un long fleuve tranquille qui s'est frayé un passage à l'aide su beau temps, qui jette hors du château la masse écrasante des élèves, celle qui étouffe de sa soi-disant domination ton besoin de calme, de paix. Drôle d'ironie au temps où, tu l'admets maintenant, le monde n'est pas l'idylle que tu t'imaginais. En un rien de temps, tout ton quotidien a été chamboulé — tu ne sais pas, à vrai dire, si tu en es satisfaite ou pas — et toutes les informations te sont arrivées simultanément, ce qui a malmené la rapidité de réaction de ton cerveau. Fort heureusement, peu à peu tu t'es fondue dans le décor magique de Poudlard, et tes premiers cours de pratique t'on rassurée sur l'état de ta magie; plus que satisfaisante. Ta plus grande peur était de ne pas être capable de rivaliser, baguette en main, avec des sorciers issus de ce monde. Tu craignais plus que tout leur possibles éclats de rire en cas d'échec. Tu as été épargnée, ce dont tu es heureuse, de ce genre de peines qui semblent ne pas vous atteindre mais qui de leur lame invisible découpent en fines tranches votre cœur, avant même que vous ne l'ayez remarqué.

Bientôt, un détail, non, un phénomène, se présente au bout d'un énième couloir, faisant bien plus qu'affoler ta pupille. Il te fige, te fait presque sursauter. Jamais telle scène ne s'était présentée sous tes yeux. Tu ne parviens pas à décrire la beauté qui s'étend, là, à une dizaine de toi. *Saphir*. Quelle n'est pas ta surprise quand ton regard (qui a mis un temps fou à se détacher de ce qui, sans son aura étouffante et de son pelage aux teintes de la mer, aurait pu être un renard) glisse sur *Non* une silhouette qui t'évoque rapidement un souvenir bien trop familier *Ae... Bristyle* Tu te corriges instantanément de manière intérieure, quand le souvenir des sourcils froncés et de l'agacement certain de Bristyle lorsque tu avais prononcé son prénom. Tu n'as pas réellement compris pourquoi elle haïssait autant le fait qu'on l'appelle par son prénom. Tu ne creuses pas plus loin, car déjà tu t'enfonces face à ces deux auras qui te donnent envie de demeurer poussière.

Une fois passé le temps de l'observation, place à l'écoute. Car oui le *Monsieur au pelage de Saphir* s'exprime, et avec une hardiesse qui te coupe le souffle. Il décrit avec une justesse époustouflante ce qui semble être un lieu magique de haute importance. A chaque parole supplémentaires, tu as l'étrange impression qu'il a vécu depuis une éternité. Tu chasses cette idée de ton esprit *Voyons, c'pas possible*. Alors tu écoutes. Tu bois ces paroles qui te plonges dans un bain de calme. Ton cœur est comme endormi, enveloppé par les paroles du saphir. Comme enfoncée dans un rêve profond. Jamais le pouvoir des Mots n'a été aussi fort.

Tu restes planté là. Tu n'oses pas t'immiscer auprès des deux complices. Tu te sens de trop. Intruse dans un décor d'extrême beauté.

Le temps passe.

Une vibration intense, inexorable, palpite au sein de tes entrailles. *C'est beau, putain. C'est beau*

Tes pas, hésitants, se rapprochent du saphir. Tu veilles à ne faire quasiment aucun bruit. Tu bloques ton souffle au fur et à mesure que tu te rapproches du flot de paroles. Même Bristyle n'a plus d'importance. Tu es redevenue la gamine qui s'émerveille devant le monde qui l'entoure, qui se pâme des plaisirs que nous offre la Vie. Tu parviens, ô miracle, à placer quelques paroles une fois son flot de paroles momentanément interrompu.

« Comment faites-vous pour nous faire rêver de vos paroles? »


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Voilà la Danse à peine lancée que déjà ma Protégée m'étonne! Puissent mes Mots t'être agréables à lire.

𐌔

20 sept. 2020, 20:13
Voilà la vie  PV 
Oh, ils le sont.

A quel moment exactement ai-je quitté Poudlard ? Aucun moyen d’en être certaine, mais ce qui est sûr c’est que les images qui défilent sous mes yeux ne sont pas les couloirs familiers que j’ai l’habitude de parcourir. Toutes les paroles de Zikomo se dessinent dans mon esprit comme de vieux souvenirs. Je vois, je sens, je comprends et c’est comme si j’y étais, là-bas, dans cette école que je rêve de visiter depuis que j’ai affronté Erza Nyakane dans un duel flamboyant. Uagadou. Ce nom me fait rêver, ce nom me fait sourire. Je m’y vois déjà, parcourir cet endroit en compagnie de mes deux amis. Zikomo m’a raconté tellement de choses sur cet endroit, il a passé des heures si longues à me parler de ses souvenirs, à me décrire l’école, ses salles, ses recoins, que j’ai l’impression de le connaître autant que Poudlard. Je n’ai plus besoin de faire d’efforts pour que m’y représenter les cohortes du feu, de l’air, de l’eau et de la terre, pour imaginer leurs bras tatoués, pour les voir à l’oeuvre, les voir s’affronter et étudier. Je me sens étrangement proche de cette école du bout du monde. Je ne connais rien de l’Ouganda ou même de l’Afrique en elle-même, je n’ai jamais été attirée par cette partie du monde. Pourtant, pourtant mes rêves sont peuplés d’image de ces terres et mon coeur hurle d’envie de m’y rendre dès que possible pour retrouver Erza, partager quelques instants de sa vie.

Les yeux à demi-fermés, je regarde sans le voir le paysage qui s’inscrit derrière les fenêtres lumineuses qui me font face. J’en oublie tout ce qui m’entoure, les lointaines rumeurs des élèves et même la voix de Zikomo se fait moins forte dans mes oreilles. Oh, quelque part je l’entends encore, mais cela n’a plus d’importance puisque ses paroles se transforment en images. Sans même en avoir conscience, l’inquiétude que je ressentais pour Erza, pour le monde, pour ma famille, tout cela tend à s’apaiser et me laisse dans un état de quiétude fabuleux. Ces derniers temps, il est rare que je me sente aussi sereine. Je passe la plupart de mon temps à travailler, à étudier et faire mes recherches, à livre tous les ouvrages que je peux, sans me laisser le moindre temps pour penser à l’Ailleurs. J’apprends la magie élémentaire, je m’entraîne à lancer des sortilèges qui ne sont pas de mon années, je passe beaucoup de temps à me familiariser avec ma magie. Comme si j’avais compris… Comme si j’avais compris que l’heure de s’amuser était révolue ; ce qui est complètement con, et de toute manière je ne me suis jamais amusée à Poudlard, ça a toujours été le Savoir avant tout.

Elle arrive sans prévenir. Je la vois une seconde tout juste avant qu’elle n’ouvre sans grande bouche. Lorsque j’aperçois sa silhouette *trop proche, bien trop proche*, je sursaute et Zikomo qui s’était interrompu pour retrouver son souffle peine à tenir en place sur mon épaule. *D’puis quand elle est là, bordel ?*. À ses paroles, je comprends instantanément qu’elle est là depuis un moment, plus invisible qu’un putain de fantôme, et qu’elle a entendu tout ce qu’a raconté Zikomo, ou au moins une grande partie. Ses paroles d’ailleurs, font discrètement glousser Zikomo et j’en comprends la raison : en tant que Messager des Rêves, il trouve certainement cela amusant qu’on lui dise qu’il est capable de faire rêver.

Les yeux de la fille brillent d’admiration et sa foutue voix brûle de questions contenues. Je me renfrogne. Je me sens épiée ! Cette école, parfois, m’agace au plus haut point — impossible d’être réellement seule, impossible d’être réellement tranquille, il y a toujours un Autre pour me déranger, pour poser des questions indiscrètes, pour s’imposer sans qu’on lui en ait donné l’autorisation.

Cela me met hors de moi ! Que cette fille ait tout entendu ! Bien sûr, Zikomo n’a rien dit de compromettant, nous n’avons pas parlé de secrets, de choses interdites, ou que sais-je encore. Seulement d’une école connue dans le monde entier. Mais je déteste lorsque les autres l’écoutent parler de ce genre de choses. Je suis privilégiée, c’est avec moi que Zikomo est, c’est à moi qu’il fait des confidences, qu’il parle de son passé, de ce qu’il connaît, à qui il raconte des histoires. Tout cela ne concerne en rien les Autres !

Mon regard sombre se lève en direction de la fille plantée là comme une abrutie. Je fronce légèrement les sourcils en décryptant son visage. Elle me rappelle quelque chose. Je n’arrive pas à m’en souvenir… Bah, l’école est grande et peuplée, je l’ai très certainement croisé dans un couloir ou dans un autre, elle n’est pas réellement importante.

Je prends une inspiration pour répondre à la fille — Zikomo m’en empêche en enfonçant sa patte dans mon épaule. Je lève les yeux au ciel et coule un regard dans sa direction. « C’est bon ! » signifie ce regard, « je ne vais rien faire de répréhensible. ». Sauf qu’il a raison de me retenir, parce que si ça ne tenait qu’à moi j’enverrai se faire foutre cette fille qui vient de piétiner ma tranquillité. Je ne me sens plus du tout sereine désormais, je n’ai plus du tout envie de sourire ou de rêver. Tout cela, c’est de sa faute à elle. Mais le regard de Zikomo est implorant… Il fait sa tête, cette Tête. Celle avec les yeux brillants et les oreilles couchées en arrière… Il sait que je ne résiste pas à cette tête, contrairement à Erza qui est bien plus forte que moi ! Je soupire bruyamment faire faire comprendre à l’Intruse que sa présence m’emmerde.

Je fais beaucoup d’efforts pour contrôler ma voix, mais ne cache pas mon ennui :

« Zikomo est un conteur. C’est normal qu’il fasse rêver quand il conte. »

Et puis c’est quoi cette manie de commencer une conversation par un compliment ? *Comment faites-vous pour nous faire rêver blah blah blah*. Encore un moyen de se faire mousser, encore un Autre qui croit qu’en faisant des compliments, elle pourra s’attirer l’amitié du Mngwi.

23 sept. 2020, 16:37
Voilà la vie  PV 

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Tu as bien vite fait de te morigéner de cette action naïve et inconsciente. T'imaginer que tu pourrais être reçue convenablement est chose impossible, Bristyle te le fait bien vite sentir. La flamme qui s'élève de son regard en dit long sur son agacement, pour ne pas dire sa colère. Tu te contrôles afin d'éviter de trembler entièrement. Pas évident, disons, quand en face de vous se tient une élève au caractère particulièrement fort, qui n'hésite pas à vous coller au mur si vous êtes ce qu'elle considère comme une *Autre* et que vous venez de vos gestes, de vos paroles ou même de votre présence contrecarrer ses plans. Trois conditions que tu viens de respecter à la lettre, par excès d'imprudence. L'orage gronde.

Tu t'es imaginé que le *saphir* allait te répondre, deuxième acte de naïveté en quelques secondes déjà. Bristyle s'en charge à sa place, te jetant ses mots envenimés d'une arrogance particulièrement détestable. Tu te les prends en pleine gueule. Affronter son visage devient chose insupportable. Un combat ardu d'où Bristyle sortira forcément vainqueur, alors ton regard dévie vers le sol, seule perche que l'on te tend. Ridicule, certes, mais on fait ce que l'on peut dans les moment de faiblesse.

Dans ton esprit encore candide, la Poufsouffle ne t'avait pas semblé aussi vile. Sa méchanceté gratuite t'anéantit « Zikomo est un conteur. C’est normal qu’il fasse rêver quand il conte. » *Comment je peux l'savoir moi!*. L'image de Bristyle, coincée entre intrigue et fascination, glisse vers la Haine, lentement mais inexorablement, tant ses Mots te touchent en plein cœur. Comment peut-elle t'attaquer de la sorte, sans même que tu ne lui cherches des ennuis? Dépitée sur le genre humain pour la... *j'compte plus*, tu ne retient pas les muscles de ton poing qui se contractent peu à peu. Oh non, tu ne la frapperas pas. A ton souvenir, jamais tu n'es venue de tes membres abîmer quelque garnement. Ce n'est pas prêt de changer.

Loin de toi l'idée folle de tenter un coup de poing sur le visage de Bristyle. Ton inconscience a ses limites, et si tu prie intérieurement pour que la Colombe boucle un jour son tour du monde sans briser ses ailes, il t'est impossible d'oublier se pacte de non-agression — physique du moins. Mais ta langue constitue une arme assez efficace, lorsque tu réfléchis bien à ce que tu vas dire. Une lame affutée par la réflexion inlassable qui découle de ta tête.

Alors soudain ton regard et sa ligne de glace effectuent le chemin escarpé qui mène à l'Affrontement, ou du moins à la Défense, le temps que tu lances quelques mots à Bristyle, des Mots qui ne doivent pas être laissés au hasard. S'ils visent trop juste, tu n'auras pas le temps de respirer que déjà une poigne solide t'agrippera et fera de toi ce dont elle a envie. *J'veux pas d'ça*. Mais si les flèches ont des lettres faibles, alors tes Mots n'auront pas de poids. *Réfléchir* Pendant ce temps, luisants d'insolence, les deux globes de ton visage continuent leur ascension vers les sphères aux braises ardentes de la Poufsouffle.

Une fois que ton regard parvient *enfin* à se planter dans le sien, tu comprends toute la complexité de la situation. N'as-tu pas agi par pure imprudence? Ne vaut mieux-t-il pas s'arrêter? Mais déjà tu as mis hors de tes Songes ces questions qui gênent ta progression. La Colère transpire de toi, elle te donne un frisson qui plus que jamais aiguise les pointes de tes Mots, qui ne tardent pas à foncer vers la Grande Bristyle.

« Au lieu de m'humilier, réponds à une question. Une question qui au vu de ta perspicacité excellente ne devrait pas t'poser trop d'problèmes. »


L'art de l'ironie. Jamais jusqu'à présent tu ne t'étais lancée dans cet univers certes épineux, mais extrêmement jouissif et percutant lorsque l'on maîtrise les règles du milieu. Pour un début, ce n'est plutôt pas mal. Mais ces paroles en attendent d'autres. En visant à la désarçonner, tu t'est mise dans une situation plus complexe encore et les information circulent plus vite qu'un Éclair de feu au sein de ta boîte crânienne. Fort heureusement, ce qui aurait dû être une évidence te revient enfin. La Grande Question, celle que tu te poses depuis un bon bout de temps. Celle qui palpite, qui crépite, qui creuse un gouffre béant dans ta quête de réponses. Mais aujourd'hui, tu l'espères, Bristyle répondra à ta maudite question. Et ensuite *il sera toujours temps d'aviser*

« Tu sais ce que c'est, un Autre? »


Ce mot qu'on emploie à tort et travers.
Ce Mot qui jaillit de toutes les bouches, perdant ainsi son sens.
Ce Mot qui cherche à rentrer les Humains dans une case.
Ce Mot, source de toutes les vices.
Ce Mot, complice du *Supplice*.


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𐌔

24 sept. 2020, 16:35
Voilà la vie  PV 
Une fois que mes mots se seront inscrit dans l’esprit de cette Intruse, deux chemins seulement s’offriront à elle. Le premier est merveilleux puisqu’il la verra quitter le couloir, la queue entre les jambes, en ruminant sa foutue curiosité et sa question déplacée. Le second est moins réjouissant. Il me susurre qu’elle restera sur place et la suite, alors, risque de chambouler complètement le semblant de sérénité que j’ai réussi à glaner. C’est pour la sauvegarde de cette dernière que j’entreprends de me calmer, aidée par les coups d’oeil furtifs que me lance Zikomo. Il me suffit d’une petite dose de patience, toute petite dose avant que cette Autre se barre et qu’elle me laisse en paix. La patience n’est pas toujours mon fort, mais pour retrouver mon plaisir, je peux bien faire un effort. Et c’est ce que je fais, mon regard ne se détournant pas de la fille et des étranges émotions qui se dessinent sur son visage. Si j’en avais quelque chose à faire d’elle, j’aurais aisément pu comprendre que je l’ai blessé. Mais je n’ai rien à faire d’elle, alors cette information passe dans mon esprit et part s’échouer dans les limbes de l’oublie.
Et moi j’attends. J’attends.
Qu’elle choisisse le bon chemin.

La déception ne me touche même pas lorsqu’elle choisit le mauvais, celui qui fait mal, celui qui agace ; le chemin qui dit : « tu vas finir par lui exploser la tronche. ». Il suffit d’une phrase, une seule phrase pour que mon visage perde toute torpeur et pour que pour mon coeur, auparavant lourd d’espoir, ne se glace complètement. Je me sens étrangement calme. Mon coeur bat sans agitation et mon souffle ne se bloque pas sous l’afflux de la colère. Mais dans ma tête… Dans ma tête naissent des pensées qui soufflent sur ma sérénité et la font disparaître facilement. *Elle vient de…*. Je n’arrive pas à y croire. *... de m’insulter*. Simplement, très simplement ; oh, je ne peux dire qu’elle ne maîtrise pas l’art des mots, c’est bien plus joliment dit que le « va te faire foutre » que j’avais en tête. C’est peut-être à cause de ces fioritures que la colère n’explose pas dans mon coeur même si je me sens piétinée par la condescendance de cette fille — parce que les personnes comme elle, qui s’amusent avec les mots, qui croient pouvoir en faire ce qu’elles veulent, cela a tendance à exciter mon envie de confrontation.

Sa phrase à peine sortie que ma main jaillit. Je la plaque contre le sol, le coeur frémissant à peine dans mon carcan. L’injustice me donne la force nécessaire et d’un mouvement ample et maîtrisé, je me redresse en position debout. L’injustice, fameuse injustice ! Je suis toujours la victime des Autres, c’est une chose qui ne changera jamais et ce constat me fait mal au coeur. Je suis toujours la fautive, la méchante. Dans cette situation, les paroles que j’ai offert à cette fille n’étaient peut-être pas très agréables, je sais le reconnaître, mais dans l’ordre des choses à ne pas faire, c’est cette fille qui a la première place : elle n’avait qu’à passer sa route au lieu de me parler ! Sa prise même de parole est un affront contre lequel j’ai dû me défendre ; alors qu’elle ne vienne pas me dire que je l’ai insulté ou quoi que ce soit du même genre parce que je ne laisserais pas passer l’injustice.

« Tu sais ce que c'est, un Autre? »

Debout, face à elle. Je suis plus grande qu’elle. Je suis plus forte qu’elle. Et je me sens bien plus fière, bien plus légitime qu’elle. Et Zikomo, installé sur mon épaule, contribue à la grandeur qui est mienne, j’en ai conscience. Tout comme j’ai conscience de sa toute petite voix qui me murmure dans le creux de l’oreille des paroles destinées à me calmer — oh, mon beau, mais il n’est pas temps de se calmer. Regarde, l’Autre te le prouve en posant sa question idiote.

Je ne m’attendais pas à ça.
Je scille, fronce les sourcils, détourne brièvement le regard. Sa phrase, son mot résonne étrangement dans ma tête. *Autre*. Pendant une fraction de seconde, j’ai l’impression que cette fille est dans ma tête et qu’elle est capable de voir la couleur de mes pensées. Impossible. Mais alors comment ? pourquoi ? Pourquoi me poser cette question à moi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi changer de sujet aussi rapidement ? Qu’est-ce qui lui passe par la tête, à cette putain de fille ? Comment, objectivement parlant, comment-on passer de « vous m’faites rêver avec vos paroles ! » à « c’est quoi un Autre ? ». Bordel de merde, mais quel est son problème, à celle-là ?

« Un autre ? demandé-je en empruntant une voix traînante qui n’est pas la mienne. J’ai pas à te répondre, tu représentes parfaitement le mot à toi seule. »

Mon regard la parcourt de part en part ; de bas en haut et de haut en bas. Je crispe les mâchoires. Mon coeur s’emballe. Merde, j’étais bien ! Je n’ai pas envie de… D’être avalée par mes émotions. Pas envie. Pas ici, pas avec Zikomo, pas devant lui. Pas maintenant alors que je devrais être tranquillement à la Maison avec Papa et Maman. Je soupire doucement et profondément, accorde un dernier regard à la fille et détourne les yeux en direction des fenêtres, le menton dressé par la fierté.

« Tu as fait tout le château pour me poser cette question ? m'enquiers-je en prenant sans en avoir conscience le ton qu’emploie toujours Maman quand elle trouve que l’on fait quelque chose de particulièrement idiot. Tu sais qu’il existe des dictionnaires à la bibliothèque, n’est-ce pas ? »

Sur les derniers mots, je ramène mon regard sur elle. Je ne peux pas me détourner trop longtemps. C’est loin d’être raisonnable.

Zikomo m’enfonce ses pattes dans l’épaule, mais je sais qu’il n’interviendra pas pour le moment. Zikomo n’aime pas jouer à l’auror, il me l’a déjà dit. Mais il désapprouve la plupart des actions et des mots qui me confrontent aux Autres car il trouve que je manque de contrôle et de politesse. Il a arrêté de me chuchoter des paroles destinées à me calmer, il se contente d’attendre, d’observer, calme alors qu’à l’intérieur je suis certaine qu’il est paniqué. Parfois, lorsque je regarde Zikomo, j’ai l’impression d’être une gamine ; il est si sage. Alors aujourd'hui, je ne le regarde pas et je me sens légitime de faire face à cette Autre.

26 sept. 2020, 12:47
Voilà la vie  PV 

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Pas facile de jouer avec le feu, hein Petite?

*Tsss* Surprise, c'est le sentiment que tu ressens dans les tréfonds de ton Cœur lorsque Bristyle met un certain temps à réagir. Comme cet instant de calme, où vous êtes dos à la vague et que silencieuse elle s'apprête à s'abattre sur vous, vous écrabouiller afin que vous ne soyez plus qu'un vulgaire amas d'os et de chair destiné à servir de dîner aux charognards. Telle est la vie.

Tu attends donc, tes mains caressant nerveusement les pans de ton uniforme de Poudlard. Ce secondes paraissent être des minutes, tu redoutes la réponse que tu connais peut-être au fond. Ce que tu avais balancé à Jones, et qu'elle ne t'avait pas cru. J'ai un cœur d'Autre, avais tu lâché, sans retenir les paroles. Sur l'instant, tu as toi aussi pensé que ce n'était que le fruit de ton imagination. Mais le doute était trop présent dans le flux de tes pensées pour que la certitude s'y fraye un passage. Alors te voilà avec ta question. Et la réponse, qui après quelques gesticulations qui ont le don de te faire reculer d'un petit pas, arrive. Comme une brisure, une fêlure profonde.

Tu représentes parfaitement le mot à toi seule. La Réalité, encore et encore. Celle qui frappe, qui jamais n'amnistie, qui toujours condamne. Les paroles sont traînantes, mais le choc qu'elles produisent font un effet bien assez fort. *Au fond, je le savais* Tu le savais mais voulais-tu l'entendre? Souhaitais-tu te fracasser la tête la première contre un mur de Mots, une réalité difficile à avaler? Tu déglutis lentement. C'est étrange. Tout allait si lentement, puis les quelques Mots lâchés par Bristyle t'ont donné l'impression angoissante que les actions se superposent, les paroles en quinconce. Mais tu n'as pas le temps de songer longtemps car déjà Bristyle se remet à parler.

Une bibliothèque? Tu as eu beau chercher, dans la bibliothèque de Poudlard, jamais tu n'as trouvé de réponse au creux des manuscrits, que tu affectionnes néanmoins. Mais il n'ont pas suffi à t'apporter une définition claire, qui ne laisse pas de place au Doute. Alors oui, bien que tu n'aies pas fait le tour du château pour poser ta question à Bristyle, elle te semblait être la personne adéquate pour te l'expliquer de façon concise.

« Il y a des choses, des questions auxquelles les dictionnaires ne sont pas capable de répondre. »


Tu marques un léger temps d'arrêt. Toujours cette petite boule dans la gorge qui te nargue lorsque tu t'exprime face à l'aura de Bristyle. Tu reprends, après cette pause obligée.

« Et oui, je te l'ai posée à toi. Je n'ai pas eu tort, puisque tu m'as répondu honnêtement. Maintenant je sais. »


Un léger sourire, ô surprise, éclaire d'une lueur tamisée ton visage. Oui, Bristyle ne t'as pas accueillie avec chaleur. Oui, elle s'est ouvertement foutue de toi. Mais au fond, tu t'en moques. Elle a répondu à ta question, et c'est la seule chose qui t'intéresse pour le moment. Tu n'es pas venue pour parler de la pluie et du beau temps, et encore moins pour sympathiser. Ce qu'elle pense de toi est purement dérisoire.

En revanche, il est certain qu'une plaie barre déjà ton Cœur, avec toutes les interrogation qui découlent de cette Certitude. *J'ai mal, je crois* Tu es une Autre. Pas de place au doute, ou presque. S'il y a bien une qualité dont vient de faire preuve Bristyle, c'est la franchise. Mais désormais, il faut surmonter cette balafre béante. La recoudre *seule*. Se relever après une nouvelle chute. Et faire comme si rien n'était jamais arrivé. Comme si tu n'étais pas une *Autre*

« Mais... Ça veut dire que je serai une Autre toute la vie? »


De petites perles salées, minuscules mais bien présentes, maculent la surface de tes yeux. Tu fais de ton mieux pour que cela ne soit pas visible. L'idée de te montrer plus faible que jamais devant cette fille imposante t’écœure, sans que tu ne saches réellement pourquoi. La question est venue toute seule. A la recherche d'un dernier espoir auquel t'accrocher. Mais tu crois déjà connaître la réponse, menaçante. Un gouffre de ténèbre qui te guette avant de t'engloutir.

Ton regard fixe désormais le plafond. Comme s'il y était pour quelque chose.

L'envie de crier. De hurler. *JE SUIS UNE AUTRE JE SUIS UNE AUTRE JE SUIS UNE AUTRE*
Respire.
Il y a des choses plus graves. Des crimes. Des guerres. Des Semblables.
Toi, tu n'es ni plus ni moins qu'un *grain de sable* perdu dans les tréfonds de l'océan.

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26 sept. 2020, 19:31
Voilà la vie  PV 
J’attends. Je ne sais pas quoi exactement. Un signe, peut-être. Un signe de la colère de cette fille, de sa rage future qui m’obligerait à emprunter une attitude de défense — ou d’attaque, en fonction de l’Autre. Je déteste cet instant entre-deux. Mon coeur sursaute à l’intérieur de mon corps et mes pensées s’affrontent dans ma tête. Mon souffle tant à accélérer alors qu’au contraire il devrait être calme, apaisé, maîtrisé. Dans mon esprit, je compte. *Un, deux*, trois, quatre et plus encore, le nombre de secondes nécessaires pour que mes mots atteignent le cerveau de cette fille et qu’elle explose dans une rage meurtrière qui m’obligera — puisque ce ne sera pas de ma faute mais de la sienne — à m’énerver encore plus fort.
Mais rien ne vient.
Tu entends, Zik ? Rien ne vient. Seulement une petite phrase qui brille par son inutilité. Évidemment que toutes les réponses ne se trouvent pas dans les dictionnaires ou dans les livres ! Au moins, je sais désormais que cette Autre est trop idiote pour avoir saisi la nature exacte de mes mots. Elle est comme tout le monde, elle se contente de ce qu’elle entend sans même faire attention à ce qui se cache sous les mots. Mais je ne vais pas me plaindre, c’est tout ce que je voulais d’elle. Et si ma réponse lui convient, elle se barrera plus rapidement et je pourrais retrouver ma sérénité.

Sur la réserve, je l’observe, les bras serrés autour de mon torse. Maintenant, elle me complimente presque ; c’est bien la première fois que l’on applaudit ma franchise. D’habitude, on me dit plutôt : « t’es trop franche » ou « t’as pas de tact » ou encore « tu peux pas y aller plus doucement ? ». Comme si les Autres étaient de petites choses fragiles qu’il fallait préserver en faisant attention à la façon dont on parle, dont on s’exprime, en ne disant pas les choses, en mentant effrontément. « Tu es bien », « tu es belle », « tu n’as rien à te reprocher » ; tant de mensonges dont les Autres se nourrissent à longueur de journée. Cela me fait pitié.

J’essaie d’emprunter une position désinvolte, comme si je me tenais face à elle comme je me tiens face à tous les autres, mais la vérité c’est que cette situation est détestable. Les Autres n’ont jamais eu une place très élevée dans mon coeur, c’est un fait, mais me retrouver face à une Autre au beau milieu d’un couloir, seule, ne m’est pas seulement désagréable ; c’est également effrayant. Comme si j’étais fragile, tout à coup. Comme si j’étais en danger ou quelque chose dans le même genre. C’est étrange de ressentir cela. C’est étrange, parce que cette fille est plus petite et que je parierais tout ce que j’ai que je suis bien meilleure qu’elle en tout. Objectivement parlant, je ne risque rien du tout.
Et pourtant.
Mon coeur palpite sur le rythme de la peur.
Je m’agite pour me défaire de ce sentiment. Un petit pas, un regard en direction des montagnes, une grimace curieuse pour accueillir ce sourire qui illumine le visage de la plus jeune, une caresse discrète destinée à Zikomo qui a cessé de maltraiter mon épaule.

Au moment où j’espérais, quelque peu fatiguée, que la fille s’en aille rapidement après m’avoir complimenté, remercié, et tout ce qu’il fallait, la voilà qui me pose une énième question qui me fait froncer les sourcils. Me demande-t-elle à moi, sincèrement, si elle restera une Autre toute sa vie ? À moi ? Je ne peux l'empêcher, même si j’avais eu envie de le faire : un sourire étire mes lèvres et un petit rire feutré me secoue les épaules. Je secoue la tête de droite à gauche et dépose mon regard éberlué sur la fille qui me fait face. Je n’en reviens pas. Je n’arrive pas à savoir si elle a conscience de ce qu’elle dit. Si elle comprend ce que signifie le mot *Autre* pour moi ou si elle utilise ce mot par hasard pour parler de… Je ne sais quoi. De toute façon, décidé-je, cela importe peu. Elle veut une réponse ? Madame me demande mon avis ? Très bien, je ne vais pas m’empêcher de le lui donner et tant pis si elle ne comprend pas, tant pis si elle se fourvoie — elle n’avait qu’à réfléchir avant de demander à Aelle Bristyle si elle resterait une Autre toute sa vie.

« Je vois pas ce que tu pourras être d’autre, » annoncé-je calmement. Je la considère avec une légère once de dégoût. Si cette fille n’était pas une Autre pour moi, elle serait ce qui se rapproche le plus d’une amie — il n’y a que quelques personnes que je ne considère pas comme des Autres et elles sont très rares. Ma famille, évidemment. Thalia, Gabryel. Voilà tout. Alors non, je ne vois pas ce qu’elle pourrait être d’autre. « Tu seras une Autre toute ta vie, grimacé-je, pour ce que ça me fait… »

Je comprends au frémissement agacé qui agite soudainement les oreilles de Zikomo que j’ai encore dit quelque chose qu'il ne fallait pas, mais puisque je ne sais absolument pas de quoi il s’agit, j’ignore mon ami bleu.

« T’as dépassé le temps limite pour me poser des questions dont je me fous complètement, » lancé-je à la fille.

Et si elle ne comprend pas que ces mots signifient : « barre-toi », je vais commencer à remettre sérieusement en question ses capacités de réflexion.

27 sept. 2020, 17:29
Voilà la vie  PV 

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Toute ta vie.
*Je...* La question de trop. Tu ne le comprends que maintenant, une fois l'erreur devenue irréparable. Et toujours ces Mots, qui t'atteignent avec la rapidité d'une flèche, pour venir empoisonner les frondaisons de ton for intérieur. Ces Mots qui forment un bloc que tu ne parviens jamais à discerner, jusqu'au moment où tu te brises dessus. Ces paroles, bien qu'elles reflètent parfaitement la pensée de Bristyle, engendrent une montée de ta colère. Lente mais certaine. La voilà qui frissonne, jetant sur tes tempes quelques gouttes de sueur.

*Je crois que j'l'aime pas. Pas du tout* Cela fait plusieurs mois que tu t'es persuadée que c'était Aelle Bristyle qui saurait répondre à tes questions. Avais-tu raison? Ou bien faisais-tu fausse route? Tu ne le sauras probablement jamais, mais pour le moment ton esprit n'est pas focalisé sur cela. Tes pensées se dirigent sur cette fille, cette grande fille qui te fait face. Est-ce par plaisir qu'elle vient t'asséner ces coups plus brutaux les uns que les autres? Se rend elle compte qu'en une poignée de secondes, elle vient d'achever la confiance d'une gamine de onze ans? *Elle s'en fout complètement*. Tu lui jettes un coup d’œil suspicieux. Comme si tu allais, en observant momentanément son visage, savoir si oui ou non elle est consciente de sa violence.

T’as dépassé le temps limite *Qu'est-ce que...* pour me poser des questions dont je me fous complètement *Je te hais Brsityle, je te hais je te hais je te hais* Pour le moment, tu parviens par on ne sait quel miracle à contenir la pression qu'exercent les différentes effluves de colère que tu voudrais lui cracher. Ton éducation te permet de résister encore un peu, de réfléchir posément avant de faire une énorme connerie qui t'amènerait des *ennuis* Mais Bristyle se fout de toi. Tu as cette fâcheuse impression qu'elle joue un jeu facile, comme si cette discussion était un quizz télévisé durant lequel les participants s'agitent bêtement pour gagner une somme faramineuse, et cela en un temps limité. Tu commences à douter de la véracité de ses paroles. Peut-être a-t-elle répondu au hasard, essayant de te faire fuir le plus vite possible. *Je fuirai pas, Bristyle. Ce serait trop facile* Tu ne sais plus quoi penser. Tu t'embarques sur un terrain vicieux, un terrain que tu n'as quasiment jamais affronté à Poudlard. Celui de la bêtise.

« Je crois que je me suis trompée. J'aurais mieux fait de ne pas faire "le tour du château" pour te poser mes questions. »


L'ironie, encore. Mais ton visage se ferme de plus en plus. Une vague de dureté parcourt ton visage. Tout ce temps de perdu. Toutes ces fois où tu t'es dit que Bristyle détenait la Réponse. Te voilà arrivée sur le terrain, et tu ne sais pas si elle dit n'importe quoi ou si elle est sérieuse. Elle se paie le luxe de t'humilier. La déception est immense. Elle se ressent dans tes paroles.

« Je t'ai posé des question sérieuses. Mais visiblement, t'en as rien à taper de ce qui t'entoure. Tu t'enfermes dans ta médiocrité. Et d'ailleurs, je serais curieuse de savoir comment tu arrives à savoir en aussi peu de temps si je suis une Autre. Je commence à me demander si en réalité, tu réfléchis vraiment à cela. Quand tu ne connais pas, tu dis Autre. Peut-être que je me trompe, mais c'est cette impression que tu me donnes. »


*Ffff* Tu as rarement autant parlé qu'à ce moment là. Les mots s'enchaînaient, sans haine particulière, mais leur quantité suffisait à t'empêcher de t'acharner avec rage sur la Poufsouffle. Ce qui, tout compte fait, est plutôt positif pour toi. Une seule chose t'inquiète peut-être légèrement, c'est d'avoir dépasser le temps limite qu'avait fixé Bristyle. A-t-elle l'intention de sévir si tu ne t'en vas pas? Tu tentes d'oublier avec un certain succès cette possibilité, tes mains désormais fourrées dans les poches, dans un geste assez idiot consistant à caresser le manche de ta baguette. Si problème il y avait, elle ne te serait pas d'une grande utilité face à une élève bien plus expérimentée que toi. Pourtant, ce contact a une certaine vertu, celle de te rassurer dans ce type de moment houleux, lorsqu'une tempête s'annonce. Et cet effet, tu ne sais pas s'il appartient à la Magie ou bien à ce qu'il se passe à l'intérieur de ton cerveau.

Te voilà rassurée, et tes yeux, cherchant de nouveau un échappatoire — plonger ton regard dans celui de Bristyle te demande trop d'efforts — glissent vers la fenêtre. Tout est si calme, dehors.

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28 sept. 2020, 16:47
Voilà la vie  PV 
Diantre, Aelle est d'une condescendance !

Je remets sérieusement en question ses capacités de réflexion. La fille ne bouge pas, elle reste là à faire défiler sur son visage tout un tas de choses que je ne comprends pas. Mais j’arrive à saisir une chose : elle n’a pas capté que je lui disais de se barrer, elle n’a rien capté du tout parce qu’elle est incapable, comme tous les Autres, d’apprécier mes mots à leur juste valeur. Je suis habituée à ce que personne ne me comprenne jamais quand je l’ouvre. Narym me dirait de m’exprimer avec davantage de simplicité, d’expliquer les choses pour que les autres me comprennent. Il n’a pas tort, Narym, mais je considère que si une personne veut me comprendre, elle fera l’effort d’apprendre à le faire sans me forcer à changer quoi que ce soit dans ma façon de m’exprimer. C’est bien ce qu’a essayé de faire Thalia, non ? Et Zikomo ! Zikomo n’a jamais essayé de me changer… Certes, il aimerait que je sois polie et moins agressive, mais il m’a toujours accepté comme je suis, c’est pour cela que je l’aime lui et que je n’aime pas les Autres.

Lasse, j’attends que l’Autre parle. Parce que c’est ce qu’elle fera, non ? Sa tronche ne me revient pas. Je l’associe à l’ennui. Elle va me dire des choses ennuyantes, des choses inutiles, des choses qui n’avaient pas besoin d’être dites à voix haute. Comme tout ce qu’elle m’a dit depuis qu’elle s’est pointée dans ce couloir. Une part de moi se demande ce qu’il se serait passé si je m’étais tu dès le début et que j’avais laissé Zikomo répondre à sa question. Ils auraient discuté un peu tous les deux, attisant le feu de ma jalousie, puis peut-être serait-elle partie. Alors, quel est le meilleur chemin pour moi ? Accepter d’être torturée par les flammes d’un sentiment que je déteste ou rester telle que je suis devant cette Autre, même si pour cela je dois la repousser et me montrer désagréable ? La réponse est si simple, tellement simple… Je refuse de changer pour qui que ce soit *ça dépend qui*, alors ce n’est pas une Autre, ce n’est pas cette Autre qui m’empêchera d’être qui je veux être, peu importe ce qu’en pense Zikomo.

Elle parle.
Pour dire une évidence.
*Bien sûr que tu t’es trompée !*. Je lève les yeux au ciel, soupire et acquiesce vaguement pour lui signifier qu’effectivement, elle est en tort et qu’elle fait bien de le reconnaître. Mais tout de même… Je me demande pourquoi elle a fait le tour du château pour me parler à moi. Elle me dit vaguement quelque chose, mais c’est tout. Je ne lui ai jamais parlé, de ce que je sais. Alors, pourquoi me poser ces questions étranges à moi ? Je ne comprends pas pourquoi ni comment une personne peut en venir à se dire que je pourrais trouver les réponses à ses questions ; c’est tout simplement impensable, même si moi-même sais que j’ai les réponses à beaucoup de choses — mais cela, les autres l'ignorent puisqu’ils ne veulent pas me comprendre.

Ses paroles m’arrachent à mes pensées. Je la regarde.

« Je t'ai posé des question sérieuses. » *Et merde*. Je l’ai cru, je jure que j’ai cru qu’elle allait partir ! Ce qu’elle ne fait pas — mon coeur proteste : « je n’ai pas envie d’être obligée de m’énerver ! ». « Mais visiblement, t'en as rien à taper de ce qui t'entoure. Tu t'enfermes dans ta médiocrité. » Ah ? Un ricanement me secoue. Moi, médiocre ? Je vais lui foutre mon bulletin sous le nez, nous verrons bien qui d’elle ou de moi est la plus médiocre. « Et d'ailleurs, je serais curieuse de savoir comment tu arrives à savoir en aussi peu de temps si je suis une Autre. » Je fronce les sourcils. Oh, ne joue pas à ce jeu, ne joue pas à ce jeu avec moi… « Je commence à me demander si en réalité, tu réfléchis vraiment à cela. Quand tu ne connais pas, tu dis Autre. Peut-être que je me trompe, mais c'est cette impression que tu me donnes. »

Quelque chose dans sa posture change. Je baisse les yeux sur le bout de ses bras caché dans ses poches. Inconsciemment, je prends la même posture, mes doigts s’enroulant autour du manche de ma baguette. Je me redresse, les traits durs et le visage fermé. Je la juge, je la jauge, je la méprise. Cette fille pense me connaître mieux que je me connais. C’est totalement idiot. Elle ne sait absolument pas qui je suis. Tout dans ses mots me le hurle. C’est tellement évident qu’elle ne sait pas qui je suis, comment je fonctionne, ce à quoi je pense. Je pourrais lui dire « évidemment que je dis Autre parce que je te connais pas, parce que c’est ce que tu es ! Une Autre, une inconnue, c’est la même chose ! Quelqu’un… Quelque chose qui n’a rien de bien important, rien de bien intéressant ; quand je te regarde, mes yeux ne brillent pas, je ne vois rien chez toi, je ne veux rien de toi. Tu ne m’intéresses pas. Alors oui, tu es une Autre et tu es en bon chemin pour le rester toute ta vie. » J’aurais pu lui dire cela si j’avais eu ne serait-ce qu’une once d’envie qu’elle me comprenne. Mais je n’en ai plus envie. Quel intérêt aurais-je à me faire comprendre d’une personne aussi idiote qu’elle ? Pourquoi permettre la compréhension à une personne qui me juge sans même me connaître ?

Mon coeur est calme. Je me sens grave, actuellement. Grave et en totale possession de mes moyens. Je contrôle tout dans mon corps, absolument tout. Je me sens bien plus importante que cette fille, bien plus intelligente, bien plus forte, bien plus légitime. Et tout cela me rend très forte. Un sourire grimpe sur mes lèvres et les étire joliment.

« Tu te trompes pas, dis-je lentement, par contre tu ne comprends absolument rien. Parler sans comprendre, c’est une tare, tu sais ? »

Maman, quand elle dit des choses qui font mal, elle dresse un peu le menton, regarde l’autre dans les yeux et prend une voix très froide, sans modulation. Une voix qui frappe tout en chuchotant. Aujourd’hui, j’emprunte la posture de Maman, sa voix, son ton pour énoncer une vérité à cette fille puisqu’elle veut absolument la connaître :

« Tu ne présentes absolument aucun intérêt, pour moi. Si tu as besoin d’attention, je peux cependant te conseiller quelques… Personnes qui seraient ravie de t’offrir ce que tu recherches. »

Je lui dirais d’aller voir Krissel ou ce blablateur de Blaze Rosenberg. En voilà qui seraient ravis de répondre aux questions ennuyantes de cette Autre qui croit tout savoir et tout comprendre.

Je suis fière de ma phrase, de mes mots et de ma voix, mais je suis assez ennuyée parce que je ressens le mécontentement de Zikomo. Enfin, ce ne sera pas la première fois qu’il n’est pas heureux de ce que je dis. Mais quelque part… Quelque part, je ne peux m’empêcher de songer que si les autres avaient accès à ce que j’ai dans la tête, ils cesseraient de m’être aussi insupportables. Parfois, j’aimerais qu’ils cessent de m’être aussi insupportables. Je ne prends aucun plaisir à dire ces choses à cette fille et de les dire de cette manière — mais c'est entièrement de sa faute. Si elle ne m'avait pas approché, tout cela ne se serait jamais passé.

07 oct. 2020, 17:42
Voilà la vie  PV 
La force des Mots d'Aelle est aussi puissante que sa Magie, visiblement.


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Et la voilà qui frappe *encore*. N'est-elle pas passée d'abattre sa massue sur ta Confiance ? À vrai dire, cela fait un bon moment que tu as abandonné tout espoir de comprendre Bristyle. Tu aurais bien envie de faire preuve d'un peu plus d'insolence, afin de montrer que toi aussi tu sais être méchante. Néanmoins, au terme d'une brève hésitation, tu t'abstiens. Ne pas se laisser aller, au risque de tomber dans ce qui n'est ni plus ni moins qu'un piège selon toi. Le terrain est déjà bien glissant et *Bristyle* bien hostile, cela est déjà bien trop ardu pour ton esprit qui a plutôt l'habitude de coucher les Mots sur papier, à rédiger des comptes-rendus, des dissertations et autres devoirs relatifs aux matières de Poudlard. Mais métamorphoser des mots en paroles est une autre affaire. Surtout lorsque la véhémence s'invite à la fête.

Bristyle a une assurance qui te désarçonne, et jamais tu n'as eu autant l'impression d'être ridicule devant un être humain, pas à ton souvenir en tout cas. Tes Mots ne sont plus une source tranquille et indolente qui rend évidence les réponses, ils sont désormais de ces torrents tumultueux qui sèment doute et chaos, emportant les Hommes dans leur rapides afin de les noter ou bien les attirer près des rochers tranchants. Bien malin, ou imprudent, celui qui se lance dans les flots sans expérience. C'est exactement ce que tu as fait, tu as foncé sans réfléchir et désormais il t'es impossible de faire marche arrière. Alors lorsque s'exprime Bristyle, tu enregistres ses paroles, laisses un léger temps de réaction pour songer à ta réponse, une réponse que tu prépares bien plus longuement et méticuleusement qu'à l'accoutumée, Bristyle oblige. Ses paroles sont de l'acier, et sa manière de s'exprimer ne laisse presque pas de place au doute. La faille, ces secondes supplémentaires sont le seul chemin sinueux qui permettent au terme d'un effort soutenu d'y arriver. Et encore, le mot faille serait une hyperbole au vue de cette altercation qui tourne plutôt à l'avantage de ton aînée. *Mais je vais y arriver, hein* Dans ta tête, contrairement à ce que tes paroles posées laissent paraître, c'est le désordre. Alors tu tentes de te convaincre intérieurement que l'impossible est atteignable. *N'est-ce pas David qui, jadis, aurait terrassé Goliath?* Aurait terrassé.

«Tu ne comprends absolument rien» Ces paroles ne te laissent pas indifférente, malgré cet air assuré que tu prends depuis ces quelques larmes qui t'ont rendue si vulnérable quelques instants plus tôt. Ces perles haïes, tu les chasses de tes doigts frêles en faisant comme si un grain de poussière s'était immiscé dans tes deux yeux. Chaque geste trahissant une quelconque faiblesse réduirait tes chances de lutter encore longtemps. Alors tu te caches derrière ton apparence, chose inédite. Cette nouveauté ne te réjouit pas particulièrement, à vrai dire. Tu aimerais nager dans le bien-être et l'assurance, mais c'est un but inatteignable face à ce Mur que tu n'oses même pas regarder. Ton regard a beau tenter quelques approches, il lui est impossible de rester plus de trois secondes planté dans celui de Bristyle qui doit se pâmer de tant de puissance en cet instant. *Y a t-il quelque chose qui effraie cette fille?* finis-tu par te demander. L'obstacle est si imposant qu'il semble n'avoir aucune tare. Ce dernier mot reste planté dans ton cœur comme une flèche malsaine. Il résonne, cet idiot. Il résonne si fort qu'il réveille des cauchemars.

Alors que le Mot maudit continue de s'imprégner dans ta tête, une partie de ton esprit parvient à intercepter la fin de la tirade de Bristyle. *J'avais bien compris que t'en avais rien à foutre de moi. Mais ça, j'en ai rien à foutre. J'voulais juste que tu répondes à mes foutues questions. Et toi tu cherches à briser le bel équilibre que j'avais trouvé. Donc la fille tarée t'emmerde* Tu as laissé libre cours à tes pensées. Bon moyen d'éviter de les canaliser. Les barrages, Malpasset en est la preuve, sont destinés à être détruits *Comme les humains* Alors tu laisses une place à ces pensées houleuses, emplies de Colère, pour éviter de cracher ton venin sur Bristyle. Ta voix est bien moins assurée lorsque tu lui réponds enfin. Car un ouragan a tout ravagé en toi, ou presque. Et cette tempête se nomme *Aelle Bristyle*

« J'ai peut-être une tare, mais je crois que toi non plus... Ta voix s'essouffle. Tu comprends rien. Je n'ai pas besoin d'attention, et ce que tu peux penser de moi m'est bien égal. »


*Et tes conseils, je m'en passerais bien*, ces paroles, tu les gardes pour toi. Mais diantre! Tu as horreur de ces personnes qui croient pouvoir te conseiller telle ou telle chose, alors qu'ils ne savent rien de ce que tu es. Mais cela ne t'étonne pas de cette fille qui considère comme Autre n'importe qui pour n'importe quelle raison. Plus elle parle et plus elle te dépite. Son assurance exagérée, son attitude lasse, ses Mots qui écorchent... Tout t'horrifie. Même le regard du professeur Taylor était moins difficile à affronter que celui de Bristyle! Comment peut-elle, à son âge, posséder une telle aura?

« En fait t'es comme la Vie, Bristyle. Fascinante et insipide. »


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