Les cours avaient repris depuis le début de la semaine, et l'année n'était déjà pas de tout repos. Le garçon venait d'entrer en cinquième année, et les professeurs mettaient déjà un accent sur les B.U.S.E de fin d'année. Mike, qui était très studieux, avait à cœur de vouloir réussir cet examen, et obtenir les meilleures notes possibles dans les matières qu'il préférait : la Métamorphose et la DCFM.

Aussi, en ce jeudi matin, il avait son premier cours de Métamorphose, et pour respecter ses engagements de début d'année, il s'apprêtait à être à l'heure. Il fallait dire que Mike n'était pas des plus ponctuel, Mister Lynch l'avait sûrement déjà remarqué. Arrivé avant 8h30 représentait alors pour l'écossais un challenge de taille.

Traversant les couloirs, il se dirigea donc vers celui qui lui permettrait d'atteindre la salle de classe. Seulement, un obstacle se dressa sur son chemin : la jeune fille, rousse, prénommée Elowen se dirigeait en son sens, peut-être même qu'elle l'avait déjà vu. Mike et Elowen ne s'était pas reparlé depuis la dispute qu'ils avaient eue l'année précédente, lorsqu'ils avaient croisé la Dame Grise. Le rouquin avait encore au fond de lui beaucoup de rancœur face à la remarque blessante que lui avait faite Elowen. Il ne voulait pas lui reparler, encore à cet instant.

Deux choix se présentaient alors à lui : continuer dans ce couloir et croiser la jeune fille, ou alors faire un détour qui rallongerait considérablement le chemin jusqu'à la salle de Métamorphose et donc, arriver en retard. Comme il s'agissait de la Métamorphose, il choisit la première option, croiser la jeune fille qu'il n'aimait plus. Il était évident que s'il s'agissait d'une toute autre matière, Mike aurait préféré faire un détour.

Il s'engagea alors dans le couloir, qui lui paraissait sombre. Il fallait dire que le soleil n'éclairait pas encore très bien. Il frôlait le mur, comme pour se faire le moins visible. Il aurait, en cet instant, aimé être un Animagus, comme dans son plus grand souhait, afin de se transformer et courir sur les briques jusqu'à la salle. Ainsi, Elowen ne l'aurait pas vu, et en plus, le professeur Lynch l'aurait félicité pour cet exploit remarquable! Mais il avait beau essayé, cela ne marchait pas... évidemment.

Il se retrouva alors à quelques mètres d'elle, sans pouvoir se cacher. Il se contenta de la fuir du regard, assez lâchement, mais c'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour lui montrer qu'il ne souhaitait pas lui parler.

Bon, soyons francs, je suis heureuse d'être là, ce n'est pas le problème. J'adore le château, les élèves, mes amis, le Parc... J'apprécie même certains cours que je suis, comme les runes, ou encore la botanique. Mais par contre, s'il y a bien une chose que je ne supporte pas, c'est l'Histoire de la Magie ! Comment quelqu'un a-t-il eu l'idée d'inventer pareille barbarie ? C'est insensé, qui pourrait un jour être intéressé par l'histoire ? Quand Miss Montmort nous décortique des contes et légendes, c'est intéressant, bien sur ! Par contre, quand celle-ci entreprend de nous expliquer les batailles, les relations entre les écoles de magie, la construction de Poudlard... Je dis non ! Que dis-je, je le hurle !

Aussi, ce jour-ci, alors que je me dirige vers ce cours que je maudis en traînant des pieds, je ne peux m'empêcher de penser au fait qu'un jour je risque de tout plaquer et de m'enfuir à cause de cette matière de malheur. Sérieusement, j'ai beau adorer ma vie ici, ce cours vient tout gâcher ! 'Désolée Miss, c'est pas contre vous, mais vous auriez pu vous abstenir' - je songe. 'On aurait eu la possibilité de ne pas avoir ce cours ! C'est vrai ça, à part Miss Montmort, personne n'aime l'histoire de la magie, ils n'auraient donc trouvé aucun professeur pour la remplacer.' Furibonde, je foudroie du regard toutes les statues que je croise sur mon chemin, souhaitant leur faire comprendre qu'elles pourraient au moins m'aider. Rien ne se passe, j'ai beau attendre, personne ne lance de 'Piertotum Locomotor'. Quelle plaie...

Au bout du couloir, quelque chose semble s'agiter. Je n'en crois pas mes yeux, une personne m'aura-t-elle entendue et me sera-t-elle venue en aide ? Est-ce bien une statue que j'aperçois, venant droit dans ma direction ? Je me stoppe net et écarquille les yeux. 'Ce n'est quand même pas très statutique comme démarche.'

Oh, non, ce n'était que Mike. Madame Déception vient alors habiter mon visage, et je marmonne dans ma barbe une flopée d'insultes contre ce cours auquel je vais devoir me rendre. De plus, il y a très peu de chances pour que mon retard de cette fois-ci soit excusé, vu le nombre que j'ai accumulé l'année dernière.

Mike et moi ? Comment vous expliquer, c'est compliqué. On a été proches par le passé, et puis c'est parti en bombabouse. On a fini par s'insulter, par sa faute, et ce bougre n'est jamais venu s'excuser. Il m'a ridiculisée devant la Dame Grise, m'a fait comprendre que ma présence lui faisait honte, m'a délibérément ignorée, fait sentir de trop comme on dit. J'ai fini par partir en lui demandant de revenir me demander pardon lorsqu'il aurait compris son erreur, chose qu'il n'a apparemment jamais faite. Je ne sais pas trop où nous en sommes, disons simplement qu'on ne s'est plus croisés, et ce n'est pas plus mal.

« Salut Mike, ça faisait longtemps - chuchoté-je lorsque le jeune homme se retrouve à ma hauteur. T'es jamais revenu me voir... »

Au fond de moi, cela me peine. C'était une garçon que j'aimais beaucoup, nous faisions les 400 coups ensemble, et puis du jour au lendemain, plus rien.

Le garçon continuait de longer les murs, en se faisant le plus discret. S'il avait pu se dématérialiser en fantômes, il l'aurait peut-être fait. Mais ce n'était bien sûr pas faisable. Aussi, lorsqu'il fut au plus proche de la rousse, elle le remarqua et sembla vouloir entamer le discussion.

C'était tout ce que Mike n'avait pas envie en ce moment-même. Le garçon n'avait qu'une idée en tête : arriver à l'heure à son cours... ou plutôt arriver le moins en retard possible, puisque le cours en question avait déjà débuté. La jeune fille fit remarquer le temps immense qui s'était écoulé depuis leur dernière discussion bien particulière. Il fallait dire qu'elle ne s'était pas très bien finie. Mike feignit la surprise.

"Oh Elowen, c'est vrai que ça fait longtemps. Dit-il."

Il rebondit ensuite sur sa dernière phrase, ne voulant pas porter seul la culpabilité de cette si longue absence.

"Toi non plus tu n'es pas revenue..."

Le garçon n'ajouta rien. Après tout, Elowen n'était pas revenue non plus, c'était vrai. Elle était parti en l'insultant presque, en insultant des membres de sa famille et en faisant preuve d'inimitié là où une amie aurait dû trouver de meilleurs mots. La colère n'expliquait pas tout, et Mike n'avait pas encore digéré la totalité de ce qui avait été dit. Il se risqua tout de même à une phrase de plus, après un petit silence, un moment de vide sous tension, un peu gênant, entre rancune et retrouvaille.

"T'as cours aussi?"

La question sortait un peu du contexte. Peut-être qu'en effet, il essayait de rediriger la conversation ailleurs. Peut-être qu'il espérait au fond qu'elle réponde oui, et s'en aille. Ou alors avait-il espoir que la discussion redevienne plus amicale...

@Mike Table


Ouais... Moi non plus je suis pas revenue... Cette phrase jette un froid et une bulle de gêne s'installe entre nous. Me retrouver là, face à lui, j'y ai souvent repensé, et dans ma tête je l'enguirlandais, il s'excusait, et tout repartait comme avant. Je n'avais pas imaginé qu'il puisse me répondre cela, pis encore, je ne pensais pas que cela créerait une telle atmosphère. Ce n'est pas vraiment pesant, non, c'est plutôt triste, nostalgique, plein de regrets et de non dits. Pour la première fois, sans que je ne comprenne pourquoi, je m'en veux. Je ne sais pas ce que je lui ai fais, mais je commence à réaliser que quelques mois plus tôt, j'ai commis une terrible erreur. Mais laquelle ?

Cela fait plusieurs dizaines de secondes que personne ne parle. Mes yeux, auparavant orgueilleux et plantés dans les siens, se sont mis à fixer les dalles du sol, mal à l'aise. Ils s'embuent de larmes, mais, ayant trop de fierté pour le laisser paraître, je fais semblant de tousser dans mon coude et en profite pour essuyer les larmichettes qui commencent à pointer le bout de leur nez.

Et il parle. Et je parle. Nous prenons tous deux la parole au même instant, rendant la compréhension de ce que dit l'autre compliquée.

« T'as cours aussi ? »

Mal à l'aise, je me dandine avant de rapidement enchaîner.

« Toi d'abord ! Pardon, j'ai pas entendu, tu disais quoi ? »

J'aurais voulu ne jamais avoir prononcé ces paroles, alors je n'ai plus qu'à faire comme s'il ne s'était rien passé. J'espère sincèrement qu'il n'a pas entendu, sinon je suis dans la barbamerde...

Le silence s'était fait long, presque pesant. Et lorsque Mike avait enfin décidé à briser le mutisme dont ils faisaient preuve, Elowen en fit de même, et leurs deux paroles vinrent se mêler l'une à l'autre, étouffant les mots prononcés. Il ne comprit pas ce qu'avait dit la rousse. Sûrement était-ce plus important que ce qu'il eut dit.

Elowen ne semblait pas avoir entendu ce que le garçon avait dit, et elle fut la première à parler de nouveau, demandant à répéter. Mike ne savait que répondre, il avait l'impression de l'avoir coupée dans un élan plus important que le sien. Alors il répondit à la jeune fille :

"Euh... Non, ce n'était rien d'important. Tu disais?"

Ce renvoi de balle lui parut au final un peu gênant. La discussion semblait faible, comme la lueur d'une flamme de bougie qui se rallume. Il avait rarement senti une telle appréhension que là, à se questionner sur le fait qu'ils reparleraient comme avant ou non.

Après tout, ils ne s'étaient pas parlé depuis longtemps, et même si certains moments leur avaient manqué, ils n'étaient pas revenus se voir. Un doute sur l'état de leur amitié persistait, et le garçon ne savait s'en défaire. Il dit tout de même :

"Dis, tu penses qu'on se reparlera comme avant? T'avais pas l'air de vouloir réengager la discussion!"

Le rouquin ne savait pas quelle réponse espérer.

@Elowen Livingstone

@Mike Table


Je suis terriblement gênée. J'ai face à moi un inconnu, qui auparavant a été mon ami, et cette situation est des plus incongrues. Je ne sais pas vraiment qui il est devenu, et pourtant ces quelques mots m'ont échappé. J'apprécie le souvenir que j'ai de Mike, mais qu'en est-il du jeune homme qui se trouve dans ce couloir ?

« Je te disais que... je me triture les méninges. Que tu as bien grandis ! C'est hum, spectaculaire ? »

Je crois que c'était la pire chose à dire, mais rien d'autre ne m'a traversé l'esprit à cet instant. Voulant disparaître sous terre, je fais une grimace en rentrant la tête dans mes épaules et secouant mes sourcils. Et puis, le sorcier creuse l'abcès, et revient sur les évènements passés qui nous ont séparés. Cette fameuse après-midi durant laquelle nous devions rire, nous poser des questions existentielles sur les amoures de la Dame Grise, et où tout avait dérapé par la faute d'un crétin de fantôme, et d'un quiproquo que je n'ai toujours pas compris.

« J'espère que oui ? J'ai pas osé revenir non, c'est vrai, pareil que toi. Dis, on a passé des bons moments quand même ? Je pense qu'on devrait avoir une vraie conversation, comme des adultes. J'aimerais que tu m'expliques ce que j'ai fait de mal, pour qu'on puisse avancer sans se cacher de choses. Comme ça, on se débarrasse du problème et on redevient super copains ! T'en penses quoi ? »

Je crois que l'espoir et la naïveté peuvent se lire sur mon visage. J'ai les yeux grand ouverts, en l'attente de cette réponse qui je l'espère m'éclairera, et me permettra de me remettre enfin en question.


Aucun retard à signaler

La discussion se faisait un peu gênante, les deux enfants étaient si peu aisés de parler ainsi après tout ce temps qu'ils avaient passé en silence. Mike ressentait un peu de culpabilité : il n'avait jamais cherché à réengager la discussion, il s'était enfermé dans sa vexation, dans la blessure que la rouquine lui avait infligée. Il fallait dire que l'écossais était plutôt susceptible, et encore davantage quand cela touchait à des personnes qui lui étaient chères.

Elowen lui dit alors qu'il avait bien grandi. Le Serdaigle leva les sourcils, s'étonnant d'une telle remarque. Sa famille le lui avait dit durant l'été, bien qu'il n'eût pas l'impression que ce soit tant le cas. D'autant plus qu'il lui semblait qu'Elowen avait grandi un peu plus que lui. Il répondit alors :

"Euh oui... C'est ma mère qui m'oblige à manger des épinards. J'aime pas trop, mais elle me dit que c'est une plante magique qui fait grandir. Tu connais ?"

Mike ne savait pas pourquoi il lui racontait sa vie comme ça. La dernière fois qu'il l'avait fait, Elowen lui avait bien fait comprendre que cela ne l'intéressait pas. Il baissa à nouveau la tête, comme un enfant gêné par le regard d'un adulte. Puis Elowen reprit la parole. Une longue tirade d'une maturité que Mike ne lui connaissait guère. Alors Mike se rappela à nouveau de ses mots qui l'avaient blessé.

"Je ne sais pas si j'ai vraiment envie d'en parler. Dit-il un peu peiné."

L'accident de son oncle avait beau eu lieu il y a quelques années déjà, la douleur se faisait souvent ressentir, en particulier à ce moment-là. Mike n'aimait pas raconter ce passage de sa vie bien qui l'attristait. Il n'aimait pas pleurer, surtout devant une fille, comme beaucoup de garçons de son âge.

Même pas en retard