Bon. Voyons voir.

Manuel d'Astronomie. Manuel de Potion. De Sortilèges. Celui d'Histoire de la magie était encore sur sa table de chevet, elle irait le chercher tout à l'heure. Manuel de Métamorphose. De Botanique. Son Histoire de Poudlard. Six autres romans.

Les petites cases devant chaque nom de livre noté sur sa petite fiche furent soigneusement cochées.

Sa balance, son chaudron, ses fioles. Ses gants protecteurs, sa robe de travail, son chapeau noir, sa cape d'hiver. Tout ceci était déjà soigneusement plié dans sa grosse valise. Culottes, chaussettes. Trousse de toilettes. Uniformes, autres vêtements moldus. Sa carte de monde magique, offerte par ses parents, et décollée du mur au-dessus de sa tête de lit.

Que pouvait-il bien manqué ?

Dans son sac à dos, deux livres d'aventures, un sachet de bonbons, un porte monnaie renfermant quelques petites pièces, une bouteille d'eau, des vêtements de rechange pour se défaire de son uniforme dans le train. Autre chose ?

Ysalyne mâchonna l'extrémité de son crayon tout en faisant un tour sur elle-même. Elle avait peur d'oublier quelque chose. Son matériel à dessin ? Non, il était soigneusement rangé, au grand complet, dans sa propre valisette. Quelque chose dans la salle de bain ? Elle y était allé au moins quatre fois pour ouvrir tous les tiroirs et vérifier ne rien y laisser sans trouver rien qui ne lui appartienne.

Peut-être lui fallait-il maintenant admettre que tout était à sa place, dans ses bagages, et qu'il ne lui restait rien ici. Un coup d'oeil à sa liste lui confirma que tout semblait avoir été coché. Cette pensée lui tordit le ventre. Lentement, la fillette rangea son calepin et son stylo dans la poche intérieure de son sac à dos puis se dirigea vers sa table de chevet pour y retirer son manuel d'Histoire et le serra contre sa poitrine en jetant un ultime regard vers son lit.

La fin de cette année avait compté parmi les meilleurs moments qu'elle avait jamais passé au sein du château, et elle se trouvait nostalgique d'en partir. Effrayée aussi, à l'idée d'y revenir en septembre et de ne pas retrouver les relations qu'elle avait tissé ces derniers mois, comme cela avait été le cas pour son passage de la première à la deuxième année. Bien que les conditions aient été totalement différentes. Soit.

Elle passait en troisième année, aussi. Elle avait l'impression que cela marquait une étape dans sa scolarité : l'ajout de matières, l'autorisation d'aller à Pré-au-Lard lors des sorties autorisées par Poudlard... En ne savait, cela sonnait dans son esprit comme un passage important.

Et puis – pourquoi ne pas l'avouer de but en blanc – l'idée de retourner passer deux mois avec ses parents dans leur toute petite maison londonienne l'angoissait très certainement. Pourtant, ses vacances de Noël, si elles n'avaient vraiment pas bien débuté, ne s'étaient pas terminées dans les pires conditions. Elle ne les avait pas vu depuis la rentrée de janvier peut-être... peut-être tout se passerait mieux. Peut-être avaient-ils tous les trois juste besoin de temps pour s'adapter à cette nouvelle vie, à la cohabitation, à la sédentarisation.

Inspirant puis expirant profondément, Ysalyne hocha la tête pour elle-même et se résolu à aller ranger son manuel d'Histoire dans sa valise, là où était sa place, effaçant par la même occasion toute trace matérielle de sa vie dans ce dortoir. Pour l'été du moins.



Son sac à dos bleu ciel pendu à son bras par la hanse, Ysalyne sortit des toilettes d'un wagon du Poudlard Express, changée, son uniforme rangée pour deux mois, qu'elle avait troqué pour une robe blanche, légère, afin contrer la chaleur au-dehors, et retourna au compartiment qu'elle avait investi avant le départ. Sur sa route, elle voyait le paysage défilé par les fenêtres du train. Et c'est cette image, plus que le fait de recevoir ses notes d'examens de fin d'année, de devoir vider son dortoir de ses affaires ou de devoir retirer son uniforme, qui lui fit réaliser avec vivacité que son année scolaire venait de s'achever.

C’était donc la fin de sa troisième année. Tally Jenkins soupira. Elle était cassée. La faute à ces derniers entraînements de Quidditch avant l’arrivée des vacances d’été. La faute à cette deuxième épreuve la veille des congés. Elle était finalement parvenue à fermer sa valise. Elle avait même changé sa robe de sorcière pour ses habits de moldue. Un peu à regret, il fallait l’avouer. Maintenant, elle attendait l’arrivée du Poudlard Express sur le quais de la gare de Pré-au-Lard. Elle caressait distraitement le poil de Qirn. Cette année, elle avait décidé de le garder avec elle. C’était la première fois qu’elle se sentait capable de garder le petit Boursouflet pendant les grandes vacances d’été. Il avait toujours été compliqué de gérer ses crises de folies mais, après tout, elle pourrait toujours le faire passer pour un petit animal exotique. Elle titilla le nez de la petite bestiole qui se mit à pousser de joyeux piaillements. Comme si elle avait comprit que, cet été, exceptionnellement, il allait enfin faire parti de ses vacances. Tally en tirait une petite fierté, après tout, elle se sentait bien plus responsable, comme si elle avait enfin l’âge de s’occuper une année entière d’une petite bébête magique.

Son attention fut attirée par le bruit de la locomotive qui entrait en gare. Un léger sourire figé apparut sur le visage de Tally Jenkins. Elle était déchirée à l’intérieur. Partir, c’était abandonner Mei au château de Poudlard alors que situation mondiale magique semblait de plus en plus instable. Partir, c’était stopper le Quidditch pendant deux longs mois, c’était une interdiction totale d’utiliser la magie… c’était faire un croix sur le train-train qu’elle appréciait à Poudlard. C’était aussi abandonner son statut de terreur du château qu’elle avait apprit à apprivoiser. Rentrer, c’était retrouver sa mère. Peut-être partir en vacances. Enfin mettre les points sur les i au sujet de John Jenkins. Ca, Tally s’en était fait la promesse. Elle expliquerait tout à sa mère. Parce qu’elle avait tout autant le droit de savoir qu’elle. Et puis, John avait aujourd’hui quitté Sara. La situation était différente et probablement bien plus acceptable pour sa pauvre mère. La petite Jenkins était plus que résolue à cette idée.

Elle prit une dernière respiration et, sans un regard en arrière, s’engouffra dans le wagon qui s’était arrêté à ses pieds. Elle parcourut le couloir bondé d’élèves, joua des coudes, regretta que les Capitaines n’aient pas accès au wagon des préfets et ouvrit une porte à la volée pour prendre place sur l’un des fauteuils. Il était déjà occupé par une fille. Tally n’était pas d’humeur à papoter. Elle voulait juste que ce trajet passe au plus vite. Elle n’avait pas de temps à perdre en courbettes inutiles avec des élèves futiles de Poudlard qui l’auraient probablement oubliés dès la rentrée suivante. En tout cas, elle l’espérait.

Du coup j'arrriiiive ! Je ne sais pas si ça sera très long pour moi, à voir. Tally n'est pas très loquace actuellement.
Pour précision, la Deuxième épreuve se déroule le 21 juin donc j'ai dit que le train partait le lendemain. Rien de très grave dans tous les cas !

Finie. Une année de finie. Cette année lui avait réservée de nombreuses surprises, bonnes comme mauvaises, mais Lucy ne retenait principalement de cette année que de belles rencontres. Elle ne voulait pas repartir. Dans le parc de Poudlard, au milieu des pissenlits et des papillons, des mouches qui volaient autour de la rousse, elle pensait à tout ce qui allait arriver à son retour : elle allait certes revoir Lily et son père, mais aussi sa mère. Et surtout, elle allait rencontrer sa petite soeur, la cause de tous ses problèmes et de cette mauvaise entente avec sa mère. Lucy ne connaissait même pas son prénom, et pour cause, elle avait déchiqueté les lettres de ses parents avant de les lire. Partir, c'était aussi ne pas revoir Ada, qui habitait plus loin, connaissant juste son adresse pour lui écrire.
Songeant à l'heure qui défilait, elle retourna dans son dortoir, pensive. Au passage, elle regardait pour la dernière fois de cette année ce château, Poudlard, qui l'avait accueillie. Elle respirait une dernière fois l'odeur de craie qui régnait dans les salles, pour finalement arriver dans le dortoir. Comme toutes les autres filles, Lucy faisait sa valise. Elle rangeait absolument tout, de la photo cachée sous son lit aux vêtements en laine qui dormaient dans les placards depuis de nombreux mois... Nostalgique de cette année, la jeune fille retenait à grand-peine ses larmes. Et dire qu'à la base, elle refusait de venir étudier ici...

...

La rousse entra dans le train vêtue de sa robe de sorcier. Quelques minutes plus tard, elle s'était changée, retrouvant enfin ses habits de Moldue : short en jean, t-shirt jaune et sandales. Sa robe de sorcière allait dormir dans ses placards pendant deux longs mois, et cela, Lucy ne le regretterait pas. À présent, elle se cherchait un compartiment. Elle n'avait pas forcément envie de retrouver les Poufsouffle, qu'elle retrouverait quelques semaines plus tard chez Franz. Elle leur dirait au revoir à Londres. Lucy avait besoin de calme, de se reposer, de réfléchir à tête reposée à ce qu'il se passerait dans quelques heures, quand elle retrouverait ses parents. Elle serra dans sa poche son téléphone portable, qu'elle avait emporté à Poudlard. Elle voulait rentrer seule. C'était cela. Elle rentrerait seule ce soir.

En attendant, elle se mit en quête d'un compartiment vide, ou au moins, sans personne qu'elle connaissait, qui lui poserait des questions. Finalement, après avoir regardé dans de nombreux wagons, la rouquine décida de rentrer dans l'un de ceux qu'elle avait vu un peu auparavant, dans lequel ne se trouvaient que deux rousses plus âgées que Lucy. Elle entra discrètement, et s'assit. La première, vêtue d'une robe blanche, semblait rêveuse. Elle regardait le paysage défiler, et cela contentait Lucy, qui ne souhaitait pas de quelqu'un d'envahissant. La deuxième, elle la connaissait, oui... En revanche, c'était impossible de remettre un nom sur ce visage. Cependant, cette rousse de troisième ou quatrième année à en juger par sa taille, ne lui inspirait pas confiance. La Jaune la pensait agacée, et taciturne - ce qui n'était pas pour lui déplaire.

Lucy s'assit un peu plus loin des deux rousses, qui l'intimidaient un peu, elle ne se le cachait pas, sortit son carnet de dessin du sac à dos qu'elle avait préparé auparavant, et commença à dessiner ses parents, et ce qu'elle imaginait de sa petite soeur.

Bonjooour ! Je m'incruste Tout comme Tally, Lucy n'a pas forcément envie de parler (comme d'habitude ), il faut voir comment ça va tourner !
Ah, et les mots soulignés sont pour une mission de la cabane de cristal

Assise depuis seulement quelques secondes dans son compartiment, Ysalyne avait déjà tout prévu pour passer un moment un tant soit peu agréable : son sac à dos était entrouvert à ses côtés, lui laissant un accès très pratique et direct à ses livres, son carnet de dessin, son matériel, et même à son sachet de bonbons et à sa bouteilles d'eau. Et à sa droite, la grande fenêtre lui offrait une vue imprenable sur le paysage qui défilait et lui permettrait, si elle le souhaitait, de rêver tout le temps du trajet. Ainsi, elle ne manquerait de rien.

Le bruit de la porte qui s'ouvre et se ferme à la volée la fit presque sursauter et c'est quelque peu agacée par cette bruyante entrée qu'Ysalyne se tourna vers la nouvelle arrivée. Puis se figea. Etait-ce vraiment... Un peu mal à l'aise, Ysalyne se rapprocha imperceptiblement de la fenêtre et se força à ne jeter aucun coup d'oeil curieux à Tally Jenkins. L'une des trois binômes de Poudlard pour le Tournoi d'avec les délégations chinoises. Eh bien.

Hier, la deuxième épreuve s'était déroulée et... et le duo de Tally n'avait pas vraiment brillé, à vrai dire. Peut-être était-ce la raison de son agacement plus que visible et de l'aura qui se dégageait d'elle et qui semblait interdire à quiconque de lui adresser la parole. Bon. Ce n'était pas encore aujourd'hui qu'elle pourrait lui dire à quel point elle la trouvait courageuse de s'être jetée sur ce dragon pour sauver sa partenaire – dont elle n'arrivait décidément pas à retenir le nom, comme ceux de tous les participants chinois. A vrai dire, Ysalyne s'était surtout rendue dans les tribunes pour encourager Diana Anderson, sa camarade de maison, de dortoir et de classe, mais elle avait vraiment été étonnée par le courage de Tally.

Mine de rien, Ysalyne se mit à songer aux épreuves, au Tournoi, aux chinois. Y aurait-il d'autres délégations qui viendraient les visiter, les prochaines années ? Ysalyne aurait-elle l'occasion de se faire des amis étrangers, eux aussi apprentis sorciers ? Elle n'en avait pas vraiment eu l'occasion cette année, et à part avoir une fois demander pardon à une fillette qui se trouvait sur son passage dans les couloirs...

Une seconde fille arriva dans le compartiment et s'assit tout près de la porte, sans un mot, tellement silencieusement qu'Ysalyne ne l'entendit pas arrivée. A vrai dire, ce sont les coups de crayons que la troisième donnait sur son carnet qui attirèrent l'attention de la jeune Benett.

Mais personne ne parlait. Alors, Ysalyne garda elle aussi le silence. Après tout, elle aussi avait beaucoup de choses à faire, à penser... Pas vrai ? Comme inspirée par la dernière venue, Ysalyne sortie son carnet de croquis, ses crayons, et se mit à son tour à dessiner. A dessiner quoi, au juste ? Son imagination ne s'arrêta pas bien loin et c'est le Poudlard Express qui prit rapidement forme sous ses doigts. Un Poudlard Express perdu au milieu des champs de blés...

Ses retrouvailles avec ses parents l'angoissaient définitivement.

Aucun soucis pour le silence, je pense qu'Ysalyne n'aurait pas non plus grand chose à dire de toute façon  A voir comment cela peut évoluer, de même !

Diana était affalée dans son lit. C'était sa dernière matinée à Poudlard. La dernière avant sa troisième année. La dernière avant l'été. Ce matin elle partait. Elle ne savait pas réellement si ce départ l'attristait, néanmoins, elle avait très hâte de retrouver son père. Mais cette deuxième année avait été indéniablement bien plus vite que sa première. L'arrivée des délégations chinoises avait bousculé son année. Diana avait plongé au cœur des événements, était devenue la partenaire de Chu-Jung, avait combattu différentes créatures magiques et affronté un dragon. Oui, cette année avait été remplie.

Sa valise était prête depuis la veille. Diana n'aimait pas la faire, aussi celle-ci était elle dans un bazar terrible. Les seuls objets épargnés étaient son herbier, l'album photo qui contenait toutes les photos de Lucy et ses livres de Botanique. Se connaissant, elle les avait rangé dans le petit sac à dos qui l'accompagnerait pour le voyage à côté de quelques friandises et un roman  d'aventures que lui avait envoyé il y avait une semaine son père.

Après plusieurs minutes écoulées à fixer les zébrures du plafond, Diana, entendant ses camarades de dortoir s'agiter autour d'elle, l'une cherchant son dentifrice et l'autre son chapeau de sorcière, se leva et se frotta les yeux. Elle s'habilla en vitesse et rassembla ses dernières affaires. Ses sacs à la main, elle se dirigea vers la porte. Elle se tourna vers les autres occupantes, celles avec qui elle avait passé son année et que, au final, elle connaissait si peu. Elle leur adressa un signe de tête et leur souhaita ‹‹ de bonnes vacances, à l'année prochaine ››. Elle jeta un dernier regard à son dortoir et sortit, persuadée de n'avoir rien oublié.

En ouvrant la porte du wagon à la volée Jenkins affronta le regard indécis de l'autre fille. Benett, c'était ça ? Tally avait été du genre à passer au crible les relations de ses concurrentes de tournoi. Cette Serpentard connaissait et appréciait vraisemblablement Diana Anderson. Elle lui adressa un sourire mauvais, comprenant parfaitement qu'elle l'avait remise à sa place sans même prononcer le moindre mot. Elle ne s'en sentit que plus ragaillardit par cette fille qui termina par baisser les yeux en la voyant se déplacer jusqu'au fauteuil vaquant en face d'elle. Elle prit sa position nonchalante, posant son coude sur la bordure de la fenêtre et sa tête dans la paume de sa main, perdant ainsi son regard dans le vide de la vitre. A nouveau, elle se rendit à l'évidence : c'était son retour à la vie normale, la vie moldue. Là où personne ne la connaissait. Là où elle n'avait pas affronté de dragon, ni même fait des blessés sur le terrain de Quidditch. Là où elle n'était que Tally Jenkins, la fille d'une mère séparée et déchirée par cette même séparation. Elle poussa un soupir. En avait-elle vraiment envie ? Elle secoua légèrement la tête, a quoi pensait-elle, bon sang ? Evidemment qu'elle devait voir sa mère ! Evidemment qu'elle devait être là le peu de temps qu'elle avait à lui accorder...

Ses pensées furent troublée par l'arrivée d'une nouvelle personne dans le wagon. C'était une autre rousse, plus jeune. Probablement en première année, Tally ne l'avait jamais vu, elle ne lui disait rien. Et puis, il y avait tellement de roux dans cette école qu'on finissait par ne plus s'y retrouver. Jenkins l'observa du coin du regard : elle semblait un peu gênée et elle s'installa côté porte sans émettre le moindre son. Elle sortit ensuite une sorte de carnet et Tally décida de retourner à la contemplation du paysage à ce moment. L'art, c'était de toute façon pas trop son truc. Elle se mit à rêvasser à nouveau, pensant aux dernières vacances extraordinaires qu'elle avait passé avec sa mère. Elle se questionna sur son envie de retrouver ses amis d'avant. Que devenaient-ils ? Tally oserait-elle enfin leur donner quelques nouvelles, chose qu'elle avait toujours refusé depuis son entrée à Poudlard.

Elle fut encore une fois interrompu par quelqu'un qui entra dans le wagon. En à peine un coup d'oeil, une rage viscérale la traversa et elle se crispa aussitôt sur son siège, agrippant même de sa main droite le revêtement du fauteuil. Elle faillit s'étouffer mais se força à rediriger son regard sur l'extérieur au moment où le sifflet du train annonçait son départ. Diana Anderson. Il avait fallut qu'elle ramène son cul dans le même wagon qu'elle. D'ailleurs, pourquoi Jenkins s'était installée avec Benett, elle venait de tendre le bâton pour se faire battre là, n'est-ce pas ? Elle relâcha sa respiration bloquée, espérant calmer la folie meurtrière qui lui titillait les nerfs. Si Mei ne valait rien parce qu'elle était conne comme ses pieds alors le duo de Chu Jung et Diana était déjà hors compétition aux yeux de Jenkins. Chu Jung était de ceux qui avaient tout eu, toujours, qui jouissait des privilèges de ses parents, bref, un gosse de la royauté que Tally ne pouvait pas se piffer. Quant à Diana, son énorme discrétion et son écrasement complet face à l'autre idiot de Chinois la dégouttait juste. Ils devaient leur victoire à la magie incroyablement puissante du fils à maman qu'elle exécrait.

Jenkins se tourna vivement vers Diana qui s'était installée à côté d'Ysalyne. Elle la transperça du regard et eut envie de lui cracher tout ce qu'elle pensait vraiment d'elle à la figure : qu'elle ne méritait pas cette compétition, qu'Aelle valait tellement plus qu'elle, que Chu Jung ne l'avait même pas choisi, qu'elle était aussi inutile que Mei pouvait être emmerdante. Que Mei l'avait choisit, elle, et pas cette nulle de Serpentard. Elle fronça les sourcils et lui fit un signe de tête du genre « tu m'cherches ? » mais elle n'eut même pas la force de provoquer la Serpentard plus que ça. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Elle était la binôme de Mei. Diana avait échoué.

Elle retourna sa tête vers la fenêtre. Avec ou sans Diana, le train prenait la même direction.

Si ça vous tente, on peut essayer de faire le défi un RPG sans aucun parole ?

Ysalyne leva la tête de son dessin lorsqu'elle sentit une présence s'installer juste en face d'elle et un sourire éclaira son visage quand elle reconnu Diana Anderson, une très bonne camarade de maison avec qui elle avait, cette année, vécu une aventure plus que palpitante : la découverte d'une passage secret, d'une pièce secrète pour être plus exacte, au deuxième étage. Ce n'était quand même pas anodin ! Cette épreuve et cette découverte avait donné à Ysalyne la sensation d'être lié à Diana par ce secret commun, et, à vrai dire, elle espérait qu'elles auraient, à l'avenir, l'occasion de faire plus connaissance et, pourquoi pas, de devenir de véritables amies.

Elle fut donc très heureuse de la voir, d'autant plus après la deuxième épreuve de la veille, et son premier mouvement aurait été de la bombarder de questions par rapport à sa rencontre avec les dragon, mais le souvenir de la présence de Tally, non loin, la stoppa net. Même si elle avait beaucoup de respect et d'admiration pour elle, Ysalyne ne pouvait nier le fait que Tally, avec ses airs taciturnes et quasiment toujours renfrognés, lui faisait un peu peur. Non, pas peur... disons qu'elle l'impressionnait beaucoup. Alors risquer de voir sa colère se déverser sur elle parce qu'elle se mettait à parler de cette épreuve où elle n'avait vraiment pas brillé ? Hm... Non.

Après un rapide coup d'oeil en coin vers la Serdaigle, Ysalyne se contenta donc d'un nouveau sourire et d'un petit hochement de tête en direction de sa camarade de maison. Peut-être la présence même de Diana irritait-elle Tally ? A sa place, il ne faisait aucun doute que cela aurait été le cas. Seulement, elle avait terriblement envie de parler avec Diana. Que faire, alors ?

Elle aurait bien tenté de lui proposer d'aller trouver un autre endroit pour discuter, mais il lui semblait que cette proposition serait un peu insultante pour Tally et l'autre fille. Un peu comme si elles étaient des pestiférées. Ce qu'elles n'étaient évidemment pas ! Enfin, elle n'imaginait pas Tally de la sorte, et ne se serait jamais permise de juger l'inconnue qui dessinait.

Fatiguée elle-même par ses pensées embrouillées, Ysalyne baissa la tête vers son dessin, où le Poudlard Express prenait de plus en plus de vie. Un train qui la ramenait chez elle. Non. Chez ses parents. La nuance était de taille et d'importance. Mais elle se l'était promis, elle ferait des efforts. Ou du moins, essayerait de voir ceux que feraient Nathalie et Jonathan. Elle n'avait pas trop le choix si elle voulait espérer passer un été agréable.

Ysalyne parcouru le compartiment du regard et s'arrêta de nouveau sur Diana. Diana qui s'était assise en face d'elle et qu'il aurait été plus que malpoli d'ignorer de la sorte, à la longue. Dans le silence le plus total, la fillette bougea ses lèvres pour que celles-ci posent une simple question : « Ça va ? ». En espérant que Diana comprenne le message.


C'est ok pour moi  

Lorsqu'une troisième fille passa la porte du wagon, Lucy avait la même impression de déjà vu que pour la rousse assise en face d'elle. Elle associa alors Aelle à ces deux filles. Et elle sut pourquoi elle les connaissait de visage : c'étaient les partenaires des chinois dans le tournoi organisé à Poudlard. Elles avaient des noms plutôt répandus, banals, contrairement à ce que leur sélection pour ce tournoi disait d'elles. Ce contraste avait frappé Lucy, et elle avait donc retenu les visages dans un coin de sa tête. Cependant, elle ne retenait que les noms des gens qu'elle dessinait. Elle n'avait pas dessiné ces filles, pour la simple raison qu'elle n'était pas allée voir les épreuves du tournoi, et les dires de ses camarades ne l'avaient pas encouragée à assister à la troisième et dernière épreuve à la rentrée. Elle maudissait sa mémoire de poisson rouge quand les noms et les visages lui revinrent. *Yes !*

Elle écoutait le silence de ce wagon, l'appréciait à sa juste valeur. C'était inhabituel. Lucy n'avait presque jamais rencontré quelqu'un qui ne s'amusait pas à lui parler dès qu'iel la voyait, et là, quatre personnes se trouvaient au même endroit sans échanger un seul mot ! Elle voulait en trouver la raison - il y en avait forcément une.

Elle leva alors les yeux de son carnet, et observa. Le regard de Tally envers Diana ne lui échappa pas, et aussitôt, Lucy comprit ce qui lui avait échappé auparavant : le silence, lié à la tension entre les deux filles, n'était pas forcément voulu. La Poufsouffle aurait plutôt dit que Diana et l'autre fille subissaient un silence imposé par Tally, qui ne souhaitait pas parler.

Tournant la page et se promettant de finir son dessin plus tard, elle décida de croquer rapidement les expressions des deux sélectionnées, râlant sur elle-même de ne pas avoir pensé à ses crayons de couleur. Quelle idiote elle faisait, aujourd'hui.

Pour dessiner, Lucy devait regarder, analyser chaque détail. Très pointilleuse, elle ne supportait pas l'imprécision. Elle dirigea donc ses yeux vers la Serdaigle, en face, avec une certaine appréhension due à l'âge et à ce qu'inspirait Tally ; du respect, mais mêlé à la crainte, pas comme celui qu'elle ressentait pour Aelle, par exemple. Elle dévisageait la jeune fille, inconsciente du risque de la mettre mal à l'aise, puis regarda la banquette, pour un arrière plan convenable. Son croquis se transformait en un dessin bien plus amélioré.

Le nez penché sur son carnet, la main qui s'activait, son esprit vagabondait. Elle songeait à toute cette année, dressait un bilan mitigé. Cette école grouillait tous les jours de monde, d'humain-es pas très intéressant-es, voire stupides, mais dans ce tas, quelques-un(e)s sortaient du lot. Il ne fallait prendre en compte que ces quelques-un(e)s. Pas les autres.

Elle regarda l'heure. Décidément, ce voyage qui lui avait paru si long au début de l'année passait bien plus vite cette fois-ci...

Ok pour moi aussi !

   Le regard de Tally mettait Diana affreusement mal à l'aise. Qu'avait-elle fait ? Après tout, elle aussi sa deuxième épreuve ne s'était pas franchement bien terminée... Elle se décida à ne pas lui adresser le moindre regard du trajet ; il était hors de question qu'elle rentre dans son petit jeu ridicule. D'autant plus que la jeune Serpentard aurait bien aimé discuté avec Ysalyne qu'elle appréciait beaucoup mais le silence imposé par Tally bloquait tout le monde.

    Elle se tourna alors vers la première année qui semblait s'être effacée. Diana ne la connaissait pas, son visage lui disait vaguement quelques chose mais elle était incapable de mettre un nom dessus, ou même une maison, si ce n'était qu'elle n'était pas à Serpentard. Elle tenait un carnet et était en train de dessiner. Diana aurait bien aimé voir, mais la présence de Tally l'en dissuada ; une fois de plus.

   Tout de même, elle était sacrément gonflée de mettre une ambiance si électrique dans le wagon ! Diana avait le droit de s'y installer, d'autant plus qu'il y avait Ysalyne. Et si elle n'était pas contente, elle n'avait qu'à sortir, personne ne la retiendrait et certainement pas elle. Peut-être se croyait-elle supérieure en raison de son poste de capitaine de l'équipe de Quiditch, peut-être pensait-elle que ce aurait du être son binôme qui devait gagner la première épreuve, peut-être était-elle simplement horriblement prétentieuse.

   Le trajet risquait d'être long... Elle soupira suffisamment bruyamment pour que cela montre à Tally combien elle l'agaçait. Vraiment, gâcher son dernier jour à Poudlard de la sorte, c'était super de sa part. Elle se baissa et attrapa son sac à dos. Elle avait glissé quelques affaires indispensables dedans telles que quelques patacitrouilles et plumes en sucre, deux bouquins, des parchemins, de quoi écrire et son herbier. Elle sortit les friandises et leva la tête vers Ysalyne, dans l'idée de lui en proposer une. Peut-être cela agacerait-il Tally, de voir que Diana proposait des bonbons aux autres... Rien que à cette idée, Diana jubilait. Elle leva la tête vers elle et croisa son regard. Alors Ysalyne bougea les lèvres, cherchant certainement à lui faire passer un message. Diana y lut « ça va ? » ce qui était certainement le plus logique. Elle haussa les épaules et son regard se tourna vers la Serdaigle, afin de montrer à sa camarade son malaise. Elle tordit sa bouche en une légère grimace au cas où elle n'aurait pas compris. Puis, elle approcha son paquet de bonbons vers elle et lui, dit, silencieusement : « Tu en veux ? ». Elle posa le paquet sur la table, afin qu'elle puisse se servir, tandis qu'elle en enfournait une dans sa bouche.

   C'était quand même pas très pratique de devoir se parler comme ça, songeait Diana. Il aurait été bien plus simple pour les deux jeunes filles que Tally ne soit pas là. Il fallait qu'elle trouve un moyen de pouvoir discuter avec elle. Elles auraient pu sortir du wagon, certes, mais l'idée de laisser ses affaires sans surveillance avec Tally ne la rassurait pas vraiment. Et si elle en profitait pour fouiller dans son sac ? Pour abîmer ses affaires ? Diana ignorait de quoi elle était capable. Elle jeta un coup d’œil dans son sac à dos et, en voyant sa plume, son encre et son parchemin, eut une idée. Et si elle lui écrivait un mot ? Après tout, elle avait déjà vu des filles communiquer ainsi en cours... Elle sortit donc son parchemin et sa plume et écrivit :

Ça va toi ? Tu fais quoi cet été ?

Elle fit mine de se resservir dans le paquet de friandises et y glissa le mot. Elle ignorait comment Tally prendrait sa petite magouille, mais après réflexion, Diana se dit que il n'y avait rien de mal à avoir envie de discuter avec son amie.

C'est OK pour moi aussi !

Le paysage commença à s'activer sous ses yeux, signe que le coup de sifflet du départ avait été donné. Le premier plan devenait flou et les collines s'agitaient d'une moindre manière. L'agréable bourdonnement de la machine à vapeur vint reposer l'esprit agité de la jeune Jenkins. Était-elle finalement jalouse du duo de Diana et Chu-Jung qui semblait bien mieux marcher que les deux tempéraments explosifs d'elle-même et Mei ? Elle renifla bruyamment en se rapprochant toujours plus de la vitre. Il n'était pas question pour elle de laisser paraître ses doutes face aux autres personnes du wagon. Et surtout pas à ses deux perfides Serpentard. Elle ne les connaissait pas, certes, mais si elles avaient terminé chez les vert et argent, c'était bien une preuve qu'elles cachaient un peu trop bien leur jeu. Jenkins ferma un instant les yeux, luttant pour ne pas se retourner, se lever et en attraper une pour la balancer sur l'autre, juste histoire de leur faire mal. C'était des pensées rassurantes et puis, il était toujours agréable de penser qu'avoir l'ascendant physique permettait de se sortir bien plus facilement de n'importe laquelle des situations. Si cela n'avait pas été le cas, elle se serait sans aucun doute sentie bien moins en sécurité et aurait peut-être même battue en retraite.

Elle aperçu un troupeau de mouton qui broutait paisiblement dans l'une des prairies vertes de ce petit bout de monde. Jenkins se doutait que rentrer à Londres c'était la chaleur assurée et que les champs seraient bien moins verts dans cette autre partie du monde. Elle ne savait pas trop si elle regrettait cela. Elle appréciait la ville mais ne s'y sentait plus trop à sa place depuis qu'elle avait sauté de plein pied dans le monde des sorciers. Elle se sentait de plus en plus déconnectée de ce monde et les avancées technologiques de son ancienne vie la dépassaient totalement. Tally n'avait jamais eu de téléphone portable, ni de console de jeu. C'était des trucs dont elle restait éloignée et son incompétence à ce sujet ne lui donnait aucune envie de reprendre contact avec ses amis d'autrefois qui devaient baigner dans cette technologie incompréhensible. Elle fixa son regard au loin et profita des paysages pour les ancrer fermement dans son esprit. Ce n'était que deux mois, elle serait incessamment sous peu de retour à Poudlard qui restait une bulle de hermétique aux nouvelles inventions. Un endroit calme et paisible, parfaitement serein.

Alors que Jenkins était calmée, elle risqua un petit regard par dessus son épaule pour regarder comment le wagon silencieux se portait. Les deux filles semblaient vouloir communiquer mais quelque chose les en empêchait. Elle ne mit pas beaucoup de temps à comprendre qu'elle était la raison de ce silence. Un sourire en coin naquit au bout de ses lèvres. Sans rien dire, elle était capable de faire taire toute une assemblée. Quel pouvoir elle détenait là entre ses mains, c'était tout bonnement fascinant. Elle laissa donc les deux amies continuer d'articuler des mots en silence et s'enfonça dans son siège. Elle s'était promise de tout raconter à sa mère au sujet de John Jenkins. Mais elle n'avait encore mis en place aucun plan, ni remit en ordre ses idées. Elle sortie donc un petit calepin et un vieux stylo et se mit à gribouiller une liste de choses à ne pas oublier au sujet de son père biologique. Petit à petit, la page devint noire et elle se mit à les arranger dans un sens assez logique. Il fallait bien qu'elle recommence les choses depuis le début pour que sa mère comprenne parfaitement tout.

Ses petites manipulations autour de son carnet la forcèrent à se calmer à ce propos. Ce n'était pas si difficile de simplement dire la vérité à sa mère ? Une vérité qu'elle méritait plus qu'elle ! Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il y avait une possibilité pour que ça mère vive très mal toutes ses révélations. Et si elle sombrait en dépression à cause d'elle ? Le mensonge était parfois tellement plus simple...