Le train était rempli d'élèves s'affairant en tous sens. Lolita les regardait passer avec un certain dédain. Qu'ils étaient ridicules à courir ainsi dans tous les sens ! Et ça piaillait, et ça jacassait, et ça gloussait. Ce spectacle navrant poussa la fillette à s'éloigner de cette foule bruyante. Et dire qu'elle allait devoir supporter cela durant une année entière... Boh, après tout ce ne serait pas pire que dans son école moldue. Et puis, elle avait la joie immense de ne plus avoir sa demi-sœur laide et idiote dans son champ de vision !

Cette séparation avec Dove était pour elle le plus beau cadeau qui soit. A quatre ans, la petite blonde dégoûtait plus que tout Lolita. Elle ne cessait de rire, de jouer et d'être tendre avec leur mère. Puérile et collante, jugeait sa grande sœur. Heureusement elle en était enfin libérée ! Cela dit, les élèves qu'elle avait sous les yeux semblaient à peine plus évolués que sa demi-sœur... Enfin bon, elle pourrait toujours faire avec eux ce qu'elle faisait avec tout le monde : les éviter.
Exécutant immédiatement son idée, elle rentra dans le wagon le plus proche, vide fort heureusement, et s'y installa. Elle savait qu'elle devait s'habiller avec des vêtements sorciers, une robe noire en l'occurrence, avant l'arrivée du Poudlard Express, aussi elle s'y prit dès maintenant afin d'être tranquille ensuite.

Une fois son changement d'habits réalisé, elle s'apprêtait à refermer sa malle, quand ses yeux tombèrent sur sa baguette. Un simple bout de bois en apparence. Gracieux, certes, mais sans plus. Et pourtant, quand Lolita l'avait eu en main, elle avait ressenti quelque chose de spécial. Son désintérêt habituel avait été submergé par un sentiment différent. Il se rapprochait de celui qu'elle avait quand elle dansait, mais en plus surprenant.
Bois de tremble, crin de licorne et 33,5 centimètres de long lui avait dit le vendeur. Cela ne lui disait rien bien sûr. Tendant la main, elle effleura la poignée du bout des doigts. Elle sentit comme un fourmillement dans ses membres. Il l'incitait à entrer en contact avec sa baguette. Elle raffermit sa prise. Durant une seconde, elle eut l'impression de déceler une force puissante qui émanait de la baguette. Puis plus rien. Même le fourmillement s'était estompé.

Fixant l'étrange objet, elle le fit doucement tourner entre son pouce et son index. Une baguette "élastique et attirée par les sorciers naturellement chanceux" lui avait-on dit. Mais était-ce tout ? Sans doute pas. Pour la première fois de sa vie, Lolita avait la sensation qu'elle était en parfait accord avec quelqu'un, si, bien sûr, on pouvait considérer une baguette comme une personne. Il lui semblait pouvoir apprendre de sa baguette tout comme sa baguette pouvait apprendre d'elle. Cette dernière l'avait poussée, dans son instant de communion avec sa propriétaire, à une humeur aventurière et combative qui lui était auparavant totalement méconnue. D'un autre côté, elle lui avait semblé très fidèle, sans doute pour compenser son caractère léger.

Décidément, ce simple bout de bois avait piqué la curiosité de la fillette, pourtant très difficile à intéresser.

Après des au revoir larmoyant avec sa famille Jenny était rapidement montée dans le train effrayée a l'idée de le louper. Elle se mit dans un coin pour ne pas gêner le temps que la foule d'élèves passe... Son frère lui avait conseillé cinq minutes plus tôt de ne pas se laisser marcher sur les pieds ,elle se dit que c'était le moment parfait pour mettre ce conseil en pratique.

Elle poussa légèrement un garçon plus grand qu'elle pour passer et partit a la recherche d'un compartiment encore vide... Beaucoup étaient déjà remplis ,certains élèves riaient aux éclats d'autres semblaient dire au revoir a leur famille par les fenêtres. Elle n'osa pas ouvrir les portes de compartiment fermées .

Quand le train se mit en marche Jenny se dit qu'il lui fallait vraiment trouver un compartiment, elle ouvrit donc la première porte qui lui tombait sous la main vers le fond du train. Devant elle était assise une fille de son âge visiblement ,elle fixait langoureusement sa baguette ,sa malle ouverte a côté d'elle et avait déjà revêtis sa robe de sorcière...

Après quelques secondes Jenny compris que la fille était trop obnubilée pas sa baguette pour remarquer sa présence et se racla la gorge "Bonjours, euh excuse moi je peut m'asseoir ici ?" Elle pointa du doigt la large banquette entièrement vide devant elle. Et attendit patiemment que la fille daigne lui répondre.

Evidemment, il fallait que ça arrive. Une fille de son âge, à l'air aussi tendre et niais que Dove (ou que sa mère, au choix) et au physique aussi commun qu'elle, demandait à s'asseoir dans son wagon. C'est qu'elle était polie en plus de ça. Une vraie petite fille charmante et parfaite. Le type de personne qui ennuyait mortellement Lolita. Une pauvre enfant faible et fragile... Erk.
Mais il fallait bien répondre. Allait-elle rejeter sa requête ? Voilà qui était tentant. Seulement cela signifierait qu'elle allait devoir parler à cette chose. Cela en valait-il la peine ? Sans doute pas. Elle se contenta donc de hausser les épaules, la fille prendrait ça pour ce qu'elle voulait.

Ignorant donc superbement l'intruse, Lolita reporta son attention vers sa baguette. Elle n'arrivait toujours pas à comprendre comment quelque chose d'aussi anodin pouvait lui donner un si grand désir. Désir de quoi d'ailleurs ? De pouvoir ? Non. De force ? Non-plus. De Magie ? Oui. Elle sentait que sa baguette allait lui permettre de faire des choses, et des choses intéressantes. Il ne lui venait pour le moment pas à l'idée qu'elle allait devoir travailler pour obtenir des résultats, et étant de nature paresseuse, cela ne l'enchanterait probablement pas.

Il fallait qu'elle sache... Relevant la tête, elle examina la fille de la tête aux pieds sans ménagement. Certes, elle n'avait pas l'air d'être une lumière, mais au moins pourrait-elle lui répondre. Ce serait un début.

- Tu ressens quoi pour ta baguette ?questionna-t-elle brusquement

Elle avait intérêt à répondre rapidement. Si en plus de tous ses défauts elle était lente, Lolita allait se demander pourquoi donc un être si peu intéressant existait.

La jeune fille devant elle haussa les épaules, Jenny pris cela pour un oui et s'assit en face déposant sa baguette a ses côtés.

- Tu ressens quoi pour ta baguette ? Demanda t'elle brusquement ,toujours les yeux vitreux, absorbée par son morceau de bois.

Très bien donc Jenny avait en face d'elle une jeune fille dédaigneuse, malpolie et brutale...Le voyage allait être chouette. Cependant elle pris la décision de répondre immédiatement sachant parfaitement ce qu'elle ressentait a l'égard de titine ,sa baguette.

- Ben... C'est quelque chose d'inexplicable tu ne trouve pas ? Evidemment je ressens quelque chose d'intense en elle, de la force... Si je devais expliquer ça je dirais que le jour ou je l'ai pris pour la première fois dans ma main, j'ai eu l'impression que jusque là ma vie avait été en noir et blanc et que soudainement je voyais toutes les couleurs de ce monde...; Evidemment c'est une métaphore mais j'ai l'impression que cette baguette est comme un sixième sens que l'on m'a caché et qui est si intense....
Jenny sentit qu'elle divaguait et tenta de revenir a une conversation plus normale.
D'ailleurs la mienne est en bois de noyer , et elle a une plume de phénix et toi ?

Calmement Jenny ouvrit sa malle et en sortit sa propre baguette pour admirer les fines gravures qui la recouvrait. L'instant d'après elle regardait l'autre fille dans les yeux en attente d'une réponse.

Un monde en couleurs... Mouais. L'idée n'était pas si mauvaise que ça, Lolita devait bien l'admettre, cette fille était peut-être plus intéressante qu'il n'y paraissait au premier abord. Pourtant ce n'est pas exactement comme ça que Lolita aurait défini son lien avec sa baguette. Elle le voyait plus comme un nouvel angle d'approche du monde, une vision transversale des choses qui couperait l'univers dans son sens à elle. Un sixième sens, voilà qui convenait mieux. Proche du toucher sans doute, mais néanmoins différent. Oui, un vision supplémentaire de la vie, qui s'ajoutait aux autres et les supplantait.
Pour l'intensité... Mais Lolita fut interrompue dans ses réflexions.

D'ailleurs la mienne est en bois de noyer , et elle a une plume de phénix et toi ?

Contrairement à son habitude, la fillette eut envie de s'intéresser à la baguette de l'Autre. Elle voulait savoir si la sienne était plus intéressante que celle de son interlocutrice, bien qu'au fond d'elle elle était quasiment certaine qu'elle était supérieure. Elle le sentait bien. Le bout de bois que la fille d'en face observait semblait si banal... Il ne l'attirait pas du tout.

- Bois de noyer et plume de phénix ? Tu sais ce que ça signifie ? Moi c'est bois de tremble et crin de licorne.

Bien qu'un (très) petit intérêt se soit allumé dans le cœur de la jeune Gardner, elle gardait son flegme, tant dans la voix que la position de tête, légèrement relevée, et de jambes, l'une un peu repliée et la seconde avancée de quelques centimètres. Une vraie anglaise, avec l'insolence et le côté peste en supplément.

Si elle savait ce que cela signifiait... Jenny réfléchis un instant avant de se remémorer les paroles du vendeur de baguettes,elle s'en souvenait a peu près :

- D'après le vendeur ma baguette apprécie la nouveauté et l'inventivité... Je ne sais pas pourquoi elle m'as choisis mais je suppose qu'elle n'a rien d’exceptionnel...

Jenny compris vite que la fille avec qui elle parlait n'était guère intéressée par autre chose qu'elle même et qu'il serait plus simple de détourner la conversation vers elle si elle ne souhaitait pas ce créer d'ennuis. Elle ne savait même pas le prénom de celle a qui elle parlait mais connaissais déjà la composition de sa baguette comme si cela devenait plus important que son identité...

Jenny avait l'habitude de ce genre de filles , sûres d'elles et persuadées d'être le centre du monde. Rien qu'a son attitude elle devina que si elle avait peu d'amis ce n'était pas une question de timidité elle ne souhaitait simplement pas s'en faire. Il valait mieux lui dire ce qu'elle voulait entendre , et éviter de se faire remarquer avant même son arrivée.

Elle passa doucement son pouce sur le bois lisse de sa baguette avant de la poser sur ses genoux pour sortir de sa valise de quoi ce changer en attendant une réponse de la part de son interlocutrice.

- D'après le vendeur ma baguette apprécie la nouveauté et l'inventivité... Je ne sais pas pourquoi elle m'as choisis mais je suppose qu'elle n'a rien d’exceptionnel...

Une créatrice donc... Mais créatrice de quoi ? Selon ce que l'on créait, l'on pouvait être d'un ennui profond ou d'un véritable intérêt. En fait, les pensées de Lolita ne s'attardèrent pas longtemps sur ce point. Ce n'était pas le plus intéressant. L'idée d'un choix l'était en revanche bien plus.
Elle baissa les yeux sur sa baguette. Pourquoi l'avait-elle choisie ? Comme c'était curieux de se poser la question. Ce bout de bois serait donc doté d'une vie vie ? Idiot ! Pourtant elle avait bien ressenti quelque chose en la touchant. Quelque chose d'inhabituel. Quelque chose qui ne venait pas d'elle.

- Si c'est un choix, ta baguette n'est certainement pas exceptionnelle toute seule. Mais elle l'est peut-être avec toi. lâcha-t-elle finalement en relevant les yeux vers son interlocutrice

Était-ce de la gentillesse ? Non, impossible. Lolita était tout sauf gentille. La gentillesse était une vertu pour les faibles, les manants dépourvus d'intelligence. Elle était simplement logique. D'ailleurs son ton était toujours aussi froid et coupant. Un glaçon. Voilà ce qu'elle était. Incisive, gelée, mais non dénuée de charmes. Tiens, est-ce que cela correspondait à sa baguette ?

D'un bois très clair et de forme élancée, l'apparence pouvait correspondre. On aurait presque pu la comparer à un pic de glace, si ce n'est quelques arabesques venant apporter une peu de souplesse à l'ensemble. Lolita la reprit en main. Une énergie violente s'infiltra en elle, brisant son impassibilité habituelle.
Elle se sentait forte, et prête à combattre avec une dextérité à nul autre pareil. Ses capacités cérébrales étaient améliorées. Elle réfléchissait vite, et avec une grande pertinence. Puis l'adrénaline retomba. Mais la fillette était désormais parfaitement consciente de la puissance de l'objet qu'elle tenait entre ses mains. Puissance qui ne demandait qu'à grandir et s'épanouir. Avec elle.

D'un ton froid elle me fis savoir qu'elle pouvait être exceptionnelle avec moi. Je lui souris chaleureusement cette fille n'avait donc qu'une chose en tête ; sa baguette et son potentiel.

Quelle étrange rencontre...tout les sorciers seraient-ils comme ça ? Je la regardais . Elle fixait sa baguette , ayant l'air de se poser une multitude de questions. Sa baguette était certes jolie mais pourquoi être aussi obsédée par ce lien . Comme si elle pensait que c'était sa baguette qui la représentait.

Cela me rappela les gens qui s'attachaient a des objets jusqu’à penser que ces objets les représentaient. Ceux qui pensaient que leur voiture reflétait certaines parties de leur êtres. Ceux qui pensaient que l'apparence comptait. Mais là c'était plus que l'apparence qui comptait pour la jeune fille, c'était la puissance que lui fournirait sa baguette... Oui cette jeune fille en face de moi était attirée par la puissance et ça avait quelque chose d’inquiétant

- Toi tu pense que ta baguette va t'apporter de la puissance pas vrai ? J'ai l'impression que tu y accorde beaucoup d'importance...

J'avais parlé franchement ,lassée de faire semblant d'être gentille. J'étais gentille mais franche, peut être que ça ne lui plairait pas mais son ton condescendant et froid a elle n'était pas mieux. Je laissais désormais mon regard voyager a travers la fenêtre attendant une réponse que je ne m'attendais pas a avoir plaisir a entendre.

- Toi tu penses que ta baguette va t'apporter de la puissance pas vrai ? J'ai l'impression que tu y accordes beaucoup d'importance...

Lolita leva un sourcil. Que voulait-elle dire ? Qu'elle était une folle avide de démesure ?

- J'accorde de l'intérêt à ce qui a du caractère. La puissance peut en avoir, mais pas forcément. J'aime ce qui est vrai, tranché, et qui ne cherche pas à plaire à tout prix.

Elle avait hésité à répondre à cette fille. La réponse était si évidente pour elle. Et la question si idiote. Bien sûr qu'elle n'était pas une folle cherchant à imposer sa folie au monde. Au contraire, elle était sage. Elle savait ce qu'elle voulait, et comment y parvenir. C'était décidé, tracé. Elle n'avait plus qu'à se laisser conduire.
Son flegme relevait paradoxalement d'un esprit sûr et inflexible. Puisqu'elle savait déjà tout, à quoi bon se fatiguer à travailler et à s'amuser comme les autres ? La fatigue, quelle chose décadente !

Mais visiblement, elle était dans un bon jour. Malgré ses airs idiots de prime abord, peut-être avait-elle finalement un soupçon d'intelligence ? Ses lunettes camouflaient-elles une faible lueur ? Bien qu'elle rêva de dormir, Lolita se sentit brusquement un devoir de lui expliquer le monde et la vie. Par générosité sans doute.

- Comment tu t'appelles alors ?

Venait-elle de lui demander son nom ? Visiblement. Cela ne lui ressemblait pourtant pas. Il faut croire que le sommeil n'était pas disposé à couper la conversation, et qu'elle s'était résignée à parler avec une inconnue. Et comme elle n'aimait pas le mystère, elle lui avait demandé son nom. Oui, voilà.
Pourtant, elle savait au fond d'elle-même que la raison était autre. Elle s'intéressait à cette fille. Mais ça, jamais elle ne l'aurait avoué, pas même à sa propre conscience. La curiosité ? Connaît pas.

Vraiment désolée du retard...

Étrange discours pour une enfant. Les attraits de la puissance ne m'étaient jamais apparût. Mais peut être aussi n'avais-je pas cherché à les voir apparaître... Son goûts des choses qui ne cherchent pas à plaire absolument était partagé, je hochais la tête dans l'espoir de le lui faire comprendre mais sans trop de conviction. Je ne savais ce qu'elle entendait pas "tranché", ce n'était pas chose aisée que de donner au mot le sens que celui qui le libère souhaite lui approprier.

Me demander mon prénom avant de donner le sien était une belle démonstration de politesse. On retrouvait trop souvent le modèle "je...et toi ?" dans les conversations anodines. Mais même moi n'y pouvait rien et n'avait d'autre chois que de l'utiliser. Quoi qu'il était agréable tout de même de réussir à entamer une conversation avec elle, j’espérais que ma réponse serait à sa convenance.

- Jenny, tu peux me surnommer si tu veux. Et toi alors ?

Je n'avais pas échappé au "et toi ?" mais il était la moindre des choses. Après tout j'en savais à présent plus sur la baguette de la fille que sur la fille en elle même ce qui n'était pas systématique lorsqu'on rencontrait quelqu'un. Je pense qu'elle m'intriguait un peu, sa façon de parler, le sentiment de supériorité qu'elle imposait peut être inconsciemment... Elle était loin d'être une petite fille comme les autres.

Retard ? Quel retard ?