La tête appuyée contre la vitre du wagon, Swann rêvassait en repensant à la scène assez inattendue qui venait de se produire sur le quai de la gare avec son père. C'était lui qui l'avait accompagné jusqu'au Poudlard Express, et jamais elle ne l'avait senti aussi proche d'elle qu'en cet instant où ils avaient semblé tous deux complices, comme s'ils partageaient un secret.

C'est donc les yeux plissés dans un rictus de sourire que la rouquine se tourna vers le grincement de la porte de la cabine : on venait d'entrer. Une fille qui devait probablement avoir son âge, les cheveux blonds noués en deux couettes hautes laissant clairement apparaître des yeux noisette. Swann passa quelques secondes à regarder cette jeune fille - qui dut peut-être un instant sembler déstabilisée par son temps de réaction un peu lent - quelques secondes durant lesquelles plusieurs questions lui sauta à la tête sans qu'elle n'y puisse rien changer. C'est qui ? Une sorcière ? Elle a des pouvoirs ? Elle connait Poudlard ? Elle vient parce qu'elle est toute seule, ou elle est toute seule parce qu'elle vient là ?
Une paire de secondes qui lui laissèrent donc le temps de se poser toutes ces questions, mais elle finit par lancer un grand sourire à la nouvelle venue et lui faire de la place sur le siège sur lequel elle s'était un peu étendue.

Oui, bien sûr, il y a de la place !

La rouquine laissa le temps à la blondinette de s'installer, puis reprit la parole d'un air enjoué.

Je m'appelle Swann, et toi ? C'est ta première année, pour toi aussi ?

Sans le laisser transparaître, elle se concentrait à ne pas débiter toutes ses questions d'un coup, pour laisser la fille se poser d'une part, mais surtout pour éviter de passer pour une folle...

- Aller, il est temps de… Lança Marguetta d’une voix calme
- Pas la peine d’ouvrir la porte maman, je suis debout, répondit Daniel d’une voix tout aussi calme

Nous y sommes, le premier septembre, jour de rentrée banal comme tout autre en Angleterre sauf pour certains d’entre eux. En effet, nombreux de jeunes sorcières et sorciers font leur rentrée au collège Poudlard, école de sorcellerie. Ce n’est pas non plus un jour comme les autres pour le jeune Swanson, il fera également sa rentrée au collège, avec les nombreux sorciers.

Il était un peu anxieux à vrai dire, c’était a première fois qu’il partait ainsi, loin de ses amis, ses parents, et dans un monde complètement différent du sien. Depuis qu’il avait fait ses achats sur le chemin de travers, la chambre de Daniel était pleine de chaudron, de manuscrits tout aussi louche les uns que les autres. De nature assez curieuse, le jeune Daniel aura essayer de prendre toutes les informations possibles à propos des sorciers, de leur style de vie. Ce n’était pas facile mais bon, il fallait y arriver, c’était trop tard pour reculer dorénavant. 10h25 du matin, après de long au revoir jusqu’au mois de décembre, Daniel partait pour la gare King’s Cross, a seulement quelques minutes de chez lui à pied.

Sans trop de peine, il était parvenu à mettre pied dans la gare, à trouver le quai et le fameux Poudlard Express. Ce train à vapeur, peu commun de nos jours, était d’un rouge scintillent, Daniel était stupéfait de voir notamment autant de monde en direction du collège. A bord du train, il y avait des gens partout, les wagons étaient tous bondés, non, aucun moyen de faire la route assis par terre tout seul sans parler à qui que ce soit . A force de marcher à travers le train, il aperçut une jeune fille, qui cherchait sans doute une place elle aussi. Daniel pensait que c’était mal vu de s’assoir sans demander mais bon , elle était toute seule dans son wagon, donc il y avait de la place.

- Excuse moi mais je viens de faire le train dans son intégralité, je pense qu’il va falloir qu’on fasse cette route tous les trois., moi c’est Daniel Swanson . Dit Daniel d’une voix calme tout en souriant.

C'était une aventure que Beatrix attendait depuis longtemps. Ses parents lui avaient parlé de la façon dont il fallait accéder à la voie 9 ¾. Traverser un mur sans être un fantôme, c'était trop cool ! Sa mère était un peu collante à essayer de la rassurer en lui répétant que tout allait bien se passer. Son père était plus distant, en retrait. Il regardait distraitement sa montre à plusieurs reprise, sans voir l'heure qui s'affichait sur les aiguilles. 

C'est bon, maman, je sais ! Laisse-moi tranquille.

Sa mère la laissa donc tranquille silencieusement. Beatrix sourit face au mur entre la voie 9 et la voie 10. Serrant les poings sur son chariot, elle commença à marcher, puis marcha vite, puis se mit à courir à toute berzingue. SWOUSH, elle traversa le mur. Comme un fantôme ! Elle était comme un fantôme. Ah, si seulement elle pouvait faire ça tout le temps, traverser les murs ! Plus aucune pièce close n'aurait de secrets pour elle. L'aventure !
La locomotive rouge étincelait. Beatrix la regarda avec de grands yeux. Quelle grosse machine ! C'était impressionnant. Elle devait sans doute avoir des recoins secrets ! La jeune sorcière n'en revenait pas de pouvoir enfin explorer le célèbre Poudlard Express. Elle regarda autour d'elle. Il y avait un peu trop de monde à son goût, ils pourraient entraver ses recherches.

Maintenant, tu vas aller te chercher une place dans le train, d'accord ? Embrasse-nous.

Beatrix soupira bruyamment. Quelle plaie que d'avoir des parents aussi collants ! Elle survola leur joues de ses lèvres, les serra dans ses bras pendant quelques secondes pour la forme et s'en alla en sautillant jusqu'à l'entrée d'un wagon. Il fallait maintenant qu'elle trouve un compartiment vide pour être tranquille pendant le trajet. 
Le premier compartiment qu'elle croisa n'était pas vide. Le deuxième non plus. Sa patience commençait à montrer des signes de faiblesse. Pourquoi les gens s'obstinaient à faire comme bon leur semblait et à prendre toute la place ? Elle allait devoir côtoyer des gens sans doute bêtes et laids. Ses sourcils se froncèrent à cette pensée, et sa bouche forma un rictus de colère. Non, vraiment, elle ne trouvait aucune place seule. Furieuse contre le destin qui s'échinait à lui mettre des racines au travers des chevilles, elle ouvrit la porte d'un compartiment au hasard avec force et fracas. Ce qui ressemblait à un garçon était déjà debout, tandis que deux filles étaient assises côtes à côtes. Sans prendre la peine de dire bonjour à qui que ce soit, elle utilisa sa petite taille pour se faufiler devant le garçon et prendre place en face des jeunes filles, du côté de la fenêtre. Elle pris un visage dur et fermé pour bien montrer aux autres qu'il ne fallait pas la déranger, et fixa l'extérieur du train avec obstination. Ses parents allaient peut-être lui manquer, finalement. 

Le caractère de Daniel est assez méthodique en fait, il pourra faire croire aux personnes autour de lui qu’il serait un bon ami, une personne fidèle mais il n’en n’est rien. C’est une personne maline qui arrive à ses fins, il trouvera toujours une manière de ce servir d’un tel ou d’un autre, chaque relation est importante, savoir écraser au passage si il le faut, quand on est ambitieux, on ne recule devant rien. C’est dans cette optique que Daniel avait décidé d’adresser paroles aux jeunes filles dans le train, il fallait avoir des connaissances pour survivre dans ce nouveau monde, y arriver seul en tant que né-moldu était quasi impossible a moins d’être un insupportable monsieur je sais tout. Non, il fallait avoir un panel large d’apprentissage, en savoir beaucoup sur chaque sujet de ce monde . Il Veut être le meilleur, peut-être que son aventure à Poudlard le changera, peut-être pas.

Le jeune Swanson n’avait pas énormément dormit la nuit dernière, ayant bu essentiellement du café, ce qui n’est pas forcément conseillé pour un garçon de son âge, mais le sucre avait tendance à le faire réfléchir, plus vite. Enfin, c’est surement la raison pour laquelle il avait était un brin énervé lorsqu’une petite fille fit irruption dans le wagon sans ne parler à personne, il ne fallait pas être née de la dernière pluie pour s’apercevoir qu’elle ne voulait parler à personne. *Elle ce prend pour qui elle ?* Pensa Daniel,. Ce n’était pas des manières et il ne pouvait laisser passer un tel manque de respect.

- Eh toi là, tu pourrais au moins nous dire bonjour même si t’as pas envie de nous parler, y’a un minimum de respect à avoir . Lui lança sèchement Daniel

Décidément, il ne faut pas trop boire de café quand on est un jeune garçon en pleine croissance. Finalement, ce début d’aventure pourrait devenir plus catastrophique que prévu …

La jeune fille blonde s'installa et se présenta à une jeune Swann plus que contente de rencontrer quelqu'un de son âge. Megan, qu'elle s'appelait. Elle avait une tête sympathique et un rire rigolo, communicatif. Ou peut-être était-ce l'effet du stress de la rentrée, mais Swann rit aussi à sa petite boutade.

Juste après cela, deux nouvelles têtes firent leur apparition, la deuxième mettant une ambiance quelque peu tendue dans la compartiment en s'installant sans même se présenter, alors que le garçon arrivé juste avant n'avait pas encore posé son bagage.

Déjà Megan essayait de rectifier le tir de l'ambiance, provoquant un petit sourire amusée à la rouquine qui se présenta à son tour pour les nouveaux venus.

- Moi c'est Swann. Enchantée, Daniel. Et toi, c'est comment ?

Elle s'était retournée vers la brunette qui fronçait les sourcils en disant cette dernière phrase. Peut-être qu'elle a été contrariée de quelque chose avant de monter dans le train. Elle ne veut pas quitter sa famille ? Elle a oublié de mettre des sous-vêtements de rechange dans sa valise ? Swann passa une main dans ses cheveux en regardant tour à tour ses nouveaux partenaires de voyage pendant qu'elle réfléchissait. Elle venait de passer de -toute seule et triste- à -bien accompagnée et contente- et son sourire ne le quittait plus.

Laissant le temps au garçon de s'asseoir à la place restante, elle attendit que le train démarre et que la gare laisse la place à la banlieue de Londres pour reprendre à nouveau la parole, à l'attention de tout le monde.

- Hey, ça vous dit de faire un petit jeu, pour passer le temps ? Ça s'appelle : "As-tu déjà ?" Celui qui commence s'adresse à quelqu'un, et lui demande s'il a déjà fait quelque chose, on peut dire ce qu'on veut. L'autre répond sans mentir, et pose la même question à un autre. Et ainsi de suite. Ça vous tente ?

Le garçon qu'elle avait esquivé discrètement pour prendre la place près de la fenêtre lui aboya dessus. Beatrix le lorgna avec mépris, les sourcils indiquant clairement à son interlocuteur qu'elle n'en avait rien à fiche. Elle n'était pas un toutou et ne répondait pas aux injonctions de la sorte. Une des deux jeunes filles qui était assise se présenta plus simplement. Mais Beatrix avait décidé d'être silencieuse, et ne fit donc que passer son visage du garçon à Megan, du mépris à... ce qu'elle pouvait mimer être de la sympathie, mais qui n'était rien d'autre qu'un sourire crispé. Tentant de se défaire de la conversation qui allait sans doute devenir ennuyante, Beatrix se concentra sur ce qu'il se passait dehors.  Les sorciers affluaient encore sur les quais de la voie 9 ¾. Certains parents agitaient leurs mains vers les fenêtres des compartiments. Beatrix répondit aux siens par politesse. Ils étaient quand même gentils. Elle aurait préféré pouvoir emporter Alligator avec elle. Elles auraient pu discuter ensemble des aventures qu'elles vivraient à Poudlard. Après tout, c'était un grand château, il devait bien y avoir des choses que personne n'avait déjà découvert ! 
Quelqu'un lui demanda son prénom. Elle le savait parce qu'il y avait un silence dans le compartiment, et que la troisième jeune fille la dévisageait avec insistance. Devait-elle le donner ? Allait-elle leur faire le plaisir de se faire connaître ? Elle ne comptait pas revoir ces trois-là après le voyage en train - surtout le garçon, qui semblait idiot, si vous vouliez son avis. D'ailleurs, même si vous ne voulez pas son avis, Beatrix vous le donne quand même. 

Beatrix. 

C'était son prénom. Elle le donnait, parce qu'elle voulait qu'on lui fiche la paix. Elle retourna à sa contemplation du quai de gare.
Le train se mit en marche dans un roulement lourd. Des élèves étaient évidemment en retard, et Beatrix laissa échapper un gloussement en voyant un gros garçon glisser sur le sol, son visage virant au tomate et se tordant dans une grimace de geignement. 
La jeune rousse, dont le prénom avait échappé à Beatrix, proposa un jeu. C'était le moment pour montrer aux autres qu'elle était extraordinaire et qu'elle vivait des aventures géniales, mais est-ce qu'ils valaient la peine qu'elle s'abaisse à raconter ses exploits ? Non, d'abord, elle jugerait les trois inconnus, et après elle verrait si elle leur permettait de voir quelle future sorcière détonante elle serait. 

Je suis certaine que tu ne m'attendais plus héhé

Personne ne semblait vraiment avoir envie de jouer au jeu proposé par la demoiselle rousse. Beatrix non plus n'avait pas envie d'y jouer. La dénommée Megan s'esquiva rapidement pour se rendre aux toilettes. Beatrix trouvait que c'était une bonne excuse pour pouvoir partir à l'exploration du train. Mais utiliser l'excuse de quelqu'un d'autre, ça n'était pas son style. Non, son style valait bien mieux que ça. Elle était astucieuse, elle. S'esquiver pour aller aux toilettes, c'était une excuse de pacotille. Beatrix regarda la jeune fille s'éloigner, les sourcils levés dans une expression de dédain. C'était sans doute son expression préférée, l'expression de dédain. Elle aimait être dédaigneuse, surtout envers ceux qui ont si peu d'imagination qu'ils disent se rendre aux toilettes pour pouvoir partir à l'exploration du train. Qui aurait envie d'aller aux toilettes dans de pareilles circonstances, de toute façon ? 
Le silence se faisait pesant. Vraiment pesant. Quelle ambiance morose ! Beatrix avait l'impression que ça faisait des mois que personne n'avait pris la parole ¹ et elle commençait à s'ennuyer ferme. Et elle détestait s'ennuyer, c'était vraiment la pire des tortures. Elle dévisagea les deux carpes, le sourcil toujours dressé, communiquant de sa pilosité le sentiment d'inferiorité que Beatrix souhaitait leur transmettre. Et elle se leva, parce qu'ils étaient encore moins intéressants que l'excuse de mademoiselle Megan. 

Vous êtes nuls, je m'en vais. J'ai entendu dire qu'il y avait un dragon caché dans le wagon à bagages, et je pense qu'il attend que je l'adopte.

Ça allait à coup sûr leur en boucher un coin, mais elle savait qu'il était malvenu de savourer son moment de gloire en décryptant l'effet qu'une telle révélation pouvait avoir sur des esprits simplets. Elle n'avait pas besoin d'utiliser ses yeux pour voir leurs bouches ouvertes essayant d'aspirer son charisme, et leurs yeux avides débordant d'admiration et de jalousie. Sa petite histoire avait fait son effet, elle en était certaine ! Elle se leva donc comme une flèche, et sortit du compartiment. Rien au monde aurait pu être moins intéressant que l'ersatz de conversation qui venait de s'y dérouler.


¹ Avoue c'est marrant !!

C'est fini pour moi aussi !