Je m'avançais tranquillement dans le train. Mon cœur s'emplie d'euphorie au fur et à mesure que j'avançais. Je m'émerveillais devant la moquette rouge que je n'avais pas vu depuis plusieurs mois. Mes pas me semblaient lourd contre le sol de l'habitacle roulant. Je m'était dépêchée pour être dans les premiers à entrer mais je n'aurait finalement peut être pas du m’inquiéter. Quelques élèves ne rentraient pas chez eux pour noël, aussi la place ne manquais pas vraiment dans le poudlard express. J'eu donc le loisir de choisir un compartiment complètement vide, peut être serais-je plus tard rejointe par des camarades mais pour l'instant je pouvais profiter de l'espace pour caler ma valise en hauteur correctement.

Je réfléchis, j'avais peur d'oublier quelque chose ,un détail important ou alors un détail matériel... J'avais bien pris tout mes livres, mon journal qui s'était rempli de beaucoup de pages au cours de cette première partie de l'année, mon matériel de cours était resté au dortoir pour plus de praticité... Non vraiment il ne manquait rien, mon angoisse venait certainement de la peur de revoir ma famille. Je me demandais comment mon frère m'accueillerais, après tout par lettre nous nous entendions bien mais qu'en est'il de la réalité...

Ce temps passé au château était agréable mais ma famille m'a manqué je ne peut simplement pas le nier. La solitude ne m'a pas pris pour cible, il y a toujours quelqu'un pour discuter si on prend la peine de descendre en salle commune. Mais malgré ça je me suis sentie seule ,sans mes parents et sans mon frère. Voilà des années que nous nous complétions et d'un coup nous voilà séparés ! J'en ai souffert certainement plus que lui.

Par acquis de conscience je glisse ma main dans ma poche et en sort mon rappeltout. La fumée est blanche, je n'ai donc vraiment rien oublié. Étrangement savoir cela a un effet psychologique sur moi, je me calme et laisse la joie prendre le dessus sur l'angoisse. J'ai des centaines de choses à raconter comme j'en ai des centaines à écouter, il faudra absolument que j'ai une sérieuse discussion avec mon père si je veut le rassurer une bonne fois pour toutes.

Alors que je me laisse bercer par des milliers de pensées heureuses j'entend du bruit à l'entrée du compartiment. Ainsi je ne ferait pas ce voyage de réjouissances toute seule.

Noël. Une période que beaucoup d'enfants attendent avec impatience. Après tout, c'est les retrouvailles, la joie et le bonheur sans raison particulière. On peut être heureux pour la simple et bonne raison que c'est Noël. Pas de déterminisme universel, juste un simple libre-arbitre où l'on choisit la lumière sur les ombres de la vie. On revoit sa famille, ses amis, c'est un moment que l'on partage avec les êtres aimés, où l'on en apprend sur les quotidiens, les joies et les peines de chacun. La nouvelle année approche, on prend de bonnes résolutions pour essayer d'oublier un an qui a pu être difficile ou pour en améliorer un qui n'a été porteur que de bonnes nouvelles. On peut laisser noyer ses peines dans le bon vin, ou le partager avec des rires. Certains aiment cette période, d'autres pas.

Et là, dans le Poudlard Express, une petite blonde vénitienne avance. Elle aime Noël, elle aime le nouvel an. Elle aime sa famille, ses amis. Pourtant, dans le creux de son ventre, une petite boule se forme. Du stress ? Sûrement. Ses pas sont légers, sa valise, lourde. Elle la traine derrière elle comme un boulet et dans un coin de sa tête, elle se demande si son retour à King's Cross n'est peut-être pas une erreur, lui aussi. Faire marche arrière ? Non, ce n'est pas dans son tempérament. En bonne Gryffondor, il lui faut du courage. Affronter ses craintes sans montrer ses faiblesses, voilà le dicton que la petite Katlyn suivait à la lettre. Mais encore, la jeune fille ne savait pas trop comment l'honorer. Elle était seule dans ce grand train, ses amies n'étaient pas avec elle et, bien qu'elle ait essayé de chercher dans quel compartiment elles se trouvaient, tout cela était bien vain. Seule, stressée et avec une pauvre valise bien trop lourde pour son petit gabarit, Katlyn semblait bien pauvre. Il allait falloir qu'elle se trouve une place parmi des inconnus. Voilà une tâche aisée à laquelle elle espérait parvenir sans trop de difficultés. "Pourquoi faut-il toujours que ça n'arrive qu'à moi ?", se demandait-elle au fur et à mesure que son ombre progressait dans les wagons. Elle ne croisait que des gens qui se connaissaient, et elle avait peur de paraitre pour le vilain petit canard si elle s'imposait aux autres...

Mais la petit Katlyn perdait lentement patience. Nom de Dieu, peut-être qu'il fallait finalement qu'elle fasse cela : s'imposer. Après tout, elle ne connaissait pas grand monde, et tout le monde se connaissait. Le monde était petit et Poudlard bien grand, il était temps qu'elle trouve sa place. Elle s'arrêta devant un compartiment où deux filles résidaient. Elle ne les connaissait pas, mais bon sang, elle n'allait pas faire les cent pas dans ce train tout le long du chemin jusqu'à Londres. Elle ouvrit doucement la porte et passa sa tête. Ses bonnes manières n'allaient tout de même pas la quitter pour si peu. D'une voix calme et basse, presque timide, elle dit : 

"- Excusez-moi, est-ce que je peux m'installer avec vous ? Désolée, je ne connais pas grand monde et je n'ai pas vraiment envie de faire mon voyage dans le couloir."

Un semi-sourire étira ses lèvres et elle toisa de ses grands yeux bleus translucides deux filles qu'elles ne connaissaient pas, l'une blonde, l'une brune, mais qu'elle espéra avoir un esprit de Noël assez grand pour accueillir une pauvre inconnue complètement paumée. 

Alors que je me laissais aller au silence quelqu'un vint le briser. Une jeune fille aussi jaune de par ses cheveux que de par son emblème fit son entrée un peu hésitante. Je hochais rapidement la tête de droite à gauche pour lui signifier que je n'attendait personne et me contenter de sourire pour répondre à son salut. Après tout pourquoi s'embêter avec de mots quand le visage humains vous offrait la possibilité de nous exprimer sans efforts avec de simples expressions.

Bien vite une deuxième fille entra, je n’espérais pas être tranquille pour le voyage aussi je ne m'étonnait pas de ces présences incongrues. Une fille dont le visage ne me dit pas grand chose fit son entrée. Je décidai de faire preuve de serviabilité en l'invitant à venir à nos côtés.

- Bien sûr que tu peux ! Ne demandez pas pour entrer voyons, je ne loue pas le wagon !

Je fis mine de les charrier pour essayer de les détendre un peu. Après tout nous rentrions fêter noël , nous ne pouvions pas nous permettre de tirer la tronche un jour pareil.

Je m'appliquais quelques secondes à observer leurs visages en face de moi. Autant la jaune me disais vaguement quelque chose autant l'autre m'était totalement inconnue. Je ne me souvenais que rarement des camarades que j'avais le plaisir de ne croiser que brièvement aussi nombreux étaient ceux qui m'avaient déjà parlé et dont je ne connaissais plus le prénom. Pour éviter d'avouer que je ne me souvenais d'aucun prénom je déçidais de détourner ma question pur qu'elle ne soit pas indélicate :

- On se connait peut être pas toutes entres nous alors je me présente, Jenny , première année, Serpentard.

Pour ce retour je m'était vêtue d'un jean sombre et d'un sweat large dans lequel je flottais allègrement c'est pourquoi je précisais quelle était la nature de ma maison pour m'assurer qu'elles ne me le demande pas plus tard.

Miracle ! De Noël ? Elle ne savait pas mais les deux jeunes filles l'avaient accepter pour partager ce long voyage jusqu'à King's Cross. Katlyn rentra dans le compartiment d'un pas hésitant, sa lourde malle derrière elle mais réussit tout de même à la mettre dans le petit espace réservé aux bagages. Cette fois, on dirait bien que Noël lui avait accordé un semblant de force pour ne pas paraitre stupide au premier abord. Elle s'assit aux côtés de la blonde tandis que la brune entreprit de commencer la conversation, se présentant comme un Serpentard prénommée Jenny. Il ne lui semblait pas l'avoir déjà aperçue, à part peut-être à la cérémonie et encore, c'était encore flou, la cérémonie s'étant déroulé quelques mois plus tôt. 

"- Pour ma part, c’est Megan, première année à Poufsouffle. Et toi c’est… Katlyn, c’est ça ? J’adore tes cheveux, je les trouve trop beaux !, dit la blondinette."

Elle semblait être tout ce qu'il y avait de plus sympathique et bien qu'étonnamment, elle connaissait son prénom, ce n'était pas le cas de Katlyn. Cette dernière était reconnaissante que les deux filles avaient commencé la conversation car ce n'était vraiment pas son fort. Elle avait plus l'habitude d'alimenter les dialogues une fois qu'ils avaient pris vie. Elle sourit à la blondinette avant de hocher la tête.

"- C'est bien ça, merci beaucoup !, dit-elle en rougissant un peu, ce n'était pas dans son habitude de se faire complimenter."

En effet, à part sa mère, et parfois son père, personne ne lui offrait ce genre de cadeau oral. 

"- Katlyn Johnson, première année à Gryffondor, donc, s'adressa-t-elle aux deux jeunes filles avec un sourire sincère."

Elle cala une de ses longues mèches de cheveux derrière son oreille, laissant un peu plus apparaitre son visage ciselé malgré ses joues rebondies. On avait l'impression que son petit corps menu était enseveli sous son gros pull aux couleurs de sa maison, si bien qu'elle aurait pu l'utiliser comme couette pour le chemin. Elle replia ses genoux contre elle-même et observa ses deux compagnes de voyage. Toutes deux étaient en première année et il était sûrement clair qu'elles s'étaient croisées lors d'un cour mais la mémoire de la blonde vénitienne avait l'habitude de lui faire faux bond. La blonde lui disait vaguement quelque chose, bien plus que la brune qui lui paraissait vraiment inconnue. Il fallait vraiment qu'elle fasse plus attention aux personnes qu'elle croise. 

"- Vous rentrez pour Noël ?, demanda-t-elle sans réfléchir."

Elle se gifla intérieurement. Bien sûr qu'elles rentrent pour Noël, Katlyn, qu'est-ce que tu voudrais qu'elles fassent d'autre ? Décidément, la pauvre jeune fille n'en avait pas fini avec cette année de gaffes. 

"- Enfin, j'imagine que vous rentrez pour Noël, dit-elle sur un ton un peu gêné. Je voulais dire, est-ce que vous êtes contentes de rentrer ?"

Katlyn et Megan donc... J'essayais de garder ses prénoms dans un coin de ma tête mais il était tout aussi probable que je les oublie dans quelques minutes. Il était vrai que les cheveux de la gryffonne avait leur charme. J'aquiescai comme pour signifier que j'était d'accord avec Megan mais n'en rajoutai pas une couche.

Sa question n'était pas si évidente que ça. Nous aurions pu rentrer seulement pour la famille, certains ne fêtez pas noël même parmi ceux qui ont des parents moldus. Quand au fait d'être heureuse... Je posais ma main sur ma cuisse et laissais l'autre glisser sur le siège pour jouer avec la banquette du siège le temps de trouver ma réponse. Derrière mon regard vitreux les paysages défilaient rapidement et dans mon esprit défilaient les arguments. Je pesais le pour et le contre, le stress de l'accueil que mon frère me ferait. L'angoisse de voir mon père s’inquiéter pendant des heures, mais la joie de les revoir tous et de passer un peu de temps avec eux avant de m'en retourner étudier. C'était dur, de les quitter ainsi pendant des mois puis revenir comme si de rien était... Mais malgré ça la réponse s'imposa d'elle même ;

- Très heureuse oui... Je suis un peu déçue de ne pas voir ma famille plus souvent. Et vous alors ?