La rentrée était arrivée trop vite. A peine Hestia s'était-elle réveillée qu'ils partaient déjà pour la gare de King's Cross dans un joyeux chaos de "On est en retard" ou de "Arrête de dormir, Hestia". Était-ce sa faute si les rêves étaient si attrayants ? Quelle frustration d'être réveillée alors que la confrérie des Balais Marchants allaient faire exploser le centre qui abritait son club de théâtre ! De théâtre.. Tandis que son père la serrait dans ses bras et que sa mère sermonnait sa cousine, Ariane, pour qu'elle reste auprès d'elle le temps du trajet, la fillette perdit ses pensées dans ses anciens succès et échecs, ses anciennes rivalités et amitiés.

Une dernière embrassade, le train agitait encore et toujours son sifflet. Déjà qu'ils étaient en retard, s'ils devaient s'éterniser sur les quais en plus de ça.. Les deux jeunes filles se précipitèrent vers le premier wagon en vue mais furent bien vite ralenties par la petite qui peinait à faire monter sa valise. Qu'avait dû mettre sa mère dedans pour qu'elle pèse aussi lourd ? Avec l'aide de la blondinette, la valise fut hissée à l'intérieur du wagon.. Puis Ariane commença son exploration des compartiments toute seule.

- Hé ! Maman a dit que tu devais m'attendre !

- Bah grouille-toi ! T'es plus lente qu'un Musard !

Hestia traîna tant bien que mal sa valise dans le couloir pendant que l'aînée entrait dans un compartiment, un sourire joyeusement malsain aux lèvres. Elle n'allait tout de même pas devoir supporter ses potes ?! Un coup d’œil dans le compartiment. On dirait que oui. La petite fille n'eut pas même le temps de faire entrer sa valise que la blondinette l'empoigna pour qu'elle fasse des derniers au revoir à ses parents. Les géniteurs d'Ariane n'avait pas pu être là, eux, et ils auraient été mieux qu'ils le soient pour corriger les stupides manies de la peste qui lui servait de cousine. Lorsque le train eut définitivement commencé sa route, en bonne peste, la blondinette pris un malin plaisir à jeter la fillette dans le couloir du wagon. La petite sorcière allait se faire un plaisir de balancer cette peste à sa mère.

Hestia se retrouva donc à errer dans le long wagon, en quête de compartiment libre. Tâche ardue : tous les wagons étaient déjà complets, garnis d'années supérieures ou réclamaient qu'on leur laisse leur tranquillité. Totalement découragée, la petite fille ne prit même pas la peine d'ouvrir le prochain ne comportant qu'une personne. A ce rythme-là, elle ferait le trajet dans le couloir. Pourtant, elle parvint tout de même à trouver un compartiment vide ! Miracle ! Elle regagna le sourire, entra dans la pièce et commença à galérer pour mettre sa valise dans le porte-bagage. Elle devait peser trente tonnes, voire plus ! Que diable avait mis sa mère dedans ?!

La nouvelle élève nota qu'il fallait qu'elle fasse sa valise elle-même l'année prochaine puis abandonna le bagage sur le sol. Après tout, n'était-elle pas seule dans le compartiment ? Elle commença à contempler les paysages qui défilaient derrière la fenêtre.. Se rappelant des avertissements de sa mère concernant les appareils électroniques, elle dégaina ses oreillettes qu'elle avait quand même amenées et profita du paysage avec sa "douce" musique, une dernière fois. Savoir qu'elle devrait se séparer de son MP3 une fois à Poudlard ne l'enchantait guère. Décidément, cette école lui plaisait de moins en moins.

Cette journée avait commencée normalement, levé à 9h, Matthew prit son petit déjeuner avec ses parents, un bon bol de chocolat chaud, des oladi, des framboises et du miel, il ne connaissait rien de meilleurs, il était triste de savoir qu'à Poudlard il n'aurait sûrement plus l'occasion d'en manger.

"Allons zaika, pourquoi tu as l'air aussi triste
-Je viens de me rendre compte que je pourrais plus goûter à tes oladis mama
-Ooooh zvezda moya…"

Elle le prit dans ses bras, les yeux humides, à elle aussi, il allait lui manquer. Mais vite, il fallait se hâter, le train n'allait pas les attendre. Alors il prirent un peu de poudre de cheminette et se retrouvèrent au chaudron baveur, ils marchèrent quelques temps puis arrivèrent enfin à King Cross. Matthew inspira profondément, et se retrouva sur la voie 9 3/4.

Il embrassa une dernière fois sa mère ainsi que son père.

"Vous allez me manquer
-Toi aussi zaika… Toi aussi ; lui répondit son père"

Le train siffla, il allait partir, Matthew souleva sa malle comme il pouvait et entra dans le wagon. Pfiou! Il l'avait eu de justesse! Il marcha longuement, cherchant un compartiment de libre, il n'en trouva pas mais trouva en revanche un endroit où une seule personne s'était installée, il y avait une valise en plein milieu du passage mais Matthew se débrouilla pour passer malgré tout. Une fois installée en face de la personne, il la détailla, de longs cheveux bruns, des yeux noirs, une peau pale, plutôt petite, mince… Elle lui rappelait quelqu'un…

Matthew fouilla dans ses souvenirs puis se rappela. C'était la fille de la boutique d'Ollivanders! Matthew savait bien qu'il la reverrait! Il faillit éclater de rire en constatant ce fait mais se retint. Il tenta de se souvenir de son nom mais n'y arrivait pas…. Comment s'appelait-elle... Tricia? Trecia? Hatia? Hestia! C'était ça! Il en était sûr!

"Hey... T'es… T'es Hestia c'est ça?"

Il faillit se taper la tête, il recommençait à bafouiller, mais il ne pouvait pas s'en empêcher lorsqu'il ne parlait pas à ses parents… Il redevenait empoté. Il secoua la tête et lui adressa un petit sourire gêné.

"Tu... Tu te souviens de moi? On s'est vu à la boutique d'Ollivanders…"

Tandis que son morceau de pop hurlait depuis ses oreillettes, quelque chose bougea vaguement dans le reflet de la vitre. Probablement une personne qui passait ? Pourtant, les mouvements se répétaient. Elle osa un regard derrière elle : un petit garçon blond était en train de s'installer. "Alerte ! La valise !", s'alarma-t-elle en sentant ses oreilles rougirent subitement. Elle tira sur le fil de ses écouteurs pour les retirer et se précipita sur sa malle qui encombrait le passage. Après quelques mouvements de lutte, le bagage revint au moins à la verticale. Comment était-elle censée hisser ce poids sur le porte-bagage ? Et encore, est-ce que le porte-bagage tiendrait le coup ?

- Hey... T'es… T'es Hestia c'est ça?

Comment connaissait-il son nom ?! Elle se tourna, étonnée, vers son camarade de compartiment. Maintenant qu'elle y prêtait vraiment attention, ses traits lui disaient quelque chose.

- Tu... Tu te souviens de moi? On s'est vu à la boutique d'Ollivanders…

Oui ! Mais bien sûr ! A Ollivander ! Elle l'avait vu en garçonnet timide mais, là, il semblait vraiment plus confiant.. Même s'il continuait de bégayer. Hestia aborda alors un sourire chaleureux, voulant le remettre à son aise.

- Oui ! Je m'en souviens, M.. Ma..

Mince. Comment s'appelait-il, déjà ?! Elle n'avait vraiment pas la mémoire des noms. Ma.. Martin, peut-être ? Mathieu ? Ça commençait par Ma, c'était obligé ! A moins que son esprit ne lui joue encore des tours et que ça ne commence en réalité par Ni ? Non ! Ça commençait par Ma ! Elle avait juste une chance sur quarante-six-mille de tomber sur le bon prénom..

- Mathéo ?

Non ! C'était Nil ! Pourquoi n'avait-elle pas fait confiance à sa deuxième supposition ?! Il était encore temps de se rattraper !

- Non, euh, Nil ! Excuse-moi, je galère un peu avec les noms..

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