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13 mars 2019, 22:06
 Chenille 01   Solo  Parmi d'autres  Terminé 
○••○

Ils se suivent.
Je les suis.
Nous nous suivons.
Lentement,
Les uns derrières les autres.
Non, nous ne sommes pas des moutons.

○•●•○


Elle est là, parmi tant d'autres. Tendre enfant, douce et naïve, les joues rondes et rosées : gâtée par le sort. Oh ! Douce petite créature, tu marches inconsciemment, tu n'es maître du destin, de ton destin. Tu avances et la route te sourit. Jamais tu n'as mesuré les périls de la vie. Jamais tu n'as bravé les dangers et toujours on t'a protégée. Mais où cours-tu ainsi ? Quelle est cette chose qui va bouleverser ta vie ?
Oh, tendre enfant, sais-tu ce que tu fais ?

Tu quittes : famille, amis, vie. Tu laisses : passé, souvenirs, monde. Tu pars, loin. Non, ailleurs. Le monde ne sera jamais le même à présent. Ta vie non plus. Tu changes.

Changer d'air ? Le voulais-tu ? L'as tu choisi ? Non, suis-je bête ! Tu ne choisis pas : tu vis. Tu n'es pas maître.

Oh, ma douce fille ! Oh, mon bon enfant ! Mais que fais-tu ? Où vas-tu ? Dans quoi t'engages-tu ? Ah ! Petite inconsciente ! Les cicatrices de la vie ne t'ont pas enseigné prudence et sagesse. Mais cela viendra... Ne t'en fais pas.

En attendant le moment venu, tu suis les autres. Lentement, un pas après l'autre, tu avances doucement. Doucement car le doute et la crainte s'insinuent à petits pas menus dans ton coeur. Ils se gravent doucement dans cette fibre tendre et innocente. Mais, jeune enfant impatiente, ton coeur si tendre bat la chamade face à cet autre monde. Et la déchirure qui n'est que plus forte, est pourtant indolore.

Ton pas léger te conduit dans un compartiment. Tu étais accompagnée, mais tu as perdu de vue celle que tu avais abordée. Car vous êtes trop nombreux. Vous vous suivez et marchez, tous vers le même lieu, les uns derrière les autres.
Dernière modification par Cyanna Hillways le 15 mai 2019, 21:24, modifié 2 fois.

Être ou ne paraître.
Gérante du Club de poésie avec Harriet Greenwood - 6ème session en cours !

17 mars 2019, 12:10
 Chenille 01   Solo  Parmi d'autres  Terminé 
○•●•○

Et tes pieds foulent le sol,
Leur danse et leur rythme t'emportent
Vers des contrées lointaines.
Ouais, vers l'inconnu,
L'ailleurs.

○•●•○


Petite enfant, ta marche continue. Perpétuelle avancée, tu ne peux reculer. Mais ce choix, tu dois l'assumer. Car, à présent, tu ne peux revenir sur tes pas. Les yeux fixés droits devant, leur bleu ciel, leur bleu océan, leur bleu si limpide scrute chaque détail. Chaque chose qui passe devant tes douces iris est à jamais figé dans ta mémoire. Tu dévores de tes doux yeux les restes de ton passé. Tu les vois, ils s'éloignent, et tout ce que tu as connu est réduit à de petits points insignifiants.

Insignifiants ? Oui, maintenant, ils ne sont plus rien. Ils ne seront plus rien. Ce que tu vois là, tu vas le quitter à tout jamais. Tu vas l'abandonner. Et cet abandon, tu ne le sens pas. Pas encore. Mais le temps viendra. Le temps et ses ravages passeront. Ce temps n'est pas là.

Ingénue enfant. Tes jambes te portent si loin. Tu es entraînée dans un courant. Non, pas celui de la rivière. Non, pas par la foudre. Celui des autres. Le courant de la foule t'emporte. Le plus terrible des courants t'éloigne de ta terre mère. Et tu ne luttes pas. Pourquoi le ferais-tu ?

Tu jettes un doux regard, une dernière fois. Tu sembles, en embrassant la totalité du paysage, lui dire adieu.

"Adieu." Adieu car celle qui reviendra ne sera plus la même.

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Gérante du Club de poésie avec Harriet Greenwood - 6ème session en cours !

14 avr. 2019, 23:12
 Chenille 01   Solo  Parmi d'autres  Terminé 
○•●•○

Vous êtes toujours ensembles,
Collés,
Serrés,
Seuls.
Ensemble mais seuls.
Tu es seule.

○•●•○


Le voyage est long. Long mais pas pénible. Long mais sans encombre. Car le chemin de ta vie est tout droit tracé devant toi. Ces rails de métal ouvrent la voie. Tu ne fais que l'emprunter. Tout est déjà là : route et locomotive. Tu ne fais pas d'efforts, tu te contentes de suivre. Suivre le mouvement, le courant de la foule. C'est si simple. Pourquoi chercher la difficulté ? Pourquoi faire un effort ? Tout est là.

Les rails ne sont pas sinueux. Ils sont droits et te permettent de voir au devant. C'est ce que tu crois. Tu vois, oui. Mais jusqu'où vois tu ? Ce paysage si calme l'est-il réellement ? 
Un marin dirait que c'est le calme avant la tempête. Mais tu n'as jamais vu la tempête et seuls les flots paisibles ont bercé ton enfance. Tu ne penses pas à la tempête. Oh que tu es naïve ! Mais qu'il est bon pour un enfant d'être naïf ! Tu auras tout ton temps pour vieillir, pour apprendre.

En attendant, tu es en route pour une nouvelle vie. Une vie que tu penses extraordinaire. Une autre vie. Dans ta bouche, ces deux mots ont un sens particulier. Leur écho dans ton esprit crée un sourire sur tes lèvres et tu redresses la tête vers l'avenir qui te tend les bras. Droite et sûre, tu souris à futur.

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Gérante du Club de poésie avec Harriet Greenwood - 6ème session en cours !

10 mai 2019, 23:21
 Chenille 01   Solo  Parmi d'autres  Terminé 
○•●•○

Vous avancez.
Encore et toujours.
Vers l'inconnu, vers l'autre monde.
Tu suis.
Ils suivent.
Vous vous suivez dans une longue marche,
Telles des Chenilles Processionnaires.

○•●•○



Les roues crissent en une longue plainte aiguë. La machine s'arrête et peu à peu les portes s'ouvrent. Tu empoignes ce que tu as transporté entre les deux mondes : ta valise. Elle est aussi lourde que la peine qui commence à envahir ton coeur. Mais l'excitation est plus forte et la souffrance ne se fait pas ressentir.
Tu mets un pied devant l'autre. Arrivée devant le marchepied, tu ne sais que faire. Tu restes là un instant. Ta vie... Non, ton ancienne vie, défile comme si tu mourrais, comme si tu vivais les dernières secondes de ta Vie. Un souffle s'échappe de tes lèvres. Tu te rends compte que tu l'avais retenu. Le véritable monde, le nouveau monde, se remet en marche sous tes yeux. On te pousse. Emportée par le courant, tu suis le flot et te joins à la masse.
Là encore, tu n'as pas choisi. Tu as été emportée. Le courant humain t'a fait dériver. Mais Toi, Toi, petite enfant, qu'aurais-tu décidé ? Si... tu avais eu la force de lutter contre le courant, l'aurais-tu fait ? Serais tu capable de lutter ? Tu n'as jamais été mise à l'épreuve, mais un jour, Un Jour, le Temps viendra.

***

Doucement mais sûrement, le temps file entre nos doigts, entre ses doigts.
Doucement mais sûrement, les choix glissent entre nos doigts, entre ses doigts.
On ne peut les rattraper, elle ne peut les rattraper.
Les rêves se brisent, les os aussi.

 - fin sans point ni majuscule-

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