Si on pouvait décrire en un mot l'état dans lequel était plongé Anthéa, on pourrait utiliser l'adjectif "bordélique". Elle ne voulait pas franchir le seuil du wagon face à elle, et en même temps sa curiosité la poussait à le faire. Elle se sentait partagée entre deux mondes, deux sentiments. Elle avait à la fois envie de s'enfuir en courant vers la sortie, et de se précipiter vers le train afin de découvrir sa future école. Mais pour le moment, la jeune fille ne pouvait faire ni l'un ni l'autre, car une main longue et blanche était crispée sur son épaule. Les longs ongles la terminant étaient plantés dans l'étoffe noire de la cape d'Anthéa. Cette dernière fixait de ses yeux kaki sa mère, qui elle aussi la regardait en retour. La jeune fille avait un peu honte de sa génitrice, car celle-ci portait une robe noire mêlée à des fils blancs qui faisaient très aristocrates par rapport aux autres parents présents. Les deux femmes n'étaient que toutes les deux, car Narcisse Carter n'avait pas daigner accompagner sa fille sous prétexte de garder Hortense à la maison.

Anthéa toussota en entendant le premier coup de sifflet émit par le Poudlard Express. Son coeur battit en chamade quand ses yeux croisèrent ceux de sa mère, qui la toisait avec froideur, comme à son habitude. Rosalie Carter lâcha enfin l'épaule de sa fille, pour se mettre à son niveau et planter son regard dans le sien. De sa voix grave et toujours aussi glaciale, elle murmura avec lenteur : « Tu vas être sage, n'est-ce pas ma petite ? Tu vas bien travailler, comme ta mère et ton père avant toi. Tu es la plus grande, il faut montrer l'exemple. » Le coeur d'Anthéa se serra. Elle savait tous les espoirs que plaçaient en elle sa mère, et avait peur de la décevoir. Les doutes l'assaillirent par milliers. Et si elle n'avait pas des bonnes notes ? Et si elle tait renvoyée de l'école ? Et si... Mais Rosalie coupa court à ses réflexions et termina son petit discours par : « Et tu vas voir, tu seras très bien à Serpentard.Bon voyage, ma petite. » Le pire pour Anthéa, c'était ça. Ses parents croyaient dur comme fer qu'elle allait aller à Serpentard car pour eux, un Carter allait forcément chez les verts et argents. Mais pour la jeune fille, c'était moins évident. Pourtant, elle dit d'une voix plus assurée que ce qu'elle croyait être capable : « Oui, mère. Merci, au revoir. »

A peine ces mots prononcés qu'un nouveau coup de sifflet se fit entendre, décidant Anthéa à claquer deux baisers sur les joues bronzées de sa mère. Puis elle empoigna les poignées de sa valise à deux mains et, dans un dernier au revoir à Rosalie, marcha d'un pas décidé vers le train. Elle rentra dans le premier compartiment ouvert, où déjà un jeune homme était installé.

Cole, accompagné de sa mère et de son grand frère, arrivait au quai 9 . Le jeune garçon marchait d’un pas fatigué, la main dans celle de sa mère. Il n’avait pas beaucoup dormi la veille, trop de pensées dans la tête pour s’endormir. Après avoir passé au travers du mur entre le quai 9 et 10, il vit une foule immense juste devant un magnifique train d’une couleur rouge brillante. Essayant de se frayer un chemin à travers celle-ci, Eleanor Jones demanda à son fiston de se bouger un peu au lieu de traîner derrière elle. Arrivé devant le premier wagon, il lâcha la main de sa mère, il ne voulait pas qu’on le remarque. Sa mère commença alors à lui dire :

- Bon, voilà.. Il est temps de se dire au revoir mon garçon. Je suppose que tu veux être réparti à Poufsouffle, comme ton grand frère n’est-ce pas ? Enfin bref, passe un bon voyage à bord du train et quand tu seras dans ta nouvelle maison, envoie-nous un hibou pour nous raconter ta première journée d’accord ?

Le garçon lui fit un signe de la tête et se tourna vers son grand frère qui, en lui donnant sa valise, lui dit :

- Tu sais, si tu ne vas pas à Poufsouffle ce n’est pas grave hein ! Les trois autres maisons sont aussi bien que celle là.. Mais si tu veux vraiment y aller, il te suffit de le demander et le Choixpeau t’y répartira, fais moi confiance ! lui avoua Jake en lui faisant un clin d’œil.


Le Poudlard Express fit alors un premier coup de sifflet. Cole jugea qu’il était tant d’y aller alors il fit un bisou à sa mère, un petit check à son grand frère suivi d’un câlin et il lâcha un petit "je vous aime" à sa famille avant d’entrer dans le train.



Arrivé à l'intérieur de celui-ci, Cole s’installa dans le premier compartiment vide à sa droite. Il posa ses affaires et tomba sur le fauteuil, près à rattraper quelques heures de sommeil. Le garçon aux yeux verts ferma doucement les yeux quand tout à coup, une jeune demoiselle entra dans son compartiment :

- Heuu.. Salut..

Cole se leva brusquement pour se redresser et faire les présentations :

- Vas-y, assieds-toi. Je m’appelle Cole Jones et toi ? lui demanda t’il en lui tendant la main.

Anthéa, qui n'était pas une timide, se planta devant le garçon et ouvrit la bouche pour demander si elle pouvait s’assoir là. Mais elle n'eut pas le temps de prononcer le moindre mot, car l'inconnu à l'air sympathique la salua, et se présenta. « Vas-y, assieds-toi. Je m’appelle Cole Jones et toi ? » La jeune fille fut surprise par cet accueuil jovial et joyeux. Pourtant, elle ne s'assit pas immédiatement, son père lui ayant répéter des milliers de fois qu'il ne fallait pas faire confiance aux inconnus, surtout à ceux qui avaient l'air gentils. Anthéa passa alors le garçon au rayon X, afin de voir si son apparence reflétait sa personnalité. C'était une qualité chez elle, de voir la véritable nature des gens. Cole était un garçon pas très grand, avec des cheveux bruns en bataille qui auraient horrifié Narcisse et un teint légèrement rosé. Tout son être exprimait la sympathie, c'est pourquoi Anthéa dit de sa voix pleine d'entrain : « Merci ! Moi, c'est Anthéa. Anthéa Carter. » Sur ce, la petite Carter se dirigea vers le porte-bagage et y déposa sa grosse valise de cuir.

Une fois son bagage rangé soigneusement, Anthéa alla directement s'assoir sur la banquette en face de celle où était assise le jeune homme. Même si elle faisait tout pour le cacher, la jeune fille se mouvait de la même manière que sa mère, avec un mélange de grâce et de fierté. Elle ne put s'empêcher de s'installer comme elle le faisait en présence de ses parents, c'est à dire droite comme un piquet, jambe serrée l'une contre l'autre avec ses mains posées dessus. Cole devait la prendre pour une fille très légèrement coincée, ce qui déplut fortement à Anthéa qui fronça les sourcils. Sortant de ses réflexions, elle demanda : « Heu... c'est ton premier voyage pour Poudlard ? Moi, oui... »

La jeune fille s’appelait Anthéa Carter. Elle avait de long cheveux noirs épais et des yeux d’un mélange de bruns et de vert, ils étaient magnifiques par rapport au sien. Elle déposa sa valise dans la porte-bagage et elle s’assit sur la banquette devant lui. Cole la trouvait un peu coincée parce qu’elle était assise bizarrement comparé à lui : lui était affalé sur la banquette tandis qu’elle, elle avait le dos bien droit, les jambes collées et ses mains posées sur celles-ci.. L’Anglais se demandait si elle venait d’une famille stricte au point de se tenir comme ça devant lui. La fillette le regarda avec les sourcils froncés, comme si elle savait ce qu’il était entrain de penser d’elle, alors elle commença une discussion pour changer de sujet :

- Heu...c'est ton premier voyage pour Poudlard ? Moi, oui...

La personnalité d’Anthéa ne semblait pas être comme ce que Cole pensait d’elle de l’extérieur, il fallait sûrement mieux la connaître pour savoir quoi penser d’elle. Alors Cole lui répondit :

- Oui c’est bien mon premier voyage, je suis en première année. Je suppose que toi aussi si tu me demandes ça..?
Dis moi, tu viens d'où ? Et tu viens d’une famille stricte que tu te tiens comme si tu étais un soldat au garde-à-vous ahah ?

Cole ne savait pas si l’humour allait passer mais il essaya quand même, quitte à se faire remballer.

Le garçon répondit qu'il était en première année, comme elle. Anthéa sourit discrètement. Elle était contente d'être tombée sur un garçon de son âge, qui avait l'air tout aussi nouveau et perdu qu'elle. Déjà, ils seront deux à se perdre dans les innombrables couloirs de Poudlard. Le regard de la jeune fille passa sur le garçon et une pensée traversa son esprit. Et si Cole devenait son ami ? Son premier ami ? Avant de partir, elle s'imaginait qu'elle n'en n'aurait pas, qu'elle resterait toute seule toute l'année. Mais maintenant... elle avait changé d'avis. Si tous les élèves étaient comme ce garçon, elle aurait pleins d'amis dès le début. Si tous les élèves étaient si gentils et avenants...

Mais dès qu'il prononça la phrase à ne pas dire - « Dis moi, tu viens d'où ? Et tu viens d’une famille stricte que tu te tiens comme si tu étais un soldat au garde-à-vous ahah ? » - Anthéa se figea et le fixa, sourcils froncés. Sa posture de militaire que ses parents l'a forçaient à prendre se voyait-elle tant ? Aussitôt la remarque faite, la jeune fille croisa ses jambes et tritura sa robe blanche, pour se donner une attitude plus cool et décontractée. Elle tenta de rigoler, pour cacher que la remarque de Cole l'avait blessée. Elle ne voulait pas qu'il la prenne pour une petite prétentieuse qui se croyait au-dessus des autres parce qu'elle était noble, mais son rire sonna faux. Elle tenta quand même une petite blague : « Mes parents ont dut être militaires, dans leur jeunesse ! Oui, je viens d'une famille assez stricte. Ça se voit tant que ça ? »

Anthéa se rendit compte que Cole aussi avait l'air gêné, et qu'un gros blanc c'était installé. Pour s'occuper en attendant que le garçon décide de reprendre enfin la parole, la jeune fille jeta un coup d'oeil au paysage qui défilait dehors. Le Poudlard Express venait de quitter la gare, et on voyait des champs et des prés à perte de vue, ainsi que des plaines vides et tristes. Anthéa sentit son coeur battre en se disant qu'elle se dirigeait actuellement vers sa nouvelle école.

La jeune fille se figea quand Cole lui demanda si sa famille était stricte, et elle le regarda avec les sourcils froncés. Il savait maintenant qu’il fallait mieux éviter l’humour avec cette fille. Juste après la remarque faite, elle se mit à l’aise en croisant les jambes comme si elle voulait cacher son enfance. Le jeune garçon préférait ne pas continuer sur ce sujet qui ne devait pas plaire à Anthéa donc il se tut pour lui laisser la parole :

- Mes parents ont du être militaires, dans leur jeunesse ! Oui, je viens d'une famille assez stricte. Ça se voit tant que ça ?

Elle ne connaissait pas la jeunesse de ses parents ? Lui connaissait plus ou moins celle de ses 2 parents mais il savait quand même les métiers qu’ils avaient fait avant d'être ce qu’ils font maintenant..
Après une petite réflexion, il lui répondît :

- Un peu, mais si tu restes comme tu es là maintenant, ça ne se voit pas.. en esquissant un petit sourire. À la façon dont tu te tenais, bien droite avec les jambes collés et tes mains dessus, c’était bizarre. Enfin pour moi mais pour toi ça doit être normal, j’ai vécu dans une famille nor.. heu.. pas aussi stricte que la tienne si tu vois ce que je veux dire.lui avoua Cole accompagné d’un petit sourire gêné.
Enfin bref, parlons d’autre chose, tu as des frères et sœurs toi ?