L’au revoir avec mes parents fut bref.
Nous sommes peu proches mais je sais qu’ils m’aiment quand même.
Ils m’étreignirent fortement et me firent promettre de leur envoyer une lettre le plus tôt possible pour prendre des nouvelles.
Nous savions tous que les choses pouvaient changer dans une nouvelle école. Tout comme elles pouvaient empirer.
A la fois excitée et effrayée, je m’engouffrais tant bien que mal dans le couloir central bondé.
Des plus jeunes et des moins jeunes, des personnes de mon âge, d’autres visiblement plus âgées peuplaient ce train peint d’un rouge rutilant.

Du mieux que je put, j’arrivais vers les derniers compartiments qui étaient donc vides, tous les autres l’élèves s’étant regroupés entre eux pour discuter avant de retourner à Poudlard.

Poudlard justement...
Je ne sais pas si qui que ce soit a fait attention à moi et mes cheveux dans le train ou sur le quai. Tout le monde était trop occupé à vaquer à ses propres occupations, bien plus importantes que de se préoccuper d’une jeune fille a l’apparence différente.

Si !
Si, il y avait quelqu’un.
Un garçon au regard blasé. Je me doutais que ce n’était qu’une façade mais n’avait pas l’air aussi excité que d’autres.
Il était beau c’est vrai. Mais il avait l’air arrogant aussi.
Il m’avait fixée pendant un moment. Moi aussi. C’était un moment vraiment étrange. Comme si dans le brouhaha des personnes autour de nous, notre silence exprimait plus que des mots. Quoi ? Je ne le saurais probablement jamais.

Je secouais la tête pour chasser ces pensées et installait mes affaires.
Regardant par la fenêtre, je ne vis la personne qui allait partager mon compartiment pour le reste du trajet seulement quand elle entra sans frapper.
Je ne la vis qu’à ce moment là... ou presque...

Poudlard.
La rentrée.
Enfin.
Depuis le temps que j'attendais ça.

Impatience.

Pourtant, une fois à la gare, je pris mon air blasé de tout les jours.
Comme si nous étions tout les jours.
Papa et maman nous avais déposé rapidement Eli' et moi et était parti sans nous apporter d'avantage d'attention.
Comme d'habitude.

Tristesse.

Soudain, je remarquais un visage dans la foule.
Une fille, elle avait les cheveux...
Blancs.

Etrange.

Je vis qu'elle m'avait vu aussi.
Je continuais donc à la regarder.
Moi baisser le regard? C'était mal me connaître.
C'est elle qui arrêta de me regarder en première.
En réalité, ce moment avait été...

Perturbant.

C'était le mot.
J'avais l'impression qu'il resterait pour toujours ancré dans ma mémoire, sans vraiment savoir pourquoi.
Les portes du train s'ouvrirent.
Ma soeur m'interrogea du regard comme pour me demander si je montais avec elle dans le train ou si je me débrouillais seul comme d'habitude.

-Je gères, t'inquiètes!

Elle me souri.
Je rentre en poussant les élèves devant moi.

Pourtant.

Pourtant lorsque j'arrive, quasiment tout les compartiments sont occupés.
Je grogne.

Frustration.

Attends.
Un compartiment là bas.
On dirait qu'il n'y a personne.
Je me précipitais dedans et m'assis lourdement sur le siège avant de voir qu'il y avait quelqu'un.
La fille.
Celle de tout à l'heure.

Surprise.

Je ne montrais pas que j'était surpris et dit d'un ton moqueur en y ajoutant mon sourire arrogant.

-J'peux m'asseoir là Blanche Neige ou c'est déjà pris?

Je faillis écarquiller les yeux de surprise mais me retint de justesse. Il voulait jouer le petit jeu de *je fais celui qui ne ressent rien* ? Soit, j’allais le suivre. J’espère que mon regard espiègle et moqueur furent suffisant pour le lui faire comprendre.
N’empêche... quel culot celui de s’installer sans toquer !
Peu importe. Un peu de compagnie ne tua jamais personne.
« Mais, n’oublions pas, mieux vaut être seul que mal accompagné. »
Nous le verrons bien assez tôt !

Sa phrase me fit plus sourire intérieurement que me provoquer. On entendait clairement le ton de la plaisanterie sous ce "masque" d’arrogance et de provocation.
Cela signifiait-il donc qu’il se fichait royalement de mes cheveux ? Je l’espérait du plus profond de mon être. Enfin une personne plus tolérante ?

- Tu peux tu peux, c’est pas réservé.

Le surnom me fit rire intérieurement lui aussi. Blanche neige avait les cheveux noirs !
Puis je l’observais attentivement.
Il avait l’air confiant... Sûr de lui. S’imaginait-il vraiment qu’il était si difficile que ça de le percer à jour ?

Son sourire... avait quelque chose de différent... Mmm, peut importe. Je devais bien trouver quelque chose à lui répondre pour ne pas perdre la face !

- Si je suis Blanche Neige, alors quel nain serais-tu ?

Je marque une pause puis avec un clin d’œil je lui dis :

- Au fait, aurais-tu oublié que blanche neige avait les cheveux noirs ?

Je peux m'asseoir là.
Tant mieux.
T'façon je serais resté même si elle ne m'en avait pas donné l'autorisation.
Mais pourquoi le lui dire?
Soudain elle me demanda.
Elle me demanda quel nain j'était.

Incompréhension.

Je n'étais pas un nain.
C'était hors de question.
Avec une pointe de moquerie dans la voix, répliquais.

-Les nains sont tous aux pieds de blanche neige. T'imagine pas que je serais un jour aux tiens.

Fier de moi, je répondis à son clin d'oeil.
Elle me signala que Blanche Neige avait les cheveux noirs.

Comment?

C'était impossible.
D'où lui venait son nom dans ce cas là?
J'étais gêné mais je ne le montrais pas.

Gêne.

Au lieu de ça je lui répondis calmement.

-J'connais pas ton nom et Blanche Neige m'a semblé le surnom le plus approprié, t'aurais préféré Bouse Blanche peut être?

J'hésitais mais ne put m'empêcher de rajouter cette phrase.

-Au fait c'est... C'est super beau tes cheveux blancs, ça te fait sortir du lot. C'est une coloration ou c'est naturel?

Je regrettais aussitôt.

Pourquoi?

Pourquoi avais je dis ça?
Qu'est ce qui m'avait pris?
Aucune idée.
Caché derrière mon masque, j'étais à l'abri.
Elle ne pouvait pas deviner ma gêne.

Tranquillité.

Je lui adressais un petit sourire amical.
Je le connaissais pas mais l'appréciais déjà.
Elle ne se laissait pas faire.
N'avait pas peur de ma confiance en moi.
Et rien que pour ça elle méritais mon attention

Il parut surpris. Non, il ne comprenais carrément pas.
Je faillis exploser de rire en le remarquant.

« Tu ne seras pas à mes pieds jeune homme, j’en doute vu le caractère. Range ta fierté. Mais sache quelque chose... » Sa carrure ne me faisait pas peur, alors c’est sans aucune gêne que je lui répondis avec un sourire mystérieux et arrogant moi aussi, accompagné d’un regard espiègle directement plongé dans ses yeux bruns-gris.

- Ne jamais dire jamais.

Je ne riais pas ouvertement pour ne pas l’offenser mais intérieurement, ce n’était pas la même chose.
Encore une fois, sa surprise me fut évidente et hilarante.
Pourquoi riais-je ainsi ? Je ne sais pas. La situation m’étais drôle.
Sans pour autant être méchante, je me moquais un peu de lui.

- Alors tu ne connais pas bien Blanche Neige ? Je marquais une pause. Mais ce nom lui vient de sa peau de porcelaine plutôt que de ses cheveux.

C’est à ce moment là que je remarquais que sa peau était elle aussi très pâle. Moi aussi de toute façon.

- Ah mais... je me suis fait avoir aussi alors !

Je lui tire la langue en riant.
Nous sommes encore des enfants de toute façon.
Sa remarque me dit pouffer.

- Non ça ira merci ! Je préfère quand même mon prénom à ça ! Du coup, moi c’est Felinah. Et toi ?

Sa phrase me prit de court. Je le cachais tout autant que lui. Enfin, comme il croyait me le cacher.

- C’est naturel. Depuis ma naissance, j’ai toujours porté cette couleur. Je faillais m’arrêter là mais je rajoutais ensuite : Avec fierté.

Ça me touchait en réalité. Surtout venant de lui. Son caractère et sa personnalité - du moins ce que j’en savais pour l’instant - me plaisaient. Il avait beau être arrogant, je voyais qu’il avait bon fond.
J’espérais que nos discussions ne se limiteraient pas à ce compartiment de train...

- Tu sais, c’est rare d’entendre ces mots sortir de la bouche de quelqu’un que je connais à peine.

Je cachais mon émotion. Ça m’avait touchée plus profondément que prévu. Bien que j’étais fière de mes cheveux, un certain complexe résidait toujours. J’avais encore cette crainte du rejet, ce rejet que j’ai subi toute mon enfance a cause d’une simple couleur.

Il ne faut jamais dire jamais.
C'est quoi cette expression?
Qu'est ce qu'elle me raconte?
Pense t'elle vraiment ce qu'elle dit?
Que je serais peut être un jour à ses pieds?
 
Scepticisme.

Elle semble rire de l'intérieur.
Ose t'elle se moquer de moi?
C'est impossible.

Rage.

Quoi?
Comment sait elle que je ne connais pas bien Blanche neige?
En réalité, ce n'est pas que je ne connais pas bien.
C'est que ça remonte à bien longtemps les contes.
En attendant, je pense l'avoir assez bien caché pour qu'elle ne se doute pas de ma surprise.

Déstabilisation. 

Heureusement, elle m'envoya sans le savoir une perche en me tirant la langue.
Je suis sauvé.
Je ne perdrais pas la face devant une inconnue.
Je rigole donc également.
Nous rigolons comme deux gamins.
Je me rend compte que ça faisait longtemps que je n'ai pas rigolé ainsi avec quelqu'un d'autre que ma soeur.

Etrange.

Elle s'appelle Felinah.
C'est joli.
Unique.
Comme ses cheveux.
Ca lui va bien.

-Mon nom c'est Antonn, aussi peu courant que le tien!

Je lui fais un clin d'oeil.
Soudain elle me parle de ses cheveux, suite à mon compliment.
Elle semble surprise.
Elle m'explique non sans fierté qu'ils sont naturels.
Je l'admire.
Si j'avais été si différent, je me serais surement fait une coloration, mais elle était restée naturelle.
Elle rajoute cette phrase qui m'ému plus que je ne le pensais.
C'était rare qu'on lui fasse des compliments sur ses cheveux.

Emotion.

-Pourtant tu devrais en recevoir souvent, c'est vraiment magnifique. Ca te rend différente.

Je lui souri sincèrement.

Je le vis sous mes yeux progressivement passer du scepticisme, à une sorte de rage contenue puis à de la surprise, au fur et à mesure que je parlais.
Pourtant, depuis le début, il faisait comme si de rien n’était. Croyait-il tant que ça que je ne voyais pas ce qu’il se passait ?
Sa belle assurance cachait en réalité, une multitudes d’émotions. Des émotions que tout le monde pouvait un jour ressentir. Alors pourquoi les cachait-il ainsi ?
Étrange.

Si l’on devenait vraiment amis , même si l’on était pas dans la même maison par la suite, je comptais sérieusement découvrir le pourquoi du comment. Curieuse de nature, je voulais le comprendre.

Moi qui n’avait, par le passé, pratiquement jamais été proche de qui que ce soit, ce garçon fut une découverte. Une personne peut cacher tant de choses en profondeur. Et ces choses là peuvent aussi belles que sombres.
Et j’en étais certaine, je ne voyais là, que la partie émergée de l’iceberg...

Son rire qui m’accompagne coupe court à mes réflexions et j’en oublie le reste. Je suis heureuse qu’il ne le prenne pas mal.

Ainsi il s’appelait...

- Antonn... C’est peu commun effectivement ! Antonn... J’aime bien ce prénom !

Il me fait lui aussi un clin d’œil auquel je souris en retour.

Ce n’était peut être que moi et mon imagination, mais pendant un instant, infime, je crus voir passer en ses yeux une lueur... d’émotion. L’avais je touché avec mes mots ?
Non, impossible...

Mais en entendant ses mots, cette toute dernière affirmation vola en éclats. Je n’avais pas rêvé et le plaisir n’en fut que plus grand.

- Merci.

Je dus sûrement rougir. Ses mots et son sourire... Je cachais ma gêne du mieux que je le pouvais et rajoutais avec une légère pointe de tristesse :

- C’est d’autant plus rare d’entendre ça... Quelqu’un qui semble apprécier ma différence est... inhabituel pour moi depuis bien longtemps. Alors je suppose que la rareté de ton prénom, couplé à celle de tes propos fait de toi une personne...

Je ne pu finir ma phrase car le train démarrait dans un grand coup de sifflet qui me fit sursauter.

Elle me perturbe.
Elle semble lire en moi comme dans un livre ouvert.
Je déteste ça.
En même temps ça trop faisait longtemps que personne ne réussissait à me comprendre.
Je ne sait pas quoi en penser.

Hésitation.

Elle me semble si sympathique mais...
Mais depuis Noah, je n'ai jamais eu de véritables amis.
Juste des limaces faisant tout ce que je leur demandait pour pouvoir faire parti de ma bande.
Des moldus avides de popularité qui se servait de ceux qui en avait plus qu'eux pour y accéder.
Ils m'avaient tous profondément dégoûtés de ce qu'ils osaient appeler l'amitié.
Peut être que Poudlard me permettra de me décrocher de cette fausse image qu'ils m'avaient envoyés de ce merveilleux lien qu'est sensé être l'amitié.

Espoir.

Je ne l'écoute plus, perdu dans mes pensées.
Soudain, sa dernière phrase ravive mon intérêt.
"Fais de toi une personne..."
Dommage qu'elle est été coupée par le sifflet du train.
J'aurais aimé savoir qu'elle personne je suis.

Intérêt.

Je la regarde en souriant et le lui demande.

-Ca fait de moi qu'elle personne? 

Je le demande sans arrogance cette fois.
Seulement comme l'être humain que je suis.
Ni supérieur.
Ni inférieur.
Juste moi.
Moi.
Au naturel.
C'est tout.
Felinah semble avoir un don pour tirer le meilleur de moi.
Avec elle je ne vois même pas l’intérêt de jouer au petit malin.
Ca ne servirait à rien de toute façon.
Elle semble trop bien lire en moi pour ça.
Avec elle je ne me cache plus derrière mon masque.

Détente. 
 

Je pus voir dans ses yeux, de la tristesse. Mélangée à du dégoût aussi. J’avais dans ma bouche le goût de cette rencontre douce-amère. Heureuse pour notre entente naissante mais aussi teintée de la tristesse de nos passés respectifs.
Je n’allais pas le lui demander aujourd’hui. Pas maintenant. Pourquoi évoquer des choses tristes en un jour de renouveau ?

Je ne finis pas ma phrase après le son strident. Je laissait planer en silence sa question pour l’instant muette, n’ayant plus le courage de le dire.
Mais c’est en voyant une lueur d’intérêt illuminer son visage que je compris que je ne serais pas tranquille avec cette question aussi longtemps que je l’aurais désiré.

Je ne sens dans sa phrase, aucune arrogance, aucun sous entendu. Juste une pure simplicité. Curiosité innocente.
J’ouvris ma bouche mais le son resta bloqué dans la gorge, l’instant d’une seconde.

- Une personne unique. Ça fait de toi une personne unique avec laquelle j’aimerais devenir amie...

Qu’y avait-il de mal à demander cela ? Peut être étais-ce parce que je n’en avait juste pas l’habitude... Peu importe la façon dont il le comprendrait, j’étais vraiment sincère.

Je le vois vraiment détendu et je me détends à mon tour. L’arrogance et la moquerie ont disparu, restées déjà loin derrière nous sur le quai.
Je me sens bien. Calme et posée.
Antonn a fait renaître d’une mystérieuse façon, un peu de confiance en moi et je lui en serais reconnaissante pour encore longtemps...

Elle hésite.
Avant de dire...
Avant de dire que je suis une personne unique.
Ca fait longtemps que je n'ai pas entendu quelque chose d'aussi gentil.
Ca me touche.
Plus que je ne l'aurais imaginé.
Mais le sourire qui était né sur mes lèvres se fige lorsque j'entends ses derniers mots.

Pause.

Elle aimerait devenir mon amie.
Suis-je prêt à la laisser prendre une telle place dans ma vie?
Je n'en sais rien.
Je ne la connaît pas assez. 

Hésitation.

En réalité quelque chose en moi me dit de lui faire confiance.
De lui laisser sa chance.
Mais si je me trompe.
Quel prix devrais-je payer de cette erreur?

Peur.

Peur de ce que pourrais devenir notre amitié.
J'ai déjà pris le risque trop de fois.

Pourtant.

Pourtant Felinah m'inspire une confiance inédite.
Je ne sais pas pourquoi.
C'est étrange.

Incertitude.

Bon, je lui laisse la chance de me prouver ses qualités.
Mais je la préviens.
Directement.

-Je suis sure que tu es aussi quelqu'un d'unique. Mais l'amitié...L'amitié je te le dit direct, pour moi c'est juste une invention, l'homme est trop centré sur lui même pour avoir des liens non intéressés avec les autres. Maintenant que tu connais mon point de vue, si tu veux toujours être mon amie, je veux bien essayer, tu arriveras peut être à me faire changer d'avis.

Je lui souri naturellement.

Calme.