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03 juil. 2020, 12:45
 Solo++  Souvenirs
1er septembre 2044
Vers 11h de matin



« Le début du chemin de la vie, tout tracé devant toi. Tu crois savoir où il mène mais nombreux seront les détours et
les sentiers inconnus à parcourir. »

•••

Je me laissai tomber sur la banquette, comme l’enfant perdue et malheureuse que je me sentais. Je déposai la tête contre la vitre et cherchai Maman du regard.

*Là*

Je fis apparaître un petit sourire sur mes lèvres en essayant de graver son image dans ma tête. Sa silhouette joliment marquée à contre-jour, ses cheveux châtains en queue basse, ses beaux yeux bleu-gris, ses joues rosées, son fin nez pointu, sa bouche souriante remuant afin de me faire passer un message…

Je chassai mes pensées et essayai de déchiffrer ses mots.

*Surtout… Amuse-toi… Amis… À fond…*

Des mots comme d’autres, qui voulaient dire tant de choses. J’accentuai mon sourire en hochant la tête est remuai à mon tour mes lèvres : « Ça va aller. » Elle me regarda, émue, et je restai un instant mes yeux dans les siens. Si rassurants. Si réconfortants.

Je levai mon pouce : « Ça va aller », répétai-je. Ses lèvres dessinèrent beaucoup de mots qu’il m’était impossible de lire avant de me sentir violemment secouée. Mon cœur fit un bond : déjà. Je partais. Prise d’une soudaine peur, je la regardai, ne parvenant plus à cacher mes émotions sous un masque tranquille et heureux.

Les trois mêmes mots sortirent de sa bouche à plusieurs reprises, jusqu’à que je finisse par les croire vraiment.

*Ça va aller.*

Maman secouait sa main tout sourire mais je savais très bien qu’elle cachait juste ses émotions. Comme moi. Je la regardai une dernière fois. Je savais que c’est la dernière mais essayai de ne pas y penser. Juste la regarder.

Le train toussotait, crachotait un peu de fumée qui irait piquer ses yeux. Il était en marche et plus rien ne pourrait l’arrêter. Mon regard fixé sur Maman, je sentis des larmes monter aux yeux. Non. Pas question de pleurer. Je frottai mes yeux avec un de mes poings et la vis se mettre à marcher, d’abord doucement puis plus vite, suivant le train, me saluant d’une main.

Je savais la fin du quai se rapprocher inexorablement, je levai alors ma main et la plaquai contre la vitre. Au revoir, une dernière fois.

« Au revoir. »

Maman s’arrêta au bord du quai et, à peine quelques secondes après, disparut de ma vue.

*Au revoir*

Je restai encore quelques minutes, le regard dans le vide, Maman dans l’esprit. Elle allait me manquer. Je finis par ramener mes jambes vers moi et posai mon menton sur mes genoux. Pour ne pas encombrer mon esprit de *stupides* pensées, de douloureuses pensées, je me remémorai les conversations avec Maman, courtes mais importantes, sur la voie 93/4.


***

Je suis là, parmi tant d’autres, ma main glissée dans celle de Maman, marquant un rythme continu des mes pieds, pressés d’enfin quitter cet environnement austère et écrasant. Elle me presse d’une voix stressée, surveillant d’un œil inquiet le Poudlard Express et de l’autre, la petite fille blonde que je suis.

La foule présente sur le quai n’est pas propice à une associable comme moi, voulant juste arriver le plus vite possible à Poudlard dans la solitude. Perdue dans mes pensées, je réagis à peine quand un enfant me percute de plein fouet avant de continuer sa course, bousculant des gens ici et là. Ma main glisse de celle de Maman et je tombe en arrière, atterrissant sur mes fesses. D’un air exaspéré, je soupire puis sursaute quand Maman, affolée, s’agenouille devant moi.

Elle s’inquiète pour moi, me demande si tout va bien. Je hoche la tête et elle m’aide à me relever, un jetant des coup d’œils stressés au tour de nous. Elle n’aime pas attirer l’attention.


Fais attention, me demande-t-elle.

Je lui souris, comme pour la rassurer mais elle me surprend en posant ses mains sur mes épaules et sondant mon regard. Après quelques secondes – ou peut-être quelques minutes ? – de ses yeux inquiets dans les miens, elle me serre fort contre elle.

Je ferme les yeux, respirant son parfum, et lui rends son étreinte, la gorge serrée. Je veux rester là, avec elle, sentir sa respiration régulière contre moi, mais je ne peux pas. Je n’ai pas le temps. Alors, je résous tout à un mot.


Promis.
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03 juil. 2020, 14:23
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« Promis. » Un simple mot mais qui assurait quand même une dévotion sans limites à cette règle…

*Pas pleurer*

Je secouai la tête et posai mon regard sur le paysage défilant derrière les vitres du train. Un paysage anglais… À moins qu’on ne soit déjà en Écosse ? Non, je ne croyais pas, il était encore trop tôt…

Maman m’avait longuement parlé de ce merveilleux voyage, des beaux paysages, des sympathiques personnes rencontrées dans le train. Je reniflai ; « sympathiques personnes », tu parles, « sympathique vide » plutôt. J’imaginai ce que ça ferai d’avoir à coté de moi quelqu’un avec qui parler de tout et de rien, de ci et de ça… J’aurai pas ça, moi, à quoi bon ? Le silence était bien plus simple, il ne faisait de mal à personne…

*Faux*

Faux, en effet. Pas à personne.

Je soupirai et étirai mes bras devant moi, sans trop savoir que faire. Lire un livre ? Non. Regarder le paysage ? Non. Alors quoi ? Ruminer des pensées et des Souvenirs ? *Oui.* Mais à quoi bon ? J’allais à Poudlard, il fallait plutôt aller de l'avant, sans regarder en arrière !

*Tu parles, on dirait une grand-mère quand on t’entend.*

Je fis taire la voix et déposai ma tête sur l’arrière de la banquette. Je laissai partir mes pensées, que faire sinon, à part me morfondre jusqu’au soir ? Je fermai les yeux et visualisai sous mes paupières les visages de Maman et Papa, à tour de rôle. Maman, souriante. Papa, toujours si sérieux. Même dans ma tête.

Voilà sur quoi j’allais pouvoir ruminer ; Papa. Mon père. Cet homme si sévère mais si… spécial. Papa, quoi. Je ne faisais qu’obéir aux ordres de Maman, après tout, comme la jeune enfant que j’étais, ne voulant pas prendre ces responsabilités. Trop tôt. Trop dur. Trop douloureux.

*Vaut mieux pas penser à ça… Après s'tu veux pleurer et te ridiculiser, en avant !*

Mais si ça permettait de m’occuper… Je soupirai de nouveau, fatiguée d’avance pour le long voyage. « Tu verras, ce sera pas long », m’avait dit Maman. « Faut juste te faire des amis. Il faut so-cia-bi-li-ser, ma chérie. So-cia-bi-li-ser. »

*Toi, sociabiliser ? Tu parles…*

J’ouvris les yeux, décidée à m’occuper et ne pas faire le légume pendant tout le trajet. Je saisis mon petit sac à dos à carreaux écossais, que Maman avait utilisé pendant sa scolarité à Poudlard, et en sortis Aventures fabuleuses. Mon cœur se serra en voyant le livre et je fermai les yeux un instant.

***

Le train va bientôt partir, m’avertit Maman.

J’ai pas envie…

Eryne, dit-elle en me regardant tendrement. Tout va bien se passer, je te le promet. Il ne faut pas s’inquiéter. Je t’écrirai, d’accord ? Et je te donnerai de nos nouvelles. Tu peux toujours m’envoyer un hibou concernant tes doutes ou tes problèmes, ma chérie. Je sais qu’on en a déjà parlé à la maison, rit-elle quand j’ouvre la bouche, mais je veux que ce soit clair. N’hésite surtout pas à m’envoyer une lettre !

Je hoche la tête et un sourire se dessine sur ses lèvres.

Et, avant que tu files… J’ai un petit cadeau !

Elle sort de son sac un gros livre qu’elle me tend. Je le prends précautionneusement et regarde la page de titre. Aventures fabuleuses. Mes yeux s’illuminent et je relève mon regard vers elle. Je le baisse de nouveau pour lire le résumé, émerveillée.

Il te plaît, alors ? Oh, super, rigole-t-elle en entendant mes exclamations joyeuses tout en examinant le livre sous toutes ses coutures. C’est une belle histoire, j’espère qu’elle…

Merci !

Je me jette dans ses bras avant qu’elle ne puisse rajouter quoi que ce soit. Elle me serre dans ses bras et me caresse les cheveux, émue.

Ma petite fille qui devient grande… Tu vas me manquer, ma jolie.

Toi aussi, Maman…

J’enfouis mon visage dans les plis de sa robe pour qu’elle ne voit pas les quelques larmes perlant aux coins de mes yeux couler.

Je t’aime.
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03 juil. 2020, 15:45
 Solo++  Souvenirs
Je regardai le livre entre mes mains d’un air mélancolique avant de me décider à le ranger de nouveau dans mon sac. Je le lirai plus tard, quand j’en aurai l’envie. Quand j’en aurai le courage. Le courage d’affronter la solitude et les kilomètres me séparant de mes parents ; le courage d’affronter mes Souvenirs ; le courage d’accepter ce grand changement dans ma vie.

*Le courage. Courage.*

Je n’étais pas courageuse. Du tout. Suite à ces mots, mes pensées se tournèrent vers un tout autre sujet m’inquiétant à plus au point… les maisons. Mon manque de vaillance m’aidait déjà à savoir que je ne serais pas dans la maison Gryffondor. Et puis… Maman m’avait décrit les Serpentard comme des personnes fières, provocantes, nobles, ambitieuses, rusées… J’étais peut-être fière et ambitieuse mais provocante et noble ? Je n’étais clairement pas destinée à Serpentard. Il restait quoi comme maisons ? Poufsouffle et Serdaigle ? Mais pourquoi je me posais cette question ? J’allai aller à Serdaigle, c’était sûr. Comme Maman.

*Et si t’y vas pas ?*

Je fermai les yeux. J’allai y aller, j’allai y aller, c’était sûr. Je voulais y aller. Maman m’avait légèrement raconté comment était la salle commune des Bleus, les grandes bibliothèques, la hauteur de l’endroit…

*Stop. Et si t’y vas pas ? Arrête d’penser à ça !*

De toute façon, ce n’était que la deuxième étape, ça. J’avais du temps ; « Première étape, voyage dans le Poudlard Express : en cours. Deuxième étape, répartition des élèves de première par le Choixpeau Magique : à venir. Troisième étape, installation dans la maison : à venir. » J’avais du temps.

J’avais du temps.

***

Assise sur mon lit, je regarde Maman jeter des coups d’œil dans ma malle cocher la liste des fournitures scolaires. Plus qu’un jour avant mon départ, le stress est à son comble. Tout a été acheté ? Le jour du départ planifié ? Suis-je prête ? Mentalement ? Physiquement ?

Elle marche dans tout les sens, nerveuse elle aussi. Je la suis du regard, sans piper un mot. Sans lui dire à quel point je suis triste de partir. À quel point j’ai peur. À quel point j’aimerais parler de Poudlard à Papa. À quel point j’aimerais rester ici. Mais aucun son ne sort de ma bouche.

Elle laisse la liste sur une étagère et se tourne enfin vers moi pour me dire que tout y est, tout est prêt. Je baisse les yeux et tente de garder cet air impassible pour ne pas m’effondrer devant elle. Je ne veux pas qu’elle sache tout ce que je ressens. Elle s’assit sur le bord de mon lit et me scrute. Elle sait que quelque chose ne va pas, elle a toujours su le voir.


Eryne…

Ça va, t’inquiète.

Mes mots ne font que l’inquiéter plus. Je lui offre un grand sourire.

Pourquoi ça n’irait pas ? Je pars à Poudlard, après tout ! Dans une école de magie où je ne vais connaître personne, où je serais loin de vous, seule. Avec en plus, un hyper long voyage en train où je vais être seule – encore ! – et m’ennuyer à mourir. Qu’est-ce qui n’irait pas ?

Elle secoue la tête, signe qu’elle a compris mais je continue dans ma lancée :

Et si je suis pas à Serdaigle ? Pas à Serdaigle ? je répète, angoissée.

Ma jolie… elle me sourit de façon rassurante. N’importe la maison dans laquelle tu seras. Serdaigle, Gryffondor, Poufsouffle, Serpentard, ça ne va rien changer, Eryne ! Rien du tout !

Elle s’approche ensuite de moi pour me prendre dans ses bras et me bercer doucement, comme un petit enfant. En me disant qu’il ne faut pas que je m’inquiète. Que ça va aller. Que le voyage en train ne sera pas si long. Que je vais me faire des amis sans problème – comment une si adorable petite, non, grande fille ne pourrait pas se faire des amis ?

Je me laisse faire, c’est exactement ce que je cherchais. Un peu de réconfort.


***

Un peu de réconfort. J’en voulais, maintenant, oui, je voulais aussi avoir Maman qui me prendrait dans ses bras pour me consoler. Ou Papa, qui me regarderait le plus gentiment qu’il est capable et me ferait une blague sur la rentrée, pince-sans-rire. Oui, je voulais ça.
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03 juil. 2020, 19:11
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Des éclats de rire se firent entendre et la porte de mon compartiment s’ouvrit. Un groupe d’élèves bien plus âgés que moi entrèrent en me dévisageant bizarrement avant qu’un d’entre eux ne lance :

On peut v’nir ici ? Y’a plus de place dans les autres compartiments.

Intimidée et sans savoir quoi faire, je hochai rapidement la tête. Trois d’entre eux s’assirent sur la banquette en face de la mienne alors que le quatrième s’installa à ma gauche, son sac-à-dos et une cage entre nous. Je me fis toute petite entre ces sorciers géants et terrifiants.

Voilà ce qui allait drôlement changer mon voyage. Étouffée sous le vacarme de la conversations des « grands », je serrai mes bras au tour de mes genoux, comme pour ne cacher derrière mes jambes. Je ne voulais pas d’eux. Je voulais pas de tout ce bruit. Je ne voulais pas de tous ces gens se connaissant alors que moi j’étais seule. Je voulais que la Solitude soit la seule à m’accompagner dans ce compartiment.

J’observai les quatre adolescents à coup d’œils discrets, sans savoir que dire, que faire. Deux filles et deux garçons. Plus âgés que moi. Absorbés dans une discussion animée. Le sorcier assis à ma gauche faisant de grands gestes pour accompagner ses paroles, manquant de me donner des coups de ses mains. Un autre l’air profondément ennuyé. Une des jeunes filles l’air totalement obnubilée par le discours du premier et l’autre l’interrompant de temps en temps pour donner son avis. De quoi parlaient-ils ? Je ne pris même pas la peine de les écouter – difficile à cause de leurs fortes voix – et dirigeai mon regard vers les plaines derrière les vitres du train.

Et maintenant, que pouvais-je faire ? Je n’étais plus seule dans mon compartiment et un unique mouvement ou bruit de ma part me faisait terriblement rougir. Je n’osais même plus déplier mes jambes ou me pencher pour saisir mon sac et en sortir un livre ou des biscuits. Je guettai du coin de l’œil un mouvement annonçant leur départ mais il semblerait qu’ils étaient décidés à rester ici. Si tout le voyage allait se dérouler comme ça, je risquais d’arriver à Poudlard à moitié endormie…

Ennuyée, je commençai à parcourir du regard la pièce quand je fus surprise du nouveau silence régnant entre les quatre sorciers. Je relevai discrètement ma tête vers eux et les vis se faire des gros yeux les uns les autres avant qu’une des deux sorcière ne se tourne vers moi pour demander d’un voix forte et sympathique mon nom.

Surprise qu’ils m’aient adressé la parole, je les regardai à tour de rôle. Le bavard semblait contrarié que la fille l’ait interrompu pour me parler mais, tout comme les autres, me fixait d’un demi-sourire.

Je… J’m’appelle Eryne O’Kieran.

***

Maman ! Maman ! Y’a un hibou qui tape à la fenêtre !

J’entends Maman débouler dans ma chambre depuis le salon. Je sais déjà ce que signifie le sceau fermant la lettre. Enthousiasmée, j’en ai oublié toute ma prudence et Papa arrive derrière Maman, d’un air abasourdi en voyant le volatile.

Qu’est-ce que… commence Papa.

Maman me jette un regard légèrement contrarié et lourd de sens avant de porter sa main à l’intérieur de sa veste. Je vois le bout de sa baguette pointer vers la fenêtre et ses lèvres murmurer quelques mots. Je me tourne moi aussi vers l’emplacement du hibou quelques instants auparavant et je suis surprise de me rendre compte qu’il n’y est plus. Maman ignore totalement mon regard interrogateur et me demande, en me faisant de gros yeux :

Je peux savoir de quoi tu parles, Eryne ?

Angoissée, je ne comprends pas pourquoi elle feint ainsi mais je joue son jeu et baisse les yeux en expliquant que je voulais leur faire une blague.

Eryne ? Pourquoi ?…

J’m’ennuyais et j’ai cru que c’était drôle, je murmure, essayant de feindre un air coupable.

Papa secoue la tête, mécontent, sûrement sûr d’avoir vu un doudou-hibou, et sort de la petite chambre en regardant d’un air encore suspicieux la fenêtre. Maman attend quelques instants avant de fermer doucement la porte et prononcer un nouveau sort pour faire apparaître le messager. Elle ouvre la fenêtre et détache la lettre de la patte du hibou. Je m’avance moi aussi une boule au ventre et manque de sursauter en voyant calligraphié sur le dos de la lettre mon nom.

Eryne O’Kieran.


***

Perdue dans mes pensées, je les écoutais à peine quand ils se présentèrent tour à tour. L’adolescente tentait sûrement de me faire rentrer dans leur conversation par pitié mais je n’en avais pas envie. En effet, quand ils recommencèrent à parler, je fis un petit sourire à la jeune fille comme moyen d’excuse et me tournai vers le paysage en feignant de l’observer alors que toutes mes pensées étaient rivées sur un même Souvenir : la lettre qui, un beau jour, était venue m’annoncer la plus grande nouvelle de ma vie… Qui s’avérait être plus douloureuse que ce que je pensais.
Dernière modification par Eryne O'Kieran le 25 juil. 2021, 18:45, modifié 1 fois.

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03 juil. 2020, 23:14
 Solo++  Souvenirs
Regardant le paysage défiler depuis un temps me paraissant éternel, l’ennui était à son comble. Ne sachant que faire, je me penchai vers mon sac que je déposai sur mes genoux et ouvris. Je listai rapidement son contenu dans ma tête : baguette, Fabuleuses aventures, une boîte de patacitrouilles et fondants du chaudron que m’avait acheté Maman, une bouteille d’eau, mon rapeltout, mon journal intime avec une plume et un petit portefeuille avec peu d’argent pour m’acheter quelque chose si besoin.

Je sortis de l’eau pour boire une gorgée mais restai ensuite immobile, réfléchissant à n’importe quoi pouvant m’occuper. Les « géants » continuaient leur conversation sonore conversation tandis que je regardai distraitement les vallées anglaises ou écossaises – où étions-nous ? – derrière les vitres du train.

Pour m’occuper, je surveillais les quatre adolescents du coin de l’œil, comme si leurs mouvements pouvaient m’occuper. Je les vis déballer des chocogrenouilles et avaler des dragées surprises de Bertie Crochue, discuter de vive voix, se donner des petites tapes amicales et éclater de rire… Les voir ainsi ne faisait que me rappeler à quel point j’étais seule et démunie ; sans amis et sans famille à Poudlard ; sans rien.

Je déposai de nouveau mon sac au sol et fermai un instant les yeux. « Il faut so-cia-bi-li-ser, ma chérie. So-cia-bi-li-ser. » Le jour où j’avais entendu ces paroles sortir de la bouche de Maman semblait déjà si loin… Le souvenir de ses bras au tour de moi, de son regard doux et réconfortant aussi. Elle n’était plus là, à côté de moi, je devais me rendre à l’évidence.

C’était ce même jour que, pour la première fois depuis longtemps, Papa s’était laissé voir ému. Je partais, sa petit fille devenait grande, me disait-il. Il m’avait prise dans ses bras et chuchoté à l’oreille que peu importait mes notes. Peu importait son exigence. Qu’il me faisait confiance pour que cette année se déroule à merveille.

*Et la voilà qui va s’mettre à pleurer !*

Non. Je n’allais pas pleurer. Ce n’était pas une bonne idée, là, avec les « grands ». J’ouvris mes paupières et tournai mon regard vers les deux sorciers et les deux sorcières toujours si absorbés par leur conversation. Je me demandai un instant quel était ce sujet si intéressant mais secouai la tête comme pour chasser ces pensées : *faut pas t’intéresser à eux*. Mais mes yeux semblaient oublier cet ordre, ils se tournaient de nouveau, encore et encore, vers les bavards. Sans cesse, mes pensées dictaient de ne pas les regarder, mais ma vue faisait l’inverse.

Après quelques minutes comme cela, mon regard et mon cerveau se mirent enfin d’accord ; un chat. Il y avait un petit chat dans notre compartiment. Tout mignon, ronronnant sur les genoux de son maître. Un doux sourire se dessina sur mes lèvres en voyant le petit animal et un Souvenir s’imposa dans ma tête.

***

Le mois de juillet étant bien entamé, un grand soleil un me permet de jouer à ma guise dans le jardin, sautant partout, faisant des poiriers ici et là, ramassant des fleurs pour en faire des bouquets. Mon lilas est là, planté majestueusement dans le jardin. Mes yeux s’illuminent à chaque fois que je le vois, mon Confident. Mon Arbre. Mon Lilas.

Je m’approche doucement de ce dernier, les marguerites rassemblées et je les laisse au pied du lilas. Je penche un peu ma tête avant de retourner à mes cabrioles de gamine.

Papa est dans son bureau et Maman à la boutique, ce qui fait que je suis seule dans notre jardin, endroit de mes rêves. Du haut de mes huit ans, la solitude ne me fait pas peur et j’aime m’amuser seule dans notre potager.

Épuisée de tant de sauts, je me laisse tomber dans l’herbe et regarde le ciel. Les nuages. Ces drôles de petits dessins blancs dans le ciel, enrichissant cette étendue bleue où vit le soleil. Je regarde un chien blanc accroché à la voûte céleste, une baleine et une étoile lui tenant compagnie. Une balle de tennis et une voiture se promenant dans le champ où poussent des étoiles la nuit.

Je suis heureuse dans ce petit paradis qu’est ma vie. Heureuse.

Entendant un feulement, je me redresse et suis surprise de voir le chat de la voisine courir ici et là, comme un fou. Que fait-il ? Étonnée, je me lève et m’approche de lui jusqu’à distinguer une petite forme blanche courir devant le museau de la boule de poils noire. Une souris ?

Je m’élance derrière eux, essayant d’attraper le félin pour qu’il laisse le minuscule animal tranquille mais ils sont bien trop rapides pour moi. Soudain, je vois la gueule du chat s’ouvrir férocement pour saisir la petite souris entre ses dents. Effrayée, je ne peux m’empêcher de hurler et fermer les yeux d’angoisse.

Les cris qui suivent sont horribles. Apeurée, j’entrouvre un œil, et puis l’autre et là… Je vois bouche-bée le félin flotter dans l’air, donnant des coups de griffe au vent et feuler comme s’il était possédé par un démon. La souris a disparu et je regarde au tour de moi. Je suis seule. Après quelques instants, je comprends.

Ce chat… C’est moi qui l’est fait voler ! Ça veut dire que… comme Maman… je suis une sorcière ! Toute excitée, j’ouvre la bouche pour crier ma joie sans qu’aucun son ne sorte. Je suis une sorcière ! Une sorcière !

L’animal continue à feuler à en faire mal aux oreilles jusqu’à ce que, d’un coup, il tombe à terre, sans que je lui prête la moindre attention, trop occupée à sauter d’allégresse. Je suis une sorcière !


***

Cet heureux Souvenir dans la tête, je regardai avec amour l’animal qui ronronnait sur les genoux du sorcier avant de me décider enfin à saisir mon livre dans mon sac. Je l’ouvris à la première page où je vis griffonné de la belle écriture de Maman un petit mot à mon attention. Un tendre sourire aux lèvres, je débutai ma lecture.

Des heures plus tard, un long crissement me sortit du livre et je regardai au tour de moi, surprise. On était déjà arrivés ? Je baissai les yeux vers mon livre. En ces quelques heures, j’avais eu le temps de manger toutes les friandises dans mon sac, feuilleter mon journal intime aux dernières pages, observer le paysage et les sorciers partageant mon compartiment, m’ennuyer, lire la moitié de mon livre…

Je clignai des yeux, éberluée suite à cette longue lecture et rangeai mes affaires dans mon sac. Un nouveau crissement me ramena à la réalité et je faillis sauter de joie, bien qu’un peu de tristesse soit encore présente dans un coin de mon esprit. De bonne humeur, je m’étirai doucement avant de me préparer à sortir de wagon.

Mes pieds foulèrent le sol du quai et mes pensées m’emportèrent vers la contrée lointaine où j’étais arrivée.

*L’Ailleurs.*


Mots soulignés pour un défi.
C'est la fin de cette Danse, merci à toi de l'avoir lue ! Si tu as une quelconque question sur les lignes ci-dessus, tu peux toujours m'envoyer un hibou.

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