Un à un, chacun des attributs personnels de Bad s’envolait pour reprendre place dans son sac. Le garçon observait, avec une admiration contenue, la Magie faire une tâche qu’un Moldu aurait peiné à accomplir. Mais le Serdaigle ne pouvait rester ébahi plus longtemps devant la facilité et la nonchalance avec laquelle Mr Hughes exécutait son sortilège. Bad ne l’avait pas convaincu avec ses excuses et l’entame du mensonge semblait avoir été percé à jour. Il avait eu faux sur toute la ligne et allait devoir mettre les bouchées doubles s’il voulait remonter dans l’estime du vieil érudit.

Alors qu’Elowen se confondait en excuses à son tour, Bad vit les fils dentaires à la menthe à ses côtés. Une pointe de satisfaction naquit en lui lorsqu’il s’en saisit pour les offrir au professeur.

Aïe !

Sa camarade avait eu la même idée que lui mais avait été plus rapide. En arrachant les friandises des mains de Bad, Elowen avait emporté avec elle un peu de l’épiderme du garçon sous ses ongles. Le Serdaigle retint une grimace, masquant sa douleur. Il ne souhaitait pas laisser une plus mauvaise image au professeur qu’il n’avait déjà en se plaignant et en se montrant délicat.

Serrant les dents, Bad fixa sa peau à vif à la base de son pouce. Une légère colère envers la jeune fille montait en lui. Il s’était fait doublé dans son initiative et lui en voulait. C’est avec un énorme plaisir que la garçon vit alors Mr Hughes refuser les sucreries, préférant offrir à Elowen une réflexion piquante en lien avec événements précédents. Bien fait !

Après avoir manqué de se tordre le cou en fixant son sac s’installer magiquement sur le porte-bagage au-dessus sa tête, Bad reporta son attention sur Mr Hughes qui avait désormais les mains sur les hanches. Lui, son sac, il ne semblait pas avoir fini de le vider. Le quatrième année, fébrile à la suite de l’incident de l’insigne, baissa la tête en attendant une nouvelle vague de reproches qui ne tarda pas à arriver.

Bad avait compris la leçon mais le professeur semblait résolu à leur faire passer un message mémorable sur le respect d’autrui. Une vision des choses que le garçon comprenait et partageait mais à laquelle il n’avait pas fait honneur. L’arrivée tardive sur la quai, la fatigue et le train bondé, l’avaient empêchés de prendre du recul sur ses propos. Une fois mis en lumière, il était vrai que ceux-ci n’auraient jamais dû être prononcés.

Alors que l’homme semblait s’être calmé, il fixa Bad en lâchant une dernière phrase qui perturba grandement le Serdaigle. Le professeur avait souligné son rôle de préfet en demandant s’il était “pressé” de retourner à Poudlard. Le garçon ne savait que répondre. Il n’arrivait pas à savoir si la question était bienveillante ou empreinte d’une touche de second degré qu’il n’avait pas saisie. Bad, mal à l’aise, laissa quelques secondes de silence s’installer dans le compartiment avant de répondre en redressant un visage légèrement rougit vers Mr Hughes. Il sentait un piège - peut-être fictif - dans lequel il voulait à tout prix éviter tomber.

« Je … Heu … Oui, ça va … Je veux dire, je suis content de retourner à Poudlard. C’est vrai que je pensais pas recevoir cette insigne dans mon courrier de rentrée. »

Mais la pensée qui guettait dans la tête du garçon depuis que son sac s’était renversé finit par surgir comme libérée de ses chaînes.

« Mais vous pensez vous aussi qu’avec ce qu’on a dit toute à l'heure, je devrais refuser ? Vous avez sûrement raison quand vous dites que cela montre ce que l’on est vraiment. Culpabilité et doutes s’insinuaient dans les moindres recoins de l’esprit de Bad. Si ça se trouve, ils se sont trompés en me choisissant. Ils ne me connaissent pas vraiment après tout. »

Les craintes qu’il avait ressentis cet été en apprenant qu’il allait devenir préfet semblaient fondées. Il ne devait pas accepter un rôle qu’il avait obtenu en masquant sa nature profonde. Il n’était pas digne de cette insigne. Le professeur le pensait sûrement lui aussi.

@Matthew Hughes @Bad Eaven


Je suis là, toute gentille avec mes bonbons, à les lui proposer naïvement, et le professeur les refuse. Je me demande alors quel est le problème, et me mets à douter de la propreté de mes mains. Pourtant, après vérification, elles semblent relativement propres ! C'est à n'y rien comprendre, surtout que l'excuse utilisée à l'air plutôt branlante. Bon, je me dis qu'il n'a juste pas voulu me vexer, et que c'est une façon de m'humilier un peu pour me faire passer le message. Toute gênée, je récupère ma main, mange un fil dentaire et range les autres dans ma poche, où ils viennent se perdre au milieu des croquettes de Chaussette.

Un ange passe. Pendant ces quelques secondes, je regarde le professeur lancer son sort de façon incroyablement précise et sereine, et je vois le sac de Bad se remplir, de manière très organisée, se refermer et aller se suspendre au dessus de nos têtes. Cet homme fera un bon professeur, c'est certain, il à l'air de très bien s'y connaître en sortilèges. Tout à coup, le doute vient s'installer dans mon esprit. Il y a plus d'un an, j'avais Miss Perkins comme professeure, et à aucun moment elle ne nous a annoncé sa démission ! Un évènement grave est-il survenu ? Ou bien ne me l'a t-elle pas dit car je ne suivais plus son cours ? Je ne comprends vraiment rien... Cependant, je me réjouis car cela signifie que je n'aurais pas ce monsieur comme professeur pour l'année à venir. Autant partir sur des bases saines avec ses nouveaux enseignants !

Monsieur Hughes me coupe dans ma réflexion pour à nouveau venir nous sermonner. Penaude, je n'ose regarder Bad et me concentre sur le fait de ronger mes ongles. Mon ait farouche et audacieux a disparu pour laisser place à la culpabilité. Une réprimande m'atteint rarement, mais lorsqu'elle est répétée, encore et encore, elle finit forcément par avoir des conséquences sur mon état. Je m'en veux, je me suis excusée, justifiée, mais cela ne semble pas suffire au professeur qui en rajoute à nouveau une couche. Je prie alors Merlin pour que la galère dans laquelle je me suis fourrée s'arrête.

Ma prière semble avoir été entendue quelque part, car à peine le vieux monsieur s'est-il rassit, qu'il enchaîne avec un autre sujet. Il nous demande si on veut retourner à Poudlard ? Mais quelle merveilleuse question ! Sa voix semble s'être adoucie, ce qui me rassure légèrement. Je me risque à relever un œil et à regarder dans la direction de Bad, pour voir ce qu'il est occupé de faire. Voyant qu'il s'apprête à répondre, je me tais et le laisse s'exprimer. Lorsqu'il a terminé, je ne peux m'empêcher de lui répondre.

- Mais non Bad, tu dis n'importe quoi, tu le mérites cet insigne ! Tu es super gentil, en plus le gens t'aiment bien, tu as plein de qualités ! Et je suis certaine que tu es très sérieux. J'ai même pas eu l'occasion de te féliciter que tu voudrais déjà baisser les bras ? Hors de question, c'est pas Bad qui parle là, rendez-moi le vrai Balthus !

Avec Bad, nous nous sommes connus dans une situation assez improbable. Nous étions tous deux au plus mal, et il se pourrait qu'égoïstement... je l'ai frappé ? Accidentellement mais intentionnellement ? Heureusement, après cet épisode, on a un peu plus parlé pour se rapprocher, et je ne regrette absolument pas de le connaître. C'est un chic type, comme j'aime le dire.

- J'ai aussi très hâte de rentrer moi monsieur. J'ai envie de retrouver tous mes copains, et d'étudier les runes et la botanique. J'ai quand même passé un super été avec ma copine, Eileen, et toute ma famille. On est 8 enfants vous savez ? Et vous, il était comment votre été ? Il paraît que certains ont voyagé à l'étranger, en France par exemple, vous y croyez ? C'est archi loin ! Je trouve ça génial ! Et aussi, j'ai une question, il est arrivé quoi à Miss Perkins ? Je l'aimais bien moi...

Je parle plus vite que je ne pense, et ce depuis des années. Mes pensées se mélangent dans ma tête, et sortent à toute allure, n'ayant ni queue ni tête, et n'ayant aucun lien les unes aux autres. Maintenant que les gens sont habitués à ma façon de parler, je ne fais plus aucun effort, même si au début me faire comprendre a été compliqué. Pendant que je m'exprime, mes mains gesticulent en tous sens, témoignant du bazar cérébral qui m'habite, et mes yeux s'agrandissent à l'évocation de ce merveilleux souvenir qu'étaient mes vacances.


Veuillez excuser mon retard... Je suis penaude, tout comme Elo

Assis sur la banquette en cuir du compartiment, je regardai les deux enfants avec un ton beaucoup plus apaisé que précédemment. Leurs explications avaient suffit à me convaincre et j'enlevai de mon esprit toute la rancoeur que j'avais pu avoir envers les propos consternés qu'ils avaient prononcés. Après tout, j'allais passé plusieurs heures coincé dans ce train avec eux, il était hors de question de me disputer avec eux et de passer un voyage sous tension. Les visages des deux élèves semblèrent également s'apaiser ; tout air contrarié ou de peur avait disparu.

*Bad, quel drôle de prénom* me dis-je en pensant au garçon qui se mettait à s'interroger sur ses capacités à être préfet ou non. Ne connaissant pas du tout cet élève, comment pouvais-je juger ses habilités à maintenir l'ordre dans Poudlard. Il est vrai que le peu que j'avais vu n'était pas encourageant, mais je n'étais pas du genre à émettre un jugement sur une personne au bout de quelques minutes – seul le temps était capable de m'aider pour dresser un profil complet sur une personnalité. Néanmoins, je ne pouvais pas me permettre d'encourager cet élève et prétendre qu'il était digne de cette nouvelle fonction car le peu que j'avais pu observer de lui n'était pas reluisant.

« Une personne ne se résume pas à des propos isolés – enfin, j'espère qu'ils le sont – qu'elle a pu prononcer sous le coup de l'excitation de retrouver ses amis. J'imagine que si votre directeur de maison, je ne savais même pas si mon collègue de Serdaigle était un homme ou une femme, a décidé de vous confier cette responsabilité, c'est qu'il vous accorde sa confiance, une confiance que vous devez sans doute mériter. »

Je gratifiais le garçon d'un sourire bienveillant – un sourire réel et non feint – avant de regarder sa camarade le complimenter. Elle ne pouvait s'empêcher de le rassurer, mais était-elle vraiment honnête ? Mon sourire disparut de mon visage lorsqu'elle m'interrogea sur mon été, une ombre traversant mon visage. Je n'eus pas le temps de penser davantage à cette histoire estivale qu'elle me questionna sur ce qui était arrivé au professeur Perkins. Aucune information ne m'avait été communiquée à ce sujet. Ce nom ne me disait rien, il ne s'agissait pas d'une de mes collègues lorsque j'enseignais il y a une dizaine d'années au château. Un nom qui toutefois ne m'était pas inconnu, puisque j'avais connu un John Perkins et ses cousins à mes tout débuts au château, et bien plus tard une Eleanor qui s'était avérée être une élève pleine de bonne humeur et droite dans ses bottes.

« Navré, je ne connais pas personnellement le professeur Perkins – ni aucun de mes futurs collègues. Mes anciens collègues enseignants sont tous partis à la retraite, je vais redécouvrir les habitants du château. Mais rassurez-vous, ce n'est pas elle que je remplace, mais le professeur Penwyn de ce que j'ai compris. Je suis le nouvel enseignant d'Étude des Moldus. »

J'espérais ne pas donner de faux espoirs à cet enfant et que le professeure serait bien là ce soir au château. De nombreux événements terribles s'étaient déroulés à Poudlard ces dernières années. Le turn-over du corps enseignant était impressionnant et cela m'inquiétait que les enseignants soient si régulièrement amenés à changer.

Ce fut Mr Hughes qui réagit le premier. L’homme expliqua, avec une expérience certaine et un recul dû à l’âge, que cette erreur seule ne pouvait pas prévaloir d’un reflet complet de la personnalité du garçon. Il acheva sa réponse d’un sourire véritable. Bad sentit le poids qui l’oppressait perdre de son intensité.

Puis ce fut au tour d’Elowen de réagir. Devant les doutes du Serdaigle, elle s’emporta, comme déçue de voir son ami, avoir si peu confiance en ses capacités à réussir. Les mots qu’elle avait choisis, aussi spontanés soient-ils, redonnaient le sourire à Bad. Il releva la tête vers sa camarade et lui adressa un regard tendre de remerciement. Il trouvait cela plus simple et sincère qu'une réponse maladroite.

Prenant en considération les paroles de chacun, le Serdaigle, pensif, fixa le sol, les mains plaquées entre les jambes. Il finit par s’adresser à la fois à l’amie et au sage.

« Vous avez sans doute raison. Je dois montrer que j’en suis capable. Merci de vos encouragements. Vraiment. »

Il n’avait sûrement pas été choisi au hasard par Miss Holloway. Elle avait dû pressentir qu’il serait à la hauteur de la tâche confiée. En tout cas, Bad tentait de se convaincre. La confiance en soi était primordiale à la réussite de son nouveau rôle.

Finalement, Elowen changea de conversation, à la satisfaction du garçon, en parlant de son été mais, plus étrange, du départ de Miss Perkins. Comment savait-elle que le professeur Hughes enseignait les Sortilèges ? Bad l’aurait plutôt imaginé dans la Botanique. Malheureusement, le garçon n’avait pas d’aîné à Poudlard, il y a dix ans, qui aurait pu le renseigner sur le profil de ce nouvel ancien enseignant.

Par chance, la réponse ne tarda pas à arriver. Mr Hughes était donc professeur d'Étude des Moldus. Une matière que Bad ne suivait pas en filière Auror et qui n’aurait été, pour ce garçon ayant vécu ses dix premières années sans connaître le monde de la Magie, que peu enrichissante selon lui. En repensant à ce qu’il appelait son ‘ancienne vie’, une vague de nostalgie parvint à l’esprit de l'adolescent. Un souvenir de voyage en train avec son frère Cadell et son père moldu Kenneth lui apparut instantanément en mémoire. Une pensée qu’il balaya rapidement d’un geste de la tête pour se reconnecter au présent. Mr Penwyn s’était effectivement volatilisé de l’école plusieurs mois avant la fin de l’année scolaire précédente. D’autres professeurs avaient pris le relais et Bad, ne suivant pas cette matière, en avait oublié cette mystérieuse disparition.

En pleine rupture entre le monde sorcier et moldu, le rôle de ce nouvel enseignant ne semblait pas chose aisée. Le Serdaigle ne comprenait pas cette fracture que l’on cherchait à accentuer pour des raisons qui le dépassaient. Bad ne faisait aucune distinction de valeur entre sorciers et Moldus. Et pourtant, autour de lui, tout semblait vouloir l’affecter à un camp.

Ce nouveau professeur était-il un sbire du pouvoir en place ou un défenseur des Moldus ? La curiosité de Bad ne pouvait être assouvie qu’en posant la question à l’homme à ses côtés. Une interrogation qui pouvait, connaissant son caractère, aussi faire réagir son amie.

« Professeur, excusez-moi mais vous pensez quoi du conflit entre les sorciers et les Moldus ? Est-ce que c’est ça qui vous a fait revenir à Poudlard ? »

Bad se savait intrusif mais la réponse, si elle lui parvenait, serait fondamentale sur la manière dont il percevrait ce nouvel enseignant.

@Matthew Hughes @Bad Eaven


Je suis toujours assise, à écouter mon potentiel futur professeur me parler, et enfin je commencer à relâcher un peu la pression qui m'habitait quelques instants auparavant. Les tensions semblent s'être apaisées, comme si, de tous les côtés, nous avions souhaité tourner la page et éloigner ce terrible malentendu dont je suis en partie responsable. Cela me va bien, je n'aurais pas supporté tout le voyage recroquevillée sur moi même, pleine de honte, incapable de discuter avec Bad par peur des représailles. En bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, comme l'aurait dit un dénommé Candide.

Une ombre passe sur le visage de Monsieur Hughes, très vite remplacée par une expression plus neutre. Je ne cherche pas à comprendre ce qu'il vient de se passer, d'ailleurs c'est à peine si je le remarque, déjà repartie focaliser mon attention sur la vitre, qui me semble tout à coup passionnante. Et puis, l'adulte du wagon prend la parole et entreprend de répondre à mes multiples interrogations, ou du moins certaines d'entre elles. Bon, il n'a aucune information sur le professeur Perkins, ce qui n'est pas plus mal. Il semble être sincère en disant cela, alors il est fort probable que rien ne lui soit arrivé, s'il avait menti ça se serait lu sur son visage, non ? Je l'aime bien cette prof, elle m'a marquée. Bon, pas suffisamment pour que je continue sa matière, mais quand même, elle était gentille, et passionnée. C'était chouette de l'avoir ! Je ne pense pas par contre qu'elle se souvienne de moi, mais qu'importe !

Monsieur Croûton-plus-si-croûton-que-ça continue ensuite à nous parler de sa venue à Poudlard. Il nous annonce remplacer le professeur Penwyn, et je suis désolée de le penser mais ça ne me fait ni chaud ni froid. Déjà, je ne l'ai connu qu'un an, et encore, il a disparu pendant la moitié de l'année Merlin sait où, nous laissant comme des glands sans cours d'Etude des Moldus. Je suis donc ravie que notre directrice lui ait trouvé un remplaçant, car je suis certaine qu'avec un peu de motivation extérieure et de bienveillance, cette matière peut s'avérer passionnante ! Je n'aime pas beaucoup la directrice, enfin, je ne la connais pas personnellement mais elle m'angoisse terriblement, et pourtant j'ai confiance en elle pour choisir de bons enseignants, tous ceux que nous avons à Poudlard sont géniaux ! Je ne peux m'empêcher de m'exclamer.

- Nooon, c'est vrai ? Oh vous pouvez pas savoir ce que je suis heureuse de vous connaître ! Je suis en filière Spéciale, on va se voir très souvent ! J'ai hâte de vraiment commencer cette matière, j'espère pas avoir trop de lacunes... - je n'ose pas critiquer ouvertement mon ancien professeur.

J'ai sûrement l'air d'une vulgaire débutante insignifiante de troisième année mais qu'importe, je continue sur ma lancée.

- C'est grave si on ne connaît pas grand chose au monde moldu ? Enfin, j'ai une copine moldue, mais j'y comprends rien ! Cet été, elle a mis des brocolis dans une boîte métallique qui grésille et s'allume, et le plat est ressorti tout fumant, comme s'il avait trouvé un énorme cigare pendant qu'il tournait dans la machine. Vous allez nous expliquer ce que c'est que ça ? Ca m'intrigue !

Mes yeux ont grandi sous l'effet de mon intérêt soudain pour la matière, et je regarde avidement mon professeur, en quête de savoir. Suite à cela, je remercie Monsieur Hughes pour ses explications, de façon très enjouée et intrépide, espiègle presque ! J'ai vraiment hâte d'y être.

Un peu après, Bad reprend le lead de la discussion en partant sur un débat qui me barbe mais à un point ! J'ai comme devise 'Faîtes l'amour pas la guerre', alors parler de conflits, vraiment non merci. Je préfère rester naïve et ne rien savoir de toutes ces guéguerres puériles plutôt que de me plonger sur le sujet et de devoir un jour prendre parti. Qu'on me laisse en dehors de ça, par pitié ! Ennuyée, je me rassois dans mon siège, bien enfoncée, dans une position des plus confortables, et j'écoute d'une oreille distraite ce qui se raconte. Sait-on jamais, je pourrai me resservir de ces informations auprès de certains camarades pour leur étaler ma culture ? Je me contente donc de jeter un coup d'œil désespéré à Bad, pouvant être interprété comme un signe de lassitude profonde ou pour lui signifier qu'il est un peu trop intrusif.

Chaussette aussi semble s'ennuyer à en mourir, il me regarde avec des yeux larmoyants, comme s'il me suppliait de le sortir de là. Impuissante, je me contente de lui gratouiller le cou.

À peine eu-je révélé la matière que j'allais enseigner de nouveau aux deux enfants que la jeune fille s'exclama d'une voix très enjouée qu'elle allait m'avoir en tant qu'enseignant cette année. Pendant un bref instant, je la toisai du regard en la jugeant. Après tout, même si l'ambiance était redescendue, les premiers échanges que j'avais eu avec elle n'étaient guère plaisants et je ne pouvais m'empêcher de me demander quelle pouvait être son attitude lors des classes. Reprenant mon habituel sourire sur le coin du visage, je lui répondis :

« Oh, nous aurons donc le plaisir de nous recroiser en cours cette année donc. Ne vous inquiétez pas pour vos potentielles lacunes. De ce qu'on m'a raconté, vous n'avez pas eu un enseignement assez stable l'année dernière. Mon travail sera de combler ces vides dans le programme. Je la gratifie d'un sourire bienveillant et finis en disant : Je suis sûr que vous vous en sortirez très bien. »

J'eus tout juste le temps de regarder les montagnes défiler par la vitre du compartiment qu'une voix de garçon réattira mon attention vers les deux enfants. Il me demandait ce que je pensais du conflit qui s'était installé entre le monde sorcier et le monde non magique depuis plusieurs mois, et si cela avait été l'une des raisons qui m'avaient poussées à revenir au château. Cette question n'était pas facile à répondre. En tant qu'enseignant, je devais développer l'esprit critique des enfants qui étaient à ma charge, et donner directement mon opinion n'allait pas en ce sens. Les professeurs n'étaient pas là pour partager leur point de vue politique avec les élèves. *Comment puis-je lui répondre sans le vexer ?* me demandais-je. M'éclaircissant la voix pour me donner quelques secondes de réflexions supplémentaires, je lui réponds :

« La rupture du Secret Magique a effectivement été assez marquant pour nos deux communautés dernièrement. Je ne peux pas vous dire qui a raison ou qui a tort dans ce conflit, ce serait prendre parti, et je ne pense pas en tant que sorcier pouvoir être suffisamment objectif pour vous donner une réponse adéquate. Disons que les torts sont partagés, et qu'il y a certains actes qui n'auraient jamais dû avoir lieu. Je regarde à tour de rôle les enfants avant de dire avec un petit sourire en coin : C'est en effet une chose qui m'a poussé à revenir, mais pas que. Le château me manquait énormément.»

Bad écoutait Elowen donner la description d’un micro-onde avec ses mots de sorcière. Les termes qu’elle employait firent lâcher un petit rire au garçon qui instinctivement mis son poing gauche fermé devant sa bouche avant de baisser la tête. Il n’arrivait pas à contenir les soubresauts de son rire et pourtant il ne se moquait pas. Du moins pas méchamment. Le Serdaigle, qui avait grandi les dix premières années de sa vie comme un Moldu, se trouvait lui aussi parfois un peu bête lorsque ses amis parlaient d’évidences sorcières.

Après sa question sur le conflit actuel entre sorciers et Moldus - qui au passage semblait barber Elowen, étant donné le regard lassé qu’elle avait jeté à Bad -, Mr Hughes sembla prendre le temps de la réflexion. Avait-il quelque chose à cacher ? Un secret à protéger ? La vie de Bad en avait été ponctuée et il avait désormais plus envie que jamais de découvrir celui du professeur. Alors que l’homme commençait sa réponse, le préfet ouvrit grand ses yeux et ses oreilles et le fixa avec avidité.

Mais la déception fut grande quand Mr Hughes répondit avec une habile maîtrise de la langue de bois. Il semblait ne pas vouloir donner le fond de sa pensée et garder son rôle de professeur objectif. Un choix défendable mais une réelle désillusion pour l’adolescent. Heureusement, la réponse se termina sur une note plus personnelle. L'enseignant avait hâte de retourner à Poudlard et Bad partageait ce sentiment. Il leva les yeux vers Elowen et prit la parole avec une profonde sincérité.

« Moi aussi, professeur, je suis content de revenir au château. Ça fait moins longtemps que vous, c’est sûr, mais j’avais vraiment envie de revoir mes amis. Bad adressa un sourire à Elowen avant de poursuivre. Je ne pensais pas mais les cours m’ont un peu manqués pendant les vacances … »

Le Serdaigle laissa quelques instants de flottement tout en repensant à cet été particulier. Ce dernier s'était terminé sur la surprise d’une lettre lui proposant le poste de préfet. Il se rappelait la couleur de l’encre et la forme des lettres sur le parchemin. Il avait en tête chacun des mots qui y étaient inscrits. C’est là qu’il réalisa. Mais comment avait-il pu oublier ?

Bad saisit le sac - désormais parfaitement rangé par Mr Hughes -, sa valise puis la cage d'Obaia et se précipita vers la porte du compartiment, le reste de ses affaires sous le bras. La chouette émit un petit cri que l'adolescent ignora avant de tourner son visage rouge en direction de ses deux compagnons de voyage.

« Je suis désolé. Je … J’ai complètement oublié que je devais pas être là. Sa réponse était difficilement compréhensible. Je dois me rendre dans le wagon des préfets pour qu’on nous donne les trucs à faire, enfin, les consignes, je veux dire. Encore désolé professeur de notre mauvais accueil pour votre retour ! Bad rougit encore davantage. Et Elo, tu m’attends à la sortie du train ? »

Le garçon referma la porte et courut maladroitement en direction de là où on l’attendait. Cette nouvelle année commençait en catastrophe.

Fin du RP pour moi Merci beaucoup à tous les deux pour ce voyage en train (demi-voyage plutôt ). J'espère avoir l'occasion d'écrire à nouveau avec vous !

@Bad Eaven @Matthew Hughes


Le professeur semble vraiment souriant lorsqu'il me répond, alors je m'en veux d'autant plus d'avoir agi de la sorte un peu plus tôt. C'est vrai, je l'ai jugé sans le connaître, sans tenir compte des leçons de morale données par mes parents durant l'été, et sans aucune forme de respect. Lui, de son côté, me parle de façon chaleureuse, bienveillante, et je suis déçue de moi de partir sur un si mauvais départ. Je ne m'en formalise pas et me contente de sourire, heureuse que ce petit écart soit si promptement oublié.

Cela m'étonne beaucoup que cet enseignant m'encourage de la sorte, après tout, il n'a aucune raison de le faire, et pourtant il se montre rassurant, me certifiant qu'il sera là pour nous aider à nous en sortir. Je me surprends à l'imaginer, sympathique dans un costume démodé, nous faisant cours depuis son vieux fauteuil en cuir, imposant respect et amabilité. C'est vrai qu'il est plutôt amical, j'espère qu'il note gentiment. Je l'imagine tout à fait mettre aléatoirement des E ou des O à nos devoirs, selon ce que la météo lui inspirera. En tout cas, je me promets de faire tout mon possible pour qu'il m'apprécie et que je sois en mesure de l'impressionner dans ses cours. Je n'y connais rien au monde moldu, mais qu'importe, en bonne Serdaigle qui se respecte, je lirai. J'irai dès ce soir à la bibliothèque chercher des informations sur les non-mages, histoire de ne pas avoir l'air sotte et de lui montrer que je suis investie et travailleuse. Bon, travailleuse, disons que ça dépend de la matière et du professeur, et aussi de ma motivation, mais ça il n'a pas à le savoir tout de suite.

« C'est vraiment gentil de votre part de nous encourager comme ça M'sieur, ça donne envie d'apprendre ! Merci ! »

Ne sachant que dire de plus, je garde pour une fois le silence, un demi-sourire dessiné sur mes lèvres.

La discussion se poursuit sur des sujets politiques, et je laisse les hommes parler de tout ça entre eux. Pendant ce temps, mon Chaussette d'amour me lacère les bras de ses petites griffes, et cela me fait fondre. Je le trouve vraiment adorable. Une fois qu'il a fini de se limer les ongles dans ma chair, le chat s'éclipse, avec un hochement de tête que je prends comme une révérence. Ce qu'il est poli mon chaton !

A peine ai-je relevé la tête que j'entends mon copain Balthus parler de sa joie de retrouver ses amis. Il m'adresse un regard complice, auquel je réponds par une grimace de lapin.

« Moi aussi ça m'a manqué... C'est dingue ça, toute l'année je veux que ça se termine, et une fois en vacances je donnerai tout pour mon cours de runes, ou même de balais pourquoi pas ! Bon, pas de potion par contre, faut pas déconner. »

Je rougis en constatant le vocabulaire que je viens d'employer, et par reflexe plaque ma main sur ma bouche. Je laisse alors échapper un petit : « désolée » sincère. Décidément, je ne marque pas beaucoup de points aujourd'hui, et la voix de papa résonne dans ma tête. Je l'entendrais presque me dire : « Langage, jeune fille. Tu me dois une noise ! ».

Alors que je m'attends à me faire réprimander par Monsieur Hughes, c'est Bad qui se lève avec précipitation, sans crier gare. J'émets un hoquet de surprise quand mon camarade s'enfuit en emportant ses affaires avec lui. Pendant qu'il quitte le wagon, il nous explique avoir oublié son rendez-vous dans le wagon des préfets... Mais quelle nouille ce Bad ! Il s'excuse auprès du professeur, puis m'adresse quelques mots avant de disparaître dans le long couloir du Poudlard Express.

Je me lève alors et passe la tête par l'encadrement de la porte. Je m'écrie :

« Seulement si tu me promets de ne jamais me mettre de retenue cette année ! Condition non négociable ! Allez file, courage Balthus ! »

Et puis je me rassois, en tête à tête avec l'adulte. Un ange passe. Je ne sais que faire, j'aimerais lui proposer un bonbon histoire de faire repartir la conversation, alors j'entrouvre ma poche et découvre les fils dentaires à la menthe mélangés avec de nombreuses croquettes. Je ne suis plus tout à fait certaine de mon idée... Je fais donc diversion, sachant que j'ai encore plusieurs heures à passer dans le wagon de ce professeur. Je ne tiens pas à passer le reste du trajet complètement gênée et recroquevillée dans mon coin.

J'essaie de faire l'inventaire mental des jeux que je connais. Action ou vérité. Je n'ai jamais. Trois vérités pour un mensonge. Trois petits chats. Rien de ce qui me vient à l'esprit ne semble convenir à la situation. Je glisse donc ma main dans la petite poche avant de ma mallette, et en sors un jeu de cartes.

« Vous voulez faire une bataille ? Si vous préférez, je sais aussi jouer à la bataille navale ! »

Je me dis que cette idée est excellente car rapide, et totalement adaptée à la situation puisque ce sont à l'origine des jeux moldus. Espérons que mon professeur soit du même avis...

Il est vrai que ce garçon était préfet. Tout comme mes préfètes – deux filles que je n'avais jamais rencontré, mais dont l'une d'entre elles m'avait été fortement recommandée par mes collègues –, Bad devait se rendre en direction du wagon de tête pour avoir une réunion avec les préfets-en-chef – dont l'un d'entre eux faisait également parti de ma maison. En tant que directeur de Poufsouffle, j'avais hâte de faire connaissance avec ce petit monde ; j'avais même prévu de leur rendre visite dans le train dès que leur petite réunion serait finie.

« Bonne chance pour cette première réunion officielle, Monsieur Eaven. Vous allez voir, cela va bien se passer. »

Je lui adresse un sourire bienveillant avant que l'enfant ne quitte le compartiment. J'étais désormais seul avec Elowen Livingstone – ce qui me gênait un petit peu. Cela faisait bien des années que je n'avais plus les mêmes centres d'intérêts que les enfants, de quoi pourrais-je bien discuter avec cette jeune adolescente ? Face à un groupe d'élèves, je me sentais à l'aise, et encore c'était il y a quelques années déjà, mais face à une enfant que ne connaissais pas, c'était différent.

Le silence fut rapidement rompu par l'enfant qui sort un jeu de cartes de sa valise. Elle me proposait de faire une bataille ou même une bataille navale. Je levai un sourcil en regardant l'enfant avant de lui dire :

« Mais Mademoiselle... La bataille navale ne se joue pas avec des cartes ! m'esclaffé-je avant de reprendre plus sérieusement : J'imagine que nous pouvons jouer à la bataille explosive, ce sont bien des cartes magiques et non moldus, n'est-ce pas ? »

Je montrai d'un mouvement de la main à l'enfant le siège en face de celui où j'étais assis, puisque l'unique table du compartiment était devant moi. Cela faisait bien des années que je n'avais pas jouer à des jeux de cartes, cela remontait à l'époque où mes jumeaux avaient l'âge de cette enfant et venait passer le dimanche dans les appartements de leur vieux père pour le déjeuner.

« Je dois vous avouer que cela fait des années que je n'y ai pas joué. Il va falloir être gentil avec moi si j'oublie certaines règles. dis-je d'un air amusé. Je redeviens plus sérieux en demandant : Je vous ai parlé de bataille explosive mais... Peut-être n'est-ce plus un jeu auquel les jeunes de votre âge jouent... Vous connaissez ? »

Mais quelle andouille... A vouloir essayer de faire plaisir à mon professeur en jouant à des jeux de cartes moldus, j'en suis arrivée à me ridiculiser, une fois de plus. Mal à l'aise, je m'empresse d'essayer de rattraper ma bourde.

« Oui, euh bien sur Monsieur le Prof ! Je voulais dire que j'avais aussi des feuilles, pour faire une bataille navale. Et sinon... Je sais pas ce que tu, pardon vous appelez des cartes moldues, moi j'ai que celles-ci, je connais rien d'autre. Donc j'imagine qu'on doit parler de la même chose ! »

Compréhensif, l'adulte me demande de me décaler pour lui faire face. Rassurée par sa demande, je bondis presque de mon siège pour aller m'installer devant lui, un immense sourire sur le visage. J'en profite pour me recoiffer rapidement, puisque mes cheveux en bataille commencent à me couvrir le visage et que je commence à les manger involontairement.

« Bien sur que je connais ce jeu, j'y ai joué cet été avec Eileen ! Oh, mais vous connaissez pas Eileen, forcément... C'est ma copine, elle est en 2ème année à Poudlard. J'espère que vous aurez l'occasion de la rencontrer, elle est très gentille, et un peu moins débile que moi. »

A ces mots, je baisse la tête. C'est le propre des adolescents, ça. On se montre invincibles, fiers, talentueux, rien ne nous atteint -du moins en apparence- mais on fond on a très peu confiance en nous. Lorsque mon regard se pose sur les cartes, je me ressaisis.

« Je me souviens des règles ! En gros, c'est comme le memory mais avec un temps limité. Il faut retrouver toutes les paires et bien se concentrer, pour éviter que les cartes n'explosent avant qu'on n'ait trouvé leur double. Celui qui fait le plus de paires a gagné. »

J'entreprends alors d'étaler aléatoirement les cartes sur la petite table. Elles sont au nombre de 16, ce qui fait logiquement... neuf paires à trouver, si je ne me trompe pas.

« Monsieur, on fait un Baguette-Plume-Choixpeau, celui qui gagne commence la partie ! Un... Deux... Trois... Baguette ! »

Je tends le bras bien droit devant moi en sortant un doigt, censé représenter la baguette.


Baguette-Plume-Choixpeau, version sorcière du Pierre-Feuille-Ciseau. La baguette vainc le Choixpeau qui vainc la plume qui vainc la baguette. Vous pouvez considérer que votre personnage a gagné la partie pour commencer à jouer