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09 mai 2018, 15:11
Sillon jugo-palpébral  PV Charlie R. 
27/04/2043
Sa tête était lourde. Solenn avait l'impression d'avoir mille poids accrochés à ses oreilles, à son nez, à ses yeux, à ses cheveux. Elle était de plus en plus entraînée vers son livre, qui, dans son imagination épuisé, ressemblait à un doux coussin de soie. Mais ses ongles qui s'enfonçaient dans sa paume pour la maintenir éveillée connaissait la vérité. Si Solenn s'endormait, elle se réveillerait bientôt en pleurs, dans un sursaut. Alors il fallait rester debout. La main gauche de la Serpentard claqua dans un bruit sec sur sa joue, qui rougit à ce contact. Cet acte lui permit de rouvrir ses yeux, et de se pencher de nouveau sur son parchemin de Sortilège. Cette matière, comme toutes les autres, lui posaient des soucis, et, depuis quelques jours, elle n'arrivait même pas à finir ses obligations. Trop de fatigue, de pleurs inutiles, de paranoïas. Lorsqu'elle se trouvait dans la Salle Commune, Solenn restait aux abois. Dès que la folle arrivait, elle décampait pour se réfugier dans son dortoir, où, au moment où elle posait une fesse sur le lit, elle se mettait à somnoler. Les professeurs n'arrêtaient de la sermonner, car il ne connaissait pas la vérité. Lors des échanges, le cerveau malade et déprimé de la française ne faisait que les insulter, mais les mots qui sortaient réellement étaient beaucoup trop hypocrites. Elle n'allait pas bien, et ne voulait pas aggraver son cas, préférant garder toute sa colère et sa tristesse pour les élèves essayant d'engager la conversation avec elle. 
Ses doigts jouaient avec le crayon à papier, sans se résoudre à écrire sur le papier. De toute façon, depuis qu'elle était arrivée, Solenn avait toujours été nulle dans toutes les matières. Une chose à rajouter à la liste "Pourquoi Solenn Cooper ne va pas bien ?". Sa mère ne cessait de lui dire qu'un jour elle s'adapterait, mais depuis plus d'un an qu'elle avait découvert qu'elle était une sorcière, elle était resté au niveau 1. Non, au niveau du tutoriel. Le monde sorcier était bien trop compliqué pour elle, et lui faisait peur. Mais comment dire cela à sa génitrice, qui pensait que Poudlard était la meilleure chose pour sa fille ? Du bout du bout de bois, elle nota en soupirant : "Non." Mais alors qu'elle passait à la question suivante, Solenn se rendit compte qu'il fallait justifier. Alors, à l'aide de phrases emberlificotés, elle expliqua pourquoi non, pendant que sa main inoccupée était occupée à gratter ses yeux épuisés. Chaque matin, dans le miroir de la salle de bain, elle avait l'impression que ses cernes grandissaient, et qu'un jour, ils deviendraient aussi gros que la créature du film Kirikou, qui buvait toute l'eau du village. Solenn ouvrit son livre à la page donné par le professeur, pour essayer de comprendre la question suivante.

Isaac, parcourant les montagnes, avec un pagne dans son sac
septième année rp • filière tronc commun • #9A4002

13 mai 2018, 22:11
Sillon jugo-palpébral  PV Charlie R. 
[ AVRIL 2043 ]
Charlie, 13 ans.
2ème Année


La limite était lourde. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que j’étais l’ombre de Qiong, ma puissance comparée à la sienne était ridicule. Je balançais des confettis pendant qu’elle déchainait des cyclones. La Limite magique était si forte que je doutais de tout, sauf de moi. Les cours étaient trop lents et les sortilèges appris ici étaient Indéfinissables. Ils étaient un leurre, une foutue vitre teintée, j’en étais sûre. Je ne pouvais pas accepter d’être aussi faible aux côtés de Qiong, face à moi-même, mes entraînements quotidiens n’étaient pas une bonne technique. Moi, je ramassais du sable avec une fourchette ; j’y arrivais, mais c’était loin d’être pratique. Alors que Qiong avait depuis longtemps trouvé une pelle. *Tss…*. Cette analogie était débile.
La magie était bien plus complexe que ce que je croyais. Je devais trouver un moyen d’aller plus vite, sinon, je ne finirais jamais. Alors, j’observais les élèves de sixième et septième année qui accédaient à la Réserve. Depuis quelques jours, j’essayais de récupérer les noms de ces privilégiés. Je savais très bien quoi en faire.

J’ouvrais la lourde porte de la bibliothèque tout en bâillant ; ce n’était pas de la fatigue, mais plutôt une exaspération appréhensive, je savais que j’allais me faire chier pendant trois heures à observer les allées et venues de la Réserve. En traînant des pieds, j’avançais vers mon étagère favorite où je faisais semblant de lire. Les lumières de cette bibliothèque me plaisaient. Jaunes et tamisées, elles étaient parfaites pour ne pas être repérée ; c’était la seule pièce de l’école à ressembler à un auditorium, peut-être que c’était pour ça que je m’y sentais bien.

Face aux livres par centaines, mon regard s’arrêta sur un titre français : Les vilaines aventures impromptues de Meredith Piedcaré. Il y avait plein de tomes. J’extirpai le premier et en parcourut la quatrième de couverture. Un soupir fendit mon propre silence. *Un héros qui va passer son temps à m’expliquer à quel point c’est pourri d’être à sa place, mais qu’c’est pour le bien de…*. L’ennui envahit mon crâne et mes pensées se suicidèrent avec une certaine ironie. Ma lourde tête se releva brusquement, comme si je tentais de reprendre mon souffle pendant une noyade, et mon regard parcourut la bibliothèque assez pleine, mais aucun sixième ou septième année en vue. Il y avait beaucoup de gueules ici, et je ne faisais pas attention à la plupart parce que tout le monde se ressemblait. Même s'ils n’avaient pas la même manière de bouger ou de parler, au fond, ils étaient la même chose. Le même être, le même ennui dans le regard, la même merde dans la bouche. Et j’aimais être invisible pour eux autant qu'ils ne l’étaient pas pour moi ; je les observais, et mon corps bouillonnait de fierté. Je n’étais pas comme eux, et je ne le serais jamais.
J’ouvris le livre français en sortant un carnet de ma poche. Je posais le registre sur l’ouvrage étranger. Comme ça, l’un sur l’autre, ils me donnaient l’impression de s’aimer, alors que pas du tout, un peu comme les Autres.

Un bruit claqua dans ma tête, mon regard se braqua vers la source. Une fille, et sa tête ne me disait rien. Son…

Te fous pas d’ma gueule…

J’entendais ma propre bouche, mais je ne l’écoutais pas. Seules deux traces sombres prenaient toute la place en moi. Elles m’hypnotisaient, m’alpaguaient en m’anesthésiant l’esprit. Ces deux Gouffres qui racontaient tant de choses sans même ouvrir leurs gueules. Flippant. Fascinant. *Bon Dieu…*. Même Lloyd n’en avait pas d’aussi sombres, d'aussi belles. Personne ne possédait la profondeur de ces traces, la violence de ces marques.
Elles disparurent brusquement. Je me sentis voler dans l’autre sens, à l’intérieur de moi. Je me réintégrais.
Les gouffres avaient laissé leur place à des cheveux sans intérêt, qui ne disaient rien puisqu’ils n’avaient rien à dire. D’un coup sec, je refermais le livre étranger avec mon carnet à l’intérieur pour mieux observer cette fille. Sa tête s'était baissée, je ne pouvais qu’atteindre ses cheveux bizarres. Ils avaient une couleur vraiment anglaise, mais la texture venait d’autre part ; ça se voyait. Me rendant compte que j’étais en train de détailler des cheveux, je poussais un long soupir tout en sautant de ma chaise.

*Serpentard…*. La tête dans ses bouquins, seules sa coiffure bordélique et sa robe verte m’étaient visibles. Je m’en foutais ; tout ce que je voulais, c’était revoir ses Gouffres. Et à chaque pas, mon envie se multipliait. Mes yeux couraient sur son corps ; cette fille était petite, et j’espérais qu’elle le soit autant que moi.

Mes pas s’arrêtèrent à quelques mètres d’elle. Un grand mec était entré dans ma vision, attirant mes sens. *Serdaigle, ch’veux châtains, longs, peau trop blanche* listais-je rapidement en ouvrant le livre pour attraper mon carnet. Les pages trop blanches de mon registre volaient sous mes doigts. *Page huit ou neuf*. Il était en page neuf, c’était bien lui, grand, châtain, cheveux longs. Relevant ma tête, je le vis disparaître entre les étagères de l’éthique de la magie ; ses cheveux dégageaient un éclat magnifique, presque artificiel ; ça me plaisait autant que ça me dégoutait. Je l’avais vu entrer une seule fois dans la Réserve, mais c’était une fois de trop. Je devais le surveiller.

Refermant brusquement le livre, mon carnet toujours emprisonné à l’intérieur, mon regard se reporta sur la Serpentard plongée dans ses bouquins. *Les gouffres*. Je devais les revoir. Frappant l’air de mes pas rapides, j’arrivais à hauteur de la fille. Tenant mon livre dans ma main gauche, je tirais sur la chaise juste en face de moi pour m’asseoir lourdement dessus. Ma bouche articula rapidement :

Tu sais pourquoi y’a pleins d’sortilèges pour les portes ?

J'étais plantée en face d'elle. Fixant ses cheveux, je savais qu’ils allaient laisser place aux Gouffres. Ma respiration s’accélérait ; mon corps se préparait à Découvrir, et ma concentration s’emballait.

je suis Là ᚨ

15 mai 2018, 18:49
Sillon jugo-palpébral  PV Charlie R. 
Solenn se passa la main dans les cheveux pour la dixième fois. Quand arriverait-elle à finir ce maudit devoir ? Solenn soupira pour la centième fois. Ses yeux se fermaient presque tout seul. Elle détestait de plus en plus Poudlard. Poudlard et ses magnifiques escaliers, Poudlard et ses cours magiques, Poudlard et ses élèves complètement fous ! Mon cul, ouais. Elle lâcha son crayon et se passa les mains sur son visage. Elle n'en pouvait plus. La fatigue, additionné à la peur, la douleur, ça faisait trop pour une petite fille de treize ans. Prestement, comme pour se rassurer, elle mit la main dans la poche de sa cape, qu'elle gardait le plus souvent possible avec elle. C'est bon. Elle y était toujours. Soupir de soulagement. Cette lettre était la seule chose qui lui permettait de ne pas sombrer. La seule chose. La rousse attendait avec tant d'impatience de quitter cette maudite prison et de pouvoir revoir sa mère. Elle lui manquait tellement.
Revenant sur Terre, la Serpentard réalisa qu'elle n'avait toujours pas avancé sur son devoir. Allez, un peu de motivation. Facile à dire quand tu dors la nuit. Alors que son crayon à papier commençait à dévier, et un ronflement se faisait entendre, un grincement de chaise en face de Solenn la réveilla, et penchée sur son parchemin, elle essaya de se réveiller. *Ne t'endors pas, par pitié...* Son talon droit écrasa de toutes ses forces son pied gauche, et la française se replongea dans son livre posé juste à sa droite. La fille lui avait parlé. Enfin, elle avait deviné que c'était une fille, grâce à sa voix. De fille. Solenn ne releva pas sa tête. Pas l'temps. Pas l'envie, surtout. Elle répondit juste en grognant :

-M'en fous.

Finie la timidité maladive de l'ancienne Solenn Cooper. Finis ses joues rouges et son bégaiement.  Finie sa gentillesse à toute épreuve. Maintenant, elle n'en avait même plus la force. Son corps gardait ses quelques forces à bouger son crayon. Et il avait déjà du mal. Solenn étouffa un bâillement, et s'intéressa à la question suivante. Enfin. "s'intéressa". Une mèche rousse lui chatouillait le nez, et elle la repoussa en s'énervant pitoyablement.

-Raah !

Une larme de fatigue vint perler au coin de son oeil, mais il ne fallait pas qu'elle craque. C'était la nuit, lorsque personne ne l'entendait qu'elle pouvait craquer. Pas maintenant. Elle l'essuya avec sa manche noir, et reprit sa lecture. Elle n'avait pas avancé sur son devoir, et avait même l'impression d'avancer à reculons.

Isaac, parcourant les montagnes, avec un pagne dans son sac
septième année rp • filière tronc commun • #9A4002

10 juin 2018, 03:26
Sillon jugo-palpébral  PV Charlie R. 
Bien sûr que si ; finalement, dans cette attente, ses cheveux arrivaient à Dire. C’était juste que je ne les comprenais pas. *Pas envie*. C’était ça, je n’en avais tellement pas envie qu’ils parlaient sans moi. Ce n’était pas grave, je ne voulais que les Gouffres, eux-seuls pourraient me Dire clairement.

M'en fous.

*Oh…*. Ma bouche s’ouvra pour lui cracher des mots cassants à la gueule, mais je réussis à retenir ce brusque élan de désintérêt pour elle ; elle, et pas ses Gouffres. *Bordel*. Elle n’avait même pas levé sa foutue tête ! Il n’y avait que ses cheveux bizarres, ancrés comme un vieux sur un banc ; imperturbables, nonchalants.
Je n’avais pas de chance, cette fille porteuse d’intérêt me dégoutait déjà. Sa voix était dure, aussi ferme que ses cheveux. Je me retenais de les attraper rageusement pour la forcer à me donner ce que je voulais. Bon Dieu, j’étais fatiguée.

Mon approche avait été bien, je ne comprenais pas comment elle pouvait y être aussi indifférente. C'était totalement inhumain. *Les gouffres*. C’est eux qui le rendaient comme ça ! Je sentis ma langue passer sur mes lèvres. Ouais, c’était totalement eux ; et c’était un pouvoir que je ne voulais pas avoir. Mon concentration était essentielle, je n’accepterais jamais de la perdre. *J’l’ai jamais perdue ?*. Peut-être un peu, mais pas trop. Ma capacité de concentration bougeait si bizarrement dans mon crâne. J’étais sûre qu’il avait déjà existé une autre-moi qui serait partie en riant face à ces cheveux moches.

Je ne cillais pas, l’impression de pouvoir me balader entre ces cheveux était si nette que je ne pouvais voir que ça. Me balader et lui arracher une racine par-là, une autre par là-bas, et bouffer les arbres déracinés. Jusqu’à ne laisser aucune végétation et pouvoir voir son crâne tout lisse ; peut-être qu’à ce moment-là, elle arrêtera d’être aussi indifférente.
Un sursaut des cheveux exclama un agacement. La vision si nette se brouilla et je pus descendre mon regard sur sa main.
Un crayon. *Un crayon ?!*. Elle en avait vraiment rien à foutre, c’était ça ; je l’avais cernée. J’allais galérer pour voir ses... mes Gouffres. *Pas encore…*. Ce sera bientôt les miens.

Sous son stylo, un parchemin tellement troué par le vide de réponses qu’il se dégageait de lui une illusion de modèle ; il n’y avait rien de personnel sur cette surface, je pouvais l’utiliser sans cacher son ancien propriétaire. Inexistant. Mon regard fit un aller-retour sur son manuel. J’avais déjà fait ce devoir de Sortilège.
Naturellement, mes yeux se dirigèrent vers la forêt de son crâne ; une végétation qui cachait un trésor. Je ne voulais pas défoncer cette nature, alors, il fallait que je la fasse disparaître. La projeter violemment vers le haut. *N’plus exister*. Mais c'était elle qui allait le faire, pas la peine de la toucher.
Je réfléchissais depuis quelques secondes, et je me rendais que cette fille était comme les Autres. Indifférente, ce qui était rare, mais aveugle, comme tout le monde. Sa rareté la rendait commune. Son indifférence la forçait à faire ses devoirs sans se rendre compte qu’elle perdait son temps ; sans me prendre en compte. Cette fille se trompait, comme je m’étais moi-même trompée, ce qu’on apprenait ici rendait aveugle. Son indifférence lui arrachait la vue.

T’as trouvé. C’est pour qu’tu t’en foutes et qu’tu vois plus c’qui est caché, affirmais-je en utilisant ma voix la plus douce. Je voulais être son contraire, surtout ne pas lui ressembler.

Ma focalisation était si nette, à nouveau. Une végétation moche. Chaque arbre était entremêlé à son voisin, puis à son autre voisin, et encore à son autre voisin ; c’était n’importe quoi. Aucune harmonie alors que je savais les racines si peu profondes. Tout déraciner ne serait pas un problème si ça me permettait de voir mes Gouffres.

je suis Là ᚨ

20 juin 2018, 12:01
Sillon jugo-palpébral  PV Charlie R. 
Tout le corps de Solenn était fait d'exaspération. Elle en avait marre, elle voulait dormir. Mais non. Car ils l'attendaient. Ils attendaient juste qu'elle ferme ses paupières si blanches pour venir l'attraper et la torturer, toute la nuit, jusqu'à ce qu'elle se réveille. Et tout cela la faisait devenir horrible. Mais dans un sens, elle préférait presque être la Solenn d'aujourd'hui que la Solenn de première année et de béut de deuxième année, trop timide pour se faire de véritables amis. Mais maintenant, elle ne voulait plus d'amis. Elle souhaitait seulement être seule, tranquille, pour pouvoir ruminer ses sombres pensées. Mais la fille en face d'elle ne l'entendait pas de cette manière.

-T’as trouvé. C’est pour qu’tu t’en foutes et qu’tu vois plus c’qui est caché.

Ses sourcils se froncèrent. Elle n'y comprenait rien, et ne cherchait même pas à comprendre. Elle paraissait trop étrange pour être comprise, cette fille. Et cela agaçait de plus en plus la jeune française, qui ne pouvait même plus mettre le peu de concentration dont elle disposait au service de l'éducation. Elle releva alors la tête, et, sans réelle méchanceté dans son regard, s'adressa à la fille :

-S'il te plaît. J'essaie de travailler.

Maintenant, elle pouvait bien voir son interlocutrice. Cheveux noirs, regard vert, peau quelque peu foncée, elle représentait assez bien le contraire de Solenn. Elle semblait avoir le même âge que la Serpentard, mais appartenait visiblement à la célèbre maison Gryffondor. Encore une disparité. La maison qui convenait le moins à Solenn était la maison du lion. La rousse sortit de ses pensées inutiles et baissa la tête, soustrayant son regard à la brune. Elle devait travailler. Il ne fallait pas qu'elle se prenne une punition. La jeune fille avait réussi à se soustraire à cela, et devait continuer jusqu'à la fin de l'année, où, là, elle pourrait enfin vivre, se reposer, guérir quoi. Son crayon jouait dans ses mains, comme si la rousse hésitait. Non elle n'hésitait pas, elle ne savait pas juste quoi écrire. Les matières des sorciers étaient du véritable charabia pour elle. Solenn poussa un soupir et se frotta les yeux longuement. Comment pourrait-elle finir ce devoir ? Une idée. Et si la fille l'avait déjà fait ? Elle releva la tête, et, avec un petit sourire, lui demanda :

-Tu as déjà fait ce devoir ?

Isaac, parcourant les montagnes, avec un pagne dans son sac
septième année rp • filière tronc commun • #9A4002

09 sept. 2018, 04:06
Sillon jugo-palpébral  PV Charlie R. 
Qu’est-ce que c’était, cette nature ? Une forêt ou des racines ? L’extérieur ou l’intérieur ? Est-ce que cette fille me donnait accès à elle par en haut ou par en bas ? *’m’donne rien du tout*. C’était ça. Elle ne me donnait simplement pas accès. Je ne pouvais rien faire. Ses cheveux étaient une Nature, simplement. Ni une forêt, ni un entrelac de racines. Juste une Nature, donc rien n’était pour moi, elle gardait tout pour elle, cette foutue égoïste. *T’es contente ?*. J’espérais qu’elle l’était profondément parce que j’allais finir par la briser pour toucher ses Gouffres. La Nature se déplaça.
Non ! ELLE COURAIT ! ELLE VOLAIT ! *Enfin !*. Trop tard. Elle était partie. Je n’avais même pas eu le tem…

Je sentais mon corps se tendre. Les Gouffres étaient juste en face de ma tronche, et ils me regardaient horriblement. Toute ma vision s'allongeait, j'avais l'impression de scruter l'horizon infini. Je devais m'étirer ; c’était parfait. Je ne trouvais pas ça beau, non. C’était impressionnant, donc c’était impressionablement moche. J’avais oublié la Nature, c’était comme si elle n’avait jamais existé. Et maintenant que les Gouffres étaient là, j’avais l’impression qu’ils prenaient une place bien plus petite dans mon crâne que ce que j’aurais voulu. Il y avait un problème. *Beau…*. Une voix me parvint et j’entendis chaque imperfection dans les notes jouées par cette bouche. Bordel, il y avait tellement d’imperfections. Toute ma vision se recroquevilla foutrement trop, comme un petit être abandonné ; et mon regard se déplaça vers la bouche pleine d’erreurs.

La langue toute rouge qui venait de parler si mal avant de s'enfuir de honte était française. Les erreurs de prononciation étaient si grosses qu’une armée de pensées vieilles de trois ans éclata dans ma trop petite tête.
Des visages marchaient avec difficulté dans les galeries de Papa, des gueules aussi vides que ternes ; qui me donnaient envie de les frapper pour les faire réagir. Des regards vers moi, et surtout des sourires que je détestais. Leurs lèvres étaient sans couleur, presque trop blanches par rapport à leurs peaux ; elles étaient comme deux longs serpents blancs, et les serpents venaient vers moi. *’dieu !*. J’avais oublié à quel point je détestais ces acheteurs de tableaux, surtout les Français et les Espagnols. Ils n’avaient aucune harmonie.

Sa voix retentit encore une fois en frappant mes souvenirs si fort qu’ils se mirent à enrager. Ma vision retrouva ses couleurs et la réalité de l’instant. Je clignais des yeux rapidement pour tomber brutalement contre les Gouffres. Ils étaient encore là, toujours là ; et ce qu’ils venaient de me dire glissa doucement dans ma conscience. Toutes les erreurs de prononciation étaient horribles à entendre, il m’était arrivé la même chose avec une autre élève, une gryffone d’origine française ; je ne lui avais plus jamais adressé la parole alors que son accent était léger. Mais les Gouffres avaient un accent bien trop lourd, totalement insupportable. Je penchais ma tête sur le côté, comme pour vider mon crâne des mots atrophiés qui s’y baladaient. J’avais envie de m’enfuir, mais je n’avais pas eu assez des Gouffres. J’en voulais bien plus. Un lourd soupir s’échappa de ma bouche avant que celle-ci ne s’ouvre : « Ouais ». En tirant sur ma volonté trop agitée, je réussis à déplacer mon regard sur ses yeux. Je sentis ma joue gauche tressauter ; elle avait les yeux bleus. *Solwen*. Ma mâchoire se serra pour chasser cette pensée, je devais me concentrer.

Si tu veux d’l’aide, approche ta face, articulais-je lentement en scrutant son regard.

Mes coudes se posèrent sur la table pour permettre à mes mains — étalées sur mes joues — de porter mon visage ; je ne savais pas si je me protégeais ou si j'essayais de supporter. Elle devait se rapprocher, je devais voir ces Gouffres le plus près possible. Les toucher, savoir ce qu’ils cachent.

Je savais déjà que si je demandais à leur porteuse, cette fille indifférente, elle ne saurait absolument pas me répondre. Je devais écouter les Gouffres en allant les chercher, il n’y avait qu’eux qui savaient parler sans mentir.

je suis Là ᚨ

22 sept. 2018, 17:26
Sillon jugo-palpébral  PV Charlie R. 
Le sourire avait-il eu un effet ? Impossible de savoir, mais au moins, la réponse de la brune fut positive. Le sourire hypocrite de la rousse disparut aussi vite qu'il été venu, alors que son interlocutrice étrange la regardait fixement, son visage dans ses mains, faisant paraître ses joues toutes rondes, encore plus que celles de Solenn. La Gryffondor avait un regard étrange, sûr, ça, Solenn le sentait, mais aussi comme obnubilé. Par quoi ? Solenn ne pouvait le deviner. Mais il y avait autre chose. Oui. Solenn le sentait, sans arriver à mettre le doigt dessus. Ou peut-être... Cette sensation de n'être pas réellement regardé, cette sensation que la personne en face d'elle ne scrute pas ses yeux, mais autre chose... Quoi ? Impossible de savoir. La brune mettait vraiment mal à l'aise la rousse, et ce sentiment était très désagréable. Et cela augmenta à la phrase de la fille. Approcher sa face ? Elle comprenait ce que cela voulait dire, bien évidemment, sa mère parlait couramment anglais avec elle, et utilisait du vrai vocabulaire, pas de ce qu'on apprend en cours d'anglais dans les écoles françaises. Mais elle ne comprenait pas toujours où la rouge et or voulait en venir. Qu'avait de si attrayant sa face, comme elle aimait l'appeler ? C'était ses yeux, ou peut-être ses taches de rousseur ? Elle était un véritable mystère étrange et inconfortable. Surtout inconfortable. Alors, essayant d'attraper le regard vert de l'autre, elle demanda de sa voix grave, pour une fille de cet âge-là :

 -Pourquoi tu veux que j'approche ma face ?

Elle avait fait exprès d'appuyer le dernier mot, essayant enfin de faire réagir son interlocutrice. Cette dernière ne se rendait donc pas compte que ce n'était pas en parlant de cette manière et en ne lui donnant aucune explication qu'elle allait approcher son visage d'elle ? Solenn ne lui faisait pas assez confiance pour cela.

Isaac, parcourant les montagnes, avec un pagne dans son sac
septième année rp • filière tronc commun • #9A4002

25 sept. 2018, 20:12
Sillon jugo-palpébral  PV Charlie R. 
Le visage plaqué contre mes paumes, les joues écrasées par mes doigts, l’attente impatiente dans mes sens ; j'observais.
Je n’arrivais pas encore à voir les granules qui pouvaient couvrir ces Gouffres. *P’t’être des cratères*. Ouais, ça pouvait être plein de trous. C’était soi l’un, soit l’autre ; même s’il restait encore l’option de ne rien y trouver. Cette option était sans espoir, elle était bien trop inimaginable. Par contre, la porteuse des Gouffres, elle, pouvait très bien être aussi lisse qu’un bout de plastique ; mais je n’en savais foutrement rien et je n’avais aucune envie de savoir.

*C’est quoi c’truc ?*. Il y avait comme des traits dans les Gouffres, ça ressemblait à des fissures ou quelque chose dans le genre ; mais je ne voyais pas très bien, mon œil gauche me gênait. Elle devait s’approcher !

Sa bouche pleine d’erreurs s’articula d’une intonation qui me dégouta autant qu’elle me fatigua, alors que la basse hauteur de sa voix était foutrement jolie. C’était un mélange bizarre. Chassant ces pensées de mon crâne, je me reconcentrais sur ses mots.
Si un soupir mental pouvait être possible, je l’aurais poussé. *Pourquoi, hein ?*. Et je ne l’aurais pas poussé envers elle, mais plutôt envers moi. Je parlais n’importe comment, les Gouffres m’avaient aveuglée.
Tout en grattant mon sourcil avec l’auriculaire, j’essayais de retrouver mon esprit d’analyse. Et pour que cette fille ne trouve pas mon silence trop long, j'ouvrais la bouche : « C’est très simple… » déclarais-je en sachant que ce début passe-partout ne pouvait que m’aider.
Me rendant compte que j'avais le regard dirigé uniquement sur ses Gouffres depuis le début, je le détournais légèrement vers ses yeux bleus. *’dieu*. Très belle, sa couleur. Même si elle était loin de l’être autant que Solwen. Toutes les autres couleurs étaient moches ; sauf celle de Yuzu.
Ma mâchoire se serra et je dus expulser mes pensées encore une fois. Si je n’arrivais pas à me concentrer, j’allais foirer la découverte de ses Gouffres. Je devais me focaliser.

J’trouve tes g… tes cernes… m’arrêtais-je en serrant la mâchoire encore plus fort. *Bordel…*. J’avais commencé ma phrase sans réfléchir à la fin. C’était un truc que je ne faisais jamais ! *Bordel !*. Ma conscience valdinguait. *Lui-faire-un-compliment-n’importe-lequel*. Au moins pour qu’elle ne s’enfuie pas. « J’les trouve impressionnantes ». Mon articulation était bizarre à cause de mes mains sur ma tronche, mais je ne lui avais pas menti.

Mon regard dans le sien, mon esprit cherchait une solution : j’avais essayé de lui parler de magie, mais elle s’en foutait. Maintenant, j’allais uniquement lui parler d’elle-même – au moins jusqu’à toucher ses Gouffres – elle avait l’air d’être intéressée que par sa gueule.

je suis Là ᚨ

14 oct. 2018, 12:07
Sillon jugo-palpébral  PV Charlie R. 
Son devoir restait inexorablement vide. Solenn avait même lâché son stylo, trop découragé pour continuer à se battre contre son esprit embrumé. L'autre, contrairement à elle, semblait en pleine forme. Malheureusement. Le regard qu'elle lui jetait, à elle ou à autre chose, impossible de savoir, était tout à fait désagréable. La brune semblait savoir quelque chose que la rousse ignorait, ou plutôt vouloir quelque chose. Mais quoi ? Une de ses mains se détacha de son visage, pour se gratter le sourcil, tandis qu'elle commençait une phrase. Elle ne semblait pas sûre d'elle, mais alors pas du tout. Que voulait-elle dire, à la fin ! Son regard vert magnifique trouva enfin celui de Solenn. Enfin. C'était plus agréable de se regarder dans les yeux plutôt que dans le vent. Après un léger silence, où Solenn ne faisait qu'attendre la suite de sa phrase, elle bégaya, et finit par avouer. Ses cernes. Qu'est-ce qu'ils avaient, ses cernes ? Et d'abord, savait-elle ce qu'elle devait endurer pour les avoir, ces cernes ? Le regard de la deuxième année se ferma, encore plus qu'il n'était possible, et sa voix devint dure, encore plus qu'il n'était possible.

-C'est pour ça que t'arrêtes pas de les fixer ? Génial.

Ouais, génial. Un bâillement lui fit fermer ses yeux, et elle se frotta les paupières, les poings fermés. Elle avait tellement envie de dormir. Après une dizaine de secondes, elle retrouva le regard de la fille, et lui dit :

-J'comprends pas.

C'était vrai. Elle ne comprenait pas pourquoi l'autre était si obnubilé par des cernes. Que lui voulait-elle, à la toute fin ? Ces cernes étaient hideux, ils rendaient son visage moche encore plus moche. Les gens qui les voyaient lui lançaient alors un regard plein de pitié. Sa mère ne les avaient pas encore vu, mais Solenn connaissait déjà sa réaction. Elle lui chanterait une berceuse pour qu'elle s'endorme. Puis qu'elle se réveille en hurlant. Génial. Sa vie était géniale.

Reducio
Désolé du retard...

Isaac, parcourant les montagnes, avec un pagne dans son sac
septième année rp • filière tronc commun • #9A4002

18 oct. 2018, 06:51
Sillon jugo-palpébral  PV Charlie R. 
Son regard bleu foncé ne quittait pas le mien. Il était vide de tout ; vidé par quelque chose d’absent. Cette Nature égoïste me fixait sans détourner le regard, ce qui était rare. Et je pense que j'aurais aimé sa façon de faire si je voyais autre chose que de l’arrogance dans ce foutu regard. *J’pourrais t’éclater*. Bon Dieu, je détestais sa façon de me scruter ; même avec son beau bleu qui devenait de plus en plus repoussant.

Dès que ma bouche s’arrêta et que je sentis les commissures de mes lèvres se rejoindre, son bleu se transforma. Mais ce n’était pas une évolution, ni une continuité. Son regard venait de se casser, je l’avais pété ; il tombait au ralenti sans que je puisse le rattraper. La frustration fit pulser mon cœur un peu plus fort. *Bon dieu ! Merde !*. Je m’étais foirée. Elle n’était intéressée ni par la magie, ni par elle-même. Mais qui était cette fille ? Sans crochet, sans repère, sans centre. « C'est pour ça que t'arrêtes pas de les fixer ? ». Et avec une bouche pleine d’erreurs encore plus repoussantes que son bleu changeant. « Génial ».

J’étais paralysée par mes prises de conscience ; attaquée par tant de pensées. Je n’alignais plus rien dans ma tête, j’avais l’impression que je m’étais complètement trompée. Toute cette Nature était si repoussante que je doutais de la puissance des Gouffres. Mon regard grinça de quelques millimètres vers le bas.
*Oh…*. Si beaux dans leurs mochetés. Magnifiques. Les Gouffres étaient toujours aussi impressionnants. *Mais comment ?!*. Je n’arrivais pas à comprendre comment cette fille pouvait être si repoussante dans son entièreté à l'exception de ses deux grandes demi-lunes de granules. Ma vision fut coupée par une belle peau blanche, et je défocalisais ma concentration pour me rendre compte que cette Nature bâillait. Je fronçais les sourcils. Elle bâillait vraiment ! *Tu t’fous d’ma gueule ?*. À la seule exception de ses Gouffres, j’avais envie d’écraser cette fille ; de la pulvériser jusqu’à ne pouvoir rien en retrouver. Elle ne m’énervait pas, ce n’était pas non plus de la colère que je ressentais. Mais elle m’agaçait horriblement, et m’exaspérait encore plus. J’avais envie de la voir disparaitre pour toujours, et qu’elle me lègue ses Gouffres en retour.

Sa grande bouche sans lèvres – comme un reptile – se referma, et je pus encore une fois accéder à ses demi-lunes plongeantes ; elles tombaient vers le bas de son visage : sa fausse bouche qui s’ouvrit encore une fois.
Je mordis ma lèvre inférieure pour ne pas l’insulter. *Bordel*. Elle cherchait vraiment à comprendre alors qu’elle n’était intéressée par rien ? C’était débile. Elle jouait avec moi, et je détestais ça. Mon regard se dirigea une dernière fois vers les Gouffres, sans que je comprenne pourquoi ils étaient toujours aussi impressionnants. Ils ne devaient plus l’être !
Leur porteuse était débile, repoussante et sans logique ; alors pourquoi les Gouffres étaient tout l’inverse ?! *BORDEL !*.

Je me relevais brusquement ; ma chaise crissa contre le bois, engueulant le silence. D’un geste sec, ma main gauche récupéra le livre français cachant mon carnet, puis je détournais le regard de la Nature-sans-logique pour le planter dans la Réserve. Il n’y avait pas de mouvement là-bas, tout paraissait calme. Normalement calme. *Tss…*. Serrant le livre de mes doigts, j’articulais lentement en fixant cette Réserve si secrète :

Déjà qu’t’arrives pas à comprendre un devoir aussi simple, alors t’as rien à comprendre avec moi abrutie.

La Nature n’avait pas envie d’être dérangée aujourd’hui, elle me le hurlait à la tronche. Alors, je n’insisterais pas. Je ne voulais pas toucher les Gouffres sans autorisation. *Miss Lloyd…*. Alors que je pouvais toucher les magnifiques Gouffres de l’infirmière sans gêne, elle me laissait tout le temps. J’avais la fille-sans-logique dans mon champ de vision, mais je ne tournerais plus mon regard vers elle. Peut-être qu’elle sera plus intéressante demain, si elle revient.

Je repoussais brusquement la chaise sous la table – à sa place – en espérant exploser les genoux de la porteuse des Gouffres.

je suis Là ᚨ