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27 mai 2018, 23:45
Les liens qui nous unissent  PV Featherwood 
Début avril 2043.

Le samedi était la plus belle et douce journée de la semaine : les cours était terminés et le lendemain était encore consacré au repos. Comme à son habitude, Lucy s’était rendue à la bibliothèque. Elle souhaitait lire un maximum de livres pendant ses sept années d'études, ne sachant comment procéder pour n’omettre aucun ouvrage intéressant, elle les lisait bêtement dans l’ordre alphabétique. L’année était presque achevée et elle était enfin parvenue à la lettre B. Non découragée, elle se promenait dans les rayonnages à la recherche de sa prochaine lecture. Elle s’arrêta devant l’étagère et parcourut les livres du regard jusqu’à tomber sur le prochain de sa liste.  Son regard tomba sur « Mangemorts : les partisans de Lord Voldemort », écrit par un certain Alexander Babel. Sans savoir réellement pourquoi, le titre de l’ouvrage la mettait mal à l’aise. Bien sûr, elle avait déjà entendu parler des Mangemorts. Quels sorciers ignoraient les tristes événements liés à ces mages noirs ? Mais en dehors des cours, elle ne s’y était jamais intéressée. Elle préférait les livres moins sombres. Mais puisqu’il s’agissait du prochain à lire, et puisqu’il était important de se cultiver un peu l’esprit pour ne pas être qu’une coquille vide, juste remplie de choux à la crème bah, elle pouvait bien faire un écart.

*****************

Quelques jours plus tard, 17 avril 2043

Lucy tournait les pages une à une, absorbée dans sa lecture. Elle avait emprunté ce livre quelques jours plus tôt mais contrairement à ses habitudes, elle ne lisait pas le soir dans le dortoir de peur de faire des cauchemars juste après. Elle restait donc campée à la bibliothèque, profondément absorbée par ce qu’elle apprenait. Lestrange, Dolohov, Carrow… des noms qu’elle avait parfois déjà entendus, d’autres qui lui étaient inconnus. Elle en apprenait un peu plus sur eux, leur vie, et aussi sur le tristement célèbre Lord Voldemort, de qui ils étaient les fidèles partisans. Rosier, Selwyn… Selwyn, comme Noor Selwyn, sa jeune camarade Serdaigle ? Curieux. KarkaroffAllen. Ses yeux s’écarquillèrent sous l’effet de la surprise et elle sentit son estomac se nouer. Allen... Comme son nom de famille ? Non, certainement pas. Ce n’était pas possible. De toute façon, il s’agissait d’un nom très répandu, alors il n’y avait probablement aucun lien. Lucy se concentra pour lire la suite de son ouvrage, mais sans succès. D’étranges pensées fourmillaient dans sa tête et une certaine angoisse s’empara d’elle.

Elle croisa ses bras sur la table et y nicha sa tête, puis ferma tout doucement les yeux. Elle revoyait sa famille : papa et maman, qui lui manquaient terriblement, puis Oswald, Celian et Daniel. Elle se perdit dans ses pensées et imagina son père, tout de noir vêtu, assassiner froidement des personnes innocentes. Non, il n’était même pas né à cette période-là. Et de toute façon, son papa, c’était le plus gentil des papas du monde. Un véritable ours en peluche vivant ; il ne savait faire que les câlins, les punitions, c’était maman. Papa, il s’excusait toujours et maman, elle lui criait sans cesse dessus. Il n’avait vraiment pas l’air méchant, son papa. Mais il y avait aussi ce pan de la famille ; ces personnes avec qui son père avait rompu tout contact depuis bien des années, avant même la naissance de Lucy. Ces personnes dont Lucy n’avait eu qu’un bref aperçu, le jour du sinistre enterrement d’un oncle inconnu. Le regard froid d’une grand-mère qui posait les yeux sur elle pour la première fois, alors qu’elle n’était âgée que de huit ans. L’absence pesante de maman qui avait expliqué que les gens comme elle, c’est-à-dire sans pouvoirs magiques, n’étaient pas bien vus par ces personnes. L’inquiétude de papa et son empressement à rentrer à la maison. Une larme glissa sur la joue de Lucy. Non, ce n’était pas vrai. Ce n’était pas possible. Elle le refusait. Ce n’était qu’un simple hasard ; des Allen, il y en avait partout.

*****************

23 avril 2043

Lucy avait rendu le livre dans la matinée, le visage sombre. Elle retourna dans les rayonnages, et pour une fois ne chercha pas à prendre le livre suivant, selon l’ordre alphabétique, mais continua ses recherches jusqu’à trouver un livre de contes et d’histoires pour enfants. En l’espace de quelques jours, elle s’était fait à l’idée que tout ceci n’était qu’un simple hasard, sans réel rapport avec sa famille. Elle n’avait plus qu’à penser à autre chose, à se détendre et à espérer que rien ni personne ne viendrait déranger son confort.

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04 juin 2018, 18:09
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La veille du rendez-vous


Plus jeune, l'enfant voit ses parents comme des dieux vivants, il ne voit pas leurs doutes, leurs erreurs ou leurs mensonges. Eligius était arrivé à un âge où des défauts tâchaient le parfait tableau qu'avait mis tant d'années à peindre sa mère, de plus en plus prononcés, bientôt il ne voyait plus que ces trous de gruyère où se répandaient ses questions. L'âge où l'on veut connaître la vérité, nos origines, découvrir qui l'on est. Poudlard, ce lieu où résidait la magie de beaucoup d'enfances, était également la clef vers l'âge adulte.

Les sujets tabous de la famille Featherwood commençaient à peser dans le cœur d'Eligius. Dernièrement, il avait été amené à s'interroger sur son grand-père, un « Mangemort » d'après certains camarades qui n'avaient pas manqué de le lui faire prendre conscience depuis son arrivée à l'école de magie. Mrs Featherwood parlait très peu de son père, un mystère renforcé par l'inexistence d’événements familiaux. Voici le résumé de l'histoire qu'une fois elle avait raconté à son fils : Theobaldus était parti à la poursuite d'une sirène et s'était fait aspiré par son chant dans les profondeurs de l'océan, on ne le revit plus. Bien sûr, le garçon y avait cru. L'année suivante, le garçon apprit que les femmes avaient coutume de prendre le nom de leur mari, alors il demanda quel était le nom de sa mère. Je suis née en Featherwood, fut la réponse, mais comme les yeux de son fils la dérangeait à cet instant, elle détourna le regard et fit mine d'être très occupée. Lorsque Mr Featherwood rentrait à la maison, il jouait beaucoup avec son fils, et ce dernier ne pensait pas à profiter de sa présence pour apporter des réponses à ses questions. À Poudlard, si des élèves connaissaient l'identité du grand-père, alors il aurait certainement du en être de même pour quelques professeurs. Mais Eligius, soucieux de sa réputation, ne voulait pas attirer des soupçons sur lui en évoquant un âge sombre de l'histoire des Sorciers.

En mettant une énième fois les pieds dans la bibliothèque de l'école, le jeune sorcier ne s'étonnait plus des kilomètres d'allées renfermant tout, ou presque tout, le savoir que possédaient les Sorciers sur le monde magique et non-magique. C'était pour lui une première de puiser des informations dans ces livres sans avoir un devoir à faire.

Il chercha les archives des journaux de la Gazette du Sorcier. Dans un coin de la bibliothèque, de hauts murs d'étagères formaient une espace confiné. Eligius manqua de trébucher dans les pieds d'un élève de septième année, endormi dans une marre de coussins, un journal déplié sur une longue table basse à côté. Eligius l'enjamba. Un nombre impressionnant de boîtes noires étiquetées décoraient les étagères. Les journaux étaient rangés par édition et année de publication, dans l'ordre chronologique. Il s'installa au bout de la table le plus éclairé et plongea sa main dans la boîte.

Une heure après avoir parcouru une centaine de journaux, un titre du Chicaneur attira l'attention du garçon. « Mangemort ». Un élève l'avait un jour pointé du doigt en sifflant ce mot sur son passage.
LE PROCÈS DES PARTISANS DE VOLDEMORT : MANGENMAGOT CONTRE MANGEMORTS


[...] Tandis que le procès à huis-clos s'éternise, le propriétaire de la baguette magique retrouvée sur les lieux de la bataille reste introuvable. Les détails de l'enquête dans l'article suivant.

LA CHASSE AU SORCIER MEURTRIER


Nombre de choses furent perdues lors de cette nuit qui dissipa les ténèbres à jamais. […] Le Ministère de la Magie refuse toujours de communiquer des informations sur l'enquête en cours, « afin de ne pas la perturber ». Néanmoins, nous tenons de source sûre que le dernier sortilège lancé par la mystérieuse baguette n'est autre que l'un des trois Sortilèges Impardonnables. Tout pense à croire qu'elle appartenait à l'un des fidèles du Seigneur des Ténèbres, thèse qui aurait été soutenue par le témoignage d'une ancienne élève à Poudlard : elle aurait reconnu la baguette de son camarade lors de leur scolarité, Theobaldus Selwyn [...]
Eligius relu ce passage à plusieurs reprises. Theobaldus, comme son grand-père. Il chercha d'autres éléments sur lui dans l'article, mais ne trouva rien d'autre que, en tant qu'ancien Serpentard, les risques qu'il eusse été en effet un Mangemort présent à la Bataille de Poudlard étaient élevées. Apprendre qu'un membre de sa famille était l'un de ces méchants dans les livres d'Histoire l'avait bousculé. Ces regards et ces murmures dont il était l'objet dans les couloirs... il les devait donc à son grand-père. Rien ne prouvait qu'il était le propriétaire de la baguette perdue...
LA FIN DE LA FUITE : THEOBALDUS SELWYN ENVOYÉ À AZKABAN
Le titre d'une petite bulle dans un autre journal suffisait à Eligius pour en deviner la suite. Il rangea les journaux et poursuivit ses recherches en prenant quelques livres sur la Bataille de Poudlard et autres événements auxquels étaient mêlés Voldemort et ses sbires.

Ses recherches l'avaient absorbé plus qu'il n'aurait voulu l'avouer. Lire ce dont était capable des sorciers qui défendaient de mauvaises convictions lui glaçait le sang, pourtant il avait continué, sentant que c'était son devoir en tant que sorcier accompli en devenir. En redisposant un livre à sa place, celui-ci tomba et un morceau de parchemin glissa des pages avant d'atterrir aux pieds du Serdaigle. Il le ramassa et le déplia.

interroger papa sur la famille


L'écriture était épaisse et ronde, une écriture féminine. Le livre était ouvert sur une liste de noms, parmi lesquels figurait celui de Selwyn. D'après le titre du livre, Mangemorts : les partisans de Lord Voldemort, et la note, la fille devait s'intéresser de près à eux. Mais sur quelle famille voulait-elle faire des recherches ? En se reportant à la fiche des emprunts à la fin du livre, Eligius lu le dernier nom. Lucy Allen. La Lucy de Serdaigle ? Eligius ne lui avait jamais adressé la parole et la connaissait uniquement pour l'avoir croisé à plusieurs reprises dans la salle commune. La première fois qu'il l'avait aperçu, il pensait qu'elle était une élève venue d'Asie en échange scolaire ou pour il ne savait quelle autre raison, mais son prénom faisait assez britannique pour le convaincre du contraire. Allen... Eligius regarda à nouveau la liste des Mangemorts et Allen était bien parmi les noms présents. Eligius et Lucy partageaient donc une histoire commune. La plupart des livres empilés en face du garçon avaient été empruntés par Lucy.

Une première année à Serdaigle s'était levée et s'apprêtait à sortir de la bibliothèque. Il déchira rapidement le bout de parchemin en deux et écrivit sur le morceau vierge : Rendez-vous demain à  18h à la bibliothèque. Archives des journaux. Il rattrapa la première année et lui tendit le mot en précisant la destinataire. Pas besoin de lui dire de ne pas lire le mot, il savait qu'elle allait le faire dans tous les cas.

Le lendemain à 17h50


Eligius était allongé dans les coussins. Il comprenait comme il était facile de s'y endormir. Toute la journée, les informations sur les Mangemorts avaient tourné dans sa tête. Ce ne fut qu'une fois en position d'attente qu'il se demanda si le message avait bien été délivré et si la fille allait venir au rendez-vous.

Reducio
Point par point : Intégrer dans un RP les mots « magie, baguette, poudlard, sorcier, tableau »
Dernière modification par Eligius Featherwood le 17 juin 2018, 15:54, modifié 2 fois.

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05 juin 2018, 11:03
Les liens qui nous unissent  PV Featherwood 
Début mai, veille du rendez-vous.


Lucy somnolait dans l’un des nombreux fauteuils de la salle commune quand une jeune fille lui secoua l’épaule, visiblement très enthousiaste. La fillette la reconnut aussitôt ; c’était Roselyn, une première année timide, au visage constellé de taches de rousseur. Tout sourire, elle lui tendit un bout de parchemin. Lucy fronça les sourcils et saisit le papier, qu’elle déplia avec soin. Elle lut le contenu avec attention. « Rendez-vous demain à  18h à la bibliothèque. Archives des journaux. ». Étrange, qui était-ce ? En réponse à sa question silencieuse, Roselyn prit la parole.

« C’est un garçon de notre maison, tu sais, le blond aux yeux bleus qui a en permanence un sourire en coin… Qu’est-ce qu’il est mignon ! » dit-elle en riant, les yeux pétillants. « Tu me raconteras ! Il avait l’air très sérieux, tu as vraiment du lui taper dans l’œil ! » Sur ces mots, elle partit en gloussant comme un dindon. 

Lucy rougit violemment. Elle ne voyait pas du tout de qui elle parlait. Elle relut plusieurs fois le mot ; elle ne reconnaissait pas l’écriture. Alors qu’elle s’apprêtait à se rendre dans le dortoir, elle croisa Annie, sa meilleure amie. La blondinette avait un don pour deviner quand Lucy était tracassée, ainsi elle sut rapidement que quelque chose n’allait pas. Consciente qu’elle ne pourrait pas échapper aux griffes acérées de sa camarade, Lucy lui tendit aussitôt le bout de parchemin en lui expliquant la situation.

« C’est clairement un rendez-vous amoureux ! » s’exclama Annie, enthousiaste. « Tu en as de la chance, je me demande qui c’est ! »

« Tu dis n’importe quoi. » marmonna Lucy. Dans le dortoir, elle s’enfonça dans ses couvertures et ferma les yeux, à la recherche du sommeil. Le mystérieux rendez-vous intriguait beaucoup la fillette qui s’imaginait mille scénarios, tous plus rocambolesques les uns que les autres. Le sommeil ne vint que tard dans la nuit, et elle rêva de fleurs et de papillons, ainsi que d’un preux chevalier qui lui demandait sa main. D’autres rêves, plus sombres, vinrent perturber son sommeil. Elle revit le visage de sa grand-mère, qu’elle n’avait vu qu’une seule fois dans sa vie. Son regard sombre la suivait, et la silhouette de la vieille dame, telle une ombre, collait Lucy sans qu’elle ne parvînt à s’en défaire. Elle finit par tomber dans un gouffre et se réveilla en sursaut.

Jour du rendez-vous


C’était déjà le matin. Lucy s’habilla mollement, fatiguée par sa nuit agitée. La journée passa lentement, Lucy jetait régulièrement des regards tout autour d’elle pour tenter de repérer le garçon qui lui avait donné rendez-vous. Les cours enfin terminés, Lucy tournait en rond dans la salle commune. L’heure fatidique approchait enfin, et elle s’apprêtait à se rendre à la bibliothèque quand Annie l’intercepta.

« Lucy, c’est un rendez-vous galant ! » lui cria-t-elle dans les oreilles. Elle rit, réjouie, et força Lucy à s’asseoir dans un fauteuil. Elle sortit alors une brosse à cheveux, quelques élastiques, et entreprit de coiffer la jeune asiatique ; visiblement très amusée par la situation. Il n’y avait aucun doute sur le fait qu’elle serait probablement cachée derrière un rayonnage, à les espionner. Lucy parvint à s’échapper, coiffée de deux grandes nattes réunies en une seule, et d’une extravagante fleur dans les cheveux qui s’était rajoutée aux tableaux, et se rendit en vitesse sur les lieux du rendez-vous, déjà très en retard.

Lucy pénétra timidement dans la bibliothèque, tête baissée. Elle ne parvenait à se défaire de l’angoisse grandissante qui prenait possession d’elle depuis la veille. Qui était donc ce mystérieux garçon, et que lui voulait-il ? Si Annie et Roselyn semblaient croire qu’il s’agissait d’un rendez-vous galant, Lucy, elle, trouvait le lieu de rendez-vous particulièrement atypique pour faire sa cour et batifoler. Elle savait qu’elle avait une réputation de bonne lectrice à Serdaigle : en effet, la fillette avait la plupart du temps le nez penché dans un livre, mais si un garçon pensait qu’il pouvait gagner son cœur juste en partageant cette passion, il se mettait le doigt dans l’œil.

Elle déglutit. La jeune aiglonne s’immobilisa et inspira, puis expira plusieurs fois. C’était une technique que sa mère lui avait enseigné pour se calmer. Elle ouvrit les yeux et, déterminée, repartit d’une démarche plus assurée. Elle regardait entre chaque rayonnage, à la recherche d’une tête blonde qui correspondait à la description de Roselyn. Elle pressa le pas : l’attitude extravagante d’Annie l’avait mise en retard et il était déjà 18h15. D’ordinaire très ponctuelle, cette situation gênait fortement la fillette qui se sentait désolée : le garçon l’attendait probablement depuis déjà un moment. Quand elle parvint aux archives des journaux, elle repéra enfin un jeune garçon qui semblait correspondre aux critères.

Le teint pâle, des cheveux blonds épars, le garçon était allongé dans les coussins, totalement à ses aises. Lucy ne se souvint pas de son nom, mais elle le reconnut pour l’avoir déjà croisé plusieurs fois en salle commune. Ils ne s’étaient jamais adressé la parole ; ainsi, la fillette avait du mal à comprendre de quoi il en retournait. C’était un garçon assez excentrique, et bien que Lucy ne le connût pas assez pour juger, il semblait être aux antipodes de l’aiglonne. Les opposés s’attirent, fit la voix de la sagesse dans sa tête. D’un geste nerveux, elle replaça correctement la fleur dans ses cheveux et toussota pour informer le garçon de sa présence.

« Je… je suis désolée d’être en… en retard, j’ai été… retardée… » dit-elle non sans bégayer. Au fil des mois, elle était parvenue à se défaire de ce langage hésitant mais dans certaines situations stressantes, le bégaiement refaisait surface. Elle rougit et regarda ses pieds, soudain fascinée par le cuir lustré de ses chaussures. Elle se balançait d’un pied sur l’autre, gênée.

« Je… tu m’as donné rendez-vous… euh, je crois que le message était pour moi… Je ne sais pas, c’était peut-être une… une erreur… Je suis là, en tout cas. » Murmura-t-elle. Elle jeta un regard timide au garçon et lui adressa un sourire confus. Ce n’était pas faux : la messagère s’était peut-être trompée de destinatrice. Après tout, qui pouvait bien développer des sentiments amoureux pour Lucy ? Elle se trouvait laide, et beaucoup d’enfants lui ressassaient sans cesse ce qu’elle n’aurait jamais vu comme des défauts si on ne lui avait pas fait remarquer : bien dodue, toujours perdue dans ses pensées, souvent un peu étrange, Lucy n’était pas vraiment la plus intéressante des Serdaigle. Elle secoua la tête comme pour chasser ces mauvaises pensées. Peut-être qu’elle se trompait sur toute la ligne, et que le garçon l’avait conviée pour une raison toute particulière, bien différente de ce à quoi elle s’attendait…

J'ai eu l'accord d'Annie Hawkeye pour faire interagir son personnage

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22 juin 2018, 04:04
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Eligius enfonça la tête dans le duvet des coussins multicolores et se laissa porter par les milles odeurs de la bibliothèque. Les vieux journaux gardés dans leur boîte métallique, la cire chaude des chandeliers, la pierre des murs, la condensation sur les carreaux, le plancher, le bois des étagères, le papier jauni, le cuir des couvertures, les parchemins, l'encre... Les mots dégoulinaient des pages et engloutissaient le jeune sorcier. Pourtant loin d'être proche des livres, il entendait presque les cris des auteurs qui avaient œuvré à partager leur savoir, à léguer leur héritage, à témoigner de leur époque, à conter leurs histoires. Les livres avaient toujours eu cet effet sur Eligius ; les mots tombaient goutte par goutte dans ses yeux et finissaient par le noyer. Il préférait s'abonner à la voix d'un conteur, surtout celle de sa mère dont la magie se mouvait au rythme des intrigues, une magie sobre qui laissait ainsi place à l'imagination pour en interpréter les illustrations. À l'école moldue, le professeur projetait des scènes explicites lorsque les mots ne suffisaient pas pour traduire ce qu'il voulait inculquer à la nouvelle génération. L'empathie d'Eligius était davantage sollicitée par l'image : il s'incrustait dans le décor historique – pour un cours d'histoire – et faisait appelle à tous ses sens comme s'il avait été présent au moment des faits. Son esprit s'éclairait. Il se demanda pourquoi la magie n'était pas employée de la même manière. Il savait que la technologie moldue concurrençait la magie des sorciers. Mais cette première n'était-elle pas une forme de magie ? Alors que la seconde était beaucoup plus ancienne, par conséquent plus développée. Eligius voyait l'attachement de son peuple aux traditions, peut-être que la tradition de l'éducation faisait parti de ces choses qui n'avaient pas bougé depuis des siècles. Si les professeurs avaient appris comme cela et que ça avait fonctionné pour eux, pourquoi ça ne fonctionnerait pas pour les élèves d'aujourd'hui ? Les sorciers étaient-ils frileux de l'innovation ? Bien que les livres donnaient ce sentiment de découvrir de nouvelles choses, Eligius sentait également la poussière qui couvrait les pages.

Mrs Featherwood n'avait pas peur de la nouveauté. Elle avait brisé ses repères, laissant le passé au passé, rêvant de ce que pourrait être son avenir. Dire qu'elle était la fille d'un Mangemort, dernière d'une lignée pure aux principes plus vieux que ce château. La bataille de Poudlard avait changé les mentalités, redéfinis les limites, mais qu'en était-il du reste ? Eligius avait eu l'impression qu'elle aurait très bien pu faire rage la veille, la peur de la magie noire et ses adeptes toujours présente dans le cœur des sorciers. La guerre de Cent Ans avait produit en lui un plus grand effet, car c'était le passé, oublié, qu'on prenait soin de remémorer. Les Sorciers, eux, vivaient comme emprisonnés dans le passé.

Eligius pouvait affirmer avec certitude qu'au moins quinze minutes s'étaient écoulées depuis qu'il avait franchi les lourdes portes de la bibliothèque. Les minutes s'éternisent lorsqu'on attend, encore plus lorsqu'on a des craintes. Le garçon allait s'essayer à la production de bulles avec sa bouche quand une voix timide annonça l'arrivée de son rendez-vous.

Il fut tout de suite surpris en se redressant. Tous les signes étaient là. Le teint rose, le regard fuyant, le dandinement, le sourire gêné, une de ces coiffures dont seul le sexe féminin possédait le secret de leur complexité... En prenant conscience de la situation, la beauté du quiproquo, Eligius éclata de rire.

- T'as cru que c'était un rendez-vous intime ?! Haha.

La vexer l'importait peu. C'était la première fois qu'il riait de la journée et ne s'en était pas privé. L'éclat de rire s'éteignit, trop dur à supporter pour le ventre du garçon. Il considéra enfin son vis-à-vis et ses sentiments. Il se leva et épousseta son uniforme.

- Oui, c'est bien à toi que j'ai envoyé l'invitation. T'es bien Lucy Allen ? Moi, c'est Eligius. Eligius Featherwood. J'aurais dû préciser le motif de cette rencontre. Désolé.

Son excuse allait à l'intention des efforts qu'elle avait fourni pour se rendre plus agréable à l’œil, et non à propos du malentendu. L'espace d'un instant, Eligius avait presque oublié le pourquoi de leur présence en ce lieu. Il ne vit pas comment aborder le sujet et vint à la conclusion qu'il n'y avait aucun moyen de passer par un chemin détourner. L'approche directe était la meilleure solution. Il accrocha son regard, d'abord pour s'assurer qu'il avait bien toute son attention, ensuite pour pouvoir mieux sonder ses expressions et réactions.

- Je faisais des recherches hier quand je suis tombé sur ceci.

Il déplia le morceau de parchemin, négligemment conservé, et le tendit à Lucy.

- Interroger papa sur la famille, récita-t-il. Tu parles bien de ta famille ? Ton nom de famille est Allen ? Comme sur la liste des Mangemorts qui était dans le livre où j'ai trouvé ta note... ? T'en fais pas, je ne répéterai rien.

Il avait encore hésité à lui dévoiler la raison de son intérêt pour les Mangemorts. Le Serdaigle souhaitait cependant être sûr qu'elle était bien celle qu'il pensait qu'elle était, c'est-à-dire la descendance d'un Mangemort, tout comme lui. Tenter de la mettre en confiance tout en ne dévoilant pas son identité paraissait un bon stratagème. Si Lucy s'enfuyait, il aurait peu de chance de l'approcher plus tard et il dirait adieu aux précieuses informations qu'il ignorait.
Dernière modification par Eligius Featherwood le 26 juin 2018, 20:16, modifié 2 fois.

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25 juin 2018, 09:13
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Lorsque le garçon aux cheveux blonds se moqua de Lucy, elle écarquilla les yeux et ne put retenir quelques larmes, qui coulèrent sur ses joues malgré elle. Elle feula comme un petit chat et croisa les bras, mécontente. Bah, si elle avait cru qu’il s’agissait d’un rendez-vous amoureux, c’était de sa faute, aussi ! Quelle idée d’écrire un mot aussi ambigu. Elle se sentait profondément stupide et cela la confortait dans l’idée qu’effectivement, personne ne pouvait être assez sot pour l’aimer. Elle était inintéressante. Naïve. Trop gourmande. Grosse. Elle détourna le regard. Une étrange boule se formait dans sa gorge. Rey l’avait déjà rejetée quelques mois auparavant, mais à quoi s’attendait-elle…

Les bras croisés, elle attendait les explications du garçon. S’il ne l’avait pas conviée pour un rendez-vous amoureux, il avait tout intérêt à avoir une bonne raison, sinon…  sinon, rien du tout. Ce n’est pas comme si elle pouvait faire quoi que ce soit. Lorsqu’il parvint à calmer son fou rire, il reprit la parole. Il se présenta enfin et s’excusa. Au moins, il eut la gentillesse de paraître désolé. Elle hocha la tête, satisfaite. Eligius Featherwood, cela lui disait quelque chose sans qu’elle ne parvînt toutefois à faire un réel lien. Cela lui arrivait régulièrement : la tête dans les nuages, comme si elle vivait sur une autre planète, Lucy ne prêtait pas toujours attention à son entourage ainsi, il n’était pas rare qu’en cette fin d’année, elle découvrit encore des visages jusque-là peu connus.

Eligius s’approcha d’elle et lui tendit un morceau de parchemin. Méfiante, elle le saisit sans lâcher des yeux le garçon. Elle n’eut pas besoin de le lire pour en connaître le contenu, devancée par le garçon qui lui récita exactement les quelques mots rédigés sur le papier. Des mots qu’elle avait elle-même rédigés, à peine deux semaines plus tôt. La fillette recula d’un pas, sur la défensive. Il lui demanda si cela concernait sa famille et si le nom de famille, écrit dans le livre, était le même que le sien. Comme sur le ton de la confidence, il précisa même qu’il ne répéterait rien. Elle sentit un nœud se former dans son ventre. L’angoisse. C’était signe d’angoisse. Un instant, elle se demanda comment le garçon était entré en possession de ce papier, mais le déclic se fit rapidement dans sa tête. Ils étaient dans une bibliothèque, et elle avait bêtement laissé le mot dans le livre qu’elle avait emprunté. C’était profondément et entièrement stupide. Un bête morceau de parchemin oublié. Les larmes lui montèrent aux yeux.

Ne rien répéter… qu’avait-elle à avouer qui pouvait être répété ? Elle ignorait elle-même pourquoi son nom de famille était inscrit dans le livre. Il ne s’agissait vraisemblablement que d’une ridicule coïncidence, qui serait confirmée lorsque son père daignerait enfin répondre à ses questions. Rien de plus. Elle n’avait rien à lui dire et rien à avouer, d’autant plus qu’il s’agissait pour elle d’un parfait inconnu. Croyait-il qu’elle avait, parmi ses grands-parents ou arrières grands-parents, des Mangemorts ? Elle frissonna, dégoûtée. Ce garçon était lui aussi un parfait idiot. Convier une fille, dans le plus grand secret, comme s’il s’agissait d’un rendez-vous amoureux, tout cela pour ensuite lui poser des questions personnelles… A moins qu’il ne veuille juste faire connaissance ? Peut-être que cela fonctionnait ainsi, les premiers rendez-vous amoureux ? Se poser des questions, apprendre à se connaître. Elle avait vu de nombreux films romantiques ou deux personnes se baladaient sur la plage, mangeaient une glace puis allaient au restaurant, tout en faisant connaissance avant le grand final : un bisou sur la bouche. Elle rougit malgré elle. Elle n’avait jamais vraiment été amoureuse. Il y avait Rey, mais comment dire, elle l’avait totalement effacé de sa mémoire. Et de toute façon, l’amour, elle n’y comprenait rien du tout. C’était quand même dégoûtant, de faire un bisou sur la bouche à quelqu’un. On pouvait échanger des microbes, comme ça. Tout en analysant le garçon qui se tenait face à elle, elle réalisa qu’elle n’avait pas la moindre envie de partager ses microbes avec lui.

« Non. » dit-elle fermement. Une petite moue boudeuse se dessina sur les traits de la jeune asiatique. Son regard plongé dans celui d’Eligius, elle restait à l’affût de la moindre de ses réactions. Elle ne comprenait toujours pas la raison de ce mystérieux rendez-vous, mais le garçon ne lui inspirait aucune confiance et elle n’avait pas la moindre envie de partager ses doutes et ses tracas avec lui. Autant chercher à se débarrasser de ce gêneur au plus vite. De toute façon, il était méchant parce qu’il s’était moqué d’elle.

« Tu t’es trompé, j’te connais pas, j’connais pas cette Lucy Allen. Ce n’est pas moi qui ai écrit ce… ce truc, ce n’est même pas mon… mon écriture. Je ne vois pas de quoi tu parles. » Elle grimaça. La fillette avait une sainte horreur des mensonges. Il n’était pas dans ses habitudes d’inventer des bêtises et de mentir, ainsi, elle était une bien piètre menteuse. Néanmoins, le vain espoir que le garçon tombe dans le piège persistait, et elle s’enfonça encore plus dans ses affabulations.

« Moi, c’est Annie Hawkeye. Désolée. » Elle regretta aussitôt ses mots. Quelle crédibilité pouvait-elle avoir en se faisant passer pour la petite blondinette aux yeux bleus ? Tant physiquement que mentalement, elles étaient radicalement différentes. Elle grimaça. L’enfant curieuse qu’elle était ne pouvait pas détourner les talons et quitter la bibliothèque. Son regard rivé sur le garçon, elle guettait sa réaction, cédant à une curiosité qu’elle savait être néfaste pour elle.

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26 juin 2018, 22:55
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Annie Hawkeye ? Eligius fut surpris. Le doute persista une demi-seconde. Ce n'était pas possible. Il était quasiment sûr que Lucy Allen ressemblait bel et bien à la fille qui se tenait devant lui. Petite, le visage rond, les cheveux épais et noirs, les yeux bridés... De plus, la note ne l'avait pas laissée indifférente. C'était elle. Et maintenant elle se méfiait de l'inconnu. Comment faire pour la rassurer ? Les excuses avaient adouci la fillette, mais elle restait sur le qui-vive. Eligius pensa à jouer la carte de l'honnêteté, lui révéler la raison de cette invitation, seulement il se rendit compte qu'il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il attendait d'elle. En apprenant son lien avec un Mangemort, il avait été terrifié ; cherchait-il quelqu'un d'autre dans son cas ? Voulait-il trouver du réconfort en découvrant qu'il n'était pas le seul ?

Il n'avait pas le choix. Il fallait tout lui dire.

Le garçon dépassa Lucy en prenant garde de ne pas mettre le pied dans son espace personnel, vérifia que les tables devant l'espace des archives ne fussent pas occupées par des élèves pouvant avoir l'oreille vagabonde, et se lança à l'eau.

- J'ai fait des recherches sur les Mangemorts, moi aussi, et j'ai découvert que mon grand-père était un Mangemort qui a œuvré pendant la fameuse bataille de Poudlard. Des élèves ont dit que j'étais un Mangemort, je ne comprenais pas pourquoi à l'époque. En tombant sur la liste, j'ai vu le nom de Allen et ta note, il y avait ton nom sur beaucoup des livres que j'ai parcouru. Quelles sont les probabilités pour qu'une élève portant le même nom qu'un Mangemort ait emprunté ces livres, qu'elle se pose des questions sur sa famille et qu'il n'y ait aucun lien avec les Mangemorts ? Quels sont les probabilités pour que deux sorciers portant le même nom ayant vécu dans la même région ne partage aucun lien de parenté ? C'est du moins ce que je me suis dit... Eligius prit une nouvelle inspiration, car il craignait le déni de la jeune Serdaigle. Lucy, j'ai l'intime conviction que quelqu'un dans ta famille était un partisan de Voldemort, tout comme mon grand-père, et peut-être même qu'ils se connaissaient.

Eligius posa une main sur l'épaule de Lucy. Découvrir l'horreur d'un membre de sa famille... Eligius était passé par là, il aurait aimé un contact amical, avoir la possibilité de traiter l'autre de menteur, apprendre la vérité à un âge plus sage. Sa mère lui aurait offert des bras d'un réconfort chaleureux, mais le garçon n'avait pas le droit de se permettre une telle familiarité avec Lucy, il avait peur de trop la brusquer. La brusquer davantage.

- Désolé.

Sur le ton des condoléances, Eligius se prépara à un ultime éclat en sanglots.

AQUILAE DORMIENS NUNQUAM TITILLANDUS
"All birds find shelter during rain, but Eagle avoids rain by flying above the clouds."
"Un livre est une fenêtre par laquelle on s'évade"
♦ RNA de Serdaigle ♦

30 juin 2018, 16:37
Les liens qui nous unissent  PV Featherwood 
Les bras croisés, elle tapait du pied pour manifester son impatience. Elle reproduisait ce qu’elle voyait si souvent chez elle : sa maman, quand elle avait quelque chose à reprocher à son papa ou à l’un des quatre petits Allen, adoptait cette posture lorsqu’elle était en attente de réponses. Mais Mary Allen était probablement bien plus impressionnante que Lucy, dont le visage poupon et randouillard affichait parfois quelques ridicules grimaces. Le garçon sembla comprendre qu’elle ne parlerait pas et que la discussion était mal partie, car il se lança dans un long monologue où il expliqua qu’il avait un Mangemort dans sa famille et qu’il pensait qu’elle aussi pouvait en avoir un, puisqu’elle portait le même nom de famille qu'un des Mangemorts référencé dans l’ouvrage.

Lorsqu’il eut terminé son petit discours, il eut même l’audace de poser sa main sur l’épaule de Lucy. Elle s’écarta vivement, gênée. Elle n’était naturellement pas très tactile, mis à part avec sa famille et ses proches amis, et qu’un inconnu la touche ainsi la gênait, comme s’il empiétait sur son espace personnel. Elle était profondément choquée par ses propos. D’une part, parce qu’il affirmait avoir un Mangemort dans sa famille. Ce fait était déjà très effrayant pour la fillette qui recula de quelques pas, comme pour s’éloigner de ce garçon pour qui elle éprouvait de moins en moins de sympathie. Elle n’avait pas envie de côtoyer une telle personne. Malgré tout, la jeune asiatique avait un vague souvenir de sa maman, agenouillée pour être à sa hauteur, qui lui disait avec sérieux que chaque personne était différente, et que ce n’était pas parce qu’un membre de sa famille avait fait de mauvais choix et avait un mauvais comportement qu’il fallait, pour reprendre ses expressions, « mettre tout le monde dans le même sac. » Mais pourquoi avait-elle dit cela, déjà ? Cela semblait si lointain et Lucy n’en conservait que de vagues souvenirs.

Elle se calma un peu. Le garçon n’était pas responsable de ses origines. Cela ne faisait pas de lui une mauvaise personne, même si jusqu’ici elle n’éprouvait pas beaucoup d’affection pour lui. Mais il prétendait qu’elle aussi avait un Mangemort dans sa famille. Elle ne voulait pas le croire. Elle refusait d’y croire. Il n’y avait aucune preuve, elle ne connaissait même pas ce pan de sa famille. Pourtant, elle était intriguée. Elle n’en avait parlé à personne jusqu’ici, que ce soit à ses amis proches comme Annie, Chems ou encore Solal, elle n’avait pas dit le moindre mot. Elle avait envoyé un hibou à son père, qui avait répondu deux semaines plus tard en ignorant royalement ses interrogations. Mais elle avait peur, parce que si elle avouait aux garçons ses doutes, cela confirmerait qu’il y avait bien une chance que ce soit vrai et elle ne voulait pas l’accepter. Elle avait aussi très peur que cela se sache. Mais qu’avait-elle à dire, de toute façon ? N’était-elle pas Annie Hawkeye ?

« Je suis désolée, je suis Annie Hawkeye. » répéta-t-elle, bornée. « De toute façon, ce que tu dis, c’est des mensonges ! J’te crois pas, t’es un menteur ! » explosa-t-elle finalement. « Y a plein de gens qui s’appellent Allen, et même des moldus, tu vois ! Alors me mets pas dans le même sac que les partisans de Tu-Sais-Qui, sinon… ben sinon, ce n’est pas gentil. » Elle grimaça. Finalement, elle se jeta à l’eau. « Je ne sais rien du tout sur ma famille de toute façon. Moi j’ai un papa, une maman, mes trois frères mais le reste, jamais vus. Maman, c’est une moldue, mais mes grands-parents sont décédés avant ma naissance. Papa, c’est un sorcier, sa famille, j’l’ai juste vus une fois, je ne sais rien d’eux… » Les mots sortaient sans qu’elle ne puisse les contrôler. Elle chuchotait, n’oubliant pas qu’ils se trouvaient à la bibliothèque, mais peinait à contrôler sa voix qui était ponctuée de sanglots. Fnalement, elle craqua et se mit vraiment à pleurer. Son nez coulait tout autant que ses larmes et ses joues se coloraient dans un rouge habituel. Le menton tremblotant, elle chercha le regard du garçon, en quête d’un éventuel réconfort. Mais qui était-il pour venir perturber sa journée qui avait si bien commencé...

Tous à l'abordage !
Tallucy, les princesses rebelles.
J'aime les choux à la crème.

06 juil. 2018, 11:33
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Eligius vit l'assurance de la Serdaigle s'effondrer, faire place à la peur. Le masque du déni tomba, le doute ébranla les piliers de son éducation, la remise en question de la comédie familiale, les absences, les sourires, les silences, puis la vérité ne semblait plus improbable. Une vérité triste dont le mensonge rendait furieux. Eligius avait peur lui aussi, peur de se confondre avec Lucy. Communicative, c'était comme si la fille lui transmettait ses émotions : il sentait son cœur se serrer dans sa poitrine et une vague de chaleur monter dans ses yeux. Dans d'autres circonstances, le Serdaigle aurait eu peur que de l'extérieur on interprète mal la situation, mais c'était peut-être préférable.

Eligius ne supportait pas les larmes. Face à celles de la jeune fille, il fut pousser à la prendre finalement dans ses bras, tout en retenant les siennes de couler. Pourtant dos à l'allée qui menait aux archives des journaux, personne ne l'aurait vu. Mais comment pouvait-il consoler Lucy si lui-même pleurait ? Si Eligius avait su que Lucy ignorait cette partie sombre de sa famille, il s'y aurait été pris autrement. Mais il ne regrettait pas de lui en avoir parlé. Il n'était plus seul. Coupable d'un soudain sentiment de légèreté, il se concentra sur les sanglots et le dos bien en chair de Lucy qu'il sentait sous ses mains. Mais les muscles de la fillette se contractèrent tandis qu'elle se dégageait brutalement de l'étreinte, laissant le fantôme froid de ses larmes sur la robe d'Eligius. Mal à l'aise, le garçon chercha comment dédramatiser la situation.

- Si on nous voit, on va croire que je suis le méchant qui a repoussé des avances et brisé le cœur d'une fille.

Bien qu'il rît, il prenait conscience que c'était de sa faute si Lucy pleurait. Alors, il fit honneur à l'éducation qu'il avait reçu en tendant un mouchoir en tissu à Lucy, la moindre des choses. Non, ce n'était pas entièrement sa faute. C'était celle de leurs parents, et avant ça, celle des Mangemorts.

Eligius avait mille questions à poser à l'asiatique. Sa famille, les traitements qu'elle recevait à l'école, si elle connaissait la réputation de la famille Featherwood, ou si elle avait trouvé quelque chose sur Theobaldus Selwyn dans ses recherches. Le visage rouge et humide de Lucy lui intimait d'attendre encore un peu avant d'évoquer quelque chose de douloureux. Il repris sa place dans les coussins et ferma les yeux en toussant pour évacuer la gêne.

- C'est nul d'avoir un criminel dans la famille, soupira-t-il. On n'est pas des Mangemorts, on n'a rien demandé, nous. Il ouvrit les yeux et regarda l'asiatique. Quand même, ça m'étonne que des gens sachent que Selwyn était mon grand-père, alors que toi personne ne te l'a dit. C'est pas comme si ma famille était aussi connue que celle du Ministre de la Magie, et puis mon nom c'est Featherwood, Selwyn c'était celui de ma mère avant qu'elle se marie.

Une asiatique... Eligius s'interrogea sur les origines de Lucy. Il ne se souvenait pas avoir vu la photo d'un asiatique dans les articles et les chapitres consultés. Si un Mangemort portait le nom de son père, alors c'était forcément de ce côté qu'il fallait chercher. Ça voulait dire que sa mère était chinoise ? Et ses frères et sœurs dans tout ça ? S'ils étaient plus âgés que Lucy, connaissaient-ils l'identité du Mangemort dénommé Allen ?
Dernière modification par Eligius Featherwood le 10 juil. 2018, 22:08, modifié 1 fois.

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09 juil. 2018, 15:42
Les liens qui nous unissent  PV Featherwood 
Les larmes ne tarissaient pas et la petite Lucy les laissait couler sur ses joues, sans honte, devant un parfait inconnu. Maman disait toujours que les larmes étaient l’expression de fortes émotions comme de la joie, de la peine, ou encore de la frustration : les possibilités étaient infinies et peu importe la raison, il ne fallait jamais les retenir. Elles étaient comme un flot libérateur qui permettait d’exprimer et d’évacuer tout ce que l’on avait sur le coeur. Quiconque connaissant Lucy ne pouvait pas nier qu’il s’agissait d‘une fillette très émotive. Lorsque le garçon la prit dans ses bras, elle ressentit un certain réconfort. C’était doux, chaud et agréable. Elle aurait pu rester des heures blottie contre lui, jusqu’à en oublier le temps qui passe et les préoccupations au coeur de ses peines. Mais ce n’était ni les bras de Chems, ni ceux d’Annie. C’était un garçon qu’elle ne connaissait qu’à peine, qui s’était moqué d’elle et qui avait insinué qu’elle avait des Mangemorts dans sa famille. Elle lui donna un coup de coude pour échapper à son emprise et recula de quelques pas, sur la défensive.

« Tu ne me touches pas ! » murmura-t-elle froidement, ses yeux d’obsidienne plantés dans ceux du garçon. Elle saisit toutefois le mouchoir que le garçon lui tendait et se moucha bruyamment dedans, puis après s’essuya les yeux avec ce même mouchoir. « Espèce d’id… » Elle fit une pause en plein milieu de sa phrase. Ce n’était pas gentil d’insulter les autres. Bien qu’Eligius ait un humour plus que douteux, il semblait réellement inquiet pour la fillette. « Merci. » dit-elle finalement en détournant le regard. Lorsqu’il s’assit dans les coussins, elle fit de même mais prit soin de choisir celui qui était le plus éloigné du garçon, tout en gardant une distance respectable pour s’entendre malgré les chuchotements.

Le garçon reprit la parole, s’étonnant que Lucy n’ait jamais entendu quoi que ce soit à propos de ce pan de sa famille. Il expliqua aussi que Selwyn était le nom de sa mère. Selwyn ? Une petite lumière s’alluma dans son étroite caboche. Avait-il un quelconque lien de parenté avec son amie, Noor ? Elle rechercha une ressemblance mais elle ne vit rien de commun entre le doux visage constellé de taches de rousseur de Noor et le blond aux yeux bleus. Elle hocha vigoureusement la tête pour nier les propos du garçon. Non, bien évidemment que non, personne ne lui avait jamais rien dit. Lucy avait toujours grandi loin du monde des sorciers, bien au chaud dans sa petite maison à Cirencester, couvée par ses parents qu’elle affectionnait tant. Ses connaissances du monde sorcier étaient très limitées, papa lui racontait parfois quelques histoires. A un anniversaire, elle avait même eux des Chocogrenouilles mais maman avait failli faire une syncope lorsque la grenouille en chocolat lui avait sauté dans les cheveux.

Quand elle était arrivée à Poudlard, il n’avait pas été difficile de constater pour tous que ce monde lui était totalement inconnu. Toujours émerveillée, elle avait observé chaque phénomène magique bouchée bée, des étoiles plein les yeux. De la simple plume qui vole dans un cours de sortilèges aux étranges Botrucs des cours de Défense contre les Forces du Mal, tout était source d’émerveillement pour la fillette. Elle sursautait encore parfois lorsqu’un tableau la saluait, oubliant qu’elle vivait maintenant dans un monde empli de magie. Cette ignorance et cette candeur, associées au fait qu’elle était toujours enfermées dans sa petite bulle, l’avaient peut-être épargnée jusqu’ici.

« Moi, je n’ai pas de criminel dans ma famille » dit-elle en se relevant de son fauteuil. Elle regarda le garçon d’un air fier. «  J’sais pas pourquoi mon nom est dans ce bouquin, je t’ai dit que je ne connaissais pas toute ma famille. Si j’ai un quelconque rapport avec eux, papa me l’aurait dit. Ou bien, il me le dira de toute façon, parce que moi je veux savoir »  Cette conversation mettait vraiment mal à l’aise la fillette. Lucy avait rarement eu des conversations aussi malaisantes. Le plus souvent, son réflexe était la fuite. Mais elle ne voulait pas fuir. Elle serra ses petits poings et grimaça. Elle s’apprêtait à quitter la bibliothèque lorsqu’un détail lui revint en mémoire. «  Noor Selwyn, elle fait partie de ta famille ? » Changer de sujet, c’était tout aussi bien.

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