Planté au milieu des couloirs, Audric ne cessait de jeter des coups d’œil à l’intérieur de la bibliothèque. Certes, il avait dit à Duncan qu’il l’accompagnerait seulement jusque là avant de repartir dans le parc, mais il ne pouvait s'empêcher de l'attendre finalement. Les deux garçons avaient passés l’après-midi ensemble et alors que le gallois avait exprimé son envie d’aller à la bibliothèque pour une raison que son ami avait tout aussi vite oubliée, le brun avait lui choisit d’aller chercher Esmée. Même si son amie était parfois de plus en plus bizarre avec lui, il adorait toujours autant passer du temps avec elle. 
Et puis, depuis un récent incident dans le parc, il voulait lui demander quelques conseils pour se défendre en cas de besoin. Mais à chaque fois qu’il se retrouvait face à elle il n’osait plus lui poser ce genre de questions. Sa fierté masculine l'empêchait de demander, se doutant un peu de la réaction de sa meilleure amie. Bien qu'elle semblait se contenir devant lui, elle était toujours prête à se battre contre n'importe qui pour défendre ses amis, et le vairon n'était pas prêt à devenir la princesse en détresse. 

 Alors il attendait Duncan avant de partir à la recherche de la brune, oubliant déjà cette stupide idée de conseils. Il reluquait à l'intérieur de la bibliothèque à la recherche du rouquin, une longue mèche de cheveux lui barrant le visage. *Mais qu'est-ce qu'il fait?*
 Son ami était décidément trop lent pour le brun qui soupirait d'impatience de façon régulière. Des voix s'élevèrent soudainement de la bibliothèque, attirant quelques personnes dont le français qui s'avança finalement à l'intérieur de la grande pièce, suivant le troupeau de moutons-élèves à l'affût de la moindre bagarre. Il arriva tout juste pour voir la fille qu'il voulait rejoindre, écraser son poing sur le visage d'une camarade de Gryffondor. *Esmée.*

 Cette dernière sembla se détendre aussitôt après avoir porté le coup. Le regard bi-color du garçon se déporta rapidement sur celle qui avait été frappée et reconnut Penny, une peste qu'il avait déjà entendu se moquer de son amie. A l'époque il n'avait rien fait contre elle, alors que son pied le démangeait fortement comme l'idée de la faire tomber au milieu du couloir. Il avait par la suite longuement regretté de ne pas avoir vengé la brunette, mais aujourd'hui il pouvait peut-être faire quelque chose. Ne sachant pas du tout quoi faire, le brun réagit de façon plutôt étrange. Derrière les deux filles, il pointa le plafond juste derrière Penny et dit le plus fort possible : « Ah! Peeves! »

 Puis sans demander son reste, avant que les autres ne réalisent qu'il avait mentit, il sortit de la foule en entraînant Esmée avec lui. Il lui jeta un simple coup d’œil en plaçant son index sur sa bouche et la poussa doucement du plat de la main. De son autre main libre il la tirait par la manche et la guida ainsi à l'opposé entre deux rayons déserts. 
 Audric savait que son amie n'aimait pas fuir, mais il avait paniqué. Il commençait à nouveau à avoir des regrets : cette fois c'était de ne pas avoir laissé à Esmée la chance de finir de prendre sa revanche. Qu'importe ce qu'il c'était réellement passé, pour lui Penny était la seule fautive dans cette situation. 

 « Quelle plaie cette fille. » pesta-t-il en jetant un œil aux deux extrémités du rayon. Il rejeta une mèche brune en arrière afin de mieux voir la brunette à côté de lui. « Est-ce que ça va? » Puis en souriant il la complimenta : « Jolie droite! » avant de se souvenir qu'il était incapable de se battre comme elle. Sa joue le démangeait encore lorsqu'il repensait à l'épisode du parc et à cet idiot de première année qui s'était cru tout permit. Il essayait de rester attentif à ce qu'il se passait à l'autre bout de la bibliothèque, mais il était plutôt perdu à observer Esmée et sa réaction. Il n'était pas certaine qu'elle prenne bien le fait de l'avoir arrachée de là-bas. 

Penny mit sa main directement sur son œil. Énervée, elle répétait en boucle «mais elle est folle». Esmée commençait à se calmer et se sentit bête. Elle ne put regarder la victime. Penaude, elle se frotta la tête et tapa du pied. Penny retira sa main, Esmée grimaça. La trace violette commençait à prendre forme autour de son œil. Ayant visiblement mal, Penny demanda à son amie si elle avait quelque chose.

- OOOoh t'as un coquard !
- QUOI ?

Penny fusillait Esmée du regard. Elle était prête à se bagarrer ici, dans la bibliothèque.

- Tu vas morfler la naine !
- Ah! Peeves!

Penny qui s'était élancée pour se battre venait de s'arrêter net. Les trois filles regardèrent le garçon *Audric ?*. Soudain, il lui prit la main et l'emmena loin de cette histoire à problème. Ils se retrouvèrent ainsi cachés, entre deux rayons. Esmée l'observait, il semblait préoccupé. Elle s'approcha doucement et voulu lui reprendre la main, mais elle ne le fit pas. Ils n'avaient plus besoin de fuir maintenant. Songeuse, elle posa sa tête sur une rangée de livre tout en continuant de zieuter son ami. Plus le temps passait, plus il lui était presque impossible de ne pas le regarder. Souriante elle l'écouta se plaindre de Penny. Quand il enleva sa mèche de cheveux, Esmée se redressa. Tendu face à ses yeux elle lui répondit : «oui ça va, je... Me suis encore trop emportée...». Sa voix était assez contenue. C'était difficile pour elle de ne pas arriver à se retenir. Puis, elle allait encore avoir des ennuis et, à force, ça devenait embêtant. Ses camarades allaient sans doute râler de voir des points en moins pour leur maison... Ces derniers manifestaient souvent leur mauvaises humeurs avec cet humour à deux balles: «C'est un coup à la Peterson!» Elle croisa les bras en fronçant les sourcils. Décidément, elle ne s'entendrait jamais avec les gens de son âge... Ne voulant pas montrer sa contrariété, elle tourna la tête à Audric. Elle commençait à s'assoir par terre en murmurant «je suis vraiment un cas». Les yeux rivés sur le couloir, elle vit la bibliothécaire s'avançait vers eux. Elle était énervée, derrière elle, se trouvait Penny et son amie qui trainaient des pieds. Étant assez proche d'Esmée, elle lui dit d'une voix sévère:

- Miss Peterson, levez-vous donc et suivez-moi.

Esmée comprit que cette fois-ci, elle n'allait pas avoir que des heures de colle. Soucieuse, elle l'écouta. Debout, elle jeta un œil vers Audric en lui faisant un bye de la main. Puis elle porta son attention à la bibliothécaire.

- Bien. Miss Jones, pas besoin d'accompagner votre amie vous pouvez, comme le jeune garçon rester ici. Vous deux par contre - elle désigna Esmée et Penny - vous allez me suivre voir votre directeur de maison.

 Audric déambulait dans l’allée de livres nerveusement. Tout c’était passé tellement vite qu’il n’avait pas eu le temps de réfléchir à un plan. Que devaient-ils faire maintenant ? Ils ne pouvaient pas rester là jusqu’à ce que la bibliothèque ferme, il fallait qu’ils partent loin de là. Dans son esprit, le brun se donnait l’effet d’un gangster cherchant à faire évader de prison l’une de ses camarades prise sur le fait. Mais il n’avait ni l’ingéniosité pour le faire ni la technique.
 Esmée elle n’avait pas l’air aussi ravie que lui d’avoir fait un joli œil au beurre noir à Penny. Elle avait même l’air déçue d’elle-même, déçue de ne pas avoir pu se contenir. 
Elle se laissa glisser au sol en marmonnant quelque chose d’inaudible pour lui. Elle semblait vraiment mal et le garçon s’approcha pour la réconforter.

 Il voulait lui dire à quel point elle était forte et qu’elle ne devait pas se blâmer pour cela. Que c’était plutôt courageux -à ses yeux- de frapper cette peste au beau milieu de la bibliothèque devant tout ce monde. Et qu’elle ne devait pas se morfondre pour cela, parce que Penny l’avait mérité.
Il ne savait toujours pas ce que cette dernière avait fait mais il s’en moquait, persuadé que sa meilleure amie avait prit la bonne décision. Il voulait lui dire tant de choses... Comme de ne pas abandonner, qu'ils devaient peut-être changer de cachette pour qu'elle n'aie pas d'ennuis.
 Et surtout qu'il savait qu'elle n'avait pas besoin de son aide, mais qu'il ferait tout pour elle qu'elle le demande ou non. Parce que c'était à cela que ça servait un meilleur ami. Et même sans cella, sans qu'elle dise quoi que ce soit, il serait toujours prêt à tout pour elle.

 La voix de la bibliothécaire dans son dos le fit sursauter. Il ne s'attendait pas du tout à ce qu'elle intervienne, ou du moins pas aussi vite. Instinctivement, le brun se plaça devant sa meilleure amie, mais cette dernière obéit et se releva. Il la regarda s'éloigner en direction de l'adulte, se retenant avec force pour ne pas la retenir par le bras et l'entraîner ailleurs. Pas que de s'attirer des ennuis l'aurait ennuyé, mais il ne voulait pas qu'elle en ai d'avantage par sa faute. Le signe qu'elle lui fit lui pinça le cœur. C'était presque comme si la bibliothécaire l'envoyait à l'échafaud, du moins aux yeux du brun. 
 Il regarda la femme et les deux adolescentes partir en direction du bureau de leur directeur de maison, après que l'adulte ai gentiment demandé au garçon et à l'amie de Penny de rester sur place. 

 Eleanor attendit que le trio passe la porte de la bibliothèque avant de se tourner vers le garçon. « Tout ça c'est la faute de ta stupide "copine". Ce serait cool qu'elle se fasse renvoyer cette fois. »
 Bien qu'elle ai un an de plus que lui, Audric ne se laissa pas démonter et lui fit face de toute sa hauteur. « Tu devrait peut-être prier pour que cela n'arrive pas. Parce que si Esmée part à cause de TA stupide copine, c'est moi qui deviendrait votre pire cauchemard. » Le brun lui lança le regard le plus noir qu'il pu. Son ton était sec et glacial.
 Il n'attendit pas une quelconque réponse et sortit de la salle en courant. Il se dépêcha de gravir les étages le menant à leur salle commune et se plaça de manière à pouvoir attendre sa meilleure amie dès qu'elle arriverait.

FIN.

 Merci pour ce Rp