Le week-end arrivé, Circéia s’était ruée sur la bibliothèque, un lieu facile à trouver dans l’immense château qu’elle découvrait à peine. Et puis, même si elle n’avait pas su où elle se situait, il lui aurait suffi de suivre les livres que les élèves tenaient dans leurs mains, soit pour aller les rendre, soit qu’ils venaient de les emprunter. On aurait dit qu'une ligne se traçait pour la conduire là bas.

Elle voulait absolument trouver des informations sur Durmstrang, l’école où son père avait été élève. C’était une question devenue obsessionnelle, son intuition la poussait à ne pas en parler mais cela la taraudait ; elle n’aurait pas vraiment su dire pourquoi. Lorsqu’elle entra, on lui demanda vite ce qu’elle voulait. Circéia esquiva en répondant qu’elle désirait d’abord apprendre comment étaient constitué les rayonnages. Son expérience de l’étagère de Père lui avait enseigné qu’on range toujours des livres selon une logique si l’on veut s’y retrouver. Elle fut très vite déçue et bientôt, plus encore, découragée. Ce lieu était immense, jamais elle n’aurait imaginé qu’il puisse exister autant de livres sur un seul sujet. Elle se trompait, il existait des rayons traitant d’autres questions mais elle ne les avait pas encore croisés. Et l’essentiel restait de trouver des choses concernant Durmstrang.

Au bout d’une heure, elle finit par renoncer. Rien à D, pas plus à E (Ecole). Le rayon H (Histoire de Durmstrang, Histoire des grandes écoles de Magie, Histoire de la magie russe…) était à lui seul un lieu où une fille de son âge allait perdre son esprit tant il était grand (le rayon). Elle finit par demander un livre sur l’histoire de Poudlard, espérant trouver quelques lignes qui concerneraient les écoles concurrentes de la sienne. Une fois le livre en mains, elle se dirigea vers une table, de préférence libre mais il n’en restait plus. Trop impressionnée pour s’installer à côté d’élèves sans doute en sixième ou septième année, elle finit par chercher une tête connue, ou au moins sympathique, le genre de tête qu’elle aurait déjà vue au moment de la répartition. Et finalement, près d’une fenêtre, elle trouva un table à quatre places, où une fille de Gryffondor était manifestement en train de s’arracher les yeux à lire un texte très compliqué.

- Bonjour, je ne sais pas si tu te rappelles de moi, je suis Circéia ALEKHIN, tu as été envoyée à Gryffondor juste avant ma répartition…

Elles avaient en effet un peu discuté, mais cela avait duré au mieux trente secondes…

-…est-ce que cela te dérange si je m’assieds à côté de toi ?

Circéia avait vraiment envie qu’elle lui dise de s’asseoir, et pas seulement parce que le livre était lourd et qu’elle commençait à avoir mal aux jambes à force de piétiner dans ce lieu.

Mary leva les yeux de son bouquin.
-Sauvée par le gong ! pensa-t-elle,

- Non, non, viens ça ne me dérange absolument pas. Je suis Mary Middlebrooks je sais pas si tu te rappelle.

Mary était contente d'avoir quelqu'un avec qui discuter, en plus de la sympathie immédiate qu'elle avait éprouvé pour Circéia la première fois qu'elles s'étaient parlé, à la cérémonie de répartition, cela lui donnait une excellente raison pour lever un peu les yeux de ses tortueuses révisions. Mary se demanda si Circéia, elle, s'arrachait autant les cheveux avec les cours et les devoirs... Elle même étant d'un stress total. Mais si elle s'était trouvée dans la bibliothèque ce samedi ensoleillé c'est qu'elle avait certainement de très bonnes raisons de ne pas sortir prendre l'air, ou alors d'aller se promener avec certainement d'autres personnes de Serpentard.
Mary referma son livre et le fourra dans son sac, déjà plein à craquer d'autres volumes de toutes sortes, oubliant peu à peu, la leçon qu'elle essayait d'apprendre. Elle remarqua que Circéia avait dans les mains "L'Histoire de Poudlard" et se demanda ce qu'elle allait chercher la dedans. Ce livre était tellement énorme que Mary faillit faire une syncope. Si un jour elle avait à le lire elle se promis de s'y prendre à l'avance, espérant quand même que ce jour arrivera quand elle aurait fini tous les autres livres pour lesquels elle éprouvait de l’intérêt. Voyant qu'un certain malaise commençait à se mettre en place elle décida de commencer à discuter, en espérant ne pas devoir sortir la fameuse phrase en fonction du temps qu'il fait aujourd'hui.

Du coup, qu'est ce que t'es venue faire ici si je ne suis pas indiscrète ?

Les gens que l'on rencontre ont deux effets possibles sur nous ; soit ils nous fatiguent, soit ils nous apaisent. Circéia était contente de croiser enfin quelqu'un d'amical. Elle lui fit un grand sourire.

- Oui je me rappelle très bien.

C'était moyennement vrai, le souvenir qu’en avait Circéia était flou mais elle se rappelait que le choixpeau n’avait pas beaucoup hésité pour Mary. Mais depuis, elle n’avait pas eu le temps de discuter avec elle et s'il fallait rester toute l’année à Poudlard, autant connaître au plus vite le maximum de gens. Une fois assise, elle ouvrit le livre en disant :

- Oh, c’est un livre sur l’histoire de Poudlard….

Elle hésita. Mais pas sur la vraie raison de livre ce livre, elle ne dirait rien de Durmstrang. Fallait-il pour autant mentir ? La vérité le ferait passer pour une ignare. Mais tant pis, elle n’avait pas le cœur à bluffer.

- Je ne sais pas grand-chose de notre école. Mes parents m’en ont très peu parlé alors je suis là pour me renseigner.

Déjà, des regards réprobateurs se tournaient vers le duo bruyant qu’elles formaient mais Circéia ne s’en rendait pas encore compte.

- Tu connais ce livre ?

La petite Serpentard tenait un livre qui n’était pas celui de Garius Tomkink. Il s’agissait d’un livre intitulé « Mille et une histoires de Poudlard ». Circéia l’avait pris comme prétexte, si Mary était perspicace, elle saurait lui dire que Circéia ne lirait pas ce qu’il se faisait de mieux sur Poudlard en parcourant le livre qu’elle avait entre les mains. Mais elle ne pouvait plus reculer, prise dans une moitié de vérité, Circéia devait assumer.

Surprise par le livre qu'elle lui tendit, Mary se demanda si elle cherchait vraiment au bon endroit pour trouver des informations sur Poudlard. La plupart des élèves ayant un exemplaire de "L'Histoire de Poudlard" serait allés chercher des renseignement directement dedans, mais Mary décida de ne pas tenir compte de cette petite observation, se disant qu'elle l'avait certainement déjà lu. Finalement elle répondit juste à la question.

-Non, je n'en ai jamais entendu parler. Mais tu peut toujours essayer de le lire, de toute manière les livres sur Poudlard sont généralement vrais. A part quelques grosses bêtises, mais si tu as un doute sur une des infos qu'il y a là dedans tu pourras toujours demander à quelqu'un qui en sait plus. Ou emprunter un autre livre.

Plusieurs tables maintenant lançait des regards noirs en directions des deux jeunes filles mais aucunes d'entre elles ne semblaient y prêter attention.
Mary avait quand même un doute, en examinant bien l'hypothèse selon laquelle Cicéia aurait déjà lu "L'Histoire de Poudlard" elle se demanda quand même qu'elles étaient les questions qu'elle se posait encore, car ce livre avait la réputation de donner absolument tous les détails sur Poudlard et encore plus que ce que l'on pouvait imaginer.

-Qu'est ce que tu cherche sur l'école ?

Aïe, ça c'est fait. Ça avait l'air de mettre Circéia mal à l'aise et Mary s'en voulu beaucoup d'avoir lançé un poids lourd dans la conversation qui démarrait pourtant si bien...

Mary était de ces filles qui visent juste. Et Circéia devait rapidement trouver un moyen de ne pas déborder sur Durmstrang. Le cours d’Histoire de la Magie l’avait passionné, elle y puisa une inspiration salvatrice.

- Oh, des choses simples… pourquoi il n’y a pas de gobelins ici, y-a-t-il d’autres matières étudiées ici par le passé… Je ne sais pas ce que je peux trouver…

Elle avait une idée de plus en plus précise de ce qu’elle pouvait trouver et repensa tant et plus au cours d’Histoire de la magie qui l’obsédait. Si elle voulait trouver un livre sur Durmstrang, elle devrait chercher dans le rayon dédié à cette matière, il y avait un cours sur les écoles de sorciers dans l’Histoire, elle ne se rappelait plus en quelle année mais bon… il existait… donc les supports d’étude sans doute aussi.. Entre temps, il n’était pas question de quitter la table, pour une fois qu’elle pouvait parler tranquillement à quelqu’un.

- …disons … ce qui me surprendra… Par exemple, je suis fascinée de voir qu’ici, une fille vaut un garçon…

Elle se retint d’ajouter que ce n’était pas le cas chez elle, surtout depuis la naissance de son petit frère. C’était pour elle une déchirure que de constater cette injustice. Jamais avant Alexandre son père n’avait montré quoique ce soit de ce genre. Mais tout avait changé depuis son arrivée, et pas seulement parce qu’il avait fallu s’occuper d’un nourrisson. D’une certaine manière, comprendre cela était tout à fait bienvenu. Elle apprécierait d’autant plus le monde des sorciers. Mais quand même…

Mary fut surprise de la réponse de Circéia. Elle n'aurait jamais cru qu'elle était fascinée par les égalités filles-garçons ! C'était ça qui la mettait mal à l'aise ? Elle n'avait pas à être gênée si ce n'était que ça. Et pourtant Circéia semblait plongée dans des pensées plus obscures les unes que les autres, puisque son sourire bienveillant s'était effacé, gardant un visage neutre, impassible. Mary avait l'habitude de déceler les émotions des gens, étant passionnée, elle passait parfois des heures dans le mondes moldu à écrire toutes les réactions, émotions et tic qu'elle pouvait voir dans différents situations et imaginait à quoi cela était dû.
Mais là, les émotions de Circéia était impossible à lire, mais ce qui sautait aux yeux de Mary c'était les souvenirs sombres qui passait dans les yeux de sa camarade. Elle décida donc de ne pas trop insister de peur que les deux amies ne se retrouvent encore dans un silence pesant.

-C'est vrai, je n'ai jamais vu aucune inégalité à Poudlard, en tout cas entre les garçons et les filles. Mais je ne sais pas si tu vas trouver ça dans les livres de la bibliothèque.

En y réfléchissant bien, il était vrai que Mary n'avait vu aucun livres sur ce sujet dans la bibliothèque de l'école qu'elle avait pourtant parcouru de nombreuses fois depuis son arrivée. Elle se demanda également si, en cherchant bien Circéia pourrait trouver un livre sur cela. Mais Mary se reprit en se disant que de toutes manière elle n'aurait qu'à demander à Mme Pince, elle qui connaissait à 200% les livres de tous les rayonnages possibles et inimaginable dans cette bibliothèque interminable. Elle finit par essayer de se rendre utile.

-Tu voudrais de l'aide ? Je pourrais t'aider à chercher si tu veux ?

Circéia se trouvait pour la première fois depuis qu’lle était dans son nouveau monde face à un choix difficile ; rester au chaud ou oser, rester cachée ou sortir du bois, demeurer seule ou faire le pari de la confiance…. Ou du début de celle-ci…. Parfois, on joue un coup à l’instinct, et on ne sait qu’à la fin s’il était bienvenu ou désastreux….

- Je cherche des choses sur les autres lieux ressemblant à Poudlard….

Jamais elle ne parlerait de Durmstrang, encore moins de son père. Mais elle pouvait donner un premier signe positif, tendre la main.

-… j’ai appris en cours d’Histoire de la magie que d’autres écoles existent. Et ça m’intrigue.

D’une certaine manière, la vie l’aida à se cacher de son audace, c’en était trop dans la bibliothèque et les deux premières années furent sévèrement réprimandées juste après les mots que Circéia venait de prononcer. Une punition fut même posée sur la table : « aux prochaines perturbations, j’enlève 30 points à vos maisons respectives ! ». Il n’en fallut pas davantage pour les faire taire définitivement. Ou presque.
Circéia voyait un avantage à la situation, elle n’avait pas eu à répondre à une nouvelle question, plus précise, sur un sujet qu’elle ne voulait pas trop creuser, par méfiance excessive. Mais elle finit par se sentir obligée de déverrouiller la situation, un bon quart d’heure après.
Prenant un bout de parchemin, elle écrivit dessus quelques mots et tendit le tout à Mary. Il était écrit ; « On sort ? Ici, j’étouffe … ».
C’était un peu faux mais il fallait se sortir de l’embarras, pour elle comme pour Mary. Après un quart d’heure de silence, elle espérait aussi démontrer aux autres qu’elle avait compris la leçon.

Mary a été très surprise en voyant la réprimande arriver sur la table. Elle ne s'était pas du tout doutée qu'elles étaient dérangeantes... C'est clair, elle ne voulait surtout pas faire perdre de points à sa maison, et Circéia devait penser la même chose, mais elle voulait tant pouvoir lui répondre !
Mary a quand même été très heureuse que Circéia veuille bien qu'elle puisse donner un coup de main. Mais elle se rendit bien vite compte qu'un certain malaise, c'était installé entre elles depuis qu'elles ne pouvait plus parler. Après quinze minutes à se regarder toutes deux dans le blanc des yeux, Circéia pris un parchemin et commença à écrire dessus, quand elle eu fini, elle le passa à Mary. Elle était ravie de la proposition de sortir d'ici puisqu'elle ne se sentait plus trop à sa place à coté des gens qui "travaillait" eux, alors qu'elle ne pouvait pas, ou en tout cas plus, finir le malheureux livre qu'elle avait commencé tout à l'heure. Pourtant en temps normal elle l'aurait dévoré... Finalement elle pris le morceau de parchemin et marqua à son tour sa réponse.

Ok, moi ça me va, tant qu'on arrive à fuir la bibliothécaire qui nous lance des regards comme si elle voulait nous enterrer vivante. Elle me fait carrément peur !

Ce qui en soit n'était pas totalement faux. Il était vrai que derrière son bureau depuis tout à l'heure, elle les dévisageait comme des animaux sauvages. Mary tendis enfin le mot à Circéia.

C’était long et ennuyeux… Il avait fallu rester silencieuse pour ne pas montrer un sale caractère face aux reproches. Aussi Circéia avait retenu son envie de tout envoyer balader. Mais en même temps, elle savait très bien se contenir, c’était juste une… contrariété. Constatant que Mary faisait elle aussi une carpe très convaincante (ne dit-on pas muet comme une carpe chez les moldus ?), elle prenait de plus en plus cette Gryffondor en affection. Au moins les deux filles se comprenaient-elles sur l’essentiel, ce qui n’est déjà pas si courant. Mais il fallait bien se tenir, se mettre à dos toute une assemblée pour de simples bavardages n’en valait pas la peine.
Une chose était sûre, il n’y avait rien dans ce livre sur Durmstrang. Comme si elle allait trouver tout ce qu’elle voulait en cherchant au hasard. Et puis…. Son attention avait été détournée par l’attitude des gens autour d’elle. Elle ne pensait plus vraiment à son père.
Refermant le livre qu’elle considérait désormais comme inintéressant, Circéia prit soin de ne pas le laisser émettre un petit bruit, cela la tenta mais il vaut mieux éviter de se mettre des gens à dos, trop tôt, surtout si le jeu n’en vaut pas la chandelle. Elle fit un geste de la tête à Mary et les deux première années sortirent de la bibliothèque pour se retrouver rapidement dans le parc.

Pépiements libres de tout contrôle, la suite

Il faut considérer les deux post techniques de Circéia comme un tout, elle tente de détourner la conversation...