Depuis son arrivée à Poudlard, Clément était le premier camarade à lui proposer de passer du temps avec lui.

Tout le monde ici était très gentil mais chacun vaquait à ses occupations quotidiennes, cours, devoirs et découverte des lieux.
Gabryel ne s’était pas encore intégré dans un groupe, ni sympatisé réellement avec quiconque. Ceux qui s’étaient connus en premiére année avaient déja eu le temps de nouer des liens. Certains nouveaux formaient parfois des pools d’études ou participaient ensemble à des activités diverses, ce qui facilitait l’éclosion de nouvelles amitiés.

Gabryel, lui, se réfugiait dans les livres et passait une bonne partie de son temps seul, se protégeant dans les leçons, évitant ainsi de se faire violence en luttant contre sa timidité maladive. Il avait trop souvent souffert de l’exclusion dûe à son bégaiement.

Bien-sûr, chez lui en Ecosse il y avait Grégoire, son meilleur ami, son frère de coeur. Ce dernier n’avait jamais fait allusion à son défaut de langage, il était surtout admiratif des facultés magiques du jeune sorcier. Avec son copain moldu, Gabryel se sentait en famille. Il était lui-même et n’avait aucun complexe. Il ne rougissait pas comme une pivoine lorsque certains mots ne voulaient pas convenablement sortir de sa bouche.

Clément ne lui tenait pas rigueur de ne pas avoir découvert le grimoire espéré. La couverture de l’essai était certes un peu effrayante mais aussi comique, il fallait le reconnaître. En y regardant de plus prêt, les trolls en tutus avaient un comportement saugrenu. Les différents chapitres de ce livre présageaient de belles soirées de fous rires en perspective.

- Gabryel : « Oui Clément, avec plaisir ! Je te rrrrrremmmmmercie de me le proppp... proppppproprprproposer.

Gabryel eut un petit sourire presque triste en pensant à Grégoire. Il avait le coeur serré de ne pas partager avec lui toutes les découvertes qu’il faisait ici. Clément l’observait et semblait s’être apperçut du trouble de Gabryel.

- Gabryel : « Tu sssssais, je ne passe ppppas beaucoup de ttttemps avec les autres. J’ai tttout le temps peur d’être de ttttrop. C’est bbbbête je sais. Je m’isole de la mmmméchanceté et des mmmmoqueries. Même si ici tttttout le mmmmonde est gentil, j’ai développé des autttttomatismes de défffense depuis mon enfffffance ».

Il fit une pause.
Il ne voulait pas que son camarade le prenne pour un sauvage ou un associable parce qu’il ne le voyait que très rarement en salle commune.

Gabryel : « L’an dernier, j’étais invvvvvité à l’anniversaire d’un cam...cam...camarade de classe. Durant toute la sssssoirée, les autres enffffants m’ignoraient, c’était horrible. Je n’avais qu’une envie, les ttttrrransformer en chêvres pour montrer ce que je ppppouvais faire. Ca leur aurait fermé leurs becs ! ».

Soudain, Gabryel se mit à rire tout seul. Il s’imaginait les garçons et les filles moldus qu’il connaissait courant les uns aprés les autres, en bêlant et en laissant tomber partout de petites crottes... ».

Le garçon de Deuxième Année avait proposé à Gabryel d'emprunter le livre et de le lire plus tard à deux en salle commune. Il avait pensé qu'il pourrait passer un bon moment en salle commune ensemble à lire cet essai loufoque sur le dressage de trolls à la danse durant les prochaines soirées. Même si Clément aimait réviser tard en salle commune, il pourrait prendre une vingtaine de minutes avant de partir dans son dortoir pour partager ce moment avec le Premier Année. Gabryel venait de remercier son aîné, bien entendu toujours en bégayant, mais Downing s'habituait de plus en plus à la manière de communiquer de l'élève et ne faisait presque plus attention à son problème. Car oui, aux yeux de Clément, ce n'était qu'un petit problème qui n'enlevait aucune des qualités au garçon.

Sa famille lui aurait sûrement dit de ne pas être aussi faible et de ne pas accepter de côtoyer une personne avec ce léger handicap, mais plus le garçon grandissait et plus il prenait de distance avec les valeurs qu'on lui avait inculquées plus tôt dans sa jeunesse. Même si il pensait avoir des remarques venant des autres camarades de sa maison pour traîner avec le bègue, Clément n'était pas du genre à se faire influencer. Toutefois, il était un garçon plutôt fier et pourrait prendre ses remarques à cœur en s'énervant rapidement.

- « Pas de soucis ! On fera ça la semaine prochaine, en fin de soirée en salle commune si ça te va ? » demanda tout d'abord le garçon. 

Néanmoins, Downing se sentit plutôt gêné lorsque Gabryel commença à parler de lui et du traitement que d'autres personnes avaient pu lui réserver par le passé. Il écoutait d'une oreille peu attentive, n'étant pas vraiment intéressé par les problèmes affectifs des personnes qu'il ne connaissait pas encore. Certes, le garçon semblait bouleversé, mais ne l'était pas suffisamment pour ne donner qu'une once de peine au garçon. Dès qu'il eut finit ses jérémiades, Clément avait les traits du visage fermés et ses lèvres étaient pincées. Un petit moment de silence passa entre les deux garçons jusqu'à ce que Clément se décide enfin à lui dire :

- « Ah, je vois, ce ne doit pas être facile tous les jours » dit le Deuxième Année sur un ton faussement empathique.  « Tu viens, on va emprunter le livre ? C'est auprès de Madame Minal, la bibliothécaire. »

Clément n'était pas un garçon méchant, mais il ne s'intéressait pas forcément au caractère affectif des relations humaines. Il avait été aussi dynamique avec le garçon parce qu'il pensait pouvoir trouver un livre intéressant, ce qu'ils avaient finalement fini par faire.

- Clément : « Ah, je vois, ce ne doit pas être facile tous les jours »

Gabryel sentit chez son camarade une forme de froideur que ce dernier tentait de masquer par de la politesse convenue.
Il s’en voulut de l’avoir mis un peu mal à l’aise.
Il n’avait évidemment pas cherché à le gêner en partageant avec lui son souvenir. C’était une simple manière de lui exprimer sa reconnaissance de ne pas l’avoir jugé sur son bégaiement, et lui avoir proposé de lire ensemble ce mysterieux bouqin.
Un simple « merci d’avoir pris sur ton temps pour m’expliquer le mode de classement des grimoires de la bibliothèque » aurait suffit.
Les personnes timides comme Gabryel étaient souvent maladroites dans leur approche relationnelle. Pour le coup, Clément devait le prendre pour un faible geignard, et le jeune lionceau détestait cela.
Il décida de respecter la pudeur de son aîné, esperant qu’avec le temps une jolie relation de camaraderie naîtrait peut-être.

- Clément : « Tu viens, on va emprunter le livre ? C'est auprès de Madame Minal, la bibliothécaire. »

Gabryel sourit à Clément tout en récupérant son manteau et sa besace posés sur une table. Les deux élèves quittèrent le rayon « Histoire de la magie » pour se diriger vers l’accueil. Les yeux du première année se posèrent à nouveau sur la couverture du livre que son camarade Gryffon tenait dans la main.

- Gabryel : « Alllllors comme ça, ce type a tenté d’apprendre la danse à des ttttrolls ? »

N'aimant pas s'épancher sur les problèmes que pouvaient avoir les autres personnes puisqu'il ne trouvait rien d'intéressant dans ce type d'échanges, Clément avait coupé court à la discussion avec le Première Année de Gryffondor. Il ne voulait pas se sentir gêné pour l'attitude que d'autres enfants avaient pu avoir par le passé avec lui, lui n'étant responsable dans cette histoire pour rien. Downing avait alors refermé sa carapace, passant probablement pour quelqu'un de froid et indifférent, mais c'était avant tout pour se protéger. 

Tandis que les deux enfants se rendaient au bureau de la bibliothécaire de Poudlard pour emprunter le livre, Clément appréhendait la rencontre proche avec Madame Minal. Depuis qu'il avait improvisé une course de vifs d'or avec Jeffrey Hunter l'année dernière dans la bibliothèque, sa relation avait été plutôt tendue avec la bibliothécaire qui s'était mise à la surveiller de plus près et lui lancer des regards noirs entre les rayonnages, comme pour vérifier qu'il ne faisait aucune bêtise.

- « Ce sorcier a l'air d'un fou, ça ne m'étonnerait pas qu'il ait fini à St Mangouste ! Apprendre à faire danser des trolls ? Et puis quoi encore ? Il faut être taré pour tenter ça ! »

Le Gryffondor rit doucement en jetant un regard à Gabryel avant que son attention ne se reporte sur la bibliothécaire, qui comme il se l'attendait, le regardait d'un air plutôt mauvais. Downing lui adressa un grand sourire, non pas pour la provoquer, mais pour tenter de la rassurer et d'essayer de lui faire oublier ses mésaventures de l'année dernière. 

- « Bonjour Madame Minal, vous allez bien aujourd'hui ?  » dit Clément sur un air jovial. Avant de se tourner vers Gabryel et de dire : « Tu peux emprunter le livre sous ton nom s'il te plaît, je crois que j'en ai déjà trop en emprunt.  »

Madame Minal avait toujours été aimable et souriante avec Gabryel. Elle l’orientait bien souvent lorsqu’il hésitait sur le choix des grimoires les plus adaptés à ses recherches, ou à ses envies du moment.
Mais maintenant, elle observait les deux garçons avec un regard suspect, comme désaprobateur. Clément semblait un peu mal à l’aise et son sourire trahissait une certaine gène. Certainement y avait-il entre lui et la bibliothécaire une petite tension que le Première année ne savait expliquer.

Gabryel emprunta par conséquent le livre à son nom. Madame Grimal nota la référence et les informations nécessaires dans son registre avec un petit air pincé, puis reprit ses occupations sans un mot de plus.
Le jeune Gryffon était maintenant très impatient de partager le bouquin avec son nouveau camarade. Sa curiosité s’accentuait à mesure qu’il observait la couverture. Il avait déja vu la gravure qui la recouvrait mais n’arrivait vraiment pas à se rappeler où...

Ces trolls avaient un air vraiment effrayant, et le petit personnage au centre subissant leurs assauts semblait beaucoup regretter de se trouver là.
Ces espèces de grosses créatures vertes paraissaient à peine capables d’aligner trois mots corrects, comment pouvait-on imaginer les faire danser ?

Sortant de la bibliothèque, il proposa à Clément de garder le livre si celui-ci le souhaitait, le temps qu’ils trouvent un moment pour le feuilleter ensemble.
Pour l’heure, Gabryel avait très faim, son estomac commençait serieusement à gargouiller.

Le regard glacial que lui jetait dès à présent Madame Minal lui donnait des frissons dans le dos. Pourtant, le fameux incident qui lui avait valu des reproches de la part de la bibliothécaire datait maintenant de plusieurs mois, pourquoi n'était-elle passée à autre chose ? Allait-elle vraiment suspecter le jeune Downing des pires coups jusqu'à la fin de sa scolarité ? Ce n'était pas faute d'avoir eu un comportement irréprochable depuis. 

Poussant un léger soupir en sortant de la Bibliothèque avec Gabryel, le Gryffondor récupéra le livre que lui tendait son camarade de Première Année avant de le glisser à l'intérieur de sa besace en cuir sans prendre la peine de le regarder.

- « On commencera à le parcourir cette semaine en salle commune de Gryffondor ? Que dis-tu de vendredi soir à 10 heures ?  »

Toujours gêné d'avoir été la cause de cette situation indélicate pour Gabryel, le garçon tenta de le rassurer avec un petit sourire. Il n'avait pas du comprendre le regard noir de la bibliothécaire, et sans doute, l'avait prit personnellement pour lui. Downing se devait donc de rectifier la situation et d'expliquer à l'autre Gryffondor ses péripéties de l'année dernière.

- « Au fait, Madame Minal n'a pas fait cette tête pour toi, mais pour moi...  » commença Clément en grimaçant. « Disons que je me suis mal comporté l'année dernière à la Bibliothèque et que c'est remonté jusqu'à ses oreilles. Depuis, elle me tient à l’œil parce qu'elle pense que je vais refaire des bêtises à la Bibliothèque. Je suis presque sûr qu'elle n'attends que de me prendre sur le fait pour m'interdire l'accès à la Bibliothèque !  »

C'est justement à cause de cette épée de Damoclès qui pesait au-dessus de sa tête que le jeune garçon avait redoublé d'attention durant ces derniers mois à la Bibliothèque. Il ne supporterait pas d'être exclu de ce lieu puisqu'il y passait le plus clair de son temps et trouvait en son sein un espace de sérénité. Clément devait continuer ses explications à Gabryel pour éviter qu'il se fasse une mauvaise idée de lui.

- « C'est bête, je le sais, je n'aurais jamais du et je le regrette maintenant...  J'avais travaillé toute la journée à la Bibliothèque, et je voulais me divertir avec un camarade un peu. On a improvisé une course de vif d'or  avec des boulettes en papier... On aurait vraiment du sortir pour faire ça, on a été stupide sur le coup. »

Pourquoi fallait-il qu'il se justifie de tout ? Était-ce si important la vision que les autres pouvaient avoir de lui ? Il regrettait amèrement le choix qu'il avait fait ce jour et si il en avait l'occasion, essayerait de se racheter auprès de la bibliothécaire. Entendant le ventre de son camarade gargouiller,  Clément lui demanda :

- « J'allais justement déjeuner, tu m'accompagnes à la Grande Salle pour manger ou tu y vas avec tes amis ? »

Fin du RP pour ma part ! J'attends la suite avec impatience  

« Vendredi soir, c’est parfait Clément », répondit l’écossais, impatient d’en savoir plus sur ce Le Follet.

La mésaventure de Clément amusa beaucoup Gabryel, dont l’admiration pour son responsable de dortoirs ne fit qu’augmenter.
A onze ans, on idolatre toujours les garçons plus agés qui défient l’autorité, surtout quand leurs idées sont loufoques, c’est encore mieux. Le petit Gryffon aurait adoré assister à une course de Vif d’Or dans la bibliothèque. Il aimait beaucoup passer du temps dans cet endroit, mais il fallait avouer le peu d’animation qui y régnait...
Il comprit la grise mine de madame Minal en le voyant accompagné de Clément, associé à jamais à un causeur de trouble. Cela dit, Clément semblait regretter cet incident.

Gabryel se rappela instantanément toutes les bétises inventées avec son meilleur ami Grégoire, en Ecosse, et le nombre de punitions et de réprimandes que cela leur avait couté, les fois où ils s’étaient fait prendre. La plus mémorable de leurs inventions restera la bataille de boue, un jour de pluie, dans l’arrière cour de l’église. Le pauvre curé avait du nettoyer les carreaux du presbytère pendant des jours car la terre avait séchée, laissant les vitres dans un triste état.

- « J'allais justement déjeuner, tu m'accompagnes à la Grande Salle pour manger ou tu y vas avec tes amis ? », proposa Clément.

- « Je t’accompagne avvvvec grand plaisir », répondit le première année avec enthousiasme. « Tu me me raconteras comment s’est passée cette course de vvvvif d’or !! ».

Fin de la première partie du RP  -Un parcours mystèrieux- « Découverte à la bibliothèque »