Un crachin moyen battait les longues fenêtres de la bibliothèque, en cette après-midi de début Décembre 2043. Les monts nuageux si particuliers aux Highlands mugissant et se compressant dans le ciel de telle manière que le soleil perçait par endroits à gros rayons, faisant passer le paysage d’un gris ornementé de vert à une aveuglante et fugitive scène blanche et orangée, pour peu que la lumière vienne frapper le château.

La Bibliothèque était pleine, les étudiants profitant du mauvais temps pour entretenir leurs cerveaux au détriment de leur corps. La salle résonnait du bruit des pages qui tournaient et des plumes qui grattaient. Sans compter les quelques murmures entendus au niveau des différents groupes de travails. La Bibliothèque était tenue d’une main de fer, et tout le monde suivait au maximum la règle permettant de garder ces lieux silencieux.

« Mais je vous dit que je ne sais pas comment elle s’appelle ! Je n’ai que ce croquis, OK ?! »

Autant pour le silence.

Une jeune Gryffondor semblait très remontée face à la Bibliothécaire. Lui brandissant un parchemin en face du regard, mais ne recevant comme toute réponse qu’un mouvement de tête négatif. Il lui fut expliqué en termes secs que les archives de l’école n’étaient accessibles que sous autorisation d’un professeur, et certainement pas pour une demande aussi vague. Ce qui semblait mettre en rage l’indienne.

« Bon sang ! Vous n’avez jamais entendu parler de la liberté d’information ou quoi ? J’ai juste besoin d’accéder aux archives des étudiants des années précédentes.»

Une Moldue sans doute, confrontée à la loi sorcière, un tout petit peu plus archaïque que la version auquel elle était habituée. Devant l’échec total de ses tentatives, l’élève tapa encore un peu du pied, avant de se résigner et de s’éloigner. La bibliothécaire la regarda disparaitre dans les rayons, les bras croisés et le regard dur, avant de pousser un long soupir et de se remettre à son travail. La Bibliothèque repris son calme et studieux silence.

Mais Aishani n’avait pas dit son dernier mot, après avoir fait un détour par les rayons, elle avait pris position hors du regard de la bibliothécaire afin d’étudier la situation.

Elle devait accéder à ces archives d’une manière ou d’une autre. Cela devenait trop important.

Début décembre,

Cette journée était morne et grise, le temps pluvieux n'incitait personne à sortir et le château était bondé de monde, la plupart des élèves s'agglutinant au chaud dans leurs salles communes. Je n'étais pas en reste et avait passé la matinée à jouer aux échecs version sorciers avec des camarades dans la pièce dédiée aux Serdaigles, dans la plus haute tour du château. Tout raidi à cause de l'entraînement de Quidditch de la veille, je n'étais pas en forme et toussait régulièrement, ce qui renforçait d'autant plus mon air maladif. La période de l'avent commençais, et bien que la féerie de Noël semblait s'installer progressivement, cette période était aussi synonyme de travail, et je croulais sous la liste des devoirs.

L'après midi, je rassemblai mes ouvrages scolaires, mes plumes et mes parchemins, et me motivais pour aller étudier à la Bibliothèque. J'espérai bien clôturer ma dissertation d'Histoire de la Magie sur "Rudolph le Borgne" et continuer par ailleurs mes lectures notamment celle sur "Les plus grands Ministres de la Magie du XIXème siècle." La Bibliothèque était un endroit que j'affectionnais particulièrement, un havre de paix au milieu duquel je me sentais comme un poisson dans l'eau. J'aimai contempler les nombreuses étagères, et les milliers de livres qui dégageaient une odeur de vétusté quand on les ouvrait.

En déambulant de manière nonchalante entre les rayons, je repérai une table déserte près de l'accueil, ou la bibliothécaire, une femme âgée au visage rapiécé renseignait des élèves, et je pris place à cet endroit en étalant mes affaires que je tenais sous le bras. Après quelques minutes passées à contempler les paysages d'un air monotone en regardant par la fenêtre à proximité, je me mis au travail. Le silence qui régnait dans la pièce était reposant, et je me demandai si je n'allais pas piquer du nez, quand ce dernier fut rompu soudainement.

Une jeune fille s'adressait bruyamment à la bibliothécaire, tous les regards se tournant vers elle plein de réprobations. Visiblement elle cherchait à consulter des ouvrages qui ne lui était pas permis de lire sans autorisation, et tentait de forcer la main à son interlocutrice. Pas la meilleure méthode, pensais-je en reposant mon parchemin sur la table. Après quelques instants d'extrême tension, le vacarme se tût et la jeune indienne disparu dans les rayons. Ma curiosité naturelle avait été piquée, pour qu'elle raison cette fille tenait à ce point à consulter des archives de la réserve ? Je tâchai de me reprendre, ce n'était pas le moment de retomber dans les ennuis et de faire le curieux. J'avais eu déjà assez d'ennui avec Olympe Waston à cause du marécage transportable qui avait explosé dans la salle d'étude des runes.

Après cette réflexion, je me levai et me mis à parcourir les étagères à la recherche d'un bouquin qui pourrait m'aider pour ma dissertation, mais au détour d'une rangée, mon regard se posa sur la jeune harpie qui avait fait le raffut et semblait en pleine réflexion plantée là. Et puis zut, je ne pouvais résister à ma curiosité et mon intérêt pour cette affaire. Qui sait, peut-être avait elle envie de consulter un ouvrage très rare et dangereux ? Je ne risquai rien à lui parler, elle n'allait pas me mordre. A pas furtif je me dirigeai vers la Gryffondor et en chuchotant lui dit :

- Tu ne devrais pas faire de boucan comme ça ici, c'est très dérangeant... Pourquoi tu te donnes en spectacle comme ça ?

L'indienne, toute à sa concentration des mouvements de la bibliothécaire, se crispa légèrement en entendant les chuchotements du Serdaigle. Elle se retourna avec lenteur, montrant une tête grimaçante, entre la sidération, l'irritation et le dégout, rouge comme une tomate. Elle chuchotait elle aussi.

"Eeeew... C'est quoi ces manières de te glisser derrière les filles que tu connais pas pour leur chuchoter à l'oreille... C'est glaçant d'horreur..."

Elle dévisagea le petit blond angélique au teint pâle plein de curiosité qui la regardait. Il lui arrivait aux épaules, petit première année aux couleurs de l'aigle. Son dégout tomba immédiatement, laissant la part belle à l'irritation de s'exprimer, alors qu'elle mettait ses mains sur ses hanches en battant du pied sur le sol, le toisant de toute sa hauteur. Puis voyant que ça ne serais de toute façon pas utile de menacer une petite chose curieuse, elle soupira.

"Bon, t'es aussi jeune que moi, peut être plus, alors je vais essayer d'être pédagogue : Ne refais plus ça à quiconque, c'est super gênant... Personne n'aime être surpris de cette façon..."

Elle toussa dans son poing, expulsant toute la gêne exprimée précédemment, tentant de diminuer le rouge de ses joues. Si il avait été plus âgé, elle n'aurait certainement pas réagi de la même façon... Elle le dévisagea à nouveau. Il ne devait certainement pas savoir que faire ou que dire. Aussi, essaya-t-elle de lui sourire, maladroitement. Il lui avait posé une question après tout, autant lui répondre.

"Si tu veux tout savoir, j'ai besoin de voir le registre des élèves des précédentes années. Genre, une vingtaine d'année en arrière. Le truc, c'est que je ne sais pas qui je cherche, juste à quoi elle ressemble..."

Elle sortit de sa besace une feuille pliée en deux, qu'elle donna au Serdaigle. Dessus, le portrait d'une jeune fille :



"Le truc, c'est que ça ne fonctionne pas comme ça pour faire une recherche. Je ne peux pas juste demander à accéder aux documents d'archives comme dans une librairie Moldue. Il me faut un nom, et une raison, pour que la bibliothécaire fasse la recherche à ma place, dans le registre à l'arrière de son bureau. Je n'ai ni l'un ni l'autre..."

Elle reporta son regard vers la bibliothécaire, entre deux rangées de livres.

"Aussi, j'attends le moment où cette vieille pie bougera de son siège pour aller faire un truc quelconque. Je suis certaine de pouvoir trouver mon information en quelque minutes, mais elle n'a pas l'air de beaucoup se déplacer..."

Finn avait encore le dessin à la main, il était d'une qualité évidente, plein de détails. Il était tout de même étrange qu'elle l'ait représentée avec autant de fleurs autour... Ce n'était pas très réaliste.

[Je m'incruste à la suggestion d'Aishani]

... de ce qu'un sorcier peut produire par métamorphose n'est éternel. Les choses ont conscience de ce qu'elles sont, et lorsqu'un sortilège change leur nature, il devra alors exercer une pression permanente pour contrer la tendance qu'a la chose métamorphosée à retourner à son état d'origine ....

- Oui, bon, d'accord ... Mais la cinquième, elle est où ? marmonna entre ses dents le jeune Serpentard.

Pour être précis, la question était autant pour manifester sa frustration, que pour demander à Gwirionedd¹ d'être plus efficace.

Nan, le sujet de réflexion d'Obero était tout autre : en ce moment il cherchait comment introduire de la nourriture en douce dans la bibliothèque.
La Bibliothécaire, avait repéré à près de cinquante mètres les biscuits qu'Obero avait essayé de faire passer en douce ! Et l'avait sérieusement tancé pendant une éternité.
Et elle lui avait confisqué ces biscuits ... Des biscuits au gingembre et au chocolat ... En forme de feuilles d'arbres ... Ceux qui croustillent sur le contour, mais sont moelleux à l'intérieur ... Confisqués ...

Depuis cette mésaventure, Obero s'était fait plus discret, plus méticuleux : deux jours après il avait failli être décapité pour avoir tenté d'introduire en douce une bouteille de jus de salsepareille.
Alors que la bouteille était scellée ! Elle n'aurait pas pu remarquer l'aliment à l'odeur ! Ni à la vue, le jeune Serpentard avait veillé à ce qu'elle soit bien cachée au fond de son sac ...

C'était donc probablement dû à un sens surnaturel. Elle était sans doute capable de détecter la nourriture grâce à une perception extrasensorielle !

Puisqu'elle se servait de la magie, Obero pour la contrer, devait en faire autant.

Le plan actuel était donc de voir s'il était possible de faire passer de la nourriture en contrebande via la métamorphose.

La cinquième loi de Gamp, avait raconté la Sullivan, rend impossible la production de nourriture par métamorphose. Mais elle n'avait pas dit qu'elle excluait la métamorphose de nourriture en autre chose !

Obero était donc en train de faire des recherches sur les lois de Gamp, pour voir s'il était possible d'exploiter cette faille :
L'idée était de métamorphoser des aliments en autre chose. Par exemple en cailloux.
De passer avec ces cailloux devant la Bibliothécaire, qui ne repèrerait rien de suspect.
Puis une fois calé dans sa planque préférée de la bibliothèque² il n'aurait plus qu'à lever l'enchantement et pouvoir grignoter en paix.

Donc pour le moment, Obero cherchait comment métamorphoser de la nourriture en cailloux ...
Gwirionedd pour l'aider dans sa tâche, s'était fait la copie du traité "Les 5 Lois de Gamp", et c'est tranquillement allongé en haut d'une étagère que le jeune Serpentard faisait ses recherches sur le sujet.

Quant tout à coup, quelque chose d'intéressant se passa ...
Une jeune Gryffondor pestait contre la Bibliothèquaire ...

... Intéressant ...

L'ami de mon ennemi ... à moi que ce soit l'ennemi de mon ami ? Nan ... mais c'est un truc du genre ...

Visiblement, la Gryffondor s'était faite interceptée par un Serdaigle, et à présent lui expliquait des règles de savoir-vivre, puis embrayait sur une Quête.

... Potentiellement amusant comme défi ...

- Du coup, tu veux chercher dans le registre des élèves de Poudlard ?

Obero avait bien veillé à ne pas être derrière la fille pour prendre la parole. Bon il était toujours perché sur l'étagère, donc à environ 2 mètres au dessus du sol ... mais il n'avait pas chuchoté dans le dos !

- Si tu ne connais que sa tête, ça te prendra plus que quelques minutes pour trouver. Mais j'ai un truc qui pourrait t'aider...

Il se pencha par delà la limite de l'étagère, se tendit dangereusement dans le vide en pour montrer un vieux livre à la couverture de cuir ornementée.

- C'est un livre un peu spécial : il peut devenir la copie de n'importe quel livre qu'il a touché, tant qu'il en est à proximité. On parvient à le poser en contact du registre sans se faire voir, il en copiera le contenu et on pourra alors consulter le registre tranquillement.

Il laissa alors tomber au dessus de la Gryffondor l'homunculus livresque, en prévenant d'un "Attrape", avant d'entamer la descente de son perchoir.

Une fois arrivé au plancher, il expliqua avec un grand sourire :
-Tout ce qui peut faire bisquer la Bibliothécaire est une bonne chose !

Elle lui avait confisqué ses biscuits ...

1: Gwirionedd, c'est le bouquin qu'Obero tient actuellement entre ses mains. Un livre très particulier, qu'il avait emporté à Poudlard depuis la demeure familiale des Byw. Si un membre de sa famille se rendait compte d'un tel larcin, les conséquences pourraient en être cataclysmiques pour Obero .... Mais comme d'habitude, ça ne lui était jamais venu à l'esprit que "voler" l'homunculus bibliothécaire du manoir pouvait être une mauvaise idée ...
2: En haut de la huitième étagère de la neuvième rangée, section "archives juridiques magiques" celle qui était au fond de la bibliothèque et que personne ne va voir par ce que de toute façon, aucun de ses bouquins n'a le moindre intérêt ...

Une voix vint d'en haut, agile, inquisitive. Aishani était toujours en train de tenter de convaincre le jeune Serdaigle à ce moment. Elle leva la tête, dévoilant à quelques pieds au dessus du commun des mortels, un étrange jeune garçon, aux cheveux brillants d'un méli mélo de couleur. L'indienne se redressa, son regard continuant de le détailler. Il avait l'air plus vieux qu'il n'était. La tête, les mouvements d'un gamin habituel, mais il avait cette étrange étincelle dans le regard. De celles qui impliquent une maturité certaine pour des sujets particuliers. L'indienne reconnaissait cette étincelle, elle la voyait chaque matin dans le miroir...

Il ne perdit pas de temps, ne cachant pas son intention de l'aider, pointant les détails dangereux de son plan. Il proposa immédiatement une solution, laissant tomber un livre de bonne taille directement sur sa tête, lui lançant un avertissement malicieux. Aishani l'attrapa des deux mains, avant de rattraper le dessin qu'elle avait laissé voler, avant qu'il ne touche le sol. Elle resta silencieuse, le laissant parler, l'examinant encore, se redressant tout en examinant la couverture du lourd livre qu'il lui avait donné. Il y avait de la fronde dans sa manière de parler, une attitude d'arrogance et de liberté revendiquée. Cela présageait de l'indépendant. L'indienne lui afficha clairement une moue inquisitrice. Les indépendants étaient des gens difficiles à cerner.

Elle resta silencieuse quelques secondes, le dévisageant de toute sa hauteur, puis commença à examiner le grimoire. Il semblait ancien, écorné par le temps, et magique, définitivement magique. Par habitude, la magicienne eut un petit mouvement de recul intérieur. Mais l'enfant était arrivé avec une proposition forte... Trop forte pour l'éluder...

"Tu dis que ce... "grimoire", a la capacité de copier tout autre ouvrage et son contenu d'un simple toucher ?"

Elle l'ouvrit, tombant sur un passage sur la cinquième loi de Gamp. Un livre de métamorphose classique. Regardant autour d'elle, elle vint toucher un livre au hasard du coin de la couverture. Rien ne se passa. Tournant une page, l'indienne remarqua qu'elle lisait désormais des illustrations plutôt convaincantes de fleurs et autres plantes féeriques.

"Oh !?"

Elle hocha de la tête, un sourire surpris sur ses lèvres. Il ne mentait pas, ne semblait pas lui proposer une quelconque farce. C'était bien ce qu'il disait qu'il arriverait... Elle regarda le jeune Serpentard à nouveau. Pourquoi est ce qu'elle avait cet étrange pressentiment à son sujet... Quelque chose lui échappait, elle n'aimait pas ça. C'était trop facile, trop parfait...

"Ok ! Merci ! Je te le pique quelques minutes, le temps de faire ma recherche..."

Parfois, le mieux, était de ne pas jouer d'avantage... Elle se retourna, le livre entre ses bras, se déplaçant hors de la cachette, sans un regard pour le jeune garçon. De nouveau à portée de vue de l'entrée, elle vit la bibliothécaire à son haut poste de contrôle. Elle travaillait sur un ancien grimoire, dans cette posture prédatrice et vigilante, prête à sauter sur la première infraction au règlement... Aishani s'arrêta sur ses pas. Elle Comprenait enfin...

Elle revint dans la rangée, cherchant autour d'elle le petit angelot blond qu'elle avait rencontré. Il n'y avait plus que le jeune garçon aux cheveux multicolores... Elle soupira, désabusée. Évidemment... Elle revint à sa rencontre, tenant avec désinvolture le livre dans sa main, son autre main serrant le dessin contre son flanc, manifestement agacée d'avoir pris autant de temps pour voir où était la réelle négociation...

"D'accord... D'accord... Je comprends... Je comprends... Et que veux tu en échange de ton aide pour faire diversion ?"