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01 févr. 2019, 06:59
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 
Un cliquetis retentit. Sa baguette tomba au sol lentement, très lentement. Et la main ouverte se ferma. Vite. Ses yeux ne lui faisaient plus si peur maintenant qu'il les connaissait mais les flammes qu'ils lui jetèrent le firent frissonner. Elles étaient glacées.
Le reste ne dura pas longtemps. Mais le garçon s'y attendait. Depuis qu'il avait attrapé la boule de papier, il s'y attendait. Il le méritait. Il avait fouillé de partout, l'avait cherché, et le voilà qui s’élançait vers lui, comme le jouet d'une boite à ressort.
Et ça le percuta.

Bam.


Aïe... Ça faisait plus mal qu'il ne l'avait imaginé. Le choc l'avait fait légèrement basculer vers l'arrière et il se tenait maintenant sur ses coudes. Il esquissa une grimace.
Tarann. L'orage grondait depuis tout à l'heure. Le menaçait. Et Saul était sorti pour lui crier de frapper. La foudre était tombée.

- J’veux pas d’ton nom débile. J’suis pas une tempête.

Saul s'immobilisa et son rictus s'effaça de son visage. Il releva les yeux vers la fille.
Toi aussi tu me cherches, Tarann?
Son nom débile ne lui plaisait pas?! La fillette ne voulait pas se laisser nommer Tempête?

- Et pas une menteuse non plus.

La colère ne retomba pas. Elle aurait du mais elle pris plutôt Saul d'assaut. Bien sûr qu'elle n'était pas une menteuse. La colère aurait du se tarir, le Gryffon sourire, hocher la tête. Mais elle lui explosa dans le ventre.

- Ah bon? Tu ne veux pas de ce nom?!

Il tremblait. Sa main serrait sa baguette de toutes ses forces, à la briser.

- Alors dis moi le tiens!! Il criait maintenant. Il criait comme un enfant, comme un gamin. - Si tu veux pas de ce nom, Tarann, si t'es trop digne pour le porter, mon nom, dis moi le tiens!!

Il n'avait pas remarqué qu'il s'était redressé. Sur ses genoux, il se penchait presque sur la fille. Il hurlait dans le vent de Tarann. La pluie coulait sur ses joues maintenant, se mêlant au sang qui coulait de ses lèvres retroussées. Lui aussi il voulait balancer son poing dans le tourbillon, fendre la tempête. Mais il croisa les yeux et sa tête retomba. Ses mains se levèrent pour l'accueillir dans leur paumes moites et Saul bascula en arrière, se rasseyant sur le sol de la bibliothèque. Ce ne fut que là, dans les ténèbres de ses mains, dans son intimité à lui qu'il remarqua à quel point son cœur battait vite. Il le sentait partout. Dans sa poitrine, dans sa tête, dans ses mains, ses oreilles. Il résonnait des puissants coups de tambours qui jouaient la colère. Et le morceaux changea dans les ténèbres de ses mains. Le garçon crispa ses doigts au dessus de ses yeux et des bouts de plancher apparurent, le genoux de la fille aussi. Les coups se firent plus puissants, plus lents, le faisant tressaillir à chaque coup martelé dans sa poitrine de gamin. Ses mains pourpres tremblaient.
Pourpre?
Le tambour accéléra. Les yeux écarquillés, Saul détacha ses mains de sa face trempée. Les trois étoiles filantes s'étaient perdues. Sur ses mains s'étendait maintenant un champ de coquelicots. Ça avait fleuri de partout, surtout en bas. Éberlué, le Gryffon s'essuya la lèvre inférieure et le dos de son pouce fleurit aussitôt. Le coup avait du toucher en partie sa blessure.
Sang...
La nausée lui monta à la gorge, l'étranglant de l'intérieur. Une larme vint faire flancher un pétale d'une fleur. Ses yeux pleuraient encore.
Et puis quelque chose monta en lui. Pas la nausée. Celle-là, il semblait qu'elle avait élu domicile dans sa tête... Non. Autre chose montait. Une voix. Étouffée par l'océan qui agitait Saul. Elle remontait comme une bulle d'air et quand elle arriva en haut, le gamin laissa tomber ses mains sur ses genoux, paume vers le plafond, et la laissa s'échapper, fixant le vide qui se cachait derrière le champ de coquelicot.

- Pourquoi tu veux pas que je sache?...

Le son de sa voix résonna étrangement, comme un souffle de vent en plein hiver, givrant la colère du garçon. Oui, c'est ça.
Pourquoi?

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

06 mars 2019, 15:53
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 
« L’amour, c’est le cri de l’aurore ; l’amour, c’est l’hymne de la nuit. »



*Tempête*. Le Mot résonne dans ma tête. Tout puissant. Tempête... Tempête dans mon cœur... Non, ne pas penser aux Miroirs. Penser à Saul. Le gamin que je viens de frapper. Je lève des yeux presque hagards mais pourtant perçants sur son visage de petit. *QUOI ?*, hurlé-je de surprise. Non ! Et je tombe. Sa face est écarlate, maintenant. Une rose écarlate qui a explosé, des perles de sang sur tout son visage. Mes joues me brûlent, mais je sais d’avance qu’elles ne rougiront pas ; ma peau est trop blanche, trop claire, pour être touchée par le rouge de la honte. Mais celle ci grandit en moi. J’ai envie de baisser la tête, mais je ne veux pas paraitre faible. Je ne veux pas montrer que j’ai honte, peur, peur d’avoir fait naitre tant de sang. Mais le gamin ne semble pas se rendre compte qu’il saigne, il ne voit que sa douleur apparemment forte. Et il hurle.

« Ah bon ? Tu ne veux pas de ce nom ?! » dégueule t-il comme un petit garçon en colère ; ce qu’il est.

Et dans ma tête, le Nom retentit. *Tarann* ; Tempête. Je ne veux pas de ce Nom, il est bien trop vrai pour moi. « Alors dis moi le tien !! » continue de hurler le gamin. *Tarann* ; assène mon esprit. « Si tu veux pas de ce nom, Tarann, si t’es trop digne pour le porter, mon nom, dis moi le tien !! » réplique t-il. Je le fixe froidement, froidement parce que je ne veux pas lui laisser voir la bouillie informe qui me tient lieu de pensées en cet instant. Trop digne pour le porter ; par Merlin, il ne comprend rien ! Sale petit gamin idiot ! *J’suis pas assez digne pour l’porter, ton Nom !*. Il est trop bien, le Nom, trop beau, trop vrai. Il fait trop enfantin, comme le petit gamin qui me l’a craché en pleine face. Et moi, je suis tapie là, prête à bondir sur lui au moindre mouvement esquissé, les genoux à terre et le buste redressé. Je le fixe avec un regard ferme, mais ma vision est floue, obscurcie par les larmes silencieuses qui coulent sans relâche du coin de mes yeux sombres. Mes poings s’ouvrent puis se referment, et je contemple ma main sanglante, tachée du sang pourpre du trop-petit. Je suis hagarde, perdue ; pourquoi l’ai-je frappé, déjà ? Il m’énerve, ce petit garçon qui ne comprend rien.

« Pourquoi tu veux pas que je sache ?... » souffle t-il entre deux larmes dégoulinantes.

Pourquoi ? entonne une voix dans le creux de mon esprit. Pourquoi ? poursuit une autre se cachant dans les abysses de mon cœur. Pourquoi ? chantonne le sang qui parcourt mes veines. Pourquoi ? répliquent les gouttes de sang du Trop-Petit sur ma main. Pourquoi ? concluent sur une note désespérante les larmes s’écoulant de mes yeux... POURQUOI ? hurle le Monde autour de moi. Tout tourne, tout bascule. Partout, le regard déçu du Trop-Petit, déçu de moi. Je baisse la tête, la redresse, puis ouvre la bouche comme pour répondre. Mais je ne sais pas quoi dire ; *Pourquoi je veux pas ?*. Je suis perdue ; pourquoi je ne veux pas lui dire ? La réponse existe, j’en suis certaine, elle est là. Mais elle ne veut pas venir à moi.

Pourtant, quelque chose remue au fond de mon cœur. *Épicentre*, songé-je soudain sans savoir pourquoi. Une vague, la Vague. Elle prend naissance au cœur du lac de mon cœur *Ombre*, puis s’étend partout, partout. Elle ravage tout sur son passage, mais pourtant ne détruit rien. Mes lèvres frémissent doucement, et la Vague se soulève : elle passe la barrière de ma langue, sans que je ne comprenne encore ce qu’elle est, puis elle me plaque mentalement au sol lorsque l’air vibre sur son passage :

« Parce que... quand l’opportunité s’est envolée, on ne la retrouve jamais..., murmure la Vague. *Oh... Aelle*. Parce que la seule fois où donner mon Nom aurait été essentiel... une Autre s’est chargée de le faire pour moi. » *Mcwood*, martèle mon cœur, et je m’emplis d’une vague d’amertume. Oui, j’ai compris. Mcwood et mon Nom, qu’elle a utilisé comme une arme. Gil’Sayan ! Merlin, je hais cette fille, cette fille qui a tout enclenché. Fichue Autre... Mais pourquoi ai-je dis cela à Saul ? Ça ne regarde pas le Trop-Petit, le gamin qui ne me connait pas. Pourquoi ? *Pour...* non *me* NON ! *racheter*. Quoi ? Mais c’est fini, terminé, the game is over ; l’opportunité s’est envolée. Donner mon Nom au Trop-Petit ne changera rien. RIEN, T’ENTENDS, THALIA ? C’EST FINI ! J’ai peur. C’est fini, mais peut-être qu’un autre jeu peut commencer ? *Oui...*.

« Moi c’est... Thalia. Et ça commence comme Tarann, » ne pus-je m’empêcher de faire remarquer au Trop-Petit. Il est doué, le Trop-Petit, et je ne suis pas sûre que ça me plaise. Pourtant, je me sens bien, soudainement. Avec le gamin qui cherche à me comprendre. Est-ce que quelqu’un a déjà cherché à me comprendre ? La réponse est si évidente.

D’un coup, je sens un chatouillis étirer doucement mes lèvres. Je lui souris, lentement. Un sourire un peu bizarre ; très hésitant, mais pas menteur. Un tout petit sourire, pas de joie, pas de tristesse, de... de gentillesse ? Comme un élan protecteur me soufflant de m’occuper du Trop-Petit, le Trop-Petit qui doit avoir le même âge qu’Arthus, le même âge et la même maison que mon petit frère dont je ne me suis jamais occupée. Saul est comme Arthus, mais je crois que je préfère Saul, quand même. Mais les deux sont... bizarres. Comme moi. Pourtant, Arthus est méchant, et Saul est enfant. Oui, je crois que je préfère Saul. Alors je continue de sourire, un peu, en me demandant ce qu’il va penser de mon Nom qui ne veut rien dire.


« Tu pleures ?
— Ce n’est rien. Une poussière dans l’oeil.
— Une poussière d’étoile… »

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]

13 mars 2019, 19:04
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 
Face à face, deux cascades.
Face à face, se fixant derrière les rideaux brouillés des larmes.
Larmes, larmes, larmes... Elles s'emparent du silence, s'en gorgent. Sur les joues du garçon elles roulent, roulent, lourdes pierres s'écrasant sur ses mains. Sur le sang elles passent, emportant tout avec elles. L'aquarelle pourpre couvre encore le visage de Saul, mais de longues traînées pâles glissent colorer ses mains.

Face à face.

Tarann...
Depuis quand pleure-t-elle?... Comment peut-on se vider ainsi de sa mer intérieure, mer trop salée... Son océan trop profond la recouvre. Elle se noie. Tandis que la poitrine du Gryffon se gonfle, gonfle, gonfle d'air d'air, saccadée, sa tête à elle cherche l'air. Le regard bleu du gamin rencontre le sien soudain. Perdu. Elle se noie. De sa propre pluie, la Tempête suffoque.
Mais Saul ne peut plus bouger. Seules ses épaules montent, montent, tremblent et descendent dans un soupir. Son regard cherche et cherche encore la réponse dans les yeux de jade de Tarann.
Pourquoi?!

-Parce que...

Stop. Ne plus rien entendre d'autre que sa voix. Sa voix... La houle d'une mer trempée glisse jusqu'à ses oreilles. Rien d'autre que ça. Son souffle n'existe plus. Son cœur ne résonne plus. Plus personne autour, pas même lui. Juste Elle. Tarann.

-... quand l’opportunité s’est envolée, on ne la retrouve jamais...Parce que la seule fois où donner mon nom aurait été essentiel... une autre s’est chargée de le faire pour moi.

Le voilà. Le cri. Bam, de son cœur. Il cri, il hurle son cœur.
Je ne...
Murmure tonitruant.
Je ne comprend pas...
Silence. Plus que lui soudain. Lui, et puis les larmes de Saul. Elles redoublent, crèvent ses yeux. Il n'ose même plus la regarder. Tarann. Elle lui offre un secret... Il en est certain! Elle le lui tend tremblante, et lui... Ne comprend pas.
Que dois-je te répondre Tarann...

- Moi c’est... Thalia. Et ça commence comme Tarann

RESPIRE !
Il le retenait depuis. Ça envahit ses poumons, air brûlant. Respire, respire. Il veut hurler tant la douleur est grande. Deuxième naissance. Il ne se souvenait plus que naître était si dur. L'air lui lacère les poumons, la vague dernière l'emporte dans la houle, lui et son cœur. La houle qui ne cesse de le répéter.
Thalia... et ça commence comme Tarann. Thalia.
Tarann.

Respire.

Enfin il émerge.

-Thalia.

Dernière larme. Elle roule, roule... et trop petite se perd sur le coin de ses lèvres entrouvertes. Le mot lui semble doré, lumineux. C'est ça. Une lumière dorée qui flotte dans la pénombre. Étincelle. Quelque chose bouge. S'allume. Le regard mouillé de Saul se fixe sur ce qui tremble sur les lèvres de Tarann. Non. Elle s'éloigne, le gamin le voit. Le sourire arc-en-ciel remplace la tornade. Une pluie fine tombe sur eux. Thalia.
...et ça commence comme Tarann.
Il se prend à se demander comment cela finit. Mais un autre souffle monte déjà. Souffle plus que vent. Souffle d'enfant.

-C'est beau...

Ses lèvres tremblent un peu quand il sourit. Il la regarde.
Face à face. Sourires naissants.
A nouveau, il veut la prendre dans ses bras. Comme il prend Lyra contre lui lorsque, la nuit, la foudre claque trop fort dehors. Lorsque le noir est trop profond, la lumière trop éclatante, le silence trop lourd, le bruit trop sec. Lorsque la douceur calme tout.
Mais il ne bouge pas. Parce que Thalia n'a rien à voir avec Lyra. Parce que faire un pas, il en a si peur, ce serait envoler l'oiseau. Le perdre. Perdre l'opportunité. Envolée.

Il ne laisse plus que son sourire entre eux deux. Il n'est pas grand. Fragile même. C'est la brise qui agite l'herbe folle de son pays, fait chanter les arbres. Léger et éphémère, on ne le sent qu'en y faisant attention. Il souffle un peu plus fort quand sa bouche s'ouvre à nouveau, les mains à plat sur ses genoux, posées sur le bois chaud de sa baguette.

- Mais je n'oublie pas Tarann...

Il se referme aussitôt pour empêcher la suite. Sa bouche s'ouvre mais rien ne sort.
Puis-je?...
Je ne sais pas.
Je... je veux juste savoir.
J'ai besoin de savoir.

La brise tombe un instant alors qu'il reprend, un rien plus tard.

-Et toi? Tu m'oublieras moi?

Chaud dans ses mains. Elles, seules, se sont serrées sur le bout de bois occulte, le reste ne changea pas. Pas en extérieur. À l'intérieur tout bat et résonne.
Moi qui ne suis rien que ce qui aura réveillé ta douleur... Tu m'oublieras?
Dis moi s'il te plait Tarann. Thalia.


Voudras-tu m'oublier?...

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

19 mars 2019, 18:43
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 
« Thalia. »

Mon cœur bout, il me brûle. Le Trop-Petit a prononcé mon nom avec tant d’émotions que j’en tremble en contemplant du regard la dernière perle de glace qui roule sur son visage. J’aime pas quand les Autres disent mon prénom... *mais c’est pas un Autre, c’est Saul*, murmure une voix qui ressemble trop à celle du Cristal pour que je puisse l’ignorer. Pas un Autre ; Saul. Pas un Autre ? Comment ce gamin, ce Trop-Petit, pourrait-il être autre chose qu’un Autre ? Un Autre particulier, mais un Autre tout de même. Pourtant, le Cristal me souffle le contraire : le cœur peut-il se tromper ? Mon prénom, dans sa bouche, me fait frémir lorsqu’il m’atteint. Aujourd’hui, il possède une saveur particulière. Mes lèvres tremblotent légèrement, une larme coule sur ma bouche pâle. Je ferme les paupières, et mon bras me semble être si léger et pourtant peser si lourd lorsque je le lève jusqu’à ma tête pour chasser mes dernières larmes. Le rideau de mes paupières se relève, et une dernière larme translucide poursuit son chemin sur ma joue d’enfant tandis que mon regard retrouve sa place dans celui de Saul. Il s’y loge presque naturellement. Le ‘presque’ fait toute la différence, mais le ‘naturellement’ est troublant.

Thalia...


La voix me fait sursauter ; un instant, mon regard se détache de celui du gamin, avant de s’y replanter, devenu incertain. Sa voix. À Elle. Je tremble de tous mes membres, et cette fois, je n’arrive pas à ma détacher de la sensation pour me rendre compte si le Trop-Petit peut voir ma peur. Et Sa voix dit mon Nom. Le mien. Pourtant, Elle ne le connait pas ; et c’est là que je comprends que ce n’est pas Elle. La voix est la Sienne, et cela ne fait aucun doute ; mais elle est dans mon esprit. Je déteste mon esprit quand il me joue des tours ; et, le regard perdu dans les Yeux de Saul, durant quelques secondes, je crois avoir les Yeux plantés dans ceux d’Aelle. Ils sont si différents, pourtant ; le bleu du Petit contre le charbon de la Transcendance.

Aelle...


Le Cristal répond à l’illusion de mon esprit par une supplique. Et, intérieurement, je gueule : *OUI !*. Pause, reprendre mon souffle. *Oui ! je veux te revoir !*. Planter mes Yeux dans les siens, m’y perdre... à jamais...

SAUL !


Cette fois, c’est mon Âme qui parle. Je le sais, car elle me sauve du Puit dans lequel j’allais me perdre. La bouche entrouverte, le souffle rauque, je fixe désespérément le gamin pour ne pas repartir dans mes pensées. Et ses Mots m’atteignent, doucement. « C'est beau... ». *Oh !*. Vraiment ? Est-il sincère, ou ment-il par peur ? Lorsque je vois son sourire naissant, je déglutis et comprends qu’il est sincère. Merci. La pensée est puissante, mais reste pensée, incapable de se formuler. À la place, mon sourire si peu habituel s’agrandit encore un peu. Mes épaules se relâchent, j’arrête de trembler, et je tente doucement de chasser Aelle : ce n’est pas Son heure. Pas Son heure. Mais quand sera donc Son heure ? *Tout l’temps. C’est tout l’temps ton heure, Aelle, juste pas tout de suite. S’il te plait*. J’inspire profondément. Mes pupilles se dilatent. J’expire. Mon regard fouille plus profond dans les Orbes de Saul. J’inspire. Ma bouche est empli d’une drôle d’amertume : ce n’est pas l’heure d’Aelle. J’expire. Et je souris encore, parce que c’est l’heure de Saul.

« Mais je n’oublie pas Tarann... »

Implosion. Quoi ? QUOI ? Qu’est-ce qu’il a dit ? Il veut me faire mal ? Hein, par Merlin, il veut me blesser, c’est cela ? Me faire encore plus mal ? *Non-non-j’veux-pas*. Je me débats ; il ne peut pas me faire mal, je suis plus forte. Plus forte que ce Trop-Petit. Mon sourire disparait, puis réapparaît aussitôt, mais devenu presque forcé. Je crois.

« Et toi ? Tu m’oublieras moi ? »

Je fronce les sourcils. Incompréhension. Si je vais l’oublier ? Attends, mais, non... si je vais l’oublier ou si je veux l’oublier ? Et puis l’oublier quand ? Tout de suite ? Demain ? Dans très longtemps ? Et puis comment je pourrais l’oublier, tiens ? En me jetant un sort ? Mais je suis pas trop petite ? Ou en buvant une Potion ? Mais où est-ce que je pourrais en trouver une ? C’EST PAS CLAIR ! J’aime pas ça, je ne comprends pas. *P’t’êt’ qu’il veut juste savoir si j’veux l’chasser d’mes souvenirs*. Je renifle doucement ; je ne sais pas. Je ne sais pas ce que je veux, et le Cristal reste muet.

Alors je me redresse. Je me sens grande, comme cela. Imposante. J’aime bien. Je ramasse ma baguette avec précaution, jette un coup d’œil prudent autour de moi, puis attrape un livre au-hasard-mais-pas-tout-à-fait-au-hasard dans le rayonnage le plus proche. De la puissance de la Magie. Je l’ai lu... il y a longtemps. Je ne sais plus quand. C’est ; je renifle ; nul. Le livre mérite d’être maltraité, et ce que je vais en faire est même trop bien pour lui. Je prends le bouquin dans ma main droite, le fixe, puis agite la baguette avec ma main gauche en soufflant un Mot : Flambios, tout doucement.

Flambios. La Marque du Feu. Le sourire laisse place à la concentration, mais mes Yeux brillent de milliards d’étincelles quand je vois le résultat. Je tends le livre à Saul, contente de moi : sur la couverture brune brillent deux baguettes magiques, espacées de plusieurs centimètres. Au bout de chaque baguette s’étendent des étincelles de feu, une lumière semblable à celle produite par le Lumos du Trop-Petit il y a quelques minutes.

Deux baguettes resplendissantes. Deux enfants. Je sais ce que ça veut dire, même si lui ne sait peut-être pas : *non, j’t’oublierai pas*.

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]

23 mars 2019, 11:23
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 
Plongé dans les yeux de jade de Thalia, Saul cherche, cherche la réponse. Dans l'éclat de son regard, il saura. Mais la brume l'envahit et il se perd.
Dans ses yeux, il fouille la brume opaque, tente de se dégager une issu, trouver l'étincelle de lumière qu'il cherche, cherche et cherche encore. Son souffle s'accélère. Rien. Rien que la profondeur verte. Au bord du gouffre noir, il se penche, recherchant l'étincelle au fond, dernier espoir. Rien que le noir et la brume qui s'enroule à ses chevilles.
Son pied glisse. Un cri intérieur lui échappa, bouche close et le gamin se retira, penaud.
Elle était bête ta question Saul. Bête, bête, bête!!
Se crispant sur sa baguette, le garçon se détourna, la tête entre les épaules. Gamin colère, gamin confus, minuscule face à la hauteur des grands. Tarann est grande... enfin ses dragons de jade le sont.
Lorsqu'elle se redressa, Saul ne put s'empêcher de la suivre des yeux. Elle lui avait dit son prénom, il l'avait répété... et maintenant elle allait l'oublier. Extraire ce chien mouillé de sa tête, ranger son sourire.
Sourire.
Tarann?
Il ne semblait pas avoir disparu. Pas encore. Surpris, le gamin chercha ses yeux, une explication. Il ne les trouva pas. La lame les accaparait. La lame tranchante, lisse, froide, MÉCHANTE LAME ! En voyant les pâles doigts de la fillette s'en approcher, Saul se redressa lui aussi sur ses genoux, se précipitant. Sa main s'avança, vive, transperçant la lenteur de l'instant, pour détourner les doigts du mur destructeur... Mais son bras trop court gifla le vide, manquant d'un rien celui de l'étrange fillette cherchant le pourpre sur la lame. Impuissant, Saul vit la peau s'appuyer sur le tranchant d'un cran. La tige fleurissait déjà d'une rose dans sa tête. Naissance par le sang, la Douleur.
ARRÊTE TARANN !!!
Mais le doigt se retire, blanc comme neige, attirant un ouvrage à lui.
Pourquoi la lame ne lui fait rien?
Il regarda incrédule la fille se replier sur un livre, sourire aux lèvres tandis que ses yeux bleus brillaient. Dans son regard de jade étincelaient deux étoiles différentes des siennes. Elles clignotèrent lorsque Thalia retroussa son nez dans un reniflement. Saul ne la regardait plus, il la dévisageait, curieux. Maman avait eu les mêmes étoiles lorsqu'elle avait créé un bouquet de jacinthes pour lui, quand le vieux hibou du manoir était mort. Un bouquet de jacinthes, pas un livre... mais les mêmes étoiles, il en était pratiquement sûr.
Et puis un souffle lui parvint, éparpillant les pétales de la fleur dans son esprit. Il se pencha vers la fillette.

-Flambios...

Flambios. Il résonna le souffle. Il résonna, lui si petit, faisant vibrer l'air autour du gamin et de la fillette.
Sur l'éclat de ses yeux de jade dansaient les flammes, au fond de l'océan de ceux de Saul se perdait le feu, comme un rayon de soleil. Mais le Gryffon fixait le livre. De légère flammes valsaient sur la couverture, laissant une traînée complexe que Saul ne pouvait définir de là où il était. Et puis les mains se refermèrent sur la tranche du bouquin, le retournèrent face à lui. La chaleur envahit la poitrine du garçon lorsque Thalia lui tendit l'ouvrage rougeoyant. Abandonnant sa baguette devant ses genoux, Saul leva ses mains tâchées. Tâchées de sang. Il se ravisa, dressant ses yeux d'enfant vers l'autre. Étincelants. Alors il lui sourit et, reportant son attention sur le livre, le prit maladroitement entre ses mains.
Qu'est-ce que t-
Les épaules crispées de Saul s'affaissèrent et son sourire disparu. Sur la couverture brillaient faiblement deux baguettes tenues côtes à côtes. Mais ce n'est pas ce qui attira le regard du Gryffon. Il voulu relever ses yeux vers Thalia mais ceux-ci refusèrent de quitter la gravure. Là, au bout des baguettes, dansaient le rouge et l'écarlate dans un ensemble complexe, reproduisant avec une précision bluffante la lumière du sortilège que Saul avait laissé échapper. Les éclats des deux lumières s’entremêlait entre deux. Le feux s'était éteint mais cette partie de la gravure semblait encore flamber.
Flamber de Magie.
Magie.
De la belle Magie.
De la Magie éternelle.
Éternelle.


-Merci, c'est...

Magnifique, c'est magnifique.
Mais les mots ne viennent pas. Ils ne viennent pas parce que, relevant les yeux, Saul rencontra ceux de Thalia, sans savoir y lire. Ses yeux où les dragons dorment, écailles luisantes d'étoiles. Ils ne viennent pas parce que le feu brûle sa gorge. Alors une idée lui vint. Incapable de parler, il se penche un peu en avant et laisse ses pensées fuser.
Merci Tarann. C'est superbe. Je crois que je comprend. Je crois.
Et son sourire émergea. Reconnaissant, il illumina sa face encore humide. Rayon de soleil transperçant le nuage. Il attira le livre à lui, plaquant doucement la couverture contre son torse, son cœur se réchauffant de la caresse du feu sur son pull. Son autre main ramassa sa baguette et la glissa dans la poche intérieure du manteau tandis qu'il se relevait, les jambes cotonneuses. Serrant encore le livre contre lui et puisant le peu de courage que les larmes avaient oublié il tendit sa main libre vers la fillette pour l'aider à se relever.

Remarquant trop tard l'éclat des coquelicots écarlates... humides de rosé.

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

19 avr. 2019, 17:22
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 
Le regret me déchire le cœur à l’instant même où je lui tends le livre. Dans ma tête, les hurlements s’enfilent. Un côté de mon esprit me hurle : sombre idiote ! Il ne va pas le prendre, il s’en fout ! et l’autre gronde un autre reproche : mais pourquoi ? C’est qu’un pauvre gamin qui t’a fait mal, pourquoi tu lui donnes ça ? Mes lèvres s’entrouvrent, mon cœur s’affole.
Je vais retirer ma main. C’est une évidence. Je vais agiter ma baguette, effacer cette gravure de feu — elle est belle, en plus, tellement belle que j’ai l’impression de redécouvrir la Magie — qui ne devrait jamais être pour lui. Et retirer ma main, jeter le livre très loin. Oui, je vais le faire.
Maintenant.

Et soudain, le Trop-Petit tend ses mains.
*Mais qu’est-c’qu...*. Je n’ai pas le temps de penser.
Ses yeux croisent les miens. Ses Perles océans.
Je détourne le regard en une fraction de seconde ; mais l’image de ses pupilles écarquillées est encore fixée à ma rétine.
*J’dois bouger ! Maint’nant !*. L’ordre est clair, très clair. Mais je suis profondément incapable d’y obéir. Pétrifiée devant un gamin trop petit pour lui-même.
Et le gamin saisit délicatement le livre.

La pensée qui fuse est immédiate et étrange : Merlin, il le prend tout douc’ment ! Et c’est vrai qu’il y fait attention. C’est ça qui me déchire encore plus le cœur, avec le regret. La rage qui grandit. La rage ! Une rage immense, qui me crie que j’ai tout gâché. Pourquoi n’ai-je pas retiré mes mains ? Je devais retirer le livre ! Mais maintenant, il le regarde, il le contemple, avec tant de douceur que la rage prend le dessus sur le regret.

Les voix dans ma tête se sont tues. Une seule persiste, et elle ne vient pas de mon crâne. C’est une pulsation qui vient de mon cœur, et qui gueule plus fort que toutes les autres : la seule marque que tu d’vais graver, le seul don que tu d’vais faire, c’était pas à lui ! Lui, il t’a blessé ! Il a dit son nom ! Il a pas l’droit ! C’est à Aelle que tu dois faire une promesse, pas à c’gamin ! Elle hurle, la voix. Elle me fait mal. Profitant qu’il regarde le livre, je prends un instant de répit et je baisse la tête. Stupide enfant.

« Merci, c'est... »

Mon ventre se serre.
Mes poings également.
Ma gorge s’emplit d’une bile amère.
Une envie de vomir m’envahit.

Le gamin est reconnaissant. Ses mots sont beaux. Ils me font chaud au cœur. Ça me dégoute, de me laisser avoir aussi facilement. Je serre bien fort les mâchoires, et mes poings dans le même temps. Mes phalanges craquent et je me mords la joue ; ce bruit est horrible. Il ressemble à celui des os qui cèdent ; celui du nez du gamin en morceaux.
Celui du nez du gamin en morceaux. Oui.
Je frissonne.

Devant moi, le Trop-Petit plaque mon livre contre lui. Mes yeux me piquent encore plus fort. L’envie de vomir se raffermit. Il sourit, il sourit, il sourit ! NON ! Je ne veux pas être la cause de ce sourire, je veux être la cause d’un seul sourire. Mon regard ne peut plus se décoller du gamin qui serre mon livre contre lui. *’l’aime*. Dans mon poing serré, mes ongles lacèrent ma peau. Un gamin qui aime. Et qui me dit que ce que j’ai fait, moi, c’est... il a pas fini sa phrase. Qu’est-ce qu’il voulait dire ? Que c’est moche ? Qu’il n’aime pas ?
J’ai envie de me persuader qu’il voulait dire quelque chose de méchant.
Mais il a dit merci.
Et dans ses yeux brille l’étincelle de la joie et de l’émerveillement.

Un gamin qui aime la Magie. Un gamin émerveillé devant la Magie. Un gamin. Une gamine. *Ah ! je...*. Je-rien-du-tout. Si. SI !
Saul-le-Trop-Petit me fait penser à moi.

Mon souffle se coupe sous la violence du choc. Moi.
Et à cet instant, le gamin se relève et... et... et mon souffle qui allait repartir se bloque une nouvelle fois.
Il me tend la main. Il me tend la main !
Dans la main, un champ de coquelicots écarlates.

Le réflexe est puissant. La rage gronde toujours. La rage d’avoir été faible et de lui avoir donné quelque chose que je ne voulais pas lui donner. Une Promesse. Une nouvelle attache. Je veux me libérer de toutes mes attaches et m’en créer une dernière, une seule, avec Elle. Gamin idiot qui prononce un nom sans connaitre son importance.
La rage gronde si fort qu’elle me fait bondir sur mes pieds, et s’allie alors à l’instinct. Ensembles, ils forment une armée surpuissance.

Ma baguette ne me gêne même pas pour placer mes deux mains sur chacune des épaules du Trop-Petit. Et pousser. Fort, fort, fort. Pour lui faire mal.
Le gamin qu’il est tombe à la renverse et je pointe de nouveau ma baguette sur lui. L’œil menaçant, mais le cœur battant un peu trop vite. Ce n’est pas l’adrénaline, non. *I’m’fait penser à moi*. Non, l’ancienne moi. Celle qui doit dégager de mes pensées, maintenant ! La petite fille émerveillée devant la Magie. Je suis toujours émerveillée devant la Magie. Mais ce n’est pas la même chose.

« J’prends pas ta main. J’prends la main d’personne. » Mon souffle est toujours haché. « Fais gaffe, gamin. » Mon poing droit se serre et se desserre tandis que mon autre main tient fébrilement ma baguette. « T’es tout p’tit. Moi j’suis grande. Fais gaffe. » J’ai toujours envie de vomir. « Lève toi. » Ouais, maintenant. Sois pas faible.

Je me tourne, pour ne plus le voir. Vers les tâches de sang, par terre, et vers l’endroit où sa baguette a roulé. Je me baisse pour la ramasser, puis la jette vers lui. Sans regarder. La rage est là, mais le regret est plus présent encore.

« Et c’est quoi, hein ? T’as dit merci, c’est, et puis t’as même pas été cap’ de terminer ta phrase, gamin ! » Je suis en colère. Je suis fatiguée. Lasse de tout ceci.

« J’aurais... j’aurais pu bien t’aimer, gamin. Ouais, j’aurais pu ! » Mais non. Pourtant, les voix continuent de me souffler : il te fait penser à toi... Taisez-vous. « Fallait pas dire son nom. J’oublie pas. J’oublie jamais ! » Ah ! je lui en veux encore à cause de ça. « Elle est trop pour toi, Saul-le-Trop-Petit. Et elle est foutrement belle ! » J’ai envie de pleurer. Mais je ne dois pas. Je ne dois jamais.

Et elle est foutrement belle ! Mes mots résonnent dans toute la bibliothèque. Je crois. Au fond, ça n’a pas d’importance. Elle est vide, à cette heure. Elle pourrait bien être emplie d’Autres que ça ne changerait rien. J’ai envie de regarder Saul. Je le fais, juste d’un coup d’œil discret.

Puisque je ne dois pas le faire, je pleure. Juste une larme. Puis une deuxième. Ensuite, je les arrête, très vite. Un revers de main rapide pour m’essuyer les yeux.

« P’t’êt’ que j’peux toujours bien t’aimer. »

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]

13 mai 2019, 12:17
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 
Coquelicots.

Un hoquet secoue le gamin. Les yeux soudain écarquillés, il retire sa main, vivement.
Elle l'a pas vu, elle l'a pas vu. Elle a pas vu le sang, elle a pas vu les méchantes fleurs...
Son regard cherche l'autre, vite, vite.
Elle l'a pas vu.

...

Bien sur que si. Crétin.

Et la rage le frappe. La rage, la fureur, la tempête. Tarann. S'élance sur lui pour le pousser violemment. Dans le cœur du garçon, le feu hurle face au vent. Trop fort le vent.
Les lames montent soudain vers le ciel, tout autour de lui, s'envolent vers le plafond.
Elles partent enfin. Tarann leur a fait peur. Elle les a fait fuir. Merci.
C'est idiot comme peut penser un enfant parfois. Beau. Mais idiot...
Beau.
Mais le miroir se brise, la pensée vole en éclat. Contre le bois du plancher, le gamin explose, le tonnerre gronde, se répercute sur les lames. Les lames. Immobiles. Imposantes... sèches, droites, strictes, Saul, rentre, Maman dit que tu dois lire.
NON!

La mâchoire serrée, il se redressa sur ses coudes, sur ses mains, attendant que la douleur s'efface. Le Livre gisait près de lui, rougeoyant encore. Comme son cœur, rougeoyant encore. Mais le miroir est brisé. Il fait mal. Multitude de petites douleurs acérées comme des rasoirs. Il fait plus mal que le sol, le miroir brisé. Le sourire de Tarann... en miettes.
Il le voit en levant la tête vers elle. Debout devant lui, sa baguette, comme une épée prête à faire usage de son droit, pointée vers lui. Elle fait peur. Il fait peur son sourire cassé, grimace. Brisé par quoi? Des coquelicots. Fragile sourire.

-J’prends pas ta main.

Souffle glacé. Il se rue sur le cœur brûlant du gamin. Des milliers d'aiguilles de givre qui s'y plantent. Il semble à Saul que la baguette de la jeune fille tremble à ses mots. Ou bien est-ce lui?

-J’prends la main d’personne. Fais gaffe, gamin. T’es tout p’tit. Moi j’suis grande. Fais gaffe.

Gamin. Il résonne encore le mot. Un tout p'tit gamin. Devant la tempête et le tonnerre de Tarann qui gronde. Il renifle le gamin. Toc ou tic, aucune idée. Il renifle et ses doigts gauches se replient instinctivement vers l'intérieur de sa manche, vers sa foudre à lui.
Quoi?... Non non non non...
Son regard tremble un instant, manque de quitter celui de Thalia, ses dragons de Jade. Ses yeux à lui ont beau se replanter sur leurs écailles luisantes, la mer qui y règne frissonne soudain, comme ses doigts, refermés sur le vide.

-Lève toi.

Un ordre, sec et sans condition. Lui rappelant qu'il est à terre, qu'elle est reine de l'instant. Pas faible. Son poing droit se serre un peu plus tendit que l'enfant tente de calmer ses tremblements et des yeux libérés des dragons, il fouille le lac de bois qui s'étend à ses pieds. Rencontre le Livre qui flotte. Le ramasse et se redresse. Ses jambes tremblent un peu. Peur? Fatigue? Colère?... Non, pas colère. Pourquoi pas colère d'ailleurs? Pourquoi pas de poing dans la figure de cette fille qui se couronne reine? Pourquoi pas de cris? Pas de cracha? Pas même d'éclair dans les yeux? Il le sent pourtant, son sang chaud qui bouillonne dans ses veines. Alors pourquoi?

Tu l'aimes Saul?

Hein?! Non!! Non. ... Non. Ça n'a rien à voir. Méchantes pensées. Il se retourne face aux murs du labyrinthe. Vers Tarann. Thalia. Tenant dans sa main, sa baguette.
...
Sa baguette?!!
Le garçon ouvrit la bouche pour lui hurler de la lui rendre mais aucun son ne sortit. Parce qu'elle venait de se retourner, la fille. Avec ses yeux dragons, son sourire cassé, et sa baguette à lui... qui partit en vole plané. Le bâton souffla quelque chose à l'oreille de Saul, un air qu'il ne comprit pas, trop occupé à le suivre des yeux, médusé. Et le voilà qui se pose, bruyamment. Et il roule, roule, roule. Calac-calac-calac... Bois contre bois. Magie contre parquet.

-Et c’est quoi, hein ? Du bâton de magie, il passe à Tarann. Sa tête tourne. T’as dit merci, c’est, et puis t’as même pas été cap’ de terminer ta phrase, gamin !

Elle m'a pas entendu...
Bien sûr que non.
Crétin.
Gamin.

Il contemple le dos de la jeune fille, sa main plaquée contre le Livre. Bouche close. Avait-il vraiment cru qu'elle l'aurait entendu? Apparemment.
C'est beau hein? Mais idiot.

-J’aurais... j’aurais pu bien t’aimer, gamin. Ouais, j’aurais pu ! Fallait pas dire son nom. J’oublie pas. J’oublie jamais ! Elle est trop pour toi, Saul-le-Trop-Petit. Et elle est foutrement belle !

Cette déferlante qui fond sur lui... et ce dos, toujours ce dos. Les épaules du gamin se lèvent, s'abaissent. Il tente d'avaler ce qui le recouvre, de voir encore cet oiseau qui semble s'envoler. Se souvenir du chant dernier. Tout s'emmêle et vrille dans sa tête. Et toujours, les poings fermés, il fixe le dos de Thalia. Thalia qui aurait pu l'aimer. Espoir. Thalia qui n'oublie pas. Mais qui n'oublie pas sa faute. Chute. C'est ça Saul, chute au fond, avec les autres. Plus bas encore. Toi le Trop-Petit. Trop-Petit, c'est ça?.... Chute pour avoir dit son Nom. À elle. Aelle... foutrement belle.
Non ce n'est pas la jalousie qui lui pique le cœur, l'ancrant au fond. Saul, debout devant la Tempête qui gronde, gronde aussi. Autour de lui, autour de ce cœur, les morceaux du miroir brisé sont réduis en miettes par la voix de la jeune fille. Thalia.
Elle va pleurer?...
Il semblerait pourtant. Parce que Aelle. Aelle trop pour lui. Pensée fugace le traverse. Passe.
Trop dans son cœur. Qui l'empli, qui l'étouffe. Il va éclater ton cœur Thalia?...

Passe et disparaît.
Parce qu'elle brille là bas. Loin. Et trop proche. Parce qu'il peut la voir.
Le grondement de son cœur grandit, devient rugissement.
Elle pleure.
C'est ça? Un cœur qui éclate?
La main de la fillette se lève pour écraser la larme. Sa main de verre qui se briserait s'il la touchait.

Et puis il y a ça. Ces lèvres de ce sourire cassé qui s'ouvrent à nouveau. L'oiseau en haut de la branche lui chante quelque chose. Qui résonne à ses oreilles.
Résonne.
Résonne.
...
Et lui parvient.

-P’t’êt’ que j’peux toujours bien t’aimer.

Quelque chose tremble au coin de ses lèvres. Quelque chose de beau. De doux. Alors il l'étire, doucement. Pas trop. Pour ne pas le casser lui aussi.
Lentement, le gamin offrit son sourire à la fille qui lui faisait face. Thalia.
Il veut rire soudain. Ça le prend au creux de son ventre. Mais faut pas. Le papillon s'envole par son sourire et relève les fossettes du gamin. Éclaire le gouffre. Autour de son cœur, les aiguilles de givre fondent doucement et gouttent, gouttent dans sa poitrine. Oui c'est ça. Son cœur bat mouillé. Il ne bat pas de feu, de flamme. En cet instant, il bat mouillé, il le sent le gamin. Les gouttes tombent. Ploc- ploc ploc-ploc... dans son cœur. Le givre fond.

Lentement, pour ne pas effrayer l'oiseau, il se retourne. Là bas, gît toujours sa baguette. Le garçon le ressent dans son ventre, ce mouvement instinctif qui le pousse à la ramasser, vite, avant que quelqu'un ne passe, sans la voir et... l'écrase.
Non non non...
Mais il n'y a personne. C'est vrai! Le murmure de la bibliothèque s'est éteint. Plus que lui et...
... elle.
Il ne tarde pas, le rouge. Ça le réchauffe mais tout de même, il aimerait bien qu'elle disparaisse cette chaleur dans ses joues. Le voilà qui devient coquelicot. Pff crétin...
Évitant la jeune fille, il se plongea plutôt dans la contemplation des stries du Livre serré contre lui. Chaque page, une ligne. Une ligne, une ligne... Plein de lignes. On dirait une bibliothèque vue du ciel. Une immense bibliothèque, avec tout plein de lame et
Ah mais stop!!
Le gamin serra plus fort le bouquin, le soustrayant à son regard. Le bouquin de Thalia. Le Livre.

"P't'êt' que j'peux toujours bien t'aimer."
Une opportunité. Juste alors envolée. L'oiseau s'est reposé. Il la retrouve. L'opportunité. De comprendre? De parler? De réparer?
Les yeux toujours rivés contre lui, Saul laissa passer un filet de voix. Incertain.

-P't'êt' que les opportunités c'est pas comme la fumée. P't'êt' que ça revient parfois. - Il ne voit plus que ses bras croisés sur le Livre, le noir de sa robe de sorcier. - Comme les oiseaux... Même si c'est peureux, les oiseaux.

C'est beau aussi, les oiseaux.

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

19 août 2019, 13:38
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 
« Parce que je les voyais, détruirais-je les étoiles ? »
URSULA K. LE GUIN


Il y avait le vent qui soufflait et la mer qui rugissait. Le premier brusquait la lande et la seconde giflait la plage. Les rafales soulevaient l’herbe et emportaient des morceaux de terre, laissant des arbres brisés sur leur chemin ravageur. Les vagues submergeaient le sable et y laissaient leurs algues molles et sombres, dévorant un peu plus la côte. Air et mer entrant en collision à la limite de la terre, des myriades de gouttes d’eau s’élevaient dans les airs, pleines de fureur et portées par le vent, telles les étincelles d’un feu progressant un peu plus dans son carnage dévastateur. Des oiseaux étaient ballotés dans tous les sens, loin dans les cieux, les ailes froissées et repliées, incapables de lutter contre les rafales du mistral. Au fond de l’eau, les poissons se réfugiaient en profondeur pour ne pas s’échouer violemment sur les plages. De gris et lourds nuages obscurcissaient les cieux, semblant être les seuls à résister au vent pour persister à éteindre le soleil ; l’écume était si présente qu’on ne voyait plus l’eau déchaînée. Tout était déchiré, les éléments entraient en collision et le monde se faisait bousculer. Plus de haut ni de bas, de gauche ou de droite, l’est, l’ouest, le nord et le sud, n’étaient plus que de vagues notions sans significations. Chaos, fureur, combat, douleur.
Un papillon bleu luttait contre la colère des cieux. Lueur azur dans un ciel gris, il détonnait furieusement. Entrainé à l’opposé de sa direction par une rafale, ses petites ailes battirent de plus belle et il gagna un peu de terrain en survolant un champ de coquelicots écarlates. Défiant le vent, il se risqua au-dessus des vagues furieuses. Croisa le regard brillant d’un poisson multicolore. Il vola encore un peu. La mer se calma, les rafales diminuèrent. On put voir le bleu des cieux et les profondeurs marines ; un miroir. Un nuage se souleva et la lumière de l’astre apparut. Quelque part, un coquelicot délicat s’ouvrit doucement et on aurait pu jurer le voir jeter un regard reconnaissant vers le petit papillon. La tempête se calma.




Mes derniers mots restent quelques instants en suspens, flottant dans l’air autour de nous. Je sens mes joues s’enflammer violemment et devenir brûlantes sous le coup d’une étrange sensation. Elles sont en feu et je ne suis pas sûre de savoir pourquoi, car je n’ai pas du tout honte de ce que je viens d’énoncer. Après tout, je le pense entièrement. Et je n’ai pas à avoir honte de ce qui est sincère. *Si je n’en ai pas honte*, pensé-je, *pourquoi est-ce que je rougis ?*. Je n’en ai aucune fichue idée. Mon corps prend le dessus sur ma conscience, comme souvent, et je me sens baisser un peu plus la tête et contempler le sol de pierre. Un sol de pierre éclaboussé de quelques gouttes de sang, et cette vision là me serre le cœur. Elle me meurtrit et me donne envie de vomir. De la pierre froide éclaboussée de sang, un petit Gryffondor mis à terre par mes soins et une furieuse envie de vomir et de pleurer en même temps, ce n’est certainement pas la première fois que ça arrive. Tout est comme hier, excepté le décor : les grands rayonnages de la bibliothèque se dressent aujourd’hui là où il n’y avait que des murs de pierre dans le couloir d’hier. Mais le petit garçon au sol ressemble à Arthus, et il lui ressemble beaucoup trop. Lui aussi, je l’ai frappé dans le nez — mais il n’est pas cassé. Je sais parfaitement que j’ai cassé le nez de mon frère, je n’ai pas pu m’empêcher de jeter un coup d’œil discret à l’infirmerie hier soir et je l’y ai trouvé, grimaçant dans un lit. Il ne m’a pas vu. *Mais j’n’ai pas tabassé Saul*, me rappelle ma conscience. Non, pas encore. Et il ne faut pas du tout que je le fasse. D’ailleurs, je ne devrais pas penser à Arthus, car il n’a rien avoir avec le Trop-Petit qui se dresse derrière moi. Mon imbécile de petit frère l’avait cherché comme jamais — mais une saleté de voix me dit qu’il ne méritait pas ça —, alors que ce gamin là bafouille et est bien trop innocent pour être comme Arthus.

*Heureusement que j’tourne le dos à Saul, ‘faut pas qu’il voit comment j’rougis*.
Aussitôt la pensée passée, elle fait naitre une nouvelle rougeur persistante sur mes joues brûlantes. J’ai les lèvres serrées et les dents qui me mordent l’intérieur de la joue. Persister à rougir sans savoir pour quoi est définitivement extrêmement gênant et particulièrement dérangeant. J’ai envie de me gifler pour forcer mon corps à réagir, mais j’en suis incapable.
Je suis pétrifiée, le dos tourné vers le Trop-Petit, comme pour me protéger. Me protéger de son regard ?
Peut-être. Ou alors le protéger du mien ?
Qui sait.

Je déglutis doucement et la pensée me vient que ce gosse est tout de même terriblement attachant. J’aurais cru que cette pensée me ferait rougir un peu plus, mais cet Incompréhensible qui me sert de corps décide au contraire de se détendre un peu. Après tout, rares sont les Autres qui persistent à me parler une fois que je les ai remis à leur place, et plus rares encore sont ceux qui me parlent aussi doucement. La voix de Saul me renverse et remue tout mon corps pour faire ressurgir des souvenirs longtemps enfouis. Ses mots sont doux et calmes et ils ne m’agressent pas. Ou peut-être n’est-ce que le souvenir que j’en ai : il ne dit rien. Le silence règne, un Silence de Roi, et mes anciens mots murmurent encore leur vérité dans ce silence. Habituellement, ces silences là sont pesants, mais celui ci est léger. Agréable. Est-ce à ceci que devraient ressembler tous les lourds silences que je partage avec Arthus ? Sans doute. Une nouvelle pensée débarque à l’improviste : *Saul le Faux-Arthus*, immédiatement balayée par une autre, plus que dérangeante : *non, le Vrai*. Le Vrai-Arthus, un gosse doux qui ne gueule pas et qui aime bien sourire, qui ne m’agresse pas. Oui, c’est à cela que devrait ressembler Arthus.

« P’t’êt’ que les opportunités c’est pas comme la fumée. »

Mes yeux s’écarquillent sous l’effet de la surprise. Je ne m’attendais pas à ces mots là. Je ne m’attendais pas à ce qu’il parle, en fait.
*J’aime bien*. Mais les opportunités sont comme la fumée, et ça je le sais. Le kairos des grecs, l’Instant, le seul et l’unique. Qui s’envole et s’évanouit comme de la fumée. Comme des oiseaux...

« P’têt’ que ça revient parfois., murmure le Vrai-Arthus, le Trop-Petit. Comme les oiseaux... »

Comme les oiseaux.
*Comme les oiseaux*.
Merlin, il lit dans mes pensées ? Sans doute que non.
Il est mignon. Je crois que j’aime bien.
Comme les oiseaux... peut-être que ça revient parfois.
Oui, peut-être. Ou peut-être pas.

Mais certaines opportunités sont sacrément tenaces, en tous cas. Comme ce gosse là. Sacrément persistant, ce gosse là. Peut-être pour ça que je l’aime bien. Oui, peut-être pour ça.

« Même si c’est peureux, les oiseaux. »

Un sourire éclôt sur mes lèvres rosées et je me tourne vers le petit garçon. Mes yeux s’écarquillent un peu plus quand mon regard se heurte à son sourire ; il est joli, ce sourire. Vraiment très joli.
Et il tient toujours le Livre dans ses bras.
Mon sourire persiste.

« Peut-être, commencé-je d’une voix assurée. En tous cas, toi, t’es comme un oiseau. Tu reviens vraiment. Les Autres partent quand j’les frappe d’habitude ! Ou alors dès que j’leur crie d’ssus. » Mon sourire se fait de plus en plus grand. « T’es un oiseau sacrément buté. Tu crois pas ? »

Fragile comme un oiseau. D’une jolie fragilité.

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]

21 oct. 2019, 20:50
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 
C'est beau aussi, les oiseaux.

Oui mais ça, ça il ne le dit pas. Ça reste dans sa gorge, ou dans sa tête plutôt et ça tourne en longeant les parois... sans jamais sortir. C'est dur de dire ça à un dos quand même.
Frémissement.
C'est sa robe. Le tissu semble parcouru de petits clapotis, le noir tremblote. Peut-être Saul n'aurait-il pas été surpris qu'une grenouille en bondisse. Il a peur.
Les mots, c'est compliqué. Surtout devant des dragons d'émeraudes... Une lettre de trop et ils grognent. Un mot pas assez proche de l'autre et ils se brouillent. Les mots c'est comme les potions, un mouvement déplacé et BOUM! Il y en a partout et ça devient vraiment difficile de tout réparer. Alors lorsqu'il repense à ce qu'il a dit, alors qu'il contemple le marais de sa tenue, Saul a peur, un peu.
Elle va sûrement dire qu'il est idiot...

-Peut-être.

Ouais, p'tête...
...
HEIN?
Lorsqu'il lève subitement la tête, Thalia n'est plus de dos, elle le regarde. Et elle sourit aussi.

-En tous cas, toi, t’es comme un oiseau. Tu reviens vraiment. Les Autres partent quand j’les frappe d’habitude ! Ou alors dès que j’leur crie d’ssus.

L'entièreté de son visage n'est plus que surprise et incompréhension. L'assimilation à l'oiseau le traverse sans vraiment le toucher tant c'est le bazar à l'intérieur. Sûrement le retrouvera-t-il sous un amas de souvenirs plus tard, alors il en sourira, mais pour l'instant il tente de s'y retrouver dans la situation. C'est à son sourire qu'il s'accroche.

-T’es un oiseau sacrément buté. Tu crois pas ?

Cette fois-ci, le mot l'atteint et le gamin s'amuse un peu d'être traité de la sorte. Parce que oiseau c'est bien gentil mais comment prendre "buté"? Mais le sourire d'en face entraîne le sien dans son sillage et Saul se laisse emporter.

-Euh peut-être... enfin sûrement oui.

Parler calme un peu le vacarme dans sa tête bizarrement, ses tremblements ont totalement cessés. Là, maintenant, il a juste envie de sourire. Elle est revenue... ses yeux le fixent à nouveaux, souriants eux aussi. Tarann semble totalement métamorphosée et son véritable nom prend un sens. Thalia. Pas qu'il en sache la signification mais ça va vraiment bien à ce sourire, "Thalia". Peut-être un jour, il se dit, peut-être qu'il trouvera un nouvel oiseau, inconnu, pas forcément beau comme on entend mais beau quand même. Inconnu ça veux dire sans nom. Enfin sans nom pour l'Homme, il en a peut-être un mais puisque l'oiseau ne sait pas parler anglais et puisque l'Homme ne sait pas parler oiseau... bah faudra lui trouver un nom. Et Saul avait une bien belle idée à ce moment précis, alors que le sourire de Thalia lui traçait des petites pattes près des yeux. Pac-pac, des deux côtés, comme si deux moineaux s'étaient envolés de ses yeux... pour se poser près de ceux de Saul qui se plissent à leur tour.
Il ne tremble plus du tout quand il décolle doucement le Livre de son torse. À la couverture il adresse un regard observateur, et à la fillette un sourire moins grand, mais plus sincère. C'est vrai, elle n'avait pas entendu.

-Je sais pas trop comment t'as fait ça... mais c'est vraiment superbe.

Soudain son regard plonge au travers du bouquin, perdu dans le vide, ses sourcils se froncent. Une phrase lui revient, il lève les yeux vers la fille.

-Comment... comment tu m'as appelé?

Oui, il sait bien comment mais pourquoi? Des surnoms, il n'en avait pas eu beaucoup au village. Saul c'est déjà bien assez court alors on essayait rarement de le raccourcir encore. Mais si celui-ci n'était pas là pour l'appeler plus vite et plus fort depuis le terrain de jeu (en tout cas il en doutait...), alors pourquoi?
Les quatre mots résonnaient étrangement dans sa tête: Saul-le-Trop-Petit.

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^