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28 déc. 2018, 09:17
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 


Septembre 2043


Qu'est-ce que je fais ici? Pourquoi je suis venu? J'aurais pas du venir...
Froissement de papier dans sa poche, le mot de Lyra.
Elle viendra pas, elle s'est jouée de moi, c'est ça.
Perdue dans un coin de la bibliothèque, la silhouette lève la tête vers les murs de livres.
C'est grand...
Frisson
Ça fait peur. Lyra où es-tu? J'ai peur Lyra.
Un pas sur le côté pour tenter de voir la longue chevelure brune de sa sœur. Que des inconnus.
Méchante Lyra.
D'une main, le petit garçon serre à nouveau le morceau de papier dans sa poche. Il n'aime pas ce lieu. Toutes ces rangées lisses et raides, comme des murs ou des lames. Frisson. Oui voilà, des lames de rasoirs qui tendent à se refermer CHLAC!, sur le premier à trop bouger, à trop parler. Lyra cette traitresse disait qu'elle voulait un endroit calme et tranquille pour parler. Et Saul avait les oreilles qui bourdonnaient tant le silence était pesant. Comme de petites aiguilles qu'on y plantait, les bruits des talons contre le marbre du sol faisaient vibrer le silence, comme pour le rendre plus présent encore. Pas un souffle de vent ne passait. Tout était immobile, figé, inerte. Il semblait à Saul que son cœur avait été pétrifié, plus rien ne semblait battre dans sa poitrine. Le temps, comme un élastique, s'allongeait, s'allongeait, s’éméchait... manquant à tout instant de claquer.
Lyra...
Elle ne viendra pas. Elle allait encore s'excuser mais elle ne viendra pas.
Lyra je te haie, j'te déteste.
Saul lâcha son bout de papier et se remit à marcher, vers la sortie, vers la vie. La petite boule tomba derrière lui dans un bruit mat. Le Gryffon se retourna vivement. Mal lui en pris. Les lames de la bibliothèque font régner leur ordre ici, et Saul avait trop bougé. Tac contre la lame.

- Par Merl-...

S'accroupissant au sol, le jeune garçon porta les mains à sa tête qui le lançait. Sous ses paupières fermées précipitamment, c'était comme une volée de flash qui éclataient dans son cerveau. Il n'avait pas bien mal... mais il avait frôlé la lame de très prêt, embrassant au passage un cran de sa surface. Retirant ses mains, il y trouva quatre fleurs vermeilles peintes en plein cœur. Le souffle lui manqua un instant. Il ne pensait pas avoir touché mais la lame lui avait arraché son baiser. Portant un pouce à sa bouche, le Gryffon le glissa lentement sur ses lèvres frémissantes. Sensibles, elles furent parcourues d'un léger picotement et, quand il retira son doigt, celui-ci portait la larme qu'elles avaient fait couler.
Sang.
Saul referma aussitôt le poing sur son pouce tâché.
Merde...
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Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

26 janv. 2019, 16:04
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 
14 Septembre 2043
Bibliothèque — Poudlard
2ème année


*J’Y ARRIVE PAS !*.
D’un revers de la main, j’envoie voler l’exemplaire de Le Monde de la Magie et la Magie dans le Monde par terre. Le livre s’écrase par terre, couverture vers le plafond et pages abimées. Un sourire de satisfaction monte à mes lèvres devant cette étrange preuve de ma supériorité : il était tout propre, bien présenté, et maintenant il est tout défoncé et il manque de se déchirer. Pourtant, mon visage se tord et le sourire disparait bien vite ; malgré tous mes efforts, j’aime pas abîmer les livres. Cette pensée me donne envie de cracher sur le bouquin ; c’est comme si cette passion pour le Savoir m’empêchait d’être forte.

*D’toute façon, y’a pas d’Savoir là-d’dans*, grogné-je. Le bouquin d’Andrew Barrow est foutrement intéressant, mais il ne renferme rien de ce dont j’ai tant besoin — je me rends seulement compte que je n’ai rien retenu. Rien du tout ; parce qu’il ne contient pas ce qui m’intéresse. Non, il ne parle pas de toute cette Magie. Du livre entier, seuls quelques chapitres étaient consacrés à la Magie des chinois, et pas de mention particulière aux tréfonds mystérieux de leur Magie si différente. *Pourquoi j’vis pas en Chine !*, râlé-je mentalement à l’intention des étagères pleines de Connaissance. Le Château est nul. Nul ! Ou peut-être est-il bien, merveilleux même, mais pas pour moi. Je ne peux rien faire ici ; je me sens pitoyable, comme devant Aelle. Et dans les quinze livres que j’ai feuilleté les uns après les autres, il n’y a que trop peu d’informations sur les étrangers. Rien sur la Magie étrange de Chu-Jung et Mei — Magie Noire. J’en suis sûre, c’est ce qu’on appelle une jolie démonstration de Magie Noire ; la même Magie que Loewy, mais elle est restée discrète et ne s’est malheureusement pas dévoilée — et encore moins sur le Dôme de Privations de Qiong. Cette Chose noire, presque une entité, qui les a enveloppés pour les plonger dans un Chaos sombre digne de Tartare.

Je me traine jusqu’au bouquin, caresse sa reliure du bout des doigts, avec précaution et fixe longuement sa couverture et ses pages qui ont résisté au choc infligé. D’un geste vif, je le ramasse et le balance sur la table de travail, avant d’être attirée par un éclat pâle. *C... c’est quoi c’truc ?*, fais-je en me penchant vivement pour saisir le morceau de parchemin qui s’est échappé d’entre deux pages pour voleter dans l’air.

26/.... 2041


« C’que c’est vieux ! » m’exclamé-je doucement devant cette date à moitié effacée datant d’il y a déjà deux ans. Deux ans ? *Poudlard existait d’jà, y’a deux ans ?*, me surpris-je soudain à penser. Pourtant, c’est idiot ; le Château a été bâti il y a des centaines d’années. Mais pour moi, il n’existe réellement que depuis un an : depuis que j’y suis entrée.

Je parcours du regard la copie sale, qui semble être un devoir d’Histoire de la Magie — tiens, pour une fois, une matière un minimum intéressante — et qui est tout ce qu’il y a de plus banal, excepté la saleté et la moisissure qui l’envahissent. Quelle idée de laisser trainer ses devoirs ici ; surtout que c’en est un de première année, je ne pourrais même pas recopier les réponses pour avoir moins de travail à faire : un Optimal semble se dessiner en haut de la feuille.

Mon regard se dirige soudain vers le coin en bas à gauche de la feuille, marqué d’une inscription griffonnée à la va-vite et à moitié illisible :

Penser .... essayer ... voir Er... Nyakane ... parait que ... Uagadou

*Qu...*, m’emballé-je devant le parchemin vieilli et ses tâches m’empêchant de le déchiffrer entièrement. Je ne comprends rien ! Une note idiote, voilà ce que c'est. Pourtant, ce mot accroche une nouvelle fois mon regard : Uagadou. *C’est quoi ?*. Le... la... j’attrape le livre et le feuillette jusqu’à la table des matières. Voilà ! Uagadou, école de Magie africaine. Qu’est ce qu’une note sur une école de Magie africaine fiche ici ? *J’suis sûre qu’elle est mieux qu’Poudlard, tiens !*, ricané-je. Je me renseignerai sur Uagadou, plus tard. Peut-être que cette drôle d’école est comme celle des chinois et qu’elle recèle des secrets étranges, des Magies lointaines.

Je me laisse envahir par ce rêve fou de ne pas avoir besoin de ma baguette idiote, d’utiliser des bracelets de pierre précieuse comme Qiong ou autre chose. Maman appelait sa baguette « ma Moitié » et je ne comprends pas pourquoi ; moi, c’est ma fichue Opposée, celle qui me défie et m’empêche de faire de la Magie convenable.

J’attrape ma plume sombre, la trempe dans l’encre et griffonne deux mots en dessous du nom de cette femme inconnue et de la mention à cette école mystérieuse. Deux mots qui n’ont rien à voir avec le reste, mais qui doivent rester mon objectif, à jamais. Avant Qiong, avant Mei, avant Loewy, avant Nyakane, avant Uagadou. Deux mots, deux mots qui parleraient à beaucoup.

Je froisse le parchemin et le range dans ma poche, avant de reprendre le livre, fatiguée, et de continuer de chercher désespérément une explication concrète à la Magie si belle de Qiong. RIEN ! *J’en ai marre...*, me lamenté-je doucement.

« Par Merl... »

*Merlin ?*. La couverture du livre claque quand je le referme violemment pour me tourner vers la voix qui m’a dérangée. Cette voix pleine de douleur m’attire ; je suis mue par une étrange sensation de curiosité.

Un pas, deux pas.

*Qui est là ?*.
Je me sens enfant, petite fille terrifiée par une présence inconnue.

Trois pas, quatre pas.

*Petit garçon ?*.
Un gamin accroupi attire mon regard.



Soudainement, tout tourne.

Écarlate.

Ses mains sont ainsi : écarlates.
Je sais ce que c’est ; l’écarlate.
C’est la couleur du sang ; l’écarlate.
Il est plein de sang, le gamin écarlate.
Et moi je ne vois plus que ça.
Écarlate.

Je sombre, m’affale contre une étagère juste devant lui.

Le Monde est écarlate.
Dernière modification par Thalia Gil'Sayan le 29 janv. 2019, 12:48, modifié 2 fois.

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]

27 janv. 2019, 19:06
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 
Inspiration.
Le regard perdu entre deux lattes du plancher, le garçon serre son poing.
Expiration.
Il le lâche et laisse sa main retomber au sol. Un nerf fait frémir sa lèvre inférieur, il la gobe aussitôt et le gout métallique du sang empli sa bouche, ses sens. Ça va, c'est passé. Seulement son cœur qui bat dans sa lèvre. Tout ce qui importe maintenant c'est le poing qu'il fichera au nez de Lyra la prochaine fois qu'il la voit.
Non. Non. Il ne pourra pas. Il ne peut pas et il n'a jamais pu frapper au visage. Surtout pas Lyra. Un nouveau soupir lui échappa et Saul posa un genou au sol.
Quittons cette foutue salle au plus vite...

...


Blam.


Saut du coeur, Courant électrique, Poils hérissés, Pupilles soudainement dilatées, Poumons remplis précipitamment...
Saul eu juste le temps de tourner la tête vers le bruit mate avant que le cri ne lui échappe.

- Aaaah! Mais ça va pas la tête?!!

Il fronça aussitôt le nez. Le M et le P avaient pris un malin plaisir à électriser sa lèvre. Le Gryffon venait d'ailleurs de faire un bon en arrière et, s'étant maladroitement rétabli à la fois sur sa main gauche et le coccyx, sentait une toute autre douleur lui remonter dans la colonne. Cela dura moins de deux secondes et il ne resta plus que ses yeux affolés vissés sur la fille qui venait de s'affaler à ses pieds.
Une... fille? A...Affalée?
La peur se changea lentement en mine déconcertée. Se redressant sur ses genoux, Saul se pencha vers elle. Sa main se tendit et s'immobilisa à quelques centimètres de son épaule. Le regard de la fillette se perdait au milieu de nul part, et le jeune Gryffon se surpris à s'attarder sur leur couleur... Étrange couleur...
Lyra?
Cheveux bruns, presque noirs; peau toute pâle; visage ovale; yeux verts... C'était ça sœur.
Non.
Cravate de Poufsouffle. Ce n'était pas Lyra.
Sa main se rétracta sans avoir eu touché la fillette devant lui. Il se sentait devant la Poufsouffle comme devant un oiseau tombé du nid. Il ne savait pas du tout quoi faire. Ouvrant la bouche pour parler, il la referma, cherchant ses mots.

- Hum... Tu... Enfin... ça va?...

Son regard la lâcha un instant pour balayer les environs. Personne. J'dois faire quoi?
Enfin... elle avait l'air vivante. Saul fronça soudain les sourcils. Le regard flou de la jeune fille semblait dirigé droit sur sa main tâchée de sang.
Bon sang! C'est pas un vampire quand même?!
Il dévia son regard vers une boule de papier tombée à côté, sûrement glissée de la poche de la fille. Saul lui jeta un regard. Elle n'avait pas l'air encore sortie de son état.
D'une main, il attrapa le parchemin chiffonné et l'ouvrit, quittant complètement la fille étrange des yeux.

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

28 janv. 2019, 20:15
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 
*Maman*, crié-je.
Maman, répondent les livres.
Maman, répond le Monde.
Maman, répond le silence.

Écarlate.
Si étrange, ce mot.
Si insignifiant, ce mot.
Si petit, ce mot.
Si profond, ce mot.
Si coupant, ce mot.
Si cassant, ce mot.
Si bouleversant, ce mot.
Si déchirant, ce mot.

Écarlate.
Tout petit mot. Il n’est rien.
Alors pourquoi ai-je si mal ?

É.C.A.R.L.A.T.E.
Je flotte, immobile dans les airs, au cœur d’une bulle.
Bulle écarlate.
Larme de sang.

Sang.
Sang, comme la main du petit garçon.
Sang, comme Maman.


*MAMAN*.
Je me déchaine contre les éléments.
*MAMAN*.
Briser les souvenirs.
*MAMAN*.
Briser la vérité.
*MAMAN*.
Le sang, c’est Maman.

Maman qui sourit.
Maman qui murmure.
Maman qui souffle :
« je t’aime... »
C’est si doux.
Ce serait si beau si ce n’était pas :
Écarlate.

Mare de sang dans laquelle elle baigne.
Maman.
Maman dégoulinant de sang.

Écarlate.
La bulle se brise.




« Hum... Tu... Enfin... ça va?... »

*Q...*, bégayé-je. Mon esprit est embrouillé. Mon regard fixé sur la main du gamin dévoile un Monde flou. Que dit-il ? *Est-c’que ça va ?*. Oui, c’est ça, il demande ça. Alors, Thalia, est-ce que ça va ? Non, ça ne va pas. Parce que tout écarlate. Enfin, plus tout. Juste sa main. Je vais lui répondre, j’entrouvre les lèvres pour le faire, mais un poids énorme s’écrase sur moi. C’est le poids des souvenirs.

Je me noie dans mes souvenirs. Tout ça à cause de sa main écarlate. Je hais le petit garçon, je crois. Il n’a pas le droit d’être écarlate. Pourtant, je ne veux pas le haïr. Je ne veux haïr personne, plus jamais. J’ai hurlé « je la déteste ! », une fois ; une seule. Je ne le ferais plus jamais. *J’suis une fichue menteuse*, ricané-je. C’est faux ; je le sais pertinemment. Je suis incapable de m’empêcher d’haïr les Autres, il n’y a qu’Aelle que je ne veux pas détester. Tous ces Autres qui m’entourent, je me ferais un plaisir de les déglinguer avec mes mots.

Mais je patauge dans un Monde flou et dégueulasse, flippant par sa teinte écarlate.

Mouvement.

*Qu...*, soufflé-je avant d’entrapercevoir une main ramassant quelque chose à terre. *Qu’est c’il fout ?*. Avant de comprendre ce qu’est le quelque chose en question, je savoure la blancheur de la main, délaissée de toute trace rouge. Je préfère largement ces doigts là, cette main là. Si enfantine.

Puis je vois une boule de parchemin qui se défroisse dans la main. *Mon... je... Nyakane !*, m’affolé-je. Oui, c’est mon parchemin. Et le gamin l’attrape. Alors que c’est à moi !

« Lâche ça ! » crié-je, mue d’un soudain instinct de protection. Il ne doit pas découvrir la note sur Nyakane, mais je ne sais même pas pourquoi. « C’est à moi, gamin ! »

C’est mon parchemin. Celui que je viens de trouver, qui parle de l’école africaine et d’une drôle de femme qui serait venue ici. *Je... j’devrais m’renseigner sur elle*, songé-je soudain. J’irais interroger des plus grands, discrètement. Rapidement, sans être reconnue ; je ne veux pas causer trop longtemps aux Autres. Cette pensée m’amène à une autre : découvrir les tréfonds de la Magie des chinois. J’avais perdu de vue mon but à cause du gamin.

*KWON !*, m’esclaffé-je en riant intérieurement. Kwon ? Qui c’est, elle ? La... la prof de botanique. Que disaient les plus grands, déjà ? Quelque chose sur sa vie passée... *Elle a étudié à Castel... j’sais plus, au Brésil !*. Ce souvenir ravive une flamme à l’intérieur de mon ventre : peut-être a t-elle une Magie commune avec les chinois. Demain, j’irais la voir. C’est décidé.

Je me reconcentre sur le gamin. Il doit lâcher mon parchemin. Immédiatement. Sinon, je le déglingue.

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]

29 janv. 2019, 11:41
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 
26/.... 2041


La fille avait disparu du champ de vision du garçon, il n'y avait plus que cette date et le parchemin.
C'est un devoir?...

- Lâche ça !

Saul se redressa en un sursaut, plantant aussitôt son regard sombre dans les yeux étranges de la Poufsouffle.
Elle est réveillée?
Question bête. Ses yeux le lacéraient et brillaient de lucidité. Les doigts du garçon se crispèrent sur le parchemin. Il était important? Qu'est-ce qui y était important?

- C’est à moi, gamin !

Gamin?
L'expression de Saul se figea. Elle comptait vraiment a ce qu'il lui rende ce vieux bout de papier? Rien que pour ce mot, le gamin aurait bien chiffonné le papier pour l'envoyer baller loin dans les rayons de livres. Mais la curiosité lui interdisait de faire tout mouvement pouvant abimer le parchemin et à y mieux réfléchir, il ne serait peut-être pas sorti indemne de la bibliothèque. Le visage de la fille trahissait tout.
Elle hésitera pas à frapper...
Seulement, elle ne semblait pas assez vieille pour avoir été à Poudlard en 2041, ce devoir ne lui appartenait pas. Il n'y avait donc rien de mauvais à ce que le Gryffon y jette un coup d’œil.
Ouais voilà... je regarde et je lui rend.
Il eut presque envie de demander un mot magique à l'insolente mais ses yeux l'en dissuadèrent aussitôt. D'ailleurs, ils le pressaient. Se crispant soudain, Saul la défia du regard, serrant les lèvres. Il n'avait toujours pas avalé ce "gamin", ça lui restait en travers de la gorge. La gène se mua lentement en légère douleur. Sa lèvre pressée chauffait. Il passa le dos de sa main dessus et laissa son regard se porter innocemment sur le parchemin.
Rien qu'un regard.
Il posa ses doigts pour refermer le papier, les yeux défilants sur l'écriture illisible.
Là!
Ses doigts ses raidirent.

Ouagadou


L'école africaine?
Sam en avait parlé. Il voulait à tout pris étudier les animaux là-bas, il avait failli y passer ses deux dernières années...
Les deux pans du papier se refermèrent sur un dernier mot et Saul releva la tête en souriant, rencontrant à nouveau les yeux assassins de la fille.
Elle y est vraiment attachée à son papier!!

- Ça va, je vais pas le brûler ton truc...

Lui tendant le parchemin, Saul se concentra sur l'expression de la jeune fille. Sérieusement, elle l'intriguait, et le dernier mot aperçu sur le parchemin ne tarissait pas sa curiosité. Il l'avait déjà entendu, il en était sûr! Sam en avait parlé l'année dernière. Beaucoup parlé. Comme il avait voué les mérites de Tally Jenkins, Charlie Rengan, Diana Anderson. Mais un nom était revenu bien plus souvent. Plus craché que lâché. Un nom écrit rapidement, de celle qui avait écrit sur cette feuille que le Gryffon tendait à la Poufsouffle en souriant.

- T'as un nom? Moi c'est Saul!

Et puis ça sort. Oh! Ça n'aurait jamais du sortir... Mais pourtant ça sort tandis qu'il lâche le papier entre les mains de la fille. C'est le mot. Saul a besoin de le dire.

- C'est qui Aelle Bristyle?...

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

29 janv. 2019, 13:34
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 
*Il a lu*. La phrase tourne en boucle dans ma tête. Je le sais, il l’a lu. Il fait comme si c’était faux, mais il l’a lu. Peut-être n’a t-il lu que le devoir. Ou peut-être est-il parvenu jusqu’à la note, griffonnée d’une main inconnue. Peut-être, également, qu’il a lu mes mots. Les miens. Deux mots. Écrits comme une libération, une tentative d’écarter les barreaux de la prison qui m’enferme. Ce Carcan oppressant est douloureux, et le nommer n’a rien changé. Peut-être que le gamin a lu. Mais il n’aura rien compris, ou peut-être une allusion à cette fille si connue. Rien d’autre ; comment pourrait-il savoir quelque chose d’autre ?

« Ça va, je vais pas le brûler ton truc... » souffle l’enfant sans intérêt. Mais il l’a lu, je le sais. Il ment ! Je hais les Autres qui mentent si bien, si mal aussi. Puisque je sais qu’il ment. Ce n’est pas le papier qui brûle, mais bien mon cœur ; je ne sais pas jusqu’où il a pu découvrir le parchemin, et j’en meurs intérieurement. Ça me terrifie.

Mais il reprend la parole, d’une voix heureuse et enfantine, avec ce grand sourire qui lui bouffe la face et que j’ai envie de lui faire ravaler : « T’as un nom ? Moi c'est Saul ! ». *Si j...*, soufflé-je avec incompréhension. Je ne comprend pas ! Si, je sais ce qu’il veut dire, et je me sens envahie par la suffisance et l’arrogance. Quel imbécile ; bien sûr que j’ai un nom. Ce qui ne veut pas dire que je vais le dire au gamin... que je vais le dire à Saul. *C’est quoi son nom d’famille ?*. J’aime bien appeler les Autres par leur nom de famille, il y en a beaucoup que ça dérange. C’est marrant de les voir rougir, blanchir, verdir, ou tout simplement se mettre en colère, juste parce que je contourne leur prénom pour les frapper avec leur nom.
Je vais lui dire, que j’ai un nom mais que je ne compte pas lui dire lequel. Mais il me coupe, brusquement :

« C'est qui » murmure t-il, et j’avale ma salive brusquement. Grande inspiration, parce que je sais que l’air ne pourra plus pénétrer dans mes poumons lorsqu’il aura terminé sa phrase. Il a lu. Tout. *’rdel*, craché-je. Je veux qu’il ravale ses mots, qu’il prenne conscience de leur inutilité. Mais non, il ne le fait pas. « Aelle Bristyle ? ... »

« C’est personne ! » hurlé-je dans un instinct surpuissant de protection. Personne ! C’est personne, et ce ne sera jamais quelqu’un ! *Menteuse... pitoyable menteuse*. Je me noie dans les souvenirs.

JE LA DÉTESTE !

*NON !*. Je ne la déteste pas, je ne veux plus entendre ma voix déformée. Je ne déteste que ce petit Autre au drôle de prénom, qui me rappelle qu’Elle existe. Même sans lui, je ne peux l’oublier, Elle est si présente dans mon esprit que m’en détacher serait me séparer de ce que je suis.

Les Autres n’voient rien, t’façon.

J’avais été une Autre, cette Aube là. Je me hais pour avoir été une Autre quand, plus que tout, je voulais être Moi. Les larmes commencent à monter à mes yeux, obscurcissant ma vision et me piquant doucement. Elles sont amères. C’est si douloureux de pleurer, c’est si pitoyable. J’aime, d’une certaine manière, sentir l’amertume qui dégouline sur mes joues et déglingue mon Âme et tous les mots que je pourrais formuler. Les larmes veulent tout dire ; elles sont tristesse, envie, terreur. Et je suis derrière le rideau de larmes. Pitoyable.

J’aime bien tes yeux fermés.

Pourquoi les avais-je ouvert ? Mes Perles étaient si belles, si précieuses, protégées par mes paupières fines. Il avait fallu que je brise l’Obscurité, que je me laisse attirer par la tentation. J’aimerais fermer les yeux. Mais j’en suis incapable ; les larmes sont trop puissantes, elles s’échappent en cascade.

Qui t’es ?
Ton ombre.


Je m’en souviendrais ; toujours, ces mots là resteront toujours dans mon esprit. Elle est mon ombre. L’ombre de ma tristesse, qui se cache derrière le sourire du petit garçon.
Et j’ai osé dire qu’Elle n’était personne. Je me dégoute par ce mensonge si horrible.

« Elle est tout... soufflé-je avec délectation. Elle est b... Belle. »

*QUOI ?*. Je déglutis violemment ; qu’ai-je donc dit ? Mais c’est vrai : Aelle est Belle. Et Elle est ma douleur. Je baisse la tête, trempée de larmes. Je hais le gamin. *NON !*. Je ne hais pas Saul ; je ne hais personne. Je ne dois plus haïr personne.

« Mais t’as pas l’droit d’dire son nom ! braillé-je comme une tarée, visage déformé par la douleur. Elle est pas à toi ! »

Mais Elle n’est pas à moi non plus.
Peut-être même est-Elle plus à Saul qu’à moi.
Parce que j’ai tout gâché.

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]

29 janv. 2019, 19:03
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 
- C’est personne !

Saul ramena vivement sa main tendu vers lui. Mais bon sang! Qu'est-ce qu'elle avait à la fin? Malgré le fait qu'il en était excédé, le Gryffon était surpris de ne ressentir aucune colère envers la fille. Finalement, c'était de sa faute à lui s'il ne la comprenait pas! Il plongea son regard dans les yeux de la Poufsouffle, cherchant une réponse mais.
...Elle pleure?
Non. Enfin pas encore apparemment. Mais ce cri semblait lui avoir couté. Et Saul ne faisait qu’éprouver plus grande, et plus grande curiosité pour la fameuse Aelle.
Il avait déjà séché les larmes d'une fille. Mais c'était Lyra et Lyra n'était pas cette créature inconnue. Lyra, il pouvait la toucher. Cette fille, il avait la forte impression qu'il pourrait la briser rien qu'en l’effleurant, comme si elle n'était faite que fines couches de verre.
Ou le contraire.
Parce que de ses yeux semblait pouvoir jaillir le feu du dragon.
Alors Saul restait là, avachi sur le sol, à la regarder en se mordant la lèvre. Il ne sentait presque plus rien.

Et la larme coula.
Glissant silencieusement sur sa joue pâle.
Les yeux agrandis par l'effroi, Saul la vit ralentir sur le bord de son visage et...
Noir.
Il avait fermé les yeux. Il ne voulait pas voir ça. La tristesse. Il ne voulait plus la voir. Plus jamais.
Lâche.
Ses yeux se rouvrirent aussitôt. Ça n'avait pas été crié, mais ça lui avait fait l'effet d'un hurlement dans la tête. Devant, la fille s'était transformée en une pierre d'où coulait une rivière de larmes.
JE FAIS QUOI ??!!
Le cri du garçon resta bloqué dans sa gorge. Il voyait la jaune et noir pleurer, il ne faisait rien.

- Elle est tout... Elle est b... Belle.


Étrange créature. Saul ne comprenait pas mais il était sûr d'une chose, la fille était dévorée. De quoi? Aucune idée. Mais y'avait un truc en elle qui la transperçait. Et ce truc, il l'avait déclenché avec un mot. Un seul. Il le sait. Il le savait.
Le Gryffon a soudain envie de le lui arracher, de le jeter au loin, comme la boule de parchemin.
J'aurais du la brûler...
Mais il ne bouge pas. Il ne bouge pas parce que les yeux de la fille sont levés vers lui et ils le détruisent.

Mais t’as pas l’droit d’dire son nom ! Elle est pas à toi !

Sa mâchoire se bloque. Son sourire a disparu et Saul fixe la fille, refusant de briser le lien du regard. Il hurle à l'intérieur mais il ne veut pas perdre face à cette gamine. Il ne veut pas perdre face à Aelle. Parce que c'est elle la gamine. Aelle.
Mais ce n'est pas son histoire. Alors un sourire timide apparait sur son visage. Sourire. La douce chaleur revient, le berce, chasse le froid cauchemar. C'est beau, sourire.
Il veut que la fille sourie. Oui voilà. Il veut la voir sourire.
La fille... pas de nom...

Ok. Finalement j'm'en fiche. J'ai peur de son regard... Je veux savoir comment toi tu t'appelles.

Ouais, il s'en fiche. Il a posé la question, il voulait savoir. Mais maintenant il s'en fiche. Elle ne veut plus l'entendre dire ce nom? Il veut l'oublier.
Dans sa main gauche, les fleurs écarlates s'étaient écrasées, fanées. Il n'en restait plus que le cœur, plus fort, plus rouge.
Étoiles filantes.
C'était ça. Quatre étoiles filant dans le ciel de sa paume. Quatre lumières. Quatre souhaits.

J'aimerais tellement qu'elle sourie...

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

30 janv. 2019, 19:28
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 
« Ok. Finalement j’m’en fiche, » énonce le gamin avec tant d’indifférence que mon cœur me semble cesser de battre. Il s’en fiche. MAIS COMMENT PEUT-IL S’EN FICHER ? Non, mon cœur ne s’est pas stoppé ; il bat même si vite que je ne peux plus entendre son battement. Il n’a pas le droit ! Il n’a pas le droit de me lancer son nom en pleine face, puis de se retirer aussi vite qu’il s’est approché. Les larmes coulent de plus belle sur mes joues, et je fixe les dalles de pierre comme si elles me seraient d’un quelconque secours.



Aelle.
L’écarlate est parti. Déglingué.
Défoncé par ce mot ; ce nom.
Ton nom.

Aelle.
Je sais que tu es là. Sinon, je ne crois pas que je pourrais avoir si mal.
Je sens mon cœur qui s’affole ; j’ai peur d’imploser silencieusement.
Si silencieusement que personne ne le remarquera.
Même pas toi. Surtout pas toi.
Je suis sûre que tu m’oublierais.
Et mon cœur bat tellement plus vite à cette simple pensée ; il me défonce les côtes.
Je suis toujours là, mais en fait, je suis déjà partie. Morte. Effondrée.
Et plus vivante que jamais.
Pourquoi est-ce si douloureux, d’être vivante, Aelle ? Je ne savais pas que ça faisait si mal.
Je suis déchirée par toute cette terreur, toute cette douleur. Tous ces regrets.
Je vais mourir, parce que mes larmes ne servent à rien. Elles dégoulinent, glissent, mais n’emportent pas la douleur.
Je ne veux pas mourir. Pour la première fois, je ne veux pas mourir. Je veux être avec toi.
À jamais. Et je suis prête à tout donner. Tout. Pour être avec toi ; pour que tu ne m’oublies pas.
Que veux-tu ? Dis moi ce que je peux faire, je le ferais. Je te le jure.
Peu importe ce que tu veux. Moi je sais ce que je veux.
Je ferais tout pour l’obtenir.
Je suis désolée. Désolée. Tellement désolée Aelle.
Je sais ce que je veux. Je m’excuserais mille fois pour l’obtenir, s’il faut.
Je veux une deuxième chance.
Je veux être avec toi.




*Aelle...*. Son nom m’appartient si peu que je ne devrais jamais le prononcer. Même en pensée, il ravit mon esprit, m’arrache à la réalité. Je n’ai pas le droit, moi non plus, de dire son nom. Il est trop puissant. Il veut dire trop de choses. Il rappelle trop de souvenirs. Pourtant, je suis incapable de ne pas penser à Elle. J’aimerais tant qu’elle soit là.
La froideur glaciale des perles d’eau dégoulinant sur mes joues pourrait refroidir celles-ci, mais elles me brûlent. Ma peau si pâle et blanche se consume. Parce que j’ai peur, peur de ce que le petit garçon qu’est Saul au nom inconnu pourrait me faire. Je serre les dents en attendant les mots qui se profilent sur ses lèvres, ferme les poings, prête à encaisser le choc.

« Je veux savoir comment toi tu t'appelles. »

*Q...*, m’affolé-je. Je n’étais pas préparée à ça ! La violence de cette affirmation augmente le débit puissant de mes larmes, et j’en sens une sur mes lèvres, fraiche comme la pluie. Mue par un instinct animal, je jette mon regard à l’assaut de son visage de gamin. Mes yeux ne contemplent plus les aspérités de la pierre, mais bien ce petit visage auquel appartient à sa main toujours écarlate — mais je l’ignore, cette fleur écarlate ; j’ai bien plus important à faire. Je me projette toute entière vers l’avant ; mais seulement en pensée. Je ne bouge pas, mais mon corps entier accompagne mon regard brûlant : je veux dévorer le petit garçon avec mes Perles fades et cramées par le feu de la douleur.

Ma main glisse vers ma poche, se saisit de cette baguette qui me répugne tant. Je ne l’aime pas, mais elle m’est utile, et je dois bien l’accepter. Serrant le bout de bois entre mes doigts, je le dégaine vivement et le pointe vers le gamin. *Qu’est c’que tu dis d’ça, Saul ?*. Regard noir lancé tel une flèche, peut-être pour cacher le tremblement léger de ma main. Tremblement que je parvins à maitriser au bout de quelques secondes de lutte, pour me concentrer sur ma baguette. Ne pas bouger ; je ne veux pas lui faire de mal, pas encore. Seulement s’il est encore méchant. Seulement s’il me fait encore mal avec ses mots innocents.

« Mon nom, il t’regarde pas. Il est à moi, le nargué-je, mon Bâton de Magie toujours dirigé vers sa figure. L’tien, c’est Saul. Mais l’mien, j’le garde. »

Si j’étais forte, si j’étais vraiment forte, j’afficherais un sourire tellement moqueur que le petit garçon serait déglingué. Mais je ne suis pas forte, je ne l’ai jamais été. Je suis juste pitoyable, et je fais comme si j’étais forte. C’est presque pareil, mais tellement différent...
J’aimerais bien être forte, pour m’imposer et prouver que je ne suis pas une fillette qui hurle et pleure à cause d’un nom. Mais je suis cette fillette. Et je le serai toujours. Au fond, je ne sais pas si ça me dérange. J’aimerais juste ne pas pleurer comme une gamine dès que j’entends son nom.

« Mais si t’y tiens tant, j’peux t’donner un nom pour m’appeler. » Que suis-je donc en train de faire ? Je m’emballe ; je ne me comprend plus. « Ouais, t’as qu’à m’appeler Aelle. »

*BORDEL*, hurlé-je soudainement. Qu’est-ce que j’ai dit ? JE SAIS TRÈS BIEN CE QUE J’AI DIT ! C’est bien ça, le problème. Je suis folle ! Je ne m’appelle pas Aelle. Jamais je ne m’appellerai Aelle.
Les larmes se suivent sans relâche sur ma peau, mais je ne les sens même plus.
*S’il te plait, m’appelle pas Aelle*.

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]

31 janv. 2019, 18:54
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 
Qu'elle sourit? QU'ELLE SOURIT ???!!
Saul écrasa les étoiles pourpres de sa main tendit qu'il la regardait lentement lever les yeux vers lui.
J'ai peur de ses...
Yeux.
Ses yeux.
Il n'a pas le temps de lever son mur de protection. Aurait-il servit au moins? Le regard de la Poufsouffle l'englobe tout entier, l'emprisonne dans ses griffes d'ombre. Un vertige le prend. Autour du Gryffon tout tourne, tourne, tourne... Il tombe. Il chute, sans s'arrêter, dans les yeux si étranges de la fille.
Qu'est-ce que tu me fais...?
Ténèbres.

...
Y'a... y'a quelqu'un?
Personne. Je suis seul. Personne.
Bruit.
Je me retourne dans le noir épais.
Cascade.
Je suis seul avec la cascade.
Elle tombe de nulle part, là haut.
Elle gicle sur mes chaussures.
C'est froid. Je frissonne.
...
A l'aide. Je ne veux pas être seul. Je ne veux plus être seul.
Plus jamais.
Pourquoi fait-il si noir?
Un cri retentit et résonne. Fort. Tout près.
Je ne voit rien. Je sais juste.
Je sais que mon nom est Saul.
Le sien.
Il est à elle. Pas à moi.
A elle. Aelle.

Menteuse.


- Menteuse.

Menteuse.
Ce n'est pas une cascade. Mais les larmes coulent, coulent. Torrent incessant. Ses yeux sont toujours aussi éloignés de lui. Et lui est toujours assis sur le sol de la bibliothèque. Il ne fait pas attention à la baguette pointée sur lui. Saul observe les larmes qui coulent des yeux de la fille.
Tu n'es pas Aelle. Menteuse. Tu es toi. Aelle n'est pas toi.
Je veux savoir ton nom.

Saul serre les poings. Il frissonne encore. Lui aussi a envie de pleurer, il veut pleurer les larmes de la fille. Il veut pleurer sa tristesse, à cette fille. Le froid. Alors il ne suffira plus qu'essuyer ça d'une main et ça ira mieux. Elle ira mieux. Il ira mieux. Et alors, peut-être qu'elle sourira.
Je ne connais pas son nom.
Le Gryffon renifle, ravale ses larmes. Il ne connait pas son nom, il ne peut pas pleurer ses larmes à elle. Aelle.
Plus jamais il ne veut entendre ce nom de sa vie. Jamais. C'est ce nom qui a déclenché le monstre de la Poufsouffle, ce nom qui la bouffe de l'intérieur. Il ne veut plus jamais avoir à y penser.
Et puis il veut partir maintenant. Il veut s'éloigner de celle qui porte Celle-à-qui-il-ne-veut-plus-penser en elle. C'est vrai, ce serait si simple. Si facile. Il se relèverait, lentement, tournerait les talons et s'en irait. Alors les ténèbres des yeux de la fille partiraient de sa mémoire, ou bien il se dirait que ce n'était pas si noir en fait.
Saul pose une main au sol. Oui voilà, il va se relever. Les mots qui sortent de sa bouche ne blesseraient plus la fille.

Lâche.
Le bras du Gryffon flanche est le garçon retombe aussitôt. Il n'avait pas eu le temps de se lever bien haut... Il était cloué au sol.
T'es lâche.
Un sanglot lui échappe tandis qu'il ramène son bras à lui. Non il ne peut pas. C'est bête... Mais il ne sait pas abandonner. Aucune larme ne passe, mais Saul est soudain secoué d'une énorme vague salée dans tout son corps. Il ne veut pas être lâche. Il veut être comme Sam.
Comment tu fais?... C'est pas possible.
La fille est peut-être encore là. Peut-être qu'elle pense encore à cette A- Nan! Nouveau sanglot. Une larme passe la barrière. Froid au coin de son œil. Charge électrique. Qui le réveille.
Jurant entre ses dents, Saul la sécha rageusement. Il allait être courageux. Comme Sam.
Sam.
Le bras qu'il serrait contre lui se détend. Sa main se glisse dans la manche et Saul en sort sa baguette. Elle chauffe dans sa main. Et la chaleur remontre le long de son bras, calmant tout son petit être. Brûle sa main tâchée de sang. Comme la chaleur d'un feu de bois peut brûler. Saul aime bien cette chaleur. Alors seulement il lève sa baguette et la dirige vers le torse de la fille. Elle n'a pas le temps de la dégager. Pas pour l'instant.

- Lumos.

L'étoile naquit alors sur le bout de sa baguette, éclairant la cravate, le menton, les bras de la fillette. Et elle grandit, sa lumière bleutée fait scintiller les larmes. Dans la lumière, son visage parait un instant comme celui d'une vrai petite fille de 12 ans.
Pourquoi a-t-il fait ça? Aucune idée. Mais il avait besoin de faire briller ces larmes acres. Et maintenant la fille ressemble à un ciel étoilé. Les étoiles filantes fusent. L'une d'elles vient s'écraser sur son poignet.

- Si tu ne veux pas me partager ton nom, le vrai, je le trouverai moi même.

Il s'arrête, il réfléchit. Pas longtemps. Parce que le temps passe vite. Parce que la fille peut toujours vouloir faire vaciller la lumière de Saul.

- Pour l'instant, pour moi tu es Taran. Il jeta un coup d’œil à goutte salée qui brillait sur son poignet. C'est comme ça qu'on dit "tempête" chez nous.

La lumière au bout de sa baguette s'amplifia, faisant briller les yeux de Saul. Ils étaient fixés sur ceux de la fille. Taran. Et ils étaient dans l’œil du typhon.

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

31 janv. 2019, 19:45
Larme Pourpre  PV Thalia Gil’Sayan 
« Menteuse. »

Affirmation brutale. Les paroles du gamin sont des flèches. Ce premier mot se plante dans mon cœur, encore vibrant de l’élan et de la conviction projetés avec lui. Mes larmes continuent de dégouliner, tandis que je fixe Saul avec toute ma fureur. Je sens qu’il tremble, derrière la barrière de ses jolies paroles ; je sens qu’il a peur de mon regard. Mes Perles sont toutes puissantes ; tellement fades qu’elles terrifient les Autres. Mais elles sont plus belles closes. Peut-être est-ce pour cela que j’ai le sentiment que jamais je ne refermerai les paupières.
*Je n’comprend pas*, sifflé-je avec désespoir. Que me veut-il ? Je ne suis pas une menteuse ; j’ai fait ce qu’il voulait, je lui ai donné un nom pour m’appeler.
Un nom. Pas le mien. Le sien. À Elle. Aelle. *COMMENT AI-JE PU ?*. J’hurle avec tant de violence que j’en tremble toute entière. Ce n’est pas mon nom et ça ne le sera jamais. Mes ongles raclent lentement le sol tandis que je déchaine toute ma colère sur la pierre inerte, la pierre qui forme le Carcan qu’est ce Château.

Le gamin — il m’est, pour une raison inconnue, particulièrement difficile de prononcer son nom, et je n’ai aucune envie de surmonter cette épreuve — secoue étrangement son corps. *Qu’est c’que tu fous ?*. Oh ! il pleure en silence. Il pleure sans les larmes. Par tous les Mages, je hais cette forme de sanglots. Elle m’est si proche, j’y suis si habituée que je la connais intimement. Moins désormais, les larmes préfèrent se pointer sans me demander mon avis. Pourtant, avant, les sanglots muets étaient mes compagnons de tous les jours. Sourire à l’enterrement de Maman, parce que j’étais secoué de sanglots que je masquais en riant puisque j’étais incapable de verser les larmes, pour une fois. Sourire pour me voiler la face, pour ne pas montrer que je chiale plus qu’il n’est possible de l’imaginer à l’intérieur de moi. Mes sourires sont si significatifs, si rares. Si intimement liés avec mes larmes. Je n’aime pas l’idée que le petit garçon puisse trembler ainsi — c’est une similitude entre nous, et je hais toute chose me rapprochant des Autres.

« Lumos. »

Non ! *J’VEUX PAS D’TA LUMIÈRE*. La lueur est éblouissante, petit Soleil naissant soudain dans l’obscurité du lieu. La puissance d’Hélios, mêlée à la poésie d’Apollon, m’éclaire et je retrousse les lèvres pour montrer mes dents au gamin. Sale petit Autre. Je hais la lumière. Je hais le Jour. Je suis une gamine de la Nuit, une enfant née pour vivre dans le Royaume de Nyx, et les rayons d’Hélios ne devraient jamais m’effleurer. Cette lumière est presque comparable avec celle qui m’éblouit cette Aube là, lorsqu’Elle me poussa, par son silence, à ouvrir enfin les yeux. Mais elle est moins douloureuse.

« Si tu ne veux pas me partager ton nom, le vrai, je le trouverai moi même, » énonce l’enfant avec une sincérité qui me bouleverse tellement il ne comprend rien. Je n’ai pas menti. J’ai dit qu’il pouvait m’appeler ainsi, pas que c’était mon nom. Ça ne sera JAMAIS mon nom. Et il pense que son sortilège d’enfant peut l’aider à trouver mon nom. Mon nom est enfoui, il ne veut rien dire et n’appartient qu’à moi. Mon nom, je ne l’offrirais plus jamais, car j’ai perdu l’occasion de l’offrir à la seule personne qui le méritait. Mcwood lui a confié. Pas moi. C’est idiot. Alors plus personne ne connaitra mon nom.

Sa lumière ne servira à rien, si ce n’est à m’éblouir plus que nécessaire. À me faire échouer *non ! Plus jamais faible*. Ses tentatives de petit garçon sont vouées à l’échec, et je compte bien lui cracher au visage, en lui hurlant que je ne suis pas une menteuse. *J’suis une menteuse*. Je l’ai toujours été. Mais non.

« Pour l'instant, pour moi tu es Taran. C'est comme ça qu'on dit "tempête" chez nous. »

*QUOI ?*. Je ne comprends rien. Les traits de mon visage reflètent ma totale incompréhension. Taran. C’est un nom idiot. Mais il veut dire quelque chose. Tempête. Pourquoi tempête ? Chez nous. Je me surprends bêtement à désirer savoir ce qu’est ce “chez nous”, à quoi il correspond. Mais je ne comprend pas le gamin ; je ne veux pas de ce nom qui n’est pas le mien.

Une colère terrible m’envahit. Si puissante que j’en vacillerais si elle ne me donnait pas tant de force. Ma baguette tombe au sol lorsque mes doigts se desserrent autour de son manche, et je la dégage d’un mouvement de genou. Dans la même seconde, je bouge si rapidement que je ne vois pas ce que je fais. Mais mon poing, ma main serrée comme si je ne voulais plus jamais laisser s’échapper ma puissance, s’écrase sur le visage du petit garçon. En plein dans son nez, de toute ma force de petite fille de douze ans. La faim se ressent dans mon corps, creuse mes joues et agrandit mes cernes, mais elle n’amoindrit pas ma force. Je ne souris même pas, parce que ne suis pas fière de moi. Pourquoi ne suis-je pas fière de moi ?

« J’veux pas d’ton nom débile. J’suis pas une tempête. » Je tremble, mais garde mes tremblements à l’intérieur de moi. « Et pas une menteuse non plus. »

Je suis ferme, mais mes mots se réduisent à un filet de voix presque inaudible lors de ma dernière affirmation. Je ne comprends pas pourquoi je ne balance pas mon deuxième poing, celui qui reste ballant sans aller ramasser ma baguette, à la face du gamin.



Taran.
Je ne veux pas de ce nom. Mais en fin de compte, je crois que je l’aime bien.
Ça ressemble à “Tartare”. Tartare, comme le dieu des profondeurs des Enfers.
Et aussi à “Thanatos”. Thanatos, comme l’esprit de la Mort.
Je suis bien tout ça, moi.
En fait, il est moche, ce nom.
Il est trop moi pour être beau.


Tempête.
Suis-je une tempête ? Je me sens si calme, pourtant.
Si calme, sans doute car je ne peux pas ressentir tant d’émotions en même temps.
Colère. Aelle.
Envie. Aelle.
Tristesse. Aelle.
Peur. Aelle.
Incompréhension. Aelle.
Désir. Aelle.
Et cent autres sentiments. Toujours Aelle.
Curiosité. Ae... Aelle et Saul.
Saul ?
Ouais, Saul.
Le gamin qui me hurle Aelle puis qui se retire en silence.


Taran.
Suis-je digne de me nommer ainsi ?

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]