Comme tous, Aliénor avait appris la nouvelle. Le ministère tel qu’ils le connaissaient était tombé. Lorsque ces mots avaient été envoyés lors de cette réunion étrange, Aliénor avait eu une pensée très égoïste. Ses parents étant partis en Espagne, son père était en sécurité et il ne risquait rien là-bas. Il n’avait certainement rien et avait dû être au courant quelques minutes après. Mais elle devait être la seule dans ce cas, à avoir des parents au ministère qui ne risquait rien.

Mais depuis ce matin, Aliénor cherchait sa camarade de maison et cousine Lili. Celle-ci lui avait pourtant dit que son père travaillait au ministère avec le sien. Elle c’était réveillée en pleine nuit à cause de cela, se rendant compte de l’impact que cela pouvait avoir sur son entourage même proche comme Lili.

La fillette n’avait pas voulu la réveiller en pleine nuit, mais cette mauvaise nuit n’aidant pas, elle était arrivée en retard au repas ce qui lui avait valu de ne pas la croiser. Elle cherchait dans les couloirs depuis presque une heure. Demandant aux autres élèves, poussant toutes les portes ouvertes sur son passage pour trouver la petite Martinez. C’est finalement un petit groupe de premières années qui lui indiquèrent la bibliothèque où elle l’avait aperçu il y a quelques temps. Aliénor voulait la voir, savoir comment elle se sentait, ce qu’il pouvait bien se passer dans sa petite tête brune et si possible l’aider.

Elle entra dans la bibliothèque et arpenta les couloirs d’un pas rapide. Elle se fichait bien de savoir si elle faisait trop de bruit, mais de toute façon elle était là pour quelque chose de bien plus important que le bruit. Il y avait pas mal d’élèves en train de rédiger sur des parchemins, peut-être des lettres pour s’assurer que leurs parents allaient bien. Mais dans un coin un peu éloigné du centre, sur une table, seule, elle l’aperçue. Aliénor resta un instant immobile pour essayer de sonder dans quel état d’esprit était la fillette. La petite Delphillia pris une grande inspiration avant de s’avancer doucement entre les livres. Elle attrapa un livre au passage, elle se fichait bien du titre, c’était juste pour justifier sa présence ici. Une fois arrivée à hauteur de sa cousine, elle posa délicatement le livre sur la table avant de se glisser sur la chaise.

-Lili ?

Aliénor pencha la tête pour capter le regard de sa cousine et une fois cela fait, elle lui sourit doucement. Elle ne voulait pas être trop intrusive, si Lili ne souhaitait pas sa présence ici, elle partirait. Mais ça ne lui coutait absolument rien d’essayer, elle ne voulait pas non plus la laisser seule, juste lui montrer qu’elle n’était pas seule. Certainement que son père est bien en vie, mais si le ministère a changé d’allégeance, son père devra faire un choix. Choix qui pourrait avoir de lourdes concéquences.

@Julia Lili Martinez

Tout le monde en avait entendu parlé. C'était inévitable. Ça s'était même rendu aux oreilles de Lili, une fillette qui n'était presque jamais au courant de ce qui se passait généralement à l'école. Le Ministère était tombé. Le Ministère était tombé. La « rumeur » - puisque ce n'était pas vraiment une rumeur, c'était vrai - s'était répandue partout dans l'école et probablement dans toute la Grande-Bretagne. Ricardo travaillait là-bas. Que se passera-t-il avec son métier? Était-il présent lorsque les personnes étaient arrivées dans le bâtiment? Pleins de questions que se posait Lili, sans vraiment avoir de réponse. Elle détestait cela. La fillette n'aimait pas ne pas savoir. 

Cette nuit-là, elle avait plutôt mal dormi. Il était vrai que ce qui se passait dans la vie de son père lui faisait ni chaud ni froid, mais savoir que sa vie était peut-être en danger ne la rassurait pas. Devrais-je être inquiète ou m'en foutre totalement? En fait, je m'en fous un peu pour mon père mais en même temps, c'est quand même le Ministère de la magie qui est tombé, pas une petite institution ou un truc du genre. C'est vraiment le gouvernement qui gère toute la Grande-Bretagne! 

La fillette, bien qu'un peu triste le vivait plutôt bien. Malgré tout, elle voulait tout de même savoir comment se portait son père. Mais Lili ne voulait surtout pas faire les premiers pas. Ça, il était hors de question. Et sa mère, va-t-elle le savoir ou non? Ricardo n'a jamais vraiment parlé du monde de la magie à Janie alors il serait étonnant qu'elle le sache. La jeune joueuse de Quidditch des Frelons ne savait vraiment plus trop quoi penser de toute cette situation.

Voulant méditer un peu, elle se dirigea vers la bibliothèque tout de suite après avoir mangé dans la Grande salle toute seule. La fillette, bien que peu attristée, ne voulait pas avoir à parler avec les gens de sa Maison. Lili ne se sentait pas très sociable ce matin-là. Elle se promena dans les rangées à la recherche d'un quelconque livre intéressant qu'elle pourrait lire. 

Finalement, elle ne prit aucun livre et s'assit à une table un peu éloignée de toute la civilisation de la gigantesque école. Lili espérait avoir un peu de temps libre pour relaxer et décompresser. Cependant, elle entendit des pas s'approcher d'elle. La jeune Poufsouffle ne se retourna pas tout de suite. Elle le fit uniquement lorsque la personne déposa un livre sur la table et qu'elle appela son nom. 

- Lili ?

Sa cousine était là : Alienor Delphillia. La deuxième année s'approcha timidement de Lili. On aurait presque dit qu'elle avait peur de sa petite cousine. Elle lui sourit doucement tandis que sa cadette faisait une crise cardiaque. 

- AHHHHHHHHH!!!! Alienor! Que fais-tu ici? Mon dieu! Tu m'as fait peur! 

Calme-toi Lili! La bibliothécaire va te dire de te taire alors fais-le avant de te le faire dire! pensa la jaune et noir. Après quelques instants, Lili se calma et attendit seulement un peu avant de continuer de parler, voulant reprendre son souffle. 

- Ok, désolée! Je suis vraiment surprise! Ben que fais-tu! Assieds-toi! Je ne vais pas te manger tu sais! Comment vas-tu? Tu as entendu pour le Ministère j'imagine? Ton père n'était pas là il me semble non? Il est en Espagne, c'est ça?

Aliénor sursauta au cri de sa camarade. Pour une fois qu’elle pensait être vraiment discrète, et bien c’était un échec cuisant. Elle ne voulait pas du tout surprendre sa cousine, loin de là. Mais bon ce qui était fait n’est plus à faire, oui on n’utilise pas ce proverbe dans ce genre de situations mais je vous prout. Peu importe, elle reprit place sur sa chaise et plaça ses coudes sur la table pour pouvoir placer son menton dans ses mains. Comme à son habitude, Lili se reprit vite, c’était une fillette vive peut-être un peu trop pour certaines personnes mais c’était ça qui faisait qu’Aliénor s’attachait à cette fille, malgré le fait aussi qu’elle soit de sa famille.

Lili parla de suite du ministère et de sa chute, mais aussi du père d’Aliénor. Toujours là à s’inquiéter pour les autres alors que sa situation pouvait être bien plus compliquée. Mais au moins cela lui permettait de savoir qu’elle n’avait pas visé à côté cette fois. Lili réfléchissait bien sur ce qu’il s’était passé au ministère et aussi sur son père puisqu’elle avait pensé à Cyril.

Aliénor acquiesça les dires de sa cousine d’un mouvement de tête sans rien laisser d’autre paraitre sur son visage. Elle se débrouillait de mieux en mieux à ce jeu-là, maitriser ses émotions et éviter de les afficher au monde entier sur son visage. Même si on pouvait quand même voir dans ses yeux l’inquiétude qu’elle éprouvait pour sa cousine.

-Oui, Papa n’était pas sur place. Et toi, tu as des nouvelles de ton père ?

C’était bien ça le principal. Savoir comment son père vivait ça, ce qu’il c’était réellement passé, qu’es qu’il en sera pour son travail, sa vie ? Qu’es ce qu’il risquait ? Tout le monde semblait être comme un funambule, essayant de s’équilibrer pour éviter la chute mortelle. Mais c’était un jeu dangereux. Mais soudain, une idée sombre passa dans les yeux de la fillette, si son père était mort ? Oui c’était extrême, mais elle ne savait rien de ce qu’il avait pu se passer.

-Tu as eu un hibou ou quoi que ce soit ?

Aliénor retira son menton de ses paumes et laissa ses mains tomber sur le livre qu’elle avait placé devant elle. Son regard tomba sur le titre : les sortilèges de protection et de défense des édifices magique. Ah ben elle était bien tombée. Aliénor fit la moue avant de retourner le livre pour ne plus voir le titre écrit en grandes lettres juste devant son nez. Il vaudrait mieux éviter d’en remettre une couche. Elle releva la tête pour planter ses yeux dans ceux de Lili. Elle voyait presque son reflet dedans ce qui était assez déstabilisant. Mais elle connaissait Lili, elle voulait l’aider avant qu’elle ne se renferme sur elle-même et qu’elle rumine des heures durant, comme ce qu’elle était certainement en train de faire avant qu’Aliénor n’arrive. La fillette attendait la réponse et espérait qu’elle avait des nouvelles de son père, ce serait tellement plus simple.

Lili cria lorsque sa cousine arriva. Alienor lui avait vraiment fait peur. Et visiblement, c'était aussi l'inverse puisque la deuxième année avait sursauté. En même temps, c'était normal étant donné que sa cadette avait crié vraiment fort. Toute la bibliothèque devait l'avoir entendue. Mais bon, elle s'en fichait un peu, sa cousine lui avait fait peur, point à la ligne. Lili commença donc à parler. Seulement un peu de son père, mais plus de celui d'Alienor. Elle s'inquiétait beaucoup plus pour sa cousine que pour elle-même. Cependant, elle se rappela que Cyril était en Espagne pour quelque chose, elle ne savait plus trop quoi. Pourquoi son père est-il en Espagne déjà? Argh! Ça m'énerve vraiment les bugs comme ça!! Alienor me l'a dit il y a quelques temps en plus! Quand la jeune joueuse de Quidditch revint sur Terre, elle remarqua que sa cousine semblait inquiète pour elle. En tout cas, si elle ne l'était pas, c'était très bizarre puisque son regard parlait pour elle. 

- Oui, Papa n’était pas sur place. Et toi, tu as des nouvelles de ton père ?

- No mi querida prima. Esto es normal ya que mi madre no es una empresa. S'il s'était passé quelque chose, elle ne l'aurait pas su de toute manière. Mi mama ne sait rien du tout sur la vie professionnelle de papa. Mais que s'est-il passé exactement? Je sais qu'il y a une certaine Ursula Parkinson d'impliquée et que le Ministère est tombé, mais il se passera quoi avec les employés en fait?

Et si papa était mort? Oh mon dieu!! La fillette paniquait et ne savait pas du tout comment réagir. Dire qu'au début, elle était supposée être très zen avec toute la situation. Visiblement, ce n'était plus le cas. En parlant espagnol à sa cousine, elle se rendit compte de la gravité des événements. Le Ministère est tombé. Est-ce qu'il y a eu des morts? Que va faire cette sorcière? C'est elle qui va diriger la Grande-Bretagne maintenant? Non, non, non! C'est impossible!

Ce que sa cousine dit lui fit l'effet d'une douche froide.

- Tu as eu un hibou ou quoi que ce soit ?

Après avoir dit cela, Alienor retira le menton de ses paumes et mit ses mains sur un livre. Lili eut le temps de lire le titre avant même qu'elle ne le tourne : « Les sortilèges de protection et de défense des édifices magiques ». Pfff, les membres du Ministère n'ont pas lu ce livre-là c'est sûr. Sinon, il ne serait pas tombé. La fillette releva ses yeux du livre et le regard de son aînée se planta dans les siens. Cela encouragea Lili à parler.

- Non, je n'ai rien reçu du tout. Qu'est-ce qui aurait pu arriver à mon père tu crois? Pis tu peux dire qu'il est peut-être mort. Ne mets pas de gants blancs avec moi, s'il te plaît. Je veux avoir la vérité et la stricte vérité. En fait, toi, tu en penses quoi?

Lili était très à l'aise de parler à sa cousine. Elles avaient l'habitude maintenant. Le nombre de discussions qu'elles avaient eues ensemble. Les fillettes ne pouvaient même pas les compter. C'était plutôt positif puisque cela voulait dire qu'elles s'entendent très bien étant donné qu'elles se confient beaucoup l'une à l'autre, sans gêne, même si c'est parfois dur d'avoir l'heure juste. 

- Même si je ne m'entends pas super bien avec lui, je veux avoir de ses nouvelles Alienor. Comment je vais faire si je ne sais pas du tout ce qui s'est passé? ¿Y mi mama?

Aliénor frissonna imperceptiblement quand Lili lui avoua ne pas avoir de nouvelles de la part de son père. Tout ce doute et ces incertitudes qui planaient autour de cette chute du ministère étaient très inquiétants. Elle ne savait pas vraiment ce qu’il en découlait et ce qu’il allait se passer par la suite. Elle ne c’était jamais vraiment intéressée à la politique malgré que son père travaille dans une des instances de l’édifice qui gère le monde magique Britannique. En fait elle ne savait pas quoi répondre aux interrogations de sa cousine. Elle ne savait rien, ni comment, ni pourquoi et cette Ursula ne lui disait rien qui vaille. Rien que ce prénom ne lui revenait pas. Mais elle ne voulait pas inquiéter Lili plus que nécessaire. Sans nouvelles, le pire comme le meilleur pouvait arriver. Elle ne savait même pas ce qu’était devenu le ministre de la magie en place avant cette prise de pouvoir.

-No sabes. Tu devrais peut-être essayer d’envoyer un hibou à ton père non ? En lui disant ce que tu as appris et en demandant ce qu’il se passe.

C’était la meilleure solution à ses yeux, elles ne pouvaient pas avancer sans en savoir plus et s’inventer les pires scénarios n’était certainement pas la meilleure chose à faire. Ce qu’avait dit Lili sur mettre des gants lui prouva qu’elles devaient encore apprendre à se connaitre. Aliénor ne mettait jamais de gants que ce soit volontaire ou non. Elle avait l’habitude de faire quelques gaffes à cause de ça et même si elle avait pris un coup de maturité dans la tête, certaines choses étaient compliquées à changer.

-C’est peut-être mieux que ta mère ne sache rien non ? Au moins elle n’est pas mêler à des trucs bizarres s’il y en a.

Après tout c’est ce que faisaient les adultes non ? Ils laissaient les enfants dans l’ignorance pour les protéger ou je ne sais quoi. Donc peut-être que c’était pareil cette fois-ci avec la mère de Lili. Ignorer pour se protéger. Même si elle aussi devait être inquiète, peut-être même que son père n’est pas rentré à la maison et qu’elle s’inquiète ne sachant quoi faire. Stop. On avait dit pas de spéculations inutiles et de théories qui font peur. Le père de Lili ne devait pas savoir que les élèves étaient au courant et il ne doit juste pas vouloir inquiéter sa fille. Cyril faisait tout pour préserver Aliénor, elle l’avait bien vu. Quitte à se mettre en danger où à se taire.

-De toute façon si on ne demande pas, on ne peut rien faire. Les réponses ne vont pas tomber du ciel.

C’est la première fois qu’Aliénor voyait le passé de sa mère différemment qu’un abandon ou une lâcheté de ne pas lui avoir dit. Non pour une fois, elle remerciait ce qu’il se passait dans sa famille car cela mettait en sureté son père. Cachés en Espagne ils ne risquaient rien alors que le père de Lili lui, risquait beaucoup à Londres.

Lili était loin d'être rassurée. En effet, les questionnements de sa cousine ne l'aidaient pas du tout à faire le vide ou tout simplement à oublier son père. La fillette voudrait bien lui envoyer une lettre, mais elle ne savait pas comment s'adresser à cet homme qui était autrefois un complice, un père aimant. Enfin, il l'est toujours, mais il a beaucoup moins de place dans le coeur de Lili qu'avant. Probablement qu'Alienor avait pris une bonne partie de celui-ci. Un peu plus chaque jour, la cousine de la première année était plus importante pour elle. Au début, cela n'avait pas été facile, mais les fillettes s'étaient adaptées et elles étaient maintenant des confidentes. Lili pouvait compter sur sa cousine et sa cousine, sur elle. Elles avaient une très belle relation que la première année voulait cultiver.

- No sabes. Tu devrais peut-être essayer d’envoyer un hibou à ton père non ? En lui disant ce que tu as appris et en demandant ce qu’il se passe.

- Es una buena idea, pero... ya no sé cómo hablar con él. Ça fait des siècles que nous ne nous sommes pas parlés! Je trouve juste que ça fait bizarre de réapparaître comme ça après des mois - ou presque - de silence. En même temps, c'est une situation particulière...

Il y avait son père, mais sa mère aussi. Lili ne sait vraiment plus quoi faire avec tout cela à gérer. Et c'était vrai, elle était comme une poule pas de tête. Voulant être plus transparente avec sa cousine, elle lui demanda aussi qu'est-ce qu'elle pouvait faire. Ce à quoi Alienor lui répondit :

- C’est peut-être mieux que ta mère ne sache rien non ? Au moins elle n’est pas mêler à des trucs bizarres s’il y en a.

- Ouais t'as raison... Mais en même, ce serait bien qu'elle sache si mon père est mort ou quoi! En fait, qu'est-ce que le Ministère fait quand un membre sorcier d'une famille décède et que son mari ou sa femme est moldu? Ils inventent une raison ou quoi? Ah non, je suis bête, le Ministère est tombé. Avec Chose Parkinson en tête du... Conseil des sorciers...? je ne sais pas comment elle fonctionnera...

Bref, il faudrait vraiment que je lui envoie un hibou. Sinon, je suis vraiment mal prise. Mais est-ce que je pourrais demander l'aide d'Alienor? Peut-être qu'elle ne voudra pas se mêler de ça? Enfin, je peux toujours tenter de lui demander et au pire, elle refusera, pensa en trois secondes et quart la fillette. Cependant, alors qu'elle allait ouvrir la bouche, sa cousine parla.

- De toute façon si on ne demande pas, on ne peut rien faire. Les réponses ne vont pas tomber du ciel.

- Ouais ok, tu as raison... Je vais donc lui envoyer un hibou. Enfin, veux-tu m'aider? Parce que ça fait tellement longtemps que je lui ai parlé... Je suis un peu stressée de dois t'avouer. Enfin, peut-être qu'il ne répondra même pas alors...

¡Dios mio! Je suis donc pessimiste! 

Ce que Lili ne savait pas à ce moment, c'est que son père n'allait pas répondre au hibou, mais pas pour le raisons auxquelles elle pensait. La fillette se perdit un peu dans ses pensées, cela lui arrivait souvent lorsqu'elle vivait un moment difficile. Enfin, façon de parler. Avec ce qui s'est passé au mois de décembre jusqu'environ au mois de mars, la jeune joueuse de Quidditch s'était endurcie.

- Mais... Si le Ministère est tombé, ils vont faire quoi de tous les employés? Ils vont tous perdre leur job ou quoi?

Et papa, à Londres? Que va-t-il se passer? C'est quand même la capitale alors s'il y a des trucs énormes qui vont se passer, ce sera probablement là non? Il y avait bien des avantages à vivre dans la capitale Anglaise, mais dans ces cas-là, c'était plutôt le contraire.

Lili était dans un sale état et c’était au combien normal de s’inquiéter pour son père, même si leur relation était assez tendue ce dont Aliénor se sentait encore un peu coupable quand le sujet revenait sur le tapis. Mais elle était persuadée que leur relation s’améliorerait. Lili est têtue, mais elle est loin d’être bête tout comme son père même si ce n’était qu’une supposition, Aliénor ne connaissant pas vraiment le père de Lili. Aliénor ne pouvait pas croire à la mort du père de Lili. Ils n’auraient pas tué tous les employés du ministère, c’est impossible et surtout inhumain. Elle ne savait pas non plus ce que voulaient les gens qui avaient fait une telle chose, elle n’avait jamais rien compris à ce genre de choses, qui dirige, comment, pourquoi ? Non ce n’était pas vraiment son dada. Elle espérait juste que ça n’était pas trop grave et que bientôt tout redeviendra normal.

-J’en sais rien Lili, j’en sais rien… J’y comprends jamais rien aux trucs d’adultes.

Aliénor fit la moue avant de soupirer puis de continuer sur ses explications et ses spéculations. Elle voulait vraiment comprendre mais de toute façon elle n’avait même pas toutes les informations pour comprendre toutes les facettes de cette histoire dans tous les cas bien trop complexe pour l’esprit d’une fillette de douze ans.

-Mais je te dis, le mieux c’est de demander et bien sûr que je vais t’aider pour écrire cette lettre.

Aliénor se pencha pour attraper un bout de parchemin et le poser sur la table avec un grand sourire. Elle voulait encourager Lili au mieux, être là pour elle, c’est quand même son devoir. C’était elle la plus âgée, alors elle en avait marre que Lili soit là pour elle et pas l’inverse. Elle fit glisser le parchemin devant Lili du bout des doigts en remettant une mèche de cheveux derrière son oreille.

-Alors, pas où commencer ?

Aliénor tapota ses lèvres du bout de ses doigts en levant les yeux au ciel. Si elle n’avait pas envoyé de lettre à son père depuis tant de temps, ce n’était pas facile de trouver une accroche correcte. Mais Aliénor, comme à son habitude, opta pour l’option : foncer dans le tas.

-Tu pourrais juste lui dire que tu es au courant pour ce qu’il se passe au ministère et que donc tu t’inquiètes même si tu lui en veut toujours. Et après tu le rassure en lui disant que tout va bien à Poudlard et qu’on a même aidé pour dresser un bouclier magique autour du château.

Aliénor haussa mes épaules en regardant Lili pour essayer de capter au vol ses émotions et son ressenti sur ce qu’elle venait de dire. Après tout, elle ne connaissait pas le père de sa cousine, il n’était peut-être pas si direct. Elle disait peut-être une superbe connerie et ce ne serait pas la première fois, mais tant pis et de toute façon elle n’avait pas vraiment de filtre, réfléchir avant de parler, même si elle travaillait dessus, c’était encre une habitude.

Les fillettes ne comprenaient décidément rien aux adultes. Pourquoi l'humain voulait-il toujours se venger, tout s'approprier? Ils ne pouvaient pas vivre dans un monde heureux si chaque habitant avait cette mentalité. Malheureusement, les sorciers noirs ne voulaient que le mal. Ils voulaient régner, avoir le pouvoir. Depuis toujours, du plus loin qu'ils existent. Lili était découragée et ne savait pas du tout dans quel monde les sorciers de sa génération allaient vivre. Bien évidemment, les mauvais se réjouiront de voir qu'ils ont autant d'importance et de pouvoir, mais ceux qui veulent le bien... ils ne pourront pas être heureux. Tout le monde devra se battre pour bien vivre, pour ses droits. 

Lili se posait trop de questions. Bien qu'elle sache ce qui s'était passé en gros, elle ne pouvait dire les détails, ce qui la frustrait royalement. La fillette espérait que sa cousine le sache, mais visiblement non, elle ne savait pas non plus.

- J’en sais rien Lili, j’en sais rien… J’y comprends jamais rien aux trucs d’adultes.

- Génial, on est deux dans ce cas...

La première année voulait écrire une lettre à son père, mais hésitait beaucoup. D'un côté elle voulait parler à son père, mais de l'autre, non. Heureusement, Alienor était là pour l'aider. Sa cousine était toujours là pour elle et Lili lui en devait énormément. Personne ne lui avait apporté de l'aide comme cela depuis très longtemps. 

- Mais je te dis, le mieux c’est de demander et bien sûr que je vais t’aider pour écrire cette lettre.

- Merci beaucoup Alienor! Tu es vraiment géniale!

Pendant que Lili réfléchissait à ce qu'elle allait dire, sa cousine prit un parchemin et le posa sur la table. Elle semblait très proactive et voulait vraiment aider sa cadette, ce que la principale concernée appréciait énormément. La jeune joueuse de Quidditch ne pourrait jamais assez remercier sa cousine, c'était sûr et certain. Elle donna le parchemin à Lili et dit :

- Alors, pas où commencer ?

Lili n'eut même pas le temps de dire un seul mot, un traître mot, qu'Alienor poursuivit sur sa lancée. Ouin, je n'aurais pas eu besoin de lui dire de ne pas mettre de gants blancs tantôt, je crois qu'elle n'en met déjà pas! Elle est très directe. Au moins, c'est cool puisque je sais exactement ce qu'elle pense. 

- Tu pourrais juste lui dire que tu es au courant pour ce qu’il se passe au ministère et que donc tu t’inquiètes même si tu lui en veut toujours. Et après tu le rassure en lui disant que tout va bien à Poudlard et qu’on a même aidé pour dresser un bouclier magique autour du château.

Alienor haussa les épaules et Lili réfléchit. Ouin, mais je sais pas si lui dire que je lui en veux toujours va arranger les choses... pensa la première année. En effet, elle préférait ressasser les événements du passé, mais sans en parler à son entourage. À part Alienor. 

- Je ne sais pas si c'est une bonne idée de lui écrire ça, mais en effet, je pourrais lui dire le reste. 

La fillette prit une plume, puis commença à rédiger le début de sa lettre, la main tremblante et les yeux humides. Toutes les émotions vécues dans les derniers 24h refaisaient surface. Cependant, Lili essaya d'être discrète mais, elle renifla bruyamment. 

31 mai 2044

Papa...

- Ça commence bien, hein? Je sais pas comment formuler... Tu veux m'aider s'il te plaît?

Oulà! Je suis vraiment exigeante. Pauvre Alienor quand même! Elle doit être vraiment tannée... Je fais quoi? se questionna la première année. Et c'était vrai. Elle ne savait pas du tout quoi dire. C'était bête, mais c'était comme ça.

Visiblement il n’était pas simple pour Lili d’écrire cette lettre. Aliénor allait devoir l’aider. Mais déjà qu’elle avait la capacité émotionelle d’une pierre tombale, mettre des mots sur les émotions de quelqu’un d’autre était un challenge presque irréalisable. Elle préférait les lettres qu’elle envoyait à son père. Avec eux ce n’était pas compliqué, ils allaient aux faits. « Comment va maman ? », « Ça va mieux. » C’était simple et clair. A la place de Lili elle enverrait juste quelques mots. « Papa, je suis inquiète, tout change au château, on nous a dit que le ministère était tombé, est-ce que ça va ? » Simple, clair et concis. Exactement ce qu’elle aimait.

Aliénor haussa les épaules devant la lettre que Lili avait commencé à écrire. Elle soupira avant de passer une main dans ses cheveux bien plus courts qu’avant même si ceux-ci repoussaient déjà. Etrange faculté que voilà.

-Tu le sais bien Lili, je ne suis pas douée en…

Elle fit quelques cercles du bout de ses doigts en indiquant la lettre.

-Tout ça.

Elle engloba toute la table avec un geste de mains avant de les croiser devant elle sur le bois foncé de cette table. L’index de sa main droite passait doucement sur une gravure certainement faite par un étudiant qui s’ennuyait un peu trop. Aliénor voulait bien aider Lili, elle le voulait de tout son cœur, mais une sombre pensée passa dans son petit cerveau : en était-elle capable ?
Les sentiments complexes, les choses pas claires, elle ne savait pas faire. Pour elle tout était encore noir ou blanc. Sa mère était passée de blanc immaculé à noir et son père lui était toujours dans ce blanc rayonnant et rassurant. Lili était blanche et ses grands-parents noirs. Le gris dans ce monde elle ne connaissait pas, mais juste parce qu’elle n’avait que 12 ans. Elle devait apprendre que tout n’était pas tranché et que certaines choses sont bien plus complexes que gentils et méchant. Comme Aelle, grise fumée épaisse.

-Je suis désolée Lili… Je ne suis pas très douée avec les sentiments et tout. Je suis factuelle dans mes lettres.

Elle baissa les yeux, triste de ne rien pouvoir faire. Mais elle ne voulait pas se montrer comme cela devant sa petite cousine. Elle devait être forte et elle savait bien qu’au cours de cette année elle en avait emmagasiné de la force, elle le sentait. Grâce au Quidditch et aux gens qu’elle côtoie, et ses entrainements avaient portés leurs fruits, quelques fois. Comme celui avec Ethan et depuis celui-ci de nombreux.
Elle releva la tête en souriant.

-Mais je suis là quand même ! Dis-moi ce que tu veux mettre dedans, les phrases je sais faire.

C’est vrai que peut-être elle restait à la surface des sentiments, mais justement, avec Lili qui était très branchée émotions, elle pouvait l’aider à avancer et à ne pas rester bloquée sur un ressenti. Avancer et devenir forte c’était son nouveau credo. Elle pouvait en donner aux autres et là, de suite, à Lili.

Lili ne savait plus quoi écrire, ne savait plus quoi penser de tout cela. En plus, Alienor ne semblait pas très à l'aise à l'idée d'écrire une lettre. En effet, la première année avait oublié que sa cousine n'était pas très très douée pour exprimer ses sentiments ou tout simplement, pour être délicate. À un moment donné, elle avait dit à Lili qu'elle avait une sale tronche ou un truc dans le genre quand sa cadette pleurait en salle commune. Bon, c'est vrai que quand j'y repense maintenant, c'est plutôt drôle mais disons que je n'avais pas vraiment envie de rire pendant que ça se passait...

- Tu le sais bien Lili, je ne suis pas douée en…

Lili soupira en même temps qu'Alienor pointa du bout de ses doigts le parchemin.

- Tout ça.

Alienor semblait réfléchir alors la jeune joueuse de Quidditch ne la dérangea pas. Elle réfléchissait en même temps. Quoi dire? Comment s'adresser à Ricardo? Si seulement cette peste d'Ursula Parkinson n'avait pas pris d'assaut le Ministère! Non mais, la *** à quoi a-t-elle pensé? 

- JE T'EN VOUDRAI TOUTE MA VIE!!!

Les pensées de Lili s'étaient transformées en parole. La fillette se tut rapidement afin de ne pas se faire avertir par la bibliothécaire. En plus, le sacrilège, elle avait tutoyé Ursula Parkinson. Cette femme méritait-elle son respect ou non? La jeune joueuse de Quidditch entendit sa cousine parler mais c'était comme si cette dernière avait chuchoté. Peut-être Lili était-elle trop dans ses pensées?

- Je suis désolée Lili… Je ne suis pas très douée avec les sentiments et tout. Je suis factuelle dans mes lettres.

Lili retourna sa tête vers sa cousine et remarqua que celle-ci regardait en bas. Cependant, quelques secondes plus tard, elle sembla se reprendre et dit, sous le regard ébahi et un peu perdu de sa cadette.

- Mais je suis là quand même ! Dis-moi ce que tu veux mettre dedans, les phrases je sais faire.

- D'accord, merci beaucoup! Le seul problème, c'est que je ne sais vraiment pas comment formuler le tout. Bon, peut-être pourrions-nous commencer par le début. Allô papa avec un point. Je sais, tu vas probablement me dire que c'est trop sec, mais je m'en fous un peu. 

Bon, ça commence bien. Il est peut-être en danger de mort et je lui parle comme ça. C'est loin d'être sympathique disons, pensa la fillette. Néanmoins, elle ne voyait pas comment elle pourrait être sympathique avec son père. Cela était très dur pour elle de faire fi du comportement de ses parents en début d'année. Il est peut-être temps de changer cela... Mais pourquoi moi et pas eux? Pourquoi ne m'ont-ILS pas recontactée? 

- Ah oui, et tu peux peut-être aussi écrire : « Je me fous que tu ailles bien ou non, que tu aies été là pendant qu'Ursula Parkinson était là. Je veux juste savoir si tu es en vie ou non. Réponds-moi simplement par un "oui" ou "non", ce n'est pas bien compliqué. Bye, Julia Lili Martinez. » Tu peux écrire mon nom au complet mais barrer Julia et Martinez. Je n'aime pas qu'on m'appelle Julia et nom nom de famille est sali par mes grands-parents. Je ne m'appelle désormais que Lili. Est-ce que tu penses que c'est bon comme ça Alienor?

Pour Lili, c'était en masse et peut-être même un peu trop. Mais que dira Alienor de cela? La première année patienta sur sa chaise mais avait un peu peur de la réaction de sa cousine. Elle avait peur que celle-ci lui dise d'être plus chaleureuse, plus démonstrative. Mais Lili ne voulait pas de flafla, elle ne voulait savoir que si son père était en vie ou non, point barre. 

Désolée pour le retard Alienor! À partir de maintenant, je suis bien plus disponible!