Aliénor prit une grande inspiration avant de tirer à elle le parchemin et de prendre sa plume. Elle trempa le bout de celle-ci dans un petit encrier puis, penchée sur son parchemin, elle écouta Lili pour reformuler ses phrases et qu’elle puisse avancer dans sa lettre. Mais visiblement elle allait devoir faire appel à son imagination pour rester correcte dans cette lettre. Aliénor arqua un sourcil à la première phrase de Lili. Aliénor l’écrivit avec une virgule. Moins catégorique en somme. Elle lâcha un « Mmh mmh » à Lili pour qu’elle poursuive, ce qu’elle fit sans attendre. Et la suite surprit d’autant plus la deuxième année. Aliénor releva la tête pour regarder si Lili était sérieuse et visiblement c’était le cas. Elle secoua la tête pour la pencher de nouveau sur son parchemin. Il fallait absolument reformuler ça… Aliénor n’aurait jamais parlé comme ça à ses parents, même si elle en voulait à sa mère, elle n’aurait jamais osé. Tu m’étonnes que son père ne lui envoie pas de lettres si c’est comme ça qu’elle répond. Pourtant Aliénor n’était pas une reine de la délicatesse loin de là, sa franchise et son ton cynique et tranchant ne mettait pas toujours à l’aise. Mais au moins on savait ce qu’il en était.

Elle plaça son bras sur le côté pour poser sa tête dessus et commença à écrire. Ses professeurs lui auraient dit de bien se tenir, mais là, elle n’avait pas de morale à recevoir.*

Allo papa,

Je n’ai pas pris de nouvelles auparavant car je n’en ressentais pas le besoin, je sais que le ministère est tombé aux mains d’une certaine Ursula Parkinson. Je ne sais pas si tu étais là ou non, j’ai juste besoin de savoir si tu vas bien.

Réponds-moi s’il te plait.

Bye, Lili.

Aliénor releva la tête alors que Lili lui demandait son avis. Elle parcourut rapidement la lettre, c’était ce qu’elle avait demandé non ? On n’était pas si loin de ce qu’elle avait dit… Et puis tant pis, elle n’a pas à parler n’importe comment de ses parents.

Aliénor sourit et fit glisser le parchemin vers Lili pour qu’elle puisse le lire. Alors qu’elle lisait, Aliénor ne put s’empêcher de lui faire la remarque.

-Tu sais, tes parents tu ne les changeras pas et je sais qu’au fond tu les aime plus que tout… Alors ne soit pas si froide avec des personnes qui feraient tout pour toi.

Aliénor n’aimait pas vraiment avoir le rôle moralisateur, mais avec Lili, ce n’était pas pareil. C’était sa petite cousine, elle se devait de la raisonner quand elle partait trop loin. Aliénor ne voulait pas qu’elle fasse des erreurs qu’elle regretterait bien trop vite. Surtout quand il s’agit de nos parents. Aliénor s’en rend compte peu à peu. Être séparé d’eux, ça la fait réfléchir et malgré cette colère froide qui reste en elle à cause de sa mère, elle ne veut pas lui faire plus de mal que ce qu’elle n’a déjà.

Allo papa,

Je n’ai pas pris de nouvelles auparavant car je n’en ressentais pas le besoin, je sais que le ministère est tombé aux mains d’une certaine Ursula Parkinson. Je ne sais pas si tu étais là ou non, j’ai juste besoin de savoir si tu vas bien.

Réponds-moi s’il te plait.

Bye, Lili.

Lili ne savait pas comment réagir à ce qu'Alienor avait écrit sur le parchemin. Ce n'était pas du tout ce qu'elle voulait. Mais alors pas du tout. Sa cousine avait complètement modifié ses dires. Heureusement, la jeune Poufsouffle était plutôt de bonne humeur ce matin-là. Sinon, elle aurait carrément sauté au visage d'Alienor. Je savais, elle n'aurait jamais dû m'aider! J'aurais dû me débrouiller comme une grand fille pour une fois et m'arranger avec mes troubles. Bon, calme-toi Lili... La fillette s'efforça même de prendre de grandes respirations. Elle ne voulait tout de même pas engueuler son aînée. Lili lui devait un minimum de respect étant donné que celle-ci avait quand même accepter de l'aider. La jeune Poufsouffle devait garder son calme même si elle était très frustrée. Avant même que sa cousine n'écrive quelque chose de totalement différent, elle savait que cette dernière ne serait pas d'accord avec le « Mmh mmh » qu'elle avait lancé. C'était probablement pour cela qu'elle avait décidé de tout reformuler. Lili avait lu la lettre, avait remarqué les changements. Cependant, ce ne fut que lorsqu'Alienor parla qu'elle se sentit obligée d'intervenir.

- Tu sais, tes parents tu ne les changeras pas et je sais qu’au fond tu les aime plus que tout… Alors ne soit pas si froide avec des personnes qui feraient tout pour toi.

- Tu crois que je les aime? Ok, fine. Mais je ne crois pas qu'ils feraient tout pour moi. Si c'était le cas, voyant que je leur envoyais pas de hiboux, ils auraient pu au moins m'en envoyer ne serait-ce qu'un seul ne crois-tu pas? Un peu comme ce qu'ont fait mes grands-parents. Là, ça s'est calmé, mais au début, ils m'en envoyaient vraiment pleins.

Mes parents, eux, ce n'était que pour me sermonner ou me faire la leçon. Je suis une si mauvaise personne ou quoi? Pourquoi sont-ils toujours fâchés contre moi? Pourquoi? En même temps, c'est ironique que je te pose ces questions, tu ne connais probablement pas les réponses!

Et pourquoi tu ne voulais pas garder ma version de ma lettre? Tu trouvais ça trop cru c'est ça? Je suis sûre que c'est ça... Je suis trop dure avec eux? Je devrais faire quoi de différent?

Lili se posait énormément de questions et elle espérait que sa cousine serait là pour y répondre. Elle était celle qui la guidait et qui l'empêchait de faire des niaiseries alors pourrait-elle également avoir des réponses à ses nombreux questionnements? La première année ne le savait pas, mais elle l'espérait de tout son coeur. 

- Tu as peut-être raison en fait... Je suis peut-être trop dure avec eux... Je suis aussi sans coeur que cela ou alors je n'en ai tout simplement pas? Tu crois vraiment que la lettre est bonne comme ça? Je ne suis pas sûre mais bon, après c'est toi qui vois. C'est vrai que ce sont TES parents, TON père... Ok désolée. Merci de m'aider en fait, je ne sais pas ce que je ferais sans toi, honnêtement.

Son sourire partit immédiatement devant les dires de Lili. Aliénor fronça les sourcils, elle n’était plus aussi patiente qu’avant elle l’avait bien remarqué, mais surtout ce n’était pas la même colère, une colère plus froide et bien plus cinglante. Elle était juste venue pour aider sa cousine, elle était inquiète pour elle et voulait juste qu’elle soit bien. Et elle recevait quoi en échange de son inquiétude ? Des reproches ? Vraiment… Elle était lassée du comportement de Lili envers ses parents, cela faisait presque 6 mois qu’elle avait appris pour leur lien de parenté et ce qu’avait caché sa famille. Elle devait vraiment passer à autre chose sinon elle n’avancera jamais dans sa vie. Elle ne se rendait pas compte de ce que c’était des parents et du soutien qu’ils étaient dans notre vie. Mais Aliénor était bien placée pour savoir que parfois ils ont beaucoup de problèmes à gérer et qu’ils ne disent rien pour ne pas inquiéter leurs enfants. Même si les enfants sont souvent plus forts que ce qu’ils peuvent penser. Mais les problèmes d’adultes ne se règlent pas par des oui ou non. Le monde n’est pas en noir et blanc, tout est nuancé et ça, elles ne le comprennent pas encore.

Aliénor posa ses mains bien à plat sur la table et écouta sa petite cousine. Elle respirait doucement pour calmer la colère qui montait en elle à chaque mot de Lili. Mais c’est les derniers mots de Lili qui la blessèrent le plus. Aliénor redressa la tête d’un coup et planta son regard dans celui de sa cousine. Un rictus mauvais ondula sur ses lèvres alors qu’elle prit une grande inspiration, calme en apparence mais qui attisait son feu intérieur.

Elle attrapa le parchemin et le fit glisser jusqu’à elle. Toujours le regard fixe sur Lili, elle effectuait ses gestes avec une lenteur calculée pour que Lili puisse bien tout analyser. Elle attrapa un bocal posé sur une table voisine et plaça la lettre dedans. Elle le roula précieusement pour ne pas trop la froisser. Puis une fois dans le bocal, Aliénor sorti sa baguette et son regard se porta cette fois sur le parchemin dans le bocal. Elle le pointa de sa baguette avant de prononcer :

-Incendio.

Le contenu du bocal brula doucement alors qu’Aliénor reporta son regard vers celui de sa cousine.

-T’as raison…

Sa voix était froide, sans aucune émotion quoi qu’elle était un peu plus sèche que d’ordinaire.

-Ce ne sont pas mes parents, je ne les connais pas. Alors qui suis-je pour t’aider ?

Aliénor ferma les yeux un instant alors que la lettre qu’elle venait d’écrire se consumait dans le bocal. Son sarcasme était total et elle se fichait bien de savoir si elle le comprenait.

-Lili, certes tu ne sais pas ce que tu ferais sans moi, alors arrête de te comporter comme ça. Je viens pour t’aider, je m’inquiète pour toi, je ne suis pas là pour subir une engueulade ok ? Alors fait ce que tu veux et comme tu veux, mais si tu ne veux pas de mes conseils alors je m’en vais.

Aliénor attrapa sa plume sur la table pour la ranger en attendant la réaction de Lili. Elle devait arrêter d’être agressive et surtout régler son problème avec ses parents. Mais Aliénor ne pouvait rien faire de plus que ce qu’elle avait déjà fait. Si ça ne lui convenait pas tant pis.
La fillette se leva pour partir mais resta un instant pour voir si Lili allait la retenir ou non. Si elle allait comprendre ou encore se braquer. Aliénor n’avait vraiment pas la tête aux crises de colère en pleine bibliothèque.

Et tadaaammm! Lili aurait tout simplement dû se taire une bonne fois pour toutes. Elle voyait bien que cela faisait de la peine à sa cousine. Cependant, disons que la première année n'était pas de bonne foi. La jeune joueuse de Quidditch était presque agressive et elle ne se reconnaissait pas du tout. On aurait dit que la brunette agissait comme lorsqu'elle avait appris le lien de parenté qui l'unissait à Alienor Delphillia en décembre 2043. Alors que la jeune Poufsouffle croyait que son aînée n'était qu'une amie et camarade de dortoir, elle était bien plus que cela...

Il va vraiment falloir que j'en revienne à un moment donné! Elle ne m'a rien fait! Mes grands-parents, grand-mère, oui, mais Alienor n'y est absolument pour rien et je n'ai pas à être bête avec elle. Elle n'a rien demandé non plus, tout comme moi, essaya de se raisonner Lili. La fillette devait vraiment se parler si elle voulait garder un certain contrôle d'elle-même. 

Cependant, elle sortit rapidement de ses pensées en voyant Alienor mettre la lettre dans un bocal. Lili n'eut même pas le temps de s'interroger et ce que fit sa cousine la surprit énormément. Mais elle y a mis le feu ou quoi!??! Elle est folle!! pensa Lili, même si au fond d'elle, elle savait qu'elle avait provoqué son aînée et qu'elle était peut-être allée un peu trop loin. 

- Incendio.


- T’as raison…

Dans un bruit de chaise poussé avec brutalité sur le sol, la petite main de Lili agrippa le bras d’Aliénor. Elle arrêta son mouvement sans se retourner écoutant sa cadette. Qu’es ce qu’elle pouvait bien lui dire ? Elle avait intérêt à bien réfléchir à ses paroles parce que la patience d’Aliénor atteignait ses limites.

Elle prit une grande inspiration en écoutant les mots de Lili. Dépasser ses pensées, Aliénor sait ce que c’est. Sa colère lui fait parfois dire de mauvaises choses, mais elle le pense toujours au fond. Alors elle assume et ne s’excuse que longtemps après si elle est vraiment allé trop loin. Sa respiration était lente et régulière. Elle fermait les yeux, toujours en colère contre Lili, mais quelque chose l’interloqua dans son récit. Elle se laissait trop emporter par ses émotions. Aliénor arqua un sourcil alors qu’un rictus apparaissait sur son visage. Sans se retourner elle lança :

-Les sentiments et émotions trop fortes rendent faible. Je l’ai toujours cru.

Elle se retourna avec une lenteur calculée alors que son regard passait sur la table, sur le bocal ou finissait de se consumer le parchemin, puis sur Lili. Elle soupira en croisant son regard mais elle ne pouvait pas la laisser seule avec ses problèmes. La petite Delphillia le laisserait jamais quelqu’un seul quand il a besoin d’aide. Elle se laissa tomber sur la chaise et posa ses mains avec fracas sur la table. Elle planta son regard dans celui de sa cousine avant de prononcer le moindre mot. Elle voulait l’analyser savoir si elle était sincère et si elle n’allait pas encore s’emporter pour rien.

-Si tu te comportes de cette façon Lili, plus personne ne voudra t’aider… Alors écrit cette lettre, mais ne t’avise plus d’élever la voix sur moi.

Son ton était neutre et froid, ce qui représentait toujours la colère qu’elle éprouvait. Mais une image de son père lui revint dans son esprit. Elle ne ferait rien sans lui, elle était si faible et ne savait pas faire grand-chose. Alors sans ses parents, elle devenait quoi ? Elle ne comprenait pas comment Lili pouvait rester si longtemps sans nouvelles et si ça lui arrivait, oui, elle le vivrait mal. C’était le cas à l’approche de son anniversaire en Mars dernier. Elle passait tout son temps à la volière priant pour voir arriver Buho. Aujourd’hui, ce n’est plus Buho le hibou de son père qui arrive chaque mois. Il ne peut pas traverser tous ses pays si aisément, mais elle reçoit une lettre de son père chaque mois. Il lui faisait un point de la situation et la rassurait. Si elle ne l’avait pas, elle serait au fond du gouffre en ce moment.

-Si tu arrêtes de les voir, si tu ne veux plus parler à tes parents, tu t’en mordras les doigts un jour, c’est certain. Alors ne soit pas si agressive avec ton père. Il vient peut-être de vivre le moment le plus dangereux de sa vie, et il n’est certainement pas invincible.

Sa colère c’était calmée. Rien qu’en pensant à sa famille loin d’ici, elle était apaisée. C’était son ancrage et même si celui-ci était loin, elle s’y accrochait encore. Coûte que coûte, elle ne lâchera pas. Pas eux, elle a trop besoin d’eux. Elle n’a personne d’autre qui représente un ancrage assez solide pour elle.

Quand Lili allait mal... elle allait très mal. Pourquoi tout cela devait-il se passer? Pourquoi? Il semblait qu'avec ce qui s'était passé au mois de décembre, c'était bien en masse. La fillette essaya de se calmer rapidement afin de ne pas faire fuir sa cousine. La jeune joueuse de Quidditch devait être plus respectueuse envers les personnes qui l'aidaient. Autrement, ces grandes âmes ne voudront plus lui rendre service. Et Lili serait seule. Au moins, la fillette était contente puisque sa cousine était restée. Elle n'était pas partie. La deuxième année était restée. Alienor prit la parole. 

- Les sentiments et émotions trop fortes rendent faible. Je l’ai toujours cru.

- Donc tu crois que je devrais prendre ça moins à coeur...? Ouais, tu as peut-être raison. Ceci étant dit, c'est beaucoup plus simple à dire qu'à faire. Mais si c'est toi qui me le dis, je vais réellement essayer de faire un effort. Il faut que je passe à autre chose. Vraiment. 

Quelque chose avait changé en Lili. On aurait dit qu'elle avait réalisé tout ce qu'il se passait. En même temps, il était bien temps puisque cela faisait tellement de temps qu'elle était là-dessus. Elle n'en pouvait plus et devait passer à autre chose. La première année observa chaque geste de sa cousine et attendit qu'elle réponde ou qu'elle dise autre chose. En effet, ce fut le cas.

- Si tu te comportes de cette façon Lili, plus personne ne voudra t’aider… Alors écrit cette lettre, mais ne t’avise plus d’élever la voix sur moi.


- Tu as raison. Je suis désolée. Est-ce qu'on peut mettre ça derrière nous maintenant? C'est plus facile à dire qu'à faire, mais je te jure que je vais être plus... sympathique disons. Et tu pourras également lire la lettre pour mon père. Seulement si tu veux... Tu n'es pas obligée. Je comprendrais si tu ne voulais pas. Je dois m'excuser auprès de lui et ma mère.

Lili se tut et attendit. C'était long. Trop long. Pourtant, Alienor enchaîna rapidement.

- Si tu arrêtes de les voir, si tu ne veux plus parler à tes parents, tu t’en mordras les doigts un jour, c’est certain. Alors ne soit pas si agressive avec ton père. Il vient peut-être de vivre le moment le plus dangereux de sa vie, et il n’est certainement pas invincible.

- Tu as raison.

Lili prit donc un parchemin afin d'écrire son mot pour ses parents. Pour son père surtout. Elle devait savoir ce qui se passait. Elle ne pouvait le nier. Cela la rongeait et elle devait absolument avoir des réponses à ses questions. 

3 mai 2044

Bonjour Papa,

Désolée de ne pas avoir donné de nouvelles avant. J'aurais dû le faire avant. Juste, je n'avais pas envie. Mais bon, tout ce qui s'est passé n'est pas de ta faute mais de celle de tes parents grand-mère et grand-père. Je n'aurais pas dû vous bouder, maman et toi. Je m'excuse.

Sinon, étais-tu là lorsqu'Ursula Parkison est venue au Ministère? Que t'est-il arrivé? 

Donne-moi des nouvelles le plus rapidement possible s'il te plaît. J'ai vraiment besoin de savoir. Je peux dormir, mais quand même, c'est très stressant tout ça. Je déteste Urusula Parkinson. 

Je t'aime,
Lili

- Alors, est-ce que c'est bon comme ça Alienor?

Aliénor se calma peu à peu aux mots de sa cousine. Elles avaient toutes les deux un sale caractère et Aliénor le savait bien. Mais depuis qu’elle était seule sur le territoire Britanique, plus d’influence des parents, plus rien. Quelque chose avait changé en elle, elle se sentait plus libre, elle n’avait plus cette pression de son père et son envie de les rendre fiers. Tout ça passait bien après leur problème et du coup une autre facette d’elle-même avait fait surface, mais elle c’était mélangée à l’autre. Avant cette histoire, Aliénor était séparée en deux, une face d’elle était gentille souriante et aventureuse et l’autre sombre coléreuse et froide. Mais maintenant elle était les deux en même temps. Toujours cette même soif d’aventure et cette curiosité mais elle avait perdu de sa patience. Mais au lieu d’être explosive, sa colère était bien plus froide et elle perdait moins le contrôle d’elle-même. En fait elle grandissait et s’harmonisait. Elle n’avait plus une facette noire et l’autre blanche, elle était un tout, gris si on voulait.

Elle respira profondément et son regard dévia sur le bocal encore posé sur la table. Il n’y avait plus rien dedans, quelques cendres amassées au fond en un petit monticule tellement insignifiant. Aliénor pris le bocal et le regarda alors que Lili continuait sa lettre. Est-ce qu’il n’allait rester que ça du monde magique qu’elle avait connu jusqu’ici ? Un petit et insignifiant tas de cendres ? Aliénor soupira en reposant le bocal alors que le parchemin de Lili se remplissant. Une envie passa furtivement dans l’esprit d’Aliénor mais elle la repoussa immédiatement. Il y a quelques temps, elle aurait sorti son carnet et elle aurait dessiné un petit lémurien tout noir avec de grands yeux pétillants. C’était la représentation qu’elle avait de Lili dans on monde. Un petit animal vif près à tout pour protéger les siens mais aussi malin qu’un singe, un peu tête en l’air peut-être, mais qu’il ne faut pas trop embêter. Mais Aliénor ne dessinait plus, plus depuis qu’elle se sentait trahie par sa mère. Mais sans qu’elle ne puisse rien y faire ses doigts dessinaient de manière imaginaire sur la table. Elle ferma le poing alors que Lili lui présenta sa lettre.

Aliénor la lue en silence, calmement. C’était bien mieux que ses précédentes paroles. Mais il y avait quelque chose qui chagrinait Aliénor. Peut-être que sa cousine n’était pas encore prête, mais elle devait lui demander.

-C’est mieux.

Aliénor sourit à sa cousine en faisant glisser le parchemin vers elle du bout des doigts

-Mais…Tu ne veux pas en profiter pour parler de ce qui te tracasse depuis tout ce temps ? Je veux dire, c’est peut-être le moment de percer l’abcès ?

Aliénor marchait sur des braises. Elle ne voulait pas que la première année se braque face à cette proposition. Mais autant désamorcer cette bombe qui plane sur cette famille depuis trop longtemps. Une bombe ça fait mal quand ça explose, Aliénor l’a bien vu avec sa mère. Maintenant ils sont loin d’elle, l’explosion les a fait fuir. Aliénor tenta un sourire timide vers sa cousine et elle croisait les doigts pour qu’elle ne s’enfuie pas.

L'ambiance était meilleure qu'il y a quelques minutes. Alienor semblait plus calme et Lili aussi. La fillette était soulagée. Qu'aurait-elle fait si Alienor n'était pas restée? Personne n'aurait pu l'aider. Cela servit de leçon pour la jeune fille parfois un peu trop explosive et dynamique. Lili et sa cousine pouvaient se ressembler un peu parfois et toutes les deux ensemble... ça faisait des flammèches par moment. En attendant la réponse de la deuxième année, Lili réfléchissait à ce qui aurait pu arriver à son père. Il y avait tellement de possibilités... Cependant, la jeune joueuse de Quidditch essayait de ne pas penser au pire... Même si c'était très dur. La mort, l'emprisonnement, etc. Tout était possible dans le monde fou qu'était celui des sorciers. Finalement, après la lecture d'Alienor, celle-ci dit son avis.

- C’est mieux.

Elle sourit à Lili et poursuivit.

- Mais…Tu ne veux pas en profiter pour parler de ce qui te tracasse depuis tout ce temps ? Je veux dire, c’est peut-être le moment de percer l’abcès ?

Lili réfléchit quelques instants avant de répondre à sa cousine, ne voulant rien dire de déplacer comme un peu plus tôt. La première année savait que si elle dérapait une autre fois, cela ne passerait pas auprès de sa cousine. Elle devait donc faire attention à ce qu'elle disait.

- Tu crois? Oui, je pense que c'est une bonne idée. Comme ça, tout dans le même hibou, ça sera réglé. Je peux peut-être aussi lui demander comment il se sent de connaître l'existence d'un nouveau cousin... D'une nouvelle famille, tout simplement. Je crois que je l'ai un peu oublié là-dedans ne pensant qu'à moi. Oui, c'est une bonne idée Alienor. Merci.

Lili prit donc un autre parchemin afin de bien écrire la lettre. Ce qui était énervant avec les plumes, c'était qu'il était impossible d'effacer... Ou alors la première année ne connaissait pas encore le sortilège pour. S'il y en avait un, ce serait pratique qu'elle puisse l'apprendre. Sinon, recommencer à chaque fois est trop long et pas du tout écologique.

3 mai 2044

Bonjour Papa,

Désolée de ne pas avoir donné de nouvelles avant. J'aurais dû le faire avant. Juste, je n'avais pas envie. Mais bon, tout ce qui s'est passé n'est pas de ta faute mais de celle de grand-mère et grand-père. Je n'aurais pas dû vous bouder, maman et toi. Je m'excuse. C'est juste que je l'ai très mal pris. En plus, vous vous êtes mis de leur côté pour m'envoyer des hiboux, etc. Je leur en veux encore de ne pas nous l'avoir dit avant... Toi aussi j'imagine non? En même temps, tu viens tout juste d'apprendre l'existence d'une toute autre famille. 

Sinon, étais-tu là lorsqu'Ursula Parkison est venue au Ministère? Que t'est-il arrivé? Qu'est-ce qui est arrivé au juste? J'entends plein de choses, mais je ne sais pas exactement ce qui s'est passé. Je déteste ne pas savoir alors pourrais-tu me le dire s'il te plaît?

Donne-moi des nouvelles le plus rapidement possible s'il te plaît. J'ai vraiment besoin de savoir. Je peux dormir, mais quand même, c'est très stressant tout ça. Je déteste Urusula Parkinson.

Je t'aime,
Lili

- Et maintenant? Est-ce que c'est encore mieux comme ça?

C’est avec surprise qu’Aliénor vit que sa cousine acceptait sa proposition. Voilà une Lili qu’elle préférait voir, qui ne se laisse pas dicter sa conduite par ses émotions qui les contrôle et qui fait ce qui doit être fait, sans fanfreluches ni paillettes. Aliénor hocha la tête vivement pour encourager sa cousine puis elle la regarda sortir un nouveau parchemin.

Aliénor posa sa joue contre sa paume pour se laisser hypnotiser par le mouvement de l’encre sur la feuille de parchemin. C’était doux, presque gracieux. Aliénor se laissa aller à des rêveries s’imaginant un balai avec des danseuses aériennes. Sa mère aurait tant aimé que sa fille fasse de la danse classique comme toutes les petites filles de son âge. Mais en plus d’être une catastrophe ambulante, Aliénor ne faisait aucun effort. Elle n’avait qu’un sens du rythme précaire et la grâce ce n’était pas vraiment son truc. Même si au final elle en a fait durant un an, ce qui lui a tout de même donné un minimum de stature et de port de tête. Mais sinon ce n’était pas vraiment fait pour elle. Maintenant qu’elle a le Quidditch elle comprend. Voilà un sport qui lui correspondait mieux elle y était dans son élément et surtout elle pouvait se défouler comme elle en avait besoin. C’était une vraie libération pour elle de pouvoir exercé ce genre de sport dans cette école. Même si elle aime toujours aller courir dans le parc.

- Et maintenant? Est-ce que c'est encore mieux comme ça?

Perdue dans ses pensées, Aliénor sursauta quand la voix de sa cousine la sortie de son moment sportif intérieur. La fillette secoua la tête pour se remettre les idées en place et se concentrer de nouveau sur la tâche en cours, c’est-à-dire aider sa cousine avec ses relation familiales. C’était un peu en contradiction quand même, Aliénor qui n’avait plus aucune interaction avec sa mère qui c’était renfermée sur elle-même, elle donnait des conseils…

Aliénor pris une grande inspiration avant de parcourir la lettre des yeux. Elle fit ça assez rapidement, c’était quand même assez intime et puis, elle n’allait pas changer Lili. Cette lettre était à son image et elle disait tout ce qui n’allait pas.

-Ca m’a l’air bon, du moins je ne vois rien à rajouter.

Aliénor sourit en rendant la lettre à sa cousine. Elle ramassa le bocal pour le remettre sur la table d’à côté comme si de rein était et repris son livre avant de se lever. En replaçant sa chaise correctement, Aliénor sourit à Lili.

-T’oublie pas, si t’as le moindre conseil tu viens me voir, même pendant la nuit, tu peux taper à mon alcôve, n’hésite pas.

Elle ponctua sa phrase d’un petit signe de tête avant de se retourner pour aller ranger le livre qu’elle avait pris au hasard. Elle ne savait même plus où elle l’avait pris celui-là… Aliénor soupira devant sa stupidité puis commença à arpenter les rangées de bibliothèques toutes plus hautes les unes que les autres. Elle risquait d’y passer un moment.