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19 juin 2019, 19:53
 RPG+  Entre nos Maux
avec @Aelle Bristyle
Le 11 novembre 2043
Tout début de matinée

1ère année
Image

*Fichu mois d'Novembre* Ses pieds frottèrent le sol, plus qu'il ne le feraient habituellement. Mais volontairement, Elle les laissait frotter le sol. Autour d'Elle, des élèves. D'Autres élèves. La tête baissée sur ses Pieds qui traînaient, Elle se frayait son Chemin. Et bizarrement, alors que pourtant sa Vision périphérique était Polluée par d'Autres pieds, Elle ne toucha personne. D'ailleurs, lorsqu’Elle se rendit compte qu'elle était descendue jusqu'au Premier étage, la tête baissée, un sourire germa à la commissure de ses lèvres roses. Elle ne releva pas la tête - Elle avait décidé en quittant le dortoir ce matin de ne plus lever la tête jusqu'à Là-Bas - lorsqu'Elle passa devant des salles qu'Elle fréquentait pourtant souvent. La voix d'Holloway, cette voix endormie cachée sous des bâillements, parvint jusqu'à ses oreilles. Son ouïe n'était pas très développée : probablement était-Elle passée très près de la porte. *Regarder le sol* Elle chassa le souvenir désagréable de son réveil -pile-poil celui qui lui avait fait prendre cette décision - dans le sillon de Montmort. Cette professeure qu'Adaline n'écoutait que si peu. Elle reconnu les coins de la porte de sa Salle d’Histoire de la Magie. Même si elle ne s’y trouvait pas, elle entendait presque son râle. *C'est nul, l'Histoire, t'façon* Elle l'aurait bougonné si ses sens n'étaient pas focalisés sur ses pieds. Seule son Ouîe semblait ne pas résister à Autour.
Autour : ce n'était pas Elle, et ce n'était pas Là-Bas.
Ses billes noires - elles apparaissaient noires ce matin - caressaient toujours le sol.

Un escalier, le dernier. Le dernier pour aller Là-Bas. La tête brune - ses cheveux noirs - était toujours baissée. Aussi, Elle ne s'autorisa même pas un regard pour l'entrée de la Grande Salle qu'Elle Savait Là, aux pieds des escaliers qu'Elle empruntait. *Là-Bas* C'est Là-Bas qu'Elle irait, qu'Elle allait. Ses pieds la portaient sans qu'Elle n'aie à donner les ordres. En fait, il connaissaient probablement le Chemin. Mieux qu'Elle-même, si c'était possible. La dernière marche, ses deux pieds descendirent de la dernière marche. Un autre sourire satisfait étira faiblement ses lèvres. Avant de s'évanouir dans le Fracas des Autres voix. Autres voix : celles qu'Elle n'avait pas dans la tête. *Assez* Elle les avaient supportés, pas écoutées, en se levant. Et elles émanaient maintenant de la Grande Salle qu'Elle évita, contourna, le plus possible. Mais ses pieds connaissaient toujours le Chemin, ainsi, ils longèrent les escaliers et leur grandeur pour emprunter le Chemin de Là-Bas. Elle le reconnut à l'Obscurité qui y régnait et aux Voix qui s'y évanouissaient. Toutes, Envolées, au détour du froid couloir vers Là-Bas.

Et enfin, la pierre devint claire, de plus en plus claire. Le Chemin touchait sa Fin, la lumière en faisant fi alors qu'elle effleurait la pierre sur laquelle les pieds pourtant Faibles d'Adaline la portaient. Et alors, Elle put relever la tête. *Enfin !* Son visage ne s'éclaira pas, mais ses yeux le firent. Devant Elle s'étendait Là-Bas. La bibliothèque et ses hauts et longs rayonnages, ses quelques tables où d'Autres étaient assis. Adaline enfonça son sac sur son épaule droite, avant de s'enfoncer dans la bibliothèque. Elle n'y était plus obligée : mais Elle baissa la tête pour passer devant les Autres élèves, et devant la bibliothécaire. Ses deux mains dans ses poches, Adaline tourna dans une allée de Livres.

Puis Elle leva la tête et Elle laissa ses yeux toucher les couvertures de tous les Livres exposés Là. Elle marchait tout en laissant ses yeux se gambader. Ils étaient presque gais. Mais son cœur ne se soulevait pour aucun Livre. Jusqu'à ce qu'Elle soit tellement loin des Autres qu'Elle ne voyait plus leurs tables. Là, ses pieds et ses billes sombres s'arrêtèrent. Manuel du cours moyen de Métamorphose. Cette Matière qu'on lui enseignait depuis quelques mois maintenant, Sullivan, Ca lui soulevait le Cœur. Aussi, alors que son Visage était toujours fermé, ses yeux brillèrent une fois pour toute.

*Ça* Elle pensa, en ôtant le Manuel de son rayon. Autour de Lui d'autres livres parlaient de Métamorphose, de nombreux autres. Mais la couverture de Celui-Là attira sa Vue. Aussi, Elle décida de s'asseoir, Elle montrait son dos au bout du rayon, celui qui n'avait pas les grandes fenêtres et la faible lumière qui passait à travers les vieux carreaux, celui qui menait aux Autres. Elle s'assit, en tailleur, et lorsqu'Elle posa le Manuel sur ses genoux : ils tremblèrent. *Faible* Adaline déposa le Livre sur le sol et s'allongea pour le contempler, le Lire, y piocher des Informations. Elle fit passer les deux parties de sa chevelure - qui ne tombait pas encore sur ses épaules - noire derrière chacune de ses oreilles.
Sa place était Là. Là-Bas.
Dernière modification par Adaline Macbeth le 23 juin 2019, 22:45, modifié 2 fois.

Magic Always Has a Price
6ème année

21 juin 2019, 17:28
 RPG+  Entre nos Maux
Mercredi 11 novembre 2043
Bibliothèque — Poudlard
3ème année


Le nez contre mon parchemin, je retiens ma respiration. J’en suis à ma dernière phrase. Le reste de mon rouleau est déroulé sur toute la table ; long serpent de connaissances et de savoirs. Mon écriture fine et minuscule rejette les effluves de l’encre noire que j’utilise pour écrire. Elle recouvre tout le parchemin, agrémentée de quelques schémas que j’ai pensé nécessaire d’ajouter. Il vaut mieux qu’il y en ait trop que pas assez. Mélodie douce à mon oreille, le crissement de la plume est un bonheur à écouter. Il m’aide à me plonger dans les abysses de ma mémoire et de ma logique ; il m’entoure d’une atmosphère studieuse que me fait me sentir à ma place.
Je suis bien ici. A apposer le point final de mon devoir de métamorphose, à sentir la reliure d’un grimoire me rentrer dans la peau du bras, lequel est négligemment posé en travers de mes affaires. Les rumeurs des discussions ne me dérangent pas ; elles ne sont rien. C’est comme le vent que j’entends derrière les fenêtres : un bruit secondaire qui habille mon quotidien sans le déranger.

Enfin, je repose ma plume dans ma petite boite en fer. Je me redresse doucement, étirant ma nuque et mes épaules crispées. Je pousse un soupir de bien-être en laissant mon regard caresser mon environnement. Ma petite table carrée est tapissée de mes livres, mes parchemins, mes plumes et mon sac. Ici, mon exemplaire de Tomber sans mourir de Frewd, là mon manuel de Métamorphose, ici un épais grimoire sur l’Arithmancie ; là encore je sais cachés sous la mélasse de mes affaires quelques livres attrapés au hasard lorsque j’ai tracé mon chemin à travers la bibliothèque pour arriver jusqu’ici : des bouquins sur la Magie d’ailleurs, sur l’histoire, le monde, le Tout. Ce matin, je suis inspirée. En me réveillant, je voulais tout savoir, tout connaître ; pour une fois, j’ai été heureuse de me rappeler que Montmort était mystérieusement absente et que j’avais du temps libre pour faire ce que je voulais.

Un sourire s’étend sur mes lèvres en apercevant le parchemin que recouvre mon devoir. J’enroule ce dernier et le dépose sur un coin de la table avant d’offrir mon attention au petit morceau de papier déchiré sur lequel j’ai rédigé mes notes frénétiques. Prise d’une illumination soudaine concernant le dernier cours de Métamorphose, j’ai jeté là mes idées dans l’intention de les approfondir plus tard.
Je jette un coup d’oeil à l’Arithmancie ; pas assez Puissant pour m’appeler.
Je regarde Frewd ; pas le moment pour lui actuellement.
Je regarde le bouquin censé me faire comprendre pourquoi Nyakane m’a envoyé Zikomo ; pas envie de faire fausse route, encore une fois.
*Plus tard c’est maint’nant*
Finalement, j’en reviens à mon petit morceau de papier sans prétention. Cela me convient.

Le coeur en fête, je feuillette mon manuel de Métamorphose tout en sachant que ce que je cherche ne s’y trouvera pas ; il me faut quelque chose de plus spécialisé. Sans hésiter plus longtemps, je me lève. J’attrape ma baguette et fourre le parchemin dans la poche de ma cape.

Je laisse ma table derrière moi sans hésitation. Déjà, le crépitement de l'impatience se fait ressentir dans mon coeur. C’est comme un appel, une évidence, un besoin ; je m’engouffre dans le rayon Métamorphose, respirant à plein nez la miraculeuse odeur du savoir, du silence et de la solitude. Ici, il n’y a nul Autre, pas de cri, pas de parole inutile ; seulement moi et le savoir.
Tout ce que je souhaite.
Je ne suis même pas déçu de ne pas avoir vu Ebony assise à une table aujourd’hui ; non, j’en suis rassuré.
C’est un jour uniquement pour Moi.

Doigt sur le dos des livres, je promène mon regard. Je capte les titres, les intègre à ma mémoire, les comprends puis les laisse de côté. Je sais ce que je cherche. Sur mes lèvres se dessinent les mots que je lis sans y penser ; chuchotements dédiés à mes seules oreilles.
Je marche ainsi jusqu’au bout de l’allée où je sais trouver le livre qui m’intéresse. Ici, une grande fenêtre montre au grand jour la poussière qui vole dans l’air. Ici, également, il y a une Autre qui est allongée sur le sol froid de la bibliothèque.

Surprise, je m’arrête, le bras encore levé vers les livres.
*J’l’avais pas vu, celle-là !*
Mais cela n’a aucune sorte d’importance. Je ne suis pas venu pour elle et je ne vais sûrement pas partir à cause d’elle.
Tout de même dérangée par sa présence, je pince mes lèvres. Mes yeux se baladent sur son corps, de sa position si détendue à ce rideau de cheveux noirs qui me cache son visage.

Je pousse un petit soupir, puis me décide finalement à l’ignorer. Je lève mon nez en l’air et continue ma recherche frénétique. Quand j’arrive près de l’Autre, ma jambe se lève naturellement ; mon livre est là, sur une étagère un peu élevée, juste au-dessus de cet obstacle. Main accrochée à l’arête de l’étagère, pied gauche en pointe d’un côté du corps encombrant, pied droit solidement ancré dans le sol de l’autre côté du même corps encombrant, je tends la main pour attraper mon livre.

23 juin 2019, 16:31
 RPG+  Entre nos Maux
Ainsi allongée : sa robe de sorcier qui semblait flotter autour d'elle, tant elle lui était large, ses deux jambes couvertes d'un collant noir laineux jusqu'à ses pieds appuyés contre le sol froid, pieds qu'elle avait glissés dans une paire de tennis kaki. Une drôle de couleur. Son sac qu'elle avait sur son épaule était négligemment posé à côté d'elle. Et sa minuscule tête noire penchée sur le Manuel qu'elle avait extirpé de son rayon était soutenue par ses deux bras qui se découvraient pour laisser paraître ses deux monceaux de peau pâle. D'ailleurs, l'air frais qui passait au plus près du sol caressait les avant-bras nus d'Adaline, qui ne frissonnait même pas, malgré que son Corps fut sensible à la moindre brise, le moindre rayon du soleil ou le moindre contact.
Non, Adaline était bien trop concentrée pour ça.
Ses deux yeux parcouraient l'Ouvrage. *Métamorphose, troisième année* Les mots noirs imprimés sur les pages vieillies s'imprimaient sur sa rétine. Un sourire s'était déjà dessiné sur son visage, il ne la quitta pas. Et ses pupilles ne quittèrent pas les pages.

Elle étudiait l'ouvrage, elle tourna bon nombre de pages avant de tomber sur les cours de Troisième année. La Troisième année lui semblait si loin, alors qu'elle passait ses doigts sur l'inscription. *Troisième année* Elle tourna encore la page et bientôt, elle put lire. Les Animagus. Adaline savait ce que c'était. A vrai dire, ça attirait son intérêt autant que ça attirait son Cœur. Elle se sentait, en Elle, tellement proche de la Métamorphose. *Ma baguette* Elle eut envie de sentir le bois sec de sa baguette entre ses mains. Un contact qu'elle négligeait pourtant, si souvent. Adaline n'était pas proche de sa baguette. Et, à vrai dire, elle ne pensait pas souvent à son contact. Pourtant, elle en eut terriblement envie. Elle commençait juste à lire les mots inscrits, ses mots sur les Animagus, sur cette forme de Magie. Sur la Métamorphose. Mais. *Il faut que je tienne ma baguette* Alors Adaline fit passer sa main derrière son épaule, pour attraper le sac marron, cuir, qu'elle avait laissé Là, qui jonchait le sol comme si il ne contenait pas les Trésors qu'il contenait.
Elle attrapa son sac et le ramena devant elle. Elle ouvrit la boucle et attrapa sa baguette. Elle était si petite qu'elle ne dépassait pas des parchemins amassés là : Adaline du fouiller pour l'en sortir. Elle déposa son sac devant elle, assez loin pour qu'il ne la gêne plus, il n'était plus si Précieux.

*Bois de Saule.* Le Bois de Saule de sa baguette était si sec qu'il laissait tomber des morceaux. De toutes petites échardes, assez souple cependant pour ne pas être gênantes. Elle laissa sa paume toute entière recouvrir le manche de la baguette, en l'observant jusqu'à sa pointe. Puis elle la posa au milieu du livre, et continua à lire. Un animagus est un sorcier ayant la capacité de se métamorphoser, à volonté, en animal. L'animal en lequel il se transforme doit être celui qui est le plus proche de sa Personnalité. Ce ne fut pas une Révélation : parce qu'Adaline Savait. mais ce qu'elle ne savait pas : c'était l'animal qui correspondait le plus à sa Personnalité. Aussi, elle leva la tête, déconcertée, pour laisser ses yeux s'abreuver de la lumière tendre qui passait par les grandes fenêtres, en face d'elle, allongée dans le rayon Métamorphose de la bibliothèque. Quel était l'animal qui correspondait à Adaline ? Adaline n'y réfléchit pas, en fait, elle pensa à l'animal qu'elle préférait. *Un oiseau, c'est c'que je serais* Mais les oiseaux étaient des animaux libres. Ils étaient des animaux légers.
Mais Adaline était prisonnière et lourde.

Pourtant, elle le Savait, je crois qu'elle Savait qu'elle ne serait pas un oiseau. Mais elle eut envie d'en voir. Elle eut envie de voir des oiseaux, alors que ses yeux retournèrent Là où ils se sentaient bien : sur le Manuel de Métamorphose. Cependant, ses yeux ne voulurent plus lire. Ses yeux voulaient voir des oiseaux. *Avifors* Avifors était le sortilège dont Adaline avait besoin. Avifors était un sortilège qu'Adaline n'avait pas encore étudié avec Sullivan. Mais elle avait déjà appris le nécessaire, sur Ce sortilège. Dont elle avait maintenant désespérément besoin tant ses yeux s'éteignaient de ne pas voir les oiseaux qu'ils voulaient voir. Adaline avait feuilleté, regardé et lu son propre Manuel. Si bien qu'elle connaissait Avifors, sa formule, sa gestuelle. Ses yeux dérivaient des lignes noires jusqu'à la baguette souple exposée au milieu de l'Ouvrage. Ses doigts l'attrapèrent. Qu ‘allait-elle transformer ? Elle glissa son autre main dans son sac, pour en sortir une Plume, sa propre Plume. Bleue. Étincelante. Comme le seraient ses oiseaux.

Derrière elle, les pas d'une Autre élève résonnèrent. Elle ne les entendit pas.
Derrière elle, le Corps d'une Autre élève s'arrêta. Elle ne l'entendit pas.
Derrière elle, la jambe d'une Autre élève se leva. Elle ne l'entendit pas.

Aussi, alors que ses yeux se voilaient du voile de l'Imagination, Adaline serra sa main sur sa baguette. Elle vit la volée d'oiseaux dont elle avait envie. *Bleus* Des oiseaux bleus, petits, aux reflets ensoleillées. Des oiseaux qui brillaient par leurs minuscules ailes.
Elle agita sa baguette, et articula le signe qu'elle avait vu sur son Manuel. Un geste peu précis tant ses souvenirs l’étaient. Le signe de l'infini.
« Avifors ! »
De sa Plume bleue il ne restait que l'éclat. Un unique oiseau apparut, d'un coup de baguette.
*Comment on l're-transforme en Plume ?* Elle se demanda, en suivant des yeux l'oiseau qui venait d'apparaître. Il passa par dessus sa tête. Adaline se dressa et se retourna, dans un mouvement brusque. Elle tomba nez-à-nez avec Elle.
Droite, fière, elle se tenait là, avec un livre dégoulinant de la poussière de son rayon dans les mains.

Magic Always Has a Price
6ème année

26 juin 2019, 18:30
 RPG+  Entre nos Maux
Je le vois au bout de mes doigts. Le Traité de Métamorphose est un livre sans prétention ; tout ce dont j’ai besoin pour retrouver ce que je cherche. Un ouvrage sans fioriture, qui va droit au but et décrit banalement les informations. La pointe de mon pied me fait mal, ma jambe tremble, je suis tendue au maximum et c’est à ce moment précis que je me dis que je suis bien idiote de ne pas avoir pensé à utiliser ma baguette qui est pourtant bien serrée dans ma main gauche — la mauvaise, donc. *’Cause de l’Autre*. Je grogne légèrement, son guttural sortant du plus profond de ma gorge. *Trop tard*, songé-je en supprimant les derniers centimètres qui me séparent de l’ouvrage que j’attrape entre mes doigts crispés.

Une légère pluie de poussière me tombe sur le visage ; je souris. *’Sens bon*. Comme à la Maison. A la Maison, il n’y a pas de poussière. Papa et Maman aiment bien trop l’ordre. Les livres sont parfaitement rangés sur les étagères de la Tour. Mais quand je monte le long des échelles pour attraper ce que je cherche, lorsque j’approche mon nez des ouvrages plein de Savoir, je sens la même odeur qu’ici à Poudlard ; un léger fumet de renfermé et de parchemin. Aujourd’hui, comme par le passé à la Maison, je respire à plein nez cette odeur qui me fait rêver. Mon sourire s’agrandit encore un peu.

J’aurai pu rester longtemps ainsi. J’ai tendance à me perdre dans les odeurs ; cela me vient de Papa et j’aime me rappeler combien je lui ressemble. Merlin, qu’il me manque.
J’aurai pu, mais un mouvement m’arrache à ma rêverie. Je baisse naturellement la tête et me rappelle de l’Autre que j’ai enjambé.

Elle est là, juste en dessous de moi. Je grimace à peine, car je remarque qu’elle tient dans sa main sa baguette magique ; cette vision m’empêche de dire quoi que ce soit. Il n’y a guère que la magie pour m’Empêcher. J’observe sans un mot et écoute la magie fuser. Le sortilège brillamment réussi frappe la plume. Subjuguée, je regarde l’oiseau prendre son envol. *Beau sortilège*. Belle magie. Belle exécution. Elle a pourtant l’air si petite, cette Autre. Songeuse, je l’observe ; de quoi est-elle capable d’autre ?

*Avifors*. Ce sortilège me rappelle Fleurdelys. Son rire. Sa chaleur.
Je l’oublie au moment même où la fille se retourne vers moi.

Je tombe dans son regard noir. Je détaille son visage, ses taches de rousseur, ses cheveux courts. *Banale*. Je regarde la cape. *Gryffondor*. Puis je reviens à son regard qui ne se détourne pas de moi et je hausse le menton.
*Qu’est-c’qu’elle m’veut ?*

Je m’éloigne d’un pas, car maintenant qu’elle a un regard, elle ne peut plus être un objet que j’enjambe. Je serre le livre contre moi sans me soucier des traces de poussières qu’il laissera sur ma robe d’école.
Je pense à son sortilège, je pense à l’oiseau. Je lève mes yeux charbons vers les hauteurs de la bibliothèque, mais ne l’y trouve pas. Je regarde de nouveau la fille, une moue déformant ma bouche :

« C’était pas malin, dis-je d’une voix détachée. I’ va piailler dans toute la salle. »

18 août 2019, 13:09
 RPG+  Entre nos Maux
Et la pièce se mit à tourner, tourner autour de moi. Les rayons que je voyais dans ma vision périphérique ont disparu. Tout devient flou autour de moi. En fait, je crois que je suis paralysée. Je suis assise là, par terre. Je suis tout juste redressée que mes bras, sur lesquels je prend allègrement appui, tremblent déjà. Je serre les dents. Je ne sens aucune force dans mes membres, je ne sens aucune force à l'intérieur de mon Être. Je ne sens aucune force autour de moi. Je ne vois même plus les rayons de livres. Je ne vois que... *Ce visage* le visage blafard d'une Autre élève. Mes yeux y sont immédiatement tombés. Les siens ressemblent aux miens, je crois qu'ils sont noirs. Ils ne me transpercent pas. Je ne sais pas si ils me regardent. Finalement, mes yeux tombent de la hauteur de l'Autre fille. Elle est très haute.
C'est ce que je crois, je tombe de si haut.
Mes yeux observent maintenant ses pieds, couverts de sa robe noire de sorcière. Je pense à ma propre robe, celle qui me va si mal. *J'la déteste*

Puis, finalement, je secoue la tête. Une fraction de seconde, j'en ai oublié l'oiseau bleu que je viens de faire apparaître. D'ailleurs, ma baguette est toujours dans ma main : instinctivement, je la jette. J'en avais pourtant oublié son contact, mais il me parut si désagréable. J'ai jeté ma baguette qui a du ricocher, elle a cogné la pierre dure. Je ne vérifie pas, mais je suis sûre qu'elle ne s'est pas brisée ; Qu'est-ce que je ferais si elle se brisait ? Mon cœur se serre et des frissons courent dans mon dos. Je frotte la paume de ma main droite, celle qui tenait mon horrible baguette magique, avec mes doigts. Je souffle.

Une autre fraction de seconde s'écoule, je crois que l'Autre ne me regarde plus. Je retiens ma respiration en osant jeter un œil à Son visage. Cherche-t-elle l'oiseau bleu ? *Mon oiseau bleu* J'aimerais le voir revenir. J'aimerais le voir voler et se poser sur la pierre dure que je jonche encore. Mes yeux divaguent.

L'Autre parle... « C’était pas malin. I’ va piailler dans toute la salle. » C'est un autre frisson que je sens parcourir mon corps ? Mon corps tout entier cette fois est secoué. J'ai froid, j'ai tellement froid. Je décide de changer de position. Je crois que je n'aime pas me trouver si bas alors qu'elle est si haute... J'ai peur d'en tomber, encore une fois. Je me redresse décidément et me relève. Mes jambes me portent à peine, j'ai envie de leur hurler quelque chose comme... *Faites vot' travail !!* Mais ce ne serait pas malin... Pas malin, comme faire apparaître un oiseau bleu ? Mes yeux ne sont plus voilés, mais ils ne veulent plus regarder l'Autre fille. Ils décident de papillonner et de chercher l'oiseau bleu. Mon oiseau. « Je... Faut l'récupérer... » Ma voix se fait faible. Presque inaudible. Je crois qu'elle n'est jamais vraiment audible... Mais elle se serait presque brisée.

Mon regard est hagard. Mes cheveux courts désordonnés. Ma voix faible.
A quoi est-ce que je ressemble ?

La présence de l'Autre fille me gêne presque autant que la mienne, maintenant. Je me retourne, une fois. Mes yeux parcourent les étagères. Je me retourne encore. Et puis... « Cuit-cuit » Le piaillement doux de l'oiseau bleu sonne. Je pense qu'il sonne parce que le bruit qu'il émet est doux et clair. L'oiseau bleu, mes yeux le captent la seconde suivante, revient dans le rayon, notre rayon. Il virevolte derrière l'Autre fille. Bizarrement, mon visage se déforme et ma bouche s'étire faiblement. L'oiseau bleu est si petit, qu'il tiendrait dans ma petite main. Il vole derrière l'Autre. Il brille. Ses plumes ont l'air d'être faites d'un matériel brillant. Elles ne le pourtant sont pas...

L'oiseau se pose sur la tranche du gros livre que serre contre elle l'autre fille.
Je n'ajoute rien, mais ma bouche s'entre-ouvre.

Magic Always Has a Price
6ème année

20 août 2019, 15:11
 RPG+  Entre nos Maux
« Je… Faut l’récupérer… »

Bouche scellée, je regarde la fille. Je suis obnubilée par toute la flegme qui s’échappe d’elle ; comme si le monde l’avait alpagué et qu’elle flottait sans rien, sans but, sans envie. Mais pas sans idiotie : récupérer un oiseau, en voilà une bête idée, que la bestiole soit réelle ou enfant de magie. Pourtant, malgré moi, mon regard se lève vers les hauteurs.  Je fouille les ombres du plafond, les étagères les plus élevées et même l’encadrement de la fenêtre qui jette sur nous sa luminosité. Devant moi, l’Autre fait de même. Elle se tourne et se retourne, comme si retrouver son piaf allait lui permettre de réparer sa bêtise ; c’est beau d’être douée en magie, encore faudrait-il savoir comment l’utiliser.

Je me retrouve encore à observer la fille, les sourcils légèrement froncés, le port droit et portant un visage sévère que je n’ai pas l’habitude de revêtir devant les autres. Et elle est toute petite et étrange. Elle est perdue, elle est naïve et elle est maladroite. Voilà tout ce que je comprends d’elle en l’analysant de mon regard sombre.

C’est son mouvement qui me tire de la profondeur de mes pensées. Aussitôt, je me conscience du bruit qui vient de résonner dans notre long rayon ; assez près pour être perceptible de nous deux et sûrement trop éloigné de l’entrée pour être entendu par la bibliothécaire. Au regard de la fille, je comprends que son piaf est réapparu derrière moi. Comme si je savais ce qu’il allait faire, je ne bouge pas. Je n’en ai de toute façon pas le temps : la bestiole voltige près de moi et je le suis des yeux, conquise par sa douce couleur, preuve évidente de la réussite du sortilège. Quand il se pose sur la tranche du Traité de Métamorphose, je me fige.
Il est là.
Tout petit.
Tout bruyant.
Ses petits yeux me regardent et je me demande s’il est capable de voir réellement, lui qui n’est rien d’autre qu’une métamorphose.

Je jette un regard à la fille, puis de nouveau à l’oiseau. L’une à l’air béate, l’autre n’a l’air de rien. Finalement, un léger sourire se dépose sur mes lèvres. Le genre de sourire que j’aurais pu avoir face à un animal maladroit ; comme celui que j’ai quand Varb, le hibou de Zak, renverse mon verre en venant déposer le courrier, déstabilisé par la graisse que cache ses plumes. Ce sourire, il est destiné à la fille, mais je ne lui offre pourtant pas. Concentrée, mon regard ne quitte pas l’oiseau.
Je retiens mon souffle lorsque je fais passer le poids du livre de mon bras droit à mon bras gauche ; lentement, j’attrape ma baguette de ma bonne main et je l’éloigne de moi.

La bestiole réagit beaucoup trop tôt. Elle s’élance dans les airs en piaillant et tourne au-dessus de celle qui est, sans qu’il ne le sache, sa Créatrice. Je brandis ma baguette devant moi, visant l’oiseau tant bien que mal. Puis, quand le moment s’annonce, quand l’oiseau se stabilise sur l’une des étagères, je prononce clairement : « Finite Incantatem. ». Un fuseau de magie sort de ma baguette et frappe l’animal qui disparaît aussitôt.

Le silence qui nous entoure n’est rempli que par la trace que laisse ma magie dans les airs. C’est une caresse pour mon coeur. Mon sourire s'agrandit légèrement ; je suis satisfaite de moi. Cette fois-ci, je l’offre à l’Autre mon sourire, mais il ne reste pas bien longtemps sur mes lèvres. Quand il disparaît, je reste quelques secondes à fouiller le visage de l’enfant.

« Le problème est réglé, » murmuré-je en haussant les épaules.


Mon bonheur est immense d'écrire ces mots. J'avais oublié combien cette Danse était si passionnante à réaliser. 

31 août 2019, 19:13
 RPG+  Entre nos Maux
Et mes deux billes noires ne regarde plus que l'oiseau. Le plumage bleu laissera probablement sur ma rétine une trace, si je n'avais pas aussi peur de détourner le regard j'essaierais de fermer les yeux pour savoir si la tâche bleue s'est imprimée sur mes paupières. Mais en attendant, l'oiseau m'est trop précieux pour que mes yeux le quittent. J'aimerais faire quelque chose, mais mes bras refusent de bouger ; ils pendent nonchalamment contre mon corps tout aussi nonchalant. Mon dos n'est même pas droit, et je ne parviens pas à discipliner mes épaules pour les garder hautes. Elles tombent bientôt comme mes bras, alors que mes yeux se décrochent presque de leurs orbites tant le contact visuel avec l'oiseau se fait intense.

Et puis, sans que je ne m'en rendre vraiment compte, l'Autre fille que je ne distinguais même plus derrière la tâche bleue déplace le livre sur lequel est posé l'oiseau. *Mon oiseau* Quelques instants ne suffisent pas à mes réflexes pour se mettre en action. Je n'ai le temps que de me demander ce qu'elle fait. Je me demande pourquoi elle déplace le livre. Pourquoi le change-t-elle de bras ? Je regarde le livre passer d'un de ses bras à un autre. Je me demande pourquoi est-ce que mes yeux sont brusquement attirés à son mouvement ; elle dégaine sa baguette magique. Pourquoi est-ce qu'elle dégaine sa baguette magique ? Je crois que j'ai compris. *Non !* J'ai envie de gueuler. Mais rien ne sort encore une fois. Je trouve parfois mes réflexes décevants. Je ne trouve rien qui vaille le coup dans mes réactions. Je ne les estime pas bien. Mais, c'est surtout parce que je ne les contrôle pas. J'ai l'impression qu'ils sont parfois complètement indépendant de ma pensée. J'eu envie de crier mais je ne fus capable de rien.

Un instant encore et mes yeux seraient vraiment sortis de leurs trous. L'oiseau bleu s'envole. J'essaie de tendre la main, et mon bras se lève faiblement. La tête levée sur l'oiseau qui vole autour de ma tête, j'essaie de tendre ma main aussi haut. Et puis, alors que l'Autre était à nouveau sortie de mon champ de vision ; « Finite Incantatem. » Sa voix déchire les tissus de mon Cœur. En tout cas, la douce que sa magie m'inflige est lancinante. Je vois l'oiseau disparaître en particules magiques. J'ai l'impression de voir quelques éclats de lumière émaner de ma plume. La plume déjà bleue dont je me sers pour écrire, la plume que j'ai utilisé pour effectuer... *D'la magie* Une métamorphose. Je ne suis pas sûre, avant de voir mon Oeuvre voler en éclats, de réaliser que j'avais créé l'oiseau avec ma Magie. Je ne suis pas sûre, avant cela, de réaliser avoir réussi à utiliser ma baguette en dehors des cours. Les quelques instants qui suivent la transformation de l'oiseau en plume sont silencieux. Mes sentiments se montent dessus et bouillonnent. Je me sens soulagée parce que, maintenant que je réalise que cet oiseau était ma Magie, je n'ai plus à supporter le fait que ma Magie se promène autour de moi en me narguant avec son éclat bleuté. Je n'ai plus à me remémorer le contact avec ma baguette et j'ai l'impression que, déjà, l'oiseau n'a jamais été. Mais à la fois... Je me sens en colère parce que cet oiseau était mien.

J'attrape la plume bleue tombée jusque sur le sol, en me penchant négligemment. Déjà, je la fourre dans ma poche. Et puis, mon regard remonte sur le visage de l'Autre fille. Je crois que... *Elle sourit* Mes sourcils se froncent, je sens que la peau entre eux-deux se contracte. Je crois que je suis surprise de voir un sourire. Tellement que je n'arrive pas à le lui rendre. D'ailleurs, je n'ai toujours pas décider si je lui beuglerais un merci ou un dégage. Mais bientôt, son sourire disparaît. Et alors, je n'ai plus à le lui rendre. « Le problème est réglé. » Elle me le murmure mais c'est comme si elle me le criait. C'est comme si elle me jetait son livre à la figure.

Cette fois, je sais.
Je lui en veux d'avoir fais disparaître ma création.
Je n'aime pas ma baguette, mais c'était ma Magie.
« C'était ma Magie ! » Je proteste d'abord. Faiblement. Ma voix n'a pas pour habitude de porter. Et puis la longueur du rayon m'impressionne autant que sa hauteur. Je n'ai pas envie de crier. Mais en fait, j'ai quand même envie de protester. « T'avais pas le droit ! » Je proteste encore. Ma main droite dans ma poche serre toujours ma plume entre mes doigts. Son contact est aussi doux qu'il est dur.

Magic Always Has a Price
6ème année

01 sept. 2019, 13:45
 RPG+  Entre nos Maux
Je comprends que quelque chose ne va pas. Je me suis imaginé tomber sur un regard passionné, peut-être une tronche admirative, ou au moins un sourire qui m’aurait prouvé que cette enfant, malgré toute sa flegme, est un être capable de comprendre la magie. Mais non, je ne trouve qu’une mine sombre couronnée de sourcils froncés. L’Autre me regarde et de toute sa petite taille je comprends que quelque chose ne va pas et qu’elle ne va pas tarder à me le faire comprendre. Comme pour me préparer, je me grandis légèrement et une moue agacée s’installe sur mon visage.
Je me demande, un instant, ce que je peux bien avoir fait pour qu’elle m’offre ainsi une tête si peu intéressante.
L’instant d’après, je me dis que je n’en ai rien à faire, elle peut bien imaginer ce qu’elle veut pour moi tout est réglé : son stupide — mais bel — oiseau a disparu, elle a récupéré sa plume ; tout le monde va pouvoir retourner à ses affaires sans craindre d’être déconcentré par une magie utilisée sans réflexion.

Ôtant mes yeux de la petite gamine mécontente, je range ma baguette dans la poche de ma robe. Je me sens particulièrement satisfaite de moi. Ma magie coule dans mes veines, je sens encore ses picotements sur la paume de ma main ; c’est une belle journée. L’atmosphère studieuse qui m’entoure ne saurait me faire ressentir un autre sentiment plus agréable que celui qui m’emplit le coeur. Il n’y a guère que l’enfant à l’oiseau qui forme une tache dans mon tableau, mais bientôt elle ne sera plus là.
Une petite voix évince toutes mes pensées. Je me tourne vers l’enfant et la regarde d’un air interdit, comme si j’avais peine à croire qu’elle ait parlé. A vrai dire, cela ne m’étonne pas : sa voix est aussi inconsistante que celle à qui elle appartient.

« T’avais pas l’droit ! » me dit-elle encore et elle me fait penser à un enfant qui ne comprend pas grand chose au monde.

Je fronce les sourcils et laisse bien malgré moi le temps s’étirer entre nous. Je la regarde la bouche close, comme si je n’avais rien à lui répondre. Alors que dans ma tête, mes pensées s’activent en tout sens : ses propos sont si naïfs, ni enfantins, si idiots. Se rend-elle compte de l’incohérence de ses paroles ? Non, c’est certain. Pas plus qu’elle se soit dit, avant de transformer sa plume en oiseau au beau milieu de la bibliothèque, que cela allait déranger tout le monde.

« Qu’est-c’tu dit ? demandé-je d’une voix sourde en secouant la tête. T’as pas encore compris qu’la magie appartient à tout l’monde ? Pas celle que t’as à l’intérieur de toi, mais celle que tu donnes à voir. S’tu veux pas qu’les autres s’en empare, faut réfléchir avant d’lancer un sortilège. »

Je soupire et réajuste le livre dans mes bras. Je toise l’enfant, mon air sérieux toujours plaqué sur le visage.

« J’ai tous les droits à partir du moment où j’ai les capacités. Si t’avais pensé à contrôler ta métamorphose, j’aurais pas eu b’soin d’la faire disparaître. »

Je laisse quelques secondes s’écouler. Mon agacement s’échoue quand je comprends que ce n’est qu’une question de capacités et que ce n’est pas de la faute de cette enfant si elle n’est pas encore capable de grand chose. Mais c’est de sa faute si elle utilise sa magie sans réfléchir. Lorsque l’on est capable de créer un si bel oiseau, on ne devrait pas avoir la capacité de réflexion d’un enfant de six ans.

19 oct. 2019, 17:57
 RPG+  Entre nos Maux
*Ma magie* pensé-je aussi ironiquement qu'égoïstement, alors que mes yeux sombre se font absorber par les mots que débite l'Autre fille. Habituellement, je le sais, je ne peux pas lire sur le visage des gens. Mais je crois que je suis en train de grandir, entourée de toute cette magie. Cette école respire une magie que je me refuse bêtement à utiliser et comprendre. C'est exactement ce que le visage de cette Autre me communique. C'est ce qu'elle affiche m'humilie. Ses yeux sont probablement plus sombre que les miens et ses sourcils se sont froncés plus fort que les miens. D'ailleurs, dans un soupir, mon visage s'est adouci. Il n'est s'est pas vraiment adouci, je dirais qu'il s'est détendu. Probablement s'est-il détendu parce que mes muscles ont compris que je n'étais qu'une pathétique enfant. *J'le suis pas !* mon esprit s'échauffe. Et alors, je sais que je ne suis rien de plus qu'une enfant pathétique. Je n'ai pas envie de l'être. Mais mes réflexes les plus rapides et élémentaires sont ceux d'une enfant et sa toute pitié.

« T’as pas encore compris qu’la magie appartient à tout l’monde ? Pas celle que t’as à l’intérieur de toi, mais celle que tu donnes à voir. S’tu veux pas qu’les autres s’en empare, faut réfléchir avant d’lancer un sortilège. » Et ça me heurte. *Ma magie* pensé-je encore, à tord et à travers. Ma magie est à l'intérieur de moi, je frissonne. La magie que je montre ne m'appartient pas. Je frissonne encore. Je me sens immensément vide et je n'arrive plus à savoir ce qui a encore un sens. Suis-je aussi pathétique ? Elle prononce d'autres mots. Je les comparerais à des couteaux, tranchants, probablement aiguisés par un esprit vif. Par un esprit emprunt à recevoir toute la science qui accompagne la magie, toute la complexité qui accompagne la vie. Je crois que je me mets à l'admirer. Elle est immensément plus grande que je ne pourrais jamais l'être, c'est ce dont mon esprit se persuade comme pour se dédouaner de sa bêtise, stupide. Je n'ose imaginer de quoi elle peut être capable. Je n'ose visualiser l'étendue beauté de sa magie. J'effleure de mes pensées la possibilité d'en être si inférieure qu'il me faudrait des années pour ne plus me sentir faible à ses côtés. Mais je le suis tellement.
Et je ne suis plus capable de penser autre chose.

*Ma stupidité* Et c'est que réside toute ma faiblesse. Je ne suis pas sûre d'avoir le plein contrôle de chaque geste, chaque mot. Il m'est parfois si dur de rester en possession de tout ça. Je crois que je suis tellement bête que je me laisse faire par mes propres réflexes.

Que dois-je faire, maintenant que j'ai l'air si bête ? Je ne veux pas rester planter devant elle, si grande, entre ces si grands murs de livres. Sans rien ajouter à cette conversation qui me brusque, je me retourne, aussi bien pour ramasser mes affaires que pour m'ôter à sa vue, et me penche. Mon sac gît au sol, je sors mes mains de mes poches et attrape mon sac de l'une et j'y fourre mes parchemines avant de le déposer sur mon épaule. Il pèse sur cette dernière, j'eu encore envie de souffler. Je ne le fit pas. J'attrape le manuel de métamorphose que j'ai pioché dans le rayon pour le remettre là où j'ai laissé un trou. Par chance, je lève les yeux sur ce trou. Si j'avais du chercher sa place plus longtemps, j'aurais probablement été prise par la peur. Heureusement, ce fut simple. Alors que mes pieds m’envoyaient déjà dehors, *Ma baguette...* et cette fois, je souffle. La honte me prend et mes joues s'empourprent, derrière les mèches de mes cheveux courts. Je baisse les yeux pour chercher ma baguette à mes pieds. Elle gît à ma droite. Je la ramasse. Cette fois, je crois que je peux m'enfuir.
Alors je m'enfui, dos à l'Autre fille que j'aimerais déjà oublier, je rejoins une autre allée.

Quand j'affirme que... *J'aimerais oublier ça !* je crois que je me le hurle. C'est douloureux. Cette rencontre m'a secouée. Plus que je ne l'ai jamais été, probablement. J'ai été confronté à ma stupidité. A combien je n'étais encore d'une enfant. A quel point j'avais besoin de grandir.

Magic Always Has a Price
6ème année

22 oct. 2019, 16:30
 RPG+  Entre nos Maux
Rien de ce qu’elle pourrait dire ne pourra contredire les mots que je lui ai jeté. J’en suis persuadée. Parce que j’ai raison, tout simplement, et qu’elle a tort. C’est la toute première fois, je crois, que j’ai une conscience si accru de ma supériorité. Non pas celle qui prouve que j’ai une meilleure réflexion qu’elle, mais celle qui dit que je suis plus âgée, que je connais les règles, que je sais car j’ai déjà vécu. C’est la première fois que je fais face à un autre enfant dans ce collège et que je me sens légitime. C’est sûrement ce que doivent ressentir les élèves des années supérieures lorsqu’ils ont affaire à des premières ou secondes années. Ils sont comme des adultes. Mais je n’aime pas tellement les adultes. Ceux qui crient, ceux qui décident, ceux qui croient mieux savoir que les autres. Alors qui suis-je, moi qui suis persuadé de savoir et d’avoir raison ? Certainement pas le contraire, qui est représenté par l’enfant silencieuse face à moi, mais je ne suis certainement pas semblable à ces adultes dont l’image ne me plait guère. Peut-être ressemblé-je davantage à Aodren qui… Non, à Narym. Narym qui sait. Je déteste lorsqu’il me regarde avec son regard de je-sais-donc-tais-toi. Narym, il représente l’autorité et la raison. Quand elle me regarde cette enfant me voit-elle comme une Grande qui détient l’autorité ?

Je ne sais pas si mes pensées me plaisent. Je les laisse s’écouler hors de moi lorsque je me rends compte qu’elles existent. Je me concentre sur l’enfant et m’étonne de la trouver dans la même position. Son regard levé vers moi est vide. Il ne brille d’aucune intelligence et d’aucune bêtise. Il ne veut rien dire du tout et cela me dérange ; je ne sais absolument pas ce qu’il se passe derrière ce visage-là. Mes sourcils se froncent au fur et à mesure que les secondes meurent. Quand va-t-elle réagir, nom de Merlin ? Ce n’est pas normal de rester là sans ne rien dire, à me regarder comme si j’étais Morgane elle-même. Peut-être l’impressionné-je ? Peut-être veut-elle en savoir davantage sur la magie ? Et bien qu’elle aille trouver ses réponses aille… Elle bouge !

Elle se détourne de moi et se penche pour ramasser son sac. Mes yeux s’écarquillent de surprise ; comment cela aurait-il pu être autrement ? J’attendais une réponse, moi ! Une question que j’aurais balayé d’un geste de la main, une rébellion qui m’aurait fait rire ou pourquoi pas un discours enflammé qui m’aurait prouvé que cette fille-là n’est pas aussi vide que son comportement le laisser à penser. Mais je n’ai rien de tout cela. Je n’ai qu’un dos qui s’active ; et ça ramasse ses affaires, et ça s’active pour s’en aller, et ça claque le livre dans le rayonnage.
Qu’ai-je fait ?
La réponse me vient instantanément : je l’ai effrayé. Alors que mon intention était tout autre. J’aimerais me sentir flatté de cette réussite, mais je ne parviens qu’à afficher une tête déconfite. Même la réflexion qui me vient sur le bout de la langue quand l’enfant se baisse pour ramasser sa baguette — « Tu devrais pas laisser traîner ta Moitié là où elle peut s’faire être écraser. » — ne parvient pas à franchir la barrière de mes lèvres. Puis la fille disparaît sans que je n’ai bougé.

Je regarde le bout du rayon avec la certitude qu’elle va revenir. C’est certain. Elle va réapparaitre de derrière le rayon et elle finira ce que nous avons commencé ; notre conversation. Ou peut-être me remerciera-t-elle pour ce que je lui ai appris. Mais non, rien ne vient. Et moi, je reste là les bras ballants à attendre. Cette constatation me secoue et je me retourne aussitôt, remuant la tête pour faire partir cette étrange rencontre de mon esprit.

En revenant à ma table, je balaye l'horizon de mon regard pour trouver la fille mais je ne l’aperçois nul part. Elle s’est envolée. *Comme son fichu piaf*. Je dépose mon livre et m’assoie en soupirant. C’est typiquement le genre de rencontre qui n’a pas grand intérêt. Mais je préfère amplement rencontrer une enfant étrange que faire face aux abrutis qui écoutent les bruits de couloir et qui pensent que j’ai un quelconque intérêt à entendre leur avis sur mes agissements de l’année dernière. Et puis il y a cette impression dérangeante qui me fait me sentir plus grande que je ne le suis ; je n’arrive pas à m’en dépatouiller. Dans ma tête passent et repassent les dernières minutes, mes paroles, mon comportement. J’ai l’impression d’avoir été autre pendant un instant.

Je finis par ouvrir le Traité de Métamorphose et me pencher sur un morceau de parchemin vierge. Non loin de moi, les quelques notes frénétiques que j’ai prises avant de me lever. Bientôt, la quiétude des études m’entourent et je m’enfonce dans la douceur de la réflexion. La petite fille rousse disparaît de mon esprit, remplacé par la Métamorphose, les principes de la magie, le savoir, la connaissance. Et bientôt, j’oublie tout le reste pour n’être que cela : l'apprentissage. Il n’y a pas de meilleure façon d’Être.

- Fin -