Retrouver Joan dans la bibliothèque dès son premier jour à Poudlard n'était nullement surprenant. En effet, après s'être réveillée aux aurores à cause du soleil qui pointait derrière les arbres de la Forêt Interdite qui veillait au loin, le chemin de la bibliothèque était la première chose qu'elle avait demandé aux rares élèves présents dans la salle commune, d'une voix étouffée de fatigue, de ses yeux encore lourds, dans son pyjama qu'elle avait simplement recouvert du gros pull de sa maison. Un pull lui arrivant aux genoux et la faisant paraître encore plus petite qu'elle ne l'était déjà, enveloppée dans un cocon avec ses cheveux formant un halo autour de sa tête. Il n'y avait aucun doute sur le fait que Joan venait tout juste de se réveiller et pourtant elle partait déjà d'un bon train vers la bibliothèque, les semelles de ses chaussures claquant sur le sol en pierre de l'immense château, résonnant contre les murs dans un silence qui ne laisser qu'imaginer l'heure matinale qu'il était. La tenue qu'elle arborait montrait déjà quelque chose, le fait qu'elle se sentait parfaitement à l'aise et chez elle ici. Elle ne pensait même pas à manger ou bien encore à découvrir le château ainsi que les personnes avec qui elle allait partager les sept prochaines années de sa vie. Seule la bibliothèque l'intéressait pour le moment, elle en avait rêvé depuis que les premiers livres sorciers étaient venus se loger dans ses mains. Elle pressa inconsciemment le pas, essayant de garder en mémoire les vagues indications qu'elle avait pu glaner. Droite - puis tu continues le long de la tapisserie, puis près de la salle de Métamorphose - elle n'avait aucune idée d'où se trouvait cette salle de Métamorphose. Cependant, malgré son impatience, elle ne pouvait s'empêcher de traîner le pas voire de s'arrêter à quelques instants pour mieux apprécier son environnement, la beauté des lieux, sa singularité, et ce fut surtout le cas lorsqu'un fantôme la dépassa sans un moindre regard, désintéressé et surtout bien à son aise. Elle en resta bouche bée quelques instants, et ce fut uniquement lorsqu'un tableau l'apostropha qu'elle se reprit, encore plus déconcertée de s'être faite reprendre par un tableau. Car, en effet, si elle ne l'avait pas remarqué auparavant c'était dorénavant le cas - les tableaux bougeaient et parlaient. Quel monde étrange et fascinant, ce monde sorcier.

C'est donc dans cette atmosphère d'émerveillement et de joie pure que Joan finit par atteindre la bibliothèque, la somptueuse bibliothèque qui lui apparut comme féérique devant ses yeux. Les rangées de livres se dressaient si haut qu'elles semblaient se confondre avec le plafond, les lumières virevoltaient pour suivre les élèves entre les tables, les livres s'envolaient pour aller se ranger. Un merveilleux climat d'apaisement et de satisfaction emplissait Joan à cette vision, elle ne put que se promettre d'y retourner encore, et encore. Elle ne voulait définitivement plus quitter cet endroit, cet endroit si merveilleux qu'elle en sentait ses mains trembler. Jamais encore elle n'avait pu songer un jour découvrir un endroit si merveilleux, un endroit dont elle n'aurait que pu en rêver et qu'elle n'oublierait définitivement jamais.

Elle passa plusieurs minutes à simplement déambuler respectueusement entre les rangées, à effleurer du bout des doigts les tranches des livres à sa portée, à s'émerveiller devant des titres d'ouvrages tous plus merveilleux les uns que les autres, à contempler bouche bée cet étalement de culture et de choses qui étaient source de passion pour elle. Son coeur n'avait jamais semblé prendre autant de place dans sa frêle poitrine et son petit corps ne semblait pas pouvoir contenir l'immense joie qui la portait dans cet endroit sacré. Son coeur sembla cependant exploser lorsqu'elle atteignit la section "Astronomie", une section qui sembla lui révéler tous ses secrets alors qu'elle osait à peine pencher la tête pour lire les titres des ouvrages, qu'elle osait à peine se tenir ici. C'était tout ce dont elle avait jamais rêvé et tout était là, à sa portée. Et c'est avec cette constatation qu'elle prit d'une main qu'elle n'avait jamais vu trembler autant un ouvrage d'un marron clair intitulé Planètes : un guide à en faire tourner la tête. Elle le déposa très doucement, comme par peur de le casser, sur la table adossée à la bibliothèque et l'ouvrit à la première page, le coeur battant contre ses côtes. C'était un moment sacré, un moment de calme et de sérénité, elle se sentait enfin accomplie là, tenant un livre d'astronomie dans l'école qui semblait lui réserver toute la joie qu'elle avait toujours attendue. Elle ne put cependant que lâcher un rire qui mourut très rapidement étouffé contre ses lèvres à la lecture des premiers mots, "Les planètes sont comme de grosses pommes qui tournent et qui font preuve d'un don de lévitation hors normes.".

Lewis se hâta à la bibliothèque après avoir avalé rapidement un petit déjeuner.
La nuit précédente, en arrivant pour cette nouvelle année, il avait croisé dans le ciel un astre rouge qui l'avait intrigué et se devait d'en savoir plus. Le jeune Serdaigle arriva dans la bibliothèque d'un pas vif, et se dirigea vers le rayon Astronomie. Il connaissait les lieux pour les avoir arpenter des dizaines, des centaines de fois. Cela faisait partie des endroits qu'il affectionnait tout particulièrement à Poudlard, et le fil des mois passés dans ce château n'avait en rien entamé son enthousiasme à chaque fois qu'il y venait.

Il parcouru du doigts quelques livres, avant de remarquer une jeune fille prendre un livre entre ses mains. Il se souvenait d'elle. Elle fut répartie dans sa maison la veille, et comme tous les autres, il l'avait applaudi avec entrain. Il était content d'avoir de nouvelles têtes dans sa maison.
Elle posa le livre et l'ouvrit, puis esquissa un rictus. Il s'approcha discrètement derrière son épaule et prit connaissance du livre en question. Un sourire fugace passa sur son visage. Il s'éclairci la voix.

-Salut ! Tu lis souvent des livres qui tentent tant bien que mal de vulgariser l'astronomie ? Le lendemain de ton arrivée à Poudlard ? dit-il d'un ton enjoué et non dénué d'ironie.