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23 juil. 2019, 23:01
Dialogue à l’aveugle  PV : Elly Wildsmith 

[PV : Elly Wildsmith]


Samedi 12 décembre 2043
15h


-La bibliothèque-


La magie de Noêl commençait à envahir le château. Ici ou là, les élèves s’échangeaient des idées de cadeaux pour leurs proches, où s’impatientaient déjà à l’idée de retrouver leurs familles.
Pour sa part, Gabryel resterait à Poudlard durant les fêtes. Ses parents avaient prévu de passer la dernière quinzaine de décembre à Paris auprès de Mamina, la grand-mère maternelle de l’enfant. Cette dernière montrait quelques soucis de santé depuis quelques mois.
« Rien de bien grave » avait dit maman, « juste un coup de fatigue ».
Mamina avait toujours été une femme forte. Elle avait le caractère d’une battante, et ne se laissait pas marcher sur les pieds. C’est ainsi que le jeune Écossais la voyait.
S’il ne la serrait pas souvent dans ses bras, leurs correspondances écrites étaient riches et passionnantes. Mamina parlait de sa vie, de son passé, de ses souvenirs. Elle conseillait et encourageait Gabryel en toutes circonstances. Depuis son entrée à Poudlard, il n’avait plus eu l’occasion d’échanger avec elle. Elle lui manquait cruellement, il aurait tant de choses à lui raconter. Il espérait vivement que sa santé s’améliore rapidement.

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La bibliothèque n’était pas très fréquentée. Les feux de cheminées dans les salles communes respectives semblaient avoir davantage tenté les apprentis sorciers. Le rouge et or préférait cela. L’endroit était pour lui comme un temple sacré. Il pouvait s’y évader par la seule force de la lecture. Des milliers de grimoires n’attendaient que sa curiosité et sa soif de connaissances.
Après avoir aimablement salué Madame Minal qui lui fit un grand sourire, l’enfant prit la direction de la section auteurs britanniques. Il s’arrêta sur un recueil d’oeuvres du 16ème au 20ème siècle.
Il finit par s’installer à sa place favorite, sous une grande fenêtre à l’abri d’un rayon « Histoire de la magie ». Les postes individuels de lecture y étaient parsemés, séparés par de gigantesques armoires courant le long d’allées interminables. Cet endroit était le plus paisible de tous, les élèves préférant plutôt se réunir autour des grandes tables communes au centre de la pièce.

Gabryel ouvrit son livre et commença par parcourir le lexique des écrivains. Il posa son doigt au hasard sur la liste des « S ».

Saunders James : 1925
Saint-John Henry : 1678
Sassoon Siegfried : 1886
Sayers Dorothy L. : 1893
Scott Alexander : 1920
Sedley Kate : 1926
Selasi Taiye : 1979
Shadwell Thomas : 1642
Shaffer Peter : 1925
Shakespeare William : 1564

Mamina avait une passion pour William Shakespeare. Son choix se porta donc dessus.
Le Gryffon se rendit à la page indiquée.
Il lut la première citation qui lui fut offerte. Sans même s’en rendre compte, le garçon énonça le passage oralement :

« Le temps est très lent pour ceux qui attendent, très rapide pour ceux qui ont peur, très long pour ceux qui se lamentent, très court pour ceux qui festoient. Mais, pour ceux qui aiment, le temps est éternité »

Il songea à sa famille, dont le temps et l’éloignement provoquaient en lui un manque incommensurable.
Dernière modification par Gabryel Fleurdelys le 07 oct. 2019, 22:18, modifié 4 fois.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

24 juil. 2019, 11:29
Dialogue à l’aveugle  PV : Elly Wildsmith 
S’il y avait un endroit au sein de Poudlard qu’elle aimait parcourir, c’était indéniablement la bibliothèque. Endroit sacré où il était possible de lire sans être dérangée : loin, donc, du tumulte de la Grande Salle ou de sa salle commune. Elle aimait ça. C’était sans doute grâce à la présence de la bibliothécaire. En effet, Miss Minal, était assez sévère dans la gestion de la bibliothèque : cela permettait d’être tranquille sans l’ombre d’un doute. Adressant un salut très respectueux à la femme qui lui assurait sa tranquillité, Elly allait derechef s’installer sur une table individuelle : aucune raison d’être dérangé de la sorte.

Elle avait amené avec elle un livre qu’elle aimait beaucoup. Que sa mère lui avait offert. Elle l’avait lu et relu sans doute une dizaine de fois, mais plus elle grandissait, plus elle comprenait le sens caché de certaines phrases, de certaines citations. Ce qu’on appelait communément un recueil de citation, et que sa mère appelait amoureusement son livre favori. Alors elle aussi, elle l’avait lu. Encore et encore. Et s’apprêtait sans doute à le relire encore, à avaler les citations et les courtes biographies des auteurs qui en découlaient. Elle aimait beaucoup cela. Regroupé par thématique c’était intéressant de lire en fonction de l’humeur du jour.

Mais à peine peut-elle le temps de s’installer, qu’une voix, tout près, s’éleva. Douce et tranquille, semblant inspirée par la lecture que l’élève faisait. La jeune fille, de son côté, sourit. C’était étrange comme rencontre un peu. Devait-elle faire une remarque ? Une quelconque réflexion sur le silence ? Ou au contraire, répondre à ce garçon ? Elle hésita un instant, avant de poser les yeux sur son livre et de l’ouvrir, cherchant la thématique « Éternité ». Trouvant la citation qu’elle voulait, elle lu à voix haute – pas trop forte, un peu plus forcée qu’un murmure mais pas de quoi déranger les quelques lecteurs de la bibliothèque « C'est dans l'éternité que, dès à présent, il faut vivre. Et c'est dès à présent qu'il faut vivre dans l'éternité. Qu'importe la vie éternelle, sans la conscience à chaque instant de cette durée ». L’enfant, de l’autre côté, allait-il poursuivre ? Il y avait un mélange d’excitation et de hâte. Difficile à décrire, mais les yeux de la petite fille pétillait d’une énergie nouvelle.

Quelque fois, pour apaiser ta rage mystérieuse
Tu prodigues, sérieuse, la morsure et le baiser.

27 juil. 2019, 15:21
Dialogue à l’aveugle  PV : Elly Wildsmith 
Une voix fit écho à sa lecture. Avait-il dérangé une élève voulant le lui signifier ?
Pourtant, il aurait été plus directif de lui dire « chut » ou « t’es pas tout seul ici »...
Non, la personne derrière la rangée de livres qui les séparaient semblait réagir aux mots de Shakespeare. Gabryel se demandait qui elle était, pourtant il décida de ne pas bouger. Il réfléchit un peu à la réponse qu’il apporterait à son tour.

Ainsi, la conscience d’une vie éternelle après la mort pouvait-elle nous faire passer à côté des éléments essentiels de notre vivant, comme profiter pleinement de ceux que l’on aime, prendre le temps de jouir des moments de bonheur ?
Gabryel n’était pas vraiment croyant, au sens déiste du terme. Ses parents ne lui avaient pas apporté d’éducation religieuse. Le garçon ne savait guère trop qu’en penser. Ici, il évoluait dans un univers où la vie et la mort étaient étroitement liées.
Il avait foi en la magie et ses bienfaits. Il voyait plutôt tout cela comme une philosophie. Aucun professeur n’abordait les notions de paradis ou d’enfer, de purgatoire ou de nimbes.
Il existait bien sur à Poudlard certains signes d’influences religieuses comme la commémoration de Noël ou de Pâques. Mais beaucoup de moldus fêtaient aussi ces évènements sans pour autant être de confession catholique. Il s’agissait surtout de célébrations culturelles, plus que mystiques.
Dieu, où quel que soit le nom que l’on puisse lui donner, était-il antinomique avec la magie ? La persécution des sorciers par le passé avait elle définitivement provoqué un fossé entre ces deux croyances ?
Gabryel songea au Moine Gras, qui fit le choix d’ascète après ses études à Poudlard. Il n’avait pas renié la magie pour autant. Il songea aussi aux fantômes qui hantaient les couloirs du château. Qu’y avait-il donc après la mort, le savaient-ils, maintenant passés de l’autre côté ?

Les pensées de l’enfant vagabondaient tandis qu’il tournait les pages de son grimoire. Il tomba sur une phrase d’Oscar Wilde, répondant à la citation de la demoiselle assise non loin de lui. Il décida donc de lui répondre :

« Il ne faut pas chercher à rajouter des années à sa vie, mais plutôt essayer de rajouter de la vie à ses années. »

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

07 oct. 2019, 22:01
Dialogue à l’aveugle  PV : Elly Wildsmith 
HRPG : excuse-moi pour ce retard monstrueux !

Quelque chose de différent dans cette rencontre. D’exaltant. Oh bien sûr, l’enfant serait incapable de décrire ce qu’elle ressent à cet instant-là. Séparée par quelques rayonnages d’un autre étudiant, d’un petit garçon qui lui aussi faisait sa lecture. Une attente palpable sur le visage de la fillette. Peut-être allait-il fuir ? Déranger par la présence de l’enfant qui n’avait pas vu d’autres choix que celui de lui répondre, avec toute l’innocence et la fraîcheur qui la caractérise ? C’était difficile à dire, bien entendu.

Telle une libération, la citation attendue arriva, elle coulait de source, naturellement. Rajouter de la vie. Est-ce que cela voulait dire qu’il fallait en profiter, à chaque instant ? A chaque moment qui passait, temps qui s’égrène inéluctablement, irrattrapable, quoique l’on fasse ? Un instant, la petite brune s’interroge. Mais comme tout individu qui n’a pas encore vu, qui n’a pas encore vécu, elle ne s’interroge que peu de temps, pense sans doute que la citation donnée ne s’interprète que dans un sens. Un seul et unique sens. Comme si la vie résultait d’une simple succession de choix.

La petite fouille et farfouille le livre qu’elle tient en main, inscrivant dans sa mémoire le mot-clé qu’elle espère voir, trouver. Pour mieux lire. Et là soudainement, se dévoile sous ses yeux le mot, vie. Oui, c’est celle-ci. Imparable, efficace. Redoutable aussi. Là aussi, la jeune fille l’ignore. Il y a bien de sens dans cette simple petite phrase. Prenant son courage à deux mains, Elly s’éclaircit la voix, toussote un peu, et commence à lire, d’une voix aussi fluide que fluette :

- Chaque pas dans la vie, est un pas vers la mort.

Et aussitôt après qu’elle eut fini sa courte lecture, elle prit conscience de ce qu’elle venait de dire. De ce que cela voulait dire. Elle écarquilla de grands yeux pleins de surprise. Non sous l’aveu de la finalité de la vie, mais plus sur sa prise de conscience aussi soudaine qu’imprévue. Les rencontres hasardeuses étaient toujours les meilleures, à n’en pas douter.

Quelque fois, pour apaiser ta rage mystérieuse
Tu prodigues, sérieuse, la morsure et le baiser.

24 oct. 2019, 17:01
Dialogue à l’aveugle  PV : Elly Wildsmith 
À quoi ressemblait la personne avec laquelle il échangeait ? Quel âge avait-elle ?
Il suffirait au Gryffon de contourner l’immense rayon de livres pour obtenir une réponse à ses questions. Mais il n’en fit rien et préféra vivre pleinement cet échange hors du commun, se demandant où cela les mènerait.

La dernière citation avait le parfum du temps qui passe, comme une rose coupée dont chaque minute est comptée. À tous s’offre ainsi une route vers la mort inéluctable. Toutefois, ce chemin diffère d’un être à l’autre. Chacun a la liberté d’arpenter sa vie comme bon lui semble. Subir, accepter, lutter, refuser... Le bonheur ou le malheur ont une saveur unique, personne ne les aborde de la même façon. Une seconde se consume et fait déjà partie du passé. La vraie question est de savoir comment l’on utilise le présent, que faire pour ne pas le gaspiller.

Quand on a douze ans et que l’on étudie dans une école de magie, chaque jour est une découverte, un apprentissage. On s’enrichit à tout instant, on apprend de ses échecs et l’on grandit de ses erreurs. Les moments précieux se partagent qui plus est avec les autres, les amitiés forgent un socle de confiance. Gabryel n’échangerait tout cela pour rien au monde. Il aimait chaque instant, s’en gargarisait. Il était arrivé à Poudlard plein de doutes et d’hésitations. Jour après jour, ces quatre derniers mois lui avaient ouvert l’esprit. Il faisait plus confiance dans les autres et appréhendait moins de décevoir ses parents. Il avait compris une chose essentielle : N’avoir aucun regret.

L’Écossais feuilleta son grimoire jusqu’à trouver une phrase de l’écrivain Mark Twain, en résonnance à celle qu’il venait d’entendre.
« The fear of death follows from the fear of life. A man who lives fully is prepared to die at any time »
Elle résumait parfaitement sa pensée. Il décida de l’énoncer oralement :

« La peur de la mort résulte de la peur de la vie. Un homme qui vit pleinement est prêt à mourir à tout moment ».

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »