Installée à une table de la bibliothèque, Ennis travaillait ses cours de potions avec le plus d'assiduité possible. Les examens débutaient le lundi suivant et en cette fin d'année, comme beaucoup d'autres étudiants de Poudlard, elle s'affairait à faire entrer dans son crâne la moindre parcelle d'information et de connaissance possible. Surtout qu'il était en jeu pour elle un choix réel de son orientation de l'année prochaine. Au grand jamais elle ne voulait que ses parents décident pour elle et ils avaient été clair, pour pouvoir faire exactement ce qu'elle souhaitait, l'irlandaise se devait d'avoir des notes frisant la perfection, voire parfaites.

Aussi, la petite châtain de chez les Gryffondor travaillait sans relâche en ces derniers jours avant la date fatidique. Surtout qu'elle devait compenser le temps passé à l'entraînement de Quidditch. Autant dire que ça faisait quelques heures pas semaines, même si le championnat était maintenant terminé. Alors elle était là, sur une table de la bibliothèque, avec un tas de parchemin - ses cours - deux livres ouverts et de quoi prendre des notes. C'est ainsi qu'elle travaillait le mieux. Il lui fallait un lieu calme et de quoi écrire. Ses yeux étaient généralement rivés sur son cours ou les livres et parfois elle ne vérifiait même pas si elle écrivait droit ou si c'était lisible, non, il lui fallait juste le geste d'écrire. Le parchemin ne serait de toute façon pas relu et rejoindrait une poubelle dès la fin de sa session de révision. Alors souvent, elle repassait sur quelque chose ou oubliait de recharger sa plume en encre. En général, ça étonnait grandement ses voisins qui se demandait comment elle pouvait bien s'y retrouver sur son torchon de prise de notes...

@Enora Horton

Enora parcourait d'un pas rapide les couloirs de l'école. Elle était déjà bien en retard sur le planning serré qu'elle s'était imposée pour les révisions. Les examens de fin d'année commençaient bientôt et même si la jeune fille avait eu des notes exemplaires tout le long de l'année, elle ne pouvait s'empêcher d'appréhender. Un accident était vite arrivé par excès de confiance et elle se refusait de décevoir ses parents. 
Plus tôt, l'aiglonne avait décidé de faire une courte pause entre ses heures d'exercice pour ne pas s'épuiser alors qu'il y avait encore plusieurs jours à tenir avant de passer devant les professeurs. Malgré son réveil, elle s'était assoupie plus longtemps que prévu. Elle espérait seulement qu'elle arriverait à faire tout ce qu'elle avait prévu sur son emploi du temps avant le prochain repas. 
Enora arriva à bout de souffle à la bibliothèque et avant même d'entrer, elle savait qu'il serait difficile de trouver une place libre au bruit des parchemins qui s'agitaient frénétiquement. Elle soupira puis poussa la porte avant de s'engouffrer rapidement entre les bibliothèques remplies. Un élève plus âgé arrivait déjà derrière elle et s'il ne restait plus qu'une place pour étudier, elle serait pour elle. 
L'enfant parcourut des yeux les tables en quête d'un peu d'espace libre. Elle se résolut à aller plus loin dans la pièce en ne voyant pas un centimètre carré de bois entre les livres que ses camarades lisaient. Par chance, Enora trouva enfin un peu de place sur un banc. Seul problème : sur le bout de table en face, un tas de parchemin qui semble appartenir à une Gryffondor assise juste à côté. Comme elle ne voyait aucune autre alternative, l'aiglonne se décida à aller la voir. 
Pour ne pas gêner les autres, elle murmura doucement après lui avoir tapoter l'épaule :

- Bonjour, ça te dérange si je me mets ici ?

Enora pointa du doigt l'espace de travail où les parchemins sont disposés dans l'espoir qu'elle comprenne qu'elle lui demandait en fait si c'était possible de lui faire un peu de place.

La jeune irlandaise fut brutalement tirée de ses révisions de défense contre les forces du mal par une voie jeune et féminine. Lentement, la châtain releva la tête et fusilla du regard la Serdaigle qui venait de la déranger, une première année sans trop de doute vue sa taille et le fait qu'elle ne disait absolument rien à la deuxième année. Ses considérations faites et malgré son agacement, Ennis dut se rendre à une évidence, il fallait bien lui répondre. Courtoisement.

- "Bonjour." Le premier mot était toujours le plus difficile, surtout quand on n'arrivait pas à desserrer les dents comme la deuxième année à ce moment précis. C'était comme ça depuis quelques temps déjà et avec le stress des examens de fin d'année, elle était encore plus. irritable. Elle jeta ensuite un œil à ses affaires. C'est vrai qu'elle s'était sacrément étalée depuis son arrivée à la bibliothèque. Elle attrapa donc son tas de parchemin pour n'en tirer que les cours relatifs à la matière qu'elle travaillait actuellement. Puis elle ferma le livre qui n'avait rien à voir avec son sujet actuel et posa le tas de paperasse dessus, libérant ainsi de l'espace pour son interlocutrice.

- "Installe-toi." lui indiqua Ennis avant de détourner la tête et de se replonger dans son cours. Elle comptait bien reprendre où elle en était et posa donc un regard sur son parchemin de notes. Sauf qu'il était illisible et qu'en plus sa plume n'avait plus d'encre. Elle plissa les yeux pour voir si elle pouvait distinguer quelque chose en relief... Peine perdue. Et puis le vélin était rempli. Elle le retourne, pareil. Elle en fit donc une boule pour en prendre un autre dans son sac.

Enora retint un mouvement de recul face au regard noir de la Gryffondor. Il semblait qu'elle l'avait interrompue dans une leçon cruciale. Ça ou bien elle était de très très mauvaise humeur... Il fallait dire qu'entre ce qui s'était passé au début du mois et les examens finaux qui approchaient, c'était compréhensible. L'aiglonne elle même était bouleversée par la situation mais ses parents lui avaient bien fait comprendre que c'était les études avant tout. Il ne faudrait pas que les dernières nouvelles la troublent dans ses révisions. C'était plus difficile à dire qu'à faire d'autant que les cauchemars qu'elle faisait régulièrement l'empêchait de prendre le repos dont elle avait besoin. D'où les siestes qu'elle s'autorisait.

L'aiglonne fut soulagée lorsque l'élève lui dit finalement bonjour. Le mot semblait avoir eu de la peine à sortir de sa bouche à cause de ses mâchoires serrées. Elle espérait seulement que ce n'était pas une preuve de plus de son énervement. Au cas où, elle regarda avec discrétion si une autre place ne s'était pas libérée sur les tables de la bibliothèque. Sinon, elle irait simplement ailleurs. Enora se rendait bien compte que déranger des gens stressés par leurs révisions alors même qu'ils révisaient pouvait s'avérer dangereux. 

Au bruissement des feuilles, son regard se posa à nouveau sur le bout de table en face d'elle. La Gryffondor était en train de déplacer ses affaires. La jeune fille n'ajouta rien, attendant patiemment que sa camarade ait fini en triturant la manche de son uniforme. Quand elle l'invita ensuite à s'installer, elle murmura un "merci" presque inaudible et s'assit rapidement. Aussitôt, elle sortit ses affaires et se plongea dans ses notes, annotant ses cours pour mettre en évidence ce qu'elle devait impérativement savoir. 

Enora fut brièvement arrachée à ses réflexions par le bruit d'un parchemin qu'on froissait. Elle se tourna sans réfléchir vers sa voisine avant de vite détourner le regard. Elle voulait éviter de l'énerver plus qu'elle ne l'était déjà.

Si la bibliothèque n'avait pas été aussi silencieuse, Ennis n'aurait très certainement pas entendu le "merci" prononcé par la jeune Serdaigle juste avant qu'elle ne s'assoit et que l'aînée ne froisse son parchemin noirci. En retour, la Gryffondor se contenta d'un sourire poli alors qu'elle finissait d'extirper un nouveau vélin de sa besace de cours. C'était un brouillon de devoir et c'était parfait pour ce qu'elle voulait faire à ce moment précis, continuer à prendre des notes sans trop les regarder.

Elle vit du coin de l’œil sa cadette la regarder furtivement. Comme si elle avait peur que la châtain ne se déchaîne sur elle. Il fallait dire qu'elle se savait peu avenante en temps normal alors avec les récents évènements. Son sentiment d'impuissance et les mots de Dai Hong Dao qui résonnaient toujours aussi fortement en elle sur la non-péparation que fournissait Poudlard à ses étudiants...

Autant le dire tout de suite, Ennis était une boule de nerfs depuis début avril. Et les examens n'arrangeaient rien. Rien de rien. Sans ses parents qui la poussaient sans cesse à faire mieux, elle ne serait peut être - peut être - pas aussi stressée à l'idée de rater une matière. Mais avec les exigences maternelles, difficile de ne pas se mettre de pression. Surtout dans les cours plus compliqués pour l'adolescente de 13 ans qu'elle était maintenant.

Elle replongea dans ses cours de défense et glissa tout de même à sa toute nouvelle voisine, du bout des lèvres et sans relever la tête de son livre:

- "Aux dernières nouvelles, j'ai jamais mangé personne."

Le bruit provenait bien de sa voisine de table. Cette dernière avait fait une boule du parchemin sur lequel elle avait pris des notes. Enora n'avait aucune idée de la raison derrière ce geste et se gardait bien de regarder à nouveau l'élève de peur de se faire repérer cette fois-ci. 
C'était peine perdue car en réalité, la gryffondor l'avait déjà démasquée :

- Aux dernières nouvelles, j'ai jamais mangé personne.

L'aiglonne déglutit difficilement et se retint de tourner la tête vers la jeune fille, ne l'ayant pas vue broncher du coin de l’œil alors qu'elle lui faisait cette remarque. 
Avant qu'elle ne puisse se retenir, quelques mots s'échappèrent de sa bouche :

-C'est rassurant ...

Elle se réprimanda silencieusement de ne pas s'être tu. Enora ne voulait pas apporter plus d'animosité à l'échange mais la réaction précédente et le ton de sa voisine l'avait en effet inquiétée. Elle aurait préféré trouvé une autre place pour travailler, c'était peu dire. et sans doute l'élève à sa gauche pensait la même chose à présent. Après tout, l'aiglonne l'avait dérangée en pleine séance de révision. Et même si ça n'excusait pas tout, la petite brune comprenait à quel point cela pouvait être énervant de se retrouver déconcentrée comme ça. 
Aussi ressentit-elle le besoin de s'excuser elle :

- Désolée, murmura-t-elle, une nouvelle fois sans regarder son interlocutrice. 

Elle ouvrit la bouche pour dire autre chose mais sans savoir quoi. Elle la referma en soupirant, espérant que ses cheveux lâchés aient masqué la tête de poisson qu'elle venait de faire. 

Ennis avait lancé cette phrase un peu par automatisme, sans qu'il n'y ait réellement de but derrière. A moins qu'elle n'ait inconsciemment recherché à ce qu'on lui fiche la paix derrière une phrase qui se voudrait rassurante en temps normal. Très certainement un mélange de deux traits de sa personnalité qui agaçaient sa mère au plus au point. Mais qui faisait qu'elle ressemblait d'autant plus à son père. L'irlandaise capta néanmoins la réponse rhétorique de la fillette de Serdaigle qui venait de s'asseoir à ses côtés dans la bibliothèque pour le moins relativement silencieuse en dehors des pages qui se tournaient, des grattements de plumes et de quelques chuchotements. Et la châtain ne put retenir un sourire. Pas qu'elle ait réellement envie de rire mais le coin gauche de ses lèvres venait de se relever en un micro-sourire plutôt moqueur à tendance ironique. Non, le social, qui n'était déjà pas son fort, ne risquait pas de faire parti de sa journée.

Délaissant son parchemin qui continuait à se noircir sans ordre aucun de ses prise de notes qui ne lui resservirait plus, elle releva la tête vers la première année juste au moment où elle s'excusait du bout des lèvres. Juste assez tôt pour la voir ouvrir et fermer la bouche presque aussi sec - comme un poisson hors de l'eau qui cherchait de l'air. La deuxième année haussa un sourcil devant son air étrange. Vraiment bizarre comme réaction qui induisit chez la poursuiveuse des Griffes Ardentes une autre remarque, prononcée sans émotion, sans tonalité particulière, à voix basse et riche de son accent irlandais:

- "Si tu continues à parler comme ça, tu auras une vraie raison de t'excuser." Pour laisser la petite là dessus et retourner à son travail de révisions. Elle grimaça devant cette matière qui ne la passionnait pas mais qu'elle s'astreignait à travailler. Avec les récents évènements...

Enora s'était trouvée assez compréhensive jusqu'à présent. Elle n'avait dérangé la Gryffondor qu'en dernière alternative. Ce n'était pas de sa faute si la bibliothèque était bondée de monde et que la seule place qu'elle ait vu libre se soit trouvée sous une tonne de parchemins griffonnés lui appartenant. Tout comme elle, elle aurait préféré s'être assise à un banc différent même si ça signifiait ne pas être à portée de main des ouvrages dont elle aurait potentiellement eu besoin pour ses révisions. 
Elle n'avait d'abord rien dit face à son regard froid et ses répliques toutes aussi sèches. L'aiglonne avait presque l'impression que sa camarade avait cherché à la plonger dans la culpabilité qu'elle ressentait déjà pour l'avoir interrompue. Elle pouvait concevoir le stress qu'elle ressentait à l'approche des examens. Elle-même était à moitié paniquée la plupart du temps. C'était sa première fois après tout. Jamais elle n'avait eu à subir un condensé de contrôle pareil. Certes, les enjeux devaient être différents pour ceux qui passaient en année supérieur mais Enora ne pouvait concevoir que cela justifiait un tel comportement. Encore moins envers quelqu'un qu'elle ne connaissait ni d'Adam, ni d'Eve. 
La jeune fille n'était pas du genre à s'énerver facilement mais avec son état d'esprit actuel, elle se sentait plus sensible à ce genre de chose. Elle n'aimait pas qu'on essaye de l'intimider. 

- Peux tu étayer ? Je crois avoir mal compris tes intentions, murmura-t-elle à son attention. 

A peine eut elle la tête baissée sur son parchemin que la Serdaigle parlait à nouveau. De toute évidence, ça n'avait pas été clair la première fois. Sauf que malheureusement pour sa toute nouvelle voisine de table, la patience d'Ennis arrivait - déjà - à ses limites ce jour là. Alors, lentement, Ennis posa sa plume - qui n'avait jamais réellement quittée sa main gauche depuis le début de leur interaction - pour la poser juste au dessus du parchemin sur lequel elle écrivait. Puis, elle releva la tête pour planter ses yeux noisettes toujours aussi vides d'expression - sa mère serait peut être enfin fière de voire qu'elle y parvenait - dans ceux de sa camarade. Elle ouvrit la bouche pour parler, d'une voix basse mais toujours aussi sèche et froide, presque cassante maintenant qu'elle s'agaçait réellement d'être dérangée pour rien:

- "Mes intentions" commença-t-elle en appuyant sur ce deuxième mot "sont tout simplement d'étudier dans le calme que l'on s'attend à trouver dans une bibliothèque." Elle laissa quelques secondes passer pour voir si le message était intégré ou non. Puis, elle reprit:

- "Jusque là tu ne m'importunais pas." Langage un peu au dessus du niveau de conversation requis et nouvelle pause pour bien faire comprendre le message:

- "Mais si tu continues à piailler comme un jobarbille sur le point de passer, tu auras une vraie raison de t'excuser pour le dérangement." L'irlandaise n'avait toujours pas lâcher l'autre du regard et ajouta une dernière phrase:

- "Maintenant si tu permets, j'ai d'autres choses à faire que de converser." Pour la châtain, la discussion était close, et si l'autre fillette remettait ça... Mais elle était intelligente, sinon, elle ne serait pas chez les aigles. Donc elle comprendrait qu'il n'était pas nécessaire de continuer plus avant. Ennis lâcha donc son regard, ses affirmations n'appelant pas de réponse. Repris sa plume et se replongea dans son livre de défense contre les forces du mal. Peut être arriverait-elle enfin à en finir avec ce chapitre.

Enora resta un instant interdite devant cette panoplie de répliques cinglantes. Elle ne pouvait même plus regarder son interlocutrice en face tandis que celle-ci l’incendiait. La jeune fille, dont elle ignorait encore le nom, n’avait de cesse de la menacer inutilement. L’aiglonne n’avait fait que murmurer trois phrases depuis son arrivée dans la bibliothèque dont une excuse ! Entre ses promesses viles et les leçons qu’elle croyait être en position de donner, la Gryffondor avait bien plus perturber le travail des occupants de la bibliothèque qu’elle.
Enora ne pensait pas qu’il lui faille répondre à cela et continua dans un premier temps ses révisions pour le cours de sortilège. Pourtant, blessée dans son amour propre, elle ne put pas bien longtemps maintenir cette façade. Elle qui ne cherchait qu’un endroit tranquille où apprendre consciencieusement se trouvait dans un sacré pétrin et malgré ses efforts, elle ne pouvait plus garder son sang-froid, elle ne pouvait pas se laisser faire sans rien dire. Elle était une Horton !

- Je te ferai remarquer qu’avec tes menaces futiles, tu auras bien plus pollué l’air que moi. Contrairement ce que tu sembles croire, tu n’es pas la seule qui souhaite réussir ses examens de fin d’année !

Enora prit la peine de garder un volume sonore bas bien qu’elle ne put s’empêcher de hausser légèrement le ton à la fin. Ce n’est pas parce qu’elle était une Serdaigle qu’elle avait la science infuse. Elle aussi avait besoin de travailler, et dans le calme de préférence !

- Crois-moi, je suis désolée de m’être installée ici. Pour toi comme pour moi ! ajouta-t-elle dans un souffle.

Une chose était sure, la jeune fille n’aurait jamais deviné l’issue de cette séance de révision en entrant dans la bibliothèque. Dégoutée par la situation, elle chercha à finir rapidement ses révisions sans bâcler, se promettant qu’une fois fini, elle irait se trouver une place ailleurs.