Arya observa le parchemin vierge qui semblait la narguer. Voilà bien une heure qu'elle était devant. Elle avait délaissé son devoir de botanique pour se décider à enfin écrire cette fichue lettre qui lui torturait l'esprit depuis un bon moment. Seulement voilà, les vacances de Pâques arrivaient à grands pas, et il ne lui restait plus qu'une semaine pour prévenir sa famille qu'elle ne rentrerait pas à Dover pour Pâques.

Prendre cette décision lui avait prit un certain temps. Certes, en rentrant à Dover, elle aurait pu revoir sa sœur Alison qu'elle aimait tant et qui lui manquait affreusement. Elle aurait aussi pu prendre quelques cours particuliers avec son professeur d'escrime, ce qui lui aurait permis de ne pas régresser. Seulement, elle avait appris par un hibou d'Alison que son père serait présent à la maison pendant toute une semaine. Plutôt ironique, dans un sens. Avant Poudlard, c'était à peine si elle le voyait plus de quatre fois par ans, et maintenant, il revenait tout le temps ! C'était à se demander s'il ne le faisait pas exprès.

Avant Noël, Arya aurait sauté de joie à l'annonce de cette nouvelle. Mais maintenant qu'elle savait tout ce que ton père pensait d'elle, elle ne voulait plus le revoir. Pour éviter d'autres disputes, il lui semblait plus sage de rester à Poudlard, plutôt que de rentrer avec Sandy et Madison.

La fillette sortit le collier offert par son géniteur aux dernières vacances. Le pendentif aiglon aux couleurs de Serdaigle scintillait. Sans vraiment savoir pourquoi, elle le gardait toujours dans la poche, sans jamais le mettre autour du cou. Était-ce un signe que son père lui manquait malgré tout, ou bien qu'elle ne lui ferait jamais le plaisir d'être celle qu'il voudrait ? Même elle ne connaissait pas la réponse.

Arya avait prévu d'écrire deux lettres : une à sa mère, et une à Alison. Elle préviendrait Sandy qu'elle ne partirait pas en tant voulu, lorsqu'elle la croiserait devant la salle commune de Serdaigle. Elle avait décidé de se forcer à écrire à sa mère, tout d'abord. Mais comment ? Quels mots utiliser pour ne pas se la mettre de dos ? Leur relation mère-fille était aussi fragile que ses compétences en cours de potions.

Autour d'elle, le calme de la bibliothèque ne parvenait pas à la calmer. Pourquoi, au milieu de tous ces livres ne se trouvait pas un ouvrage expliquant comment parler à ses parents sans créer de conflit ?

Lili était assise à une table, bien concentrée. Autour d'elle, on pouvait voir les piles de livres entassées et les feuilles de parchemins, représentant les devoirs qu'elle devait faire. Certains de ses professeurs avaient donné en avance les devoirs prévus pour les vacances, d'autres n'étaient que de simples devoirs.

Lili était là depuis deux bonnes heures, au moins. Elle voulait boucler tous ses devoirs avant de partir en vacances, car elle savait qu'elle irait aux États-unis, le pays où elle avait toujours voulu aller. Alors pour rien au monde, elle ne voulait avoir du travail à faire là-bas, son frère lui avait même promis de lui prêter un de ses appareils photo.

Cela n'allait être que pour une semaine mais elle voulait tour de même profiter. Ses parents avaient prévu le coup, ils n'y iraient pas en avion mais en portoloin, cela allait pouvoir leur faire gagner de précieuses heures, ce qui enchantait encore plus Lili.

Elle s'autorisa à relever la tête, il ne lui restait qu'un devoir de potions à faire. Elle aperçut Arya, une amie Gryffondor. Celle-ci semblait découragée devant ses parchemins. Lili tenta de lui faire un signe de la main, elle ne se voyait pas bouger toutes ses affaires jusqu'à sa table, il lui aurait fallut un déménageur.

Lili hésita à recommencer à lui faire signe, elle savait qu'elle avait encore du travail et ne voulait pas la déranger mais elle savait qu'elle pouvait et même devait s'autoriser une pause. Même son frère ne travaillait pas autant.

Elle insista donc et ses efforts semblaient ne pas avoir été vains.

Arya ne faisait pas attention au mouvement autour d'elle, jusqu'à ce qu'elle remarque celui répétitif à sa droite. Elle leva la tête et aperçut Lili, non loin de là, de l'autre côté de la même table qu'elle. Elle était entourée de dizaines de livres, presque cachée par ces derniers. La jeune Gryffondor sourit, avant de se demander la signification du signe de la main qu'elle lui faisait. Était-ce simplement pour la saluer, ou bien s'attendait-elle à ce qu'elle vienne la rejoindre ? Elle ne se questionna pas bien longtemps ; elle en avait marre d'essayer de comprendre les autres plutôt que d'écouter son instinct. Et puis, après tout, ce n'est pas en gardant ses yeux fixés sur son parchemin vierge que les mots allaient subitement arriver. Elle avait besoin d'inspiration, et pour cela, rien ne valait mieux que de se changer les idées.

Elle rassembla donc ses affaires, empila son parchemin, sa plume et son encrier sur son manuel de botanique, et rejoignit Lili près d'elle. Elle aussi semblait être penchée sur ses devoirs, et d'après ce qu'elle pouvait lire, c'était sur les potions. Pourquoi diable Lili était toujours accompagnée de potions ?

- C'est le devoir à faire pendant les vacances ? demanda-t-elle. On a encore le temps, pourquoi tu le fais maintenant ?

Arya, elle, allait certainement repousser le moment fatidique du devoir de potion jusqu'au dernier moment. Les autres matières ne lui poseraient pas de problème, mais il ne faisait aucun doute que pour celle-là, elle s'autoriserait à avoir une moins bonne note que sur les autres devoirs.

- J'aimerai bien t'aider, mais bon, tu connais mes compétences en potions... Elles sont, comment dire... quasiment inexistantes. J'espère que je ne te dérange pas, en passant.

Il ne manquerait plus que son amie arrête de travailler à cause d'elle ! Elle posa son manuel et son parchemin sur la table, gardant sa plume en main au cas où une subite idée d'excuse à fournir à sa mère lui viendrait à l'esprit.

Arya avait fini par voir les mouvements de Lili, et vint se mettre en face d'elle.

La remarque d'Arya fit sourire Lili, elle savait que les potions étaient loin d'être sa tasse de thé.

- Et bien, depuis quelques heures, j'essaie de finir tous les devoirs que j'ai car pendant les vacances, je pars aux États-unis ! J'ai toujours rêvé d'y aller, je n'ai jamais fait l'Amérique !

Aller aux États-unis pouvait sembler être un rêve pour beaucoup, mais Lili avait baigné là-dedans depuis petite. Sa mère y avait vécu quelques années et les lieux telles que les plages, les grandes places la faisaient rêver. Pour rien au monde, elle n'allait se laisser dire à ses parents : "Allez-y sans moi, mon devoir m'attend !". Non, non, pour une fois, depuis le début de l'année, elle allait laisser les cours de côté, elle ne faisait que travailler !

De plus, depuis petite, elle n'avait jamais vraiment quitté son pays natal, elle se souvenait à peine de son voyage en Toscane, elle n'avait que trois ans.

- Haha, pas de soucis, tu ne me déranges pas, sinon je n'aurais pas fait en sorte que tu viennes vers moi.

Lili enleva les livres qui étaient entre Arya et elle et le posa sur le côté. La situation était un peu ridicule, mais Lili s'en fichait.

Note à moi-même : prévoir une heure pour ranger tous ces livres.

- Au fait, tu semblais désespérée tout à l'heure, quelque chose ne va pas ? Je peux t'aider si tu ceux, ce devoir peut attendre, je ne mettrai pas longtemps à le faire.

Lili lui expliqua qu'elle faisait tous ses devoirs en avance pour pouvoir profiter de ses vacances aux États-Unis.

- Aux États-Unis ? Mais c'est génial ! Profite bien, et ramène-moi des photos !

Arya était admirative. Elle ne savait pas si un jour, elle aurait pu trouver toute la motivation nécessaire pour faire tout son travail d'un seul coup. Mais vu les paillettes dans les yeux de son amie, ce devait certainement être un vieux rêve qui se réalisait enfin. La jeune Gryffondor, elle, n'avait jamais vraiment rêvé de voyager. Découvrir le monde ne faisait pas parti de ses préoccupations. Elle était très attachée à l’Écosse où elle était née, mais n'aimait pas voyager si ce n'était pas pour la retrouver.

Lili fit glisser sa pile de livres pour mieux la voir, et Arya se demanda si elle les avait tous lu.

- Tu voudras que je t'aide à ranger tout ça, quand tu auras finis ? Ça m'a l'air sacrément lourd, dis donc.

La Serpentard lui demanda ensuite ce qu'elle faisait avant qu'elle ne la rejoigne.

- Oh, c'est rien, juste une lettre que je dois écrire à ma famille. Je dois les prévenir que je resterai à Poudlard pour les vacances de Pâques, je n'ai vraiment envie de rentrer pour le moment. Et puis, je veux voir à quoi ressemble le château lorsque la plupart des élèves sont partis. Ce doit être agréable, un peu plus de silence. Le problème, c'est que je sais pas trop comment annoncer ça...

Elle ne voulait pas embêter Lili avec ses petits soucis, surtout si elle était en train de travailler.

- Tu as déjà voyagé autre part ? Je veux dire, en dehors du Royaume-Unis, la questionna-t-elle, curieuse.

Sa sœur Alison lui parlait toujours des nombreux pays qu'elle visitait grâce à sa formation de magizoologie. Enfin, elle parlait surtout des animaux là-bas, alors Arya ne savait pas grand chose sur le reste.

- Promis ! Je te montrerai ! En plus, mon frère me prête un de ses appareils photo !

Lili avait toujours aimé la photographie, mais pas autant que son frère. Elle aimerait lui offrir un objectif un jour, elle lui devait bien ça avec tout ce qu'il avait fait pour elle.

Arya lui proposa son aide pour ranfer les livres, ce à quoi Lili répondit par la positive. Ça ira plus vite ! En général, elle préférait faire les choses seule mais là, de l aide est la bienvenue.

- Oui, je suis allée chercher les livres un par un mais vu que je suis ici depuis quelques temps, ça s'est vite empilé...

La jeune Serpentard comprit comment Arya se sentait quand elle lui en expliqua la raison :

- Je comprends, j'aimerais bien rester ici une fois aussi, mais je pense que ce sera pour l'année prochaine ! Tu veux que je t'aide à écrire ?

C'était toujours un plaisir pour Lili d'aider les autres, surtout si elle les considère comme ses amis. Arya est une fille plutôt solitaire et Lili était contente d'avoir pu se rapprocher d'elle.

- Et bien, j'aimerais voyager, découvrir de nouveaux pays mais je n'ai pratiquement pas quitté Colchester. On allait quelques fois à Londres, mais c'était plus ou moins tout. J'aime beaucoup la maison familiale et j'aime bien y rester mais quelques fois, changer peut faire du bien. La seule fois où j'ai voyagé, c'était en Toscane, mais je n'avais que trois ans, alors je n'ai que très peu de souvenirs.. j'aimerais bien y retourner !

Et toi ?

Arya prit le premier livre de sa pile puisqu’apparemment, elle ne s'en servait pas. D'après les diverses titres indiqués sur les tranches, Lili avait raison, elle faisait vraiment tous ses devoirs, sans faire d'impasse. La fillette ouvrit le manuel et le feuilleta rapidement, se remémorant par la même occasion son emplacement initial dans les rayons de la bibliothèque, pour quand elles se mettraient à les ranger.

Quand Lili lui proposa de l'aide pour sa lettre, Arya hésita :

- Ça dépend, est-ce que tu sais annoncer à une mère que son dernier enfant n'a aucune envie de la voir, tout en restant assez respectueuse pour qu'elle ne traite pas sa benjamine en animal la prochaine fois qu'elle rentrera ?

Elle ponctua sa longue phrase d'un petit éclat de rire, pas trop fort pour ne pas déranger le calme de la bibliothèque. Lorsque Lili lui demanda à son tour les endroit où elle était déjà allée, elle réfléchit rapidement aux vacances qu'elle avait pu passer avec sa famille.

- Si je me souviens bien, on se rendait souvent en Écosse pour revoir notre terre natale lorsque j'étais petite. Même si on allait toujours au même endroit, c'était comme des vacances pour nous. Mais à partir de mes 8 ans, on a arrêté de partir. Déjà, ça devenait compliqué avec mes sœurs les plus vieilles qui avaient déjà quitté la maison d'organiser quelque chose, et mon père ne voulait pas quitter sa boutique. Et puis, généralement, les vacances sont synonymes de désaccord entre mes parents. Ma mère préfère les visites moldues, mais mon père veut toujours nous montrer le côté sorcier. Alors après réflexion, c'est peut-être mieux qu'on ne parte plus. Enfin, désolée, je t'ai un peu raconté ma vie. C'est comment, Colchester ? Il me semble que ce n'est pas si loin de Dover, non ? Dans les environs de 200 km, je crois.

Lili comprit assez vite que dans la famille d'Arya, ce n'était pas trop la joie. Elle n'avait jamais vécu de moments comme son amie semblait évoquer et se rendait bien compte à quel point elle était chanceuse.

- J'avoue que ça, je n'ai jamais fait mais je veux bien essayer ! Si on met les formes, ça devrait passer..

Lili éclata de rire à son tour.

La jeune Serpentard écouta la réponse d'Arya.

- Je vois, ça doit pas être facile.. désolée pour toi.. ça ne me dérange pas que tu m'en parles, n'hésite pas

- Ah oui ? Je n'en ai aucune idée, ce serait drôle de se voir un jour, en dehors de Poudlard je veux dire. Tu pourrais même passer chez nous !

Lili se dit qu'elle pourrait venir à la maison quelques temps, cela lui ferait du bien mais elle ne pouvait pas le décider, c'était une conversation à avoir entre adultes.

- Colchester.. et bien.. c'est assez grand et moderne, il y a bien plus de famille moldues que de sorciers mais ce n'était pas le cas quand mes grands-parents paternels ont fait construire la maison. Je je pense pas qu'ils l'auraient fait avec de telles circonstances..

Sinon Dover, c'est comment ?

Jusque lors, Lili et Arya avaient échangé des choses sur elles de base ou encore sur les cours. Lili était contente de voir qu'Arya parlait d'elle sans trop de problème, du moins c'est comme ça que Lili le ressentait.

Arya n'avait pas pour habitude de déballer sa vie comme ça, mais quand elle était avec Lili, elle était en confiance et lâchait ses protections habituelles.

- Pourquoi pas ? Moi de toute façon je n'arrive à rien. Alors, comme première phrase, qu'est-ce qui passerait le mieux ? Chère maman ? Bonjour maman ? Coucou maman ? Ou rien du tout, je peux aussi seulement mettre la date et commencer la lettre directement...

Elle n'avait encore jamais écris de hibou à sa mère. Déjà, elle ne savait pas si elle saurait quoi faire une fois le hibou arrivé. Elle en avait certes déjà vu, mais est-ce qu'elle prendra l'initiative elle-même de prendre la lettre ? Dans le pire des cas, Sandy et Madison lui diront en rentrant, mais il valait mieux qu'elle l'apprenne d'Arya.

- Ne t'inquiète pas. Ça paraît pas génial dit comme ça, mais en vérité tout va bien.

Ou du moins, c'était ce qu'elle tentait de se persuader. Elle ignorait si ce qu'il se passait chez elle se passait aussi couramment chez les autres familles.
Quand Lili observa qu'il serait amusant qu'elle passe chez elle, un sourire fleurit sur les lèvres de la Gryffondor.

- Ce serait drôle oui, confirma-t-elle. Je ne pense pas que ma mère accepterait de m'y emmener, mais il me semble qu'il y a des bus moldus qui peuvent faire le trajet. Sinon, Dover, c'est très beau. En quittant l’Écosse, mon père a voulu choisir un endroit qui y ressemblait un minimum, alors c'est presque comme si on avait pas changé de paysage. Mais le meilleur point, c'est que les voisins ne viennent pas t'embêter, vu que notre maison est éloignée des autres. Et ça, c'est génial. On peut faire de la magie dans le jardin, les moldus ne le verront jamais.

C'était toujours plus agréable pour Arya de pouvoir grimper aux arbres de son jardin sans avoir peur des regards indiscrets autour d'elle. D'après elle, c'était l'essentiel.

- Au fait, est-ce que tu t'en sors en Histoire de la magie ?

Lili mettait facilement les gens à l'aise, et cela ne la déplaisait pas,car elle pouvait en apprendre plus sur les autres. Il était bien rare qu'elle le fasse de son côté...

- Je pense que Coucou maman serait bien, enfin, même si ça ne va pas trop entre vous deux, je ne vois pas un "Chère maman" ou un "Bonjour maman"...

Lili avait déjà eu l'occasion d'écrire à sa famille tout au long de l'année mais cela s'était fait plutôt naturellement. Sûrement parce qu'elle s'entendait bien avec elle et qu'elle avait l'habitude d'écrire.

- Tu es sûre ? Je ne veux pas insister mais si tu veux plus m'en parler, n'hésite pas.

Lili ne voulait pas qu'Arya se renferme sur elle en minimisant la chose, elle se rendait bien compte comment ça pouvait faire mal..

- Oui je comprends, un jour on pourra peut-être organiser ça. Nous avons aussi un grand jardin, avec un grand arbre, comme celui du parc, selon mon frère, je n'y ai pas fait attention.

Arya se tourna vers l'histoire de la magie, ce à quoi Lili répondit avec joie :

- Et bien, grâce à tes fiches, j'y arrive de mieux en mieux ! Encore merci, d'ailleurs ! En plus, c'est le premier devoir que j'ai fait. J'ai un peu galéré au début mais j'ai fini par y arriver !

Lili était lui était très reconnaissante car elle voulait vraiment aimer cette matière mais avait un peu de mal à accrocher.

- Et toi ? Les potions ? Tu as réussi à en faire une depuis ?

Lili ne se moquait pas d'Arya, elle espérait vraiment que la Gryffondor lui réponde par la positive.