Je ne connaissais vaguement que deux des titres qu'elle me proposait et certains termes me mélangeait, mais son enthousiasme était palpable. Anime, manga, Otaku, tout s’emmêlait dans mon esprit sans que j'ose couper la parole à Emy. Un hochement de tête intéressé par-ci par-là tenait lieu de mes seules réponses. Elle avait piqué ma curiosité et je buvais chacune de ses parole. Je me sentais tel un novice devant son maître. 

Sa proposition de lire des articles au sujet du Japon fut aussitôt noté. Je m'intéressait à tous ce qui avait attrait de près ou de loin à l'histoire. Quoique j'avais quelques périodes favorites un peu plus de connaissances sur le sujet me faisait déjà baver. Les journaux qu'elle me fourra dans les mains furent rapidement, mais précieusement glisser dans mon sac.  Je m'y attaquerait dès que j'aurais fini mes recherche sur la magie au Canada.  À peine me relevais-je pour lui rendre son sourire, qu'elle-même se retrouvait la tête plongée dans son sac. Elle me tendit alors plusieurs livres avant de continuer.
 
- Lis-les, Nii-san, tu vas adorer ! je te promets. Tu ressembles d'ailleurs beaucoup à un des personnages de mangas. Et puis, surtout avec tes yeux qui ont l'air violets, tu pourrais faire partie de My Hero Academia. Ah oui ! j'allais oublier de te donner...

Elle me brandit un nouveau roman par la tête. Celui-ci j'eus le temps d'examiner la couverture un instant avant de le fourrer dans mon sac déjà remplis à craquer. «Mary Grave», ce titre semblait intéressant. J'avais hâte de plonger dans toutes ces nouvelles aventures. Ses mots s'enregistrèrent enfin. Nii-san? Et je ressemblait à un personnage? avant même que je puisse lui poser la question, elle me coupa:

- Gomenasai... je crois que j'en fais un peu trop...t'es pas obligé de les lire ces mangas...j'étais juste un peu trop heureuse.

Son joli sourire avait disparu. Ne sachant trop ce qu'elle voulait dire, je reprit aussitôt:
 
- Oh? C'est correct. Ça me ferait plaisir de les lire tu sais. Et pis, tu m'as enduré pendant que je parlait de hockey... Pas que tu ne sois pas intéressante et que je doive t'endurer. C'est même super cool! j'aimerais bien savoir ce que veulent dire tous ces mots: Nii-san, otaku et tout ça. Et j'aimerais bien savoir à qui je ressemble aussi! 

Hehe, je voyais bien que j'avait attirer son attention... Mais cette joie n'allais pas durer parce que...
- Nii-san ? C'est comme ça que j'appelais mon frère...et tu lui ressemblais...donc je confonds quelque fois. Gomenasai ! Je vais faire attention à partir de maintenant. 
Les larmes au yeux, je fis un faible sourire.
- Je vais tout t'expliquer, sinon tu ne vas rien comprendre. 
Je plantais mes yeux dans les siens et je lui fis un regard faible. J'avais perdu toute mon énergie, et je ne pouvais pas faire ces regards qui mettent en confiance tout le monde. 
- Il y a 2 ans, mon frère est mort dans un accident de voiture. Ma mère et moi avons survécu, mais mon frère est mort sur le coup. Il adorait les mangas et les animes alors je lui ai pris tous ces mangas. Je les ai lus et j'ai adoré. J'en ai acheté d'autres...et je les ai tous adorés. Tu lui ressemble tellement...
Je dis ça avec un faible sourire. Je ne pouvais plus résister à l'envie de le prendre dans mes bras. Je m'étais retenue depuis la première fois que je l'avais vu. Je ne pouvais pas résister encore. "Non Emy, il va reculer et s'enfuir, comme dans les toilettes abandonnées..." Je me mis à pleurer comme une cascade et je me jetais dans ses bras. "Mince ! Tant pis, je l'ai fais et puis tant pis si je me ridiculise." Cela m'a fait le plus grand bien et je ne le lâcherais pas...

Nii-san, grand frère. Je sourit un peu à l'idée. Doucement, des images d'Alfred se succédait devant mes yeux. Je sourit bêtement lorsqu'elle avoua ma propre ressemblance avec son frère. Elle redit encore ce même mot, Gomenasai. Avec le contexte, c'était facile de deviner sa signification. Les larmes qui pointait à ses yeux me firent perdre mon sourire. 

« Non, ça va. Si c'est trop dur, je peux attendre» , avais-je l'envie de lui répondre. Son regard plongea dans le mien. Même si faible, j'étais comme hypnotysé, je ne pouvais rien faire autre qu'écouter attentivement sa confidence.

- Il y a 2 ans, mon frère est mort dans un accident de voiture. Ma mère et moi avons survécu, mais mon frère est mort sur le coup. Il adorait les mangas et les animes alors je lui ai pris tous ces mangas. Je les ai lus et j'ai adoré. J'en ai acheté d'autres...et je les ai tous adorés. Tu lui ressemble tellement...

Ses larmes commençaient à couler. Les miennes n’étaient pas loin. Je ne savais pas quoi faire. La seule façon que je connaissais pour consoler quelqu’un était de leur laisser leur espace. Peut-être pas la meilleur option puisque la situation différait complètement.

Ses larmes commençaient à couler. Les miennes n’étaient pas loin. Je ne savais pas quoi faire. La seule façon que je connaissais pour consoler quelqu’un était de leur laisser leur espace. Peut-être pas la meilleur option puisque la situation différait complètement.

Elle se tira dans mes bras, ses larmes glissant librement. Je la serrais en retour. Si j’avais mes doutes sur la meilleure façon de la consoler, elle m’avait répondu. Je la resserrais encore plus, espérant mon étreinte chaleureuse.  Je voulais la rassurer, mais j’avais une expérience des mots vide de sens cherchant à rassurer. «Tout ira bien.», « Ça va bien aller». Rien de tout ça n'était vrai et je ne savais quoi dire. 

- Ne t’inquiète pas, je suis là. Tu es forte, répétais-je en boucle en lui frottant le dos.

Elle murmura contre mon torse une phrase inintelligible. Ressentant son malaise, je serrais mon étreinte autour de son corps. Ses mots de plus en plus clair reflétaient une situation qui m'était inconnue. Elle semblait être retournée dans son souvenir, déversant toutes ses larmes sur moi. Des qualités que je devinaient être celles de son défunt frère. Je laissais ma voix enterrer ses pleurs. Je ne voulais pas que la bibliothécaire ne nous découvre dans une situation aussi vulnérable. 

Après un dernier appel qui résonna beaucoup plus dans ma tête que dans mes oreilles, elle se rétracta. Ayant finalement compris tout les moments de ces dernières minutes, je reculais de quelques pas moi aussi. Mes mains s'enroulaient dans mes robes. Ses larmes coulaient encore, mais elle m'annonça après un temps :

-Matthew... Je ne sais pas ce qui m'arrive, mais... Je crois que je suis amoureuse de toi.

Son annonce me fit perdre toutes traces de timidité. La bouche grande ouverte, je ne savais quoi répondre. Amoureuse, comme dans petit copain?  Étais-je prêt à cela? Non pas vraiment. J'ouvrais puis refermais ma bouche une bonne dizaine de fois. Que pouvais-je lui répondre? Je ne voulais pas heurté ses sentiments. Peut-être plus tard, qui sait, mais pas maintenant. J'étais bien à l'aise avec elle, mais je ne crois pas que j'étais prêt pour cela.

- Oh... Euh... Je ne sais pas trop quoi dire. Pas que je ne t'aime pas! Je te trouve même très jolie, mais... Peut-être plus une amitié pour le moment. Peut-être plus tard? Je ne voudrais pas te blesser tu vois. Désolé. Je te vois plus comme euh comme... une sœur.

Les derniers mots étaient complètement sorti tous seuls et je ne savais pas comment les rattraper.

Toute ma tristesse s'était envolée, j'étais même joyeuse.
- Hahaha ! Je savais bien que tu allais répondre ça. Ça se voit dans tes yeux.
Oui, ça se voyait dans ses yeux. Il les avaient grands ouverts et ses pupilles étaient dilatées.
- Mais ne t'inquiète pas, je ne me vexe pas. C'est juste que...c'est la première fois que je suis amie avec quelqu'un et je ne sais pas comment réagir exactement. Je te demande pardon de m'être montrée aussi brusque. Et puis, je suis contente parce que je voulais voir comment tu allais réagir...haha ! Désolée... C'est la première fois qu'on me fait un compliment aussi. Vraiment désolée de m'être comportée comme ça. Je n'aurais pas dû. Et de toute façon, je te vois comme un frère. Ça va être un peu dur mais je n'ai pas le choix. 
Ces mots étaient sortis de ma bouche tous seuls. J'étais amoureuse de lui, parce qu'il était très gentil et avait peut-être un caractère comparable au mien. Enfin, juste si on enlevait le fait que je devenais agressive et psychopate avant chacune de mes crises d'épilepsie ou quand je me sentais menacée. 
- Je suis d'accord de te considérer comme un frère. Mais... Je ne t'ai pas tout dis... Je ne suis pas une simple lectrice de mangas innocente... 
J'étais cette fille si folle et si heureuse...si psychopate et si agressive... Je ne me rendis même pas compte que j'avais parler à voix haute. C'est bon. Il ne voudra plus jamais me parler.

J'attendais avec prudence sa réponse, mais celle-ci ne tardait pas. Elle rit puis me dit avoir attendue ma réponse. Je soupirais d'un coup. Je ne voulais pas perdre cette amitié avant même qu'elle n'ait commencée. 

Elle se mit à radoter, m'expliquant sans que je le comprennent vraiment des excuses. Elle n'avait pas à s'excuser pour cela, pas à moi en tout cas. Je n'étais pas du genre à me mettre en colère pour cela, pas lorsque j'étais en cause. Cependant, son aveux de premier compliment me surpris. Était-ce vraiment la première qu'on la complimentait. Je me mit en tête de la complimenter toutes les fois que je la verrais. Ça ne serait pas bien compliqué.

-Je suis d'accord de te considérer comme un frère. Mais... Je ne t'ai pas tout dis... Je ne suis pas une simple lectrice de mangas innocente... J'étais cette fille si folle et si heureuse...si psychopate et si agressive...

J'étais content qu'elle me considère comme un frère puisque c'était mon sentiment à son égard. Cependant le temps après sa première déclaration, fut remplis de théorie ou de doute. La phrase suivante, quoique dite plus pour elle-même,  me fit prendre un pas de recule. Je me rapprochais aussitôt. Je pris la parole:

- On se connait qu'un tout petit peu mais je m'en fout. C'est pas bien que tu ais une telle opinion . Je vais être ton ami pareil. Mon grand frère me dit tout le temps que c’est avec les gens les plus fou qu’on as le plus de plaisir.

Il finit le tout avec un grand sourire et une main tendue.

Ma bouche s'ouvrit grand et au lieu de prendre la main qu'il m'avait tendue, je le pris dans mes bras et je le serrai tellement fort que je crus que je lui avait cassé quelque chose. C'était la première fois que quelqu'un m'acceptais comme j'étais. Avant, j'avais la réputation de "la folle au grand-frère mort" ou encore "celle qui faisait des crises d'épilepsie en classe". IL avait changé ma façon de me voir moi-même. Il avait accepté ma demande d'amitié. Il ne m'a pas pris pour une folle hystérique. Il ne s'est pas enfui devant mon grand sourire. Il n'a rien fait de tout ça. Il est resté discuter avec moi. Il m'a offert mon premier compliment. Un compliment, moi ? Je n'aurais jamais pensé que cela aurait été possible. Ma mère me répétait tout le temps que j'étais quelqu'un de fort. Que j'étais jolie. Mais je n'y croyais pas. Grâce à Matthew, j'ai pu y croire. Je lui devais beaucoup. Il m'a répété lui-même que j'étais forte. Non, ça je n'y croirais pas. Je me venge de ceux qui me font du mal. Je suis incapable de leur pardonner. Mais de toute façon quelle importance devais-je y accorder maintenant ? Personne ne m'avait rien fait. 
- Merci Matthew. Je te dois beaucoup. Tu m'as...sortie de ma coquille on va dire. Tu m'as fais réaliser qui j'étais. 
Je lui fis un grand sourire. Un très grand sourire. Il le méritait.

Ma main offerte fut rejetée en l'honneur d'un câlin. Surpris sur le moment par la force de son étreinte, je pris un moment avant de l'encercler de mes bras. Plus le câlin s'allongeait, moins j'arrivais à respirer, Je croyais même avoir entendu craquer quelques côtes. Cependant, je ne me dérobais pas d'Emy.   

- Merci Matthew. Je te dois beaucoup. Tu m'as...sortie de ma coquille on va dire. Tu m'as fais réaliser qui j'étais.  

Elle me sourit et à ce moment, j'étais plus qu'heureux. Ma toute première amie dans le monde des sorcier. J'étais aussi bouleversé qu'elle aussi. Moi faire sortir quelqu'un de sa coquille. J'étais la description même de timide, réservé et même effacé. Je préférais suivre le courant contrairement à ce que je percevais d'Emy. J'écoutais autour de moi au lieu de foncer. Le fait de l'avoir aider me bouleversait autant qu'il me faisait chaud au cœur.

- Oh... Ça fait plaisir... De t'avoir aider comme ça. Je ne pense pas avoir fait grand chose cependant.

Je ris nerveusement en passant ma main dans mes cheveux. Sans que j''ai pu les empêcher, des mots s'écoulèrent de ma bouche.

-Comment était ton frère? Si ce n'est pas trop dur, voulant me rattraper, je m'empressait de donner de ma propre histoire familiale, j'ai un grand frère, une grande sœur, un petit frère et euh... deux papas.

Mes derniers mots étaient tout faible comparés au reste de ma phrase.      

Les deux derniers mots qui sortirent de sa bouche furent si faibles...Deux papas...Cela voulait dire alors que... Oh ! je venais de comprendre.
- Ah euh... ça ne me dérange pas, tu sais... en fait, on s'en fiche un peu de mon avis, non ? Je trouve que c'est totalement normal et d'ailleurs je n'ai pas en faire tout un plat dessus. Tu n'as pas à être gêné pour si peu. 
C'est vrai. Je comprenais totalement cette sensation. Cette sensation de gêne quand on annonçait avoir deux mères ou deux pères. Je n'étais absolument pas contre. Je faisais même partie de cette communauté LGBT. Dans le sens où je les soutenais. Et ou je prenais la place du B. Oui, il m'étais arrivé de tomber amoureuse d'une de mes camarades de classe. 
- Mon grand-frère ? Il était super ! Il me donnait tout le temps sa part de gâteau, il me lisait des histoires quand j'étais petite. Il s'appelait Ryûzaki. Ma mère l'avait appelé comme ça parce que elle adorait la culture japonaise. Je pense que c'est de là que je tiens mon amour pour les mangas. J'ai une soeur aussi, plus petite que moi qui va entrer à Poudlard l'année prochaine. Elle s'appelle Aimée. 
Je souris en repensant à elle, sautillant devant moi pendant que j'ouvrais la lettre d'admission. 
- Ma mère était très gentille avec chacun de nous trois. Mais... mon père, mon oncle et ma tante sont morts il y a 5 ans... je ne me rappelle pas très bien de chacun, mais je sais qu'ils étaient merveilleux. Mes 4 grands-parents sont morts aussi il y a longtemps. Il ne reste plus que ma mère et sa soeur dans la famille. Si je ne me compte pas, moi et ma soeur. 
Je réalisais que je venais de déballer toute ma vie. Toute ma vie. Celle peuplée de démons. Celle qui ne m'a jamais plu, celle où ma seule raison de vivre était ma soeur et mon frère. Mon frère qui était mort. Donc il ne restait plus que ce bout de chou "trop kawaii" comme j'aimais le dire. Je souris. Ensuite je me mis à rire. Un rire énorme. Je riais à gorge déployée.