- Octobre 2044 -
- RPG+ -
- Privé @Deamon Bellartis -

Fin des cours. L'année dernière, cela rimait avec liberté (même si, je vous l'accorde "our" et "é" ne riment pas, c'est une expression), avec sortie dans le parc ou dodo dans le dortoir. Cette année, c'était un peu différent. Plus compliqué. A présent que je n'étais plus un petit première année que les professeurs épargnaient pour ma tête de gamin innocent, j'avais énormément plus de devoirs. Je ne dirais pas que je croulais sous les devoirs parce que ça aurait été un mensonge et mon nez se serait allongé, mais j'avais nettement plus de choses à faire à la fin des cours. Je ne pouvais plus être en paix deux heures avant de dîner et de me coucher. Je devais faire mes devoirs. En fait, "faire mes devoirs" signifie plutôt "mettre mes affaires de cours devant moi et loucher sur la consigne pendant une heure, histoire que Taylor et Athéna ne me tombent pas dessus en me parlant de mes résultats scolaires médiocres". Mais voilà, j'étais tout de même moins libre qu'avant.

La seconde chose qui avait beaucoup changé au niveau scolaire, depuis l'année dernière, était que je n'évitais plus autant la bibliothèque. Certes, je la détestais toujours car ce lieu me donnait la chair de poules avec tous ces bouquins entassés, mais je m'y rendais plus souvent qu'avant. La bibliothécaire était assez jolie - c'était aussi ça qui me convainquait de venir - et les livres, malgré la terreur qu'ils m'inspiraient, recelaient d'informations en tout genre et m'aidait beaucoup dans mon travail. Par contre, il y avait une chose que je faisais absolument tout le temps avant de me rendre à la bibliothèque : je demandais à quelqu'un de m'accompagner. C'était stupide et ça faisait gamin, mais j'étais assez trouillard quand il s'agissait d'étudier. Je trouvais toujours le moyen de convaincre Taylor, Athéna, Isaac ou même d'autres de mes camarades comme Gabryel ou Lexie de m'accompagner sous divers prétextes. Je n'avais jamais osé avouer que j'avais la frousse de me promener seul dans les dédales d'étagères et de bibliothèques.

Ce soir-là n'échappa pas aux règles, et j'avais un devoir en sortilège et un autre en histoire de la magie. Autant dire que j'allais passer la soirée à farfouiller dans les livres à la recherche de réponses à recopier sur ma copie. Malheureusement, mes amis semblaient s'être volatilisés à la fin de notre derniers cours. Je errais donc dans les couloirs, cherchant un visage familier qui pourrait m'accompagner dans l'antre des Démons Livres. Tandis que je descendais les escaliers menant au premier étage, j'aperçus la frimousse de Deamon parmi celle d'autres élèves. Me précipitant vers mon ami, je criais :

"Eh, Dee !"

Bousculant quelques élèves mécontents, j'arrivais à côté de Deamon. Reprenant mon souffle, je demandais en espérant que la réponse de mon ami soit affirmative :

"Tu viens avec moi à la biblio ? On pourra faire la rédac d'HdM ensemble..."

Il ne savait pas vraiment quoi faire. Son anniversaire avait eu lieu quelques temps plus tôt et l'euphorie d'avoir eu enfin 13 ans était retombée, et il s'ennuyait ferme. Katherine était allée il ne savait où et il n'arrivait pas à mettre la main sur ses autres amis. À croire qu'ils avaient tous disparus. Il vagabonda dans le couloir, sifflotant, tournoyant comme un gamin. Se rappela à l'ordre. Mieux valait éviter de se décoiffer encore un fois. Il avait passé dix minutes à essayer d'applatir ses mèches rebelles, ce n'était pas pour que tout son travail soit réduit à néant ! Pas envie de tout recommencer ! Quoique ça lui parmettrait de passer le temps. Il rit tout seul. Non, ce n'était vraiment pas un passe-temps. Une corvée, oui ! Si il n'avait pas autant l'air d'un épouvantail quand il était décoiffé, il ne toucherait sous aucun prétexte à sa tignasse rebelle. Enfin... ce n'était quand même pas la mer à boire.

Il sortit de ses pensées en entendant une voix familière l'interpeller. Il releva la tête aussitôt. Ulysse ! Enfin une tête connue ! Il lui sourit de toutes ses dents, heureux de le revoir. Son ami bouscula quelques personnes pour le rejoindre, ce qui le fit rigoler. Ce qu'il lui dit ensuite... un peu moins. Les devoirs, surtout l'HdM... Quelle horreur ! Il grimaça. La voilà, ton occupation, s'amusa son esprit. Très drôle... Il tourna la tête dans les tous les sens en quête d'un échapatoire. Bien entendu, il n'en trouva pas plus maintenant qu'une minute plus tôt. Il soupira. Super.

-Le devoir d'Hdm ? Oui, j'avais l'itention de le faire jamais...enfin demain, bafouilla-t-il. M'enfin... Je peux le faire tout de suite aussi. Pas de problème.

Il ne pouvait pas dire non. Après tout, c'était son pote. Et il n'avait aucune raison valable pour décliner la proposition. Dommage. Il se gratta la tête. Se rappella trop tard à l'ordre. Et voilà, c'était fichu ! Ses cheveux étaient carrément en pétard, maintenant. Il ne tenta pas d'aplatir, sachant que ça ne servirait à rien, sinon à l'énerver. Il aurait dû acheter du gel dans un de ces magasins moldus. Il avait l'air bizarre avec, mais au moins ça lui aurait permis de dompter... cette chose qui lui servait de tignasse. Une véritable catastrophe capillaire.
Il s'efforça de sourire à Ulysse. Il regrettait que Katherine ne soit pas là. Elle aurait mis l'ambiance, avec son caractère. Quoique... elle avait changé. Donc non, ça n'aurait pas forcément aidé. Mais au moins sa présence aurait-elle pu apporter un peu de joie en lui. Et ça l'aurait empe^ché de se concentrer, vu qu'il aurait passé son temps à lui faire les yeux doux. Génial.

-Il parle de quoi déjà, ce devoir ? demanda-t-il soudain en revenant à lui.

Lui et sa mémoire de poisson rouge...

Mille excuses pour le retard !

Je vis la tête de mon ami se tourner vers moi, et son regard s'illuminer un bref instant avant de prendre une mimique dépitée. Il ne semblait pas ravi que je lui parle de faire des devoirs, et je le comprenais. Moi aussi, à sa place, j'aurai cherché une excuse bidon pour échapper à la séance révision bien lourde, même si elle se déroulait en compagnie d'un ami. Deamon sembla chercher quelques secondes une échappatoire à ma question, ce qui me fit me sentir honteux : je ne voulais pas le traîner de force simplement parce que j'avais une peur bleue et incontrôlable de la bibliothèque ! Enfin, il me déclara qu'il avait l'intention de faire le devoir demain, mais que ça ne le dérangeait pas aujourd'hui. Je poussais un petit soupir de soulagement : je ne serais pas seul. Et puis, on pourrait discuter de plein de choses et oublier de faire ce fichu devoir, non ?

Comme nous bloquions la moitié des escaliers en discutant, un élève de cinquième année me poussa violemment, me catapultant contre la rampe. Celle-ci rentra dans mon ventre et me coupa le souffle. Je poussais un grognement étouffé en me remettant d'aplomb. Je voulus apostropher l'élève qui m'avait sauvagement bousculé, mais il avait déjà disparu dans le flot de têtes de mes camarades. Je serrais les dents, me frottant le ventre pour apaiser la douleur sourde qui y régnait. Puis je me reconcentrais sur la conversation, essayant de me prouver que je n'étais pas une mauviette et que je n'avais pas mal au ventre. Mais c'était compliqué.

"Il parle de quoi, déjà, ce devoir ?" demanda Deamon.

Je fronçais les sourcils. Je ne m'en rappelais même plus, sachant seulement qu'il était à rendre pour bientôt et que, par conséquent, si je voulais avoir une note supérieure à un Désolant je devrais le faire. Haussant les épaules, je répondis vaguement :

"Aucune idée, on verra à la biblio. En attendant, on y va ?"

Sans attendre la réponse de mon ami, j'empoignais son avant-bras et l'entraînais au bas des escaliers. Je n'en pouvais plus d'être bousculer par cette foule d'élèves violents qui ne savaient pas que se prendre une barrière dans le ventre faisait mal, ni que bousculer devrait être banni par la loi. On devrait même décapiter ceux qui s'amusaient à bousculer les gens, même, pour les punir d'avoir fait mal aux "victimes". Tout à mes plans de punition pour les bousculeurs (je devenais de plus en plus semblable à Rusard, et cela me traumatisait), je ne me rendis à peine compte que je traînais Deamon vers la bibliothèque. Arrivé à l'intérieur de celle-ci, je ressentis le frisson habituel me parcourir l'échine, mais n'y prêtais pas attention.

Je remarquais une table encore libre, où je m'y installais. Sans même prendre la peine d'ouvrir mon sac, je demandais à mon ami :

"Sinon, quoi d'neuf dans ta vie, mec ?"