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17 nov. 2019, 20:15
Mon pays des merveilles  Solo 
➢ 29 décembre 2026


Cette fois je ne suis pas la première arrivée. Elle est là, à notre table, à sa place. Je n'ai pas peur de m'installer en face d'elle et de sortir mes affaires très sûre de moi. Une fois un livre devant les yeux en guise de prétexte, je me permets de la regarder un peu. Ce ne sont que quelques secondes, mais elles suffisent à tout changer.

"Tu lis souvent à l'envers ?"

Elle me parle ?! J'avais déjà entendu sa voix, la première fois, mais n'y avait pas prêté attention. Elle est relativement grave, mais son ton est doux et emprunt de malice. Tout ce que je trouve à répondre c'est "Hein ?

- Ton livre..."

Oui mon livre, qu'est-ce qu'il a ? Oh...j'ai saisi... Je remets le livre en question à l'endroit, rouge de honte. Comment ai-je pu ne pas m'en rendre compte ? Si je ne trouve rien à lui répondre elle va croire que je ne veux pas parler, mais je n'ai aucune idée de ce que je pourrais lui dire. Je finis par opter pour de la mauvaise foi : "C'est juste une image qui était plus jolie de cet angle de vue..."

Elle rit ! J'ai l'impression d'avoir gagné à la loterie. Bon, elle se moque probablement de moi mais c'est un début. Je lui souris, consciente de l'absurdité de mon excuse. Elle ne relève pas et poursuit la conversation l'air de rien : "Je m'appelle Alice.

- C'est un joli prénom."


Attendez j'ai dit ça moi ? Mais quelle cruche, elle s'attendait certainement à ce que je donne le mien en retours ! Et elle rit encore. Cette fois c'est sur elle rit de moi : "Un problème ? lui dis-je pour faire comprendre que je n'aime pas qu'on se paie ma tronche.

- Aucun, tu me fais rire. Comment t'appelles-tu ?"

C'est incroyable d'être doux à ce point quand on parle... Je crois bien que je ne pourrais jamais m'énerver si elle garde ce ton-là : "Naomi...

- C'est un tout aussi joli prénom."


Je sens une chaleur agréable se diffuser de mes poumons jusque dans mes joues. Ce ne sont pas Bethany et sa bande qui m'auraient dit ça... Elle est gentille. C'est un bon point parce que je ne connais pas grand monde qui soit vraiment gentil.

Après cette altercation nous n'avons plus prononcé un mot, mais ça n'avait rien de gênant. De toute manière j'aime mieux me taire plutôt que de continuer à dire des bêtises. Mais juste avant de partir, pendant qu'elle rangeait ses affaires, elle a dit : "à demain" et depuis ces deux mots résonnent dans ma tête comme une promesse.

"Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme." Desproges

18 nov. 2019, 20:17
Mon pays des merveilles  Solo 
➢ 30 décembre 2026

Alice, Alice, Alice...

Quand on répète plusieurs fois le même nom, le même mot, il commence à sonner étrangement, il nous fait nous demander pourquoi on a choisi ces sonorités pour désigner une telle chose plutôt que d'autres. Mais ce prénom-là, Alice, sonne juste comme une musique. Je n'ai pas à me demander "pourquoi ces sons-là ?" parce que l'évidence s'impose à moi : ce sont simplement les sons les plus parfaits qui soient une fois mis ensemble.

Alice, Alice, Alice...

Répétez trois fois son nom et elle apparaîtra. Mais j'ai l'impression de le répéter depuis des heures... mon cerveau est en mode boucle et il m'est incapable de m'en sortir. Elle est mon Leitmotiv : Alice.

Trente minutes plus tard, Alice arrive enfin. J'ai eu le temps de trouver toutes les rîmes qui me passaient par la tête ; délice, calice, malice, réglisse, syphilis, artifice, petit-fils, cuisse... Je me demande comment sont ces cuisses... Mais quelle drôle de pensée. Qu'est-ce qui ne va pas chez-moi ? C'est pas possible, on m'a jeté un sort, je ne vois pas d'autre solution !

Je la regarde s'asseoir et lui sourit. Dire que je suis ravie serait un euphémisme. Je vois qu'elle sort de son sac un livre d'histoire de la magie, matière sur laquelle je travaille depuis un long moment. L'idée de lui adresser la parole est tentante... Finalement je me décide à le faire : "Si tu veux de l'aide pour l'histoire de la magie j'ai presque terminé les devoirs à faire pour la rentrée alors...

- Oh, c'est gentil ! J'avoue que le sujet ne me passionne pas particulièrement... Ce n'est pas que je n'aime pas l'Histoire de la magie, mais je trouve qu'on approfondit trop certains sujets pas forcément passionnants.

- Et l'on ne fait que parler du passé sans aborder des thématiques actuelles...

- Exactement !"

Elle me sourit, je lui souris, un nouveau bruit vient interrompre nos échanges de regards.
Je déglutis en voyant arriver Bethany, Olivia et Jocelyn. Et leur seule présence ne suffisant pas à rendre complet mon malaise, elles ont la malheureuse volonté de venir s'asseoir à la même table que nous. A côté d'Alice se place Bethany, qui visiblement me veut dans son champ de vision, à côté de moi Olivia, et à côté d'elle Jocelyn. Olivia est méchante lorsque nous sommes toutes ensemble mais beaucoup moins quand on se retrouve en face à face, quant à Jocelyn je ne la connais pas trop, elle se contente de suivre Bethany partout sans se montrer très loquace pour autant.

Je ne sais pas ce qu'elles font là, mais je suis quasiment certaine qu'elles ne viennent pas en paix. Pour l'instant elles laissent planer un silence pesant que je décide d'ignorer. Je jette un regard à Alice. Elle lève un sourcil interrogateur auquel je ne sais pas répondre et aussitôt je replonge dans mon livre.

" Tu sais, tu ne vas pas pouvoir nous éviter bien longtemps Naomi."

C'est Olivia, qui me fixe. Ma gorge se serre, ça n'annonce rien de bon... Je vois bien qu'elles viennent me reprocher mon comportement ,mais je n'ai rien à leur dire, je fais encore ce que je veux ! C'est maintenant au tour de Bethany de prendre la parole : " Il vaudrait mieux pour toi que ton cirque s'arrête vite et que tu redeviennes comme avant... Sinon nous risquons de penser que tu ne nous aimes plus..."

Son ton faussement blessé m'arrache un soupir. Elle se fiche bien de ce que je peux bien ressentir à leur égard. Avec elle, il est toujours question de popularité et rien d'autre. De mon côté je garde le silence, et bien vite elle s'en agace : " Bah alors tu réponds pas ?"

Je fais mine de ne rien entendre et fixe mon livre. Ma main glisse jusqu'à ma baguette que je me mets à serrer dans mon poing. Malheureusement la technique est vaine puisque je sens qu'on m'arrache le livre des mains. Olivia le laisse tomber devant elle dans un bruit qui m'arrache un sursaut. " N'essaye même pas de nous ignorer si tu ne veux pas que ta vie devienne un enfer. "

Et alors que je me pensais coincée, Alice devant moi fit racler sa chaise en se levant : " Tu entends quelque chose ? Moi pas et je commence à trouver cet endroit ennuyeux, allons ailleurs !"

Alice ma sauveuse. Mes yeux brillaient à cause des larmes qui s'y formaient mais ils brillent désormais de milliers d'étoiles et de reconnaissance. Bethany elle aussi se lève en faisant racler sa chaise. Je me doute que ce n'est pas bon signe mais je me lève aussi, dans l'espoir de réussir à sortir quand même.

" Mais tu te prends pour qui toi ? Tu crois vraiment qu'elle va te suivre alors qu'elle nous connait depuis cinq ans ? Tu ne ferais pas ça Naomi, n'est-ce pas ?"

Comme pour lui donner tort, je me mets en marche pour sortir. Jocelyn que je n'avais pas encore entendu en profite pour se lever et m'arrêter dans ma course : "Tu ne vas nulle part."

Elles vont pas me séquestrer quand même ! Heureusement Alice est plus véhémente que moi. Elle bouscule Bethany e fait le tour de la table pour venir se saisir de ma main et me tirer vers elle, me forçant au passage à bousculer Jocelyn. Moi tout ce que je retiens c'est sa main dans la mienne, chaude et forte. Ensuite nous courrons vers la sortie, laissant là les trois filles pantoises. Sans nous arrêter ensuite nous nous mettons rapidement en marche sans avoir d'objectif précis autre que celui de les éloigner le plus possible de nous. Quand enfin nous pouvons calmer le rythme de nos pas, j'ose m'exclamer : "Merci ! C'était moins une...

- De rien. Ces filles sont complètement folles, je comprends pas ce que tu fais avec elles.

- Qui te dis que je ne suis pas comme elles ?

- Avec la scène à laquelle je viens d'assister, j'ai du mal à le croire. Et je vois bien que tu ne les aimes pas."

Un peu surprise par sa manière juger la situation alors qu'elle ne me connait même pas, je peine à avoir du répondant : " Je fais avec ce que j'ai. Avant elles étaient mes amies, je n'ai juste plus envie de trainer avec elles.

- Alors ne le fais plus !

- Je n'ai personne d'autre.

- Tu m'as moi.

- Mais...

- Chut, m'interrompt-elle."

Je peine à réaliser que je viens en moins de quinze secondes de confier à une totale inconnue une grande partie de ma vie. J'ai la drôle d'impression de la connaitre depuis longtemps et que nous n'avons pas besoin de faire connaissance pour être amies... Ce sont peut-être les regards que nous nous sommes lancés ces derniers jours qui sont à l'origine de cette proximité. En tout cas j'ai l'impression que cette dispute avec les greluches a permis de débloquer quelque chose entre nous.

Nous continuons à marcher calmement. Je n'ose pas demander où nous allons de peur de briser le silence reposant qui plane entre nous. Soudain je me rends compte que nous sommes devant la salle commune des Poufsouffle. Mes espoirs s'évanouissent aussitôt en comprenant que nos chemins se séparent ici : "Encore merci...

- Ce n'est rien, vraiment. Demain viens manger avec moi, je te présenterais aux autres, et ensuite je t'emmènerais dans un endroit tranquille.

- C'est d'accord !"

Je la laisse partir le sourire aux lèvres, avec la hâte de la retrouver demain.

"Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme." Desproges

23 nov. 2019, 21:22
Mon pays des merveilles  Solo 
➢ 31 décembre 2026

"Et ensuite je t'emmènerais dans un endroit tranquille"

Les mots résonnent en moi depuis qu'elle les a prononcé. Il est un peu plus de minuit et je ne parviens pas à trouver le sommeil. Je ne peux m'empêcher de penser à elle, à ce changement soudain dans ma vie. Elle ressemble à l'espoir d'un monde meilleur. C'est mon illumination, ma sauveuse, mon Orphée, Alice. Et je sens qu'elle réussira à me sortir de mes propres enfers. Elle est différente et c'est en m'imaginant dans ses bras que je m'endors.

➢ Grande Salle, 12h08

Je me suis resservie trois fois d'entrée dans l'espoir qu'Alice finisse par arriver… Elle m'a promis qu'on mangerait ensemble, mais je ne savais pas vers quelle heure elle voudrait manger alors je suis un peu en avance. Heureusement elle finit par arriver, accompagnée de trois Poufsouffle. Je me sens d'un coup intimidé. Je leur fais un timide sourire tandis qu'elle prend l'initiative de venir s'asseoir à côté de moi. Les autres la suivent et s'attablent aussi avec nous.

Je jette un regard en coin à mes collègues de Gryffondor plus loin. Elles semblent ignorer totalement mon existence depuis hier. Et je ne vais pas m'en plaindre. Si je pouvais disparaître à leurs yeux ça me conviendrait très bien.

Mon attention se porta ensuite aux nouveaux venus. Ils sont trois. Le premier est un garçon plutôt grand, blond pourvu d'une frange anarchique et aux joues un peu creusées. Ses lèvres charnues me sourient franchement : "Hey, je suis James ! On a pas mal de cours communs ensemble mais c'est vrai qu'on ne s'est jamais vraiment parlé.

- Oui je me souviens, tu es celui à qui la professeure de Botanique a demandé un exposé sur le snargalouf ! "

Il avait écopé de cette punition après avoir crié ce mot comme une insulte à l'un de ses camarades. Depuis, nombreux le charriaient à ce sujet. Il rit timidement en passant sa main dans ses cheveux avant d'expliquer : " Je ne sais pas comment je vais faire... je trouve d'informations nulle part et elle veut au moins 40 lignes de parchemin !

- Tu n'as pas dû tomber sur le bon livre. Je t'en montrerais un si tu veux ! lui proposai-je."

Je connaissais bien les livres de la bibliothèque et je savais déjà quel livre j'allais lui donner ; "Des accidents et des plantes". Ce livre regroupait bon nombre de témoignages et faits divers sur des incidents parvenus avec des plantes. Classée très dangereuse, le snargalouf y faisait quelques d'apparitions parfois horrifiques.

Après ce court échange nous fûmes interrompus par la fille à sa droite, une brune longiligne aux yeux bleus : "Moi c'est Julie et je veux bien que tu me passes le sel s'il te plait !"

James lui fit une petite tape sur le bras et lui murmura quelque chose à l'oreille qui lui fit lever les yeux au ciel. Ces deux-là sont visiblement proches.

Ne restait plus que le deuxième garçon du groupe. Plus petit que James ses cheveux noirs mi-longs étaient attachés en catogan. Ses joues rondes et enfantines contrastaient avec son début de barbe. Il avait l'air à la fois plus vieux et plus jeune que les autres. Un bref sourire apparut sur son visage : "Dominique, tu peux m'appeler Dom."

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19 janv. 2020, 10:43
Mon pays des merveilles  Solo 
➢ Grande salle, 12h43

Le repas mit un moment à se terminer. Le plus loquace fût James qui m'arracha bon nombre d'informations personnelles en un temps record. Julie, elle, s'adressait à moi comme si nous nous connaissions déjà. Dominique devait être le plus timide puisqu'il ne dit pas grand-chose. Et Alice, celle pour qui j'étais là, me lançait des regards en coin régulièrement pour s'assurer certainement que je n'étais pas mis mal à l'aise par les questions de James.

Lorsque Dominique annonça vouloir partir Julie le suivit et nous restâmes encore un peu pour attendre que James ait fini son dessert : "Pas ma faute si je mange lentement. se défendit-il devant nos regards impatients.

- Tu ne manges pas lentement, tu oublies juste de manger parce que tu parles trop ! répondit Alice."

Il grogna et se concentra sur sa part de tarte. Dès qu'il eut fini Alice se leva et me lança : "Tu viens ?"

Il ne m'en fallut pas plus pour bondir du banc et la suivre. J'avais l'impression d'avoir attendu ce moment depuis une éternité ! Je fis un petit sourire à James qui était tout hébété de nous voir l'abandonner. Le jeune homme disparut bientôt de mon champ de vision, remplacé par les mûrs gris des couloirs que nous parcourions à la hâte. Je connaissais le château cependant je n'avais aucune idée de l'endroit où elle souhaitait m'amener. Je lui jetais de brefs regards. Concentrée sur la route qu'elle prenait elle ne souriait pas. Elle restait très belle même sans sourire.

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"Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme." Desproges

19 janv. 2020, 10:47
Mon pays des merveilles  Solo 
➢ Inconnu, 12h54

Nous grimpons dans les étages, cherchons un escalier qui veuille bien nous mener au bon couloir et continuons notre course en silence. Quand finalement elle s'arrête je ne sais même plus ou nous sommes. Quatrième étage si j'ai bien compté, mais j'ai un doute. J'ai cru voir les grandes portes de la salle de bal, mais s'en étaient peut-être d'autres.

Là où nous nous sommes arrêtées il n'y a rien de particulier à première vue. C'est un long couloir longé de larges fenêtres et très éclairées. Enfin je remarque une alcove dans le mur de gauche et dans laquelle est posé un banc de pierre finement sculpté. Il n'y a rien d'autre que cet objet sous la lumière des fenêtres;

"Je sais ce n'est pas exceptionnel, mais comme ce couloir est un simple détour et qu'il ne mène à rien de particulier il est très déserté. Et je ne sais pas pourquoi ils y ont mis un banc, alors voilà si tu veux bien t'y asseoir avec moi..."

Un endroit tranquille donc ? Toutes les deux assises à proximité là où personne ne passe… l'idée me plait sans que je ne sache pourquoi. Je lui souris et m'assoie. Elle me suit dans mon geste mais laisse un écart plutôt conséquent entre nous. Je comprends rapidement sa volonté de laisser cet espace lorsqu'elle sort de son sac un jeu d'échecs magiques :

" Tu sais y jouer ?

- Bien sûr !"

C'est mon père qui m'avait appris à y jouer quand j'étais plus petite. Je n'y avais pas joué énormément, mais je savais me débrouiller convenablement.
Seulement le jeu commença et je compris bien vite que je ne me débrouillais finalement pas si bien que ça. Alice avait un jeu très agressif. L'attaque comme meilleure défense. Malheureusement pour moi en une dizaine de coups elle me mettait déjà en échec et en une dizaine de plus elle obtenait ma défaite. Alors même que j'étais du genre à vouloir prendre tous les pions de l'adversaire avant de m'attaquer à son roi j'avais du mal à réagir face à des tactiques qui visaient directement à atteindre le mien.

"On dit que la manière que l'on a de jouer aux échecs révèle une part de notre personnalité. me dit-elle.

- J'ai donc une personnalité de perdante...

- Pas forcément ! se justifia-t-elle rapidement. Tu es trop sur la défensive. Va plus vers l'adversaire, tu n'as rien à y perdre je te le jure.

Sa phrase me semblait lourde de sens. Souhaitait-elle me signifier qu'au-delà du jeu il serait une bonne chose que je me rapproche d'elle, mon adversaire ? De peur de me tromper j'omis de répondre et rebondit :

- Dans ce cas tu es un peu trop brute de décoffrage. Va-y plus en douceur, sinon tu perdras tout le plaisir de jouer et...

Je retins mes mots mais elle compléta ma phrase : "...et je risque de faire fuir mon adversaire n'est-ce pas ?"

J'hochais la tête en lui souriant timidement et nous reprîmes le jeu. Chacune suivit les conseils de l'autre et le jeu devint tout de suite plus équilibré. Ayant été plus offensive je l'ai poussée à essayer de manger d'autres pions que le roi avant de s'attaquer à lui. J'ai conscience de temporiser plus qu'autre chose, elle est vraiment bonne tacticienne. Chacun de ses coups son réfléchi à l'avance et elle anticipe à merveille les miens, chose dont je suis de mon côté incapable.

Après une dizaine de minutes la partie prend fin et j'ai encore perdu. Une moue satisfaite s'affiche sur son visage alors qu'elle annonce : " Tu vois même en allant plus doucement, je parviens toujours à mes fins. Tu ne fais que retarder ta propre chute."

J'eus encore une fois l'impression que sa phrase était lourde de sous-entendus, mais je ne parvenais pas vraiment à savoir ce qu'elle voulait. Je faillis prendre peur en émettant mentalement l'hypothèse que peut-être elle voulait quelque chose de moi et qu'une fois qu'elle l'aurait elle couperait les ponts. Mais ce ne pouvait pas être ça, elle ne pouvait pas être mal intentionnée... elle m'avait présenté à ses amis et tout en elle criait sa bienveillance... Il n'y avait qu'à la regarder dans les yeux pour savoir qu'elle était sincère. Les yeux clairs sont les moins expressifs, les siens presque noirs ne trompent pas.

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19 janv. 2020, 10:54
Mon pays des merveilles  Solo 
Le banc, 16h45


Lorsque je regarde l'heure pour la première fois je me rends compte que le temps a filé entre nos doigts. Nous avons eu le temps d'enchaîner les parties, de faire des pauses pour discuter, de râler quand il s'est mis à pleuvoir dru, de perdre et de gagner toutes les deux. En voyant que je regarde ma montre, Alice regarde la sienne et déclare : "Déjà ! On a presque passé l'heure du goûter ! Viens, allons manger dans la salle commune !

- Mais... je suis pas de Poufsouffle moi...

- Ah, c'est vrai... Eh bien, restons là alors !

- Oh je ne voudrais pas t'empêcher d'aller te reposer.

- Je préfère rester avec toi." A son ton catégorique j'arrêtais de négocier.

Elle rangea la boîte d'échecs dans son sac en cuir presque aussi large qu'une petite valise puis commença à en sortir de la nourriture. Étonnée de la quantité de nourriture qu'elle traînait avec elle je murmurais : "typiquement Poufsouffle.

- Tu disais quoi ? Avec cette pluie on entend rien ! s'exclama-t-elle.

- Oh pas grand-chose d'intéressant, juste que je...passe une bonne après-midi. me rattrapais-je."

Visiblement ravie par cette information elle me fit un grand sourire et me fit signe de me servir. Mal à l'aise d'avoir dû lui mentir je me précipitais sur la première chose qui me tomba sous la main et me maudit en m'apercevant qu'il s'agissait d'une dragée surprise de Bertie Crochue : "Oh non, tu crois qu'ils en font au pus de bubobulb ? C'est exactement le goût que j'imagine pour ce truc..

- Mmh... ça ne m'étonne pas, l'autre jour Dom en a eu une hyper amer et en se renseignant il a trouvé que c'était de la mandragore !

- Le pauvre ! Bon c'est dégoûtant, plus jamais je mange de ces trucs.

- Ah ah, c'est quoi ton bonbon préféré ?

- Les crapauds à la menthe. Toi ?

- Beurk, je déteste la menthe... Je ne suis pas difficile, j'aime les chocogrenouilles ! Oh et peut-être les fondants du chaudron presque à égalité."

Comment pouvait-on ne pas aimer la menthe ? C'est l'un des meilleurs aromates qui soit ! Je comprends encore qu'on puisse trouver particulier le goût du réglisse, mais la menthe tout de même... Les chocogrenouilles étaient indétrônables mais je ne suis pas fan du trop plein de sucres. J'aime mieux qu'on utilise des fruits ou des aromates. D'ailleurs j'illustrais mes pensées en me saisissant d'une patacitrouille.

Quand nous eûmes fini de nous sustenter je ne sus pas trop quoi lui proposer pour éviter que nous nous séparions là. Finalement j'avouais : "J'adore me promener sous la pluie...

- Demain ils annoncent de l'orage si ça te tente.

Elle rigola, mais je sentis que sa proposition était sincère.

- Très bien, je t'attendrais dans le hall d'entrée après le repas !

- Parfait. Tu manges avec nous demain ?

- Si vous le voulez bien.

- Bien sûr qu'on le veut !

- Alors à demain."

Mon affirmation sonnait plus comme une question. Je sentis qu'elle hésitait. Peut-être qu'elle aussi voulait que nous restions encore ensemble ? Mais finalement elle se décida à me répondre par mes mots et nous nous séparâmes.

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19 janv. 2020, 11:17
Mon pays des merveilles  Solo 
salle commune 19h30

Comme Alice ne m'avait pas proposé que nous mangions ensemble le soir j'ai fait un repas frugal. J'ai juste été m'infiltrer en cuisine et ai prétendu que je faisais des carences alimentaires fréquemment et que l'infirmière m'avait conseillé de prendre plus de fruits. L'effet a été immédiat, deux elfes se sont précipités pour me confectionner une corbeille pleine de pommes, poires et noix . Je les ai chaleureusement remerciés et suis remontée en salle commune.

En voyant les filles assises en rond prêt de l'âtre j'ai tracé ma route jusque dans les dortoirs la tête basse. Depuis l'incident de la bibliothèque j'ai l'impression d'une guerre froide. Je m'assois donc sur mon lit et en tire les rideaux pour m'isoler du monde extérieur et commence mon repas improvisé. 

Sur mon lit est encore posée la lettre de mes parents qui allait avec mon cadeau de noël, un plant de menthe poivrée rien que pour moi. Je tire un peu les rideaux pour regarder si ma plante va bien et suis rassurée de la voir toujours sous la fenêtre où elle peut profiter du peu de lumière qui nous vient de l'extérieur. Ce n'est pas vraiment une plante d’intérieur et je me demande si elle va survivre, mais j'ai bon espoir qu'avec toutes mes connaissances je réussisse à la maintenir en vie.

Image Mon regard se pose à nouveau sur la lettre, dans laquelle mes parents me parlent de ma relation avec mes frères. Ils ne comprennent pas que je n'ai pas voulu venir mais choisissent des mots doux, comme pour me rassurer : "C'est normal les disputes entre frères et sœurs.", "on est très fiers de voir tes notes remonter", "on pense à toi".
Cette bienveillance ne fait qu'accentuer ma culpabilité. J'ai honte de moi-même lorsque je les lis. Je me donne envie de vomir. Comment je peux leur faire ça ? Comment je peux oser leur écrire après tout ? Mais je ne peux pas me permettre de faire empirer les choses en leur infligeant un silence radio, alors je prends sur moi et finis par entamer ma réponse...

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19 janv. 2020, 11:22
Mon pays des merveilles  Solo 
Mon lit , 23h55



C'est le nouvel an. J'avais oublié ce détail. J'entends les rires des autres en bas tandis que je me console dans un livre et des fruits. Je lis l'histoire d'un botaniste sorcier qui a fait une excursion en pleine forêt tropicale. C'est le genre de voyage que j'aimerais faire. Je suis suffisamment téméraire pour affronter serpents, singes lanceurs de fruits et plantes carnivores. Je suis sûre que je pourrais y découvrir tout autant de nouvelles choses que lui... Mais moi on ne me rangerait pas au rayon fiction, car j'irais vraiment.

Minuit approche, j'ai déplacé ma menthe au cas où quelqu'un veuille regarder par la fenêtre en pleine nuit. Je ne veux surtout pas qu'elle chute. Elle est à côté de mon lit. Parfois je me prends à m'imaginer qu'elle est un attrape-rêve et qu'elle me protège des cauchemars. Cette idée me réconforte.

Alors que je m'apprête à éteindre la lumière un bruissement à la fenêtre me fait sursauter. Je me lève et tend ma baguette vers celle-ci et suis étonnée d'apercevoir une petite chouette effraie y toquer. Je lui ouvre et la regarde s'envoler sans un bruissement d'aile jusqu'à mon lit où elle dépose un morceau de papier. Pas une lettre, juste un morceau de parchemin déchiré grossièrement. L'animal s'en va dès lors qu'elle a posé sa livraison, je ne pourrais donc pas y répondre… Je ferme la fenêtre et m'en retourne à mon lit pour le lire :

" Bonne année, choisis bien tes résolutions
Alice."


Je me mets à sourire niaisement devant le papier. Tout de suite je me sens moins seule, car je sais que quelques étages en dessous Alice a pensé à moi. J'éteins la lumière et m'endors le papier serré entre mes doigts. Mes résolutions sont de ne plus décevoir ma famille, de devenir amie avec Alice, de ne plus jamais faire semblant d'apprécier des gens que je ne supporte pas.

"Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme." Desproges

19 janv. 2020, 14:58
Mon pays des merveilles  Solo 
Premier janvier 2027, 12h50, Parc


J'ai à nouveau mangé avec les Poufsouffle. Cette-fois Alice est entré en grand débat avec Julie et je n'ai pas pu lui parler du repas. J'en ai profité pour discuter avec Dominique qui comme moi n'osait pas s'interposer. Nous avons bien rigolé quand, à chacune de ses interventions James se faisait envoyer paître.

Je crois que je me suis rarement autant amusée en dînant avec des gens. Avec les autres filles les conversations étaient rarement comiques, et toujours axées sur les commérages. Je me demande vraiment quelle mouche m'a piquée lorsque je me suis rapprochée d'elles.

Après le repas Alice m'a prise par la main et m'a entraînée avec elle dehors. Le contact m'a un peu effrayé au début, mais je m'y suis vite habituée et lorsque nous sommes arrivées dehors et qu'elle a voulu retirer sa main je l'ai retenue, l'air de rien. La pluie est presque diluvienne. D'épaisses goûte martèlent nos crânes alors que nous marchons. "Je ne comprends vraiment pas que tu aimes ça." affirme-t-elle en rigolant.

Je rigole à mon tour et m'arrête pour lever la tête vers le ciel, yeux fermés. "Ne trouves-tu pas agréable de sentir les rayons du soleil frapper ta peau ? Pour la pluie c'est pareil mais en plus fort. Pas plus violent, car l'eau coule, mais on le sent mieux. On se sent plus en vie."

Quand je rouvre les yeux et me tourne vers elle je surprends son regard à détailler mon visage avec...fascination ? Je n'arrive pas à lire ce que je vois dans ses iris bruns.

" Je connais bien des choses qui aident à se sentir en vie..." murmure t'elle derrière le bruit des flots.

À la fin de sa phrase je remarque qu'elle a la chair de poule. Je devine facilement qu'elle a froid et lui propose : "Nous pouvons rentrer si tu le souhaites. Je ne veux pas que tu tombes malade par ma faute !

- J'aimerais juste que nous allions voir le lac noir avant !

- Bien sûr."

Ravie par son enthousiasme j'accélérais le pas jusqu'aux berges du dit lac. Un étrange sentiment me prit soudain aux tripes en regardant autour de moi. Nous étions parfaitement seules dans le parc... Pas un animal, pas un être humain. Et je ne vois qu'elle. Elle et moi, comme si le temps s'arrêtait pour nous, seules. Le lac noir devant nous est plus anthracite qu'il ne l'a jamais été. Aussi sombre que les yeux d'Alice. Sur sa surface se reflètent des ombres noircit du ciel. Je me tourne vers Alice un instant pour la regarder droit dans les yeux. Eux aussi reflètent de sombres choses, de sombres pensées sans doutes, des ombres du passé. Elle est fixée sur le décor devant nous, visiblement admirative devant la beauté de ce qu'a à nous offrir la nature.

"Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme." Desproges

19 janv. 2020, 15:20
Mon pays des merveilles  Solo 
13h32, Parc



Elle ne se soucie plus de la pluie, moi non plus. Nous sommes indéniablement trempées mais seul l'instant présent nous importe. Il nous faut un certain temps pour nous décider à rentrer. Peut-être une heure, peut-être quelques minutes, peut-être cinq secondes, je n'en ai aucune notion.

Lorsque nous arrivons dans le hall le contraste est si grand qu'il me fait prendre conscience du froid de l'eau qui ruisselait sur nous. J'espère qu'Alice ne m'en veux pas trop… ce n'était vraiment pas une bonne idée d'activité. Elle aussi dégoulinante à côté de moi elle sourit en profitant de la chaleur du hall : "Je crois qu'on ne va pas pouvoir garder ces habits en priant pour qu'ils sèchent.

- Tu veux qu'on se déshabille ?... en plein milieu du hall ? ajoutais-je de peur qu'elle comprenne ma phrase de travers.

Elle me lança un regard joueur et un sourire en coin : "Non on peut aller ailleurs si tu veux..."

Je me mis à rougir et essayait de me rattraper comme je le pouvais : "Je...je vais aller dans ma salle commune alors !"

Rigolant à mon malaise elle approuva et se dirigea vers la sienne. De mon côté j'enlevais ma robe gorgée d'eau que je mis sur mon bras pour monter les escaliers. De toute manière personne ne me verrait. Le problème n'était pas que je manquais de vêtements sous mon uniforme mais qu'exceptionnellement j'avais mis en dessous une jupe. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, ce matin en choisissant mes vêtements c'est la première chose qui a attiré mon regard…Je crois que je l'ai mise pour Alice.


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13h41, Salle commune


Enfin arrivée à la salle commune j'enfilais à nouveau le tissu lourd et froid sur mes épaules pour dissimuler mon style vestimentaire du jour. Mais alors que je traversais la pièce j'entendis : "Tiens, voilà Naomi la cochonne ! Tu as été te rouler dans la boue avec ta nouvelle amie ?"

La remarque de Bethany à mon égard fit rire tout son entourage. Je ne répondis pas à la provocation et me contentais de les ignorer. Une fois en haut la première chose que je fis fût de prendre une douche.

Alors que je m'appliquais à me sécher je repensais au mot d'Alice… Je ne lui ai même pas répondu ! Je crois que ça m'est complètement sorti de la tête.

Alors que je revenais dans mon dortoir pour rejoindre mon lit je remarquais que ma menthe poivrée avait été renversée par terre. Je me précipitais immédiatement sur elle baguette en main pour la remettre dans son pot. Je n'avais aucun doute sur les responsables de ce crime et à mon grand désespoir la plante avait été endommagée. Il fallait absolument que je demande un changement de chambre, sinon s'en était fini de mes effets personnels... Et voir cette plante dans cet état me fend le cœur. Qu'elles s'en prennent à moi passe encore, mais à ma plante...

Je jetais un œil à leurs propres affaires posées prêt de leur lit, spécialement celles de Bethany... L'envie me pris de saccager tout son rangement de petite princesse, mais je me retins. La dernière chose que je voulais était d'être comme elles à nouveau.

"Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme." Desproges