Depuis mon retour à poudlard, je n'ai de cesse de me souvenir de mes jeunes années ici. Je crois qu'il est temps de m'asseoir et de laisser mes souvenirs revenir si ils le souhaitent. Rien ne sert de chasser d'agréables moments après tout... Le tout est de revenir dix-huit années en arrière, là où je n'avais vécu que la moitié de ce que j'ai vécu aujourd'hui. Quelle année étions-nous déjà ? 2026 il me semble... à quoi je ressemblais à l'époque ?

Etat d'esprit : Je me demande encore ce qu'il m'a pris de refuser de rentrer à la maison pour les vacances. Peut-être est-ce la culpabilité qui me ronge à chaque fois que je croise Kim et Jonas. Tout ça c'est à cause des filles...Qui suis-je devenue par leur faute ? Je les hais. Tout ce que je veux c'est leur tourner dos pour ne plus jamais les voir. Leurs masques d'hypocrites, qu'elles ont fini par me faire porter, me donnent des frissons de dégoûts. Je me dégoûte. Si seulement j'avais d'autres personnes vers qui me tourner... Mais en faisant du mal à mes propres frères j'ai éliminé ma seule chance qu'ils m'aiment. Si je leur tourne le dos maintenant je suis seule, et malgré ce que je peux en dire je ne le supporterais pas. Elles m'ont rendues aigrie mais au fond de moi je sens que les choses peuvent encore changer.

└★⎯Naomi⎯★⎯17ˊans⎯★┘

➢ Bibliothèque, 14h26, 25 Décembre 2026

Dehors il pleut à verse, pas moyen de me réfugier dans le parc. Les filles m'ont proposée de rester dans les dortoirs pour "papoter" mais je sais bien de quoi elles veulent parler. Si elles veulent que l'on s'isole dans les dortoirs c'est qu'elles veulent parler de garçons. Je crois que rien ne m'intéresse moins que ce genre de conversations, alors je suis partie. Je ne pense pas qu'elles remarquent mon absence. Peut-être Bethany le fera t'elle. Elle me demandera où j'étais avec un ton que j'imagine déjà comme tout sauf bienveillant. Si elle le fait ce n'est pas parce qu'elle en a quelque chose à faire de moi, c'est pour asseoir sa position dominante sur le groupe. Nous sommes son troupeau et elle aboie à la moindre incartade. Moi je suis le mouton noir, et ça elle ne me le pardonne pas. Dès qu'elle en a l'occasion elle me rabaisse. Mais aujourd'hui je m'en fiche, je ne vais pas gâcher mon noël à l'écouter.

Comme je ne peux pas me cacher derrière un arbre je trouve refuge à un endroit où elles ne risquent pas d'avoir envie de venir ; la bibliothèque. Y entrer me provoque toujours un peu d'angoisse, car les nouveaux venus sont souvent au centre de l'attention à cause du bruit qu'ils font. J'essaye bien de mesurer le poids que je mets sur mes pas mais rien y fait on me remarque quand même. Heureusement il n'y a pas grand monde pour me remarquer, juste la bibliothécaire qui ne manque pas de froncer les sourcils et un élève qui n'a même pas relevé la tête.

Sans hésitation je me dirige vers un pan de bibliothèque particulier ; la botanique. Je pourrais m'avancer pour mes devoirs, mais nous sommes le 25 décembre, ce serait injuste... Je préfère me plonger dans une encyclopédie des plantes d'Afrique équatoriale. Je ne l'ai pas encore lu, mais je sais déjà que ce que je vais y trouver sera passionnant. Les plantes de pays tropicales ont souvent des propriétés extraordinaires et surtout sont extrêmement belles. Je me dirige vers une table bien éloignée de l'unique élève présent et m'y installe. Je pose mon sac en bandoulière sur le dossier de la chaise et sort ma baguette de ma poche pour la poser sur la table. J'aime bien l'avoir dans mon champ de vision, parce que je vérifie sa présence régulièrement. Ce n'est pas utile, ce n'est pas comme si on allait m'attaquer, mais c'est rassurant.

➢ Bibliothèque, 16h09

Cela doit faire un petit moment que je suis là. A vrai dire depuis que je me suis plongée dans mon livre je ne fais plus attention au temps. Mon esprit voyage au sud du Sahara et rêve de toutes ces plantes qu'il ne verra peut-être jamais. J'ai été interrompue par des bruits de pas, quelqu'un entre. Je me retiens de lever les yeux de mon bouquin. Si moi je n'aime pas que les regards convergent vers moi ce doit aussi être le cas des autres. Mais quelque chose me trouble. Ce pourrait être Bethany, ou une autre... peut-être sont-elles venues me chercher ? Juste un instant je lève la tête pour voir une fille de dos un peu plus loin entrain de chercher un livre. Dieu merci ce n'est pas l'une d'entre elles. J'en profite aussi pour lancer un regard à l'autre garçon. Il est si subjugué par son livre qu'on pourrait croire à une statue d'ornement si il ne se grattait pas nerveusement la nuque pendant sa lecture.

Fixée sur l'occupation des deux, je retourne à ma lecture. Mais alors que je pensais l'événement clos j'entends une chaise racler juste devant moi. De toutes les tables elle a choisi celle en face de moi ! Je reste cachée derrière mon livre et ne lui jette pas un regard. De toute manière si elle croit que je vais sympathiser, elle rêve ! Mais me replonger dans ce livre est dur maintenant... Je lis sans trop lire, mes pensées divaguent. Cela fait trois fois que je relis le même paragraphe sans en comprendre le sens.

➢ Bibliothèque, 16h15

Bon j'en peut plus. Juste un regard par curiosité et ensuite je retourne à mon livre. De toute manière elle doit être plongée dans le sien, pas moyen qu'elle remarque mon regard. Je relève doucement les yeux pour finalement tomber dans les siens. Mince, elle était pas plongée dans son livre... Soit elle a un troisième œil qui lui a permis de savoir que j'allais la regarder, soit elle a comme par hasard regardé au même moment que moi, soit ça fait longtemps qu'elle m'épie. Je rougis et reviens rapidement à mon livre. Je fixe une plante pourvue de tentacules mais tout ce que je peux faire c'est me demander si elle me regarde encore, et rougir.

Je ne tiens pas, je la regarde encore. Juste un instant, vraiment un millième de seconde, le temps que mon œil fasse le mouvement. Tout ce que je suis parvenue à voir dans ce laps de temps ce sont ces deux orbes noirs toujours tournées vers moi. Je dois être plus pourpre qu'après avoir avalé de la pimentine. J'aimerais pouvoir me cacher derrière mon livre mais elle le verrait à coup sur...

Je ne suis plus sure de la couleur de ses yeux. J'ai cru un instant qu'ils étaient noirs... Mais ça n'existe pas les yeux noirs. Peut-être sont-ils bruns très foncés ? En tout cas je n'ai pas eu le temps de différencier son iris de sa pupille, ils doivent être sacrément sombre. Et je meurs d'envie de les regarder à nouveau. Mais il n'est pas question de prendre le risque de constater encore une fois qu'elle me regarde.

Je viens de remarquer que je n'avais pas changé de page depuis un moment. Je suis vraiment trop obnubilée par cette présence, tellement que même les plantes ne m'en divertissent pas. Si elle me regarde elle va croire que je lis lentement. Ou pire elle va croire que je ne lis plus mais ne fait que penser à sa présence ! Bon tant pis pour la plante à tentacule, je tourne la page. Mes doigts tremblent légèrement. Pourquoi cela ? Je ne me laisse pas déstabiliser facilement d'habitude.

➢ Bibliothèque, 16h29

Cela fait un moment que je fais semblant de tourner les pages sans oser bouger plus que ça. Heureusement je suis sauvée par un nouvel événement inattendu. Quelqu'un d'autre entre dans la bibliothèque. Je sais qu'une nouvelle présence attire les regards et j'en profite donc pour regarder à nouveau la fille. Mais à mon plus grand damne elle ne regarde pas du tout le nouvel arrivant. Je suis cramée... plus que cramée, je suis cuite, immolée, brûlée vive, pire que si j'avais vécu au siècle des chasses aux sorcières. Rien ne sert de nier que je la regardais mais trop honteuse je fais quand même mine de revenir à mon livre comme si de rien était.

Le nouvel arrivant est visiblement mon sauveur puisqu'il vient me libérer de celle qui a capturé mes pensées : "Alice qu'est-ce que tu fais là ? Tu vas pas te terrer ici le jour de noël quand même !?"
Je regarde qui me sauve. C'est un Poufsouffle. Elle doit être de sa maison. Je note, Alice, Poufsouffle. Je crois que je ne serais pas capable d'oublier son prénom, ni ses yeux. Lui me regarde en retour mais ça, ça m'est égal. Son regard est moins déstabilisant et même il a un petit sourire en coin qui me rassure. Il poursuit sans laisser à Alice le temps de répondre : "Oh je vois... Je te laisse là alors ?

- Tais-toi donc. J'arrive."

Qu'est-ce qu'il voit ? Il parle de moi ? En tout cas le ton de celle qu'il est venu chercher est sans appel , il l'a gênée !

➢ 26 décembre 2026, 12h35

Tout ce que j'ai vu hier quand elle est partie ce sont ses cheveux roux taillés au carré qui lui donnaient un air de prince charmant. Quand je suis rentrée et sans surprise Bethany m'a demandé où j'étais passé. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, je lui ai répondu que ce n'étaient pas ses affaires. Aujourd'hui elle refuse de me parler. Je ne sais pas d'où m'est venu cet élan de courage mais j'en suis bien contente. De toute façon ne plus entendre sa voix de crécerelle ne peux me faire que du bien.

J'ai mangé seule. Il n'y a pas grand monde qui est resté pendant les vacances et les professeurs ont insisté pour que l'on ne salisse qu'une table. Cela fait moins de travail et permet qu'une partie des elfes de maison posent un jour de congé pour fêter noël. Dans la petite trentaine d'élèves autour de la table je ne peux m'empêcher de repérer la fille d'hier. Elle discute avec des Poufsouffle, certainement ces amis. Son sourire et son rire semblent sincères. Elle doit avoir la chance de s'être faite de vrais amis...

De mon entourage il ne reste que Bethany et deux autre filles. L'une d'entre elles n'est pas vraiment dans notre groupe d'habitude, mais nous ne sommes que quatre filles Gryffondor à être restées alors elle en profite pour sympathiser. Moi je suis seule et je reçois quelques regards tantôt courroucés tantôt emprunts de jugement de la part des trois pimbêches. Bethany doit se venger en racontant des idioties sur moi... Et d'ici deux jours elles feront sans doute à nouveau semblant de m'apprécier en continuant à cracher dans mon dos mais un peu plus discrètement.

Leurs messes basses m'insupportent, je finis de manger en vitesse et pars de la grande salle. Je suis la première à sortir de table, je sais qu'elles le remarqueront. Tant pis, les sorties théâtrales elles aiment ça.

➢ Bibliothèque, 12h45

Ne sachant pas trop où aller m'isoler je me suis instinctivement dirigée vers la bibliothèque. Une part de moi y est allée en espérant revoir la fille d'hier. Si je ne suis pas la seule troublée par notre rencontre peut-être me fera-t-elle le plaisir de revenir ? Je sais que ce sont de drôles d'espérances, mais elles me motivent à ne pas me terrer sur mon lit pour dormir toute l'après-midi.

Je reprends le même livre qu'hier. Quand je suis partie je n'ai même pas pensé à l'emprunter ! Je le lis avec plus d'assiduité cette fois. Être seule aide bien je dois l'avouer. La botanique m'a toujours passionné. Même lors de mes visites chez ma tante potionniste ce que j'avais le plus envie d'observer, de toucher, c'était ces plantes. Elle en riait beaucoup quand j'essayais de grimper sur les meubles pour aller les regarder de plus près. Les plantes vivaient leur vie en harmonie, en s'intégrant à des écosystèmes et en jouant leur rôle sans chercher à le pousser au loin. J'aimais leur inhumanité.

Nous étions nombreux à ne pas être rentrés pour noël. Je ne pensais pas que tant de monde pouvait préférer le fêter ici... Mais chacun à ses raisons et elles ne sont pas toujours joyeuses... Bethany bien que je la déteste n'a pas une histoire des plus heureuses. On pourrait croire qu'elle est une enfant pourrit gâtée, mais il n'en est rien. Un jour je l'ai surprise à pleurer, seule dans nos dortoirs, c'est la seule fois où je l'ai trouvé humaine. Nous avons discuté, elle s'est confié sur sa situation familiale catastrophique. Puis elle m'a fait juré d'oublier cet événement et je n'ai plus jamais revu cette face d'elle.

Même si je suis sincèrement revenue ici pour lire je ne peux empêcher une voix dans ma tête de me susurrer que je meurs d'envie qu'elle revienne et s'assoit encore une fois en face de moi.

➢ Bibliothèque, 13h34

Des bruits de pas me tirent de mes songes. Je me relève en sursaut et fixe l'entrée de la bibliothèque. C'est elle. Je détourne le regard avant que le sien ne vienne me trouver. Il ne faudrait pas qu'elle pense à un quelconque intérêt de ma part. Parce qu'il n'y en a pas. Je suis juste intriguée, ce sont des choses qui arrivent.

J'écoute ses pas en fixant mon livre. Mon cœur bat plus vite que précédemment. Juste la peur d'être dérangée. Encore une fois elle choisit la place juste en face de la mienne. Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ce cirque ? Je l'entends sortir un livre de son sac et le poser sur la table. Je n'ai même pas pensé à regarder ce qu'elle lisait hier, ce que je ne manque pas de faire aujourd'hui... Des sortilèges. Classique, elle doit certainement travailler. Oui c'est pour ça qu'elle est là, rien d'autre.

Je jette quelques regards par-dessus mon livre de temps à autre. Elle ne me fixe pas cette fois, elle est absorbée par son livre, et moi par son visage. Ses joues sont rondes, son menton court, ses lèvres claires, son nez assez proéminent. Ses taches de rousseur soulignent ces yeux. Ceux-là même qui m'intriguaient tant. Maintenant que j'y regarde de plus près ils ne sont pas noirs, mais bruns foncés, et ces cernes accentuent le contraste. Je crois que je pourrais les regarder des heures...

Il faut plusieurs minutes avant qu'elle-même ne se détache de son livre pour me regarder. Je ne la fuis pas du regard, je sais qu'elle m'a vu. Les coins de ses lèvres se soulèvent. Son sourire est rassurant cependant fait louper à mon cœur un battement. Je n'arrive pas à sourire en retour, je baisse le regard. J'aurais dû sourire, elle va me croire hostile... mais depuis quand ça m'importe ? J'ai l'impression que mes joues sont toutes chaudes. La sensation n'est pas désagréable, mais je crois qu'elle signifie que je suis rouge... faites qu'elle ne le voit pas. Je l'entends souffler du nez. Quoi, elle soupire parce que je ne lui ai pas souri ? Je la regarde à nouveau et constate que je fais erreur, elle sourit toujours. En fait elle pouffe. Elle se moque ! Et moi je lui donne une raison de le faire en rougissant de plus belle.

Un instant je me demande si elle va parler, mais rien. Je suis à la fois déçue et rassurée, je ne sais pas si j'aurais eu l'air bien maligne. Si je ne pouvais répondre à un sourire, comment pourrais-je répondre à des paroles ?

➢ 28 décembre 2026, 12h10


Hier Bethany m'a pris à part pour me "parler de mon comportement". À cause de ses réprimandes débiles je n'ai pas pu me rendre à la bibliothèque avant 14h. Celle que j'attendais n'y était pas, et elle n'y est pas arrivée entre temps... Elle a dû emprunter son livre et n'a plus voulu me voir alors elle n'est pas venue... Il serait idiot de nier que je suis déçue. Tout autant qu'il est idiot que j'ai pu croire qu'elle allait venir me retrouver, moi, une inconnue à qui elle n'a jamais parlé.

D'ailleurs toute cette histoire est une grande idiotie, orchestrée par moi et mon cerveau, et qui je l'espère va se terminer rapidement. Je joue discrètement à sculpter un volcan dans ma purée et regarde autour de moi de temps à autre. Je suis avec les filles, mais je pratique la méthode du "oui oui t'as trop raison" et laisse mes pensées aller à d'autres qu'à elles. Mon regard, lui, semble trouver une attraction tout particulière pour la Poufsouffle assise à quelques mètres. Je ne comprends pas cette manie qu'il a de se poser sur elle. Elle est jolie certes mais jolie sans plus, Très jolie, mais très jolie sans plus, assez jolie pour hanter vos journées, mais... Sans plus je vous jure.

"Bon Naomi t'es avec nous ?"

C'est l'autre greluche qui me tire de mon joli songe. Mes sourcils se froncent en retour, qu'est-ce qu'elle me veut ? Ah oui que je participe plus activement à la conversation je suppose : "Oui, oui... je soupire pour signaler mon mécontentement.

- Non, mais tu me parles sur un autre ton !

- Oh, mais tu vas pas me faire chier !"

C'est sorti tout seul... je ne sais pas ce qu'il m'a pris. J'ai parlé un peu fort, plusieurs regards convergent vers nous. Y compris celui de ma Poufsouffle. Je suis rouge, de colère et de honte. J'aimerais mieux me fondre sous terre plutôt que de me confronter à leurs regards. J'aimerais leur percer les yeux, à tous autant qu'ils sont à accentuer mon malaise avec leurs yeux mi-curieux mi-accusateurs. Tous sauf une. Elle je ne sais pas pourquoi je ne lui en veux pas. Peut-être parce que dans son regard je lis de la bienveillance, de la compassion... Peut-être parce que je me fais des idées. Je me remets à manger ma purée comme si de rien était. Un peu rapidement certes, mais je ne les regarde plus, tout ce que je vois c'est ma purée. Il faut me comprendre, j’en ai marre qu'elle s'adresse à moi comme si je lui devais quelque chose. Elle me répond, me fait des menaces que je ne peux juger qu'idiotes, puis finis par abandonner devant mon mutisme. Bien fait ! Elle ne mérite pas l'attention qu'on lui donne.

➢ Bibliothèque, 13h01

Je suis à la bibliothèque, encore. Promis ce n'est pas parce que je veux revoir de jolis yeux bruns, c'est simplement pour m'isoler. J'ai fini mon livre sur les plantes tropicales alors je fais mes devoirs. C'est bien moins passionnant. Je me fiche comme de la dernière pluie des guerres de gobelins, hélas me voilà obligée de remplir un parchemin à ce propos. Ma lecture est lente et fastidieuse, il est clair que je n'ai pas la tête à ça.

Bientôt Orphée vient pour me sauver des Enfers. Je la regarde tandis qu'elle sort ses affaires. Ne te retourne pas Orphée, sous peine de quoi Eurydice en reviendra à son damne. Mais comme cela était écrit, elle se retourne et je m'envole.

Je me sens mieux pour travailler. Parfois je peux prendre des pauses pour jeter un œil à ce qu'elle fait. Je crois qu'elle fait aussi ses devoirs. Elle doit avoir les même que moi puisqu'elle est aussi en cinquième année. Comment ne l'ai-je pas remarqué pendant tous ces cours communs ? J'étais aveugle. Et maintenant que je l'ai vu, je ne la lâche plus du regard. J'ai l'impression d'être une voyeuse. Elle doit avoir envie de se débarrasser de moi...

➢ Bibliothèque, 13h45

On se lance des regards en coins régulièrement. Je ne comprends pas moi-même le message que nous nous passons au travers de ces regards mais chaque fois mon ventre se tord, comme si son regard se matérialisait et m'atteignait droit dans le tronc.

Je ne sais pas comment, mais nous nous sommes encore retrouvées à nous regarder mutuellement et je n'ai aucun moyen de détourner le regard. Ne sachant trop qu'en penser je m'efforce de lui sourire timidement, sourire auquel elle répond presque immédiatement. Je me demande si j'oserais lui parler… Mais nous sommes dans une bibliothèque, ce n'est pas l'endroit. La bonne excuse.