Il était presque l'heure. Ses yeux quittèrent sa montre pour revenir à son livre. De l’œuf au brasier : Guide de l'amateur de dragons. Un ouvrage bien passionnant, qu'elle se félicitait d'avoir déniché. Même si elle en avait déjà lu une bonne partie, il lui en resterait encore pour ce soir et peut-être même pour le lendemain matin. Elle sourit pour elle même, avant de se rappeler qu'elle devrait sans doute terminer son lion avant de lire son livre. La deuxième année poussa un soupir déçu, avant de se ragaillardir. Son lion aussi était important, et elle allait beaucoup s'amuser.
Honnêtement, elle n'avait pas été certaine que son annonce fonctionne. Elle pensait qu'elle aurait des problèmes avec des préfets parce que ceux-ci se demanderaient sans doute pour quoi d'autre elle voudrait des cagoules, sinon pour faire des bêtises. Si pour elle, ça lui semblait évident que c'était pour faire un lion, pour d'autres, ça le serait moins et on pourrait l'accuser de mentir. Mais elle n'avait eu aucun soucis. Rien. Nada. Niet.

Elle avait réquisitionné un des hiboux familiaux pour passer une commande postale dans une mercerie magique. Elle ne savait pas vraiment combien il lui fallait de tissu, aussi avait-elle vu très grand par mesure de précaution. Un tissu orange -l'idée d'utiliser son vieux t-shirt l'avait vite abandonnée- un autre rose pour la langue, un brun pour faire quelques détails, des boutons pour les yeux et de la bourre pour coussins. Et elle avait aussi demandé à ses parents si ils ne pouvaient pas lui envoyer quatre fausses canines. Et de la laque. Elle avait été très gentille. Plus gentille qu'elle ne l'avait jamais été avec eux. Et ça lui était venu tout seul. Sans qu'elle ait besoin de se forcer. Quelques jours plus tard, elle avait reçu les quatre canines. Elles étaient superbes. Du tonnerre, même ! Son lion serait vraiment magnifique ! Pour la laque, elle ne savait pas si elle était super. La gryffonne n'avait pas osé tester. M'enfin, ça irait bien.
Elle avait pris tout le matériel avec elle. Même les cheveux et la super glue. La personne qui viendrait coudre n'aurait besoin que du tissu orange pour les cagoules, mais elle avait l'intention de commencer la réalisation de son œuvre. À vrai dire, si ça se trouve, il faudrait des heures à la personne pour tout coudre ! Elle n'en savait rien, vu qu'elle n'y connaissait pas grand chose. Elle savait faire quelques points, ce qui lui permettrait de mettre la langue sans trop de difficultés et de réunir les deux cagoules. Elle avait en tête toutes les étapes et au lieu de lire, elle se les répéta dans sa tête. Il y aurait une grande cagoule et une petite cagoule. Elle pratiquerait des petits trous dans la grande, vraiment très petits, juste de quoi faire passer une mèche de cheveux. Pour les cheveux (déjà coupés à la bonne longueur), chaque mèche verrait attachée à l'un de ses bouts un petit élastique. Bien serré. Puis, l'élastique et le premier centimètre partant de l'élastique se verraient enduits généreusement de colle. Dès que tout aurait séché, elle rentrerait les bouts collés dans les trous et les plaqueraient de l'intérieur contre le tissu. La jeune anglaise les maintiendraient avec quelques tours de fil. Mais l'intérieur de la cagoule ne serait pas confortable du tout, avec tous ces morceaux de colle dure. Aussi la bourrerait-elle de bourre à coussin, avant de refermer avec l'autre cagoule et de rajouter quelques points par-ci par-là pour que tout tienne bien. Elle s'occuperait ensuite les yeux, la langue, ferait un trou dans les canines et les accrocherait avec du fil, deux en haut, deux en bas. Elle mettrait de la laque pour donner de la forme aux cheveux et le tour serait joué.
Ça lui paraissait très facile dans sa tête, mais nul doute qu'elle allait galérer comme une folle. Enfin, elle verrait quand elle s'en occuperait. La brunette se replongea dans son livre. Sa camarade n'allait sans doute pas tarder.

C’était aujourd’hui et presque l’heure. L’heure de quoi. Quelqu’un avait fait une demande pour rechercher quelqu’un savant coudre, tu t’étais proposée, et le rendez vous était aujourd’hui, vers quinze heures à la bibliothèque. Tu savais coudre depuis longtemps. Ta mère t’avait appris, elle avec ses clichés, mais au moins ça va te servir. Tu avais tout appris. Tu savais vraiment très bien coudre, mais tu en voulais toujours autant à tes parents de t’apprendre des choses uniquement par apport aux clichés, si tu aurais été un garçon, jamais il ne t’aurait appris ça. Qu’ils sont stupides, mais bref, ça te servira au moins.

Tu sortais de ta salle commune avec un t-shirt vert et un jean unis retroussés sur les bords. Tu avais pris des livres au cas où elle arriverait en retard ou si tu restais plus tard à la bibliothèque. Tu connaissais la rechercheuse, Katherine de ton dortoir, tu lui avais déjà parlé plusieurs fois.. C’était une jeune fille gentille. Tu avais eu envie de l’aider. Elle t’avait parlé le soir où tu avais perdu la moitié de tes cheveux. Tu descendais les escaliers petit à petit

La bibliothèque n’était plus très loins, tu n’aimais pas trop ce lieu, mais pour Katherine. Tu arrivais bientôt devant. Tu avais un peu le stress, tu ne savais pourquoi, peut être que d’être gentille est nouveau pour toi.. Sans doute. Tu entres dans la bibliothèque, cherchant de l’œil la section botanique. Katherine se tenait là. Tu t’avances vers elle doucement. Un sourire au coins de la bouche, tu lui parles gentiment.

-Katherine ? Je..Je viens pour ta demande..

Elle regarde encore une fois sa montre. La trotteuse indique que sa couturière à dix secondes de retard. Pfff, nan mais j'te jure. Même pas capable d'arriver à l'heure pile. Elle hésite à tout remballer, imaginant la tête de la fille si celle-ci arrivait alors qu'elle n'était déjà plus là. La Maxine serait surement déçue. Tu m'étonnes, avec deux gallions promis !
Elle sait que c'est une Maxine qui doit venir. Mais elle ne sait pas laquelle. Celle de son dortoir, ou une autre ? Bon, il n'y en a sans doute pas cinquante mille, mais quand même. Elle n'a pas pensé à poser la question à sa camarade de dortoir, se disant qu'elle verrait bien. Le nom que la fille a inscrit en bas de l'annonce est Maxine Hargrove. Mais elle ne connait pas le nom de famille de sa compagne de chambre. Peut-être bien parce qu'elle me l'a jamais dit. Faut dire qu'elle ne parle pas beaucoup avec ses copiaules. Un peu, mais pas tellement non plus.
Une voix, qui lui parle. Qui dit son prénom. Elle relève la tête. Eh ben ce n'est pas trop tôt ! Quinze heures et trente secondes. Une demi-minute de retard, j'ai failli attendre ! Il s'agit bien de sa copiaule de droite. Ou de gauche, selon de quel côté on se place. Elle lui sourit, décidant de ne pas tenir compte du retard.

-Salut, Max' ! Je ne savais pas que tu cousais.

En même temps, on a jamais vraiment parlé de nos centres d'intérêts. Pas faux. Elle est contente que ce soit elle. Je pourrais peut-être la payer moins, du coup. Non. Ça ne se fait pas. Pas juste, je vais vraiment être à sec, moi ! Mais à qui la faute ? Elle n'avait qu'à pas acheter ce nouveau traité de botanique qui coûte la peau des fesses. Plus le coup de la livraison, n'oublions pas. Ça l'a quasiment ruinée. Et ses dépenses en mercerie n'ont pas aidé. Enfin, c'est pour la bonne cause. Son lion, elle en a besoin. Au dernier match, on a perdu, faut qu'on se rattrape. Et le lion allait y aider grandement. L'année prochaine, elle serait au top pour encourager son équipe.
Elle arrange un peu ses affaires et invite la blonde aux cheveux courts à s'asseoir près d'elle. Quelques temps plus tôt, elle avait tenté de la consoler après que Max eu coupé sa jolie chevelure. Et maintenant, la brunette aussi les avaient courts. Quoique un poil tout petit peu plus longs, mais pas beaucoup plus.

-Tu vas bien, sinon ?

Autant être polie avant que Max' ne doive se mettre au travail. Et puis, elle l'aime bien et elle ne veut pas donner l'impression de n'être contente de la voir que parce qu'elle a besoin de ses talents de couturière, parce que c'est faux. Elle l'aime bien, Maxine. Elle lui fait penser à elle, parfois. Et des fois, elle aurait bien aimé que certaines personnes aient été plus gentilles avec elle. J'ai pas eu trop à me plaindre quand même. C'est vrai que ça aurait pu être bien pire que ça. Vu le caractère à la noix qu'elle a eu en première année, elle a de la chance si certaines personnes ont daigné lui adresser la parole gentiment. Bon, pour certains, comme Arya ou le Godzilla, ça a été différent, mais dans l'ensemble, ça a été plutôt correct.
Elle sort un sachet de sa poche, en tire un sorbet citron et le donne à Max'. Comme cette dernière fait partie des personnes qu'elle apprécie, elle a droit à ce grand honneur. Parce que oui, c'est un honneur, de se voir offrir des sorbets de sa part. Encore plus maintenant qu'il ne lui en reste plus des masses. C'est ça, aussi, d'être gourmande. Elle n'est pas gourmande. Elle... elle a juste besoin de réconfort. Et les sorbets citron sont parfaits pour ça. Elle en prend un pour elle et referme bien le sachet pour ne pas être tentée d'en prendre plus.