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28 mai 2020, 16:40
Une chaise solitaire entre Fantasy et Sortilèges
@Eldan Travis
~ fin mai 2045 ~


Le soleil perçait à peine à travers les fenêtres sales de la bibliothèque. Le printemps ne semblait pas entrer en ce lieu hors du temps. Ici, les minutes devenaient des heures, le jour devenait la nuit, mais hélas la tristesse ne devenait pas joie. Comme une tache indélébile, elle restait, elle résistait, malgré tout. Mais je ne venais pas ici dans l'espoir de retrouver mon bonheur disparu, mais plutôt dans l'espoir d'oublier mon chagrin.
Il faisait sombre, et un peu humide, comme dans une grotte. Mais j'aimais cette obscurité qui me protégeait des regard, je m'y étais habituée.
J'avançais parmi les rayons, bien alignés, tels des soldats endormis. Cet endroit, je le connaissait par cœur. Enfin, en partie. Je savais où se trouvaient les planches du parquet qui grinçaient et comment les éviter. Et avec ma démarche silencieuse, je ne faisais aucun bruit.
Sur les nombreuses étagères reposaient des livres tous plus poussiéreux les uns que les autres. Les livres étaient pour moi des portes vers d'autres univers, merveilleux, fantastiques, bizarres, dangereux... C'est là-bas que je voulais partir. M'enfuir, loin, partir de ce monde plein de peurs, de colères, de guerres et de mauvais souvenirs.
J'étais arrivée. Face à moi se trouvait désormais le rayon Fantastique/Fantasy. Je posai délicatement mon doigt sur le dos d'un livre puis continua d'avancer, caressant chaque livre du bout de l'index.
Je m'arrêtai, peu après, et saisis doucement le livre sur lequel mon doigt avait stoppé. Épais mais assez petit pour rentrer dans ma poche, il était parfait. La couverture en tissu rugueux était d'un vert foncé élégant. Je lus alors le titre, écrit en lettres dorées :
LA MAGIE DE NOËL

Je reposai précipitamment le livre, presque brutalement. Pas ça. Non. Pas Noël. Pas de joie, de sapin, de guirlandes, de cadeaux, non, rien ! Je ne voulais rien de tout cela ! Je ne voulais plus en entendre parler.
Je regardai les ouvrages serrés les uns contre les autres, subitement écœurée. Je glissai ma main dans ma poche, et sentis mon journal, à la couverture douce et familière. Cela m'apaisa, tout en accélérant ma respiration, me consola, tout en me rappelant de mauvais souvenirs...
J'allais écrire finalement, cela me faisait du bien. Alors je revint calmement sur mes pas et me dirigeai vers l'endroit où je passais désormais toutes mes journées : une chaise solitaire à la frontière des rayons "Sortilèges" et "Fantasy/Fantastique". Ce n'était pas très confortable, il faisait froid, la chaise grinçait au moindre mouvement et piquait les fesses, se prenait dans ma jupe. Pourtant c'était là que je venais quand je me sentais mal. Certains appelaient ce genre de lieu leur "bulle personnelle", moi je le nommait "mon Trou Noir". Parce que c'était un trou perdu, où presque personne ne venait, et qu'il faisait noir, et en plus parce que j'aimais bien imaginer un trou noir aspirant tous mes mauvais souvenirs, ma peur et ma tristesse. Chose qui était impossible, hélas.

Je m'arrêtai aussitôt que j’aperçus mon Trou Noir, horrifiée. Il y avait quelqu'un. Quelqu'un dans mon néant. Un garçon. Il était assis, à ma place. Calme, tranquille. Il ne m'avait pas encore remarqué.
Mes lèvres se pincèrent, tandis que dans mon esprit le vide abyssal et inquiétant s'agita soudainement.
<< Va voir ailleurs, trouve un autre endroit, part, fuit ! >>
Les mots résonnaient dans ma tête, surtout le dernier. Fuir. Non. Oui. Peut-être. Raaah ! Je ne savais pas !
Ma vue se brouilla toute seule.
<< Non ! Arrête ! Qu'est-ce qu'il te prends ! Pleure pas ! Pas devant l'intrus ! >>
Je serrai les dents. Elles commencèrent à s'enfoncer dans mes lèvres, répendant un goût de sang dans ma bouche.
Partir, je souhaitais partir. Je voulais m'en aller, courir, pleurer ailleurs, seule. Mais mon corps n'obéissait pas.
Une larme perla, puis coula. Elle tomba sans bruit sur le parquet. Le garçon n'avait toujours pas bougé. Tant mieux.
Je fit demi-tour lentement, prenant bien garde à ne pas faire de bruit. Et je partis à pas de loup. Je pensais que c'était bon, qu'il ne m'avait pas vue. Je me trompais.

Mon compte va être supprimé. Vous me retrouverez bientôt sous le nom de Susan Firefly. ;)

02 juil. 2020, 14:58
Une chaise solitaire entre Fantasy et Sortilèges
Navré de cet inqualifiable retard.

FIN MAI 2045. FIN D’APRÈS MIDI. ALENTOURS DE 17H30.
ENTRE LES RAYONS SORTILÈGES ET FANTASTIQUE. BIBLIOTHÈQUE, POUDLARD.


Eldan, depuis le début de l'année, se révélait particulièrement polyvalent mais aussi talentueux sur le plan scolaire : ses notes dans toutes les matières étaient au beau fixe, à sa plus grande satisfaction. Il fallait dire que le petit garçon travaillait beaucoup pour cela. Chaque soir, il travaillait effectivement jusqu'à plusieurs heures, weekends inclus. Toutefois, bien qu'il déployait ses efforts pour garder ce niveau dans tous les domaines -et que cela fonctionnait-, ceux-ci ne se trouvaient pas tous au même niveau de goût pour lui. En effet, on pouvait dire que le jeune Serdaigle était vraiment conquis par les matières telles que la Botanique ou l'Histoire de la Magie, ou encore les Potions, et qu'à l'inverse, il abhorrait les Sortilèges. Il s'agissait d'ailleurs de la seule matière dans ce cas : aucune autre ne le débectait autant. Il ne savait pas véritablement quel était le souci avec cette matière, alors même qu'il appréciait l'utilisation de la magie, les sortilèges en eux-mêmes, et même la charmante Miss Perkins, mais il savait au moins qu'il ne l'appréciait vraiment pas.

Cependant, les examens approchant à grands pas, les révisions du petit Eldan avaient déjà dû commencer et celui-ci s'était donc plongé vaillamment dans tous ses cours de l'année, manuels compris, afin de se préparer pour le bilan de fin d'année. En bon enfant, il avait débuté par les matières qu'il préférait, afin de s'amuser un peu pendant ses apprentissages. Le petit garçon n'avait pas pour autant ri durant ses longues heures de révisions, mais cela avait été un peu plus agréable que ce que cela aurait pu être. Une grande partie avait alors été apprise et assimilée par l'élève au cours des derniers jours, et même semaines, parfois même avec l'aide des professeurs et adultes concernés. Les deux jours précédents, il s'était cette fois attelé à l'Astronomie, avant-dernière matière qu'il lui restait à réviser, et cela avait été particulièrement laborieux. Il fallait dire que le Serdaigle n'était pas très attentif durant ces cours, tentant au mieux de se dégager de sa peur ou de détourner son attention du ciel, et il avait donc découvert ses cours en tentant de les apprendre. Finalement, il avait opté pour la technique du par-coeur, certes un peu bête et méchante mais qui avait fait ses preuves.

Enfin, ce jour-là était finalement dédié à la toute dernière matière du programme qu'il restait à réviser et à passer au peigne fin pour en extraire toutes les connaissances : les Sortilèges. Inutile de préciser qu'Eldan redoutait ce jour depuis quelques temps désormais, et qu'il n'avait clairement pas envie de s'atteler à sa tâche. Ainsi, ce matin-là, un de ses amis lui avait insufflé et conseillé de se rendre à la bibliothèque, ce qui lui permettrait d'être plus concentré, et un peu obligé d'apprendre puisque cela composait la raison de sa venue. Le petit Serdaigle acquiesça : c'était une très bonne idée, et cela éviterait qu'il gaspille son temps. Il précisa tout de même à son ami qu'il préférait y aller seul, pour éviter d'être distrait, et nota qu'il s'y rendrait l'après midi.

Après avoir mangé et traîné avec ses amis, le petit garçon constata qu'il était temps d'y aller, et pensa tristement que cela était arrivé (trop) vite. Il se dépêcha donc de récupérer ses affaires de sortilèges, ainsi que sa baguette magique, dans la somptueuse salle commune des Serdaigle et se rua ensuite vers la bibliothèque : déjà qu'il n'avait pas envie de réviser, il ne fallait surtout pas qu'il perde en plus du temps inutilement par des trajets. Une fois devant la porte, le petit garçon pénétra alors dans le lieu silencieux, calmement, tentant de l'être lui aussi, bien que cela n'était pas vraiment le cas. Il chercha ensuite des yeux le rayon des Sortilèges, continuant à progresser dans le lieu destiné aux livres.
*Science-fiction... Fantastique... Sortilèges... Sortilèges !* Eldan aperçut le rayon qu'il convoitait, et s'y rendit. Bon, il n'y avait pas de table. Il opta donc pour la solution de lire un manuel de Sortilèges pour commencer, quitte à se déplacer plus tard, sur la toute petite et seule chaise du rayon. Il fouilla dans le rayon quelques minutes dans l'espoir de trouver un livre qui lui serait accessible, perdu au milieu de toutes ces connaissances qui lui étaient étrangères, et finit par prendre l'un des tomes des Livres des sorts et enchantements, dont il avait déjà entendu parler en classe. Satisfait d'avoir dans ses mains un ouvrage qu'il connaissait au moins de nom, il alla donc sur la fameuse chaise du rayon des sortilèges. L'unique.

Il ne lui fallut que quelques secondes pour constater que le confort n'était pas présent : l'assise était très dure, piquait, et il faisait relativement froid comparé au reste de la bibliothèque. Toutefois, Eldan décida de ne pas bouger pour autant. D'abord parce qu'aucune chaise à sa portée de vue n'était disponible, mais aussi et surtout car sa seule volonté était d'être concentré, et non à l'aise. Il se devait d'apprendre ces fichtres de sortilèges, et leur programme. C'était aussi la raison qui mena le jeune Serdaigle à ne pas bouger lorsqu'il sentit une présence proche de lui, et qu'une respiration saccadée se fit entendre. Il en était presque sur, mais n'esquissa pas un mouvement pour autant : ses examens devaient être sa priorité absolue.

Cependant, en entendant la présence s'arrêter proche de lui, puis faire demi-tour, la curiosité du garçon fut piquée et celui-ci ne put s'empêcher de relever la tête afin de voir ce qui avait produit ces légers bruits. C'est alors qu'il découvrit une fille -à en juger par sa jupe et ses cheveux longs et bruns- de dos qui s'en allait sans bruit. Eldan mit alors son cerveau en marche et comprit qu'elle pleurait surement, et qu'elle l'avait même fait devant lui. Peureux de sa culpabilité, le Serdaigle tenta alors de la rattraper en faisant un minimum de bruit pour ne déranger personne et ne pas attirer l'attention sur eux. Pas à pas, il se dépêcha donc au maximum jusqu'à atteindre son épaule, ce qui lui permit d'y poser sa main et donc de stopper l'autre élève dans sa fuite qui semblait pourtant bien décidée à partir. Il lui chuchota alors :


- Attends... Ça va ?

Il se plaça ensuite de manière à être face à elle, facilitant alors la discussion.

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09 juil. 2020, 21:20
Une chaise solitaire entre Fantasy et Sortilèges
Le silence étirait le temps. Chaque pas résonnait à mes oreilles, bien qu'aucun grincement ne se faisait entendre. Je me mordais les lèvres, pour ne pas laisser échapper un gémissement, qui en aurait entraîné ensuite plein d'autres.
FUIR.
Les perles d'eau roulaient sur mes joues, et allaient s'écraser sur ma chemise, ma jupe, mes chaussures, le sol. Mes cheveux cachaient mon visage souillé de larmes.
FUIR.
Pourquoi est-ce que ça terminait toujours comme ça ? Pourquoi est-ce que ça me poursuivait comme une malédiction ? Pourquoi ?
FUIR.
Encore et toujours. Je faisais ce choix à chaque fois. Mais pourquoi ?
FUIR.
La Peur. Elle tordait le ventre, serrait la gorge, agitait le cœur. Et faisait rebrousser chemin.
FUIR.
Alors j'avais peur. Oui, ça je le savais. Je ne le savais que trop bien, même. Cela ne m'aidait pas pour autant.
FUIR.
J'avais cette voix, au fond de moi, qui me disait de rester seule, de partir loin de la Peur, au point de devenir invisible aux yeux des autres. Et le pire, c'était que je l'écoutais.
FUIR.
Je voulais la faire taire. Je ne voulais plus entendre ce mot.
FUIR.

Un grincement. Derrière moi. Des pas.
Accélère. Sèche tes larmes. Arrête de renifler. Cesse de trembler. Contrôle-toi bon sang !
La Peur était là. Elle était revenue. Elle s'approchait chaque seconde un peu plus. Elle me tordait le ventre si fort qu'elle me faisait mal. Elle serrait ma gorge au point de m'étrangler. Elle agitait tellement mon cœur que je m'attendais à tout instant à ce qu'il traversa ma peau. Elle posa sa main brûlante sur mon épaule.
Tout ceci se passait dans ma tête, bien sûr. Mais cela paraissait si réel...
Non, il y avait bien une main. Elle m'avait saisi par l'épaule avec douceur et fermeté.
Et mon corps se pétrifia.
Trois mois glissèrent à mon oreille. Une voix de garçon. Cette voix, je ne l'avais jamais entendu.
Le contact de sa main m'incendiait l'épaule, et cette impression se propogeait tout le long de mon corps.
Mais je restais Immobile comme un statue. Une statue dont la poitrine se soulevait trop rapidement et trop fort.
Un visage. Un visage se planta devant le mien, cachant le reste de la bibliothèque. Cachant l'issue.
Sors de là ! Fais ce que tu sais si bien faire et que tu as toujours fait : fuir.
La voix. La Peur. Le garçon. La bibliothèque. Mon Trou Noir...
Une autre perle tomba. Et elle s'écrasa sur la chaussure du garçon.
Tu fais quoi là ? Tu pleures ?! Arrête !
J'aurais du faire comme je faisais à chaque fois. J'aurais dû écouter la petite voix. Mais je ne le fis pas.
Un seconde perle coula. Puis une autre. Et une autre.
Les larmes. Une pluie de larmes.
Je regardais le garçon sans rien dire. Les cascades aux bords de mes yeux avaient répondu à sa question. Et qu'aurais-je dis de toute façon ?
Et je laissai sortir le gémissement. Et les autres. Chaque son qui sortait de ma bouche brisait le silence. Chaque son pourrait attirer l'attention. Mais je n'arrivais plus à les retenir.
Je pleurais.
Mais pour une fois, je n'avais pas fui.

Mon compte va être supprimé. Vous me retrouverez bientôt sous le nom de Susan Firefly. ;)

28 août 2020, 16:25
Une chaise solitaire entre Fantasy et Sortilèges
Navré de ce retard (ma pauvre, tu l'as eu deux fois).

Maintenant qu'il était en face de la jeune fille, Eldan pouvait désormais plus facilement apprécier son apparence qu'il n'avait encore jusque là que peu découverte, soit uniquement de dos. Ainsi, le blondinet détailla donc rapidement celle qui lui faisait front, ne voulant pas paraître impoli. D'abord, il put donc remarquer une magnifique chevelure châtain aux reflets auburns se dandiner sur ses épaules, un peu en bataille, comportant quelques ondulations légères et discrètes. Sa silhouette était quant à elle assez moyenne, relativement fine, bien que parfaitement immobile à ce moment-là, ce qui était peu rassurant. La jeune fille était ensuite vêtue d'un uniforme où le blason de Serdaigle pouvait apparaître fièrement sur la poitrine. Enfin, le tout était complété d'un joli visage où deux yeux presque noirs, en amande, pouvaient être relevés. Des sourcils fournis et sombres les encadraient et un nez assez long les séparaient finalement. Cependant, actuellement, un torrent de larmes inondait sa peau claire.

Inquiet à cette vue, Eldan retira précipitamment sa main de l'épaule de la jeune fille, ne voulant pas la brusquer davantage que ce qu'elle semblait être déjà. Avec Sophie en début d'année, rencontre qui l'avait particulièrement marquée, il avait bien compris que les contacts physiques pouvaient parfois être mal vécus par les personnes qui étaient au plus mal. Ainsi, il ne voulait pas empirer les choses avec cette nouvelle rencontre mouillée.

Toutefois, le blondinet voulait tout de même tenter d'aider la fillette au mieux. Précipitamment, il lui demanda donc, cherchant à comprendre la cause de ces pleurs :


- Qu'est ce qui te met dans cet état-là ? C'est moi ?

Le petit garçon trouvait, certes, sa question un peu idiote et prétentieuse puisqu'il n'avait rien fait à la jeune fille, mais l'enfant ne pouvait s'empêcher de penser que le moment où elle pleurait n'était pas une coïncidence. En effet, il était désormais sûr qu'elle était venue vers lui puis qu'elle était repartie, malgré le peu de bruits qu'elle avait produit. Il ne voyait donc pas d'autres causes que lui-même pour justifier toutes ces larmes, bien qu'il espérait ne pas en être le seul responsable.

Soudain, la brunette releva alors son regard obscur vers lui, et celui-ci put alors voir que les gouttes d'eau ne s'arrêtaient plus de perler au coin de ses yeux. Il ne put s'empêcher alors de vouloir trouver une solution et balaya la bibliothèque du regard. Au loin, il aperçut une place qui se libérait sur une chaise. Malgré le manque de réponse à ses premières questions, Eldan ne put s'empêcher d'adresser à la jeune fille, espérant cette fois qu'elle serait au moins légèrement plus éloquente :


- Il y a une chaise là-bas, tu veux qu'on y aille ? Ou tu préfères qu'on sorte ?

Le petit garçon avait aussi pensé à demander si la jeune fille souhaitait rester seule mais, à vrai dire, il se voyait mal la laisser en plan dans cet état quelque part. L'enfant s'était donc abstenu, et il n'attendait donc désormais plus qu'un mot pour aller de l'un ou d'autre côté. C'était elle qui décidait.

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