Je terminais de remplir le livre des emprunts après avoir rappelé à un élève de première année que ce livre devait revenir au sein de la bibliothèque dans un délai de quinze jours ; bien évidemment, je revérifierai l’état de ce dernier sous risque d’offrir une sanction de nettoyage de l’œuvre ; tout en étant parfaitement au fait que cette sanction de lavage lui éviterait de faire ce que je craignais. Son sourire légèrement inquiet quitta son visage quand je lui souhaitai une bonne et agréable fin de journée afin qu’il pût sortir plus sereinement de ce temple du savoir.

Je me retrouvai donc à nouveau seul, dans un silence oral agrémenté par le bruit lourd, prompt et modérément agaçant d’une paire de chaussures. Je ne filtrais pas ce qu’il se passait, mais je sentais que cette individualité était à la recherche d’une culture qu’elle ne possédait pas. J’entendais des livres s’ouvrir, se refermer dans un temps relativement rapide et se faire remettre dans l’étagère littéraire. Cette personne avait réellement besoin de cette connaissance pour être tranquille. Peut-être était-elle, elle-même, sur un mauvais chemin d’investigation ?
Je soupirai, car ce froissement dans la quiétude prenait de plus en plus d’ampleur, je pensais même voir sa forme humaine bouger d’une étale à une autre. Cela semblait en outre très vif alors que le temps défilait horriblement, mais je ne pouvais rien dire, je devais la laisser chercher sa maîtrise. Passant ultérieurement ma main dans mes cheveux, je m’aperçus qu’elle se dirigeait vers moi.

La laissant ainsi faire, je tendis l’écoute afin d’entendre ce dont elle avait besoin ; une aide qui semblait légèrement gênante en vue de son comportement et de ses gestes anormalement maîtrisés. Je souris doucement ; passant à l’autre bout du comptoir avec l’intention de la détendre un minimum.

— Bien évidemment, je suis tout de même là pour cela ! Que puis-je faire pour vous venir en contribution, Miss ?

Voici ma réponse, Miss Corbeau, j’espère que cette dernière vous plait. _{@Elena Corbeau}

L’élève de la maison Gryffondor resta quelques instants sur place, cherchant ses mots pour engager véritablement la conversation ; je pouvais même remarquer qu’elle ne semblait pas à son aise. Était-ce moi le responsable de cela ? Or, je n’avais point voulu lui mettre de « bâton dans les roues ». Alors, patiemment, j’attendis que viennent ses paroles, ses vers non écrits.
Ces derniers arrivèrent difficilement après quelques hésitations donnant cette impression de ne pas savoir ce qu’elle faisait en ce lieu de connaissance. Mais ils naquirent, transperçant le silence comme une lame de stiletto et créant des réactions auprès des élèves qui travaillaient dur — beaucoup trop, selon moi — pour ce début d’année. Je continuais donc de l’écouter, car je devais le réaliser, même si certaines remarques purent légèrement atteindre ce qui constituait mon égo personnel ; ces livres n’étaient pas vieux, ils avaient un temps différent des livres modernes et pouvaient toujours être lus par les étudiants ; ils n’étaient point poussiéreux : chaque étagère avait eu un nettoyage à la main après chaque fermeture de la bibliothèque ou avant chaque ouverture ; époussetés à la brosse douce, encaustiqués à la cire neutre pour les couvertures de cuir, récurés à la gomme d’artiste pour les livres en tissus. L’odeur, grâce à Poudlard et mes prédécesseurs, n’était point celle de la moisissure, mais celle du temps qui passait, et cela restait magique pour moi.

Je restai ainsi impassible face aux fragments de paroles de la jeune fille que l’on pouvait deviner l’apparition d’un regard suspicieux provenant de mon visage. Je n’étais pas secrétaire pour l’ancien ministère de la Magie ni le secrétaire aux archives pour le Conseil des sorciers, mais un simple bibliothécaire. Un registre devait être tenu chaque année, augmenté en page quand il le fallait. Et l’unique répertoire que Poudlard possédait était le livre des admissions. Ce dernier était un document que seul le sous-directeur en fonction pouvait consulter et qui régulait chaque inscription à Poudlard ; en effet, jamais le nom d’un enfant — malheureusement — cracmol n’y fut enregistré grâce à la fermeté de ce livre. Cela était du moins, ce que j’avais pu lire dans les ouvrages, mais cela était véritablement le rare registre que détenait Poudlard.

Cependant, en repensant à ses mots, je compris avec difficulté ce qu’elle recherchait vraiment. J’avais besoin de précisions, mais dans un même temps, je savais que cet endroit pouvait posséder un substitut à ce qu’elle désirait. Ce n’était pas un registre contrairement à ce que l’on pouvait croire, mais il s’agissait de livres de promotions. Ils détenaient, pour la majorité, l’ensemble des figures des années passées, des élèves y ayant fait leurs études et quelques informations personnelles…

— Un registre de sorcier, dîtes-vous ? Eh bien, je dois vous avouer qu’un registre en lui-même serait plus approprié au livre des admissions de Poudlard, mais impossible de le consulter ; très bien gardé au sein de Poudlard, ou bien un registre du Ministère — enfin du Conseil — ; cependant, inaccessible à la lecture ici. Néanmoins, dans l’un des étals sur l’histoire de Poudlard, il y a des livres sur les diverses promotions qui ont traversé les âges. Bref, avez-vous une année ou deux, en particulier, pour réduire le champ des recherches ?

L’hésitation dans sa voix disparaissait chaque seconde. Elle semblait de plus en plus certaine sur certains critères de sa recherche, même si elle ne savait pas précisément quelle année me transmettre, elle se doutait que cela datait d’avant 2020. Une chose était indéniable, ni le nom Corbeau ni celui de Craig ne m’eurent été familiers ; en quelques sortes, cela devait en outre remonter d’entre 2007 et 2014. Du moins, cela demeurait ce que je pressentais.

Je me relevais donc silencieusement et avançai vers l’étal consacré à la vie au sein de Poudlard ; quand bien même j’eusse dû la laisser recluse face au comptoir avec Méléagant qui ne cessait pas de « coasser » l’appellation de son espèce. Cela me permettait ainsi de rechercher les livres que la jeune fille souhaitait dévorer des yeux. Je n’avais même jamais vu une telle obstination pour découvrir, ne serait-ce qu’une ascendance ayant pu faire ses preuves à Poudlard ; du moins dès la première ou deuxième année, comme si elle désirait ne pas être seule sorcière dans sa famille. Il n’était pas difficile, pour un né-moldu, de reconnaître ses semblables : il y avait toujours cette période d’investigation ; cela se déroulait normalement entre la quatrième et la cinquième année, quand la puberté nous forçait à connaître notre propre identité pour prendre en main notre futur destin. Mais, si cela était si précoce, peut-être avait-elle une autre idée en tête ?

Trouvant les sept livres que mon intuition m’ordonnait de prendre, je fis chemin inverse afin de la retrouver. Cela avait pu être long, tous ne résidaient plus dans la hiérarchie exacte qui leur était attribuée. Le soir même, j’allais pouvoir tout retrier par numéro de référencement, un jeu d’enfants, mais aussi une belle torture en perspective. Ô joie, Ô bonheur.

Je m’approchai — enfin — de la jeune fille et posai délicatement les livres sur le comptoir, avant de m’asseoir en prenant l’un de ces glossaires étudiants.

— Miss, ne restez pas debout de l’autre côté du comptoir de réception. Venez vous installer sur cette chaise à mes côtés. Je vais vous aider à chercher dans ces sept livres de vie Poudlarienne.

@Elena Corbeau

Précautionneux de l’état des pages que je tournais, je ne faisais pas attention aux gestes de l’élève. Je devais trouver ce qu’elle désirait obtenir. Mais, cela ne semblait pas appartenir au livre que je tenais dans mes mains. Effectivement, il avait été préférable de prendre le premier livre de la pile désordonnée.
Je restais silencieux, mais je l’entendis me quémander la manière dont elle pouvait m’appeler. Je posai, dès lors, mes lombes contre le dossier de mon siège tout en plaçant mon menton entre le pouce et l’index de ma main dominante. Je faisais cette mise de réflexion interne en laissant de légers bruits d’hésitation transparaître ; c’était assez comique pour moi, peut-être une perte de patience pour l’étudiant.
Comment allait-elle m’appeler ? Une chose était certaine, je ne lui donnerai pas mes surnoms ; la Lancelopédie restait celui que me réservaient mes amis et mon amour , personne d’autre ne l’utilisait. Lance ? J’aurais bien du mal à le lui permettre, nous n’aurions plus cette part de respect, ni même qui séparait le monde étudiant à celui des adultes. Je ne me tolèrerais donc pas cela. Loin de là.

Lâchant mon mentor, je me remis dans une bonne position et souris à la jeune Gryffondor. Je n’allais pas rester silencieux face à cette question, je me raclai alors la gorge.

— Bon et bien, cela ne risquerait pas d’être difficile, appelez-moi tout simplement Monsieur O’Lake. Alors, dans ce premier livre, nous n’avons rien… Attaquons le deuxième, vous le voulez bien ? Sachez, il ne faut pas perdre espoir dès la première investigation. Tout cela vient à point qui sait attendre, absolument tout. Vous verrez, qui ne dit pas que ce second livre sera la clef du tiroir de votre recherche ?

Je pris ce soi-disant livre et sourit calmement, ouvrant l’ouvrage à sa première page.



_{@Elena Corbeau}

L’expression de la jeune Gryffondor semblait changé à chaque page qu’elle tournait dans l’index même de ce livre, comme si elle se trouvait sur la bonne voie. Je pus apercevoir lorsqu’elle entra dans la lettre C toute la concentration qu’un élève de son âge pouvait obtenir ; cela était intéressant, mais dans un temps identique totalement perturbant. Oui, cela me chamboulait, je ne savais pas quoi en penser. Je fis avec.

Cependant, son doigt s’arrêta sur l’un des noms de famille qu’elle m’eut cités et je l’entendis ensuite faire un léger discours sur cela : Colin Craig le déstabilisait ; et ce, bien que ce nom fût bien trop courant dans le monde qu’elle connaissait. Pourquoi perdait-elle donc espoir si rapidement ?

Je me permis de soupirer, un poil superficiellement agacé, avant de me lever et de prendre ce livre pour rechercher les renseignements bien plus que nécessaires dans l’enchaînement du document. Je tournais ces pages avec soin et délicatesse avant de m’immobiliser sur l’extrait destiné à ce Colin Craig, et décodai les quelques informations importantes sur ce dernier. Effectivement, il pouvait avoir un lien avec elle, car tout comme cette élève ou moi-même, il était un né-moldu. C’était ainsi une donnée à ne pas négliger, alors, je toisai la fillette avec un léger sourire avant de reprendre ma lecture, à voix haute pour cette fois.

— Colin Craig, né le 4 juin 1995 en Écosse, fils de Ewin et Helana Craig. Sorcier de sang né-moldu. Répartition à Gryffondor. Est-ce que cela vous dit quelque chose ?

Je reposai mon regard sur l’enfant, désirant que cela ne fût pas quelque chose qui ferait rabaisser ses espoirs.

_{@Elena Corbeau prenez votre temps pour répondre}