J'ai effectué mes premiers pas dans cette école fidèle à mes habitudes : toute en discrétion, assez petite pour me faufiler entre les autres dans les couloirs, assez sobre pour passer inaperçue dans la salle commune de ma maison, et enfin, la plupart du temps dissimulée derrière un roman, en mesure d'assurer ma tranquillité. Heureusement, chez les Serdaigle, je ne fais pas tâche : beaucoup d'élèves sont studieux, préoccupés par la lecture, l'écriture, ou le travail, en somme. Malgré tout, j'ai encore l'impression de ne pas être à ma place, avec mes habitudes et mes objets de "moldue". Hier soir encore, l'une des filles qui partage mon dortoir m'a regardé d'un air sceptique alors que je m'appliquais à me poser du vernis à ongles. Qui plus est, je suis encore déconcertée quant à mes premiers cours... Globalement, je pense m'en sortir à peu près, surtout dans les matières qui ne nécessitent pas principalement l'usage de ma baguette magique, que j'ai du mal à apprivoiser. En bref, il va me falloir un peu de temps pour m'adapter réellement.
J'ai décidé d'aller faire un tour à la bibliothèque : lieu censément propice à mon apaisement, et dans lequel je pourrai étudier dans le calme. Les rayons et étalages d'ouvrages sont sublimes : rien à voir avec l'étagère de ma chambre à Londres, ni même avec la grande bibliothèque murale d'Elia et Cassandre, mes deux mères.
Je lutte contre l'envie prenante de me perdre dans les allées bordées de livres, et je m'installe sur l'une des places libres d'une table de travail. Il y a déjà quelques autres élèves, et je reconnais certains visages de première année, aperçus en cours de potion ou de sortilèges. Beaucoup semblent amorphes, à demi endormis sur leurs cahiers, et d'autres paraissent plutôt préoccupés par d'autres choses que les cours.
Quoi qu'il en soit, j'ouvre mon exemplaire du Livre des Sorts, un peu abîmé car acheté d'occasion sur le chemin de traverse, et m'attaque à mon devoir. En théorie, je pense saisir assez bien le mécanisme de la plupart des exercices, mais en pratique, j'ai l'impression d'être complètement à côté de la plaque...
Je regarde mes ongles, bleus clairs, pensive, pendant quelques instants, avant de retourner à mon travail.

4 Septembre 2043,
Cela fait seulement quatre jours que je suis arrivée à Poudlard et je ne peux tenir plus longtemps.
Il faut absolument que je passe voir la bibliothèque du château !
D'après ce que m'a dit ma mère, elle est immense. Elle n'a absolument rien à voir avec celle de Londres, où je vais habituellement, non loin de Hyde Park. Bien sûr, les étagères où sont rangés les livres par ordre alphabétique et les bureaux autour pour ceux qui souhaitent travailler, ou pas d'ailleurs, ne manquent pas. Je me rappelle alors des mots de ma mère ..

Tu verras .. me disait-elle. Elle est faite principalement de bois, du plancher au plafond. Un plafond qui d'ailleurs est extrêmement haut. Si haut, que les lustres descendent à mi-hauteur, retenus par de larges chaînes.
Les étagères vont jusqu'à celui-ci et il est nécessaire de se servir d'une échelle pour récupérer un livre tout là-haut. Ou bien il faut connaître un sort qui permet de faire descendre les objets qui sont hors de portée.
Il y a des tas de livres qui parlent de toutes choses. Des gros, des grands, des petits .. Et quand tu seras une sorcière un peu plus expérimentée, tu auras peut-être le droit de découvrir les ouvrages de la Réserve.


Ce que ça pouvait être intriguant quand elle me disait ça !
Soit, j'y suis. Je vais enfin pouvoir la voir de mes propres yeux. La grande porte est là, juste sur ma droite. Grande ouverte.
Je me lance alors dans un vrai labyrinthe.

Ma mère a raison. Je n'ai jamais vu de bibliothèque aussi belle et je ne cesse de lever ma tête pour évaluer la hauteur du fameux plafond. Je passe devant les rayons sans vraiment faire attention aux livres qui s'y trouvent.
J'en prend un, au hasard, sans même lire le titre et me dirige vers une table de travail, un peu plus loin.
Il y a déjà une fille installée. Elle porte le blason de la maison Serdaigle sur sa robe. Elle semble perdue dans ses pensées ; elle observe ses mains. Puis d'un coup, se penche sur ce qui semble être un devoir. Je m'assoie en face d'elle, l'air de rien et commence mon bouquin.

Gwenn courut jusqu'a la l'allée qui l'intéressait, puis s'installa à une table pour re, re, re, re, re...relire l'Histoire de Poudlard. Elle espérait croiser des gens sympas, comme Jacke... Mais celui-ci devait être en cours. Elle se fraya un chemin, et s'installa à côté d'une Serdaigle et d'un Poufsouffle. Il y avait pas loin une autre Poufsouffle, qu'elle n'avait jusque là jamais croisée. Elle commença à tourner les premières pages pour lire celles qui concernaient Serpentard et la Chambre des Secrets. Elle adorait cette histoire, elle la trouvait fabuleuse. Elle était sûre que la "Chamber of Secrets" était bien plus belle qu'Harry Potter l'ai décrite dans le passé, avec tout le respect qu'elle avait pour lui. Cette chambre devait être tellement grande qu'on devrait faire un Escape Game pour en sortir. Elle secoua la tête pour sortir de ses pensées, et remarqua le sac de la Poufsouffle devant elle. Il y avait des parchemins qui dépassaient, avec le nom de Isabelle Swann. Elle s'exclama, surprise:

- Waouh! Troop stylé, t'as le nom de Bella dans Twilight! Je me disait bien que Swann me rappelait quelque chose! Moi j'aurais trop voulu m'appeler Poppy, comme dans Night World !

Elle se planta devant la Poufsouffle et lui demanda:

- Tu connais Twilight, non ? Bon, c'est pas le meilleur livre de créatures nocturnes mais il est génial !

Elle regarda les deux autres.

-Vous faites vos devoirs ? Si vous êtes en début de première année, je peux vous aider !

Consciente que son enthousiasme habituel de pile électrique et son naturel à parler aux gens comme si ils se connaissaient déjà, la blonde tira sur une de ses mèches, et songea que pour elle, être discrète, c'est comme lui demander de ne pas manger de chocolat noir à l'orange de Lindt (impossible, quoi). Faudrait d'ailleurs qu'elle songe à passer aux cuisines...

De potions. Voilà de quoi parle ce livre. Il ressemble aux nombreux bouquins que ma mère possède. Qui, la plupart du temps, traînent empilés les uns sur les autres ou grand ouverts sur son bureau, juste à côté de l'étagère où se trouve des fioles par dizaines remplis de toutes sortes de liquides -des fois, compactes-.

J'en suis à la sixième page. La bibliothèque est totalement silencieuse, quel bien ça fait. La fille en face de moi n'a toujours pas ne serait-ce qu'une seconde, levé les yeux de son parchemin. C'est rare qu'un endroit soit si paisible à Poudlard. Habituellement, il y a toujours un peu d'ambiance.
Soudain, une voix brisa ce silence.

Sur le moment, absorbée par ma lecture, je n'y prêta pas attention. Mais en voyant du coin de l'oeil, deux pieds se poser devant moi, je releva la tête, interrogée.
Il s'agissait d'une fille qui apparemment connaissait déjà mon prénom. D'accord, pourquoi pas. Comment ?! Bonne question. Elle faisait parti de la maison Gryffondor à en voir son blason ainsi que la couleur de sa robe.

Elle me demanda si je connaissais Twilight. Bien sûr que je connais Twilight ! C'est ce qui a inspiré mon père pour mon prénom, justement.
Fan de ce film sorti en .. 2008 je crois, il était en pleine adolescence et était complètement tombé sous le charme de l'actrice Kristen Stewart, et comme elle portait son nom de famille, dans la saga en tout cas, ça n'avait rien arrangé. Du coup .. Vous connaissez la suite. En y pensant, je me dis qu'heureusement ma mère, née sorcière, ne connaissait pas ce film, ni le livre, d'ailleurs. Auquel cas, je n'aurai pas donné cher de la peau de mon père ! C'est une femme extrêmement jalouse.

Poppy de Night World ? Ne connaissant pas, je préfère me taire. De toute façon, je n'ai même pas le temps de lui répondre puisqu'elle s'adresse déjà aux autres filles de la table.

<<Vous faites vos devoirs ? Si vous êtes en début de première année, je peux vous aider !>>

Plutôt sympathique cette Gryffon.
Je garde ça dans un coin de ma tête. Sait-on jamais, ça pourra toujours me servir lorsque j'aurai commencé les cours.
Elle a l'air très dynamique. Voire hyperactive.
Ignorant son identité -moi !-, je décida de lui demander.

<< Et quel est ton prénom, Miss Discrétion ? >> lui dis-je, taquine.

Craignant de l'avoir peut-être vexée en la surnommant ainsi, je fus rassurée quand la fille blonde se mit à rire.
Elle se présenta une première fois sous le nom de Miss Hyperaction-Dynamisme. Ce qui me fît sourire. Elle me conseilla également de m'éloigner d'elle si je préférais le calme.
Ça, je l'avais deviné dès son arrivée ..

<< Ravie de t...>> commencai-je.

Mais une fois de plus, ma parole fût coupée. On ne peut donc pas en placer une avec elle ?! Incroyable quand même ! Moi qui pensait qu'une conversation était faite de questions/réponses entre deux personnes, j'ai dû me tromper. Ou alors, nous n'avons pas la même définition de ce qu'est une discussion.

Gwenn Silver.
C'est comme ceci qu'elle se présenta, la seconde fois.
C'est noté, je risquai pas de l'oublier, celle-là ! Gwenn Silver, la pile électrique des Gryffondor.

Ensuite, elle me balança tout un tas d'infos que mon cerveau essaya, malgré tout, d'enregistrer : l'origine de son nom, sa maison -que j'avais déjà devinée, bien entendu-, celle qu'elle préféra, puis elle complimenta mon nom, me dit qu'elle m'appellera d'ailleurs par celui-ci, plutôt que par mon prénom pour finalement me demander si j'aimais plutôt lire ou regarder des films. Ah et aussi, elle aimerait organiser une soirée Netflix. C'est quoi, ça, Netflix ?!

Un peu perdue dans la conversation, je décide de répondre à sa dernière question.
Sa seule question, en fait.

<< Euh .. ce que je fais >> dis-je en secouant le livre que j'avais dans les mains pendant qu'elle se recoiffa.

Je lève les yeux de mon ouvrage lorsqu'une très petite fille blonde fait trembler la bibliothèque, jusqu'à présent silencieuse, de sa voix qui tire vers les aigus.
Elle nous propose une aide, et je remarque à sa cravate son appartenance à la maison des Gryffondor.
Une autre fille, qui était venue s'installer à la même table que moi quelques instants auparavant, entame la discussion avec elle. Je dois avouer avoir du mal à envisager faire de même. Alors qu'elles commencent à discuter, je referme discrètement mon livre des sorts, et rassemble mes affaires, sans un bruit.
J'hésite à les saluer, avant de quitter la pièce, mais je n'ose pas.
En quittant la table, je peste intérieurement : je suis beaucoup trop introvertie. Ma timidité me tuera, avant même d'avoir pu nouer une quelconque amitié avec quelqu'un ici. Ceci-dit, je viens de louper une chance de faire connaissance avec d'autres filles de mon âge...
Je chasse l'idée de mes pensées : j'aurai sans doute l'occasion de les revoir...

Gwenn ne comprenait plus rien. La fille en face d'elle était complètement perdue et la petite timide à côté était partie. Swann ne devait pas savoir ce qu'était Netflix, et Gwenn, elle, ne comprenait pas sa réponse.

- Euh... Au fait, Netflix, c'est un site où tu peux regarder des séries du style "La Casa Del Papel", mais c'est un peu vieux... Moi j'adore "Mentalist" avec Patrick Jane. Tu connais? Mais par contre moi, je n'ai pas compris ta réponse... Alors, livre, ou films ?

La blondinette attendit la réponse de la jeune fille en arrachant le cachet de la lettre de son père, qu'elle réduit en une bouillie argentée difforme, et elle s'amusa à sculpter un serpent avec cette pâte collante et visqueuse. Elle ouvrit la lettre, fit une drôle de grimace, et la rempocha. Aparament, son père se morfondait encore sur la séparation de sa mère... Elle espérait que son deuxième père pourrait remédier à sa mélancolie habituelle, sinon elle irait voir sa mère et son (pardon) connard de beauf-père, et elle les réduirait en bouillie. En disant cela la Gryffonne abattit son poing sur le serpent gris métallique, puis elle adressa un grand sourire en coin dont elle seule avait le secret à sa nouvelle amie qui devait mentalement à la comparer à une pile 100000 Volts.

Juste après ma réponse, la Serdaigle qui était déjà installée à cette table à mon arrivée prit ses affaires en silence et s'en alla. La suivant du regard, inquiète de l'avoir peut-être dérangée -enfin, je ne pense que ça vienne de moi, mais bon -, je décide de ne pas l'interpeller. Le château est grand, certes, mais il n'y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas. On se reverra bien, tôt ou tard.

Je relève du coup la tête vers Gwenn. Elle m'explique que Netflix est une plateforme où l'on peut regarder des séries télévisées.
J'hésite à lui dire que ce n'est pas vraiment mon genre de rester devant une quelconque télévision. Devant un écran tout court, en fait.
Sauf quand c'est pour jouer entre amis ou en famille !
Je préfère, de loin, passer du temps avec eux à m'amuser ou discuter que de m' "abrutir" -comme dit mon père- devant des émissions qui ne m'apportent rien, pas même un bon souvenir.
Au moins, chez nous pendant les soirées, on rigole !

Elle me redemande donc si je préfère les films ou les livres car elle ne m'a pas comprise la première fois.
Étant assise, tranquille dans une bibliothèque avec en prime, un livre ouvert à la main, je ne pensais pas que la réponse serait si difficile à comprendre.

Dans l'attente de ma réponse, elle s'empare d'une lettre. Elle l'ouvre puis la lit. Il y a un morceau de je-ne-sais-pas-quoi entre ses doigts et elle l'a transformer en un petit serpent -comme par hasard, Serpentard-. Une fois la lecture terminée, elle fourre la lettre dans son sac puis abat son poing contre la paume de son autre main. Entre eux, le serpent ne ressemble plus à rien. Pour finir, elle m'adresse un sourire en coin.
Quelle maltraitance !
Elle me fait presque peur, cette fille en fait quand elle fait des actions pareilles !

<< Bah ! Je préfère lire ! >> lui dis-je d'un ton un peu sec, comme si c'était une évidence.